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Le Simonet de Richaud Valls

Tout commence à Paris aux côtés de ce qu’il appelle « la famille », Romane (son ex compagne) et Richard Bohringer : « Ils m’ont beaucoup apporté, nous sommes très proches. Ce sont des personnes qui m’ont fait du bien ». Pendant près de 10 ans, Richaud enchaîne tournages de séries télévisées et films tel que Avril, dans lequel il décrochera un des rôles principaux. Cependant, « après 10 ans dans ce milieu, la morosité parisienne m’a lassé, j’avais l’impression d’avoir fait le tour, j’avais besoin d’une meilleure énergie… ».

C’est en grande partie cette envie d’ailleurs qui amène Richaud Valls à New York. Première idée: retracer avec humour l’histoire de tous les artistes qui cherchent à percer dans le milieu très sollicité du 7ème art et de la musique à New York. C’est ainsi que va naître la série Tease, aujourd’hui en négociation au MIP à Cannes : « Je voulais faire des portraits d’américains et de francophones du Lower East Side. Ce quartier m’inspirait pour tout : son esthétique et sa population d’artistes qui vivent dans des situations parfois précaires ».

C’est ensuite grâce au succès de La Dame aux Camélias, pièce dans laquelle il jouera, que Richaud continue à écrire et s’entoure de plus en plus d’acteurs francophones et américains. Motivé et déterminé il décide de monter sa propre société de production, en collaboration avec d’autres artistes : Simonet Productions, qui, vous l’aurez compris est une société qui a du chien.

La vie de Richaud à New York est aussi rythmée par des rencontres déterminantes. Sans doute grâce à sa personnalité accessible mais aussi parce que Richaud à l’œil pour repérer les perles rares. Dans ses nombreuses découvertes, Sophia Urista, jeune chanteuse de 26 ans qui vient de signer avec Quincy Jones, fera l’objet d’une série documentaire consacrée à sa musique et sa carrière. Son flair, il le mettra au service des autres, et s’érige alors en coach pour jeunes talents : « J’aime partager mon expérience. Etant comédien, c’est plus facile de comprendre les attentes de chacun, être terre à terre et rester simple. »

Et après ? « Etendre Simonet Productions, renforcer le poids de la communauté artistique francophone en remplissant les salles et faire un long métrage ». Des projets ambitieux qui demandent de l’investissement et une équipe solide qu’il va composer avec de bons copains, des artistes aussi déjantés et motivés que lui. Avec la passion de Richaud comme moteur, Simonet Productions, c’est le début d’une belle aventure. Et pour avoir un avant goût du talent de cette équipe, Richaud mettra en scène une pièce de Carole Fréchette, Jean et Béatrice, qui sera interprétée en anglais et en français par Sofi Lambert, Hélène Kuhn, Max Van Bel et Jean Brassard. Rendez-vous donc sur les planches du 6 au 12 juin au Theater for the New City.

-> simonetproductions.com

Finale de la Champion's League à Opia

Décalage horaire oblige, réservez votre après-midi pour un match impressionnant.
Quand ? Samedi 28 mai 2011, de 14h à 19h
Où ? Au restaurant l’Opia, 130 East 57th Street at Lexington Avenue, NY.
Combien ? Gratuit
Pour réserver : 212-688-3939

Le dernier Jean-Luc Godard au James Bridges Theatre

Jean-Luc Godard a souhaité présenter son point de vue sur l’Europe et le monde en 2010 à travers le prisme d’un voyage autour de la Mer Méditerranée, passant par l’Egypte, la Palestine, La Grèce, Naples ou encore Barcelone. Le film, documentaire politique, fut sélectionné au Festival de Cannes en 2010 dans la catégorie Un Certain Regard.
Quand ? Jeudi 26 mai 2011, à 19h30
Où ? Au James Bridges Theatre, 1409 Melnitz Hall, UCLA Campus, Westwood.
Combien ? Gratuit.

Nicolas Bouvier, l'écrivain voyageur

Peu connu en France, Nicolas Bouvier est pourtant considéré comme une figure incontournable de la littérature du voyage au XXe siècle. Dès son plus jeune âge il se met à parcourir le monde et s’inspire de ses périples dans ses romans. En 1953, il abandonne ses études à l’Université de Genève pour rejoindre son ami Thierry Vernet. Leur voyage en Fiat 500 à travers le Yougoslavie, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan donnera L’Usage du monde (1963). Suivront Chronique japonaise (1975), Le poisson-scorpion (1982), inspiré de son séjour au Sri Lanka, ou encore Journal d’Aran et d’autres lieux (1990). Photographe et iconographe, il faisait aussi partie des membres fondateurs du Groupe d’Olten, une association d’écrivains suisses.

Mercredi soir, Jean-Claude Carron présentera la vie et le travail de l’auteur. Professeur de français, spécialiste de la Renaissance et de la poésie, il travaille en ce moment sur l’imitation poétique et le dialogue philosophique comme genres littéraires. Il a notamment publié Discours de l’errance amoureuse: Une lecture du ‘canzoniere’ de Pontus de Tyard (1986), François Rabelais: Critical Assessments (1995) ainsi que de nombreux articles sur l’histoire des idées, Mallarmé, Montaigne..

Trois actrices suisses liront en français des extraits des écrits de Nicolas Bouvier. La conférence sera suivie d’un apéritif.

Où ? Alliance Française de Los Angeles ,10390 Santa Monica Blvd, Suite 120, Los Angeles, CA 90025
Quand ? Mercredi 1er juin à 19h30
Combien ? Gratuit. Donations bienvenues.
RSVP à [email protected] ou à [email protected]

Faites dédicacer votre "Feast at the Beach"

William Widmaier, sans doute le plus francophile de tous les Californiens, viendra dédicacer A Feast at the Beach.
Paru l’été dernier, son roman mêle anecdotes nostalgiques du Saint-Tropez des années 60 et recettes de cuisine typiquement provençales, le tout inspiré de ses vacances chez ses grands-parents au cours desquelles il est tombé amoureux de la France.
Et pour coller à la devise, de l’auteur « Mangez lentement, riez, et savourez la belle vie », des spécialités provençales et du rosé seront servis !

Cliquez ici pour consulter notre critique publiée à la parution du livre

Où ? Alliance Française de Los Angeles ,10390 Santa Monica Blvd, Suite 120, Los Angeles, CA 90025
Quand ? Jeudi 26 mai à 19h
Combien ? Gratuit. Donations bienvenues
RSVP à [email protected]

Musique médiévale française à Riverside

La musique des années 1250 à 1550 est bien particulière et fit la fierté de la France. Flutes, violons, luths, percussions ou encore clavecins…
Quand ? Vendredi 27 mai 2011, de 20h à 21h30
Où ? A l’Art Building (Lab, ARTS 166), à l’Université de Californie Riverside, 900 University Ave.
Riverside, CA 92521
Combien ? $10, $8 pour les seniors et étudiants, $6 pour les enfants.
Pour le plan précis du bâtiment, cliquez ici.
Pour plus d’informations, appelez Kathy De Atley au 951 827-3245

Hommage au Festival de Cannes par son Président

Le film est réalisé par Gilles Jacob, Président du Festival de Cannes. C’est donc un expert qui se propose de nous emmener voir les meilleurs moments du Festival de Cannes mais aussi des entretiens avec les meilleurs réalisateurs nous expliquant leurs secrets de fabrication. Une occasion unique de pénétrer dans l’univers du cinéma.
Le soir de la projection du film Au cœur du Festival sera aussi l’occasion de discuter du Festival de Cannes de cette année tout profitant d’un repas et d’un verre de vin.
Quand ? Mardi 31 mai 2011, à 18h30
Où ? Au restaurant Pistache, 101 N. Clematis, West Palm Beach.
Combien ? Gratuit, mais ne comprend pas le repas. 15% offert pour les membres de l’Alliance Française.

Viernes Culturales à Miami

Tous les derniers vendredis du mois, les artistes se retrouvent au même endroit. Lorsqu’un tel rassemblement à lieu, cela donne un élan artistique profond et sincère et une ambiance bon enfant.
Quand ? Vendredi 27 mai, de 18h30 à 23h.
Où ? Le long de la Calle Ocho (S.W. 8th Street) entre la 14th et la 17th Avenues), dans Little Havana, Miami
Combien ? Gratuit.

Le monde sous-marin en images

Vendredi et samedi, le Miami Science Museum projètera une sélection de films primés au Festival mondial de l’image sous-marine. Ce festival français, dont la 38e édition se tiendra à Marseille en octobre prochain, récompense tous les ans les meilleures productions artistiques, photographiques et cinématographiques liées au monde sous-marin.
Le Miami Underwater Festival comprendra quant à lui un programme francophone : Le Mystère des Requins Baleines (photo) et Naissance d’une Ile, respectivement réalisés par les Français René Heuzey et Bertrand Boyer, seront diffusés samedi matin à 10h30.

En plus des projections, vous pourrez profiter de nombreuses présentations et conférences, d’une exposition photo et d’activités pour les enfants.

Les festivaliers auront aussi l’opportunité de découvrir en exclusivité la toute nouvelle exposition du musée, « Stingray Sting Lab ».

Où ? Miami Science Museum – 3280 South Miami Avenue – Miami, FL 33130
Quand ? Vendredi 27 et samedi 28 mai
Combien ? $8 / $5 pour les enfants et les membres de l’AF. En vente en ligne ici et à l’entrée.
Plus d’infos ici

Networking Cocktail au DB Bistro

Jeudi soir, le DB Bistro Moderne accueille la soirée de la FACC de Floride. Vous pourrez échanger votre “business card” avec les autres invités tout en sirotant des cocktails et en dégustant des hors d’oeuvres.
Où ? The DB Bistro Moderne – The JW Marriott Marquis (Hotel Beaux Arts Miami)
255 Biscayne Boulevard Way (345 Avenue of the Americas)
Miami, Fl 33131
Quand ? Jeudi 26 mai de 19 à 21h
Combien ? Gratuit pour les membres FACC / non-membres $20. RSVP en ligne ici ou à [email protected]
Plus d’informations ici et au (305) 374-5000

Lila l’enchanteresse

Début 2002 elle est entrée chez moi, suivie d’un technicien radio. Elle réalisait pour France Culture une série d’entretiens sur le 11 septembre. Sa beauté m’a frappée, et je me suis exclamée: “Que vous êtes belle!” Je n’ai pu m’empêcher d’ajouter, avec l’honnêteté, le manque de tact, ou la rudesse gauloise qui me caractérise: “Dans votre métier de journaliste, c’est un avantage ou un obstacle, d’être si belle?” J’ai terrifié la jeune Lila. Elle me l’avoue presque dix ans plus tard, quand je l’interviewe à mon tour à l’occasion de la sortie de son livre The Enchanter, Nabokov and Happiness. À peine nous retrouvons-nous au restaurant du Crosby Hotel qu’elle me dit: “Tu es très belle, Catherine.” Amabilité qui n’est pas à mettre sur le compte de l’ironie, mais de l’antique politesse orientale.
Lila Azam Zanganeh est née à Paris en 1976 de parents iraniens. Son père appartenait à une grande famille proche des Pahlavi. Son grand-père était officier dans l’armée de l’air. Son père, qui n’avait pas envie d’être militaire, a créé une compagnie de petits avions, Air Taxi, alors que l’Iran se développait dans les années 50 et 60. Son père enfant, dans les années 30, allait avec sa mère à des thés dansants au café de la Mairie où dansaient des femmes portant des jupes au-dessus de genou. Plus tard, grand athlète, il était champion de ski nautique barefoot. Sa mère est allée dans une école catholique, où elle a appris le français. Elle a fait des études de sociologie et d’économie politique en Italie, en Allemagne et en Angleterre. Brillante et polyglotte, elle travaillait au ministère des Affaires étrangères et s’occupait du protocole.
Lila avait trois ans quand sa mère est retournée en Iran pour l’enterrement de sa propre mère. C’est juste à ce moment-là, en février 79, que la révolution islamique a eu lieu. “Rentre vite en France, la situation politique ici est trop instable”, a dit sa soeur à la mère de Lila. Elle est allée à l’aéroport, où s’étaient rassemblés des milliers d’étrangers qui tentaient de partir. Elle pleurait: sa mère venait de mourir et elle risquait de ne pas revoir son mari et sa fille. Elle était très belle. Un employé d’Air France a eu pitié d’elle: il l’a inscrite sur la liste des passagers du dernier avion qui a quitté Téhéran, l’avion d’Air France qui avait ramené Khomeiny dans le pays. Ce soir-même, les frontières ont été fermées. Un oncle de Lila a été exécuté dans les jours qui ont suivi.
Lila a pour sa mère une immense admiration. Sa mère, dit-elle, était extraordinaire de patience. Elle l’a éduquée en deux langues, le français et le persan. Elle lui a appris l’italien, qu’elle parlait sans cesse à la maison. Elle lui a appris l’anglais, quand Lila avait douze ans, en lui montrant Hamlet avec Lawrence Olivier et en lui faisant décortiquer le texte phrase après phrase. Pour sa mère, qui avait perdu en même temps son pays et sa mère, il n’y avait rien de plus important que sa fille et l’éducation de sa fille. Petite, Lila est allée à l’école de quartier, puis à l’école bilingue à partir de la sixième. Elle a grandi dans un milieu de réfugiés politiques iraniens. À l’école, ses camarades remplissaient leur fiche le premier jour en écrivant: “père ingénieur, mère pharmacienne.” Mais les parents de Lila n’avaient ni travail, ni patrie. Tous les soirs il y avait du monde chez elle: des artistes, des intellectuels. Elle n’avait pas de famille en France. Elle a grandi parmi des adultes qui avaient des tonnes d’histoires à raconter, et dans l’imaginaire d’un Iran qui n’existait plus. Sa mère avait un fort lien culturel à l’Europe et à la France. Quand Lila avait douze ans, elle l’a amenée devant le lycée Henri IV et lui a dit: “Tu vois, les enfants intelligents, c’est là qu’ils vont.”
Quand Lila a été acceptée en hypokhâgne à Henri IV, puis quand elle a été reçue à Fontenay-Saint-Cloud trois ans plus tard, elle a réalisé le rêve de sa mère. Elle était émue et reconnaissante, elle l’Iranienne, de se retrouver dans ce temple de l’intelligence et de la rhétorique. Angliciste, elle a fait sa maîtrise sur Lolita, “The Texture of words.”
En 98 elle est partie à Harvard dans un échange avec Normale Sup, et y a enseigné le français et l’espagnol. Elle connaissait déjà les États-Unis où avaient émigré sa grand-mère paternelle et les soeurs de son père, qui habitaient Los Angeles. À Harvard elle a suivi des cours de russe, d’arabe, d’économie, et s’est ensuite inscrite à la School of International Public Affairs à Columbia, pour un Master’s. Entre temps elle a fait un DEA sur Ada, ou l’ardeur, sous la direction de Pierre-Yves Pétillon, professeur à Ulm. Elle a hésité à se lancer dans un doctorat, mais n’aimait pas la rhétorique du travail universitaire. Elle n’avait pas envie d’être prof. Par ailleurs, la khâgne qui l’avait rendue française l’avait aussi inhibée: elle pensait qu’elle n’avait pas de don et ne pouvait pas écrire. À Columbia, elle suivait le cours d’écriture de Judith Christ. L’école américaine a débloqué ce que l’école française avait bloqué. Dans la culture américaine, il y a l’idée que l’écriture est un artisanat et qu’on peut essayer. Judith Christ a ouvert ce que Lila Azam Zanganeh avait verrouillé mentalement à cause de l’idée trop haute qu’elle avait de ce que devait être l’écriture: c’est à New York que le papillon est sorti de sa chrysalide.
Lila, pendant ce temps, travaillait comme journaliste culturelle. Grâce à une rencontre de hasard avec Laure Adler, elle a réalisé un documentaire de deux heures sur les artistes et écrivains à New York au moment du 11 septembre. Elle a fait un stage à la BBC aux Nations Unies. À Moscou en 2001, elle a travaillé pour CNN. En janvier 2002 elle a appelé Le Monde et demandé à parler à Josyane Savigneau: “Je suis normalienne, franco-iranienne, j’habite à New York, j’aimerais écrire pour Le Monde des livres.” Elle a récidivé un peu plus tard en appelant une éditrice du New York Times. Elle essayait de couvrir la littérature américaine pour Le Monde (elle a interviewé John Updike, Gore Vidal, Jonathan Safran Foer, Philip Gourevitch), et la littérature européenne pour l’Amérique. En 2006 et 2008, elle a écrit deux longs portraits pour la Paris Review, de Jorge Semprun et d’Umberto Eco. Ce n’était pas la critique littéraire qui l’intéressait mais le témoignage d’une vie et d’un écrivain sur la cohérence de son oeuvre. En 2004, une éditrice italienne de Norton dont les parents avaient vécu en Iran lui a suggéré de publier quelque chose sur l’Iran. Lila a demandé leur participation à quinze écrivains, intellectuels et artistes de trois générations. Quand le livre a paru chez Beacon Press à Boston en 2006, elle s’est retrouvée dans une position qu’elle ne voulait pas: les journalistes n’avaient pas lu le livre et l’utilisaient pour discuter de politique à une époque où le président Ahmadinejad parlait d‘éradiquer Israël. Au printemps 2006, prise de vertiges intenses, elle a compris qu’elle devait se retirer du jeu et refuser les interviews.
Le livre dont elle avait été l’éditrice lui avait permis d’entrer dans un territoire interdit, celui de l’écriture. L’idée d’un livre sur Nabokov l’a traversée. Pas un livre didactique, pas un livre qui justifierait la moralité de Nabokov écrivain. Un livre sur ce qui l’intéressait depuis sa maîtrise: la texture des mots. Pour elle, Nabokov est un écrivain du bonheur dans la façon dont chaque phrase se déploie et dans la joyeuse sensualité des mots.
Elle a rencontré John Updike qui était d’accord avec sa thèse. Elle a rencontré Dmitri Nabokov, dont elle a trouvé l’adresse email sur un site nabokovien, et qui partageait ses idées. Il lui a paru évident qu’il fallait écrire un livre ludique, gai, léger. Elle a cherché pour ce projet un agent qui soit littéraire, et elle a su convaincre Nicole Aragi, une des plus grandes agentes sur la place de New York, qu’elle a eu le bonheur de rencontrer grâce à une intervention généreuse de Jonathan Safran Foer. Le livre n’aurait jamais abouti sans Nicole Aragi, qui l’a vendu en décembre 2009 à Norton, Penguin, et L’Olivier. Et pourtant ce livre présenté par Salman Rushdie comme “une joyeuse réponse à la joie qui inspiré tout l’art de Nabokov” n’était pas évident commercialement: ni fiction, ni véritable essai, sorte d’hybride comme l’est Lila elle-même, iranienne non iranienne, française non française. Américaine aussi. En 2009 elle a obtenu une carte verte en vertu de son “extraordinary ability.” Une carte verte basée sur le mérite du travail culturel accompli aux États-Unis.
À New York elle a découvert une culture fondamentalement métis, où l’on peut parler la langue que l’on veut, où l’on peut aller au-delà de ses inhibitions en posant la simple question: “Pourquoi pas?” En France, quand elle parle persan avec ses parents, puis passe au français, un français parfait sans une trace d’accent, les gens les regardent en ouvrant de grands yeux. Elle aurait envie de leur dire: “On peut être tout à fait français et tout à fait autre chose. On peut avoir en même temps plusieurs identités.”
Lila poursuit son chemin sur le territoire interdit de l’écriture et travaille maintenant à un roman en anglais. Pour ce premier roman, elle a conçu en toute simplicité, avec une grâce athlétique sans doute héritée de son père, une histoire d’amour qui couvre treize siècles!

Hubert Joly, l'ambition discrète de Carlson

Hubert Joly doit trouver les journées bien courtes. Aux commandes d’une entreprise présente dans 150 pays, il passe son temps dans les avions et les hôtels. Pas seulement dans les établissements du groupe américain – 1071 hôtels Radisson, Missoni, Park Plaza, Park inn et Country inns & suites – mais aussi dans les 5 étoiles de l’Hexagone: il était membre du jury, désigné par le gouvernement français, chargé d’attribuer le titre de Palace, au début du mois. Il siège au conseil d’administration de Carlson et dans celui de Polo Ralph Lauren. Et sans tapage médiatique, il vient de rendre son rapport au secrétaire américain au Commerce sur la reconquête du marché du tourisme – les États-Unis ayant perdu 1/3 de leurs visiteurs étrangers en 10 ans.
Originaire de Nancy et père de deux enfants – dont une fille étudiante à Columbia -, Hubert Joly fait partie du cercle restreint des Français à la tête d’une société américaine d’envergure internationale. L’entreprise, 100% privée, reste détenue par les deux filles du fondateur suédois Curtis Carlson. Le groupe de Minneapolis compte 170.000 employés dans le monde et enregistre un volume d’affaires de 35 milliards de dollars. Le spécialiste de l’hôtellerie et du voyage d’affaires, également propriétaire des 900 restaurants TGI Friday’s, s’est donc doté, en 2008, pour la première fois de ses 73 ans d’histoire, d’une personnalité extérieure à la famille. « Je n’étais toutefois pas un inconnu, je venais de l’intérieur, relativise Hubert Joly, car j’avais fait mes preuves à la tête de Carlson Wagonlit Travel » (CWT). C’est en effet sous sa direction que l’activité agence de voyage business a été propulsée à la première place mondiale du secteur, devant son concurrent American Express Travel. Ses clients sont, entre autres, GE, JP Morgan, Google, Ebay ou encore Alcatel.
L’atout d’Hubert Joly réside dans sa solide culture franco-américaine. De formation typiquement française – HEC et Sciences Po -, il a commencé sa carrière au sein du cabinet chicagoen McKinsey, 13 années passées entre Paris, San Francisco et New York. « Les États-Unis, ce fut un hasard. Mais j’ai tout de suite aimé le pays. » Après 3 ans chez EDS à Paris, Hubert Joly part diriger Vivendi Universal Games à Los Angeles, puis Vivendi Universal à New York en tant que Executive Vice President. C’était entre 2001 et 2004, période tumultueuse. Il connaît l’effondrement du groupe de communication, le départ de Jean-Marie Messier – qu’il confesse avoir revu il y a quelques semaines – et participe à la recomposition de Vivendi. Sa réputation d’homme des situations difficiles prend de l’ampleur, mais toujours dans la discrétion.
En 2004, Accor le choisit pour reprendre les rênes de l’une de ses filiales, CWT, qui reviendra dans le giron Carlson en 2006. En 4 ans, les ventes de l’agence de voyage ont été multipliées par 3, passant de 8 à 25 millions de dollars. Une performance qui a évidemment retenu l’attention de Marilyn Carlson Nelson en quête d’un héritier aux commandes du groupe. « Le dialogue est intime avec mes actionnaires, on se connaît bien, ce qui crée un climat de confiance ».
Hubert Joly a lancé, depuis, un plan “Ambition 2015”. Objectif : augmenter de 50% le parc hôtelier, notamment dans les pays émergents et poursuivre la montée en gamme avec le label Radisson Blu (le dernier né, $125 millions d’investissements, sera inauguré à Chicago le 31 octobre), maintenir au top l’agence de voyage et doubler le nombre de TGI Friday’s dans le monde. La chaîne fondée par Alan Stillman en 1965, pur produit de la culture américaine, connaît un nouvel essor en Asie. « L’esprit convivial de ces restaurants plaît beaucoup, aux Chinois notamment. On y vient pour s’amuser. C’est Stillman qui a inventé le concept des happy hours », souligne le boss, défendant un style de restauration pas toujours apprécié des Français. Les critiques viennent surtout de Big Apple: à l’image du restaurant de la 5e Avenue, les TGI Friday’s new-yorkais manquent cruellement de rénovation. «Pour des raisons historiques, les TGI Friday’s de New York ne nous appartiennent pas, il sont encore la propriété du fondateur», tient à préciser Hubert Joly. « Aujourd’hui, 80% des TGI Friday’s sont aux États-Unis. Dans 4 ans, les 2/3 seront situés hors du pays », si le plan Ambition 2015 est respecté.
Quand on lui demande si le fait d’être français modifie le rôle de dirigeant au sein d’une entreprise américaine, Hubert Joly sourit. «Franchement, non. Ici aux Etats-Unis, la nationalité importe peu. J’ai simplement internationalisé la direction du groupe ». Quasi exclusivement américaine avant sa nomination il y a 3 ans – il était le seul étranger -, l’équipe de directeurs s’est enrichie de 5 nationalités européennes. Pas d’Asiatique mais c’est peut-être le challenge à venir. « Je dis toujours que mon successeur devra être une femme chinoise ou indienne ».
(Crédit photo: Anthony Behar/Sipa Press).