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"Potiche" à Miami

1977, Nord de la France. Femme au foyer soumise, Suzanne Pujol (Catherine Deneuve) va devoir prendre les rênes de l’usine de parapluies familiale à la place de son mari, le tyrannique et misogyne Robert Pujol (Fabrice Luchini).

Judith Godrèche, qui interprète Joëlle, la fille Pujol, évoque cette première expérience devant la caméra de François Ozon : « Il est directif et rapide, il sait ce qu’il veut ». Quant à son personnage, derrière son allure moderne à la Farrah Fawcett, elle se révèle finalement plus conservatrice que sa mère. Prisonnière des conventions, Joëlle n’évolue pas, ne s’émancipe pas : « en fait c’est elle la potiche de l’histoire », analyse l’actrice.

Car Potiche, c’est surtout la chronique d’une émancipation féminine. S’il a souvent fait la part belle au beau sexe, François Ozon confirme avec ce dernier long métrage son statut de cinéaste français le plus féministe du moment. Mais ce n’était pas vraiment volontaire : « Je n’en ai pris conscience qu’à la sortie du film, quand les femmes m’ont remercié», confie-t-il.

D’ailleurs, si Potiche se déroule dans les années 70, ce n’est pas un hasard. Pour Judith Godrèche, l’esthétique rétro participe indéniablement du comique du film. Mais surtout, le « recul historique permet plus facilement de rire » de la société de l’époque, de la position de la femme à la relation entre bourgeois et prolétaires. « Si l’intrigue avait été contemporaine, le film n’aurait pas été une comédie », confirme le réalisateur.

Mais cela n’empêche pas les allusions au climat politique français contemporain, et notamment aux élections présidentielles de 2007, quitte à faire quelques anachronismes. Si certains ont vu dans Potiche un film de gauche, François Ozon émet quelques réserves : « je joue surtout avec les clichés, j’assume le côté très caricatural ». Le réalisateur a d’ailleurs ajouté un troisième acte à la pièce de théâtre originale de Barillet et Grédy, dans lequel l’héroïne se lance en politique. Mais point trop n’en faut : il a refusé le film sur Nicolas Sarkozy, La Conquête, finalement réalisé par Xavier Durringer et prévu pour mai prochain. «Je le vois tous les jours à la télé, je n’ai pas envie de payer 10€ pour le voir au cinéma! ».

Beaucoup de références franco-françaises donc, pas toujours évidentes à saisir pour le public américain. Cela ne semble pas poser problème au réalisateur, qui défend « différents niveaux de compréhension ». Et puis « l’histoire, celle d’une femme qui veut prendre le pouvoir, qui veut trouver sa place, reste quand même universelle! ». Judith Godrèche, qui avait cartonné outre-Atlantique avec Ridicule (1996), approuve: « De toute façon, les spectateurs américains adorent les films qui font très français ». Surtout quand on retrouve à l’affiche deux icônes incontournables du cinéma hexagonal, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu.

S’il espère évidemment un succès comparable à celui de Swimming Pool (2003), François Ozon reste lucide : « le public américain n’aime pas les sous-titres » et les films étrangers restent souvent destinés à une élite…

 
Pour plus d’informations sur les horaires des séances, cliquez ici
A ne pas manquer non plus, la rétrospective Catherine Deneuve au Tower: voir notre article ici

Rétrospective Catherine Deneuve au Tower

Le monument du cinéma français, que le Wall Street Journal considère comme la plus belle femme du cinéma hexagonal, est à l’honneur à l’occasion de la sortie américaine de «Potiche».
Une rétrospective retraçant son parcours aura lieu au Tower à partir du vendredi 8 avril, avec entres autres les Parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy, Belle de jour (1967) de Luis Buñuel et le Dernier Métro (1980) de François Truffaut.
Pour consulter le programme de la rétrospective, cliquez ICI.
En ce moment, Catherine Deneuve est aussi à l’affiche de “Potiche”. Pour voir notre article, cliquez ICI.

Prenez des cours de Yoga gratuit à Bayfront Park

Lundi prochain (11 avril) et tous les lundis, mercredi et samedi suivants commencent les cours de yoga gratuit dans BayFront Park. Non seulement vous profiterez d’un cours avec  un professionnel pour vous ressourcer, mais vous pourrez également admirer la vue sur l’océan. Que vous soyez débutant(e), intermédiaire ou confirmé(e), si vous aimez le yoga et avez plus de 18 ans, cette expérience pourrait vous tenter.  Et n’ayez crainte, vous ne serez pas seul(e) car le succès semble au rendez-vous. Prévoir son matériel.
? Bayfront Park: 301 North Biscayne Boulevard Miami, 33132
Quand ? Lundi et mercredi: 6–7:15pm, Samedi : 9-10:15am.
Combien ? gratuit
Tél: 305.358.7550

Récital Hébraïque au Temple Emanu-El

Jeudi 14 avril aura lieu au Temple Emanu-El un concert hébraïque réalisé par Isabelle Durin et Michaël Ertzcheid. Mélodies hébraïques et ères romantiques sont au programme de ce récital violon-piano  de près d’une heure intitulé Romantisme Hébraïque.
L’occasion pour les deux instrumentistes de présenter la musique traditionnelle juive européenne et russe au public : chansons yiddish, musiques liturgiques et aires incitent à danser seront intégrés à d’autres traditions de composition occidentales, en collaboration avec Hector Berliow, Camille Saint-Saëns ou Claude Debussy entre autres.
Isabelle Durin et Michaël Ertzcheid, respectivement violoniste et pianiste, sont désireux de faire passer un message fort et évocateur et se plairont à jouer avec un ton caractéristique de la musique juive d’Europe de l’Est tout en créant un lien intense avec leur histoire, poignante et emplie de tragédie.
 
Où ? Au Temple Emenu-El, Washington Avenue – Miami Beach FL 33139-7513
Quand ? Jeudi 14 avril à 19h30
Combien ? $18. $15 pour les members du Temple Emanu-El et de l’Alliance Française.
Pré-vente à l’Alliance Française et au Temple Emanu-El.

Le Balcon en concert

Le Balcon est un «ensemble», c’est-à-dire un groupe de musiciens aux aptitudes différentes et en recherche constante du langage musical. Compositeurs, instrumentistes, chefs d’orchestre ou encore ingénieur du son se retrouvent dans le balcon pour un concert totalement  acoustique.
Créé en 2008 par six étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Le Balcon est en représentation mardi 12 avril à la FIU School of music de Miami. Ne vous attendez pas à un concert basique mais à une réelle recherche de son et d’interprétation concernant le regard du public sur la performance musicale de l’ensemble…
Où ? FIU School of music: Hall 10910 SW 17th St- Miami.
Quand ? Mardi 12 avril à 19h30.
Combien ? $25. $15 pour les seniors et le personnel du FIU. $10 pour les étudiants du FIU et les membres de l’association FIU Alumni.
Réservations au 305-348-0496 ou ICI.

« Parisian Glimmers » au New World Symphony

Stéphane Denève et Jean-Yves Thibaudet, respectivement chef d’orchestre et pianiste, se produiront ensemble au New World Symphony le samedi 9 et dimanche 10 avril pour la « Parisian Glimmers ».
Ils y interpréteront notamment Ravel et Roussel, compositeurs emblématique de l’entre-deux-guerres introduisant le modernisme, mais également Connesson. L’occasion pour eux d’interpréter ces géants du classique dans le nouveau site réalisé par l’architecte Frank Gehry, considéré comme l’un des plus grands architectes vivants, inauguré en janvier dernier.
La volonté de Frank Gehry ? Abolir la frontière entre musiciens et spectateurs et permettre au plus grand nombre de faire l’expérience de la grande musique. La qualité de l’acoustique et la précision des installations techniques semblent faire de ce bâtiment un haut lieu des représentations musicales.
? New World Symphony, 500 17th Street, Miami Beach, FL 33139 ; Tel: (305) 673-3330
Quand ? Samedi 9 avril à 19h30, dimanche 10 avril à 14h
Combien ? Détails des prix ici

Bataille pour un cœur ou les amours imaginaires

Le nouveau film du jeune cinéaste Xavier Dolan pose les bonnes questions sur les dérives que notre imagination peut provoquer en matière d’amour. Il y a toujours une part d’imaginaire de part et d’autre dans nos relations amoureuses. S’il s’agit encore une fois d’une affaire triangulaire, celle-ci ne manque pas  d’originalité tout en nous rappelant François Truffaut dans la thématique ou Jean Luc Godard dans le rythme. Par moment c’est aussi une sorte de «Déclin de L’empire Américain» dans la sonorité et l’esprit mais les personnages sont plus jeunes que ceux du film de Denys Arcand. Le film est en Canadien Français fort opportunément sous-titré en anglais.
Deux jeunes gens, Marie et Francis croient voir dans Nicolas, un jeune adonis tout frais émoulu de ses forages forestiers, l’âme sœur qu’ils attendaient respectivement. Le film est à la fois frais, Xavier Nolan n’a que 22 ans, mais se révèle aussi être drôle par moment au fur et à mesure qu’augmente la rivalité entre les 2 protagonistes et l’indifférence de l’objet du désir. Il faudra néanmoins attendre 1 heure 20 minutes pour avoir droit à 2 scènes émouvantes magistralement interprétées en finesse par Xavier Nolan pour l’une et Monia Chokri pour l’autre, tout deux séparément face à face avec Niels Schneider.
Le trio est entouré d’un groupe de personnages très amusants, de la bouche desquels fussent des répliques plutôt crues, qui forment le chœur et la caisse de résonnance sur les mœurs actuelles à Montréal -mais cela aurait pu être ailleurs.
Les Amours Imaginaires de Xavier Dolan
A partir du 8 Avril
Coral Gables Cinematheque, 260 Aragon Avenue Coral Gables, Fl 33134 ; tel. 786 358 9689
www.coralgablescinematheque.org

"Chefs de France" au royaume de Mickey

Disney oblige, Chefs de France n’est pas un restaurant français comme les autres tout à fait : Rémy, le rat de Ratatouille, circule à travers les tables à l’heure du déjeuner.
Quand Disney a ouvert son parc à thèmes dédié aux cultures du monde en 1982, le groupe a voulu importer le meilleur de chaque pays. Il s’est donc logiquement tourné vers Paul Bocuse, Gaston Lenôtre et Roger Vergé.
Près de trente ans après l’ouverture,  Chefs de France, qui appartient désormais à Jérôme Bocuse, le fils du celèbre chef est la digne ambassade de la cuisine française : chaque jour, plus de 1200 personnes viennent goûter les grands classiques de la cuisine française parfaitement exécutés par le  chef vendéen Bruno Vrignon (à droite et toqué sur la photo).
Au menu, escargots, soupe à l’oignon gratinée, croque-monsieur et quiche lorraine ou, en dessert, crème brûlée et profiteroles. Nous avons une identité française à respecter, note le chef. Comptez environ 35 $ par personne à la brasserie.
Ici, quasiment tout le personnel – 180 employés- est français. Chefs de France fonctionne comme une concession au sein du parc,explique Eric Weistroffer, directeur des opérations (à gauche sur la photo). Beaucoup d’entre eux sont des jeunes venus pour une expérience d’un an : un programme d’étude Erasmus version Disney où ces jeunes entre 18 et 23 ans sont logés en co-location.
Pour ceux qui sont pressés de faire les attractions, direction la boulangerie pour un Napoléon (une portion à la mesure de Disney : immense!), où les deux kiosques pour des ‘squosh’ (cônes de glace pilée) au Grand Marnier, des crêpes, ou des escargots en brioche.
Vue sur le lac d’Epcot et feu d’artifice au Bistro de Paris, le restaurant gastronomique de Chefs de France, au dessus de la brasserie.  C’est le chef Francesco Santin, ancien sous-chef de Paul Bocuse qui officie.   Comptez 55 $ au dîner. Attention, les derniers couverts sont pris à 21 heures : le parc ferme la nuit et seul Rémy, le rat de Ratatouille a alors droit de cité.
Chefs de France
Tél. : 407 827 5032

Jacques Chessex, le premier Goncourt suisse

Jean-Claude Carron, professeur au département des études françaises et francophones à UCLA, animera jeudi prochain une conférence intitulée « The Life and Work of Swiss Author Jacques Chessex (1934 – 2009) ».

Il présentera la vie et le travail de l’écrivain suisse Jacques Chessex, Prix Goncourt 1973 pour son roman L’Ogre. Premier auteur n’ayant pas la nationalité française à obtenir le prestigieux prix littéraire, Chessex est aussi le seul lauréat suisse de l’histoire du Goncourt.

L’acteur suisse Gilles Tschudi lira (en français) des extraits du roman, qui explore une relation père-fils tumultueuse inspirée de l’expérience de l’auteur. Les présentations seront suivies d’une séance de questions/réponses.

Où ? Alliance Française de Los Angeles, Ste 210, 10390 Santa Monica Blvd, Los Angeles, CA 90025-6964; (310) 652-0306

Quand ? Jeudi 14 avril de midi à 14h
Combien ? Gratuit

La vie rayonnante de Marie Curie

L’action commence après le décès accidentel de son mari Pierre Curie avec qui elle obtint le prix Nobel de physique et avant qu’elle n’obtienne, seule cette fois, le Nobel de chimie.  Nous la voyons se battre pour garder une chaire à la Sorbonne, obtenir des crédits pour sa recherche sur le radium mais aussi lutter pour essayer d’avoir une vie amoureuse. La seconde partie est consacrée à ses travaux sur l’isolation du radium, son irradiation et ses derniers jours
Angelica Torn (photo) est magnifique dans ce rôle ou elle passe de la jeune chimiste aux apparences naïves, à la femme déterminée à se sacrifier pour ses découvertes sans perdre un moment son humanité. La dernière scène est bouleversante et l’on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée émue pour ce personnage à qui l’on doit  l’utilisation de la radiothérapie moderne dans la lutte contre le cancer.
La mise en scène de Ricky Martinez est fluide et les scènes s’enchaînent comme au cinéma. On est transporté d’un lieu à un autre sans s’en rendre compte. L’action se déroule chronologiquement et on attend la suite avec impatience, même si on connait la fin. Stephen Neal joue 4 personnages complètement différents d’une manière magistrale. On ne s’ennuie pas une seconde dans cette pièce de  Shirley Lauro et on pense encore à Marie Curie après que le rideau soit tombé.
Une pièce à voir avant le 17 Avril.
Réservations au 305 443 5909 ou ici
www.new-theatre.org

Sarkozy ou la politique des bombardements

Qui de Nicolas Sarkozy ou BHL fut l’acteur primordial en Libye? The Saturday Profile du New York Times était une nouvelle fois consacré à un Français, cette fois Bernard Henry Lévy, philosophe « autant envié et apprécié par les français que moqué et détesté » et qui intrigue toujours la presse américaine. La semaine dernière, le NYT s’interrogeait sur le rôle de BHL. Cette fois, le quotidien new-yorkais a tranché: oui, dit le correspondant à Paris, l’intervention du philosophe pour l’engagement de la France, du Royaume-Uni et des USA a été décisive. Le portrait explique également que BHL, dont l’apparence est selon le NYT « une marque déposée », est  un homme habitué aux campagnes passionnées pour les causes publiques, évoquant ses actions contre le génocide au Rwanda et en Bosnie entre autres.
Newsweek, préfère insister sur le “coup de main” de BHL à Sarkozy. Le président français souhaitait dès le départ prendre la tête de la coalition contre Kadhafi, assure la magazine. Objectif du guerre: remonter dans les sondages en vue des élections présidentielles de 2012, « avec aucun support à gauche et un concurrent potentiel, Marine Lepen, à l’extrême droite ».  Et cela semble marcher selon Newsweek, car les deux tiers des Français approuvent son action en Libye, tout comme la classe politique en générale. Sauf qu’il y a un hic: les sondages ne décollent pas. Les bombes n’y font rien, résume Newsweek, citant un journaliste français: «les Français ne l’aiment pas».
Le Boston Globe ainsi que Forbes s’intéressent au débat sur l’Islam lancé par l’UMP et fortement critiqué par les représentants des principales religions de France. Tout deux racontent que  les représentants des Français catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes  ont déclaré vendredi dernier que « le débat pourrait amener davantage de confusion de la période trouble que nous traversons ». Forbes souligne les divisions de l’UMP qui est avant tout, rapporte le Boston Globe, le “bébé” de  Jean-François Copé.
Plus intéressant, The Christian Science Monitor dédie un article long et explicatif concernant  la situation en France tout en rappelant les premières pierres ayant conduit à ce débat, comme le thème de l’identité national lancé par Nicolas Sarkozy en 2009. Le journal explique entre autres la division de l’UMP face à ce débat, rappelant que le Premier Ministre François Fillon n’y participera pas, et expliquant que Jean-François Copé est quant à lui très présent. Le journal y voit aussi et surtout comme raison principale la montée de popularité de Marine Le Pen, qui semble intriguer les journaux américains.
Marianne fait débat … Le Los Angeles Times rapporte une « news » de Neuville-en-Ferrain: le maire de la ville proche de Lille à enlevé une sculpture de Marianne à cause de sa taille de poitrine trop imposante et ayant choqué plusieurs personnes de son administration. Le journal s’amuse de cette nouvelle en citant l’artiste qui souhaitait « symboliser la générosité de la République». L’occasion pour le Los Angeles Times de rappeler l’histoire et la symbolique de Marianne, dont la poitrine est, selon le journal, surtout liée à la maternité et l’abondance…

Des petits poucets normands dans la Big Apple

Au départ, il y a une entreprise nettement plus grande: Isigny Sainte-Mère. Elle exporte ses camemberts aux Etats-Unis depuis déjà dix ans et elle a décidé de faire profiter de son réseau et son expérience trois petites, voire très petites, entreprises. En jargon de spécialistes du commerce extérieur, on appelle cela du “portage”. Et c’est ainsi que trois entreprises dont vous n’aviez sans doute jamais entendu parler se sont lancées à l’assaut du marché américain: la chocolaterie Les Chevaliers d’Argouges à Moyon dans la Manche ; Le Manoir des Abeilles (qui fait évidemment du miel) à Pontorson, dans la Manche et Le Frisson Normand (confitures) à Granetot l’Oudon, dans le Calvados.
Marie-Thérèse Peltier dirige avec son frère le Manoir des Abeilles, entreprise familiale de 17 employés, fondée en 1948 par leurs parents apiculteurs. En prenant la relève, les enfants ont spécialisé la production en biscuiterie à base de miel. «On vend en grande distribution, auprès des apiculteurs et de petites boutiques, explique-t-elle. Notre réseau de ventes était bien rôdé mais on était un peu sur une routine sur le marché national». Et quoi de mieux pour sortir de la routine que de traverser l’Atlantique ?
Le “portage” de Isigny Sainte-Mère leur permet de sauter le pas, ce qu’ils n’auraient jamais pu faire seuls. Pour environ 1000 euros par mois, l’aventure devient possible. Une opportunité commerciale, mais aussi et surtout une occasion de se remettre en question face à un marché très exigeant. “On n’avait jamais étudié le packaging, il était même un peu vieillot car il avait été fait depuis 15 ans. Pour nous ça suffisait. Cela correspondait à une clientèle simple pour une consommation courante de qualité en FranceNotre marketing était inconstant et le packaging au minimum. Arrivé aux Etats-Unis on nous a dit que c’était trop banal, trop simple, pas assez attractif.
Le Manoir des Abeilles a alors créé de nouveaux emballages, des étiquettes et des brochures traduites en anglais. Des améliorations qui ont engendré l’achat d’une nouvelle machine pour l’étiquetage et d’un nouveau four pour les biscuits afin de garantir une production de qualité constante. Toute une remise en question, bénéfique également pour leur marché français.
Si la qualité des produits n’est pas un problème, leur coût en est un. Les quantités ont ainsi été réduites pour rendre plus abordables ces articles qui arrivent aux Etats-Unis 4 à 5 fois plus cher que sur le marché français. Le miel de madame Peltier vendu 2,20 euros en France s’achète $ 8,99 dans les boutiques américaines. “Les produits sont appréciés mais ce qui bloque les clients c’est le prix“, reconnaît Benoît de Vitton. Ce jeune diplômé de 25 ans, est le Volontaire International en Entreprise (VIE) employé par le portage. Il râtisse les Etats-Unis en VRP des différents producteurs.
Ces produits traditionnels sont donc plutôt destinés à de l’épicerie fine. Ainsi à New York, le miel, les biscuits, les chocolats de Basse-Normandie se trouvent chez Zabar’s, Garden of Eden ou encore Gourmet Store. “Des produits haut de gamme, des clients haut de gamme et une chaîne haut de gamme. On ne va pas vendre ça à Wallmart ou ShopRite», reconnaît Benoît de Vitton.
Le pari en s’exportant est aussi de faire découvrir des saveurs inconnues des Américains. Le produit phare du Manoir des abeilles et qui fait parti des meilleures ventes du portage est le miel crémeux toutes fleurs :  “Il a une saveur et une texture peu connues aux Etats-Unis et il est identifié comme produit de qualité traditionnel français“, explique Marie-Thérèse Peltier.
Si l’aventure est bénéfique pour l’entreprise familiale, Marie-Thérèse met en garde les aventuriers: même regroupés et soutenus par un “grand”, l’exportation vers l’Amérique “ça coûte cher”. Pas Normande pour rien, l’apicultrice…