Il hésite. New York ou Los Angeles? Une chose est sûre, David Martinon va faire ses valises. Il quitte l’Elysée, où il était depuis avril le porte parole d’un Nicolas Sarkozy auprès duquel il a fait l’essentiel de sa carrière, d’abord comme “conseiller diplomatique” au ministère de l’Intérieur. Victime d’abord des déboires de Nicolas Sarkozy, qui a décidé d’adopter une communication présidentielle plus classique en supprimant la fonction de porte parole omniprésent “à l’américaine” qu’occupait David Martinon. Victime aussi de son propre échec politique à Neuily-sur-Seine face, entre autres, à Sarkozy fils, Jean.
La sortie se prépare depuis plusieurs semaines. Puisqu’il est diplomate de carrière (ENA, promotion Valmy, 1998), son recasage semblait plus simple que pour un “non fonctionnaire”: retour au Quai d’Orsay. Il fallait compter avec les règles de la carrière, mais aussi le goût modéré de la vénérable maison pour les ascensions fulgurantes et politiques. A 36 ans, David Martinon est trop jeune pour le poste d’ambassadeur qu’il espérait, il n’a pas encore atteint le grade de Conseiller hors classe nécessaire selon les règles de la carrière. Ce sera donc un poste de Consul Général. Deux se libèrent aux Etats-Unis: Los Angeles, occupé depuis quatre ans par Philippe Larieu et New York, que François Delattre s’apprête à quitter, également après presque 4 ans.
La solution, imposée par Nicolas Sarkozy, ne ravit pas tout le monde au Quai d’Orsay, notamment s’agissant de New York, un Consulat important et qui vaut bien des ambassades de “petits pays” dans la carrière diplomatique. Pourtant, David Martinon aura bien New York s’il le décide. Mais il hésite. Joint au téléphone lundi, il a refusé de commenter, se contentant d’un “bien sûr que j’ai envie de venir à New York, tout le monde a envie de venir à New York”.
Mais certains suggéraient au Quai d’Orsay que l’hésitation avait à voir notamment avec son souci de ne pas paraître être imposé politiquement dans une maison dans laquelle il devra faire carrière. Même s’il n’y a passé que quatre ans depuis sa sortie de l’ENA, il connaît suffisamment les arcanes du ministère pour ne pas vouloir se mettre la technostructure à dos. A cet égard, Los Angeles, consulat plus modeste et connoté plus “paillettes” que politique serait sans doute une pilule qui passerait mieux. Et Los Angeles semble destiné à être un prix de consolation dans l’esprit de Nicolas Sarkozy: il avait songé à l’offrir à Claude Chirac, la fille de l’ancien président, avant que celle-ci ne décide finalement de se reconvertir chez PPR, propriété de François Pinault.
David Martinon peut en tout cas continuer à réfléchir quelques temps: ni le Consulat de Los Angeles ni celui de New York ne sont pour l’heure vacants et le départ de leur occupant actuel n’est en principe pas prévu avant l’été.
Viendra ou viendra pas?
Françoise Mouly, ou l'enfance de l'art graphique
Sans cette Française expatriée il y a plus de trente ans à New York, la bande dessinée aux Etats-Unis n’aurait peut-être jamais atteint son degré de créativité débridée. Elle s’appelle Françoise Mouly et chaque semaine, des milliers d’Américains se délectent sans le savoir de sa patte élégante en découvrant la couverture du New Yorker. Directrice artistique du prestigieux magazine depuis 1993, elle se lance aujourd’hui dans un nouveau défi : Toon Books, une collection de bandes dessinées en anglais à destination des 4-6 ans.
Débarquée en 1974 à dix-neuf ans dans les rues de New York pour fuir des études «frustrantes» aux Beaux-Arts de Paris, elle n’est jamais repartie. «La bande dessinée a influencé toute ma vie. Arrivée ici, je me suis rendu compte que je ne comprenais pas un mot d’américain. Je voulais lire des BD, pensant que ce serait une bonne façon d’apprendre davantage de vocabulaire. Mais il était impossible d’en trouver chez les marchands de journaux ou en librairie. Heureusement pour moi, mes amis connaissaient la seule personne qui faisait de la bande dessinée aux Etats-Unis, Art Spiegelman».
Celui qui deviendra plus tard l’auteur du monumental Maus –récit graphique tiré des souvenirs de son père, déporté à Auschwitz– dirige alors Arcade, un magazine de comics underground. Ils se rencontrent à New York, tombent amoureux. Puis en 1980, ils inventent ensemble RAW, première revue américaine à tirer l’art graphique de sa niche sulfureuse en rassemblant des auteurs du monde entier. Car tandis qu’en France règnent Pilote ou Charlie Hebdo, aux Etats-Unis, hors des super-héros de Marvel ou DC Comics, la bande dessinée pour adultes est persona non grata. Pas étonnant si l’on se souvient qu’en 1954, le Congrès organisait des débats sur le lien entre comics et délinquance juvénile… «Avec RAW, notre but était alors de légitimer la bande dessinée, de montrer qu’il s’agissait d’un medium capable produire des œuvres d’art et de littérature.» Dans la revue, qu’ils impriment et distribuent eux-mêmes, Tardi, Loustal ou Joost Swarte côtoient Robert Crumb, Chris Ware, Kaz et Julie Doucet.
«La situation actuelle est paradoxale, juge-t-elle aujourd’hui. La BD est prise au sérieux, étudiée à l’université. Mais entre temps, les enfants ont été oubliés. Il n’y a pas eu d’éditeurs pour la jeunesse.» Un vide qu’elle combla d’abord en créant avec Art Spiegelman Little Lit, recueil de comics pour enfants. Elle poursuit l’aventure éditoriale en lançant Toon Books, une collection de bandes dessinées destinée à apprendre à lire aux 4-6 ans : «Avec la bande dessinée, on peut leur donner une version structurée d’un narratif visuel, en y incorporant des mots et en déclinant toutes les autres dimensions du contenu, ce qui est beaucoup plus facile à lire pour eux qu’un texte isolé. En visitant des écoles, avec l’aide de professeurs et d’une psychologue, j’ai redécouvert l’essence d’une histoire, comment la raconter, choisir un vocabulaire approprié aux enfants pour être sûr que la lecture est fluide.» Trois titres doivent sortir début avril dont l’immarcescible Mimi Cracra, devenue Silly Lilly d’Agnès Rosensthiehl.
French have better sex… scandals
Dans le Los Angeles Times, c’est un Anglais, Theodore Dalrymple qui titre Europe does sex scandals better. En effet, comparé aux scandales britanniques et français, l’affaire de l’ancien gouverneur de New York Eliot Spitzer est décevante.
«The French are more mature about sex, though they are terrible hypocrites about money». Theodore Dalrymple se souvient que «personne ne s’offusqua que François Mitterrand ait deux femmes et une fille illégitime». Plus incroyable encore, souligne l’auteur, personne ne s’effaroucha devant le «passé pétainiste» du président socialiste.
Selon lui, les Français critiquent plus la vulgarité que l’indécence des «singeries» de Nicolas Sarkozy. «Sarkozy n’a pas agi comme un adulte mais comme un adolescent». Le problème de Sarkozy? Répondre à l’injure par l’injure. Le «Casse-toi pauvre con» du président dénote face à la poignée de main accompagnée d’un «et moi je m’appelle Chirac» de son prédécesseur. Bien plus «class» indeed.
La magazine Newsweek agrees «Sarkozy ne sait pas tenir sa langue»…
Le président français donne un boulot fou aux caricaturistes. Dépeindre les aventures de Nicolas Sarkozy, « roi du “bling”», «Casanova vantard» n’est pas une mince affaire. «Il ressemble plus à un personnage de bande dessinée genre “Tintin” qu’à un chef d’Etat» déclare le journaliste américain.
Sarkozy est un «micromanager». Son style provocateur semble déteindre sur les conseillés présidentiels. Sous Sarkozy, les conseillés se substituent aux ministres. Selon le journaliste, les émissaires privés seraient moins controversés s’ils étaient plus efficaces. «La question est maintenant de savoir si Sarkozy saura retrouver sa popularité perdue».
Si le “cinéma” du président français est unanimement critiqué, celui de Marion Cotillard fait débat… Après le tollé provoqué par les dires de l’actrice sur une “conspiration du 11 septembre”, le Huffington Post publie un véritable plaidoyer.
Lisa Nesselson rappelle que tout journaliste se doit de replacer les évènements dans leur contexte. «Cotillard n’a en aucun cas voulu déshonorer les victimes du 11 Septembre». Elle a déclaré croire que les autorités cachent souvent la vérité au public, ce qui signifie qu’elle a «au moins une chose en commun avec un tas de gens» commente la journaliste. La Française doute ainsi des circonstances de la mort de Coluche, un accident de moto? Marion Cotillard aurait pu, pour illustrer son propos, mentionner la catastrophe de Chernobyl concède la journaliste.
«De toute manière, pour qui se prend cette gonzesse française prétentieuse pour avoir une opinion sur autre chose que sur combien de fois elle époussetera sa statuette?» ironise la journaliste qui ensuite dresse un élogieux tableau de la carrière de Marion Cotillard.
Contrairement à ce que certains «journalistes trop zélés» ont pu dire, «Marion Cotillard n’est pas allée trop loin et n’a pas ruiné sa carrière». Comme s’il s’agissait d’un scandale de dopage, la journaliste raconte qu’un reporteur a demandé à l’Académie si l’Oscar allé lui être retiré. «Marion Cotillard a-t-elle sous entendu que les terroristes avaient raison ou que les Américains méritaient de mourir? Rien de tel».
Lisa Nesselson rappelle que c’est Le Monde qui le 12 septembre 2001 titrait Nous sommes tous Americains et conseille à ses compatriotes de retenir leurs ardeurs lorsque l’on parle à tort de leur pays. Ainsi, peut-être mériteront-ils un jour à nouveau «cette incroyable solidarité».
–p–
Après que «Marion Cotillard won the Oscar» et «Carla Bruni won the president of France», la journaliste “gossip” du New York Post, Liz Smith croyait en avoir fini avec les Françaises. Mais l’ancienne PDG de Veuve Clicquot USA, Mireille Guiliano, décrite comme l’un des «worst boss» new yorkais par le site Gawker.com fait du bruit en changeant de maison d’édition. L’auteur des best-sellers French Women Don’t Get Fat et French Women for All Seasons quitte Knopf publishers pour Atria Books. Son prochain livre traitera de réussite professionnelle, peut-être sera-t-il intitulé French Women Do Get Rich commente la journaliste qui titre son papier Vive la France!.
St Patrick's day
Mettez vous à l’heure irlandaise pour fêter la Saint Patrick, Saint Patron de l’Irlande.
Si la date officielle est le 17 mars, certaines activités ont lieu ce week end:
– The Big Onion Walking Tours propose un “Irish New York Tour” dimanche à partir de 13h, l’occasion de découvrir le quartier de la Little Ireland entre Chatham Square and Houston Street. La visite de la cathédrale Saint Patrick et de la maison d’enfance de Al Smith (homme politique irlando-américain) sont bien entendu au programme. Pas de réservation nécessaire. Rendez-vous devant la Saint Paul’s Chapel sur Broadway entre Fulton et Vesey Streets.
Tarifs: $15 pour les adultes, $12 pour les seniors et $10 pour les étudiants.
La visite aura également lieu le lundi 17 mars à partir de 13h. Renseignements, ici
-Un concert sera également donné au Webster Hall à l’occasion de la Saint Patrick. Samdi 15 mars, à partir de 18h30, “Irish Rock Review” au Webster Hall, 125 East 11th Street. Tel: 212 353 1600.
-A Brooklyn, la fameuse parade aura lieu le dimanche à partir de 13h. Rendez vous au croisement de la 15e rue et de la 7e Avenue.
– L’Irish Art Center ouvre ses portes dimanche pour son “Annual St Patrick’s Open Day”. D’où vient la légende de Saint Patrick ? Qu’est que la musique celtique ? Qui sont les irlandais d’aujourd’hui? Toutes ces questions trouveront réponses à travers les différentes activités mises en place par le musée dimanche 16 mars à partir de midi.
Programme et Renseignements, ici. Evènement gratuit et ouvert à tous
Irish Art Center, 553 West 51st Street.
– Le lundi, à partir de 11h et ce jusque vers 15h, la St Patrick’s day parade remontera la 5ème Avenue de la 44e rue à la 86e rue. Les badges “Today, I’m Irish” seront de rigueur! A la Lighthouse Tavern, 243 5th Avenue (Brooklyn), la parade sera retransmise et la Guiness servie à $3 pendant la durée du show.
– Une messe aura également lieu le lundi à 8h30 à la cathédrale Saint Patrick, 50th Street et 5th Avenue.
Pour fêter encore plus la Saint Patrick, lire ici
Où aller boire de la Guiness ?
– Cullen Restaurant
118 St. Marks Place. Tel: 212 254 6636.
Certainement le plus populaire des restos irlandais de l’East Village.
– Muldoon’s Irish Pub
692 3rd Avenue. Tel: 212 599 2750.
Ambiance chaleureuse, comme on la connait dans les pubs iralndais. Taff sympathique et service rapide.
– O’Neill’s
729 3rd Avenue. Tel: 212 661 3530.
Certains clients ont élu ce bar comme étant le meilleur pour la Saint Patrick. Très bonne ambiance sur fond de musique traditionnelle. Hamburgers et fish and chips au menu.
– McSorley’s Ale House
15 E. 7th Street. Tel: 212 473 9148.
Le plus vieux bars irlandais de New York (147 ans). Ils y font leur propre bière. La nourriture y est également très bonne.
– 11th Street Bar
510 E. 11th Street. Tel: 212 982 3929. Vous trouvez facilement ce bar simplement indiqué par le signe Guiness.
Fête de la Martinique
A l’occasion de la fête de la Martinique, le 19 mars prochain, le Skyroom de la FIAF se transforme en un paradis tropical pour célèbrer la culture de l'”île aux fleurs”.
Au programme: dégustations de hors d’oeuvres créoles, de vins et de coktails à base de rhum martiniquais.
N’oubliez pas de venir costumé, des prix récompenseront les meilleurs déguisements.
A partir de 18h30 au Skyroom, 22 East 60th Street
$30 pour les non membres; $20 pour les membres; gratuit pour les étudiants membres.
Tickets disponibles ici ou au 212 307 4100.
Michel Gondry embobine New York
À l’occasion de la sortie de son nouveau film Be kind rewind, le cinéaste français supervise une installation interactive à SoHo jusqu’au 22 Mars.
Des acteurs amateurs déambulent, nus sous des combinaisons en plastique transparentes, des poules courent sur le plateau au milieu des caméras : le projet Be Kind Rewind qui fonctionne comme un mini studio de cinéma n’est pas exactement une exposition bien que l’on puisse s’y promener. Plusieurs décors ont été installés qui permettent au public d’y tourner ses propres films.
La façade du Deitch Projects, galerie alternative de Dowtown, imite à la perfection la devanture du magasin où se passe le film de Michel Gondry. En effet, l’exposition coïncide avec la sortie de son 4ème film dont l’intrigue loufoque se déroule non loin de New York, à Pessaic, un coin désaffecté du New Jersey. Le film raconte la disgrace d’un vidéoclub, Be Kind Rewind, où les affaires marchent mal. Accidentellement exposé à un champ magnétique, Jerry (Jack Black) efface par erreur le contenu de toutes les vidéos du magasin dont Mike (Mos Def) à la charge. Pour rattraper le coup, et pensant que les clients n’y verront que du feu (!) les deux compères décident de refaire eux-mêmes les films de manière artisanale. Exploit inattendu : ces films bricolés dans leur jardin rencontrent un plus grand succès chez les habitants du quartier que les originaux faits à Hollywood.
Comédie sociale, Be Kind Rewind fonctionne aussi comme un hommage au do it yourself et au cinéma populaire comme art collectif. Pas étonnant que l’exposition du Deitch Projects prolonge l’idée d’une transmission au public et permette au spectateur de s’approprier l’univers bricolé du cinéaste. En 2006 Gondry y avait exposé les objets et les inventions de son film La science des rêves. Ce versaillais de 44 ans installé a Los Angeles a peaufiné son univers visuel en tournant les clips de Bjork, Radiohead, Daft Punk et d’autres artistes après des débuts en France avec Laurent Voulzy, Etienne Daho et I Am.
Dans une atmosphère familiale de bric-à-brac, entre les costumes de Robocop et de Ghostbuster utilisés pour le film, les organisateurs de la galerie reçoivent en moyenne 4 groupes par jour, d’au moins 5 personnes. Les participants doivent suivre deux ateliers sur l’apprentissage de la caméra et l’écriture d’un script avant d’investir l’un des décors : une salle d’attente d’hôpital, une forêt, un salon, une chambre a coucher, un café, une ruelle ou une vieille Deux Chevaux. Le projet est financé entièrement par Deitch Projects qui fournit costumes et accessoires –les caméras sont prêtées par le frère de Michel Grondry.
Be Kind Rewind au Deitch Projects : 18 Wooster Street.
Pour prendre RDV : [email protected] ou par telephone : 212 347 7300.
Du mardi au samedi de midi à 18h.
Gratuit.
Florent viré du Meatpacking
“Au début des années 80, j’étais un des seuls restaurants dans le quartier. De toutes façons, il n’y avait pas grand chose, c’était encore surtout des boucheries et des abattoirs. De 9h du matin jusqu’à minuit, c’était mort, l’ancien proprio ouvrait même de minuit à midi, c’est pour vous dire“. Florent Morellet est en train de décrire l’un des quartiers les plus réputés de New York aujourd’hui, le Meatpacking. Dans les années 70, Florent a découvert le quartier de la même manière que les gens qui n’étaient pas bouchers, c’est-à-dire à travers les bars gays et les «boîtes sex ».
«J’aimais l’activité tôt le matin, le quartier était tout éveillé quand on sortait de boîtes, c’était super». Tombé amoureux du quartier, qui lui rappelait l’effervescence des Halles, Florent prend le pari de s’installer ici et saute sur l’occasion lorsqu’elle se présente, en août 1985. «J’étais quasiment sûr de mon coup. Comme j’avais travaillé dans un restaurant de Soho, entre 1978 et 1984, je savais que ma clientèle allait me suivre». Il imagine lui-même son restaurant, «sorte d’hybride entre le bistrot parisien et le «diner» américain“.
“T4 affichés au mur”
Autour de lui, le quartier changeait progressivement. Mais « à la fin des années 80, c’était toujours aussi craignos, il y avait des prostituées, des dealers de krachs…». Témoin de l’arrivée du sida, Florent a vu les bars et backrooms gay (Jay’s, the Vault, Cellblock, the Mineshaft, Alex in Wonderland, the Anvil) fermer un à un leurs portes. Son restaurant se transforme alors en un centre de l’activisme anti-sida, réunions ou soirées de charité. Florent lui-même découvre sa séropositivité en 1987. Il refuse de se cacher et décide d’afficher ses T-4, mesurant ses défenses immunitaires, sur les menus au-dessus du comptoir.
En 1995, lors de son renouvellement de bail, Florent et sa propriétaire se mettent d’accord sur un loyer à $6000 par mois pour une durée de 13 ans. On comprend l’étonnement de Florent lorsque cette année, alors que son bail touche à sa fin, sa propriétaire lui demande un loyer de $700 000 par an pour les 10 ans à venir. Sachant que le loyer augmente de 4% tous les ans, le nouveau loyer aurait du être d’environ $10 000 par mois. Florent s’est dit prêt à aller jusqu’à $18 000 mais pas plus. Or, «la propriétaire veut le louer au maximum, le quartier étant devenu l’un des plus cher dowtown». Son restaurant devrait donc fermer ses portes à la fin du mois, mais Florent aimerait tenir jusqu’à la gaypride.
À 55 ans, Florent Morellet a été de toutes les batailles : défenseur des droits des homosexuels, des droits des malades, militant du droit à choisir la fin de sa vie, du droit à l’avortement, opposant à la guerre en Irak. En 2006, il fut même choisi pour être à la tête du cortège de la gaypride à New York. Le combat pour garder son restaurant, il ne le mènera pas car «the writing’s on the wall». «Je suis passé par tous les stades: la colère, la soumission, l’acceptation. Mais il fallait que je décroche Florent la personne de Florent du restaurant. Je regardais avec frayeur l’idée d’être sans mon restaurant : qui on est sans son business ? Mais je sais désormais que je peux faire autre chose et être Florent. Je me sens plus serein, mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas avoir de peine. Ça va être une perte, c’est comme de perdre un amant. Mais je commence à avoir envie de cette nouvelle étape dans ma vie». Une nouvelle étape consacrée à son art, des créations graphiques à partir de cartes routières, qu’il va désormais devoir accrocher ailleurs que sur les murs de son restaurant.
Enrichis ton vocabulaire avec Sarko
Lauren Elkin du Huffington Post revient sur l’épisode du salon de l’agriculture et dresse un top 10 des traductions pour “Casse toi, pauvre con”. Il faut bien l’avouer, on a l’embarras du choix: « Get lost, jerk », « Sod-off, prick », « Get out of here, bastard », “Get lost you total jerk”, “Piss off, stupid sod”, “Get lost, silly bastard” (les deux dernières étant issues du Time), “Get lost then you bloody idiot“, ou le simple mais efficace “get lost !” (The Guardian). L’auteur avoue avoir un faible pour « Get out of here, dumbass ».
Lauren Elkin poursuit : «Nous les Américains avons eu deux ou trois incidents semblables ces dernières années. En 2000 Bush, qui ne savait pas que son microphone était branché, a mentionné un journaliste du New-York Times en le traitant de « total asshole». En 2004, lors d’une interview pour Rolling Stone, John Kerry a défendu son vote pour la guerre en Irak en demandant, “Did I expect George Bush to fuck it up as badly as he did ? I don’t think anybody did ».
Le style présidentiel de Sarko – qui implique le jogging du matin et les vacances dans le Maine – lui confère le surnom de Sarko l’Américain. Devrions-nous lire les gaffes de Sarkozy comme un effet secondaire malheureux de son affinité avec l’Amérique? La stupidité de Bush a-t-elle baissé le niveau pour le comportement présidentiel ? ».
« Qu’est ce qui pourrait être plus français que le sexe ? Encore plus de sexe apparemment, spécialement si vous êtes une femme » répond le New York Times suite à une étude parue récemment sur la sexualité en France. Il semblerait que la différence entre homme et femme, en terme de nombre d’amants, d’âge d’initiation et de variété d’engagements ait diminué.
Cependant, l’étude montre que quelques mythes sexuels français sont en réalité infondés, notamment le prétendu « grand appétit sexuel des Français» qui leur donnerait des raisons pour «faire les idiots». “Il semblerait d’ailleurs que les Françaises pourraient utiliser le même argument“.
Ecart présidentiel, sexe: tout cela nous amène au remariage de Cécilia Sarkozy qui fait bien sûr partie des nouvelles de la semaine. L’ex femme de Nicolas Sarkozy est elle aussi prête pour son propre «remariage éclair», comme l’écrit le Washington Post. Le New York Post voit dans ce mariage une sorte de revanche de la part de Cecilia qui s’est sentie “embarrassée” par le mariage de son ex mari avec « une ancienne superbe top model de 10 ans sa cadette ».
Le remariage de Cécilia
Attention vol de paparazzis à prévoir dans deux semaines sur la tranquille ville de Greenwich, dans le Connecticut. Célèbre pour ses milliardaires, ses hedge funds et ses maisons à plusieurs dizaines de millions de dollars, Greenwich sera désormais l’endroit où s’est remariée l’ex première dame de France.
Le mariage aura lieu du 21 et 23 mars, notamment dans la maison que possède à Greenwich Richard Attias, le patron de Publicis Events Worldwide. Le quartier a l’habitude des riches et célèbres. Greenwich est classée comme l’une des villes aux plus haut revenus du pays. Bien des maisons ici ont l’air de châteaux. Une d’entre elles est en vente en ce moment pour 45 millions de dollars. Selon le registre des impôts, la ville de 60 000 habitants comptait en 2006 931 Porshes, 94 Ferraris, 90 Bentleys, 39 Rolls Royce…
En comparaison, la demeure de Richard Attias est modeste, estimée au “tax roll” de la ville à un peu plus de 3 millions de dollars. Pour le premier week-end du printemps, elle accueillera donc les quelque 150 invités attendus, pour la majorité venus de France et d’Europe pour deux jours de festivités.
Les mariés seront habillés en Versace, et ils en sont contents: c’est la filiale new-yorkaise du couturier italien qui a annoncé officiellement le mariage. Un faire-part d’un genre nouveau…
Un savoureux mélange Franco-Africain
Korhogo, “héritage” en langage Sénoufo, est une région du nord de la Côte d’Ivoire, pays natal du chef et co-propriétaire de Korhogo 126, Abdhul Traoré. Abdhul parle de cuisine comme de littérature. La sienne est française aux influences ouest-africaine et appelle au voyage. C’est aux côtés de Luc Pasquier, chef du Consulat de France qu’Abdhul découvre la cuisine, un véritable « coup de foudre» raconte-il. Pour ce géologue de formation, la cuisine est une sorte de science. Il faut «écouter, goûter, toucher, palper», tout un art qu’il est possible d’observer dans la cuisine ouverte de Korhogo 126.
Déjà à l’origine des Enfants Terribles, “premier French African bistrot de New York” sur Canal Street, Abdhul Traoré est recruté sur Craigslist par Emmanuelle Chiche, co-propriétaire du Bubble Lounge et de l’ancienne Bouillabaisse 126. Sans fermeture, Korhogo 126 remplace en octobre dernier la Bouillabaisse 126 dont la réputation était devenue très mauvaise due aux humeurs de l’ancien partenaire d’Emmanuelle, «l’autre affreux». (voir ici) Abdul Traoré devient alors chef de la Bouillabaisse avant de s’associer à la création de Korhogo 126.
Emmanuelle Chiche se décrit comme un «business entrepreneur» mais aspire à devenir un «social entrepreneur». Elle n’est pas restauratrice et avoue être incapable de porter un plateau. Faire de l’argent, oui, mais ce qu’elle aime vraiment c’est donner vie à des projets. C’est chose faite avec la rencontre d’Abdul. L’idée est de faire découvrir l’Afrique autrement, à travers la cuisine et notamment les épices. Pour rappeler que l’Afrique ce n’est pas «seulement Bono, sida, pauvreté…».
Korhogo 126 offre une cuisine métissée haute en couleurs dans un cadre sans prétention. Bancs en bois à l’intérieur, chaises en fer forgé dans le jardin et musique de fond africaine donnent une ambiance chaleureuse à ce French African restaurant.
Compter environ 45/50$ par personne avec le vin
Restaurant et traiteur ouvert tous les soirs
126 Union Street
Carroll Gardens, Brooklyn
718-855-4405
http://www.korhogo126.com
Ma soeur, cette héroïne
«Je ne vous dirai pas « have a great time » car l’histoire ne s’y prête pas». Pour son premier film, Sandrine Bonnaire a choisi de filmer sa sœur Sabine atteinte d’autisme. Fait de vidéos personnelles réunies sur 25 ans et de témoignages de son quotidien dans un lieu spécialisé, le film évoque la personnalité de Sabine avant et après ses 5 ans d’internement.
Devant le public du Florence Gould Hall et en présence des membres de l’association QSAC (the Quality Services for the Autism Community), Sandrine Bonnaire s’est dit “très émue” d’être à New York puisqu’elle était venue ici avec sa petite sœur. «C’est même bizarre de venir ici sans elle» a-t-elle ajouté.
La diffusion du film a été suivi d’un échange avec Sandrine Bonnaire. Florilège de quelques questions du public:
Pourquoi avoir fait ce film ?
J’ai décidé de faire ce film pour sensibiliser le public. Cela a pris quelques années avant d’accepter de faire un film sur ma sœur. Je me suis vraiment décidée lors des premières années d’hospitalisation de Sabine. Elle changeait tellement vite, c’était effrayant. Le désir s’est fait de plus en plus fort, d’autant que j’ai été marraine de la journée de l’autisme : j’ai été confrontée à beaucoup de gens ayant la même histoire. Cela m’a conforté dans l’idée de faire ce film.
Je ne voulais pas faire un film sur l’autisme, mais sur ces gens « différents ». Enfin, différents, non, c’est juste qu’ils ne s’expriment pas de la même manière. C’est à nous de les accepter comme ils sont. Par ce film, j’ai voulu essayer de changer le regard des gens.
Comment le film a-t-il été perçu dans les hautes sphères de l’Etat ?
J’ai écrit à Nicolas Sarkozy pour qu’il voit le film et obtenir une entrevue avec lui. Il m’a répondu très rapidement en me disant qu’il avait déjà vu le film et que je devais m’adresser au Ministère des affaires sociales. La ministre de la santé m’a aussi demandé quelles étaient mes idées. C’est compliqué car cela ne dépend pas seulement de la volonté du gouvernement. Cela vient aussi des régions. Je pense que cela va être très long car il faut mettre tout le monde d’accord. Ce qui est sûr c’est que les politiques ont quelque chose à faire car ils ont promis. J’attends. Et s’ils ne font rien, je reviendrai les voir.
La première des priorités demeure celle de trouver des lieux de résidence car les hôpitaux ne sont pas des endroits où vivre.
Est-ce difficile de filmer sa sœur malade ?
Le plus difficile c’est de garder la bonne distance. Je raconte l’histoire de Sabine mais je ne voulais pas la lui voler. C’était vraiment mon obsession : ne pas aller trop loin, ne pas faire un film voyeur. Je tenais malgré tout à montrer Sabine telle qu’elle est.
Je pense que Sabine est une héroïne et dans un sens, elle me rappelle Camille Claudel. Elle a eu des moments très difficiles et s’est montrée très forte. Lors de son internement, elle a du prendre beaucoup de médicaments et a perdu ses souvenirs, sa mémoire, et même son corps [Sabine a pris 30kg lors de son passage en hôpital psychiatrique]. Et elle a dû apprendre à se reconstruire.
Il n’y a pas de colère dans ce film, c’est juste un état de fait. L’état de Sabine résulte à la fois de l’évolution de la maladie et de son passage en hôpital psychiatrique. Mais j’estime que ces 5 années d’internement ont été 5 années de prison pour quelque chose qu’elle n’avait pas fait.
A propos de QSAC, the Quality Services for the Autism Community, lire ici