C’est certainement l’une des dernière fois que le porte-hélicoptères français Jeanne d’Arc fait escale dans le port de New York, son désarmement étant prévu pour 2010. Une retraite anticipée n’est pas inenvisageable si un problème survenait.
En service depuis 1964, le bâtiment a formé des générations d’officiers. Comme l’explique le Capitaine de vaisseau Hervé Bléjean : «Tous les marins sont passés sur ce bateau, à tel point que lorsque l’on rencontre un autre marin on se demande « et toi, tu es de quelle Jeanne d’Arc ?». Cette année, en plus des 425 membres d’équipage et de la cinquantaine d’officiers présents sur le bâtiment, 124 officiers-élèves ont embarqué, dont certains étrangers. « La vieille dame », comme la surnomme affectueusement le capitaine de vaisseau sera accompagnée par la fidèle frégate Georges Leygues tout au long de son périple. Ces bâtiments forment à eux deux le Groupe école d’application des officiers de la marine.
Parti de Brest le 15 décembre pour un voyage d’une durée de 6 mois, la Jeanne d’Arc a donc fait sa première escale à New York entre le 28 décembre et le 2 janvier. Investis d’une mission spéciale, les marins de la Jeanne ont remis des manuels d’histoire, des dictionnaires et des bandes dessinées à une centaine d’écoliers du Bronx qui, depuis septembre, apprennent le français. Ces livres enrichissent ainsi la bibliothèque d’une des trois premières écoles publiques bilingues à New York. Egalement partenaire de la fondation Louis Carlesimo, la Jeanne a accueilli 25 enfants français malades, qui ont ainsi pu visiter New York et passer le réveillon à bord du porte-hélicoptères.
Les dernières heures de la Jeanne
Sarkozy in love?
La chaîne ABC News s’étonne, à la suite de sa séparation avec Cécilia, de ne pas avoir vu un Sarkozy «le cœur brisé». Puis ironise en rapportant le caractère particulièrement romantique des “vacances de noël officielles” du président français et de sa «new girlfriend» en Egypte. Une armée de journalistes et photographes : «c’est exactement le type d’intimité que Sarkozy recherche». Malgré les violentes réactions de certains officiels égyptiens quant au “concubinage” du couple illégitime, et le quasi incident diplomatique qui en résulte, «Sarkozy est certainement trop amoureux pour s’en préoccuper».
La très républicaine Fox News Channel prend soin de rappeler l’annonce faite par Nicolas Sarkozy le soir de son élection : «Vous aimiez Jackie Kennedy, vous allez adorer Cécilia Sarkozy !» et souligne à juste titre que comparé au côté «monarchique (et séducteur caché) de ses prédécesseurs, l’exhibitionnisme de Sarkozy a tout d’une révolution élyséenne et risque d’exaspérer les Français». La critique de la sur-médiatisation de la vie sentimentale du président met, selon Time, «Sarkozy face à un problème fastidieux : Comment le président Français en exercice peut-il épouser un célèbre canon sans en faire tout une affaire?».
« Enfin quelque chose à se mettre sous la dent »
Le Chicago Sun Times se réjouit de la “love affair Sarko-Carla” qui rendrait «les médias complètement “fou”» (en français dans le texte). Si romance et politique ne cohabitent généralement que sur grand écran, Michael Douglas dans “The American President” ou Hugh Grant dans “Love Actually”, la liaison Sarkozy-Bruni est partout.
Carla Bruni est ce que l’on appelle «une femme à hommes», mais la journaliste américaine, Paige Wiser, précise «qu’il ne s’agit pas de porter un quelconque jugement. C’est un fait», et trouve valorisant d’avoir sur son tableau de chasse Eric Clapton, Mick Jagger, Kevin Costner et Donald Trump. «Pour ne citer que les anglophones». Paige Wiser affirme à demi-mot que le Pouvoir est l’unique sex-appeal de Sarkozy, qui « n’a pas exactement l’allure d’une star de cinéma mais plutôt de série B». Mais tente d’accommoder en déclarant «à chacun ses goûts»… La journaliste doute que le couple dure, mais peu importe. «Vive la romance!» conclue-t-elle en français.
La même journaliste note qu’ interviewé par Lesley Stahl sur Cécilia en octobre dernier, le président se disait «very busy, very busy». Sarkozy semble désormais avoir beaucoup de temps à accorder à Carla. «Sarkozy a souvent su utiliser sa vie privée à des fins politiques». Le timing est bon, les concomitances n’ont rien de fortuites. «Bien joué Sarkozy».
Selon le tabloïd TMZ, “The French Have Better Presidents”
Tandis que l’on raconte que Laura Bush attend la fin du mandat de son mari pour le quitter, de l’autre côté de l’Atlantique, «le son de cloche est différent». «En France, l’amour est libre et les rois se font larguer».
Quelques jours plus tard, le même journal à scandales explique
que la France se passionne pour son récemment divorcé président et sa sexy chanteuse, tandis qu’aux Etats-Unis, «si Bill avait divorcé d’Hillary pour s’enticher de, disons, Heidi Klum, une procédure de destitution aurait été lancée». En France, «le président n’est qu’un type de plus entre deux ages portant des jeans trop serrés avec une nana plus jeune et sexy. “Toujours l’amour”!». (en français dans le texte)
Un autre tabloïd, People, se demande «Will Carla Bruni Dedicate a Love Song to Sarkozy?» et souligne que si elle épouse le président, la chanteuse se retrouvera «en conflit avec une tradition de première dame de France insipide et dévouée, habitant le Palais de l’Elysée et représentant le pays élégamment mais silencieusement».
Après l’intervention de Nicolas Sarkozy d’hier, mardi 7 janvier, CNN titre
Sarkozy: Relationship is serious
Quelqu’un m’a dit que tout cela va un peu vite Monsieur le Président…
Poétesse de la guerre et de la paix
Isabelle Balot écrivait déjà des poèmes avant d’être envoyée par les Nations Unies au Sud Soudan; elle y est devenue poétesse “de la guerre et de la paix”. “J’y ai vu la démobilisation d’enfants-soldats et ces images m’ont hantée”. Les images deviennent poème: “Au milieu des combats, rien et nul ne l’arrête/ Plus tout à fait enfant, pas tout à fait homme/ Il est dieu, il est roi, déjà adulte en somme/ Et se croit immortel, du meurtre plein la tête”.
Isabelle est en poste au Sud-Soudan, avec l’équipe qui tente de faciliter les pourparlers de paix, quand les violences éclatent au Darfour, en 2003. Comme d’autres aux Nations Unies, elle affronte alors l’indifférence du monde. Les rapports qu’elle écrit rejoignent d’autres rapports… Mais le soir, il y a la poésie. De retour à New York, elle organise des lectures de ses poèmes, découvre que ses textes ont “plus de force que la prose administrative”. “On atteint plus de monde, et de manière différente; on touche au coeur et aux tripes”.
Faire des massacres, des horreurs comme ces “mines camouflées en jouets”, une matière poétique est une challenge. Jusqu’alors, Isabelle écrivait des textes mystiques, métaphysiques. Elle entre dans une dimension nouvelle: “il ne s’agit plus de vouloir faire “joli”; il faut visualiser, transfomer en image une horreur qu’on veut naturellement fuir”.
Et ses textes finissent par toucher le coeur et les tripes d’un grand défenseur de la cause du Darfour, Bernard-Henri Lévy. Touché par la capacité d’Isabelle Balot à “raconter la brutalité des massacres comme aucun article”, le philosophe a publié une quinzaine de poèmes dans sa revue littéraire “La règle du jeu”.
Quatre ans après ses premiers poèmes, elle n’affronte plus le même silence, les consciences se sont éveillées au drame du Darfour; “mais la situation est devenue très complexe”. Les témoins, comme elle, “ont fait leur travail, mais rien ne peut se faire sans la volonté politique”.
L’expérience devrait aboutir très prochainement à la publication, en français et en anglais, d’un receuil de ses “Poèmes de la guerre et de la paix”.
Alain Sailhac, un mousquetaire de la cuisine française à New York
Qu’on ne s’y trompe pas. S’il est devenu doyen émérite du French Culinary Institute (FCI) (tandis que Nils Noren a repris les rènes de l’établissement), Alain Sailhac, 72 ans, n’a pas déserté les cuisines de l’école, bien au contraire …Quand il vous la fait visite, la verve sans faille et l’allure fringante, il salue les toques (les professeurs) et les étudiants par leur nom, demandant des nouvelles des enfants par-ci, souhaitant de joyeuses fêtes par-là. Il est partout : des salles de classes (autrement dit, les cuisines) à la salle du restaurant de l’école qui s’appelle à juste titre « L’Ecole ». Il vérifie que tout soit parfait, dans les moindre détails. Si Goethe a dit « Le bon Dieu réside dans les détails », Alain Sailhac l’a appliqué.
Arrivé aux Etats-Unis en 1965, envoyé par « Mister Oliver » du Grand Véfour, Alain Sailhac commence sa carrière américaine en tant que chef du restaurant le Mistral. « Il y a eu un engouement des Américains pour la cuisine française à cette époque, stimulé par les magazines. Les chefs français Bocuse, Vergé, Lenôtre étaient constamment sollicités et les restaurants français étaient le « top du top », dit-t-il avec une pointe de nostalgie.
Mais puisque la nostalgie n’est pas dans sa nature, il se concentre plutôt à préserver et transmettre l’héritage de la cuisine française : « La cuisine française, c’est le solfège. L’esprit français a inventé les techniques. L’école a une excellente réputation parce que nous ne voulons pas faire autre chose. On ne veut pas faire « trendy ».
Une concession tout de même : la mise en place d’un programme d’apprentissage de cuisine italienne à l’école. « Il y a un attrait pour cette cuisine surtout en dehors de New York, en Californie. C’est une cuisine confortable », dit Alain Sailhac. L’école a été rebaptisée « International Culinary Center », même si le nom « FCI » n’a pas disparu. Le management envisage de mettre en place un programme de cuisine japonaise, parce qu’elle a « des similarités avec les techniques françaises, notamment dans la précision » précise Alain Sailhac.
A l’orgine, l’idée de la fondatrice de l’établissement Dorothy Hamilton était d’ouvrir une école où six mois de formation suffiraient à être opérationnel en cuisine, contrairement aux autres écoles. « C’est un apprentissage. On les forme à être apprenti. Ensuite il faut travailler avec un chef », dit Alain Sailhac. Pour la somme de 38000 dollars, tout se passe en cuisine et les étudiants dès le premier jour la main à la pâte (feuilletée). « J’ai voulu appliquer l’organisation d’une cuisine à l’école», explique Alain Sailhac, qui a travaillé dans les plus prestigieux restaurants new yorkais comme Le Cygne et le Cirque.
Sur ses années où il était chef au Cirque : « Il y avait de l’électricité dans l’air, la réussite de tous ces gens dans la salle, politiques, célébrités, amis chefs irradiait littéralement», raconte-t-il. « Richard Nixon venait quasiment tous les jours», dit-il, avant d’ajouter avec son humour teinté d’espièglerie : « Il faut dire qu’il n’avait plus grand chose à faire [après le scandale du Watergate]…» Il décrit aussi l’opulence : «J’achetais jusqu’à 80,000 dollars de truffes par an. Les kilos de caviar est stockés en permanence au restaurant et les clients les mangeaient à la cuillère ».
Autre époque, mais toute aussi opulente : les années au service des Trump, « des gens extrêmement généreux ». Il se souvient de la préparation des soirées sur le yacht, arrosées aux champagnes Corton Charlemagne et Cristal (M. Trump ne boit jamais, précise-t-il).
Alain Sailhac habite dans l’Upper East Side, pas très loin de son ancien fief, le Cirque. Avec son compère du French Culinary Institute, le pimpant chef Jacques Pépin, ils sont toujours des figures de la vie mondaine new yorkaise. On a pu les voir en photo dans le New York Times reçemment : ils étaient honorés au bal de charité annuel contre les allergies alimentaires. La bonne humeur semblait de mise et Jacques Pépin confessait à un journaliste de la presse américaine qu’il n’avait pour sa part aucune allergie alimentaire, et « qu’il mange tout ce qui ce trouve sur son passage ». A voir les larrons, on se dit que la cuisine française n’est pas qu’un solfège : c’est aussi le secret pour garder la bonne santé et la jeunesse éternelle.
Que faire le 24 ?
– New York String Orchestra présente le concerto n°22 de Mozart
au Carnegie Hall
Avec le chef d’orchestre américain Jaime Laredo et le pianiste israélo-américain Yefim Bronfman.
Le 24 décembre à 19h
Tickets de 18 à 48$ ici ou au 212-247-7800
– Hansel and Gretel au Metropolitan Opera
Dernières places en vente pour la représentation de 13h ici
prix 99$
150 W 65th St
– The radio City Christmas Spectacular
Les Rockettes dancent le 24 à 11h, 14h et 16h30 au Radio City music hall, 1260 6th Avenue
Dernières places à partir de 70$ en vente ici
– Jazz Nativity “Bending Toward The Light” au Birdland
Tickets 40$ ici Tel : 212 581-3080
– Lonely Avant-Garde Jew on Christmas
avec Rashanim, Frantic Turtle et Pitom au Parkside Lounge à 20h
Les écouter ici
– Saint Vincent Church
123 W, 23rd street
Messe en français à minuit
– Christmastide Eucharist Service à Saint John the divine cathedral
Messe à 22h30.
En raison des restaurations en cours, les places sont limitées. Pour assister à la messe contacter Adriana Sween au (212) 316-7483 ou par e-mail [email protected]
– Christmas Eve Festive Eucharist
à Trinity Church
Le 24 décembre de 18 à 19h
Une célébration traditionelle avec des chants de Noël
– Saint Patrick Church
Messe de Noël pour les petits à 17h30
460 Madison Avenue
Sans oublier quelques bons restaurants:
– Restaurant Florent
Restaurant français au coeur du Meatpacking district, 69 Gansevoort St
Menu de Noël à 37$, menu habituel également disponible
Ouvert 24/24, réservation au 212-989-5779
– Capsouto freres
Restaurant français, menu de Noël à 35$
451 Washington street
Réservation au 212-966-4900
– Tocqueville
Restaurant franco-américain, 1 E 15th Street
Menu de Noël à 95$
Réservation 212-647-1515
Bar Blanc
Comme son nom l’indique, Bar Blanc est d’une blancheur monomaniaque : murs blancs, banquettes blanches, bar en marbre…blanc. Niché dans le West Village, l’endroit n’a rien d’une clinique: les fondateurs ont voulu créer une ambiance relax et chaleureuse, «de la haute cuisine (ndrl : l’héritage de David Bouley), sans nappe sur les tables, ni cravate sur les chemises».
Le chef César Ramirez concocte une cuisine «française créative». Au menu : salade de lapin grillé et ris de veau (non “sweetbread” ne signifie pas “pain sucré” mais bien “ris de veau”), ricotta fraîche ($16) ou encore confit de porc, girolles et choux de Bruxelles, dans un jus à l’anis, cannelle et orange ($32). En dessert, un soufflé de citron meyer, avec une marmelade de myrtille et une glace au fromage de chèvre ($12).
Quelques influences japonaises dans le menu comme dans le sashimi de thon mariné aux champignons, oignons noirs miso, plante bardane croustillante et sauce à la truffe noire ($18). Des teintes italiennes également, avec les lasagnes à l’épaule d’agneau braisé ($28).
Mais toutes les techniques de cuisson, très lentes, comme le braisage ou les rôtisseries, sont françaises, explique Didier Palange. Avec la musique lounge de Stéphane Pompougnac, le Dj de l’hôtel Costes en fond: aucun doute Bar Blanc est bien français. Avec une capacité de 65 couverts et environ 15 employés, le trio espère réaliser un chiffre d’affaires de 3 millions de dollars pour la première année. Un bel envol pour les trois amis…
Une dernière question nous brûle les lèvres: le blanc, n’est-ce pas trop salissant ? «J’y ai beaucoup réfléchi», dit gravement Didier Palange. «Mais les banquettes sont en vinyl et les tables en corian, des matières magiques qui ne se salissent pas. Nous avons renversé une bouteille de vin rouge sur la banquette la veille de l’ouverture et il n’y a aucune tâche», lance-t-il avec satisfaction. Enfin, il dévoile son ultime secret: une lumière bien tamisée…
Le mentor David Bouley n’est pas encore passé au restaurant. «Il est très occupé», dit Didier Palange. «Mais il est cordialement invité», ajoute-t-il.
Bar Blanc, 142 West. 10th St. 212-255-2330
Ouvert du mardi au dimanche, 17h30 à 23h.
Bientôt, ouverture au brunch.
Le restaurant sera ouvert le 31 Décembre, avec un menu réveillon.
Champagne: l'hypothèque euro
De 2001 à 2006, les importations de champagne aux US ont augmenté de 67%. Les bulles françaises sont passées sans encombre au travers des boycotts post guerre en Iraq. Mais producteurs et importateurs se demandent maintenant si ils tireront aussi bien leur épingle du jeu face à l’euro fort.
Pour ces fêtes, les stocks de champagne ont été achetés il y a plusieurs mois. Les distributeurs ont donc une couverture relativement grande et devraient dans l’immédiat être en mesure de satisfaire la demande. En revanche, une fois les stocks écoulés, la situation va devenir pénalisante pour les importateurs qui répercuteront mécaniquement les hausses de coûts sur les prix. Il sera difficile pour le consommateur américain de trouver une bouteille de qualité à moins de 30$. Bien que le champagne bénéficie d’une image haut de gamme, la question de seuil psychologique risque de poser problème.
Pour atténuer les effets redoutés de la dépréciation du dollar, certains distributeurs, comme Baron Francois ltd, société importatrice de vins dans le nord-est des Etats-Unis, ont adopté de nouvelles stratégies commerciales. Le président de Baron Francois, Denis Lesgourgues explique qu’il y a déjà 18 mois, il a “misé sur un transfert de consommation du champagne vers des vins effervescents français”. Ce choix s’avère aujourd’hui très positif. Malgré le taux de change, il confie que «le marché se tient mieux que prévu».
Mais l’atout numéro 1 du champagne reste son inaltérable goût de luxe, entretenu grâce à de véritables machines de communication, qui, de temps en temps, lancent des coûts marketing pour renouveler le genre. Dernier en date: le champagne rosé. Avec une augmentation de 126% entre 2003 et 2005, The Office of Champagne, représentant américain du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne, doute qu’America’s love affair with Rosé will end anytime soon. Pour Denis Lesgourgues, la mode du rosé souligne surtout le caractère hétérogène et sophistiqué du marché américain. “Il n’y a pas un marché américain, mais des marchés américains”.
Par ailleurs, l’enthousiasme pour les petits producteurs, «ceux qui ont les mains dans la terre» est de plus en plus grand. Ils véhiculent une idée de produit naturel, authentique et de qualité qui séduit les consommateurs américains de plus en plus avertis. Il s’agit désormais de découvrir des terroirs, des saveurs. Un marketing qui se veut plus “vrai”, plus “bio” et donc plus honorable qui fait recette.
En 2006 à NewYork, les ventes de champagne ont plus fortement augmenté hors saison qu’en période de fêtes. Certains y voient un signe de “dessaisonalisation” et de “ démocratisation” de la consommation de champagne. Le Bubble lounge est un bar à champagne installé depuis 11 ans à New York. La gérante, Emmanuelle Chiche, explique qu’à la base, l’idée était de désacraliser le champagne, de le faire rentrer dans le quotidien des new-yorkais. Lorsqu’ils ont ouvert, ils n’étaient pas du tout sur «du coup», « au début, les gens étaient très timides, ils croyaient que le bar était un club privé ». Aujourd’hui le concept connaît un grand succès. Reste que la carte n’affiche aucune coupe de champagne à moins de 15$. En 2006, les Américains n’achetaient qu’une bouteille de champagne pour 158 bouteilles de vin tranquille. Le champagne est loin d’être devenu accessible à la majorité.
Source des chiffres : Mission économique de New York, The Office of Champagne
Le "luxe suprême" selon Thibault Sandret
A à peine 26 ans et pour la seconde fois déjà, Thibault Sandret expose à New York. Le jeune Français, débarqué fraîchement de Paris il y a un an et demi n’est pourtant pas dans le métier. Cet ancien élève de l’ESSEC est à New York pour des raisons toute autre que l’art et c’est en réalité un VIE (Volontariat International dans l’Entreprise) qui est à l’origine de sa venue.
Thibault s’intéresse à l’art depuis environ 5 ans et plus particulièrement au pop art. «Je n’avais aucune connaissance de l’histoire de l’art. Ce n’est qu’une fois à l’ESSEC que j’ai eu plus de temps pour travailler sur le sujet». Il a déjà exposé seul à Paris ses collages. Et arrivé à New York, il s’est mis à la photographie.
Afin de pouvoir montrer ses oeuvres, le jeune homme a dû s’improviser commissaire d’exposition. Même s’il prend ce rôle très à coeur, Thibault s’avoue rester « un amateur »; un amateur qui a quand même tout orchestré de A à Z. Il a décidé lui-même du choix des sujets, des artistes et des pièces à exposer, il s’est occupé de l’accrochage et de la scénographie. Tout cela pendant 6 mois en parallèle de son VIE. «Mes colocs se sont foutus de moi, parce que dès que j’avais du temps le soir ou le week end, c’était pour l’expo».
D’abord, le choix du sujet: la rue. «Elle est ma principale source d’inspiration, et ça faisait longtemps que je voulais faire quelque chose sur le street art». Le titre, «Don’t call it street art», interpelle. Thibault l’a choisi car le terme «street art» a tendance à énerver les artistes qui le considèrent comme un mot poubelle. Mais surtout, exposé dans une galerie, le street art perd sa véritable nature.
Il a fallu ensuite trouver d’autres artistes. L’idée d’exposer au sein d’un collectif lui est venue l’année dernière. Frustré de ne pas pouvoir exposer à New York aussi facilement qu’à Paris, il avait réuni autour de lui une dizaine d’artistes pour sa première exposition «French NYC exhibition». «Il y avait uniquement des Français, c’était plus facile, la sélection était rapide. Mais pour « Don’t call it street art », cela m’a demandé un travail de recherche plus poussé». Après avoir traqué des artistes de street art et avoir recruté sur Craigslist, Thibault est parvenu à s’entourer de 7 autres artistes dont 2 Français : Iris Arnaud et Nathalie Hamelin.
Malgré tout, c’est dans la finance que Thibault décide de faire carrière. Bien qu’il considère son travail artistique de manière «hyper sérieuse», il est conscient qu’il ne pourrait pas en vivre. «Là, c’est le luxe suprême : je n’ai pas à me préoccuper des retombées financières et je n’ai de comptes à rendre à personne». Avoir un vrai métier lui permet finalement de pouvoir vivre son art pleinement, «sans aucune contrainte».
«Don’t call it street art» est la dernière exposition de Tibault à New York puisque son VIE se termine fin décembre. Et à l’idée de quitter la ville, Thibault a «les larmes aux yeux». «C’est en quelque sorte l’aboutissement de mon séjour à New York».
“Don’t call it street art”, avec Ogi, COL, Veng, Nathalie Hamelin, Iris Arnaud, Gary St Clare, Jake Dobkin et Thibault Sandret.
Gallery 173-171, 173-171 Canal Street 5e étage
Visite uniquement sur rdv. Tel : 646 245 6072
« A Christmas tree mafia »
A Noël, les vendeurs de sapin font partie intégrante du paysage new-yorkais. Aucun permis n’est requis. Une loi de 1938 autorise les vendeurs de sapins, à condition qu’ils aient l’autorisation du propriétaire de l’immeuble riverain. Tant que les sapins n’obstruent pas le passage des piétons, les stands sont tolérés. Le système est un peu hypocrite et repose sur des “lois non écrites”, le “deal”, le “troc”. Isa, une Québécoise de 27 ans, tient un stand dans Greenwich Village. C’est la deuxième année qu’elle vient de Montréal, où elle travaille dans l’évènementiel, pour vendre des sapins à New York.
La douane est l’unique obstacle que les vendeurs de sapin rencontrent. «Ils nous regardent comme des terroristes» commente Isa. À l’aller, les douaniers américains traquent les Canadiens qu’ils soupçonnent de venir travailler illégalement et de vouloir s’établir aux Etats-Unis.
Une fois à New York, lorsqu’Isa n’est pas entrain de livrer un sapin, elle est dans la cabane qu’elle a construite avec des matériaux récupérés dans la rue. La nuit, la plupart dorment dans leurs vans. Tant qu’ils restent dans leurs véhicules, une loi les autorisent à stationner. En cas de problème, il est courant d’utiliser une fausse plaque d’immatriculation. Pendant un mois, la vie est rustique. Isa a un “deal” avec le magasin d’en face, qui se trouve être un sex shop ouvert 24h sur 24, elle peut utiliser leur restroom, en échange, ils choisissent un sapin. Il en va de même pour les services de nettoyage des rues qui ne sont pas censés ramasser les débris générés par les stands. On troc aussi parfois une couronne de noël contre un repas. L’ambiance est chaleureuse, les gens viennent leur apporter du café, du rhum et discutent.
L’important est d’être bon vendeur. La politique de la maison: tout le monde doit repartir avec un sapin. Isa explique que c’est une sorte de «game de psychologie» car «c’est émotionnel d’acheter un sapin ». Les clients veulent connaître la provenance, et l’espèce de l’arbre. Ils aiment qu’on leur raconte une histoire. Ce qui plaît à Isa c’est le contact humain. Il n’y a pas de prix affichés, ici on improvise. Isa raconte que parfois elle livre des arbres sans même avoir évoqué le prix. C’est une fois le sapin au milieu du salon que le client se préoccupe de la facture. Elle souligne que tout particulièrement dans ce quartier, les gens veulent un arbre qui coûte cher. À quelques rues de là, au croisement de la 6e et de Carmine street, la population est plus modeste et les gens négocient jusqu’au dernier centime. Ce n’est pas le meilleur «spot».Les clients sont tout aussi aimables, mais malgré une image stéréotypée de “bûcheron” qui fait vendre, la concurrence des delis est rude.
La gestion des stocks de sapin nécessite de la main d’œuvre. Chaque soir, vers minuit, un camion vient livrer les arbres. C’est le night watch qui les réceptionne et prépare le stand pour le lendemain. Sur le stand d’Isa, le gardien de nuit est un ancien professeur d’échec devenu sans-abri “par choix”.
Le parrain du sapin
A en croire les rumeurs qui courent sur les stands, il y aurait un parrain new-yorkais du sapin. Isa ne l’a jamais rencontré mais admet que le business est «un peu mafioso». Au sommet de la pyramide, une seule et même personne, un Américain, serait à la tête de l’affaire avec un monopole quasi total. Les vendeurs, recrutés par bouche-à-oreille, sont réticents et souvent refusent de parler. Les journalistes ne sont pas les bienvenus. «On ne sait pas trop» avoue Isa. «Beaucoup de choses se passent sous la table», «mais je ne pense pas qu’ils tuent des gens» ajoute-elle en rigolant.
Lorsqu’elle en parle, Isa l’appelle «la compagnie» en faisant un geste large des bras. L’organisation est pyramidale, peu ont à faire avec le big boss. Quelques vendeurs, dans le business depuis de nombreuses années, récoltent tous les jours les enveloppes. Toutes les transactions se font en liquide. Comme dans toute entreprise, le chiffre d’affaires est au centre des préoccupations. Les “gestionnaires” n’hésitent pas à signaler tout retard sur les chiffres de l’an passé .
Le business peut rapporter gros. Isa et son partenaire vendent environ 40 arbres par jour le week-end et 15 en semaine. Après déduction de la marge faite par «la compagnie» car «c’est pas le père Noël, ils sont top riches», les vendeurs de sapin gagnent au bas mot 2500$ dans le mois. Mais certains très bien implantés peuvent se faire jusqu’à 15 000$. Au retour, c’est la douane canadienne qui cherche à débusquer les vendeurs de sapin. Ils savent qu’ils transportent de l’argent liquide, qu’ils se garderont bien de déclarer. Avec l’incroyable hausse que le dollar canadien à connu cette année, la saison risque cependant d’être moins bonne qu’à l’accoutumé.
Concentré de Provence à Brooklyn
Amateurs de cuisine française ou Français en mal de terroir, filet mignon, bœuf bourguignon et foie gras sauté sont au menu de Provence en Boîte, petit restaurant de Brooklyn qui a ouvert ses portes en juin 2006. Si le nom vous semble familier c’est certainement parce que Leslie et Jean-Jacques Bernat, les propriétaires, ont repris le nom du restaurant qu’ils possédaient à Bay Ridge. « On a gardé le concept parce qu’il nous ressemble, on adore la France et la Provence et c’est un petit coin de soleil que l’on veut offrir ».
Leslie explique : « On aime enseigner aux Américains la culture française à travers nos traditions de cuisine». C’est d’ailleurs pour cette raison que l’établissement ne se contente pas d’être seulement un restaurant. C’est aussi une boulangerie-pâtisserie où l’on peut acheter de vrais croissants au beurre ou aux amandes, et des gâteaux à vous donner l’eau à la bouche : tarte aux noix et au caramel, mille feuille, trio de chocolat ou tarte aux fruits rouges… Tout est exposé à la manière d’une vraie pâtisserie française et d’ailleurs le restaurant ne dispose pas de carte des desserts : chacun choisit son gâteau directement dans la vitrine. Le restaurant fait également épicerie et l’on trouve de la confiture, des herbes de Provence et des sets de tables aux imprimés provençaux. Tout cela confère à la Provence en Boîte une atmosphère conviviale et chaleureuse.
Jean-Jacques et Leslie insistent bien : « ici tout est fait maison… et ce qui n’est pas fait maison est directement importé de Provence ». Jean-Jacques, qui a derrière lui 36 ans de métier, a travaillé avec de grands maîtres comme Paul Bocuse et Maurice Bernachon. Il fait lui-même son chocolat et son pain de campagne. Et pour cet ancien pâtissier du Lubéron, pas question de couper à la bûche ! Provence en boîte propose des bûches de Noël au chocolat, à la vanille, au café, au praliné ou grand Marnier. Mais surtout, fidèle à la tradition provençale, le chef initie ses clients aux 13 desserts provençaux. (La tradition veut qu’au retour de la messe, les convives dégustent 13 desserts en souvenir du Christ et des 12 apôtres).
Les fêves en céramique de France viennent d’arriver, et déjà le restaurant pense aux galettes des rois…
Si vous êtes en panne d’idées de cadeaux, Provence en boîte confectionne des gift basket avec des torchons aux imprimés provençaux, du nougat, des figurine en massepain, du chocolat et des herbes de provence.
Il est préférable de commander votre bûche.
Provence en Boîte, 263 Smith Street. Tel: 718 797 0707.
"Ils veulent tous rencontrer Sarkozy"
Installé dans son grand bureau de Reservoir Road, à Georgetown, en complet bleu (son prédécesseur préférait le gris), le nouvel ambassadeur de France est ravi: depuis son arrivée cet été, de l’anniversaire de la naissance de Lafayette à la visite de Nicolas Sarkozy, la rapprochement franco-américain est célébré sur tous les tons.
”Il est incontestable que l’arrivée de Nicolas Sarkozy, son affirmation d’une réelle amitié personnelle pour les Etats-Unis, a accéléré le mouvement. Voir un président français venir passer ses vacances chez eux, dire haut et fort qu’il aime ce pays, sa manière de vivre sa culture, tout ça a incontestablement changé le climat. Notre rôle maintenant, c’est d’inscrire cette amitié retrouvée dans la durée, cela veut dire decliner désormais dans l’ensemble de nos relations, politiques, économiques, culturelles, éducatives, universitaires,linguistiques. Il va falloir leur donner une nouvelle dimension qui soit à la hauteur de nos ambitions, en tenant compte bien sur des nos moyens. Ce n’est pas facile.Il faut beaucoup travailler. Il faut beaucoup labourer.”
Les candidats à la présidentielle veulent voir Paris et Sarkozy
Pour Pierre Vimont, George Bush est un président qui entend exercer ses fonctions jusqu’au terme qui lui est imparti par la constitution et l’a montré avec ses négociations avec le Congrès sur le dossier irakien et la relance des pourparlers de paix au Proche-Orient. C’est à ses yeux une administration qui a encore “des choses à dire et des choses à faire.” Mais bien sûr, il approche ceux qui pourront être les prochains locataires de la Maison Blanche. Quel genre de questions lui posent-ils?
“La première chose qu’ils nous disent,c’est qu’ils aimeraient le moment venu rencontrer Nicolas Sarkozy.” John McCain, Hillary Clinton, Barak Obama ont, entre autres, exprimé le désir de se rendre en France, mais après les primaires! Pour prendre un peu de “vernis international” comme le dit l’ambassadeur, avant de poursuivre: “D’autre part, comme ils réfléchissent eux-mêmes sur les grands dossiers diplomatiques, Irak, Iran, Afghanistan, Proche-Orient, Kosovo, ils ont envie de connaitre nos positions et envie de nous faire connaitre les leurs pour voir si l’on est à peu près en phase les uns avec les autres. Et puis troisièmement, ils sont intéressés par les réformes que souhaite promouvoir le président de la république dans les domaines économique et social: il y a eu les grèves(…) les dernières émeutes en banlieue, et ils nous demandent comment on sent les choses. Ils essaient de mieux comprendre ce qui se passe.”
N’est-il pas à craindre que justement à cause des grèves qui se multiplient et des émeutes qui se renouvelent, les Américains aient l’impression que “plus ça change, plus c’est la même chose? “Non” répond l’ambassadeur, car d’une part Nicolas Sarkozy a prévenu ses interlocuteurs lors de sa visite à Washington qu’il y aurait des difficultés tout au long de son quinquennat, une réforme en profondeur de la France et de la société française prenant du temps. ”{Je n’ai pratiquement jamais rencontré d’interlocuteurs qui ne souhaitaient pas ces réformes car ils ont tous envie que notre pays rattrape son retard et rejoigne la mondialisation.”}
Est-ce que pour la France, un candidat serait préférable à un autre? “Ce qui est important, c’est que quel que soit le candidat qui est élu, nous connaissions bien ses idées, ses engagements, les collaborateurs qu’il va amener avec lui, pour pouvoir être opérationnels dès le lendemain de la mise en place de la nouvelle administration.C’est pourquoi il faut travailler dés maintenant.”
Agé de 58 ans, Pierre Vimont, élégant et distingué énarque de la promotion Malraux (1977), est diplomate de carrière. Une carrière qui a été consacrée essentiellement à l’Europe. Il fut notamment ambassadeur et représentant permanent de la France auprès de l’Union européenne de 1999 à 2002. Alors comment s’est passé pour lui l’adaptation à son poste outre-atlantique? “Je trouve que c’est assez intéressant de voir la France et l’Europe de l’autre côté de l’Atlantique, d’abord parce que ça donne un autre regard qui est très utile et ça complète le regard parfois un peu nombriliste que l’on peut avoir en France et en Europe. Et puis c’est très utile pour expliquer à nos amis américains ce qu’est la construction européenne. Pour beaucoup d’Américains, c’est encore très compliqué à comprendre (…) et le fait d’avoir beaucoup travaillé sur les affaires européennes peut permettre d’être assez pédagogique et de leur expliquer en termes assez simples ce que l’on essaie de faire en Europe.”
Soucieux de “ne pas rester enfermé à Washington”, l’ambassadeur a déjà visité 7 des 10 consulats français des Etats-Unis, l’occasion de redécouvrir l’Amérique qu’il connait bien, pour avoir passé une partie de son enfance à Washington, alors que son père, diplomate lui aussi, y était en poste. Il est revenu plus tard aux Etats-Unis qu’il a sillonnés d’une côte à l’autre: ”J’avais découvert – je ne sais pas si ça existe encore – la possibilité de conduire une voiture de Chicago en Californie. J’avais trouvé ça dans les petites annonces et j’ai fait ça pendant plusieurs années. Je me souviens, je passais par tous les National Parks,c’était magnifique!”