A FAIRE AVEC LES ENFANTS; LIRE ICI
Le 4e jeudi du mois de novembre, New York est désert: magasins et musées fermés, rues désertées. A l’occasion des fêtes, de nombreux New Yorkais quittent la grosse pomme pour aller rejoindre leur famille. Mais dès le vendredi, la vie reprend de nouveau.
Voici une liste d’activités variées à faire seul, à 2 ou à plusieurs…
– Aller à la patinoire
Ces patinoires seront ouvertes le jeudi de Thanksgiving :
The Rink, Rockefeller Center (5th Avenue entre 49th et 50th St.)
The Bond, Bryant Park, 42e rue, entre la 5e et la 6e Avenue
Wollman Rink, Prospect Park, Brooklyn
Wollman Ice rink, Central Park (62nd St)
-Faire du shopping
Une fois Thanksgiving digéré, les Américains courent les magasins dès le vendredi, appelé pour l’occasion « Black Friday », qui sonne le coup d’envoi des achats de fin d’année. Et quoi de mieux pour lancer cette période qu’une journée de soldes exceptionnelles. Nombreux sont les magasins qui ouvriront dès 6h du matin. Gare aux files d’attentes et aux bousculades…
Ralph Lauren, 867 Madison Avenue ou 381 W Broadway ou 381 Bleecker Street
Macy’s, 151 West 34th Street
Bloomingdales, Lexington Avenue/E 59th Street
Century 21, 22 Cortlandt Street
Best Buy, 60 W 23rd Street.
Tommy Hifliger, West Broadmway at Broome Street
Gas, 238 Mott Street, entre Prince Street et Spring Street
Barney’s, 660 Madison Avenue, entre E 60th et E 61st Street
– Aller au musée
Tous les musées seront fermés le jeudi de Thanksgiving, mais seront ouverts le vendredi et le week end. Pour voir les expositions en cours :
The Museum of Modern Art, 11 West 53 Street.
The Metropolitan Museum, 1000 Fifth Avenue at 82nd Street
The Jewish Museum, 1109 Fifth Avenue at 92nd Street
The Frick Collection, 1 East 70th Street
American Museum of Natural History, Central Park West and 79th Street.
Guggenheim Museum, 1071 5th Avenue (at 89th Street)
– Voir une pièce de theatre
Les musicals de Broadway vont perdre leur week-end le plus profitable de l’année pour cause de grève des techniciens, mais il reste le théâtre. Sélection:
« Things we want », Acorn Theatre, 410 West 42nd Street. Tel: 212 279-4200. Jusqu’au 15 décembre
« Pygmalion », American Airlines Theatre, 227 West 42nd Street
« The rise of Dorothy Hale » au St. Luke’s Theatre, 308 W. 46th Street. Tel: 212 246 8140
-Faire du Bowling
A Chelsea Piers, 300 Bowling Center, 23rd St. & the Hudson River. Tel: 212 835 2695
Leisure Time Bowl, 550 Ninth Avenue. Tel: 212 268 6909
– Redécorer sa maison
Bed Bath and Beyond, 620 6th Avenue
Home depot, 40 West 23rd Street
Ikea, Elizabeth Center NJ
– Aller monter à cheval
Kensington stables, 51 Caton Place, Brooklyn
– Danser la salsa
SOB (Sound of Brasilia), 204 Varick Street. Gratuit pour les femmes entre 5PM et 7PM. $15 pour les hommes entre 5PM et 7PM. $20 après 8PM pour tout le monde. Gratuit si réservation à dîner avant 7PM
Baraza, 133 Avenue C. Pas de prix d’entrée.
-Se mettre au tricot
Smiley’s Yarns, 92-06 Jamaica Avenue, Woodhaven, Queens
The lion and the Lamb, 1460 Lexington Avenue
-Chanter dans un karaoke
Sing Sing karaoke, 81 Avenue A
Karoké one 7, 29W 17th Street
Que faire le week end de Thanksgiving ?
La déferlante Pull-In
Quel est le point commun entre Zinedine Zidane, Jean-Marc Barr, Michael Youn, Kelly Slater et David Beckham ? Leur lingerie. Tous portent du Pull-In. Créée par Emmanuel Lohéac, la marque connaît un succès grandissant chez les jeunes et pas seulement dans le milieu du surf, berceau de la marque. Pull in propose des sous-vêtements et maillots de bain (homme et femme) en lycra, la matière phare de la marque. Dans la boutique, située au coeur de Nolita, s’étendent des rangées de boxers, culottes et strings aux couleurs flashy et aux imprimés fun: fraises, marguerites, pin up…
Tout n’était pourtant pas tracé pour la petite marque hossegorienne. Mais son concepteur, soutenu par une bande de copains et un sens developpé du relationnel, a su l’imposer dans la cour de l’underwear fashion.
« Le métier d’ingénieur ne m’a pas du tout plu. Moi ce qu’il me fallait, c’était de la communication. J’adore discuter, faire des rencontres. Au cours de mes études, j’ai voulu bifurquer, mais à chaque fois, ça ne s’est pas fait ». Emmanuel Lohéac est bien allé jusqu’au bout de ses études d’ingénieur en électricité. Mais à l’entendre, sa voie était ailleurs. « J’ai toujours voulu travailler dans l’univers du surf ».
Et en France, le surf, c’est Hossegor, petite ville du Sud Ouest où ce sport est quasiment érigé en religion. Emmanuel quitte alors Paris pour l’Aquitaine et abandonne l’idée d’une carrière en lien avec ses études. Au fur et à mesure de ses activités et de ses rencontres, il constate qu’il manque une marque dans le milieu du surf et trouve la brèche où s’engouffrer.
Après un premier échec avec sa marque Not Only Twice, Emmanuel persévère et Pull-In voit le jour en 2000. Si les débuts sont difficiles, le succès arrive rapidement grâce aux premières apparitions TV dans des programmes comme la Starc ac ou le Loft. De nombreux sportifs devenus des adeptes de la marque n’hésitent pas à afficher leurs dessous. Au printemps 2004 s’ouvre la première boutique, à Hossegor évidemment.
Bien que la marque développe un marketing fortement lié aux sports extrêmes, Emmanuel met en garde : « ce n’est pas une marque de surfwear. Les racines de Pull-In sont certes liées au surf, ce qui est une grande fierté, mais le produit s’adapte. On travaille beaucoup avec des stylistes et des gens issus de la mode ».
Ce n’est qu’en 2005 qu’Emmanuel quitte son travail au sein du groupe Quicksilver et qu’il décide de se concentrer uniquement sur Pull-In. En 2 ans, le chiffre d’affaire est multiplié par 3 et 4 concepts store se sont ouverts à Miami, Aix en Provence, à Paris et un autre à Hossegor. Et aujourd’hui : New York.
L’implatation à Manhattan est déjà une forme de consécration, mais surtout un pari de taille: si le produit marche à New York, ce sera la porte d’entrée à tout le marché américain. C’est pour cette raison qu’il souhaite faire les choses «correctement». «On va démarrer tranquillement. On vient faire du business mais on n’a pas d’impératif. On va tout miser sur le qualitatif. Dès que ça prendra, on fonce». Et pour l’été prochain, Emmanuel vise déjà Los Angeles et peut-être même Las Vegas.
Pull-In, 252 Elizabeth Street, Nolita.
Mariane Pearl, entre deux avions
Avec son sourire radieux et ses bouclettes serrées, on se dit qu’il y a une ressemblance avec Angelina Jolie, qui a joué le rôle de Mariane Pearl dans le film « The Mighty Heart », qui relate l’enlèvement puis la mort de son mari, le journaliste du Wall Street Journal Danny Pearl kidnappé puis tué par des extrémistes islamistes en 2002.
C’est d’ailleurs « Angie » qui a préfacé son nouveau livre In Search of Hope, une compilation de ses « Global Diaries », publié dans le Glamour américain, agrémentée de photos de son voyage d’un an autour du monde. «Cela avait avoir avec le sens de ma vie et le sens de la mort des gens que j’aime, mais avant tout avec mon fils. Comment donner à mon fils de cinq ans l’inspiration d’embrasser le monde ? Il serait légitime qu’il ait peur. Mais y-a-t-il un moyen qu’il ressente de l’espoir à la place ?», écrit Mariane Pearl. Parmi les femmes qu’elle dépeint dans son livre: Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria, la première femme présidente Africaine, Lydia Cacho, la journaliste mexicaine qui a dénoncé les violences faites aux femmes en dépit de menaces de mort, Sheila Watt Cloutier, leader Inuit et prix Nobel de la paix pour sa lutte contre le réchauffement climatique. «Le même principe anime ces femmes : l’espoir », dit Mariane Pearl.
Ponctuée d’événements joyeux et tragiques, la vie de Mariane Pearl est placée sous le signe du cosmopolitisme. Française, née à Clichy, sa mère est cubaine et son père Hollandais. «Jusqu’à l’âge de 15 ans, je pensais que c’était la norme d’avoir une partie de la famille noire et très pauvre, l’autre blanche et très riche ». A 17 ans, elle décide de quitter Paris. Elle vient alors de découvrir la lettre de son père expliquant pourquoi il s’est suicidé. Elle prend la décision d’aller habiter chez un oncle à New York et a bien l’intention de devenir danseuse. «Tout ce que je connaissais était quelques pas de salsa enseignés par ma mère mais dans mon imagination, il n’y avait aucun doute que je pouvais réussir. Mes illusions se sont vite évaporées quand mon oncle est venu me chercher à l’aéroport et m’a ramenée dans son une pièce sur Fordham Road dans le Bronx», raconte-t-elle dans sa chronique sur une autre « Angie », le pédiatre Angela Diaz, une enfant du Bronx, une légende vivante qui soigne les adolescents du quartier. C’est plus tard que Mariane Pearl rencontre Danny à Paris. Elle est journaliste pour Radio France et couvre les questions de migrations internationales. Après leur mariage, ils vivent en Inde. Son mari dirige alors le bureau Asie du Sud du Journal puis à Karachi au Pakistan où Danny Pearl est assassiné en enquêtant sur les réseaux terroristes. Mariane est enceinte de cinq mois.
Ce soir là, elle arrive avec un peu de retard dans cette libraire de l’Upper West Side, om elle est venue présenter son livre, s’excuse et s’étonne de l’audience en dépit de la pluie battante ce jour-là. À son bras, un petit bonhomme, son fils. Très librement, elle répond aux questions de gens venus l’écouter : «J’ai des peurs mais je suis un esprit libre. Je combats mes craintes». Sur le bouddhisme qu’elle pratique depuis 24 ans, elle évoque le suicide de son père. A propos des gens qu’elle admire, «je pense toujours à Nelson Mandela».
Un des chapitres de son livre est consacré à Fatima Elayoubi, femme de ménage marocaine qui vit en banlieue parisienne : ses parents n’avaient pas pu lui offrir d’études. Elle qui ne savait pas lire le Français a commencé à écrire en arabe. Elle trouve quelqu’un qui lui traduit ses écrits gratuitement et commence son porte à porte auprès des éditeurs parisiens. Peu de temps après, son livre «Prière à la lune» était publié. «Quand je dis aux gens que j’ai grandi à Paris, ils me considèrent bénie. Après tout Paris est la ville la plus romantique au monde. (…) Mais il y a une autre face de Paris que le monde ne connaît pas et que Fatima Elayoubi connaît» écrit-elle.
Mariane Pearl vit désormais à Paris mais la traduction du livre en Français n’est pas prévue pour l’instant. Pour l’anecdote, Angie a paraît-il, eu du mal à imiter son accent français pour jouer son rôle dans le film réalisé par Michael Winterbottom et coproduit par Brad Pitt, d’autant qu’il est teinté d’une pointe d’accent cubain. Les deux copines en plaisantent. Pour son travail, Mariane Pearl s’est rendue récemment en Israel, à la rencontre de gens dans un kibbutz. Le kibbutz en question fait aussi night club. «C’est la vie», s’amuse-t-elle. La conférence est finie, Mariane prend son avion pour Paris le lendemain.
In Search of Hope : the global diaries of Mariane Pearl, powerHouse Books. $39.95 Les bénéfices des ventes du livres sur Glamour.com sont reversées aux associations des femmes du livres.
Une scène pour parler français
« A un enfant on peut tout enseigner tant qu’il y a un projet concret derrière ». Tel est le pari de Jalila Menasseri qui a souhaité une enceinte où des enfants pourraient parler français tout en faisant une autre activité. C’est ainsi qu’est née en septembre dernier « la petite troupe », qui propose des cours de théâtre pour enfants et adolescents francophones. Parce qu’elle est à la fois ludique et exigeante, la scène va constituer pour Jalila une façon de donner du sens à l’apprentissage du français.
Après des études à Montpellier, Jalila a enseigné au Lycée français de New York pendant une dizaine d’années. Elle fait alors le constat que beaucoup d’enfants sont frustrés d’avoir à parler le français. «Dans certains cas, ce sont les parents qui insistent pour que leurs enfants soient scolarisés dans un établissement français alors que c’est l’anglais qui prime à la maison. Même dans la cour de récréation du Lycée français, les enfants parlent anglais entre eux ». Elle réalise ainsi que prendre des cours de français n’a pas de sens pour des enfants «qui n’y voient pas leur intérêt». Le déclic viendra aussi du tour que prend sa vie. Jalila épouse un Américain «et quand j’ai compris que j’allais rester à New York, j’ai eu besoin de me sentir exister dans la communauté francophone ».
Ancienne actrice dans une troupe amateur en France, Jalila avait déjà expérimenté les bienfaits du théâtre et d’autres supports comme la danse ou la vidéo dans ses classes au Lycée français. Autant de moyens qui permettent aux enfants “d’apprendre sans s’en rendre compte”. Le théâtre permet ainsi aux enfants de parler français, de pratiquer la langue sans qu’ils aient pour autant l’impression d’être en classe de français. « C’est une forme de sociabilisation des enfants avec un support qui les tire vers le haut ».
Le théâtre possède aussi d’autres vertus, comme celles de donner confiance en soi ou d’être en contact avec ses émotions. «Pendant mes cours, explique Jalila, on apprend à écouter l’autre et à s’écouter soi. Les enfants découvrent aussi le plaisir d’accomplir une performance et d’être applaudis. Cela les motivent et les poussent à se dépasser». Elle constate que les enfants deviennent plus ouverts et qu’ils développent leur créativité.
Les élèves sont inscrits au semestre. La séance dure 90 minutes : on commence par des échauffements sous forme de jeu : expression d’intention, avant de s’attaquer aux textes. Pour les plus petits, place au comique. Les plus grands partagent des textes classiques mais aussi des choses plus contemporaines. Pour le moment, les cours de théâtre s’adressent exclusivement à des Francophones, l’objectif étant de faire du théâtre. D’ailleurs Jalila insiste : « ils viennent pour un cours de théâtre, pas pour un cours de français ». Mais pleine de projets, elle espère un jour ouvrir sa propre école d’art et proposer des cours de théâtre en français à des personnes désireuses de parfaire leur français.
Informations sur www.lapetitetroupe.com
Joindre Jalila : [email protected]
$25 la session pour un engagement sur 6 mois. Il est possible de s’inscrire en cours de semestre.
Où boire le beaujolais nouveau ?
Jeudi 15 novembre, troisième du mois: le Beaujolais nouveau débarque. Et même à New York, de nombreux bars et restaurants seront au rendez-vous. Voici une liste d’adresses où le Beaujolais de l’année sera célébré :
–Tout va bien, 311 W 51st Street. Tel : 212 265 0190.
Ce resto français de Hell’s Kitchen est la Mecque du Beaujolais nouveau. Pour l’occasion, le propriétaire a acheté 1800 bouteilles, donc une proportion déraisonnable sera bue dès jeudi soir.
–Fêter le Beaujolais nouveau à la FIAF, au Tinker Auditorium, 22 East 60th
Street.
Le jeudi à 6:30. $55 par personne ($45 pour les membres). Mieux vaut prendre ses tickets à l’avance.
–La Provence en boîte, 263 Smith Street – Brooklyn. Tel : 718 797 0707.
Menu Spécial Beaujolais à $45, bouteille à $24 et verre à $5. “Ecrivez qu’il y aura Franck Dubosc, c’est un ami de la famille” nous dit le propriétaire, M. Bernat.
–Le Madeleine, 403 West 43rd Street. Tel: 212 246-2993.
A partir de jeudi. $5 le verre.
–Capsouto Frères, 451 Washington Street. Tel : 212 966 4900.
A partir de jeudi. $9 le verre de Château de Chantelut, $27 la bouteille.
–Serge, 165 Madison Avenue. Tel: 212 679 8077.
A partir de Jeudi midi, $8 le verre, $26 le bouteille.
–Félix, 340 West Broadway. Tel: 212 431 0021.
A partir de jeudi midi. $8 le verre, $28 le bouteille.
–Le Bâteau Ivre, 230 East, 51st Street. Tel: 212 583 0579.
Première dégustation mercredi soir minuit. Jeudi, ambiance bal musette, avec un accordéoniste. $40 le menu avec un verre de Beaujolais. $7 le verre, $29 la bouteille. Pour 4 bouteilles achetées, la 5e offerte.
–Le Singe vert, 160 7th Avenue. Tel: 212 366 4100.
A partir de jeudi midi. Au menu, jeudi soir : Coq au vin (au Beaujolais bien sûr). $9 le verre, $38 la bouteille.
–Le Café charbon, 168 Orchard Street. Tel: 212 420 7520.
A partir de 8PM jeudi, dégustation gratuite de Beaujolais. Une fois les 5 caisses écoulées, le verre de Beaujolais sera à $7 et la bouteille à $24,50. Au menu: des spéciaux au Beaujolais.
–Nassau Inn, 10 Palmer Square E, Princeton, NJ.
Le vendredi 16 novembre de 20:30 a 01:00. Cover fee: $10.00.
Cette année a un goût particulier pour Georges Duboeuf qui fête ses 25 ans de beaujolais nouveau aux Etats Unis. A cette occasion, 2 soirées :
–L’Express, 249 Park Avenue South. Tel: 212 254 5858.
Le 14 novembre, à partir de minuit.
– Roomservice, 35 east 21st Street. Tel : 212-254-5709.
Le 19 novembre, à partir de 11PM
La lecture « for Dummies »
Inutile de se ruer vers Barnes and Noble en espérant trouver un manuel de lecture « pour les Nuls », avec des petites astuces et résumés d’œuvres pour briller dans les soirées new yorkaises. Non, dans son essai « Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? », Pierre Bayard, professeur de littérature à l’Université de Paris VIII cite Montaigne et Paul Valéry. Le livre a été traduit par Jeffrey Mehlman, le traducteur de Jacques Derrida et de Maurice Blanchot. Dans son livre, Pierre Bayard invite à construire un rapport plus libre avec la lecture, sans culpabiliser…
Quelle réception espérez-vous aux Etats-Unis ?
C’est un livre qui traite de choses sérieuses avec un ton humoristique. J’espère que les deux dimensions seront bien comprises. En Allemagne, le livre est un bestseller car il y a beaucoup de non-lecteurs. Je pense qu’il en y a aux Etats-Unis aussi.
Vous dites qu’en France, l’école détruit l’amour de la littérature, en partie parce qu’elle n’autorise pas à « survoler » les livres ?
Il y a un risque de n’enseigner qu’une manière de lire, qui est la lecture de la première à la dernière ligne. Je ne veux pas dire que la méthode traditionnelle n’est pas bonne. Mais les grands lecteurs savent inventer une multitude de trajets de lecture; en parcourant les livres, en les feuilletant, en les achetant et les lisant plus tard. Et effectivement, il leur arrive de parler très bien de parler des livres qu’ils n’ont pas lus.
Quelles sont les différences entre les modèles de lecture en France et aux Etats-Unis ?
Je ne peux pas répondre précisement sur la différence entre l’enseignement de la lecture dans les écoles françaises et américaines. En tant qu’universitaire, j’ai fréquenté les bibliothèques dans les deux pays. En France, dans la plupart des bibliothèques, vous commandez un livre au guichet. Aux Etats-Unis, vous circulez dans la bibliothèque, un geste complètement différent. Souvent, vous sortez de la bibliothèque avec un autre livre que celui que vous alliez chercher. Cela est beaucoup plus positif sur le plan de la lecture. Pour un pays qui est parfois présenté comme moins cultivé que l’Europe, cette image est tout à fait frappante car c’est un vrai lieu de recherche et de savoir libre. La promenade dans les livres est concrètement possible. Totalement impossible en France, sauf si la personne qui s’occupe des livres se trompe.
Votre tournée américaine prévoit des étapes à Harvard et à l’Université de Lousiane. Un passage à New York ?
Je dois donner une conférence à la New York Public Library en compagnie d’Umberto Eco, qui est présent dans mon livre car j’ai consacré un chapitre au Nom de La Rose. Umberto Eco va sortir du livre sous mes yeux pour s’incarner, un phénomène fantastique que j’attends avec beaucoup d’appréhension…
Conférences:
Pierre Bayard sera à la New York Public Library (PLAN) avec Umberto Eco le 17 Novembre à 19 heures.
Le 18 Novembre à Brooklyn, à Freebird in Red Hook de 18 à 20 heures.
Pierre Bayard. How to Talk About Books You Haven’t Read, Bloomsbury USA, $19.95
Les chocolatiers français, belges et suisses à New York
Chocolatiers français:
–Jacques Torrès
66 Water Street. Tel : 718 875 9772
350 Hudson Street. Tel : 212 414 2462
NOUVEAU : 285 Amsterdam Avenue at 73rd Street.
–Michel Cluizel
888 Broadway. Tel : 212 477 7335
–La Maison du chocolat
1018 Madison Avenue. Tel : 212 744 7117
30 Rockefeller Plz. Tel: 212 265 9404
– Richart
7 E 55th Street. Tel : 212 371 9369
– Debauve & Gallais Chocolates
20 E 69th Street. Tel: 212 734 8880
– Fauchon
442 Park Avenue. Tel : 212 308 5919
–Payard
1032 Lexington Avenue. Tel: 212 717 5252
Chocolatiers belges :
– Léonidas
485 Madison Avenue. Tel: 212 980 2608
3 Hanover Square. Tel: 212 422 9600
– Neuhaus
2151 Broadway. Tel : 212 712 2112
460 Grand Central Station. Tel: 212 972 3740
922 Madison Avenue. Tel : 212 861 2800
89 E 42nd St # 460. Tel: 212 972 3740
460 Grand Central Terminal. Tel: 212 972 3740
–Pierre Marcolini
485 Park Avenue. 212 755 5150
– Godiva
32 Roosevelt St, Garden City. Tel: 516 741 0260
10 Columbus Cir. Tel: 212 823 9462
355 Lexington Avenue. Tel: 212 984 5900
1460 Broadway. Tel: 212 840 6758
Chocolatiers suisses :
–Lindt
692 5th Avenue. Tel: 212 582 3047
367 Madison Avenue. Tel: 212 286 1970
–Neuchatel
55 Park Avenue plz. Tel : 212 480 3766
60 Wall Street. Tel: 212 480 3766
–Teuscher Chocolates of SW
421 E 9th Street. Tel : 212 246 3012
Cécilia et le "mystérieux jeune homme" pas si mystérieux
Ce n’est pas, pourtant, que ça les passionne vraiment. Un des paparazzi qui a photographié Cécilia ex-Sarkozy le 4 novembre dernier à la sortie du restaurant de l’Upper East Side “Orsay”, avoue sur le site internet d’ABC news qu’il n’avait “aucune idée de comment la reconnaître quand il a eu un tuyau sur l’endroit où elle était”. Le malheureux a dû shooter au hasard, en espérant “que c’était la bonne”.
La photo est parue dans le New York Post du mardi 6 novembre, le jour même de l’arrivée de l’ex mari à Washington. La nouvelle n’a pas fait grand bruit: les paparazzi espéraient voir Cécilia au bras d’un nouvel amant. Las! Le “mystérieux jeune homme” de la photo était, semble-t-il, le fiancé de Jeanne-Marie Martin, la fille de Cécilia, celle dont elle a choisi la robe de fiançailles le jour même de l’annonce officielle et si laborieuse du premier divorce élyséen de l’histoire.
L’ex première dame a passé une semaine à New York, qu’elle a quitté ce mercredi, avec son fils Louis, 10 ans, et donc sa fille et futur gendre. Elle ne s’est pas vraiment cachée, participant notamment le jour de son arrivée, le 31 octobre, à une soirée Halloween très courue, au Buddha Bar, où, nous apprend le Daily News, elle fit une entrée remarquée avec les garde-du-corps qui continuent d’assurer sa sécurité.
Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy faisait ses déclarations d’amour à l’Amérique la bague au doigt. C’est le Washington Post qui le remarque : “le divorce est conclu depuis 3 semaines mais le président français porte toujours son alliance”
Quand les chocolatiers européens dégustent
« Avec le dollar faible, on devient un produit de luxe. La dernière fois que j’ai augmenté mes prix, c’était en 2005. Depuis, mon prix de vente n’a pas bougé alors que le coût de ma marchandise s’est énormément accru. Le problème, c’est que ça fait 5 ans que ça dure ». En janvier, Jacques Bergier sera contraint de changer les étiquettes dans la vitrine de son magasin Léonidas sur Madison Avenue. Lui qui souhaitait rester « raisonnable » et qui s’était refusé à répercuter la hausse de l’euro sur ses prix « pour ne pas faire payer le client » n’a plus d’autres options que d’augmenter ses prix. Selon lui, « la faiblesse du dollar est une catastrophe pour les importateurs de produits européens». Et il se considère pénalisé car bien que sa clientèle augmente, les profits deviennent de plus en plus faibles. Jacques Torrès, chocolatier français à New York, se réjouit de ne pas souffrir de la différence euro/dollar: “C’est bon pour moi car je fabrique mon chocolat sur place“.
A cela s’ajoute un autre problème pour les chocolatiers : la flambée du prix des matières premières. Par exemple, le prix de la poudre de lait s’est augmenté de 75% depuis les derniers moins et l’on constate une envolée du cours du cacao, due en partie aux tensions avec la Côte d’Ivoire et aux mauvaises récoltes au Ghana. Conclusion : le prix du chocolat a augmenté.
Ce double coup dur est d’autant plus difficile à digérer qu’aux Etats-Unis, la majeure partie du chiffre d’affaire des chocolatiers se réalise sur environ 8 semaines, entre Thanksgiving et la Saint Valentin. Chez Léonidas par exemple, cette période représente 45% du chiffre d’affaire.
Aux Etats-Unis, le chocolat reste encore un achat cadeau plus qu’un achat consommation de personnelle. Tish Boyle de Chocolatier magazine explique : « le chocolat n’est pas encore considéré comme faisant partie de la vie de tous les jours ».
Bien que Jacques Bergier admette : « les Américains ne conçoivent pas mettre le prix pour du chocolat sans qu’il ne soit réservé à une occasion particulière », il estime quand même que la tendance est en train de changer. La consommation de chocolat augmente progressivement et la culture du chocolat se répand peu à peu.
Alors qu’au début des années 90, New York ne comptait à peine qu’une dizaine d’enseignes, aujourd’hui il y a plus d’une cinquantaine de magasins qui proposent du chocolat. De la même façon, de plus en plus de jeunes chocolatiers se lancent aux 4 coins des Etats-Unis.
« Les Américains ont passé le stade de l’apprentissage de la culture du chocolat, ils sont désormais dans l’approfondissement », comme le constate Luce Abrate, qui s’occupe du Salon du Chocolat à New York. Les préférences des Américains ont évolué, explique François Payard, pâtissier : «d’une tendance blanc et lait, on passe depuis environ 3 ans au chocolat noir, plus amer ». De la même manière, il note une affection particulière des Américains pour les chocolats à la ganache, à la cannelle et aux fruits. Et si aux Etats-Unis, la mode évolue vers la sophistication des goûts, c’est en partie grâce au Chocolate Show qui depuis maintenant 10 ans « éduque » le consommateur américain.
Le salon du chocolat a NY qui se déroulera à partir de vendredi jusqu’à dimanche, conserve les mêmes ingrédients que celui de Paris : des espaces de démonstrations culinaires, un espace librairie, un coin enfant sur le thème « healthy food », un « chocolate lounge… D’après Luce Abrate : « c’est l’occasion de découvrir le chocolat sous toutes ses formes, pour la cuisine ou pour la dégustation et d’apprécier un chocolat de qualité via la promotion de l’artisanat ». Le Salon du chocolat sera peut être aussi l’occasion de faire ses réserves avant l’augmentation des prix en janvier…
Chocolate Show, Metropolitan Pavillion & Altman Building, 125 West 18th Street. Pour toutes informations supplémentaires, lire ici
En cadeau: la liste des chocolatiers français, belges et suisses de New York.
Laurent Tourondel, le rêve américain au bout de la fourchette
Les habitués du Ritz-Carlton peuvent se sentir désorientés à la vue de la charrue qui les accueille à l’entrée de BLT Market, le nouveau restaurant de Laurent Tourondel . «À côté [la salle du Ritz], c’est le château de Versailles, et ici c’est l’auberge de campagne» plaisante Laurent Tourondel. Il propose une carte de plats saisonniers dans un décor rustique où les serveurs déambulent, non pas en costumes mais en tablier. «J’ai voulu faire quelque chose de décontracté. Les gens en ont assez des restaurants gastronomiques d’hôtels», explique Laurent Tourondel.
BLT Market est un temple dédié au culte des ingrédients. «L’idée m’est venue car il y a de plus en plus d’ingrédients de très bonne qualité aux Etats-Unis.» Le foie gras vient de la vallée de l’Hudson. Sacrilège? Il suffit de goûter la soupe à la courge, noix de beurre, croûtons de champignons sauvages, foie gras ($16) pour faire taire le chauvinisme gastronomique primaire.
Ce n’est pas la première fois que Laurent Tourondel surprend. Quand il a créé son premier BLT Steak dans Manhattan en 2004, il a inventé un nouveau type de steakhouses, haut de gamme et raffiné et «qui plait aux femmes». Donc, exit le décor de cowboys. «Au lieu de faire un restaurant avec seulement de la bonne viande, j’ai ajouté de bonnes entrées, de bons légumes, et de bons desserts» explique-t-il. Depuis, l’enseigne BLT est aussi un restaurant de poisson (BLT Fish), une version renouvelée du steakhouse avec agneau et veau (BLT Prime), le récent petit rejeton de la dynastie BLT situé downtown (BLT Burger) ainsi que BLT Market en partenariat avec le Ritz-Carlton où il pousse à l’extrême le concept de produits de saison.
La carte, qui change tous les mois, intègre exclusivement les ingrédients qui sont au pic de leur saveur. Parmi les ingrédients de l’automne: poireaux, salsifis, truffe noire, artichaut, courge, saumon, pomme et châtaigne. Tout est en ligne avec le concept et utilisant des fruits et légumes frais de saison, jusqu’aux desserts tels que la tarte tatin aux poires Bosc pochées, frangipane et sauce au porto ($11) et aux cocktails comme le « Fizz bourbon » à la pomme rouge ($14).
Entrée au Ritz
L’alliance de Laurent Tourondel avec le Ritz-Carlton (filiale de Marriott) a commencé quand Bill Marriott est venu manger dans l’un des BLT. «Il m’a ensuite demandé de rejoindre ses hôtels» explique Laurent Tourondel avec modestie. Pourtant, le succès n’est pas arrivé par hasard.
Né dans l’Allier, il fait un séjour initiatique à Londres à 18 ans «une première aventure à l’étranger» dont il garde un très bon souvenir. Il travaille pour Joel Robuchon ainsi qu’au restaurant trois étoiles Michelin, le Relais & Chateaux Troisgros, avant de débarquer aux Etats-Unis il y a 14 ans pour se mettre au service de Potel & Chabot. Il découvre les « joies » de l’installation à New York : habite chez son patron, passe par des galères de visa (il est maintenant citoyen américain). Surtout, il doit adapter sa cuisine au palais américain «qui est différent, plus sucré». Après un passage à Las Vegas comme chef au restaurant du Caesar’s Palace pendant deux ans, il fait un retour impérial à New York en prenant les commandes de Cello, un restaurant chic de Upper East Side, qui ne tarde pas à décrocher des étoiles mais qui a fermé depuis.
Avec son visage de poupon et à tout juste 40 ans, Laurent Tourondel a aujourd’hui huit restaurants sous la bannière «BLT» dont cinq à New York, ainsi que la Brasserie Ruhlmann située dans le Rockefeller Plaza. Le groupe qu’il possède avec deux partenaires et qui compte environ 500 salariés prévoit un chiffre d’affaires entre 40 et 45 millions de dollars en 2007.
Bill Marriott n’est pas seul à avoir succombé aux charmes du Frenchie. Donald Trump s’est aussi converti à son style sobre et artisanal. Le magnat de l’immobilier lui a demandé de s’occuper de toute la restauration et des boissons pour son futur complexe de Soho, qui combinera condominium et hôtel et dont l’ouverture est prévue en 2009.
Tourondel dit être de plus en plus intéressé par la cuisine italienne et essaie les meilleures pizerrias de la ville comme Grimaldi’s à Brooklyn pour s’inspirer. Autre indice : quand il est chez lui, il dit cuisiner des pizzas. Mais puisque c’est Laurent Tourondel, une pizza n’est pas exactement celle que l’on décongèle chez soi le dimanche soir, mais une savoureuse pâte avec oignions nouveaux, cream cheese, saumon fumé, huile d’olives et câpres. Après avoir fait redécouvrir les steakhouses et les burgers aux Américains, Laurent Tourondel fera-t-il manger de la pizza à Donald Trump ?
BLT Market
430 Avenue of the Americas, Sixth Avenue and Central Park South
The Ritz-Carlton New York, Central Park
212-521-6125
BLT Burger
470 Sixth Avenue (entre 11 et 12)
New York, NY 10011
212-243-8226
La presse américaine toujours sarkophile
«Le temps a passé. La guerre en Irak est devenue progressivement impopulaire aux Etats-Unis, les cafeterias recommencent à servir des “French fries” et la France a un nouveau visage à ses commandes». Et par ce «nouveau visage», le Los Angeles Times entend Nicolas Sarkozy, un homme «qui charge Elvis Presley sur son iPod, passe des vacances dans le New Hampshire et apprécie son surnom de Sarko l’Americain ». D’après le quotidien, « les expatriés français ici dans le Nouveau Monde ont eu la vie dure pendant quelques années, après que la France se soit opposée à la guerre de l’Irak. Mais avec l’élection de président Nicolas Sarkozy cette année, il y a eu une sorte de sentiment de soulagement libérateur, tempéré par une pointe de cynisme à la française, qu’une page s’était tournée».
Le New York Sun constate la «détermination» de M. Sarkozy à «compenser les décennies d’opposition française en Amérique» à travers «le poids de son contingent à Washington. L’accompagnent entre autres son ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, son ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, son ministre de la justice Rachida Dati, la secrétaire d’Etat chargée des droits de l’homme Rama Yade et le président de l’Assemblée nationale française, Bernard Accoyer».
La campagne présidentielle n’est jamais loin, comme le rappelle Newsweek: «Les collaborateurs de Nicolas Sarkozy ont dit qu’il ne rencontrerait ni ne saluerait les candidats à la présidentielles ». Mais, l’hebdomadaire note : « en tant que ministre du gouvernement, Nicolas Sarkozy avait fait la connaissance de John Mc Cain et de Barack Obama. Et il a vu Giuliani au moins 3 fois en 2002. « J’adore la France » a déclaré Giuliani récemment, et pas seulement parce que des experts français auraient surnommé Sarkozy «the French Rudy»».
Les pré-papiers de la presse américaine ont des allures de déclarations amoureuses. Le Washington Post, après s’être inquiété de l’absence d’une première dame pour accompagner le French Président, dispense même ses conseils au président pour éviter les mauvaises surprises de retour dans un pays finalement bien plus dangereux que la terre des Yankees. «{Le voyage de Sarkozy n’est pas sans risques, en France. Bush reste une figure impopulaire et tandis que les français sont fascinés par les Etats-Unis, le mode de vie américain perd des points. Pendant sa visite, Sarkozy doit être prudent de ne pas apparaître soumis à Bush ou évoquer des comparaisons avec l’ancien Premier Ministre britannique Tony Blair, accusé par les critiques d’être le caniche de Bush }.
Dans le Huffington Post, la journaliste Alina Pimenov revient sur l’interview de Nicolas Sarkozy sur CBS et s’amuse de la différence de perception entre les Français et Américains à propos de l’intrusion du domaine privé des politiques sur la scène publique. Elle salue « l’élégance » de la sortie de Sarkozy face à la question sur Cecilia, car « il y a, après tout, de la dignité dans la vie privée. Donc bravo, Sarko ! ».
Dans ce concert de louanges, c’est le New York Times qui joue les trouble-fêtes. La loi sur les tests ADN semble rester en travers de la gorge: «La publication récente de deux guides annuels qui recensent la popularité de prénoms pourrait inciter à plus d’introspection une nation luttant déjà bien péniblement pour définir sa propre identité. La question est d’ailleurs apparue si urgente que le Président Nicolas Sarkozy a ressenti le besoin de créer un Ministère d’Immigration et l’Identité nationale et le gouvernement a passé une loi autorisant la mise à l’épreuve d’ADN à établir des liaisons familiales parmi des immigrants potentiels».
«Les Français ne sont pas subitement devenus pro-américains»
Philippe Roger est professeur à l’école des hautes études en sciences sociales. En 2002, il a publié L’ennemi américain. Généalogie de l’antiaméricanisme français. Invité par la Maison Française le 8 novembre, il sera au Florence Gould Hall pour une conférence exceptionnelle. Avant la visite officielle du président français à Washington, French Morning l’a interrogé.
En mai 2007, 15% des Français ont déclarés éprouver de l’antipathie à l’égard des Etats-Unis. Ce chiffre vous surprend-t-il ?
Ce chiffre n’est pas représentatif car la formule est trop violente. «Est-ce que vous aimez ou pas les Etats-Unis ?», ce n’est pas comme ça que cela se joue. Il aurait fallu une question plus précise. Cela dit, je trouve ce chiffre de 15% énorme. Ce n’est pas facile de dire «je déteste» et très peu de gens en général osent afficher leur détestation.
Nicolas Sarkozy, dans sa dernière interview au New York Times, a déclaré que seulement «une petite partie des élites françaises professe un antiaméricanisme qui ne correspond en rien à ce que pense le peuple français». Êtes-vous d’accord avec lui ?
Le président français n’a pas totalement tort. Dans la tradition française, plus l’on est diplômé ou plus le revenu est élevé, plus l’antiaméricanisme est fort. L’antiaméricanisme date du XIXe siècle et il est une invention de l’intelligentsia française. Venu de la droite, il a rapidement fait l’objet d’un consensus avec la gauche. Cependant, le reste de la population l’est dans une moindre mesure.
En France, l’antiaméricanisme culturel a assez peu bougé depuis les années 1900-1920. L’idée d’une compétition injuste et la représentation de l’Amérique comme un monstre tentaculaire perdure depuis ce temps là. Le débat n’a été ouvert qu’en 2002. Avant, il y avait une véritable volonté française de ne pas reconnaître qu’il y avait un problème.
Finalement, c’est quoi l’«antiaméricanisme» selon vous?
J’estime qu’être antiaméricain c’est détester les Américains plus qu’ils ne le méritent. Cela dépasse l’entendement rationnel. En France, le pic d’hostilité a été atteint durant les années Clinton, autour du thème de la globalisation puis à nouveau au plus fort de la guerre en Irak. D’ailleurs, lors du French bashing en 2003, les Français n’ont pas compris la réaction des Américains car ils ne les détestaient pas plus que d’ordinaire.
En France, l’antiaméricanisme relève de la tradition, il se transmet de génération en génération sans jamais être analysé. Ce sentiment fait partie de notre identité à un tel point que bon nombre de français ne se rendent même plus compte de la vision caricaturale et déformée qu’ils peuvent avoir des Etats-Unis. Par exemple, 80 à 90% des reportages sur les Etats-Unis sont de l’ordre du négatif ou du stéréotype. Aujourd’hui encore, j’entends parler de la pièce de monnaie dans le verre de coca. C’est de l’antiaméricanisme pavlovien.
Les Français ne détestent pas les Américains en particulier et leurs discours ne comportent pas d’agressivité. Mais, ils ont surtout une vision synthétique, en bloc des Etats-Unis, plutôt que de faire un tri entre le bon et le mauvais dans différents domaines.
Y a-t-il eu un revirement de l’opinion française sur la question des Etats-Unis depuis l’élection de Nicolas Sarkozy ?
Je ne crois pas aux changements brutaux et pour cette raison je ne crois pas que les Français soient devenus proaméricains.
La politique étrangère a été la grande absente de la campagne présidentielle. Sarkozy lui-même s’est bien gardé de faire des déclarations sur le sujet et il apparaissait dans le mainstream. On peut dire que pour la première fois en France, un président s’est fait élire en dépit d’une image proaméricaine. Ou plutôt, il est intéressant de constater que son rapport à l’Amérique ne l’a pas desservi, contrairement à Michel Rocard qui avait été taxé de l’image de gauche américaine et qui s’en était trouvé sérieusement desservi.
Il ne faut pas mélanger antiaméricanisme, qui est une donnée culturelle vieille de 200 ans et appréciation de la politique américaine
Quel crédit accorder à la presse américaine qui ne cesse de vanter cette France «qui apprend enfin à dire oui» ?
A bien y regarder le personnel du Ministère des Affaires étrangères est resté le même et il n’y a pas de grands changements sur les dossiers. Sur la question de l’Iran par exemple le Quai d’Orsay n’a jamais modifié son orientation. En revanche, le ton a été modifié, ce qui n’est pas dénué d’importance en diplomatie. Un changement de rhétorique permet surtout d’être perçu différemment par le monde extérieur. Cela interpelle, trouble. Je garde dans un coin de ma mémoire cette phrase de Nicolas Sarkozy : «je crois aux symboles». Or, un symbole est parfois une manière de donner l’impression que l’on change beaucoup toute suite. Le franc parler en diplomatie n’a pas beaucoup de sens. J’attends de voir la suite.
“L’Invention littéraire du maître à penser et l’anti-intellectualisme
à la française” par Philippe Roger, le 8 novembre à la Maison Française, 16 Washington Mews (entre University Place et 5ème avenue). Tel: 212 998 87 50.