Michael Moran, du CFR tente d’y voir clair dans les jugements Américains sur les trois premiers mois de Nicolas Sarkozy. Pas facile. D’un côté, les Républicains, particulièrement les candidats pour 2008, s’enflamment et rivalisent d’amabilité vis-à-vis du président français.
Mais de l’autre côté, les gardiens de l’orthodoxie conservatrice américaine s’alarment et tentent de réveiller les politiciens enamourés en tentant de les convaincre que leur héros et plus un social démocrate qu’un “supply-side conservateur” (si quelqu’un à une proposition de traduction non littérale… Je pense qu’on dirait sans doute “ultra-libéral”, mais évidemment la connotation n’est pas la même).
Et comme d’habitude, rappelle le chroniqueur du CFR, le coup de pied de l’âne est venu du Wall Street Journal, qui trouve Sarkozy “très ancien régime”…
Participez au débat en postant vos commentaires ci-contre.
Lire ici l’analyse du CFR
Sarkozy, "meilleur ami des Républicains" ou "social-démocrate"?
Globalement warming
«Donald Rumsfeld a quitté le Pentagone, Nicolas Sarkozy est arrivé au palais présidentiel de l’Elysée et – voilà – cinq ans de froideur de Washington à l’égard de la France se terminent.» Le Washington Post raconte comment des deux côtés, on rattrape le temps perdu. Un porte-avion américain a fait étape à Cannes, le secrétaire à la Défense, la secrétaire d’Etat et pas moins de quatre juges de la cour suprême sont allés en visite en France. Et le dernier salon du Bourget en juin comptait 27 représentants du Pentagone, contre zéro en 2003.
Question réchauffement franco-américain, le Los Angeles Times met le succès du film Ratatouille dans le même sac que le pique-nique de Bush et Sarkozy. «Soit la nourriture est un facteur clé des relations géopolitiques, soit les américains ont changé d’avis à propos de la France.»
La plupart des journaux américains ont relevé la visite de Bernard Kouchner à Bagdad, interprétée comme annonçant une nouvelle implication de la France en Irak dans un rôle de médiateur. «Vendre l’idée d’un plus grand engagement en Irak aux Français pourrait s’avérer difficile», note Katrin Bennhold dans le New York Times.
Elaine Sciolino du New York Times a lu le livre de Yasmi Reza. Son article comprend la plus longue parenthèse du monde (14 lignes) sur les problèmes de poids «bien documentés» de Nicolas Sarkozy et les efforts de Paris Match pour les gommer en photo.
Dans le Washington Post, le chroniqueur conservateur George Will appelle les conservateurs américains à revenir sur terre à propos du nouveau président français. Sarkozy est «une fontaine de formules suspicieusement opaques» quand il parle d’économie et semble défendre un protectionnisme assumé. Sous le titre «ce que Sarkozy ne changera pas», il rappelle aussi que Ségolène Royal a obtenu la majorité des voix des électeurs dans les tranches d’âge de la population active.
Chicago attend l’extradition par la France d’un homme suspecté d’avoir assassiné un dermatologue pour se venger d’un traitement contre l’acné qui l’aurait rendu impuissant. La France refuse parce que Hans Peterson a aussi la nationalité française. Les sénateurs Dick Durbin et Barack Obama ont adressé une lettre à Bernard Kouchner le priant de changer d’avis, résume le Chicago Tribune. Un chroniqueur du Chicago Herald propose de l’échanger contre Manuel Noriega dont la France souhaite l’extradition.
Jusqu’à présent, explique le New York Times, les programmes de classe bilingue des écoles publiques de New York n’avaient lieu qu’en espagnol ou en chinois, des langues considérées comme des «outils pratiques pour des succès futurs». Des cours se feront aussi en français à partir de la rentrée. De l’avis du groupe de parents derrière cette initiative, il ne fut pas aisé de «convaincre d’autres parents que le français pouvait être utile pour plus que pour regarder des films d’art et essai ou lire une carte des vins».
Le Washington Post a rencontré Julie Delpy à l’occasion de la sortie de son film. Malheureusement, le jour de l’interview, elle est barbouillée après une intoxication alimentaire. Elle commande des carottes à la vapeur. «Zey loaded zis with so much butter zat I am going to zrow up», dit elle en anglais. C’est pas gentil de se moquer des gens qui ont un accent.
Je ne sais pas par quel mystère, ce dessin du New Yorker du 23 juillet avait échappé à cette revue de presse. On voit un couple qui se pomponne pour sortir. «Pas la peine de te laver, dit Monsieur à Madame, on va voir un film français».
Du rififi dans le Charolais
Avec un chef réputé, Philippe Roussel, originaire de Guérande et renommé pour son Café d’Alsace, avec un propriétaire expert en “vrai-faux” bistro français, Simon Oren ( French Roast, Café d’Alsace et Marseille), Charolais avait tout pour réussir. Boeuf bourguignon, coq au vin, le “steakhouse à la Française” proposait le meilleur de la cuisine bourguignonne, à des prix raisonnables. Inutile de saliver : moins de deux semaines après son ouverture, Charolais n’est plus. En passant au coin de Varick Street, une stèle remplace le traditionnel menu affiché, et indique la fermeture du restaurant.
Mais que s’est-il vraiment passé ? Retour sur le feuilleton “Charolais”.
Premier épisode : le restaurant devait à l’origine porter le doux nom de La Moelle, puis Charolais. Il ouvre finalement le 20 Juillet sous le nom Côte d’Or. La Moelle ne sonnait pas bien et était difficile à comprendre pour les américains. Charolais ne convenait pas non plus car le restaurant ne parvenait pas à trouver un fournisseur de viande de Charolais, selon Gael Greene, la grande prêtresse de la gastronomie new yorkaise, qui commet son “Insatiable Critic,” dans les colonnes du New York Magazine chaque semaine.
Deuxième épisode : les responsables doivent changer le nom, Côte d’Or étant déjà pris notamment par l’entreprise de chocolat belge éponyme, raconte encore Gael Greene qui a suivi toute l’histoire. Dans le même temps, Roussel parvient à trouver un fournisseur de viande de Charolais situé dans le Montana. Le restaurant peut revenir à son concept originel. Le 27 Juillet, feu Côte d’Or, vive Charolais.
Troisième épisode : quelques jours plus tard, le 13 Août, Charolais ferme subitement. “La devanture du restaurant était cachée par des échafaudages. Nous ne pouvions pas nous servir de la terrasse,” dit Philippe Roussel. Les “barricades” du propriétaire, qui devaient n’être qu’éphémères, rendaient apparemment l’entrée périlleuse. La malédiction Charolais continue donc. “Si Charolais avait ouvert à peu près n’importe où à Manhattan sauf dans ce coin malaisé de Varick Street, il y aurait eu une file d’attente dans tout le block. La formule était très bonne et la cuisine délicieuse,” renchérit Gael Greene.
Nul ne sait si Charolais va rouvrir. “La réouverture est prévue pour l’automne,” assure une attachée de presse du restaurant. “Peut-être avec un concept repensé“, ajoute un autre responsable des relations publiques. D’autres sons de cloche se font entendre dans l’industrie. Les investisseurs auraient-ils changé d’avis et décidé de cesser les frais ? Simon Oren aurait-il souhaité se consacrer à d’autres projets et d’apporter son aide à Andi D’Amico et Robert Guarino du bistrot Marseille pour leur tout nouveau restaurant italien dowtown Nizza ? “Dans cette histoire, avec la fermeture de Charolais, ma critique initialement prévue n’a pas été publiée, et j’ai dû en réécrire une autre en quelques heures” soupire Gael Greene.
"Une nouvelle ère dans les relations entre Washington et Paris"
French Morning: Nicolas Sarkozy reçu « comme un ami de la famille » à Kennenbunkport, Bernard Kouchner en visite surprise à Bagdad. Au delà de l’aspect médiatique, peut-on parler d’une nouvelle diplomatie franco-américaine?
Charles Kupchan: Oui. Je pense que nous sommes au début de ce qui pourrait être un changement substantiel dans les relations franco-américaines. Je suis supris de voir la rapidité avec laquelle le ton et l’ambiance ont changé. Avant son élection, tout le monde savait que Sarkozy était plus pro-américain que les autres présidents de la Veme République. Durant la campagne, il a clairement annoncé qu’il adopterait une approche différente de celle de ses prédécesseurs. Mais je pense également qu’il devra être prudent dans ses relations avec les Etats Unis, du fait de la longue histoire faite de rivalités entre les deux pays. Effectivement, je suis assez surpris de la façon dont Sarkozy a mené les choses, passant ses vacances ici aux Etats Unis, se rendant à Kennenbunkport pour un déjeuner informel avec la famille Bush, et, plus récemment avec la visite de Bernard Kouchner en Irak. Cela aussi est un signe fort, qui suggère que la France est prête à jouer un rôle politique beaucoup plus significatif pour essayer de stabiliser l’Irak. Autant de changements qui viennent suggérer une nouvelle ère dans les relations entre Washington et Paris.
French Morning: Dans le New Yorker cette semaine, Adam Gopnik parle de l’élection de Nicolas Sarkozy comme le “possible marqueur du début de la période post-Américaine”. En 2002, vous prévoyiez l’avènement d’un monde multipolaire*: y sommes-nous arrivés?
Charles Kupchan: Je dirais que Sarkozy représente certainement une rupture avec le passé. Il est issu d’une nouvelle génération d’hommes politiques français, n’ayant ni le même profil, ni le même parcours que la génération de l’après guerre, du Général de Gaulle à Jacques Chirac. D’une certaine manière, Nicolas Sarkozy ralentira le processus de résistance Européenne à la puissance Américaine: quand Chirac et Shroeder étaient au pouvoir, ils essayaient activement de construire l’Union Européenne comme un contrepoids aux Etats Unis. Je pense que sous Sarkozy et Merkel, l’Union Européenne sera plus atlantiste. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas en train d’aller vers un monde multipolaire. Je pense que nous y sommes déjà. La Chine, l’Inde, la Russie sont aujourd’hui des acteurs de premier plan. Mais je ne pense pas que Sarkozy joue un rôle là dedans. Sur bien des aspects, il va aider à garantir de meilleures relations transatlantiques. Je pense que nous sommes à un moment où l’influence des Etats Unis est en baisse. Cela va être extraordinairement difficile pour les Etats Unis de se remettre de la guerre d’Irak, avec le grand coup que porte ce fiasco à l’image de l’Amérique dans le monde. Mais c’est un développement qui est assez séparé de l’élection de Sarkozy. Je pense plutôt que le gouvernement Français dirigé par Sarkozy va aider les Etats Unis parce que la France est aujourd’hui plus disposée à être un partenaire plus fiable, ce qui est exactement ce que nous avons vu aujourd’hui avec la visite du ministre des affaires étrangères en Irak.
French Morning: D’un autre côté, Gordon Brown semblait plus distant vis à vis de George W. Bush. Nicolas Sarkozy va-t-il remplacer Tony Blair?
Charles Kupchan: Je n’irai pas aussi loin. Je pense effectivement que Gordon Brown va certainement garder plus de distances par rapport à Washington, contrairement à Tony Blair, mais je ne vois pas non plus Nicolas Sarkozy remplacer M. Blair. Je n’imagine pas les relations franco-américaines ressembler aux relations anglo-américaines. Néanmoins, je pense que, au lieu d’avoir affaire à des relations diplomatiques marquées par l’idéologie, les relations franco-américaines seront plus marquées par le pragmatisme. Il y’aura bien des sujets sur lesquels les deux pays resteront en désaccord, mais je pense qu’il y’aura plus de points sur lesquels les deux pays travailleront ensemble et auront des perspectives communes.
French Morning: Selon vous, quelles sont les attentes de la Maison Blanche vis à vis de la France, notamment sur la question irakienne et la “guerre contre le terrorisme”?
Charles Kupchan: Je suppose que l’Administration Bush doit se réjouir de voir que le gouvernement français s’est engagé sur la question irakienne. Alors que la plupart des alliés de Washington sont en train de quitter l’Irak, voilà un pays qui vient prendre les devants pour essayer de trouver une issue positive à la crise. C’est un fait qui doit être certainement accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par Washington, mais je pense toutefois que personne ne se fait d’illlusions: les troupes françaises ne débarqueront pas en Irak lundi prochain, mais, on assiste clairement à une prise d’initiative de la France pour essayer de stabiliser le pays, là où les Etats Unis n’ont pas vraiment brillé jusqu’alors…
French Morning: Pensez-vous que ce rapide réchauffement des relations franco-américaines aura une influence sur des grands dossiers internationaux comme le Proche et le Moyen Orient, où les positions françaises ne sont pas susceptibles de changer?
Charles Kupchan: Je pense qu’il y’aura des conséquences positives, que nous verrons plus de coopération sur le processus de paix au Proche Orient et sur la stabilisation du Moyen Orient. Sur l’Afghanistan, la France et les Etats-Unis n’ont pas d’autres choix que celui d’une coopération renforcée. Je pense également que Sarkozy pourrait rejoindre Bush pour essayer d’imposer des sanctions à l’Iran. En même temps, toute option militaire prise par Washington contre Téhéran pourrait ne pas être soutenue par la France ou n’importe quel autre pays en Europe. Il y aura toujours des différences d’opinion sur d’autres sujets, notamment le processus de paix au Proche Orient. Je ne dis donc pas que les choses couleront d’elles mêmes. Il y’aura toujours des sujets de discorde. Je ne serais par ailleurs pas surpris que Sarkozy se trouve confronté à des résistances internes, en France. Il a démarré très fort, depuis son élection, sur la poltique étrangère comme sur la politique intérieure, mais, selon moi, il y aura un retour de baton.
French Morning: Nicolas Sarkozy est-il trop atlantiste?
Charles Kupchan: Il y a en France une tradition de résistance politique, à travers les manifestations, les grèves, etc. Je pense que, notamment sur des questions comme la réforme de la fiscalité ou la réforme du droit du travail, Sarkozy rencontrera des blocages. De ce point de vue, son côté pro-américain pourrait se retourner contre lui en cas de conflit intérieur. Il est difficile de savoir sur quel sujet cela émergera, mais je pense qu’il y a cette possibilité. Je pense également que, dans un futur proche, il pourrait rencontrer des réticences de la part de ses collègues européens. Même si il a fait un très bon travail lors du dernier Conseil européen, notamment sur l’adoption du traité simplifié par les Polonais, il a suscité quelques craintes chez d’autres partenaires comme les Allemands ou chez les Portugais. Le risque est qu’il soit d’avantage perçu comme un président Français que comme un leader Européen.
*Charles Kupchan, The End of American Era. US Foreign Policy and the geopolitics of the twenty-first century, Knopf, New York, 2002.
Classes bilingues français- anglais
Gloire pour l’EFNY (Education française à New York)! La poignée de parents d’élèves français qui ont crée l’association en 2005 afin d’obtenir l’ouverture de classes bilingues dans le système public new-yorkais est la vedette d’un article du NYT publié aujourd’hui.
French Morning vous a souvent parlé de cet effort (ici notamment) qui culmine avec l’ouverture, à cette rentrée, de 3 programmes:
-PS 125 (West Harlem, près de Columbia University, 123rd street and Amsterdam- PLAN ICI).
-PS 58 (Caroll Garden à Brooklyn, 330 Smith Street- PLAN ICI
-MS 22 Jordan Mott (dans le Bronx. Voir ici l’article de French Morning sur cette expérience orginale d’un collège du Bronx qui se sert du français pour sortir de la difficulté).
Les deux écoles primaires, PS 125 et PS 58 commencent cette année avec une classe de kindergarden chacune, puis prévoient d’ouvrir une nouvelle classe par niveau chaque année.
Un autre groupe de parents dans la Queens travaille également à la mise en place de classes bilingues, pour la rentrée 2008.
CONTACTS:
EFNY
Pour les inscriptions:
-PS 58 (Brooklyn)- Tel: 718-330-9322
–PS 125 (Harlem)- Tel: (212) 666-6400
Ambassadeur d'ouverture
C’était dit-il “le rêve de (s)a vie: devenir ambassadeur à New York”. Ce qui ne faisait sans doute pas partie du rêve, c’était d’être nommé par un président de droite à ce poste prestigieux. Car s’il insiste sur sa qualité de fonctionnaire, donc “serviteur de l’Etat”, Jean-Maurice Ripert est bien un “diplomate de gauche”, ancien conseiller diplomatique de Lionel Jospin, et membre de plusieurs cabinets de ministres socialistes. Le voilà donc ambassadeur de l’ouverture sarkozyenne. Avec Jean-Christophe Rufin, l’ex French doctor et écrivain nommé à Dakar, il est un des nouveaux ambassadeurs arrivés dans les bagages de Bernard Kouchner, dont il est un proche. Il a, avec lui, beaucoup défendu le “droit d’ingérence”. Ensemble ils ont notamment participé à la rédaction de la première résolution des Nations Unies qui introduisait le concept, en 1991, à propos du Kurdistan irakien.
S’il a été ambassadeur en Grèce, Jean-Maurice Ripert est d’abord un expert du “multilatéral”. Il fut patron de la direction Nations Unies au ministère français des Affaires étrangères et il arrive à New York en provenance de Genève où il était déjà ambassadeur auprès des organisations des Nations Unies basées là-bas. En arrivant dans le bâtiment de Turtle Bay, le diplomate marche aussi sur les traces paternelles. Jean Ripert, son père, décédé en 2000, fut Secrétaire général adjoint des Nations Unies puis Directeur général du développement et de la coopération économique.
Amitiés perdues
Des rumeurs, et des articles de presse, ont assuré que Bernard Kouchner voulait faire de Ripert son directeur de cabinet, choix refusé par l’Elysée. “Médisances” a assuré Jean-Maurice Ripert rencontrant les correspondants de la presse française à New York, quelques jours après son arrivée. “Croyez-moi, le poste de directeur de cabinet, enfermé dans un cagibi 16 heures par jour; ça ne me fait pas rêver”.
En occupant le siège français au Conseil de sécurité, Jean-Maurice Ripert aura sans doute plus de visibilité qu’au cabinet de son ministre et ami. Sa nomination par Nicolas Sarkozy n’est en tout cas pas passée inaperçue à gauche. Ripert n’est pas seulement un diplomate classé à gauche. Il est un membre de la “bande d’amis” de François Hollande, bande issue de la promotion Voltaire de l’ENA, en 1980. Un autre membre de ce groupe d’amis, Jean-Pierre Jouyet, est lui aussi devenu un symbole de l’ouverture voulue par Nicolas Sarkozy, qui l’a nommé Secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes.
François Hollande a depuis publiquement désavoué Jouyet, affirmant qu’il avait “perdu un ami de 30 ans”. Il ne s’est pas prononcé publiquement sur Jean-Maurice Ripert. Mais lorsqu’on lui demande: “avez-vous perdu des amis à cause de votre nomination?”, le nouvel ambassadeur à l’ONU se contente de répondre, sibyllin: “je les avais perdus avant”.
Les vacances de…
C’est le Boston Globe qui nous l’a appris. «Nicolas Sarkozy n’aurait pas eu à aller très loin des Champs-Elysées pour trouver une destination de vacances dont la plupart des Américains auraient rêvé. Un château dans la vallée de la Loire. Une maison en provence. Une villa sur la côte d’Azur. Mais non.» Il a choisi Wolfeboro dans le New Hampshire.
Pourquoi vient-il ici ? se demande un vacancier, cité dans un édito du Boston Globe. «Il a Nice et la Côte d’Azur juste à côté de chez lui. Nous on vient ici parce qu’on n’a pas les moyens de prendre l’avion.»
Parce que le New Hampshire est un état clé des primaires, Wonkette se demande si Nicolas Sarkozy finira par être le candidat du parti républicain aux prochaines présidentielles américaines.
Le président français est une méga star à Wolfeboro. Il a passé un quart d’heure dans un magasin de la ville, raconte le Union Leader «et il a été immédiatement reconnu par la propriétaire du magasin» (du village de 6000 habitants où il était en vacances depuis deux semaines).
Comme vous le savez déjà certainement, le président est parti à l’abordage d’un bateau de deux photographes qui n’ont pas compris ce qui leur arrivait. «Pouvez-vous imaginer un scénario dans lequel des reporters prendraient sans autorisation des photos du Président des Etats-Unis, pendant ses vacances dans un pays étranger? Bien sûr que non, parce que ceux-ci seraient aussitôt jetés dans des sacs de toile de jute par un commando de la NSA et envoyés dans une prison en Ouzbékistan pour y être torturés à mort…» réagit Wonkette.
«Bien que le président français ne mesure qu’1m60, tout ce que les paparazzi monolingues purent faire fut de faiblement supplier qu’on les avoine en anglais à la place». Le site montre une photo du président français en pétard. Il est torse nu. «Le fait que notre Président ne se retrouve jamais à moitié nu en train de hurler sur la presse est encore un sérieux signe du déclin de la prééminence de l’Amérique.»
Un éditorial du Boston Globe sur les règles de vacances des présidents (bien inspiré par un article du Figaro c’est un soit disant surnom français qu’on retrouve souvent dans la presse américaine ; c’est Sarkozy qui en 2004 à Washington a dit « en France, on m’appelle Sarko l’Américain », appel à témoins : quelqu’un a-t-il déjà entendu ce surnom en France ?) «a pu penser qu’il faisait ce que Rambo ou L’Inspecteur Harry aurait fait dans de pareilles circonstances». L’éditorial s’attend à ce que le président français se rende compte rapidement «qu’il n’a rien à gagner à se comporter en plus américain que les Américains». Le Boston Globe espère aussi que Nicolas Sarkozy ne copiera pas en Amérique «la tendance récente à la présidence monarchique».
Rendez-vous ensuite à Kennebunkport. « La famille Bush n’avait pas exactement déroulé le tapis rouge, mais elle avait hissé le drapeau français », raconte ABC News.
«Alors que le président Bush attendait dans l’allée entre ses parents, il avait l’air aussi fier qu’un lycéen attendant sa petite amie pour le bal de fin d’année.» Le journaliste David Wright donne le menu : hamburgers, hot-dogs, épis de maïs, et tarte au myrtilles. «Les myrtilles du Maine sont spéciales» a dit Bush. «Le Maïs du Maine est merveilleux à cette époque de l’année» a ajouté la Première Dame. Même avec tout ça, c’était difficile d’imaginer que quelqu’un puisse prendre l’avion depuis Paris pour un tel déjeuner.» Et le saviez-vous, en France, on appelle le président «Sarko l’Américain»… Revenons à la couverture de l’événement à Kennebunkport : «une armée de journalistes français ont envahi la salle de presse des journalistes de la Maison Blanche, fumant des cigarettes et à l’allure bien plus élégante que leurs ringards équivalents américains. Le clash des cultures fut instantané», écrit le correspondent d’ABC News (qui oublie de préciser que les correspondants français n’ont pas eu le droit de toucher aux sandwichs des journalistes de la Maison Blanche, on n’avait plus qu’à mâcher du tabac…)
Le Los Angeles Times a qualifié l’opération de «diplomatie hamburger». Dans un article sur le président américanophile (tiens, il paraît qu’en France on l’appelle «Sarko l’Américain»), on apprend que «le dirigeant français en vacances Nicolas Sarkozy a présenté un gracieux pot-pourri d’étiquette européenne à son arrivée : il a serré la main de Bush, embrassé la Première Dame Laura Bush sur les deux joues, s’est courbé pour un baise main à la mère du président Barbara Bush et a joyeusement « huggé » les deux jumelles Barbara et Jenna». Le correspondant Bob Drogin a trouvé que «la camaraderie avec des claques dans le dos» était aux antipodes de la visite du Britannique Gordon Brown le mois dernier à Camp David.
Les journaux américains sont discrets sur l’absence de Cécilia Sarkozy. Le Los Angeles Times rappelle que c’était elle qui était invitée à l’origine (par Laura Bush au G8). Le Washington Post rapportera le mardi qu’on l’a vue à Wolfeboro faire du shopping le lendemain de son «sévère mal de gorge» : «elle ne doit pas aimer les hot-dogs».
New York, capitale américaine de la longévité.
“Pourquoi les New Yorkais vivent-ils plus longtemps?” demande le New York magazine cette semaine. Selon le NY Department of Health, naître à New York en 2004 donne une espérance de vie de 9 mois supérieure à celle de l’Américain moyen. Un ratio inédit dans l’histoire démographique américaine: en 1990, encore, l’espérance de vie à New York était de 3 ans inférieure à la moyenne des Etats Unis. Aujourd’hui l’espérance de vie d’un new-yorkais est de 78,6 ans pour une moyenne américaine de 77,9 ans. Selon l’hebdomadaire, la chute de la criminalité, la lutte contre la toxicomanie et les meilleurs traitements contre le SIDA ont amélioré à eux seuls l’espérance de vie générale à New York. En effet, Clive Thompson, l’auteur de l’article, explique que, statistiquement, le fait de mourir de l’un de ces trois facteurs à 25 ans produit un impact plus élevé sur l’ensemble. A partir de ce raisonnement, “plus vous empêchez les gens de mourir jeune, plus vous faites progresser l’espérance de vie générale“.
Or, “c’est exactement ce que la ville de New York a fait” ces quinze dernières années, en faisant chuter la délinquance de façon spectaculaire, en offrant de meilleurs soins pour le traitement du SIDA, ou encore dans la lutte contre la toxicomanie – autant de facteurs de mortalité parmi les jeunes populations.
Salle de fitness géante.
Mais selon M. Thompson, c’est surtout la santé des new-yorkais, liée à leur style de vie urbain, qui fait progresser leur espérance de vie. Une véritable petite révolution copernicienne: “New York, connue comme la capitale du vice et de l’auto-destruction est désormais celle de la longévité. Que s’est-t-il passé?” s’étonne-t-il en ouverture de l’article. Michel Moulin, médecin généraliste Français à Manhattan n’est pourtant pas vraiment surpris. “Ici, la qualité de la vie bénéficie du meilleur de l’Amérique et du meilleur de l’Europe” s’enthousiasme-t-il. “Si vous habitez par exemple l’Oklahoma, vous ne pouvez pas vivre si vous n’avez pas de voiture. Et si vous en avez une, vous êtes toujours au volant, vous ne faites pas d’exercice, vous accumulez le choléstérol…A New York, vous êtes contraints de marcher toute la journée, et donc de faire de l’effort physique” explique-t-il. Clive Thompson va même plus loin, en considérant New York comme “une salle de fitness géante“: “beaucoup de chercheurs croient que les avantages de la ville pour la santé sont associés à l’exercice. Chaque pâté de maison devient une piste de course à pied, chaque station de métro devient un StairMaster, améliorant nos systèmes cardiovasculaires lorsque nous les pratiquons au quotidien.”
Pour le Dr. Moulin, la longévité s’explique par le moral à toute épreuve des new-yorkais. Exerçant à New York “depuis 1975“, il connait bien le mode de fonctionnement de ses habitants: “la vie est dure ici, mais les gens sont fiers de ce qu’ils font dans leur vie professionnelle. Dans leurs voisinages, chacun se connaît, se fréquente. Il y’a un soutien moral qui justifie la qualité de la vie à New York“.
Gentrification
Pour Clive Thompson, “plus vous conduisez, plus vous prenez du poids”. Dès lors, c’est surtout le type d’habitation urbain qui influe sur la longévité. Ainsi, vivre en centre ville permet d’être en meilleure santé que d’habiter “dans des grandes banlieues où vous devez prendre la voiture pour aller chercher un pack de lait”. Le stéréotype de l’American Way of Life (4×4, grands espaces résidentiels et Wal Mart) en prend un coup.
De l’autre côté de l’Atlantique, en tout cas, les mégapoles semblent connaître le même phénomène. En France, l’espérance de vie des Franciliens était de 73,7 ans en 1990, derrière trois autres régions de l’Hexagone. Depuis 2004, l’espérance de vie des habitants de l’Ile de France est désormais la plus élevée, avec 78, 4 ans pour une moyenne nationale autour de 77 ans. Dans les pays développés, les aspects (promiscuité, transports en commun, marche à pied) qu’offrent la vie urbaine seraient-ils devenus soudainement bons pour la santé? “Il serait biaisé de penser qu’il y’a une relation directe entre mode de vie urbain et longue espérance de vie” prévient Claire Mauriat, médecin de santé publique à Paris, qui met plutôt en avant le niveau de vie des habitants des centre ville et la gentrification.”Cela passe avant tout par le fait que les gens qui vivent dans le centre ville sont des gens aisés et bien éduqués. Sur le plan épidémiologique, le bobo parisien et l’habitant de Manhattan sont ceux qui ont la plus grande espérance de vie“.
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La fin annoncée de la Librairie de France
“Au centre du monde se trouve New York. Au centre de New York se trouve le Rockefeller Center. Au centre du Rockefeller Center, au coin de la 5e Avenue, se trouve la Librairie de France“, écrivait Jacques Folch-Ribas en 1997. Cela pourrait bientôt ne plus être le cas, avec la fermeture annoncée de la Librairie de France en 2009, date de la fin du bail. L’endroit, situé au coeur du Rockefeller Center, peut surprendre. En réalité, la Librairie de France nous rappelle quelle a été la fonction première du Rockefeller Center, lors de sa création, en 1932: accueillir l’élite intellectuelle européenne fuyant l’Europe en crise d’alors, qui allait bientôt subir la barbarie nazie. Aujourd’hui, l’endroit est resté fidèle à lui même. Si le rez de chaussée ne montre que les best sellers et les souvenirs pour touristes, c’est le sous-sol qui offre ses meilleurs richesses au visiteur désirant s’attarder quelque peu. Se perdre dans les rayons surchargés de livres – parfois introuvables en France – ne serait-ce que pour cinq minutes vous fait oublier que vous êtes en plein centre de Manhattan, sur la 5e avenue.
C’est un véritable parcours initiatique, où l’on rencontre Camus, Sartre, Molière, mais aussi les Guides Michelin, la “bibliothèque rose”, etc. Bref, une sorte d’univers de savoirs tous azimuts,en Français of course, mais aussi en Castillan; et qui s’entasse péniblement dans quelques dizaines de mètres carrés. Peut être les mètres carrés les plus chers du monde pour une librairie francophone.
Exorbitant
Emmanuel Molho, le patron de l’établissement, n’a “pas beaucoup d’espoir” pour la suite. “Avec l’explosion des loyers, c’est devenu impossible de survivre ici“, déplore-t-il dans un français impeccable. Difficile en effet de se maintenir, quand le mètre carré vaut 10 000$ à cet endroit. En 1988, déjà, un article de France-Amérique faisait mention des difficultés liées au coût exorbitant du loyer. Emmanuel Molho, venait alors de prendre la tête de la Librairie, après la mort de son père, Isaac Molho, le fondateur de l’établissement. A l’époque, la Librairie de France avait dû céder “60% de sa surface” après que le loyer ait augmenté de 300% au tournant des années 1980. Presque vingt ans plus tard, les choses ont empiré, et la Librairie n’a pas d’autre choix que de mettre la clef sous la porte. –p– Ni la ville de New York, ni la représentation française aux Etats Unis n’ont envoyé la moindre subvention à la Librairie de France, me dit M. Molho. “Ils s’en rendront compte quand il sera trop tard“, lâche-t-il, amer. L’avenir? Se reconvertir “sur le web“, me dit M. Molho, sans avoir forcément le même enthousiasme qu’un jeune “nerd” fraîchement embauché chez Google. “Nous allons essayer de trouver un local pour stocker les ouvrages, et nous allons nous lancer sur le marché de la vente de livres sur Internet: nous y aurons un vrai créneau, celui de la vente des livres rares et de la collaboration avec les Universités“.
Le pari est séduisant, mais parmi les employés et les clients habituées du lieu, l’ambiance n’est pas à la réjouissance. “La fermeture de la Librairie de France? Une perte inestimable” regrette Daniel, un musicien à Carnegie Hall, vivant dans le Village. Cet habitué de la Librairie de France se souvient: “j’ai appris le Français grâce à cette librairie“, dit-il, citant Pagnol, Cocteau et d’autres.
Une fonction pédagogique que revendique M. Molho: “si vous prenez la seule communauté française, ce n’est que 40 000 personnes. La communauté francophone, en revanche, est beaucoup plus importante à New York. Les Haïtiens sont sans doute nos clients les plus nombreux. Mais également les Africains francophones qui viennent de migrer aux Etats Unis et qui veulent apprendre l’anglais en partant du français“.
Age d’or
Au delà ce cet aspect éducatif, la Librairie de France est un élément de patrimoine à part entière à New York. Fondée en 1932 par Isaac Molho, un Juif sépharade de Salonique, en Grèce, tout fraîchement débarqué à New York, la Librairie s’est improvisée maison d’édition pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pendant l’Occupation, les Editions de la Maison Française ont publié Raymond Aron, Gustave Cohen, Jacques Maritain, ou encore Antoine de Saint Exupéry, Georges Simenon et bien d’autres.
C’est sans doute pour cette raison que la première chose que l’on voit en entrant est le “Petit Prince”, qui trône fièrement à l’entrée de la boutique. –p– Selon Emmanuel Molho, l’âge d’or de la Librairie de France s’est située entre cette période des années 1940 et les années 1960, où “on recevait deux tonnes de livres français chaque semaine” se souvient-il.
Aujourd’hui,”tout a changé” considère-t-il. “Les langues étrangères n’ont jamais été importantes aux Etats Unis, mais le Français en particulier perd de plus en plus d’influence. La France est moins importante dans le monde d’aujourd’hui“. Sans doute la littérature française est-elle également plus accessible au consommateur, à l’heure d’Internet et de Amazon. “C’est une concurrence impitoyable“, pour M. Molho. “Regardez le dernier épisode de Harry Potter. Lorsqu’il est sorti, Amazon a perdu 10$ par livre vendu, et ils ont quand même fini le mois de juillet avec des bénéfices records! Comment voulez-vous rivaliser?” Mais pour lui, la clef est dans le prix du loyer:”tout le reste me serait égal si il n’y avait pas ce loyer. C’est ça, le vrai problème“. Dans deux ans, lorsque la Librairie de France fermera ses portes, ce sera aussi la dernière boutique indépendante du Rockefeller Center qui disparaîtra.
Les soldes de la semaine
Barneys Warehouse Sale
On ne vous dira pas de vous dépêcher, vous connaissez le truc. À vos protège
coudes! (et au reste). Vêtements femme et homme, chaussures, accessoires, ameublement, etc. Tout est soldé entre -50% et -75%.
– Du 16/08 au 3/09
Lundi à vendredi de 10h à 21h
Samedi et dimanche de 10h à 19h
255 W 17th St. (entre 7th Ave. & 8th Ave.)
212 450 8700
Lauren Merkin
Assortiment de sacs et de pochettes mignonettes soldées entre 40% et 70% de leur prix initial. A partir de $90.
– Du 14/08 au 16/08, de 11h à 19h
231 W 29th St. (entre 7th Ave. & 8th Ave.)
Suite 201
212 354 4200
Catriona MacKechnie
On y va pour leur stock de dessous affriolants soldés à -40%.
Par exemple : soutiens-gorge en dentelles Dior à $114, culottes dentelles et satin Dolce & Gabbana à $33, etc.
– Jusqu’au 16/08, du lundi à samedi de 11h à 19h30
et le dimanche de 12h à 18h.
400 W 14th St. angle 9th Ave.
212 242 3200
Morgane Le Fay
Ah les légendaires robes longues monochrome ! Elles passent de $700-$4,000 à $100-$1,500. Et les jupes, les tops, les vestes…
– Du 13/08 au 17/08 de lundi à jeudi de 10h à 19h, vendredi de 10 h à 17h.
601 W 26th St. (entre 11th Ave. & 12th Ave.)
Suite 1350
212 604 9152
MarieMarie
Robes à $99, tops à $59, robes du soir à $199.
– Les 15/08 et 16/08
mercredi de 12h à 18h, jeudi de 12h à 20h
257 W 39th St. (entre 7th Ave. & 8th Ave.)
10e étage
212 840 4061
Hollywould
Les ballerines coûtaient $215 et les robes $595. Elles sont dorénavant soldées respectivement à $65 et $175. Pochettes à $60.
– Du 16/08 au 18/08, de 11h30 à 19h
198 Elizabeth St. (entre Prince St. & Spring St.)
212 219 1905 (site web : ilovehollywould.com)
Paris-New York, via l'Espace, en une heure de vol!
Le pari est lancé pour les ingénieurs aéronautiques du monde entier: ils ont cinq ans pour concevoir, fabriquer et faire voler le premier engin capable de relier l’Europe et les Etats Unis en moins d’une heure. La récompense? 10 à 25 millions de Dollars, et un bond technologique sans précédent pour le secteur des transports. La V-Prize Foundation va, en effet, lancer début 2008 un prix important récompensant le premier engin qui rejoindra l’Europe, à partir de la Virginie, en moins d’une heure. Le choix de la Virginie ne s’est pas fait par hasard: il existe dans cet Etat une loi, le Space Flight Liability and Immunity Act, qui stipule qu’en cas d’accident touchant des passagers consentants au cours d’un vol expérimental, l’entreprise responsable ne fera pas l’objet de poursuites judiciaires. Des conditions juridiques un peu farfelues, mais qui présentent, pour le coup, l’avantage de stimuler les entreprises privées intéressées par le projet, sans risquer de tout perdre en cas d’échec. D’autant plus que la loi expire le 1er juillet 2013, ce qui constitue, de fait, la date d’expiration du concours.
Tourisme spatial
Le V-Prize s’inspire directement d’un prix du même type, le Ansari X-Prize (voir vidéo ci-dessous). En 2004, un engin de la société ScaledComposites a réussi à dépasser les 100km d’altitude à deux reprises, permettant à ses concepteurs d’emporter la somme de 10 millions de dollars mise en jeu.
La voie du tourisme spatial était ouverte, aussitôt explorée par quelques pionniers comme Richard Branson et sa compagnie Virgin Galactic, qui a l’ambition de devenir “la première compagnie spatiale”. Pour l’heure, le tourisme spatial consiste à partir d’un point A pour revenir à ce point A après avoir été en orbite quelques minutes. Le V-Prize va plus loin, en posant comme défi de partir d’un point A pour aller à un point B, en l’occurrence la Virginie et un pays d’Europe, encore indéterminé. Si l’expérience était concluante, elle ouvrirait la voie à la mise en place de lignes commerciales ultra-rapides entre plusieurs continents, évidemment réservée à une clientèle très riche.
Défi
Néanmoins, avons nous les technologies disponibles pour réaliser un tel projet? Interrogé par le Journal du Dimanche, l’ingénieur du Cnes (Centre National d’Etudes Spatiales) Christophe Bonnal pointe d’abord le problème “des chaleurs engendrées par la rentrée atmosphérique“. Si la technologie permettant de protéger les vaisseaux contre la chaleur existe, celle-ci semble encore trop onéreuse et assez mal maîtrisée. Quand bien même le problème de la chaleur serait réglé, il resterait celui de la résistance physique des passagers à des accélarations de “8, 9 ou 10G au moment de la rentrée atmosphérique“, donnant aux voyageurs l’impression de peser huit à dix fois plus lourd que leur poids naturel!
C’est là tout le défi que devront relever les challengers du V-Prize. Alors, on peut se prendre à rêver d’un voyage Paris-New York à plus de 6000km/h, suivant une trajectoire parabolique dans l’espace, offrant aux voyageurs plusieurs minutes d’apesanteur et une vue imprenable sur la Terre, avant de redescendre et de se poser comme un planeur sur la piste de JFK, La Guardia ou Newark. Le tout une heure après avoir décollé de Roissy.
L’échéance de cinq ans paraît courte, tant le pari est énorme, et concerne une activité à haut-risques: en juillet dernier, une explosion faisait trois morts et trois blessés graves sur les installations du constructeur de la future fusée commerciale SpaceShipTwo, dans laquelle avaient investi Burt Rutan, le fondateur de Scaled Composites, et le Britannique, Richard Branson, patron de Virgin.
Cette vidéo promotionnelle de Virgin Galactics nous montre à quoi ressemblerait un Paris-New York en une heure: mouvementé!