Chers lecteurs, désolée pour ce retard. J’ai eu un sérieux problème cette semaine pour ma chronique. Je ne me souvenais plus de ce dont j’avais prévu de parler. Ça m’a pris 3 jours pour m’en souvenir. C’est en lisant un papier dans New York Magazine que ça m’est revenu à l’esprit. Ahh, oui, je dois faire la critique du restaurant Gordon Ramsay. Vous savez, le nouveau restaurant, le premier à New York, du chef anglais réputé pour ses excellents restaus londoniens et ses légendaires coups de gueules. Il jure mieux qu’une harengère sur le port de Marseille, notre Gordon ! (C’est lui qui a inauguré le reality-tv show Hell’s Kitchen au cours duquel il insultait copieusement tous les participants)
Alors, pour servir mes lectrices chéries, j’ai fait une réservation, j’ai dû attendre 2 mois pour avoir une table. Je suis allée dîner, et puis, c’est très simple, j’ai tout oublié.
Non pas qu’il se soit passé des choses fantastiques et extraordinaires dans ma vie, non, j’ai tout simplement oublié l’expérience, le décor, le service, les vins, la bouffe. Rien ne m’a marquée.
J’ai relu mes notes, et même là, j’ai eu du mal à me souvenir. Ah, si des langoustines, servies avec trois petits morceaux de poulet, insipides, le poulet trop cuit, et puis, qui a envie de manger du poulet quand on a commandé des langoustines. Je ne me souviens plus du plat principal, et je devais tellement m’ennuyer que je ne l’ai même pas noté. Le dessert, le soufflé à l’abricot était presque mémorable. Je me souviens simplement que le dîner n’était pas désagréable.
Le vin était pas mal, et le champagne plutôt bon. La déco de la salle de restaurant sans fenêtre, située tout au fond, derrière d’épaisses doubles portes est terne, beige, feutrée, dans le genre blafard.
Tout autour, des tables occupées par des business people en célébration boursière, des Japonais perdus et des couples baillant poliment. Mêmes les clients avaient l’air chiants. Rien n’était mauvais, le service était bon, la sélection de pain comme il faut, « madam, tonight, we have ciabatta rolls, baguette or 7 grains organic, blah blah » Bref, tout ce qu’il faut pour un établissement de ce genre y était. Le porc venait du Berkshire, les épinards organics de New Jersey, et les œufs ont été pondus par des poules heureuses qui ont couru sur leurs deux petites pattes et qui ont gratté le sol pour y dénicher des vers (c’est ça la signification de organic eggs). Tout était insipide.
Je ne sais pas quel est l’équivalent culinaire de F–k you, mais il faudrait que Gordon Ramsay épice sa cuisine autant qu’il épice son langage.
En oubliant Gordon
Le business de la sieste
Les nuits des new-yorkais sont courtes et leur sommeil précieux. Si bien que certains ont misé sur un business de la sieste, en pleine expansion. Yelo, un salon qui a ouvert ses portes en janvier, à deux pas du Time Warner Center dans l’Upper West Side, au coin de Central Park, propose à ses clients de faire une petite sieste baptisée « powernap » (sieste régénératrice) pour $12 la demi-heure. Dans la ruche urbaine, les cabines jaunes en forme d’alvéoles sont « de véritables cocons », selon le fondateur Nicolas Ronco, un français installé à New York depuis 18 ans et un ancien de Time Warner.
Mode d’emploi: le site Internet de Yelo (heloyelo.com) et un écran dans la vitrine du salon indiquent le temps d’attente pour avoir accès à l’une des sept « Yelocabs » (cabines de sieste). Lorsque l’une d’entre elles se libère, le client paie pour une plage horaire et est escorté jusqu’à sa cabine de 5m2. Confortablement installé, il règle, à l’aide d’une télécommande, le degré d’inclinaison du dossier du siège (le propriétaire des lieux recommande de monter les pieds plus haut que la tête, afin de ralentir le rythme cardiaque). Lumière tamisée, musique de fond aux pouvoirs soporifiques, et couverture en cashmere du Népal, le « siesteur » peut s’abandonner aux bras de morphée et « recharger les batteries ».
Une fois le temps écoulé (entre vingt et quarante minutes), les lumières se rallument graduellement, imitant l’aube. La sieste peut s’accompagner d’un soin de « réflexologie », c’est-à-dire de massages sur certains points névralgiques des pieds, des mains, et des oreilles, « un traitement proche de l’acuponcture », explique Nicolas Ronco. Pour cela, il faudra débourser $65 pour la demi-heure.
Le projet de Nicolas Ronco, qui est en négociation avec de grandes compagnies, est d’installer des cabines au sein même des entreprises. Avec la bénédiction des directions des ressources humaines des entreprises qui verraient là un moyen d’ajouter la sieste au nombre des avantages « maison » offerts aux salariés. Les entreprises espèrent ainsi adoucir la vie des troupes, améliorer le moral et la motivation et in fine les inciter à garder leur poste. En outre, les entreprises ne perdent pas de vue qu’une sieste de quinze minutes après le déjeuner améliore de manière significative la productivité durant l’après-midi. Elles ont donc tout intérêt à inciter leurs employés à faire un petit somme, selon le fondateur de Yelo.
Une autre clientèle potentielle de Yelo, selon Nicolas Ronco: les trois millions et demi de navetteurs qui n’habitent pas directement Manhattan et qui font le trajet chaque jour de Long Island ou du New Jersey par exemple. Ceux-ci n’ont pas le temps de repasser chez eux avant un dîner d’affaires et ont parfois besoin de « récupérer » avant de passer à l’apéro. Ou encore, les « oiseaux de nuit » qui veulent se reposer avant de sortir pour tenir le coup et profiter de la nuit new-yorkaise.
« C’est un “spa” express pour les gens pressés, avec une clientèle autant masculine que féminine », explique Nicolas Ronco. Il estime que le chiffre d’affaires de Yelo atteindra 1.9 million de dollars pour la première année d’activité, pour le seul centre de l’Upper West Side. Il projette d’en ouvrir un deuxième à Wall-Street avant la fin de l’année, et une trentaine d’ici cinq ans à New York, Chicago et Londres.
Les lounges d’aéroports, surtout dans les aéroports internationaux où les voyageurs ont parfois de longues haltes, représentent également un potentiel de développement pour Yelo, selon Nicolas Ronco. Si les compagnies aériennes proposent de plus en plus des sièges convertibles en lit en classe affaire, les entreprises sont aussi de plus en plus réticentes à payer un billet plein tarif à leurs employés et les incitent à voyager économique. Les voyageurs qui ont des heures de vol derrière eux ont désespérément envie de faire une sieste. Payer pour faire la sieste peut sembler incongru, mais une sieste à l’aéroport est toujours moins onéreuse qu’une chambre d’hôtel.
Yelo n’est pas le premier centre de relaxation à Manhattan: MetroNaps propose également à l’animal urbain de se lover dans un siège « pod » (cosse). Celui-ci est digne du film de Stanley Kubrick 2001, Odyssée de l’espace, avec son capot sphérique noir, qui recouvre le haut du corps du cyborg-dormeur. Le premier MetroNaps a ouvert en 2004 au 24ème étage de l’Empire State building et facture $14 pour vingt minutes de sieste. En prime, un kit de réveil avec un spray pour le visage et des bonbons à la menthe pour se rafraîchir.
Et puis, si le sommeil en cabine n’est pas garanti à 100%, on peut supposer que payer fait partie de la thérapie: on se relaxe mieux dépensant beaucoup, c’est bien connu. Dans ce cas, le client en a pour son argent : une sieste à $77 (avec réflexologie à Yelo) est forcément régénératrice.
Yelo, 315 West 57th Street (entre 8e et 9e Avenues). New York, NY 10019. 212.245.8235
MetroNaps, Empire State Building, Suite 2210.350 Fifth Avenue (entre 33e et 34e Streets). New York, NY 10118. 212.239.3344 et 120 Nassau Street. New York, NY 10038. 212.346.7549
Christine Capdeville, couleur jazz
Née à Toulouse, “entourée dans la maison” de deux guitaristes de jazz, le père et le frère, c’était écrit : Christine Capdeville tomberait dans la marmite jazz. Après un rapide passage par la six cordes et son apprentissage du piano, elle arrive à New York au milieu des années 1990, forte de sa passion. Aujourd’hui elle sort “Vision of love”, son premier album solo. Neuf morceaux aux thèmes résolument romantiques dont sept compositions personnelles et deux adaptations de classiques, “Vision of love” est un séduisant premier album. Quarante minutes de musique qui résonnent comme un manifeste et une déclaration d’amour pour le jazz, la musique afro-cubaine et brésilienne.
Il paraît que ce sont les jazzmen qui ont inventé cette expression pour nommer New York : The Big Apple. De la peur de ces musiciens de jouer dans la capitale. La trouille quoi! Les boules… Ce serait donc à New York City entourée de musiciens du cru -dont certains nominés ou gagnants de US Music Award- que Christine Capdeville donnerait le jour à cet album.
L’opus s’ouvre sur le titre éponyme, un titre à la facture élégamment jazz. Du meilleur goût. On pense aux classiques du jazz vocal américain. Ses modèles : la grande Ella bien sûr, Sarah Vaughan ou Anita O’Day. Mais avec la Toulousaine, Cuba n’est jamais très loin et Eddie Palmieri ne renierait pas le thème de “You lost a friend”, surtout son final volcanique. Eh oui! Les histoires d’amour finissent mal en général!!! Y accéder est même souvent encore plus difficile. “Craving your love” implore superbement sur un rythme swing. Incorrigible amateur de pop et de rock, je ne peux pas m’empêcher d’entendre dans ces chansons la voix blanche jazz de Tracey Thorn, chanteuse de Everything But The Girl, lorsque le duo chic british du début des années 80 s’essayait aux essentiels comme “Night & day”.
Mais de ses débuts new-yorkais sous influence d’acid jazz dans le milieu des 90’s, Christine Capdeville a gardé le goût pour les tempos plus groovy et le contre-temps funk. “Change your heart” vous donne des envies de dance-floor. Très suave. Surtout dans ce dénouement en forme de samba sur le refrain. Dans “Providencia”, basse et batterie s’entrelacent, le piano électrique nous rappelle la meilleure soul des 70’s, à la Donny Hathaway; pendant que voix et trompette font question-réponse. Les inflexions vocales nous rappellent la pop jazzy de Sade; sans la lourde production 80’s calibrée pour la radio FM. Car il y a de la soul dans le jazz de Christine Capdeville et du jazz dans ses mots.
“Shabadabada…”
Le monde de Christine Capdeville est métissé. Comme ses musiciens, comme les genres qu’elle aborde et les langues dans lesquelles elle chante. Majoritairement chanté en anglais, le français résonne soudainement dans “Vision of love” avec le très mellow “Rêveries”. Comme une mise en bouche, la bossa de “So close” annonce l’adaptation d’un classique de Carlos Jobim et Vinicius de Moraes plus loin, “Chega de saudade”. Son scat est définitivement un scat mais c’est bien en portugais qu’elle chante la chanson… Alors si selon mes amies américaines, le francais est la langue de l’amour -si, si elles me le disent!!! dans les bars. downtown….- mais qu’est donc le brésilien!?!!
Comme Nougaro, son héros de Toulouse, elle apprécie l’exercice de style qu’est la reprise. En toute humilité. “Il a crée son propre style. Non seulement c’était un excellent musicien mais il avait l’abilité de créer une ambiance particulière”. Et d’ajouter : “Il suffit d’écouter l’arrangement qu’il a fait de “Berimbau”; son titre francais “L’amour sorcier” est très impressionnant. Non seulement c’est techniquement très difficile a chanter mais il arrive a faire coller des mots français et créer une histoire qui nous prend” s’enflamme Christine. “Et même chose avec “Blue Rondo à la Turc” de Dave Brubeck”.
L’émule toulousaine devenue new-yorkaise met les leçons en pratique avec un final résolument jazz, le superbe classique “These foolish things”. Et tellement ro-man-ti-que! J’entends des shabadabadas et des bulles de champagne… Allez! Moi ça m’donne envie de me trouver un date pour vendredi, d’acheter une bouteille de champagne et des fraises…
Pour plus d’infos et se procurer le cd : www.christinecapdeville.com ou www.myspace.com/christinecapdeville
Les lectures de Bush, les déboires de l'ambassadeur
Sur une recommandation d’Henry Kissinger, George Bush a récemment lu “Histoire de la guerre d’Algérie “ de l’historien militaire Alistair Horn, une lecture que « les officiers militaires américains en Irak jugent indispensable. » Bush a trouvé le livre intéressant, a rapporté quelqu’un de son entourage à Newsweek « mais considère l’expérience française en Algérie fondamentalement différente de l’américaine en Irak. Bush s’est concentré sur les problèmes de la bureaucratie française – comme si les français avaient échoués parce qu’ils étaient, disons, trop français. »
Après la rédaction du Washington Times la semaine dernière, c’est l’éditorialiste du quotidien conservateur qui raconte son déjeuner avec Jean-David Levitte, l’ambassadeur français aux Etats-Unis, « un gentleman dont l’élégance nonchalante et les manières gracieuses en font un des diplomates les plus populaires et efficaces de la ville. » L’éditorialiste l’a interrogé sur l’antisémitisme en France. « Avec l’air de Maurice Chevalier charmant Leslie Caron dans Gigi, l’ambassadeur parle des ex premiers ministres de confession juive – Léon Blum dans les années 30, Pierre Mendes France dans les années 50… » et lui a cité un sondage selon lequel les Français sont plus nombreux (86 %) que les américains (77 %) à dire avoir une opinion favorable des juifs. (Non mais c’est quoi ces questions… Ca me rappelle une émission qui montrait avec quelle facilité on peut créer du racisme facilement : ils appelaient des commerçants en disant « vous n’auriez pas eu des problèmes avec des norvégiens récemment ? ») Revenons à nos moutons. L’éditorialiste explique qu’il ne s’est pas laissé convaincre aussi facilement et cite “Betrayal: France, the Arabs, and the Jews” de David Pryce-Jones qui estime qu’en France « une population musulmane de 6 millions conduit la politique anti-Israel française, inévitablement exprimée contre des individus juifs dans un pays où les musulmans sont six fois plus nombreux. »
La fête continue dans Atlantic Monthly, Charles Trueheart explique que quel que soit le résultat du 6 mai, on sait déjà que les Français auront voté pour le changement. Le premier paragraphe mérite le détour. « La France est embourbée dans un système économique et social vieillot, surtaxé, excessivement réglementé, souffrant de sous emploi, de sous productivité, sous employé, sous productive, congénitalement immobile quand elle n’est pas sporadiquement violente. » Ouf. « Les Français eux-mêmes le disent, et leur fierté est blessée. » Leur dégoût du statu quo s’est traduit par un vote pour l’extrême droite, contre « les efforts de Chirac pour assouplir les lois du travail », par des voitures qui brûlent et un veto à une nouvelle constitution européenne « rédigée par un ancien président et virtuellement endossée par toute la classe politique. » D’où les candidatures de Sarkozy et Royal récompensés pour leur rupture avec l’orthodoxie de leurs partis.
Quant à la Ségolène, « elle a construit une campagne présidentielle sur l’idée qu’elle n’avait pas toutes les réponses » et demande « à ses électeurs de la regarder elle plutôt que son parti ou ses projets. »
Après avoir discuté avec le romancier Marc Lambron qui la compare, décapitant le P.S, à Uma Thurman dans Kill Bill, il souligne le côté sainte de Ségolène alors que Sarko ne ferait pas désordre dans les Sopranos.
Le Boston Globe est allé apprendre le Français dans une école chic. En parlant français, les élèves se découvrent une nouvelle personnalité. « Par exemple, en anglais, je suis quelqu’un de plutôt sérieux. Mais un côté flirt de moi dont j’ignorait l’existence se révèle quand je parle français. » Kind of oulala…
Oulala again en couverture de Paris Match avec Arielle Dombasle seins nus (et en string au Crazy Horse), rapporte le New York Post. Le tabloid cite « un parisien » (ça c’est de la source où je ne m’y connais pas) qui commente « quand j’ai vu la couverture, j’ai cru que c’était une pub Botox ».
Illisible
Petite conférence de Francine Prose, hier soir, en collaboration avec Robert Polito de la New School, et le magasin Barnes & Noble de Union Square, sur son livre « Reading like a writer ». J’y vais pour conjurer la neige et la glace. La tempête de la saint Valentin nous a ensevelis. La ville est devenue illisible. Ce matin, les conducteurs sont fous de rage car le maire veut garder les règles du parking urbain, alors qu’ils peuvent à peine dégager leurs véhicules des amas de neige compacte.
En fait Prose, la bien nommée, nous tresse les louanges de la bonne vieille explication de texte, « close reading » en anglais. Quel bonheur de redécouvrir l’organisation d’une phrase de Flannery O’Connor ; puis d’un paragraphe tout entier ; le flux harmonieux des chapîtres ensuite ! On se recrée de la structure dans ce monde de neige fondue… Slush!Slush!
Stacy Schiff, dans un édito du NY Times du 13-2, souligne un des paradoxes de la chose écrite moderne : Tandis que de moins en moins de gens lisent, de plus en plus de gens écrivent ! 27 romans sont publiés chaque jour en Amérique. Un nouveau Blog est créé chaque seconde ! Pourtant l’info est plus que jamais atomisée. Les éditeurs veulent publier les classiques en version compacte – lire « abrégée ». La connaissance est multipliée à l’infini, tandis que les instances de sa légitimation (école, édition, famille, etc.) sont, elles, bousculées par les nouvelles technologies et normes sociales.
La présidente du groupe des Hearst Magazines, selon Schiff, vient d’inciter ses éditeurs à penser leur audience en « consommateurs » plutôt qu’en « lecteurs ».
Même la définition du mot « lire » est en train de basculer, selon Google. Le processus de digitalisation des livres sous droit d’auteur transforme ces livres, selon Google, en quelque chose d’autre. Le rapport à la chose écrite est différent quand nous la convoquons sur l’écran de l’ordinateur : « Nous ne lisons plus , nous faisons de la recherche . Une fonction –searching, qui n’existait pas quand le concept de « copyright » fut établi !!Let`s google (regardons) Google . Que la Cie et ses avocats ne nous vendent pas sa nouvelle théorie (theorein : regarder) contre une poignée de lentilles ! Cela me rappelle le « surge » de Bush ou le copyright sur les gènes. De la rhétorique juridique qui finit par nous enlever le tapis sous les pieds.
En tant que lecteur insatiable de notre monde, je suis étonné par l’emprise de la linguistique publicitaire sur nos vies. Francine Prose nous rappelle qu’il n’y a tout simplement plus de démocratie possible si ce que nous lisons n’est qu’un interminable mensonge.
Des « armes de Destruction massive » à « l’Axe du mal » dont la Corée du Nord vient tout juste, cette semaine, d’être rayée, en échange d’un accord de non-prolifération nucléaire, les mots n’ont pas fini de nous hanter.
Une tante, promenant sa nièce en voiture devant un théâtre d’ Atlantic Beach, Floride, a exigé que les « Vagina Monologues « soient rebaptisés les « Hooha Monologues ». « Hooha », argot d’enfant (en Floride ?), survêcut ainsi deux jours sur le « marquee » avant d’être remplacé par le mot qui avait déjà fait le tour du monde dans sa révolutionnaire nudité, « Vagina ». « Supprimer le mot , c’est supprimer la femme », dit en substance, une des organisatrices de la production.
Mon crayon boiteux avait entamé sa route au Rwanda, il y a deux ans. Là aussi un mot tenait le devant de la scène. « Ibuka ». J’y avais découvert ce minuscule et magnifique pays seul face à l’enjeu de son génocide. Cela se dit « Ibuka » (« souvenez-vous en Kinyarwanda). La planète devrait se souvenir du génocide rwandais. Une folie qui nous appartient en propre, nous le genre humain. Nous devrions adopter le terme Ibuka=génocide rwandais (plus de 800 000 personnes tuées à la machette trois mois durant). Avant que d’oublier. Car le nouveau problème du Rwanda 2007 est la surpopulation. L’article ne précisait pas les démographies respectives Hutus, Tutsis… Le gouvernement Kagame prépare un contrôle démographique draconien. Pour qu’ « Ibuka » ne reste qu’un mot, une page d’histoire !
En cette semaine glaciale le hasard nous entraine voir l’ « Inconvenient Truth » d’Al Goree sur le réchauffement global (entendu dans la salle : « il fait froid , quel soulagement ! »). Ce film d’éveil se prolongera par un concert le 7 juillet 2007 (Bon Jovi, Red Hot Chili Peppers, Snoop Dogg…) pour lancer la campagne si bien nommée :
Save Our Selves.
The Campaign for a climate in crisis ….
SOS…Le climat illisible en somme.
Bye
PS : .Vu l’expo Reveron, un Gauguin vénézuélien, à découvrir au Moma. Horoscope de jeudi dernier dans un gratuit du métro, AM : « Pas de problème ; quand vous rentrez dans un mur, vous y découvrez vite une porte secrète ! » Cela devrait être notre slogan de vie.
L'exception culturelle américaine
« De la culture en Amérique »… Avec un titre comme celui-ci, Frédéric Martel avait placé la barre bien haut. Il n’avait guère droit à l’erreur. Quatre ans d’enquête, 700 entretiens, 620 pages au style léger… le résultat est à la hauteur de l’ambition de départ. Son livre n’a rien d’une encyclopédie sur l’histoire de Hollywood ou l’art contemporain américain. C’est une plongée remarquable sur les rouages de la culture américaine, son financement, ses réseaux (philanthropie, mécénat…), les politiques culturelles successives de JFK, R. Reagan ou de George Bush. Sans être un essai, l’ouvrage donne aussi d’innombrables pistes pour anticiper le devenir de la culture américaine au XXI° siècle. Notamment grâce à la « diversité culturelle ». L’auteur y consacre un chapitre entier, riche d’enseignements pour le lecteur français. Verbatim : « A chaque nouvelle vague d’immigration, à chaque nouvelle génération d’Asian-Americans qui s’émancipent, à mesure que les Noirs s’intègrent, l’Amérique se renouvelle, et parce qu’elle sait valoriser ces différences et reconnaître sur son territoire les cultures variées, sa puissance durera. Et si elle transforme ainsi ses immigrés et ses enfants de couleur, elle parvient aussi, et sans forcément le vouloir, à se transformer elle-même »
Frenchmorning : Pourquoi les Européens sont-ils aussi craintifs vis à vis de la création américaine? Et depuis quand ont-ils ce sentiment d’infériorité?
Frédéric Martel : Ce que je tente d’expliquer dans mon livre c’est l’ambivalence profonde des Européens à l’égard de la culture américaine. Ils peuvent rejeter la culture “mainstream”, de Walt Disney au Da Vinci Code, mais aimer en revanche la contre-culture américaine, le Wooster Group et Tony Kushner. Donc, ils ne sont pas craintifs en soi à l’égard de la création américaine.
Ils combattent les Etats-Unis tout en valorisant la culture américaine qui leur convient. Prenez Les Inrockuptibles, ou Télérama, ou le Nouvel Observateur ou Libération : ils sont parfois très anti-américains politiquement et souvent culturellement, mais ils
ne cessent de parler de Philip Roth en littérature, Bill T. Jones en
danse, Mapplethorpe, Nan Goldin et Andres Serrano en arts plastiques,
pour ne rien dire du cinéma “indépendant” américain (bien que celui-ci
ne soit souvent indépendant que de nom). Le paradoxe c’est que même
ceux qui rejettent la culture américaine d’un côté, la valorisent de
l’autre, en pensant qu’elle est un contre-modèle, une contre-culture.
En fait, je montre que la culture mainstream, la contre-culture, les
cultures des communautés appartiennent au même modèle culturel
américain et qu’elles ne sont pas le contre-système… mais bel et
bien le système.
Frenchmorning : Au pays du libéralisme économique triomphant, vous montrez qu’il existe des flux considérables d’argent public (fédéral, régional, municipal) qui irriguent le secteur culturel. Dans quelles proportions par rapport à la France?
Frédéric Martel : Dans mon livre, je ne parle jamais de la France et je ne me permets aucune comparaison. Et pour une raison très simple : ces comparaisons sont très difficiles à faire et peu sérieuses d’un point de vue scientifique.
Ce qu’il est important de dire, cependant, c’est qu’il
existe effectivement beaucoup d’argent public aux Etats-Unis pour la
culture, à la fois directement (200 agences interviennent pour aider
les arts au niveau fédéral, 50 agences culturelles jouent un rôle dans
chaque Etat et plus de 4000 agences interviennent au niveau des
villes) mais surtout indirectement. L’argent public provient
essentiellement du manque à gagner fiscal de tous les dons de la
philanthropie, du mécénat et des fondations. A cela, il faut ajouter
l’argent public qui va à la culture mais n’est pas directement
labellisé comme tel : les subventions directes et indirectes à la
revitalisation des ghettos noirs à travers des institutions
artistiques (à Saint-Louis, à Watts-LA, dans le South Side à Chicago,
à Harlem, à West-Philadelphia ou East-Baltimore par exemple). Il faut
encore citer les taxes artistiques sur les hôtels et motels (plusieurs
dizaines de grandes villes américaines comme San Francisco, Houston,
Los Angeles), les taxes culturelles sur les plaques d’immatriculation
(Denver et d’autres villes), les loteries (Massachusetts). En fin de
compte, l’argent public est fréquent mais peu visible. L’Etat doit
intervenir “sans fanfare” disait John Kennedy. Ces sommes d’argent
public pour la culture sont-elles aussi importantes,
proportionnellement au nombre d’habitants, qu’en France ? C’est
difficile à dire. Ce qui est certain : elles sont essentielles. Et
complètent le reste de la matrice culturelle des Etats-Unis : la
philanthropie, les endowments, les fondations, le mécénat
d’entreprises, les universités, les communautés etc.
Frenchmorning : Mais vous montrez aussi que beaucoup d’artistes, contrairement à ce qui se passe en France, sont suspicieux vis à vis de l’argent public. Vous montrez aussi (notamment sous Reagan) comment les politiques tentent d’avoir une influence sur la création. Comment peut-on qualifier les rapports politiques/artistes?
Frederic Martel : Le chapitre le plus long de mon livre, et qui s’intitule “les Culture wars”, est un chapitre sur la censure. Ce n’est donc pas un livre pro-américain – au contraire. J’ai lu récemment sur un blog américain que jusqu’à présent les Français disaient n’importe quoi sur la culture américaine et que nous étions donc stupides et inoffensifs.
La même personne disait qu’avec mon livre arrivait le nouvel
anti-américanisme : le français qui connait bien le système et qui
“got by the numbers”. Celui-ci (moi !) était beaucoup plus dangereux
car il risquait vraiment de mettre à jour les secrets de fabrique du
système. Ce blog m’a fait beaucoup rire ! La censure culturelle sous
Truman, Reagan et Bush-Père, notamment, fut particulièrement violente.
On ne peut pas imaginer une telle chose en France. Que l’Etat censure,
interdise et punisse : on comprend que les artistes américains se
méfient de l’argent public dans la sphère culturelle. Reste que le
système compte beaucoup de gardes-fous : l’autonomie absolue des
institutions culturelles, l’indépendance des universités (qui je le
répète sont au coeur du système culturel américain alors qu’elles sont
à la marge en France), le côté “bottom-up” des communautés : tout cela
laisse beaucoup d’espaces de libertés aux artistes, même quand le
gouvernement les censure.
Frenchmorning : le moteur culturel américain, c’est aussi le fameux “501c3” et la philantropie. Est-ce un modèle à suivre pour la France? Est-il propre aux “gènes” américains?
Frederic Martel : Nous avons aussi en France des associations loi 1901 et des lois permettant les dons dans le cadre du mécénat culturel. La différence tient plutôt à l’histoire, au protestantisme, à la nature du don aux Etats-Unis et à l’autonomie réelle des associations américaines (les fameuses 501c3 du nom de l’article des impôts fédéraux qui en définit le statut).
En France, le monde associatif est très dépendant pour ses
financements de l’Etat quand il ne s’agit pas de démembrements
implicites de l’Etat : aux Etats-Unis les associations à but non
lucratif ont la possibilité de trouver de l’argent par eux-mêmes, via
le fundraising. Tous les musées, tous les théâtres (sauf Broadway),
tous les orchestres, opéras, ballets, et toutes les bibliothèques et
universités (quand elles ne sont pas publiques) sont à but non
lucratif aux Etats-Unis, et non pas “privés” (sous-entendus
commerciales) comme on le croit en France. Tel est un des secrets de
la culture américaine : tout ce qui est fait en France par l’Etat et
fait aux Etats-Unis par le secteur à but non lucratif, et non pas par
le marché ! C’est en cela que l’exception culturelle existe autant aux
Etats-Unis qu’en France.
Frenchmorning: “Vous avez été pendant 4 ans attaché culturel aux Etats-Unis. La France met-elle, selon vous, suffisamment de moyens financiers, humains pour assouvir son irrépressible ambition de rayonnement et pour faire connaître ses artistes et sa culture?”
Frédéric Martel : Que la France mette assez de moyens humains et financiers, n est plus la question. La vraie question est : est-ce efficace ? Et la réponse est non ! Bureaucratisation folle, objectifs culturels placés sous le contrôle de la diplomatie, dîners et cocktails partout en lieu et place d’un travail sérieux, arrogance folle de nos consuls : notre diplomatie culturelle est devenue omnipotente et incompétente. Franchement, ce n est plus un système qu il faut reformer ; il faut complètement le changer. Je ne crois plus à la capacité du ministère des affaires étrangères de gérer notre diplomatie culturelle. Le terme même, d ailleurs, est un non sens. Ce qui faut c’est déléguer aux institutions culturelles françaises (comme le Louvre, Orsay, Beaubourg, le CNC, les théâtres…) nos relations culturelles. Les diplomates ne sauront jamais faire cela. Prenez l’exemple de Jean-David Levitte à Washington dont j’ai bien vu le travail : il a très très bien réussi sur la guerre en Irak mais a un bilan calamiteux en matière culturelle, scientifique et surtout universitaire où il ne comprend rien et ne fait rien. Et puis il faut cesser de se croire le centre du monde et croire qu on a la meilleure culture au monde alors que notre influence est de plus en plus inexistante… Les Américains n’ont pas de diplomatie culturelle mais ils rayonnent partout : nous on a exactement l’inverse.
Frédéric Martel (« De la culture en Amérique », Gallimard, 32 euros).
Ancien attaché culturel aux Etats-Unis, il est l’auteur de « Le rose et le noir. Les homosexuels en France depuis 1968 » (Le Seuil 1996) et « Theater. Sur le déclin du théâtre en Amérique » (La Découverte, 1996). On peut consulter son site : www.fredericmartel.com
Extraits :
A propos de la visite d’André Malraux, ministre de la Culture de de Gaulle aux Etats Unis (mai 1962).
« Etrange visite qu’il est difficile de comprendre sans émettre l’hypothèse que les Américains ont délibérément « sélectionné » Malraux. Le projet d’inviter l’auteur de La Condition humaine n’est pas un hasard : il a été préparé avec grand soin au Département d’Etat, mais aussi à la Maison Blanche. En effet, comme le révèlent les archives, Malraux a été très tôt identifié par l’équipe Kennedy comme
pro-américain, comme l’un des points d’accès à de Gaulle et, par temps de guerre froide, comme un anticommuniste fiable. Sur l’idée de son conseiller spécial, Arthur Schlesinger, Kennedy décide donc d’inviter Malraux et pour qu la ficelle ne soit pas trop grosse, choisit le prétexte de conférences à Harvard, suivies d’un séjour « informel » à Washington (…) JFK organise une promotion médiatique des livres de Malraux qui n’a eu d’égal que celle que Staline a faite à l’écrivain André Gide dans les années 30. »
A propos de John Frohnmayer, nommé par G Bush en 1989 à la tête de la NEA (national endowment for the Arts).
« Le nouveau président, texan d’adoption, ayant mené une campagne d’une violence implacable contre la gauche et mettant, une fois élu, l’accent sur les « valeurs familiales », Frohnmayer doit donner des gages. (…) Moins d’un mois après sa nomination, il annule une subvention de 10 000 dollars prévue pour l’exposition « Witnesses : against our Vanishing » programmée dans la galerie à but non lucratif Artists Space de Soho à New York . Selon lui, l’exposition dédiée à l’art et au sida serait « too political » (trop politique). (…) il est vrai que le catalogue de l’exposition comprenait un texte féroce et même calomnieux à l’encontre de plusieurs hommes politiques républicains (…) . Au contact des artistes et des oeuvres, face au dénuement d’hommes et de femmes en train de mourir du sida, John Frohnmayer est ébranlé : « ce n‘était pas aussi cru que me l’avaient décrit mes conseillers mais plus oppressant et sans espoir, très déprimant.» (…) En discutant avec les artistes, il reconnaît son erreur et annonce qu’il restaure la subvention. »
Touche pas à mon foie gras!
Au printemps dernier, le conseil municipal de Chicago a interdit aux restaurateurs de vendre du foie gras. Une première pour une ville américaine. Motif ? La manière «cruelle et inhumaine» dont les oies et les canards sont nourris, ardemment combattue par les associations de défense des animaux. «C’est absurde, observe David Waltuck, le chef de Chanterelle, un restaurant de Tribeca, les abus pour la production de masse de poulets ou de bœufs sont pire.»
Depuis, neuf restaurants récalcitrants de Chicago ont reçu une lettre d’avertissement. S’ils s’obstinent, ils devront payer une amende allant de 200 à 500 dollars. Mais les autorités sanitaires de la ville ne cachent pas leur peu de zèle à traquer les hors la loi. Et le débat est loin d’être clos. Le maire a soumis une proposition pour abroger ce qu’il appelle «la loi la plus bête».
Contournement
Les restaurateurs ne se laissent pas faire et n’ont jamais acheté autant de foie gras. En août dernier, ils ont proposé le mets défendu le jour de l’entrée en vigueur de la loi. Et tous les moyens sont bons pour contourner l’interdiction qui ne vise que la vente. Dans un restaurant, à ceux qui commandent en entrée des «tartines de pain grillé» à 20 dollars, le serveur apporte deux assiettes : une avec des toasts et une avec du foie gras, offert par la maison . Même subterfuge dans un autre établissement pour ceux qui choisissent un «homard spécial». Les défenseurs de la spécialité française se mobilisent : ils ont organisé une levée de fond la semaine dernière dans un restaurant français de Chicago pour financer les démarches juridiques engagées pour faire annuler le texte.
Aux Etats-Unis, seulement trois fermes produisent du foie gras. Une d’entre elles est située en Californie, où il sera interdit dans cinq ans de «nourrir de force» les volailles. Il faudra trouver un autre mode de production. Les deux autres fermes sont installées dans l’état de New York, et sont dans la ligne de mire des associations de défense des animaux. Des projets de loi interdisant le foie gras dans le New Jersey et l’état de New York ont été déposés avant d’être rapidement retirés, face à la pression des fabricants.
«La production de foie gras est plus vulnérable que celle du bétail ou de la volaille» souligne Ariane Daguin, fondatrice de D’Artagnan, une entreprise du New Jersey qui vend du foie gras et autres spécialités françaises. L’industrie a peu de moyens financiers pour se défendre et ne représente pas un enjeu économique important. «C’est une tactique politique pour satisfaire les végétariens» explique-t-elle.
Des procès aussi sont en cours, visant le département de l’agriculture de l’état de New York qui autorise un aliment «mauvais» pour la santé, ou visant directement les producteurs. Un des motif invoqués : la souffrance provoquée par l’idée d’avoir consommé du foie gras.
«Le foie gras est par définition le résultat d’une maladie. Il ne devrait pas avoir sa place dans une société humaine» explique Paul Shapiro, de Humane Society, une des organisations qui milite pour l’interdiction du foie gras. Et à ceux qui objectent que manger du foie gras devrait être un choix personnel, il répond : «Les canards, eux n’ont pas le choix d’être gavés ou pas.»
«Faux !» rétorque Ariane Daguin. «L’analyse prouve que les canards ne sont pas malades. Et le gavage est une reproduction de la préparation des canards à la saison de migration. Ils font des réserves de graisse pour affronter l’air froid des hautes altitudes.»
A Manhattan, une campagne «No foie gras» a été lancée en novembre dernier. La semaine dernière, ses activistes ont contraint le Fairway Market de l’Upper West Side à retirer une pancarte signalant le foie gras comme un des « meilleurs plaisirs gustatifs ».
Il n’empêche, le plat a la cote dans les restaurants new-yorkais qui sont nombreux à en servir. Bar Masa, le japonais chic de Columbus Circle propose même des sushis au foie gras. Au menu de Chanterelle actuellement : timbale de queue de bœuf et foie gras à l’anis étoilé, et foie gras poché au Sauterne. Le foie gras est un des rares plats qui figure toujours sur la carte. Selon le chef, qui est opposé à toute interdiction, c’est populaire et il en sert une dizaine par semaine.
Valentine's night
Ah, le 14 février, la Saint Valentin. La fête des amoureux. Et que fait-on le jour de la fête des amoureux? À en croire les carnets de réservation des restaurants de la ville, on mange. Une drôle d’idée qui consiste à choisir le jour où les restaus sont bondés de monde, le jour où tout le monde sait que la bouffe est par principe moins bonne que d’habitude pour célébrer l’amour, le ventre plein, l’estomac lourd, la panse lestée. Non non non, passez votre chemin devant les auberges annonçant le menu special lovers.
J’ai une suggestion absolument, incroyablement, terriblement originale à vous faire. Et si pour célébrer la fête des amoureux, vous faisiez l’amour? Waou !
Commencez par une mise en beauté express chez Completely Bare (littéralement totalement nue) avec un toilettage au sud de la ceinture, optez pour le Completely Bare with a Flare, où des petits brillants sont collés pour remplacer votre pilosité.
Vous n’avez pas besoin des pintades pour vous suggérer d’acheter de la lingerie. Ça va de soi, Valentines ou pas, vous en achetez tous les mois, ça va avec votre statut de Française femme fatale. C’est du moins ce que pensent les Américaines de vous.
Les bougies sont allumées, le champagne est servi. Vous voilà d’attaque pour une danse érotique avec votre lover. À en croire les dernières études, la nouvelle pratique tendance sous la couette à New York prend le chemin détourné du derrière. La boutique de jouets et d’accessoires sexuels Babeland offre un rayon entier baptisé butt stuff, et le sérieux New York magazine révélait il y a quelques semaines que les hétéros se livrent au anal sex en plus grand nombre.
La célèbre Tristan Taormino, (oui, oui, c’est une femme), auteur de The Ultimate Guide to Anal Sex for Women, répond au titre de Anal Advisor. Elle organise des séminaires (théoriques seulement) de sexe anal, au cours desquels elle apprend aux New-Yorkais à déverrouiller cette porte du plaisir.
Novices en la matière, procurez-vous son livre, une « bible du sexe anal pour les femmes» selon le site Internet salon.com. Toujours hésitantes, vous pouvez aussi inverser les rôles, il paraît que de plus en plus d’hommes aiment recevoir plutôt que de donner.
Et si tout cela ne vous tente pas vraiment, ne vous inquiétez pas, vous pouvez être sûres que dans quelques mois, la branchitude érotique new-yorkaise aura érigé la position du missionnaire en technique hipissime. En attendant, allez au restaurant !
Happy Valentine’s Day.
Completely Bare, 2 boutiques à Manhattan:
-764 Madison Avenue
New York, NY 10021
Tel: (212) 717-9300
-103 5th Avenue
New York, NY 10003
Tel: (212) 366-6060
Babeland, 2 boutiques à Manhattan:
-Lower East Side: 94 Rivington Street
New York, NY 10002
Tel: 212 375-1701
-Soho: 43 Mercer Street
New York, NY 10013
Tel: 212 966-2120
VOIR AUSSI: le spécial “Valentine’s day guide” de New York Magazine.
Le Lycée Français dans la course aux millions
Le commissaire-priseur Simon de Pury, marteau en main, alpague, s’égosille, court dans la salle. Un voyage en Argentine, un repas chez Daniel, un autre au Bernardin, etc. Dix, quinze, vingt-cinq mille dollars… Le commissaire-priseur adjuge, les prix s’envolent. Et le Lycée encaisse. D’après ses organisateurs, le gala du 2 février a permis de lever 1,4 million de dollars. C’est 300 000 dollars de plus que l’an dernier, soit 20 % d’augmentation.
Le gala du Lycée n’existe que depuis 8 ans. La première année, il n’avait permis de lever « que » 210 000 dollars. C’est principalement son déménagement, achevé en 2003, qui a amené le Lycée sur le terrain du fundraising. Le nouveau bâtiment, d’un coût de 95 millions de dollars, a été financé par emprunt. Depuis, l’établissement (qui est entièrement privé) est entré dans la cour des grands de la course aux millions. En 2005, il a lancé une campagne de donations de 12 millions de dollars, dont la moitié devrait être d’ores et déjà acquise d’ici à la fin 2007.
Révolution culturelle
La tendance concerne toutes les écoles privées new-yorkaises, en tout cas les plus prestigieuses, et montre que le Lycée français est bel et bien un établissement américain avant d’être français. « Nous faisons figure de modèle maintenant pour les lycées français d’Amérique du Nord » estime Arthur Moore, directeur du développement du Lycée. Une conférence réunissait samedi à Atlanta tous les établissements Français des Etats-Unis et du Canada « et les seuls qui font mieux que nous sont ceux qui ont une plus forte proportion d’Américains».
Car, pour les parents Français notamment, l’appel aux dons requiert une révolution culturelle. La tendance vaut d’ailleurs encore beaucoup de critiques à l’établissement, de la part de parents qui acceptent mal d’être sollicités pour le fundraising après avoir versé 18 000 dollars de frais d’inscription… Un tiers des parents d’élèves du Lycée sont Américains, les autres (Français pour un tiers, du reste du monde pour les autres) sont donc largement étrangers à la culture américaine du funraising permanent. « Arriver à rivaliser avec les écoles Américaines est donc un challenge », confie Arthur Moore. Environ 40 % des parents de l’école contribuent au « fonds annuel de participation », alors que cette part atteint « 80 voire 90 % dans d’autres écoles privées de l’Upper East Side ».
Pour « rééduquer » les parents français, le Lycée a donc mis en place une stratégie élaborée, confiant le fundraising à des parents « Français ou franco-américains, qui comprennent donc le fundraising et en même temps la culture française » dit Arthur Moore. L’an dernier, pour la première fois, une équipe de parents a fait une campagne d’appels téléphoniques pour relancer les coupables qui n’avaient pas « encore » donné. Ils ont, paraît-il, été très bien reçus…
C'est un "date" ou pas?
Dear Guillemette,
Youpi, je viens d’être invitée à dîner. Mais comment puis-je savoir si c’est un « date » ? J’ai peur de dater sans le savoir.
Carrie Bradchaud
Carie,
Il est plus facile de reconnaître ce qui n’est pas un date. Par exemple, si vous êtes invités en famille, ou si le repas comprend une projection powerpoint, ce n’est vraisembablement pas un date.
Si vous êtes invité par quelqu’un d’une sexualité compatible à la votre, s’il s’agit d’un tête à tête et s’il a lieu le soir, tous les date-warning clignotent. Mon amie Lin ajoute « si l’invitation vous donne l’impression qu’il y a eu un peu de boulot de planning en amont (invitation formelle, restau réservé etc…) », c’est probablement un date (par opposition à « t’as pas faim ? » lancé cinq minutes avant d’aller se commander des sandwichs, qui indique un non-date). En province, la phrase « je passe te chercher ? » est un bon date-indicator. A New York, elle ne fait rien d’autre que de confirmer qu’on vit serrés comme des sardines.
Mon amie Jenny me fait remarquer qu’on ne reconnaît souvent le date qu’à la fin. « S’il y a un léger malaise au moment de se dire au revoir », par exemple c’était probablement un date. Si vous vous réveillez chez la personne qui vous a invité et qu’il prend toute la couverture, c’était encore plus probablement un date.
Stacy souligne qu’on peut undater un date en cours de route. Par exemple, en insistant pour partager l’addition. Ou en lâchant une phrase comme « aaah it’s so nice to have real friends, I’m so tired of the dating scene… », ou « you should really meet my boyfriend ! » Vous pouvez encore proposer de se revoir dans une douzaine de semaines.
Bon courage Carie et n’oubliez pas que comme disait une collègue de bureau, on s’épile les jambes avant le quatrième date.
Guillemette
Pour vos questions sur la navigation de la vie américaine, [email protected]
Le Hall des Origines humaines
Rendez-vous dans le Hall des origines humaines ! J’adore ce nom : « Hall of human origins ». Nos ancêtres n’arriveront pas avant le samedi 10 février au American Museum of Natural History. Ils ont pris le temps d’arriver. Ils sont vieux de six à sept millions d’années et il a fallu pas moins de deux disciplines scientifiques, la génétique et la paléontologie, pour établir leur indéniable réalité. Leurs preuves respectives se renforcent l’une l’autre. Mais les religions révélées ont du mal avec l’évidence. Spécialement la branche idéologique du christianisme, autobaptisée « Intelligent Design » . La nouvelle exposition permanente répondra, avec ses moyens scientifiques, aux questions transcendantales : “Qui sommes-nous ?”; “D’où venons-nous ?” et aussi “Qu’est ce qui nous attend ?” …peut-être cela nous permettra-t-il de moins patauger dans les informations et connaissances 2007.
J’ai improvisé le rendez-vous dans ce muséee qu’il adore, avec mon gamin de dix ans. Il venait de me raconter, goguenard, l’odyssée de l’astronaute Novak qui, par passion amoureuse, avait parcouru 1000 miles d’une traite, entre le Texas et la Floride, munie de couches-culottes. Elle ne voulait pas s’arréter avant l’aéroport d’Orlando où elle devait kidnapper sa rivale. Elle était amoureuse du même homme qu’elle, un pilote de navette spatiale tout juste divorcé. Comment faire respecter la science aux gamins, quand les surhommes de la NASA se comportent comme de vils mortels ? L’histoire avait atterri sur sa chaîne spécialisée dans le sport. A quel titre ? Nasa, pilotage d’essais, course d’endurance …
L’air du temps est une gadoue (inondations de Djakarta ; affrontements interpalestiniens ; déclarations de Chirac sur le nucléaire iranien ; blocage du sénat américain sur la question irakienne …) et les grands froids balayent New York. J’ai l’impression de tracer des couloirs dans l’air glacé . Cela rabougrit mon imagination. Quand je passe devant la boutique de maillots de bain et de sous-vêtements au coin de la 8e et de University Place, j’ai encore plus froid. Nous nous retrouvons tout penauds dans l’ascenseur, emmitouflés comme des pingouins, déçus d’avoir pensé un jour que l’hiver n’était plus de saison. Nous sommes les « has been » du réchauffement global. Confusion météo.
Pour en rajouter au vide glaçant de l’air du temps, meurt tragiquement hier, Anna Nicole Smith, la plus célèbre des femmes célèbres …d’être célèbres ! Le présentateur du journal d’ABC, Charles Gibson, bredouille même que personne ne sait vraiment «pourquoi elle était si célèbre». Enfant pauvre, Playmate, danseuse … «La Marilyn trash des années 90» titre Libération …épouse d’un vieux milliardaire décédé après un mariage de 14 mois, animatrice de reality show, habituée des tribunaux américains …cela nous fait tous ricaner de célébrer ce vide pulpeux qui disparaît après 39 années d’existence. L’individu ne nous intéresse guère. La légende de Marilyn Monroe était, elle, du moins, basée sur un inimitable talent. Ici , nous contemplons le vertige d’une vie dérisoire dont les télés ont rempli nos écrans. Ce vertige consomme notre temps, sans égard pour d’autres vérités, ou d’autres vraissemblances. Entertainment oblige. Séquence du perpétuel spectateur. Les 15 minutes de célébrité, citées par Andy Warhol sont là devenues une vie. Une vie photogénique. Laissant dans son sillage un fils de 20 ans, récemment suicidé, et un nouveau-né, source de procés en paternité.
Il devrait faire peur le cas Anna Nicole Smith (nom de scène). Notre société sans vision, shootée aux mensonges publicitaires et politiques, n’est-elle pas devenue le dernier avatar de son Reality Show ?
Pendant ce temps-là, la Pub toute-puissante, brise tabou après tabou, nous dit un article en page Business du NYT (9 fev 07) suite au déferlement du Superbowl dimanche dernier. Les produits d’hygiène féminine, les préservatifs , les lubrifiants, etc. interpellent les consommateurs de manière de moins en moins discrète. Et cela marche. Chaque campagne scandaleuse voit la consommation des dits produits monter en flèche. L’article cite, entre autres exemples, le slogan de Clearblue Easy, un test de dépistage prénatal. L’image montre un objet futuriste sur lequel coule un liquide qui est clairement de l’urine. Une voix mâle déclame à ce moment-là : «Nous voilà avec l’objet technologique le plus sophistiqué sur lequel vous pourrez uriner !
»
Il n’est évidemment pas question, ni possible de revenir en arrière. Nous avons les fondamentalistes de tous poils pour préconiser le rétropédalage. Mais raison garder n’est pas l’ option la plus évidente, lorsque tout vous pousse à vous enrichir au plus vite, et qu’ être célèb’ devient la réponse la plus commune à la question « qu’est-ce que tu veux être plus tard ? » posée à un collégien .
Sur notre chère et francophone TV5 , crayon boiteux, le châtelain d’une forteresse du XIVème siècle, logée au fin fond du Massif central, énonce tranquillement :
« Les gens m’appellent « Marquis » pour des raisons de pérennité
». Ce terme de « pérennité » me laisse rêveur .
De ce côté-ci de l’atlantique cette pérennité coûte des millions de dollars et dure le temps d’un spot publicitaire !
Bye
PS : « Google » viendrait du « Finnegan`s wake » de Joyce … «googling lovvey»…dans le sens de «zyeuter» …allons googler. «Hall of human origins .com» , histoire de regarder le reality show des bactéries originelles. Allez savoir, elles nous diront peut-être l’avenir .
Le New York de Catherine Malandrino
L’éclatante boutique de Catherine Malandrino dans le dernier quartier à la mode de Manhattan est à la hauteur du rêve éveillé de la créatrice française. Dans ce jardin d’Eden, une promenade épouse la forme d’un vallon, croise le reflet d’un lac et passe sous une vague de pluie où
chacune des gouttes de verre de la taille d’une ampoule a été soufflée à la bouche. Au centre de la jungle urbaine de New York, la créatrice française d’origine italienne s’amuse à coudre ensemble plusieurs horizons. Elle crée ses collections comme une superposition d’influences et de cultures différentes, destinée à «des clientes féminines et urbaines, cosmopolites et citoyennes du monde», explique-t-elle. Ce n’est donc pas un hasard si l’énergie new-yorkaise a stimulé sa sensibilité humaniste et universelle et si la capitale du monde lui a offert en retour la reconnaissance méritée. «C’est la curiosité m’a poussée à New York, liée à deux coups de foudre successifs, l’un pour un homme, Bernard Aidan, qui est devenu mon partenaire et mon mari, et le deuxième pour New York, la ville du futur, où les gens et les genres se mélangent. C’est cette ville qui m’a nourrie de toute son énergie et que j’ai retraduit à travers mon premier médium, les vêtements.»
Après avoir signé les silhouettes de la marque « Et Vous » en France, Catherine Malandrino a connu une ascension fulgurante aux Etats-Unis. New York lui a ouvert ses bras en 1997, quand, enceinte de son fils, elle débarque avec pour tout bagage sa passion et son instinct. « Dès mon arrivée, j’ai eu l’impression de faire partie de la ville. L’alchimie s’est opérée au cours des tous premiers jours. Par goût, par passion, par choix, c’est à Manhattan que tout a débuté », évoque-t-elle avec satisfaction. Par amour du travail aussi.
A ses débuts, elle collabore de jour avec Diane Von Furstenberg et travaille de nuit à sa propre ligne, dans son studio de Midtown.Sa première collection, Collages, en 1998, est repérée par la presse, puis par le grand magasin de luxe Bergdorff Goodman qui lui offre ses vitrines pendant la semaine de la mode de New York. C’est l’effet boule de neige: les autres adresses du luxe new-yorkais la réclament : Neiman Marcus, Bendell lui ouvrent leurs portes. « A New York, il y a très vite un engouement, un enthousiasme».
Neuf ans plus tard, ses tenues fraîches et sensuelles font des ravages parmi les célébrités d’Hollywood et sont vendues dans 250 points de vente dans le monde.Son enseigne compte sept boutiques, dont quatre à New York et dans ses environs, une à Los Angeles, deux en Italie, à Milan et Florence, et depuis le printemps 2006, une adresse parisienne. Assise sur le divan en arc-en-ciel vert acidulé de sa vaste boutique new-yorkaise ultra contemporaine, sa longue chevelure noire lui effleurant le dos comme un voile de Madone, celle qui est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de 70 personnes vous explique, ses grands yeux droits dans les vôtres, qu’elle n’est pas surprise de se retrouver là. «J’ai voulu apporter une nouvelle proposition à une femme, qui soit à la fois ultra féminine mais urbaine, très raffinée mais avec un côté brut. Cette femme-là, avec sa garde-robe et son lifestyle, je l’aurais exprimée un jour ou l’autre, que ce soit à Paris ou à New York. Très forte de cette proposition, j’avance», confie-t-elle avec aplomb.
Confiante en sa bonne étoile, qui pourrait être une de celles du drapeau américain, la petite « Frenchie » a conquis le cœur de l’Amérique sans trahir son premier amour, le Vieux continent. « Je n’ai pas vécu le dépaysement comme une rupture. J’ai toujours une double vie avec Paris, en aller-retour. Je vis à New York huit mois par an, mais le reste de l’année, je suis en Europe.» En osmose avec le flux de vie de la métropole géante symbole de liberté, elle puise son inspiration dans cette ville frénétique et attachante, dans son architecture écrasante et éblouissante, dans les milliers de regards du melting-pot, dans le déroulement de ce film en continu qu’est l’histoire de New York. «Certaines icônes de la cité ont défini mon travail» dit-elle avec enthousiasme. En premier lieu, il y a le drapeau américain, ce « flag » qui a inspiré sa collection de l’été 2000. « Le drapeau aux Etats-Unis n’a pas la même symbolique qu’en France, où il a un petit côté patriotique désuet. Ici, il fait partie de l’identité américaine. L’« American flag » unit les Etats, mais aussi les états d’esprit.» Cette collection hommage à l’Amérique d’une petite française va propulser sa carrière. Son T-Shirt frappé de la bannière étoilée est adopté par une autre icône, Madonna en personne, qui le porte lors de sa tournée mondiale, imité ensuite par Julia roberts, Sharon Stone et Halle Berry.
Après ce baptême du feu réussi, Catherine Malandrino explore l’univers bouillonnant de Harlem et s’inspire notamment de l’Apollo Theater, la salle de concert mythique qui a lancé les géants du jazz et du bebop. Son voyage baigné de gospels dans ce Harlem coloré et populaire engendre « Halleluya », sa ligne de vêtements de l’hiver 2001. La même année, Catherine signe une garde-robe pour son amie la chanteuse hip-hop Mary J. Blige. Puis c’est le grand choc du 11 septembre, qu’elle vivra à Manhattan. «J’ai découvert une nation extraordinaire, qui, malgré l’émotion, renaissait de ses cendres après deux semaines, avec l’idée qu’il fallait continuer à aller de l’avant», relate celle qui porte une part de cet héritage douloureux commun aux New-yorkais. «J’ai approché la saison suivante d’une façon très inhabituelle pour moi. “Slam Princess”, dessinée après les attaques, était une collection très noire avec des silhouettes représentant des armures, une collection plus agressive et plus protectrice qu’à l’habitude».
Comme un rite de passage symbolique, respirer les cendres ardentes des tours jumelles a sans doute transformé Catherine Malandrino en vraie new-yorkaise. Depuis, elle s’est parfaitement lovée dans la peau de cette princesse des villes. Elle a réaménagé un appartement en loft lumineux le long de l’East River, « pour ne pas oublier que New York est une île mais qu’on y ressent un sentiment d’espace et de liberté.» Elle sillonne l’immense échiquier dans une Jaguar vieux modèle, entre ses bureaux de Midtown et ses boutiques de Downtown. «Ainsi, j’ai l’impression de voyager sur l’île, de vivre tout Manhattan,» explique cette âme nomade.
Adoptant les us et coutumes de la Jet-set américaine, elle aime prendre l’air dès les beaux jours avec son époux Bernard et leur fils sur les plages des Hamptons, ce paradis sablonneux à deux heures de New York, où elle possède deux boutiques. Celle qui avait l’habitude de s’évader à cheval dans Central Park monte maintenant dans ce bijou de nature, où Steven Spielberg possède un haras. L’été, elle part se reposer une semaine au soleil de Saint Paul de Vence, dans le sud de la France. Mais elle peut aussi s’envoler à destination des Bahamas pour le week-end, même si elle se décrit avant tout comme urbaine. « Ce sont les villes qui m’animent. Je me ressource à travers mes voyages, de Tokyo à Pékin, de New York à Paris ou Milan» .
De retour à Manhattan, elle reprend son souffle au célèbre club privé Soho House, son « cocon », situé à deux pas de sa boutique dans le très branché Meatpacking District. Elle organise ses rendez-vous,et tient ses déjeuners d’affaires à cette adresse très sélecte, où ont été tournés des épisodes de Sex in the City. Mais la créatrice en vogue y vient aussi en famille, pour passer un moment au bord de la piscine ou dans les espaces de relaxation, comme la bibliothèque ou la salle de projection privée. Elle retrouve alors ses clientes et amies comme Sarah Jessica Parker, Uma Thurman ou Mary J. Blige, membres comme elle de ce club VIP. « La Soho House est un lieu de rencontres et d’échanges qui illustre bien New York, avec son grand toit terrasse qui donne une vue sur Downtown».
Touchée par la grâce outre-Atlantique, Catherine n’a jamais renié pour autant ses racines françaises.Celle qui définit son style comme un mélange de tradition et d’innovation est aussi sensible à la romance de Paris qu’aux pulsations new-yorkaises. L’élégance française des actrices comme Catherine Deneuve dans « Belle de Jour » et Romy Schneider dans « La Piscine » est resté pour elle une référence immuable.Il était donc naturel que l’artiste métisse ait eu envie de se rapprocher de sa clientèle parisienne et européenne. « La femme que j’habille est autant à Paris, qu’à New York, à Tokyo ou à Bruxelles.C’est une femme qui voyage, qui est curieuse». Le style sans frontières de Catherine Malandrino fait escale à Paris, dans sa nouvelle boutique de la rue de Grenelle, au cœur du quartier Saint Germain, inaugurée au printemps 2006.
Dans les valises de cette créatrice voyageuse infatigable et exaltée, une première collection d’accessoires, avec une ligne de chaussures pour l’été et des sacs qui suivront à l’automne. Inlassable et toujours prête à se jeter dans des nouveaux projets créatifs, cette artiste polyvalente mute dans la peau de l’architecte d’intérieur pour transformer un palais renaissance italien du Quattrocento en hôtel de luxe. Une étape nouvelle qu’elle considère comme une extension naturelle à son travail de création. «J’imagine toujours la femme que j’habille dans son environnement, ce qu’elle vit, par qui elle est accompagnée, comment elle respire, les draps dans lesquels elle se couche, la façon dont elle dresse sa table». Pour ce somptueux projet hôtelier, Catherine Malandrino met tous ses sens en éveil pour penser l’aménagement d’intérieur des parties communes, bar, restaurant, entrée, ainsi que des suites de cette adresse exclusive, située entre le Dôme et la Chapelle Médicis de Florence. « Je reste très concentrée sur ma mission qui est celle de rendre la vie des femmes plus belle encore. C’est autour de ce dessein-là que je travaille, dans ma vie professionnelle comme dans ma vie privée».
Quel regard cette artiste complète et apparemment comblée porte-t-elle sur sa réussite? «Je considère ma vie comme passionnante et aussi en progression, « a work in progress». J’ai l’impression de dessiner ma vie comme je dessine mes robes, jour après jour. Ma vie professionnelle et ma vie privée sont imbriquées, c’est une vie à trois qui me ressemble et qui est notre plus belle œuvre».
Les Bonnes adresses new-yorkaises de Catherine Malandrino
Soho House
29-35 9th Ave. (at 13th street), Meatpacking district
212 627 9800/4766
« Ce club privé est ma deuxième maison »
Matsuri (Restaurant japonais)
363 W. 16th street (at 9th ave.), Chelsea
212 242 4300
Plats japonais délicieux dans une atmosphère « cool »
Pastis (Restaurant Franças)
9 9th Ave. (corner of little W. 12th street, Meatpacking
NY, NY 10014
212 929 4844
Pour un superbe brunch à la française
Florent (Restaurant français)
69 Gansevoort St. (between Greenwich and Washington Sts., 2 blocks south of 14th St.), Meatpacking.
212 989 5779
Pour les dîners tard dans la nuit et pour prendre un verre
PM (club)
50 Gansevoort St. (at Greenwich Street), Meatpacking
212 255 6676
Un club fréquenté par une foule intéressante et internationale
Pace Wildenstein Gallery
534 w.25th st. (between 10th and 11th avenues), Chelsea
212 929 7000 (Tues- Sat, 10am -6pm)
Pour de superbes expos photos
FIT Museum
FIT, 7th Ave., between 27th and 28th streets
212 217 5800 (Tues-Fri, 12pm -8pm, Sat 10am -5pm)
Pour des expos sur la mode
American Folk Art Museum
45 West 53rd St, (between 5th and 6th Avenues) Midtown
212 265 1040 (Tues – Sun, 10.30am – 5.30pm, Fri 10.30am – 7.30pm, closed Mondays)
Pour découvrir l’Amérique
Hell’s Kitchen Flea Market
West 39th Street from 9th – 10th Avenues, NY
212 243 5343 (Sat and Sun, 10am -6pm)
Pour des bonnes affaires vintage
Resurrection (Boutique vintage)
217 Mott Street (at Spring Street), Nolita
212 625 1374
Vintage des années 60-70
Marmalade (Boutique vintage)
172 Ludlow Street (near Houston Street), Lower East Side
212 473 8070 (open 1pm -9pm daily)
Vintage des années 50.
Screaming Mimis (Boutique vintage)
382 Lafayette Street (between E. 4th and Great Jones Street)
212 677 6464
Vintage des années 80.
Balduccis (Marché)
81 8th Avenue (at 14th street)
212 741 3700 (daily 9am -10pm)
Marché international où je trouve les meilleures délicatesses françaises
Abyssinian Baptist Church
132 Odell Clark Place (formerly w. 138th St.), between Adam Clayton Powell and Malcolm X Blvds, also known as 7th and Lenox Avenues, Harlem
212 862 7474
Pour de somptueux gospels
Apollo Theater
253 W. 125th St, Harlem
212 531 5300
Pour des concerts dans un cadre historique
Central Park – Ecole d’équitation
Claremont Stables, 175 W. 89th Street, Upper West Side
212 724 5100
Pour monter à cheval en plein Manhattan
Kiehl’s flagship store
109 3rd Avenue (between 13th and 14th Streets), Union Square
NY, NY 10003
212 677 3171
Où trouver mes produits de beauté favoris
Taxiboats (autour de Manhattan)
212 742 1969
La meilleure vue sur la ville