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Un concert de jeunes talents chez Albertine pour soutenir l’Entraide Française

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C’est un concert unique qui sera donné le vendredi 31 janvier à 6pm à la librairie française Albertine sur Fifth Avenue. Quatre jeunes musiciens interprèteront des compositions dont les auteurs sont également de jeunes talents. Des morceaux joués pour la première fois pour soutenir l’association L’Entraide Française dans sa mission d’assistance des Français en difficulté.

À cette occasion, l’auteure Clémence Boulouque présentera son dernier livre, « Le sentiment des crépuscules », et tous les participants pourront échanger autour du buffet.

Dans ses vœux de nouvelle année, Sylvie Epelbaum, la présidente de l’association, précise que l’Entraide Française a assisté plus de 100 personnes « dans le cadre de nos différents groupes : seniors, assistance exceptionnelle, back to school, scholarships ». La soirée du 31 janvier, le gala annuel et les dons constituent la seule source de revenus de l’association.

« Covering The New Yorker » : 100 ans d’illustrations iconiques à l’Alliance New York         

« Napoléon disait, ‘impossible n’est pas français’, moi je dis ‘impossible n’est pas l’Alliance’ ! » Tatyana Franck, Présidente de l’Alliance New York, ne cachait pas sa joie et sa fierté mardi 21 janvier, lors de l’inauguration de l’exposition « Covering The New Yorker » dans les locaux de l’institution culturelle française. Une grande première, puisqu’il s’agit de la première exposition consacrée aux unes du New Yorker dans l’histoire du magazine.

Françoise Mouly, Directrice artistique du New Yorker depuis 1993 © Anne-Laure Peytavin

Un regard français unique sur l’actualité mondiale

« Nos équipes ont réalisé un travail titanesque pour rassembler, en deux mois seulement, cent unes et archives du New Yorker et célébrer le centenaire de cette icône new-yorkaise. En tant que phare sur les cultures francophones, nous rendons ici hommage à un regard français unique sur l’actualité mondiale ». Elle fait bien sûr référence à Françoise Mouly, la directrice artistique du New Yorker depuis 1993, qui choisit soigneusement les couvertures illustrées devenues la signature du magazine hebdomadaire. Les grands noms de l’illustration ont signé les unes : Saul Steinberg, William Steig, Maira Kalman, Barry Blitt, Chris Ware, Kadir Nelson, Art Spiegelman, David Hockney… et Jean-Jacques Sempé bien sûr. Le dessinateur originaire de Gironde, décédé en aout 2022, a illustré à lui seul une centaine de couvertures, et quelques vinyls de sa signature sont exposés devant le Florence Gould Hall.

Ne pas réagir à toutes les actualités

« Il s’agit d’un travail collectif dont on ne voit en général que le résultat. Je suis ravie que soient montrés le travail de recherche, les dessins préparatifs et la patte de l’artiste, derrière chacune de ces œuvres », nous a confié Françoise Mouly, qui avait fait le déplacement pour l’événement.

Le New Yorker a une particularité depuis ses débuts : pas de titre, juste une couverture illustrée qui est soit en rapport avec l‘actualité du monde et les fêtes traditionnelles américaines, soit sont des paysages new-yorkais ou des traits d’humour. « Leur particularité est que l’on ne vous dit pas quoi penser. Ces couvertures déclenchent des émotions et sentiments, des préjugés parfois. Elles donnent à voir ce qui se passe en ce moment, mais on ne se force jamais à réagir non plus ».

Les couvertures du New Yorker sur Eustace Tilley © Anne-Laure Peytavin

L’influence des magazines d’humour français des années 20

À l’entrée, la première couverture du New Yorker, qui date du 21 février 1925, représente la célèbre caricature Eustace Tilley, un dandy qui étudie un papillon à travers son monocle. Un personnage qui prend des airs très sophistiqués, inspiré des magazines d’humour français, et qui sera ensuite repris tous les ans dans le New Yorker. Jusqu’à ce que Françoise Mouly modernise l’exercice à son arrivée, en confiant l’interprétation de cette icône à des artistes contemporains.

L’exposition évolue par thèmes. Tout d’abord, les illustrations de la Grosse Pomme, qui donnent à voir les excentricités, les scènes iconiques ou improbables qui font le quotidien de cette ville, toujours sous un regard frais et pointu. Comme un Cupidon, assis sur le bord d’un gratte-ciel avec son café, ses cigarettes, son donut et son arme à feu, qui surveille les passants avec des jumelles. Ou une femme en manteau de fourrure dans Central Park, poursuivie par un raton laveur mécontent.

Kadir Nelson devant la couverture non publiée du New Yorker sur Kamala Harris © Anne-Laure Peytavin

Un média plus engagé depuis les années 90

Elle se poursuit avec les événements mondiaux qui ont marqué ces dernières décennies. Alors que le magazine avait choisi des Unes sages et picturales pendant plusieurs décennies, le changement de management a conduit à un style plus engagé dans les années 1990. Des couvertures qui ont créé la controverse, comme celle d’Art Spiegelman – le mari de Françoise Mouly, et auteur de la célèbre BD Maus –  montrant un juif hassidique en train d’embrasser une femme noire en 1993. Mais aussi la couverture coup de poing après la mort de George Floyd en 2020, intitulée « Say their names » et réalisée par Kadir Nelson.

C’est ce même artiste qui avait réalisé la Une prévue en cas de victoire de Kamala Harris à la dernière élection présidentielle. Un portrait de la Vice-Présidente avec le doigt de la justice levé, et sur elle des représentations des avancées de justice sociale. Une couverture qui n’aura jamais vu le jour, et présentée en exclusivité lors de cette exposition.  « J’étais en train de travailler dessus le soir de l’élection et vers 9.30 pm, j’ai su que cela ne servait à rien. J’ai voulu l’exposer en grand format ici et laisser un petit exemplaire insignifiant de la vraie Une ». Un profil sombre d’un Donald Trump menaçant, portant de la fumée en lui.

Unes du New Yorker à l’exposition « Covering The New Yorker » © Anne-Laure Peytavin

Créer une connexion avec le lecteur

Outre l’actualité, le New Yorker donne page blanche aux artistes pour mettre en dessin leur vision très personnelle et leur ressenti d’une époque, et surtout créer une connexion avec le lecteur. Les faire rire et sourire aussi, comme ces touristes affublés de t-shirts et autres produits dérivés Monet, en visite à Giverny. Leur seule consigne : « capturer ce qu’est être vivant en ce moment ». Un parti pris qui fait des émules depuis un siècle maintenant, et c’est loin d’être fini.

Cocktails, cuisine et vinyles à New York

Depuis plusieurs années maintenant, les vinyles regagnent en popularité auprès des audiophiles, des collectionneurs et des jeunes amateurs de musique. La tendance générale vers le vintage et le rétro, dans la mode et dans le design, contribue largement à cette popularité et on voit de plus en plus de coffee shops, de bars et de restaurants s’équiper de platines pour remplacer la musique numérique. Apercevoir le Dj choisir ses morceaux, aller jusqu’à lui faire des suggestions parfois, ça ajoute quelque chose à l’ambiance du lieu.

On a testé 5 adresses dans différents quartiers de New York où vous pourrez dîner, boire un verre tout en écoutant des bons disques. 

Studio 151

Studio 151. © Olivia Garcin

Le Studio 151 est un bar à sushis situé dans un ancien speakeasy d’Alphabet City, au dessus du Nublu, club de Jazz très connu dans le quartier. Dans un environnement cosy à la lumière tamisée, influencé par les bars d’écoute japonais, la très bonne sélection de vinyles est la toile de fond pour déguster les nigiri et temaki handrolls du chef, complétés par un bon saké. Studio 151, 151 Avenue C. (Second floor).

Mono Mono

Mono Mono ©Olivia Garcin
Mono Mono. © Olivia Garcin

C’est cette magnifique fenêtre ouverte sur la rue remplie de fleurs qui a attiré notre attention cet été et qui nous a emmené à l’intérieur pour découvrir ce restaurant coréen situé en plein cœur de l’East Village. Il abrite une collection de plus de 30 000 disques vinyles qui tapissent littéralement les murs de l’établissement, et ça vaut vraiment le coup d’œil. Le plat signature du restaurant, des ailes de poulet frites à choisir épicées ou non, avec une sauce ssamjang à base de soja, accompagné des sons du Dj qui enflamme le lieu, vous garantissent une soirée animée. Mono Mono 116 E 4th St.

Eavesdrop

Eavesdrop. © Max Lemoine

Eavesdrop est un bar à cocktails situé à Greenpoint où on peut également boire du vin naturel, de la bière locale et partager des assiettes entre amis dans un espace conçu pour les amateurs de son. On aime le bois blond qui encadre un espace intime qui s’inspire non seulement des bars de jazz de Tokyo mais aussi du concept simple de profiter de la bonne musique de Dj’s qui se succèdent . Eavesdrop 674 Manhattan Ave.

Port Sa’id

© Port Sa’id

Port Sa’id est née, il y a plus de dix ans à Tel Aviv, d’une collaboration entre des passionnés de musique et le chef Israélien Eyal Shani, chef déjà bien connu ici depuis les ouvertures successives de plusieurs spots animés new-yorkais (HaSalon, Miznon et Shmoné) tous importés depuis leurs emplacements d’origine en Israël. C’est un restaurant ouvert à tous, où les grandes tablées sont les bienvenues, et qui combine les sons d’un bar musical à une nourriture créative. On a également beaucoup aimé le petit bar très intime situé à l’entrée. Port Sa’id 88 King St.

All blues

All Blues ©Olivia Garcin
All Blues. © Olivia Garcin

On a découvert dans le quartier de Tribeca ce « Musiquarium » très discret de l’extérieur, en mode speakeasy, à l’atmosphère intimiste où la musique et l’écoute vont légitimement de pair. En effet ici, il faut laisser la musique être la conversation, chuchoter en sirotant son cocktail accompagné de mets japonais, pour apprécier à sa juste valeur l’expérience audio high fidelity de ce bar tokyoïte. Le propriétaire, lui-même japonais, a recréé ici un « Jazz Kissa » où la musique jazz est jouée pour une écoute dédiée. Il nous partage son incroyable collection de disques dont un certain nombre sont signés par les artistes. Petit comité recommandé… dans un Kissa, la socialisation étant moins la priorité que l’écoute. All Blues 87 Walker St.

Tokyo Record Bar

© Tokyo Record Bar

Tokyo Record Bar est un restaurant au menu dégustation ou vous ne choisissez pas ce que vous allez manger mais la bande son que vous allez écouter parmi des vinyles soigneusement sélectionnés. Ils ont aussi un bar situé au premier étage qui propose du bon saké et des bouchées légères du chef Aki Iwaki (anciennement de Bohemian). Tokyo Record Bar, 127 Macdougal Street.

Publié le mai 2024. Mis à jour le 23 janvier 2025.

Disparition d’André Soltner, pionnier de la cuisine française à New York

C’est une page de l’histoire de la cuisine française à New York qui se tourne avec la disparition d’André Soltner. Le 19 janvier dernier, le chef franco-américain d’origine alsacienne s’est éteint dans un hôpital de Charlottesville, avec sa compagne depuis 8 ans, Maryvonne Gasparini, à ses côtés. Il avait 92 ans. L’émoi suscité dans le monde de la gastronomie atteste de son empreinte à New York. « J’ai été prévenu personnellement, je le connaissais très bien, je suis un peu sous le choc car il avait encore dîné au restaurant quelques mois plus tôt » se souvient Gabriel Kreuther, chef éponyme du restaurant doublement étoilé à Bryant Park. « Au-delà d’un confrère, c’était un chef iconique de New York, un pionnier. C’est lui qui a ouvert la voie de la cuisine française à New York avec son restaurant Le Lutèce. On était d’autant plus proches qu’on venait de la même région. D’ailleurs, il ne disait pas qu’il était français, il disait qu’il était alsacien. »

Daniel Boulud, le chef français à la tête de Daniel et de plusieurs établissements à Manhattan, s’est également dit choqué : « André a été une inspiration pour toute une génération de chefs français dont je fais partie. Au-delà de sa rigueur et de son excellence en cuisine, c’était un grand homme, généreux et dévoué. Il va beaucoup nous manquer. » Sur son compte Instagram, Éric Ripert, chef du Bernardin, 3 étoiles à Manhattan, écrit : « Le chef André Soltner a défini une époque de repas à New York et a changé à jamais notre façon de penser la cuisine française. »

Au Lutèce, 40 ans d’excellence française

Premier chef français à connaître le succès dans la Grosse Pomme avec l’ouverture du Lutèce, en février 1961, au 249 E. 50th Street, André Soltner n’a jamais cessé d’incarner l’excellence culinaire à la française jusqu’en 1994, date à laquelle il décida de raccrocher son tablier. De ce lieu iconique considéré pendant longtemps comme le meilleur restaurant français de Manhattan (il a fermé en 2004), les clients se souviennent de l’ambiance intimiste et de la sympathie du maître des lieux, mais aussi de Simone, l’épouse du chef qui accueillait les convives et gérait les additions. « J’y ai fêté mes 30 ans, se souvient Daniel Boulud. Je garde encore un souvenir ému de mon dîner et notamment de son soufflé mais surtout, c’est le cadre chaleureux sans être guindé, le côté intime et personnel comme si on était chez quelqu’un qui m’avait marqué. On s’y sentait bien. »

Un lieu d’autrefois, au faste suranné, nappes blanches et plats classiques : quenelles de brochet, sole meunière, filet mignon en croûte de brioche, qui attirait une clientèle de gourmets. « Il incarnait la cuisine bourgeoise française. La vraie cuisine, une cuisine généreuse, traditionnelle mais aussi très technique. Un jour, il m’a fait un magnifique compliment en me félicitant sur mes sauces et mes jus. J’aime à penser qu’avec les autres chefs étoilés de New York, on incarne un peu la relève de cette cuisine française qu’il défendait », témoigne Christophe Bellanca, chef de l’établissement étoilé Essential by Christophe, Upper West Side. Et d’ajouter : « Il était extrêmement bienveillant, sans cesse à donner des conseils notamment aux jeunes cuisiniers. »

Un chef loin du star system

André Soltner en 2024 au restaurant Essential By Christophe © Christophe Bellanca

Plusieurs fois décoré, Meilleur Ouvrier de France, Légion d’honneur, Officier du Mérite National, Chevalier du Mérite agricole mais également titulaire d’un prix pour l’ensemble de sa carrière décerné par la prestigieuse Fondation James Beard, André Soltner s’était mis au service de la jeune génération en intégrant l’American Institute of Wine & Food et l’Institut culinaire français. Le chef restait toutefois un personnage accessible, humble, minimisant les louanges. « Fondamentalement, je suis un cuisinier », déclarait-il à Nation’s Restaurant News en 1987. « Nous ne sommes pas des stars ». La scène culinaire new-yorkaise est pourtant unanime pour dire qu’elle en perd une avec la disparition d’André Soltner.

Ils ont tout perdu dans l’incendie d’Eaton à Altadena

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Nicolas Husson et Catherine De Pauw habitent les États-Unis depuis 24 ans dont 18 à Los Angeles. Dans la nuit du 7 au 8 janvier, le couple belge et leur fils Martin ont dû évacuer leur maison pour fuir l’incendie d’Eaton, à Altadena. Les flammes ont tout ravagé, il ne reste que des ruines et des cendres.

Les Francophones ont raconté à Déborah Laurent la nuit où leur vie a basculé. Et l’après : le silence des assurances; la reconstruction qu’il faudra faire sur les cendres de leur ancien foyer, même si le cœur n’y est pas; la guerre pour retrouver un logement temporaire… 

Les prochains mois s’annoncent difficiles pour la famille Husson. Pour les aider, une cagnotte GoFundMe a été lancée, à retrouver ici.

Instagram will load in the frontend.

Bourses scolaires 2025-2026 à Los Angeles : Dimanche 16 février, date limite pour déposer son dossier

Le consulat général de France à Los Angeles a ouvert sa première campagne des bourses scolaires pour la rentrée 2025-2026 et la date limite de l’envoi des dossiers, par mail ou par courrier, est fixée cette année au dimanche 16 février, soit une semaine plus tard que l’an dernier.

Les familles résidant dans la circonscription consulaire de Los Angeles peuvent envoyer leurs dossiers par courrier sécurisé via la plateforme Scolaide. Mais attention, un entretien est obligatoire si c’est la première fois que vous effectuez une demande :

  • pour les enfants scolarisés au Lycée Français de Los Angeles et au Lycée International de Los Angeles, l’entretien est en personne au consulat (1 seul créneau de rendez-vous par famille, seule la présence d’un des deux parents est nécessaire). 
  • Pour les enfants scolarisés en dehors de Los Angeles, un entretien téléphonique sera programmé. Il faut donc prendre rendez-vous le plus tôt possible, même si votre dossier n’est pas encore complet, en adressant une demande par email à l’adresse suivante : [email protected].

Rappelons que ne peuvent bénéficier d’une bourse que les enfants (de la maternelle à la terminale) qui remplissent les critères suivants :

  • être inscrits ou en cours d’inscription dans un établissement homologué par l’AEFE. Seuls les cursus français de ces établissements sont éligibles et non les cursus internationaux IB
  • être de nationalité française 
  • être âgés d’au moins trois ans au cours de l’année civile de la rentrée scolaire
  • ne pas avoir plus d’un an de retard en primaire et plus de deux ans de retard dans le secondaire
  • résider avec au moins l’un des parents dans la circonscription consulaire de Los Angeles
  • être inscrits au registre mondial des Français établis hors de France, tout comme la personne qui effectue la demande de bourses (père ou mère) 
  • La famille ne doit plus percevoir de prestations familiales de la part de la CAF (un certificat de radiation est requis pour les familles dont les enfants ont résidé en France)
  • Les agents de droit public (y compris contractuels) en poste à l’étranger ne sont pas éligibles au dispositif.

Le conseil consulaire des bourses se réunira une première fois au printemps. Il émet un avis et fait des propositions soumises à l’avis de la Commission nationale des Bourses qui se réunit à Paris en juin.

Histoire, patrimoine et légendes : 3 jours à Saint Augustine en Floride

Avec ses 460 ans d’histoire, Saint Augustine s’affirme fièrement comme la plus ancienne colonie européenne habitée en continu aux États-Unis. Fondée en 1565 sur la côte nord-est de la Floride, cette doyenne a vu le jour 42 ans avant l’établissement de Jamestown, en Virginie, et 55 ans avant l’arrivée des Pères pèlerins à Plymouth, dans le Massachusetts. Après près de deux siècles sous domination espagnole, une parenthèse britannique, puis un bref retour sous l’égide de l’Espagne avant son intégration aux États-Unis au tournant des années 1820, cette cité historique célèbre la richesse de son passé. French Morning vous invite à apprécier son charme intemporel – parfois ponctué d’une touche de kitsch assumé – lors d’une escapade de trois jours.

Jour 1 : Au cœur de l’histoire

St. George Street © Grégory Durieu

Cet héritage se révèle dans le quartier d’Old City, où cette bourgade de 15 000 âmes a vu s’élever ses premières constructions au style colonial espagnol, avec leurs toits en tuiles ocre, leurs murs blanchis à la chaux et leurs cours intérieures fleuries de bougainvilliers. Sur St. George Street, une artère piétonne bordée de galeries d’art, de cafés et de boutiques pittoresques, les badauds croisent l’Oldest Wooden Schoolhouse, la plus vieille école en bois encore debout aux États-Unis. Érigée au début du XVIIIe siècle, cette modeste bâtisse témoigne des conditions d’enseignement d’autrefois.

Castillo de San Marcos © Grégory Durieu

Après une halte au Castillo de San Marcos, la plus ancienne fortification du pays, qui veille sur les eaux bordant Saint Augustine depuis plus de trois siècles, le Colonial Quarter prolonge cette immersion historique avec ses fidèles répliques de vieilles bâtisses où l’âme des pionniers semble planer. Forgerons et menuisiers en habits d’époque, soldats maniant le mousquet et autres démonstrations captivantes animent ce musée à ciel ouvert, retraçant avec brio l’ère coloniale espagnole et britannique. Depuis une tour de guet, une vue imprenable sur la ville vous attend, avant de trinquer avec une sangria et de savourer des plats inspirés des recettes d’antan dans une taverne authentique.

Cathedral Basilica of St. Augustine © Grégory Durieu

Vos pas vous conduiront ensuite à la Plaza de la Constitución, la toute première place publique du territoire américain, aménagée dans les années 1570. Ce havre ombragé de chênes centenaires, orné d’un kiosque et de statues commémoratives, est dominé par la Government House, ancienne résidence des gouverneurs espagnols devenue musée, et par la majestueuse Cathedral Basilica of St. Augustine, qui mêle influences hispaniques et néoclassiques. Siège de la plus vieille paroisse catholique du pays, établie aux premiers jours de la ville, l’actuel édifice, inauguré en 1797, a été élevé au rang de basilique mineure par le pape Paul VI près de deux siècles plus tard.

Jour 2 : Splendeurs architecturales

Flagler College © Grégory Durieu

Attirant tous les regards, le somptueux Hotel Ponce de León, joyau du patrimoine architectural local, doté de vitraux signés Louis Comfort Tiffany, plonge les curieux dans un décor hispano-mauresque évoquant l’Andalousie. Conçu dans les années 1880 par le duo new-yorkais John Merven Carrère et Thomas Hastings pour le magnat des chemins de fer Henry Flagler, ce palace a accueilli des hôtes prestigieux, parmi lesquels John Jacob Astor, passager le plus fortuné du Titanic, John Davison Rockefeller Jr., héritier de la célèbre dynastie, et plusieurs présidents américains, dont Grover Cleveland et Theodore Roosevelt. Aujourd’hui intégré au Flagler College, une institution universitaire réputée, cet édifice se découvre lors de visites guidées menées par des étudiants.

Lightner Museum © Grégory Durieu

Sur le trottoir opposé, l’Alcazar Hotel, autre chef-d’œuvre des mêmes architectes, incarne l’élégance de la fin du XIXe siècle. Fermé durant la Grande Dépression, cet ancien hôtel d’Henry Flagler a été racheté en 1946 par Otto C. Lightner, éditeur de Chicago et collectionneur passionné, qui l’a transformé en écrin pour ses précieuses acquisitions. Ce bâtiment abrite désormais le Lightner Museum, un fascinant cabinet de curiosités où, sur trois étages, se déploient sculptures en marbre, artefacts autochtones, oiseaux naturalisés, instruments de musique mécaniques et mobilier d’époque.

© Villa Zorayda

Non loin de là, la Villa Zorayda, inspirée du palais de l’Alhambra à Grenade, en Espagne, reflète l’excentricité de son ancien propriétaire, le millionnaire bostonien Franklin Webster Smith. Construite à la fin du XIXe siècle, cette structure tape-à-l’œil, désormais convertie en musée, renferme une collection éclectique d’objets d’art, tapisseries anciennes et trésors orientaux, dont l’intrigant Sacred Cat Rug, un tapis vieux de plus de 2 400 ans, réputé avoir été tissé avec les poils de chats qui arpentaient jadis les rives du Nil en Égypte.

Jour 3 : Mythes et folklore

Fountain of Youth Archaeological Park © Grégory Durieu

Votre voyage dans le temps se poursuivra au Fountain of Youth Archaeological Park, supposé être l’endroit où Ponce de León, explorateur espagnol du XVIe siècle, aurait, selon la légende, cherché la mythique fontaine de jouvence. Bien qu’une fontaine y coule effectivement, goûter à son eau légèrement soufrée relève davantage de la curiosité que du miracle : aucun visiteur téméraire n’a encore rapporté d’effet prodigieux, mais l’espoir, dit-on, fait vivre. Malgré une mise en scène quelque peu surannée, les reconstitutions immersives, les artisans en costumes d’époque et les spectacles interactifs ravissent petits et grands.

Old Jail © Grégory Durieu

À quelques pas, la Old Jail vous plonge dans un univers carcéral d’un autre temps. Construite à la fin du XIXe siècle, cette ancienne prison servait également de résidence au premier shérif de la ville, Charles Joseph Perry, un colosse de près de deux mètres surnommé « la terreur ». Un guide, déguisé en détenu, vous mènera à travers les cellules austères tout en partageant anecdotes et récits sur les conditions de détention de l’époque.

Aviles Street © Grégory Durieu

Sur la discrète Aviles Street, considérée comme la plus ancienne ruelle du pays tracée au début du XVIIe siècle, le Spanish Military Hospital Museum révèle les pratiques médicales, parfois effrayantes, de l’ère coloniale : amputations, sangsues et autres méthodes redoutées y sont expliquées dans le détail. Âmes sensibles, s’abstenir. Pour une touche plus légère, cap sur le St. Augustine Pirate & Treasure Museum – à mi-chemin entre musée et parc d’attractions – pour découvrir l’épopée des flibustiers qui écumaient les mers grâce à des artefacts authentiques ainsi que des expositions ludiques.

Bourses scolaires 2025-2026 : Rendez-vous obligatoire au consulat à Miami

Le Consulat général de France à Miami a lancé sa première campagne des bourses scolaires pour la rentrée 2025-2026, avec une nouveauté cette année : le dépôt des dossiers doit se faire obligatoirement en personne, au Consulat, lors d’un entretien avec une personne du service des affaires sociales – seule la présence d’un des deux parents est nécessaire. La date limite pour déposer les dossier est fixée au vendredi 21 février.

L’AEFE a annoncé l’ouverture prochaine, d’ici à mi-janvier, d’une nouvelle plateforme baptisée Scolaide, pour aider les familles dans leurs démarches. Scolaide devrait permettre de déposer les dossiers en ligne. En attendant sa mise en place, il est conseillé de prendre rendez-vous avec le service social dès le 13 janvier et préparer l’entretien. Pour prendre rendez vous, écrire à : [email protected]

Pour rappel, peuvent bénéficier d’une bourse, au sein de la circonscription consulaire de Miami, les enfants scolarisés dans un établissement relevant de l’AEFE et qui remplissent les critères suivants :

  • être de nationalité française
  • résider avec leur famille (père et/ou mère, tuteur légal)
  • être inscrits au registre des Français établis hors de France, tout comme la personne qui effectue la demande de bourse (père, mère, tuteur)
  • pour ceux inscrits dans une école maternelle, être âgés d’au moins trois ans au cours de l’année civile de la rentrée scolaire
  • fréquenter un établissement homologué par le ministère de l’Éducation nationale ou, à titre dérogatoire, en cas d’absence, d’éloignement ou de capacité d’accueil insuffisante d’un établissement homologué, un établissement dispensant au moins 50% d’enseignement en français
  • fréquenter les cours régulièrement
  • au-delà de l’âge de scolarisation obligatoire (16 ans), ne pas avoir un retard scolaire de plus de 2 ans (excepté ce cas, l’attribution d’une bourse n’est pas subordonnée aux résultats scolaires).

Le conseil consulaire des bourses se réunit une première fois au printemps. Il émet un avis et fait des propositions soumises à l’avis de la Commission nationale des Bourses qui se réunit à Paris en juin. Les familles sont ensuite avisées individuellement par courrier de la décision prise par cette commission.

Publié le 8 janvier 2025. Mis à jour le 22 janvier 2025.

L’euro affaibli : Vers la parité avec le dollar ?

Les taux de change font en général les délices des économistes qui consacrent beaucoup de temps à leur impact sur la croissance, les exportations, les importations, les mouvements de capitaux. À HEC au début des années 2000, nous avions déjà en majeure économie un cours spécialisé sur le sujet, en anglais, à forte orientation salle de marchés. Mais pour les expatriés français aux États-Unis et les binationaux, qu’ils aient toujours du patrimoine en France/zone euro ou non, ces taux de change ne sont pas qu’un sujet financier ésotérique. Le taux euro/dollar régit nombre de leurs décisions d’investissement et d’épargne, leur quotidien, celui aussi de leurs vacances en Europe ou même des visites de leur famille aux États Unis.

Alors que récemment, la monnaie européenne touchait un point bas en dix ans à près de 1 euro pour 1,03 dollar, mes parents me faisaient remarquer que lors de leur premier voyage pour me rendre visite aux États Unis, à la fin de l’été 2003, le taux de change était à ce même niveau. En effet, après le lancement de l’euro à un cours inférieur au dollar dans les années 90 durant mes premières années aux États-Unis, jusqu’à la crise financière, nous avions tendance, modulo les frais de transaction, à valoriser un dollar pour un euro dans la vie quotidienne. Il y avait du coup peu d’arbitrages possibles au niveau patrimonial entre les deux pays. 

Lors de la crise financière, pendant deux ans, la confiance en l’économie américaine s’est écroulée et, à un certain point, l’euro s’était envolé à 1,60$. Passer Noël en Europe, pour nous expatriés français, devenait onéreux, surtout que beaucoup d’entre-nous perdions nos emplois ou se sentaient menacés, particulièrement dans les secteurs bancaire, financier et immobilier. À l’inverse, nos amis et familles se sentaient subitement pousser des ailes pour venir régulièrement nous rendre visite. Malgré la différence de pouvoir d’achat, de richesse et de salaires entre les deux continents, globalement entre 2008 et 2012, le taux de change compensait tout cela. 

Les expériences monétaires de quantitative easing et création monétaire, des deux côtés de l’Atlantique, et encore plus d’hélicoptère monétaire lors du Covid, ont finalement aplati la volatilité du cours de change au cours des dix dernières années. Dans les affaires ou pour les vacances, nous nous sommes habitués, peu ou prou, à un taux d’équilibre de 1 euro pour 1,2 dollar. Assez pratique pour le calcul mental, ce taux a permis à des Français installés aux États-Unis de participer encore, par exemple, au boom immobilier français et, à des entreprises françaises, de recruter et investir aux États-Unis. En tout cas, jamais le taux de change n’a été cité comme obstacle. 

Cette situation a changé au cours des dernières années, avec un équilibre rompu en faveur des expatriés français installés sur le sol américain. D’abord, si la poussée inflationniste a fait rage des deux côtés de l’Atlantique en 2022 et 2023, la progression des salaires fut plus importante aux États-Unis. Mais surtout la chute continue de l’euro, sur fond de détérioration économique du continent, a donné aux Américains et aux Français expatriés visitant la France un surcroît de 20% de pouvoir d’achat. L’Europe est devenue une destination peu onéreuse pour les Américains, alors que les États-Unis (devenue une des destinations préférées des Français au cours des 10 dernières années, notamment New York) paraissent hors de portée désormais pour une famille française. 

Avoir un patrimoine ou des économies en euros n’est plus un atout important pour faire des affaires ou s’installer aux États-Unis, en tout cas le bas de laine fond beaucoup plus rapidement que lors de la dernière décennie. Alors, peut-on s’attendre à un changement en 2025 ? Je suis loin d’être un spécialiste de la détermination des taux de change (malgré ce vieux cours à HEC !) mais cette année, du fait de la croissance atone de l’Europe, Christine Lagarde va continuer à baisser les taux d’intérêt, ce qui déprécie en théorie la monnaie. Jerome Powell aux États-Unis a prévu d’arrêter rapidement la baisse des taux actuelle, alors que la croissance est attendue à 2,7% (vs 0,9% zone euro). Avec une croissance trois fois plus forte et des capitaux qui rejoignent tous la zone dollar, à moins d’une forte pression de Donald Trump sur la Fed pour baisser les taux, l’année 2025 est clairement en faveur du dollar, qui devrait rapidement, au moins en début d’année, s’approcher de la parité.

(à l’heure où nous publions la tribune de Sébastien Laye, 1€ = 1,04$)

Chaque semaine, French Morning publie la tribune d’une personnalité, extérieure à la rédaction, sur des sujets transatlantiques variés, afin d’alimenter le débat d’idées. La tribune n’étant pas signée par la rédaction, elle ne reflète pas la position de French Morning. Si vous souhaitez contribuer et proposer un texte (600 à 1200 mots), merci de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected].

Divan d’ailleurs : Quand l’apprentissage d’une nouvelle langue est difficile

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Pour ce quatrième épisode de Divan d’ailleurs consacré à la psychologie en expatriation, Nicolas Cauchy rencontre Marianne Verbuyt (mais vous pouvez l’appeler Yayane), Pedagogical Director, Tutor et fondatrice de MAK, un regroupement de compétences en soutien scolaire. 
Ensemble, ils évoquent les expériences des enfants en grande difficulté d’apprentissage, les différences culturelles qui nourrissent l’enseignement des deux côtés de l’Atlantique et leur passion commune pour le français. 
Bonne écoute !

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Expatriation et mariage : le régime matrimonial à l’épreuve des frontières franco-américaines

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[Article partenaire] L’expatriation transforme la vie des familles à bien des égards, notamment sur les plans juridique et patrimonial. Mais qu’advient-il du régime matrimonial des époux lorsqu’ils franchissent les frontières ? Et comment les contrats de mariage sont-ils pris en compte dans un contexte international ?

Dans cet article, Emmanuelle Bonboire-Barthélémy, Charlotte Blanche, Capucine Mérigaud et Liv Vilara, du cabinet CM&A – Chauveau Mulon & Associés, apportent leur expertise sur ces questions complexes via leur service dédié aux expatriés, EXPATS by CM&A.

Le cas de Madame Vénus et Monsieur Mars

Reprenons l’histoire de Madame Vénus et Monsieur Mars – évoqué dans un article précédent – qui est un couple de Français marié en France, décident, après deux ans de vie commune, de s’installer à New York pour une opportunité professionnelle. Pendant 15 ans, ils y construisent une nouvelle vie, fondent une famille et accueillent leur fils Sirius. Leur séparation conduit Madame Vénus à retourner en France avec leur enfant, où elle souhaite engager une procédure de divorce.

La répartition des biens : devant le juge français ou le juge new-yorkais ?

En droit français, le tribunal saisi du divorce est compétent pour la liquidation du régime matrimonial – sujet développé dans un article précédent : Divorce et expatriation : compétences et lois applicables décryptées. Si Madame Vénus engage une procédure en France, les juges français auront compétence pour statuer. 

Toutefois, la longue résidence aux États-Unis peut compliquer la situation, car les juridictions new-yorkaises pourraient également se déclarer compétentes.

Cette double compétence ouvre pour Madame Vénus et Monsieur Mars la possibilité d’un choix stratégique : saisir un juge français ou américain selon les intérêts des parties. Par exemple :

  • Pour préserver un contrat de mariage français, que le juge américain pourrait écarter.
  • Pour rechercher une loi plus favorable, chaque juridiction appliquant ses propres règles internationales.
  • Pour des raisons de coûts ou de rapidité, les procédures variant selon les pays.

À noter que, selon le principe français de la priorité au premier juge saisi, il est crucial d’agir rapidement.

La répartition des biens sans contrat de mariage : selon quelle loi ?

Si le juge américain est saisi, la loi américaine sera appliquée. 

Devant le juge français en revanche, la loi applicable dépendra de la date du mariage et du pays dans lesquels les époux ont vécu : 

  • Mariages avant le 1er septembre 1992 : La loi du premier domicile commun des époux s’applique. Pour les époux VÉNUS-MARS, la loi française prévaudra, quand bien même ils ont ensuite vécu à New York pendant 15 ans.
  • Mariages entre le 1er septembre 1992 et le 29 janvier 2019 : La loi de la première résidence habituelle commune s’applique, avec une mutabilité automatique après 10 ans dans un autre pays. Dans ce cas, la loi française sera applicable pendant les douze premières années de leur mariage, puis la loi new-yorkaise deviendra applicable.
  • Mariages depuis le 29 janvier 2019 : La loi de la première résidence habituelle commune reste applicable, même après une longue expatriation. Dans cette dernière hypothèse, la loi française sera applicable et continuera de s’appliquer tout au long du mariage.

Ainsi, si les époux MARS-VENUS avaient immédiatement emménagé à New York après leur mariage, la loi américaine s’appliquerait, quelle que soit la date du mariage.

Loi française ou new-yorkaise : quelles différences ?

Régime légal par défaut

En l’absence de contrat de mariage, le régime matrimonial légal s’applique automatiquement. Toutefois, il n’existe pas de régime matrimonial universel : chaque pays définit ses propres règles.

  • En France : Le régime par défaut est celui de la communauté réduite aux acquêts. Tous les biens acquis pendant le mariage, ainsi que les revenus des époux, sont considérés comme communs et appartiennent aux deux. Lors de la dissolution du mariage, le juge partage le patrimoine commun en deux parts égales. Les biens acquis avant le mariage, ou reçus par héritage ou donation, restent propres à chaque époux.

Par exemple, si Monsieur Mars hérite d’une maison et que Madame Vénus finance des travaux importants, un calcul sera réalisé pour indemniser Madame Vénus, mais la maison restera un bien propre de Monsieur Mars.

  • À New York : Le concept de régime matrimonial tel qu’il existe en France n’est pas appliqué. À la place, le principe de l’equitable distribution repose sur une répartition flexible des biens matrimoniaux. Tous les biens acquis pendant le mariage sont présumés matrimoniaux, sauf ceux reçus par héritage, ou donation. Le juge a un pouvoir discrétionnaire important s’agissant de leur répartition et décide selon des critères d’équité, comme la contribution financière et non financière des époux, leurs revenus futurs ou les besoins des enfants. Contrairement à la France, la répartition peut ne pas être égale (par exemple, 75 % à l’épouse et 25 % au mari).

Par exemple, si la maison héritée par Monsieur Mars a été rénovée grâce aux investissements de Madame Vénus et sert de résidence principale à Sirius, le juge pourrait attribuer cette maison à Madame Vénus en raison de l’intérêt supérieur de l’enfant, et l’investissement réalisé par l’épouse.

Contrastes juridiques

Bien que les deux systèmes partagent des principes communs, notamment la prise en compte des contributions des époux, leurs approches diffèrent fondamentalement :

  • Rigidité vs Flexibilité
    • En France, la répartition des biens est strictement encadrée par le régime légal, avec peu de marge de manœuvre pour le juge. Chaque époux conserve ses biens propres, et les biens communs sont divisés en deux parts égales.
    • À New York, le juge dispose d’une flexibilité importante pour adapter la répartition des biens aux circonstances spécifiques, prenant en compte les besoins individuels et ceux des enfants.
  • Traitement des questions patrimoniales et compensatoires
    • En France, les questions de prestation compensatoire et de liquidation du régime matrimonial sont traitées séparément.
    • À New York, ces questions sont abordées conjointement dans le cadre de l’equitable distribution. Cela permet une vue d’ensemble mais peut complexifier les cas internationaux où des lois distinctes régissent le régime matrimonial et la prestation compensatoire (voir notre article précédent : Divorce et expatriation : compétences et lois applicables décryptées).
  • Poids de l’équité
    • Le droit français impose des règles strictes et prévisibles, même si la prestation compensatoire peut atténuer les déséquilibres financiers liés au divorce.
  • Le droit new-yorkais repose sur des critères d’équité plus larges, offrant une plus grande flexibilité mais introduisant davantage d’incertitudes pour les époux.

Contrats de mariage français et américains : reconnus à l’étranger ?

Les contrats de mariage français face au droit américain

Madame Vénus et Monsieur Mars signent un contrat de mariage de séparation de biens en France. Si Monsieur Mars engage une procédure devant un tribunal new-yorkais, ce contrat sera-t-il reconnu ?

Pour être valable à New York, un contrat de mariage français doit respecter des exigences locales, souvent absentes des contrats classiques français : 

  • Exigences de forme à New-York:
    • Conseils juridiques indépendants : Chaque époux doit avoir son propre avocat lors de la négociation et signature du contrat pour en comprendre les implications juridiques.
    • Formalités de signature : Les signatures doivent être reconnues devant un officier habilité, similaire aux actes immobiliers (“Acknowledgment”). La signature devant un notaire français peut suffire.
    • Traduction du contrat en anglais.
  • Exigences de fond à New-York :
    • Transparence financière (“financial disclosure”) : Chaque époux doit divulguer l’intégralité de ses biens et revenus.
    • Équité des clauses (“independant legal advice”) : Les dispositions déséquilibrées ou déraisonnables peuvent être invalidées par un juge new-yorkais, même si elles sont valables en droit français.

Un contrat non conforme sera souvent écarté par le juge new-yorkais au profit du principe d’equitable distribution. Pour Monsieur MARS et Madame VÉNUS, cela pourrait conduire  à une répartition des biens très différente d’un régime français de séparation de biens.

Une telle décision de l’État de New York qui écarte un contrat de mariage français de séparation des biens sera reconnue valide en France et produira ses effets. Pour l’empêcher, les époux MARS-VENUS auraient pu inclure dans leur contrat une clause d’élection de compétence désignant les tribunaux français comme compétents.

Les contrats nuptiaux américains en France

Madame Vénus et Monsieur Mars signent cette fois un contrat nuptial à New York. Si leur divorce est prononcé en France, le contrat sera-t-il reconnu ?

En principe, la France reconnaît les conventions matrimoniales étrangères conformes à leur droit local. Cependant, certaines clauses peuvent poser problème et sont susceptibles d’être écartées

  • Clauses financières : Une renonciation totale à la pension alimentaire pourrait être invalidée si :
    • Le contrat ne mentionne pas une loi étrangère autorisant cette renonciation.
    • Les époux résidaient dans un pays interdisant cette pratique au moment de la conclusion du contrat (comme la France).
    • La clause est manifestement déséquilibrée ou contraire à l’ordre public.
  • Clauses non financières : Toute disposition portant atteinte aux droits fondamentaux, comme une obligation médicale (ex. : vasectomie), sera écartée.

Un contrat nuptial américain respectant le droit local peut être reconnu en France, mais des clauses contraires à l’ordre public pourraient invalider tout ou partie de l’accord.

Naviguer dans le cadre juridique franco-américain demande une préparation rigoureuse. Que ce soit pour anticiper un contrat de mariage ou pour gérer une séparation, le cabinet CM&A – Chauveau Mulon & Associés et son service EXPATS by CM&A sont à votre disposition pour vous accompagner.

Note : les “articles partenaires” ne sont pas des articles de la rédaction de French Morning. Ils sont fournis par ou écrits sur commande d’un annonceur qui en détermine le contenu.

A la NRF à New York, les commerçants français entre attentisme et précautions

C’était une semaine avant l’investiture de Donald Trump, mais déjà on ne parlait que de lui. Venus à New York pour le grand raout du commerce, le salon de la National Retail Federation (NRF), les spécialistes français du secteur étaient, comme leurs homologues américains, tiraillés entre des prévisions plutôt roses pour l’économie américaine, et l’imprévisibilité du nouveau président américain. À la Retail Party de French Founders, dimanche 12 janvier, l’ambiance était surtout à l’attentisme : Donald Trump fera-t-il tout ce qu’il a dit ou s’agit-il d’une tactique de négociation ? « Nous devons couvrir nos arrières, explique la présidente d’une belle marque de mode américaine. Personne ne sait pour le moment ce qui va se passer. Si ces hausses des droits de douane se concrétisent, nous réagirons avec prudence, en observant ce que fait le marché. »

L’exceptionnalisme américain…

Une chose est sûre, tous les économistes sont d’accord pour prédire qu’il y aura cette année un « exceptionnalisme américain », avec une croissance beaucoup plus élevée que dans le reste du monde. Comme l’explique Joyce Chang, Global Head of Research chez JP Morgan, « les États-Unis seront le seul pays à revenir à des niveaux de croissance pre-COVID », avec une croissance du PIB attendue entre 2 et 2,5%, en légère baisse par rapport à 2024. L’inflation est en baisse, même si elle reste sticky (essentiellement dans le domaine des services), et le marché du travail est très sain, avec un chômage faible. Gregory Daco se félicite également de la hausse de la productivité, plus forte aux États-Unis qu’ailleurs, et conclut : « Nous avons l’une des économies les plus fortes que nous ayons jamais eue ! ».

Cette croissance exceptionnelle repose avant tout sur le dynamisme d’achat des consommateurs, qui (pour peu qu’ils détiennent des actifs aux États-Unis) se sont sensiblement enrichis depuis le début de la pandémie. Ainsi, la cuvée Black Friday de 2024 a vu des volumes de vente en hausse de 17% par rapport à l’année précédente, avec des pointes à 6000 transactions par seconde. Cette forte propension à consommer contraste avec l’attitude encore très pessimiste des Américains. Pour Gregory Daco, ce pessimisme vient du fait que les consommateurs comparent les prix d’aujourd’hui aux prix pre-covid… en oubliant que depuis le covid, les salaires ont augmenté de près de 22%.

… mais politiques migratoires et commerciales restrictives

Cette croissance au beau fixe ne concerne pas tout le monde aux États-Unis. Joyce Chang rappelle que 35% des Américains ne possèdent pas leur habitation et que près de 40% ne détiennent pas d’actions. Dans ce contexte, et grâce à une disponibilité du crédit élevée, une partie de la population a tendance à s’endetter pour subventionner son mode de vie, via les crédits à la consommation et autres cartes de magasin, provoquant des taux d’impayés à la hausse.

Au-delà de ces inégalités persistantes, les économistes identifient des facteurs de risque pour la croissance nationale. Au premier rang de ces facteurs, une politique restrictive sur l’immigration qui pourrait augmenter les salaires et affecter la productivité. Tous les économistes présents à la NRF sont d’accord pour dire qu’une politique de l’immigration plus restrictive viendrait affecter la croissance à long terme, et causerait des problèmes immédiats dans l’agriculture, l’agroalimentaire et la construction. « 80% des migrants illégaux travaillent », rappelle Gregory Daco, tandis que Sarah Wolfe, économiste senior chez Morgan Stanley, s’inquiète d’une baisse de l’immigration sur la croissance démographique du pays.

Deuxième gros facteur de risque : l’augmentation des droits de douane promise pendant la campagne par le nouveau président américain. « Les États-Unis menacent d’augmenter les droits de douane sur la Chine alors même que la part des États-Unis dans le commerce global a baissé et que les importations américaines de la Chine sont plus élevées aujourd’hui que sous la première présidence Trump. Certes il y a eu des politiques industrielles volontaristes de reshoring, par exemple pour les semi-conducteurs, mais ce reshoring est plus facile à dire qu’à faire dans de nombreux secteurs », explique Joyce Chang, qui s’inquiète des politiques de représailles des partenaires commerciaux lésés, et qui conclut : « les droits de douane, tels qu’ils ont été proposés sur le Mexique, le Canada et la Chine, se traduiraient par une hausse de l’inflation de 1% et une baisse de la croissance de 0.7% ».

Joyce Chang, Global Head of Research chez JP Morgan, NRF. © Marie-Barbe Girard

Attentisme et précautions chez les commerçants français

Dans ce contexte, comment les commerçants se préparent-ils aux possibles hausses des droits de douane ? Les Français n’ont pas oublié les mesures prises par Donald Trump sous sa première présidence, contre notamment des sacs à main, des vins, des produits de beauté, des confitures… L’inquiétude est palpable, et certains commerçants prennent les devants en augmentant leurs stocks. « Tous nos produits sont importés de France donc nous suivons la situation avec beaucoup d’attention. Nous sommes assez inquiets car c’est difficile de gérer une hausse des droits de douane, surtout pour des produits premium comme les nôtres, déclare un fabricant de produits fins français importés aux États Unis. Nous avons déjà vécu ce type d’actions par le passé donc nous nous préparons. À court terme, nous augmentons nos stocks sur place. Il faut que les diplomaties se parlent ! »

Mais accroître ses stocks est plus facile dans certains secteurs que dans d’autres. Dans la mode par exemple, il est très difficile de prévoir les tendances, et les marques n’ont souvent qu’une saison d’avance. De plus, augmenter ses stocks coûte cher, et ce ne peut être qu’une mesure de court terme.

Sous le premier mandat de Donald Trump, les importateurs américains avaient pris sur leur marge la grosse majorité des hausses de droits de douane. Pourront-ils faire de même cette fois ? Joyce Chang pense que la répercussion de ces augmentations sur les consommateurs sera plus élevée cette fois. Mais un dollar fort pourrait aider les commerçants européens à compenser une partie des droits de douane.

In fine, tout dépendra des produits qui seront visés. Sous Trump 1, les hausses se sont d’abord portées sur les produits de consommation intermédiaire avant de toucher les biens de consommation. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Devant une inflation pas encore totalement maîtrisée, Gregory Daco veut espérer que Donald Trump protègera peut-être les biens de consommation.

Retail Party de French Founders. © Marie-Barbe Girard

Enfin, la hausse des droits de douane pourrait, chez certains commerçants, précipiter quelques réflexions de reshoring. Ainsi, Jérôme Bermont, directeur financier de la division internationale chez Harper Collins Publishers (Groupe NewsCorp), nous explique : « De nombreux livres HarperCollins sont imprimés en Chine (dont les livres pour enfants et les Bibles) et le papier utilisé par les imprimeurs américains vient en bonne partie du Canada. Dans un marché où les marges sont faibles, deux options s’ouvrent à nous : répercuter les coûts sur les consommateurs – mais la sensibilité au prix est importante sur certaines catégorie de livres – ou réduire l’exposition à l’étranger. Nous avons déjà réduit le volume des impressions en dehors des États-Unis dans le passé. Une augmentation des droits de douane accélérerait probablement certaines décisions déjà à l’étude en interne ».

Mais encore une fois, le reshoring n’est une option que pour certains commerçants. Dans le luxe, changer de fournisseur n’est tout simplement pas une option : « Nos produits sont faits depuis plus de 100 ans avec des produits d’Italie, de Suisse, d’Allemagne… Nous ne changerons pas nos sources d’approvisionnement, droits de douane ou pas ! », nous déclare une belle marque de luxe Made in France. Chez les commerçants français présents aux États-Unis, l’heure est donc au Wait and see – avec l’espoir que, comme souvent en politique, la réalité économique prendra le dessus sur les discours de campagne.