French Morning renoue le contact avec ses French Boss. Et les mois à venir vont nous donner une photographie de l’état dans lequel la pandémie a laissé ces entrepreneurs français de l’étranger.
Et cette semaine, pour le 23ème épisode d’une série inaugurée en mars 2019, nous accueillons Marjorie Hamelin… Souriante comme elle l’était avant la pandémie. Parce-que, bien que toute jeune, sa société de service – dont l’activité s’appuie essentiellement sur la technologie – est sortie de cette période plutôt renforcée. Son activité de business development (mise en relation entre investisseurs et entrepreneurs) a même subi une réelle embellie. Jamais les conférences virtuelles n’ont été un frein à sa progression. Durant son confinement à San Francisco, Marjorie Hamelin a même embauché un collaborateur supplémentaire.
Listen to “Episode 23: Marjorie Hamelin” on Spreaker.
French Boss, épisode 23. Marjorie Hamelin: “Nous sommes des détectives”
Après “La Folie”, Roland Passot n’est pas prêt de raccrocher son tablier
Le 15 mars dernier, “La Folie”, le restaurant français le plus célèbre de San Francisco, servait son dernier repas, après 32 ans de gastronomie sur Russian Hill. Le lendemain, la Californie entrait en confinement, pour contrer l’épidémie de coronavirus. “Le bon dieu était au dessus de nous!“, s’exclame Roland Passot, le chef de “La Folie”. “Nous avions décidé de ne pas renouveler notre bail à son expiration, pour nous arrêter dans nos propres termes, au plus haut niveau. J’ai 65 ans cette année, et je veux commencer à vivre.”
Roland Passot peut en effet se vanter d’avoir une carrière bien remplie. Originaire de la région lyonnaise, il débarque aux Etats-Unis en 1979 pour travailler au “Français”, un restaurant situé à Wheeling, près de Chicago : “Jean Banchet, le chef du “Français”, était un peu le Paul Bocuse des Etats-Unis. Il m’a fait énormément travailler, pour 250 dollars par semaine. Ça me paraissait mirobolant à l’époque.” Après un détour par Los Angeles, puis San Diego, Roland Passot devient chef de cuisine au “Castel”, à San Francisco : “C’était un restaurant unique : je faisais venir mes haricots verts, mes fraises des bois, mes poissons de Rungis, avec parfois du foie gras dissimulé dans leurs ventres. La qualité était exceptionnelle, on recevait beaucoup de stars au Castel. J’étais jeune, et j’ai vite pris la grosse tête“, reconnaît-il maintenant. Une attitude qui lui coûtera sa place à la tête du French room, un restaurant gastronomique de Dallas : “Je pensais que j’étais intouchable, jusqu’au jour où je me suis disputé avec les propriétaires qui s’étaient plaints de l’attente. J’ai été foutu à la porte, escorté par des hommes armés.”
Roland Passot se lance alors dans une aventure culinaire différente, en montant une entreprise de traiteur. “On a servi le prince Charles, Ross Perot, le premier ministre chinois, mais la restauration me manquait tellement…” En 1988, une occasion se présente à lui à San Francisco: il reprend “La Camargue”, un restaurant français situé sur Polk street, et sa femme le rebaptise “La Folie”, car elle estimait qu’ouvrir un établissement à San Francisco était un pari osé. “Surtout avec seulement 45,000 dollars en poche…“, rappelle-t-il, avec nostalgie. Le 2 mars 1988, “La Folie” ouvre, honoré de la présence du chef américano-autrichien Wolfgang Puck. Roland Passot, autrefois baptisé “the bad boy of Dallas” s’est assagi, et entend servir une cuisine française de qualité.
Le tremblement de terre de 1989 ravage l’économie, et Roland Passot doit revoir temporairement ses ambitions à la baisse : pour survivre, il propose un menu fixe à 25 dollars pour trois plats. Grâce à des critiques excellentes, “La Folie” se fait vite une place dans la scène culinaire san franciscaine: “Dans les années 90, un de mes plats phares était le rôti de caille et de pigeon. Les grenouilles et les escargots étaient mon hommage à Bernard Loiseau. On venait aussi beaucoup pour la blanquette de ris de veau et de homard.”

Parmi les événements les plus marquants en tant que chef à “La Folie”, Roland Passot se rappellera toujours de la visite du Président Hollande, en 2014: “On m’avait dit de préparer un déjeuner pour 20-22 personnes. Ils sont arrivés à 60: Macron, Montebourg, les services secrets, la presse! Il a bien fallu nourrir tout le monde, alors je leur ai fait des croque-monsieur…mais au homard!“. Robin Williams, Robert de Niro, Jim Carrey ont tous fait honneur aux plats de Roland Passot. “Mon livre d’or est bien garni!“, souligne-t-il. “A Bill Clinton, qui passait de table en table pour saluer les autres convives, j’ai dit que je cherchais un nouveau maître d’hôtel et qu’il ferait bien l’affaire!”
Si le chapitre “La Folie” est bel et bien clos, Roland Passot fourmille d’idées : en plus de ses autres restaurants (“Left Bank”, “LB Steak”, “Meso”), il envisage d’organiser des tours culinaires à Paris, en Alsace en Bourgogne, en Champagne. “Je pense également à faire des dîners un peu exclusifs, à la maison, pour 4-6 convives. Ou pourquoi pas écrire un livre de mémoires, avec des recettes. Ou peut-être faire de la télé, et y donner des cours de cuisine ?” La retraite attendra…
Suspensions des visas aux Etats-Unis: les questions que vous vous posez -et leurs réponses
Entre le “travel ban” (interdiction d’entrer aux Etats-Unis pour les voyageurs venant d’Europe) mis en place pour des raisons sanitaires, les suspensions de cartes vertes décidées par Donald Trump il y a deux mois et celles des visas de travail la semaine passée, il y a de quoi être perdu. Pour vous aider à vous y retrouver, nous avons recensé les questions que vous nous posez le plus souvent, par email ou lors de nos webinaires et émissions sur le sujet, et consulté avocats et experts.
1/Les visas en cours de validité sont-ils suspendus?
Non! Tout visa déjà attribué (que son titulaire soit sur le territoire américain ou pas) est toujours valide. Par ailleurs, il demeure possible de demander une extension, un renouvellement ou un transfert vers un autre type de visa, si le titulaire est déjà présent aux Etats-Unis.
2/ J’ai une demande de visa O en cours. Suis-je concernée par la suspension?
Non: pour le moment, sont suspendues jusqu’à la fin de l’année les délivrances de : visa d’immigrant (cartes vertes); visas H-1B, H-2B, L et J. Les autres visas restent autorisés: O (“capacités extraordinaires”, souvent appelé “visa d’artiste”); E (investisseurs); F (étudiants), etc…
3/ Je suis aux Etats-Unis sous visa J-1; mon conjoint doit me rejoindre. Pourra-t-il obtenir son visa?
A priori non: les visas de “dependent” (conjoint ou enfant) sont également concernés par la suspension. Il s’agit des visas H-4, J-2 et L-2.
4/ Je dois commencer comme V.I.E (Volontaire International en Entreprise) en septembre. Suis-je concerné?
Les V.I.E (système subventionné par l’Etat français) reçoivent aux Etats-Unis un visa J-1. Ils sont donc concernés par cette suspension. Vous ne pourrez donc commencer votre V.I.E à la date prévue, sauf si vous êtes déjà en possession de votre visa, délivré par un consulat américain.
Il existe plusieurs catégories de visas J-1 : stagiaire (“intern” ou “trainee”, selon les cas; professeur (notamment dans les écoles franco-américaines); au pair; animateur de camp (“camp counselor”); jobs d’étudiants (“summer work travel”). Tous ceux-là sont visés par la suspension. D’autres sont en revanche épargnés: étudiants en médecine; élèves du secondaire en échanges longue durée.
5/ Mon Visa J-1 arrive à échéance. Je suis actuellement en France. Puis-je le renouveler?
Si votre visa J-1 était toujours valide au 23 juin, oui, vous pourrez obtenir votre renouvellement même si vous n’étiez pas aux Etats-Unis à cette date. Mais concrètement, pour pouvoir l’obtenir, il faudra que les consulats aient repris les rendez-vous. Et même une fois votre visa obtenu, il faudra que les frontières soient rouvertes (lire ci-dessous). Par ailleurs, si votre visa était déjà expiré au 23 juin, vous ne pourrez demander le renouvellement avant le 31 décembre prochain.
6/ Je suis en France; j’ai reçu mon visa L-1. Puis-je venir aux Etats-Unis?
Oui selon la dernière proclamation: vous n’êtes pas concernée par la suspension car vous étiez déjà titulaire d’un visa valide le 23 juin, lors de l’entrée en vigueur. En revanche, vous êtes affecté par le “travel ban” qui interdit l’entrée sur le territoire américain à toute personne étrangère ayant séjourné en Europe dans les 15 jours précédents (à l’exception de titulaires de cartes vertes). Pour pouvoir entrer aux Etats-Unis il vous faudra donc attendre que ce travel ban soit levé. Il n’y a aucune date pour le moment, mais le fait que l’Union européenne vienne d’étendre l’interdiction d’entrée aux personnes en provenance des Etats-Unis ne laisse pas augurer d’une levée rapide côté américain.
7/ Je suis aux Etats-Unis en visa H1-B mais celui-ci doit expirer prochainement. Que puis-je faire?
La nouvelle réglementation n’interdit pas de demander une extension du statut H-1B. C’est à votre employeur de le faire (il en est de même pour les visas L). Cette extension peut aller jusqu’à 240 jours au-delà de la durée de validité initiale du visa (techniquement, la date du I-94).
8/ Je suis aux Etats-Unis en visa L. J’ai une demande de carte verte en cours. Sera-t-elle affectée?
Outre l’interdiction de délivrance des visas H-1B, H-2B, L et J, la proclamation a reconduit la suspension de délivrance des cartes vertes en vigueur (“permanent resident”) depuis avril. Cependant, cela ne s’applique qu’aux personnes actuellement à l’étranger. Les procédures en cours (ou à venir) pour des personnes présentes aux Etats-Unis ne sont donc pas affectées (techniquement, il s’agit d’un “I-485 Adjustment of Status Application”).
9/ J’ai été tirée au sort le 1er avril lors de la loterie des visas H-1B. Est-ce que ce décret remet en cause ce tirage au sort?
A priori, le processus se poursuit normalement: les dossiers tirés au sort vont continuer d’être étudiés par l’USCIS et les visas pourront être accordés. En revanche, les personnes concernées ne pourront dans les faits pas entrer sur le territoire américain avant le 31 décembre 2020, ou plus tard si le décret devait être étendu.
10/ Je dois partir étudier aux Etats-Unis à la rentrée 2020. J’ai besoin d’un visa d’étudiant (F1). Vais-je pouvoir partir?
Les visas F1 ne sont pas suspendus. En revanche, les consulats américains étant pour l’heure fermés, il n’est pas possible d’obtenir de visa pour le moment. “Pour l’heure nous n’avons pas de date de reprise de ces services dans les consulats” nous précise de Département d’Etat.
11/ J’ai une demande en cours de L-1. Ma “petition” a été acceptée et j’attends depuis un rendez-vous au consulat qui n’a pu m’être donné en raison de la crise du coronavirus. Suis-je concerné par le ban.
Oui. Seules les personnes titulaires du visa (“tampon” dans leur passeport) sont exclus de la suspension de délivrance. Dans votre cas, vous n’êtes pas encore titulaire du visa, vous devrez donc attendre -au moins- jusqu’au 31 décembre 2020 pour pouvoir l’obtenir.
12/ Je suis en France en ce moment (et y étais le 23 juin). J’ai visa étudiant encore valable mais j’attends un visa J-1. Y aurai-je droit?
Non: après quelques tergiversations, l’administration a publié mardi 30 juin un amendement à la proclamation présidentielle indiquant que seules les personnes titulaires des visas H, J et L étaient concernées par cette exemption. Dans votre cas, votre visa F-1 ne vous autorise pas à demander un J-1. Il vous faudra attendre jusqu’au 31 décembre prochain (au moins).
13/ J’étais aux Etats-Unis avec un visa L-1 au 23 juin 2020. Celui-ci expire prochainement. Puis-je voyager en France et renouveler mon visa là-bas (quand les consulats auront rouvert)?
A priori oui, mais une série de tweets du State Department a semé la confusion en semblant suggérer que le seul de voyager ferait tomber les personnes dans votre cas sous le coup du décret présidentiel de suspension des visas. L’AILA (American Immigration Lawyers Association) a notamment réagi en critiquant ces tweets qui semblent contraire à la lettre de la proclamation. Mais dans le doute, nombre d’avocats spécialisés conseillent pour l’heure à leurs clients de ne pas quitter le territoire américain s’ils ont besoin d’un renouvellement de visa. (Comme dit plus haut, il est possible d’obtenir une prolongation du permis de travail aux Etats-Unis auprès de l’USCIS).
Pourquoi y a t-il autant de feux d’artifice illégaux en ce moment aux Etats-Unis ?
Chaque 4-Juillet c’est la même tradition, les Américains célèbrent leur fête nationale avec des feux d’artifice grandioses à travers tout le pays. Mais cette année, certains n’ont pas attendu le jour de l’Indépendance pour allumer la mèche. De New York à Boston jusqu’à San Francisco, il ne se passe pas un soir sans que des dizaines de fusées et de pétards explosent dans les rues. Alors pourquoi y a t-il autant de feux d’artifice ces jours-ci ?
“Nous avons effectivement constaté une augmentation des ventes”, déclare Joe Van Oudenhove, directeur général de Sky King Fireworks, une chaîne proposant des feux d’artifice avec plusieurs magasins en Pennsylvanie. Ce professionnel du métier explique que beaucoup de ses clients viennent de New York et du New Jersey, deux Etats ou la vente et l’utilisation de ces engins pyrotechniques est interdite. “Les gens sont enfin libres de leur mouvement après avoir été confinés pendant des semaines, et ils sont prêts à prendre leur voiture pour venir jusqu’ici pour acheter des feux d’artifice”. L’utilisation généralisée et intensive des feux d’artifice serait donc une manière de casser l’ennui lié au Coronavirus, puisque “tout ce qui est lié à l’amusement et au divertissement a été annulé”, estime Joe Van Oudenhove. “Nous sommes également une nation patriote et résiliente. Beaucoup de régions sont en train de rouvrir après des mois difficiles, et les gens veulent tout simplement célébrer ça”, ajoute l’entrepreneur.
A New York, la demande de feux d’artifice est tellement forte qu’un marché parallèle s’est développé. “J’ai discuté avec deux de mes voisins qui reviennent d’un barbecue en Pennsylvanie. Là-bas, c’est un feu d’artifice acheté, deux offerts. Ils sont revenus avec une grosse cargaison et m’ont proposé d’en acheter”, expliquait la journaliste new-yorkaise Hannah Sheehan, qui vit à Brooklyn dans le quartier de Flatbush, le 22 juin. Le sujet passionne les médias américains. Le New-Yorker a interrogé un revendeur le 29 juin, qui raconte avoir acheté pour $1200 de feux d’artifice en Pennsylvanie avant de les revendre deux fois plus cher autour de Brooklyn. “L’argent rentre bien en ce moment”, confie l’homme qui garde l’anonymat. “Les gens ont toujours fait fêter des pétards. Mais cette année, ils y vont fort. Ils ont trop besoin de sortir”.
Les explosions quotidiennes de fusées et de pétards tapent sur les nerfs de beaucoup d’Américains. A New York, la ville a recensé 13 109 plaintes liées au bruit en juin, contre seulement 30 au cours du même mois l’année dernière. A Boston, les autorités ont reçu près de 8000 appels à la même période, 2700 à San Francisco. L’utilisation illégale des feux d’artifices peut parfois mal tourner. Un enfant de trois ans a été sévèrement brûlé dans le quartier du Bronx à New York alors qu’un jet de fusée est rentré par la fenêtre ouverte de sa chambre dans la nuit du 24 juin. Idem à Cleveland, où un jeune homme de 21 ans est entre la vie et la mort après avoir fait explosé des feux d’artifice près de son visage le 23 juin.
Certains Américains préfèrent user de théories du complot plutôt que de chercher à comprendre pourquoi des feux d’artifice explosent en ce moment partout aux Etats-Unis. Parmi eux, le rappeur Wale originaire de Washington, qui a tweeté le 20 juin à ses six millions d’abonnés que “trop de gens se plaignent de feux d’artifice en même temps dans plusieurs villes. Il se passe quelque chose”. “Mes voisins et moi-même pensons que cela fait partie d’une attaque coordonnée de la police contre les communautés noires et de couleurs”, a tweeté le lendemain le romancier Robert Jones Jr., en faisant référence aux manifestations du mouvement Black Livers Matter à New York. “Ils veulent déstabiliser et désorienter le mouvement”. L’auteur américain a supprimé ses tweets depuis.
Les écoles bilingues et françaises des Etats-Unis victimes collatérales de la suspension des délivrances de visas J-1
Les écoles et programmes bilingues aux Etats-Unis se souviendront longtemps de cette année scolaire. Après avoir été contraints de se lancer dans l’enseignement en ligne, voilà qu’ils doivent composer avec un nouveau casse-tête: la perspective de devoir préparer la rentrée sans nouveaux enseignants venant de France.
En effet, par sa proclamation du 22 juin, Donald Trump a suspendu jusqu’à la fin de l’année la délivrance de nouveaux visas J-1, parmi d’autres visas de travail. Un geste qui doit permettre, en pleine crise économique (et campagne électorale), de favoriser l’emploi des Américains. Problème: les établissements bilingues, qui peinent depuis des années à recruter localement des enseignants certifiés, ont recours aux J-1 pour faire venir des enseignants issus de l’Hexagone.
Selon l’ambassade de France aux Etats-Unis, quelque 200 enseignant.e.s seraient concerné.e.s par ces visas J-1, aussi bien dans les écoles privées homologuées que dans les programmes publics bilingues à travers le pays. “Nous nous battons sur cette question depuis l’annonce de la semaine dernière, a expliqué l’ambassadeur Philippe Etienne lors d’une conférence de presse jeudi. Il y a des contacts pris à tous les niveaux possibles”. Mais pour l’heure, l’administration américaine campe sur ses positions et ne semble pas sensible aux préoccupations des écoles.
Pour leur part, les établissements scolaires français tâtonnent. Certains sont dans l’attente, d’autres composent avec les enseignants en J-1 déjà sur place en leur proposant de prolonger leur séjour ou en réorganisant la répartition des élèves quand il n’est pas possible de trouver des remplaçants. Rochambeau French International School, l’école française de la région de Washington DC, indique qu'”à l’heure actuelle, nous ne sommes pas en mesure de faire une déclaration particulière concernant les modifications apportées par le gouvernement américain aux programmes de visas”. L’établissement scolaire espère “que tous les demandeurs de visas pourront être considérés équitablement et rapidement”.
En Californie, plusieurs écoles contactées n’ont pas répondu à notre demande de commentaire. Seule l’École Bilingue de Berkeley (Californie) indique qu’elle ne devrait pas être affectée par la décision de Donald Trump. “Pour septembre, notre équipe dirigeante s’était orientée vers un recrutement d’enseignants déjà présents sur le sol américain, des titulaires de carte verte ou des citoyens américains”, confie Cécile Gregoriades, la directrice de la communication.
Inquiétude en Louisiane
La situation est particulièrement préoccupante en Louisiane, un Etat où sont implantés une quarantaine d’écoles et programmes d’immersion français-anglais. Le CODOFIL (Conseil pour le Développement du Français en Louisiane), l’agence de l’Etat chargée de promouvoir l’enseignement du français, devait répartir 40 enseignants français en J-1 (sur 73 enseignants étrangers) entre vingt-huit écoles dès cet été. Depuis la proclamation présidentielle, “on fait ce qu’on peut, avoue Peggy Feehan, la directrice de l’agence. Cela va d’un seul enseignant manquant à 17 selon l’école“. Si ces enseignants restent bloqués en France, les écoles vont devoir utiliser des suppléants, partager les classes entre les enseignants qui restent ou recourir à des “francophones non certifiés ou des Américains qui ne parlent pas français“, poursuit-elle. “Cela risque de créer un retard d’un an dans l’apprentissage de la langue. 2 200 élèves scolarisés dans le public, en majorité défavorisés, sont concernés. Le fait qu’ils ne reçoivent pas l’éducation dont ils ont besoin me dérange“.
Le CODOFIL ne reste pas les bras ballants. L’agence multiplie les contacts avec les législateurs et l’exécutif de l’Etat. Une pétition pour “sauver l’immersion française” circule aussi. Un lobbying qui laisse Peggy Feehan optimiste. “La porte est un tout petit peu entrouverte. On refuse de baisser les bras“.
Avec Nastasia Peteuil et Sandra Cazenave
« La crêpe à moi », une crêperie traditionnelle au cœur de Berkeley
Après plus de 10 ans à tourner dans les marchés locaux et les festivals de Californie, Rebecca et Djamel Dahmani ouvrent leur crêperie française à Berkeley, à l’Est de la Baie de San Francisco. Un véritable aboutissement pour ce couple de restaurateurs franco-américain. « C’était notre rêve d’avoir un espace rien qu’à nous et de pouvoir faire voyager les gens avec notre cuisine » confie Rebecca Dahmani.
Située à quelques pas du campus de l’Université de Berkeley, « La crêpe à moi » mise sur le savoir-faire français. « Je fais mes crêpes comme je les faisais à Paris, avec une recette secrète qui a fait ses preuves et circule de bouche à oreille entre crêpiers » explique Djamel Dahmani, surnommé Dj. Et d’ajouter avec fierté : « nous sommes des ambassadeurs de la France. Généreux dans nos assiettes et respectueux des traditions comme des ingrédients ».
Au menu, la simplicité prime. Tout est frais, les galettes sont à base de farine de blé noir et les ingrédients sont bios. « On veut honorer l’histoire de la cuisine et les produits des marchés locaux » assure Rebecca Dahmani. On trouve ainsi des galettes classiques comme la fameuse jambon/fromage (« la Parisienne »), la complète ou la quatre fromages, et des galettes aux touches plus californiennes, comme celle avec des pousses d’épinard ou la végétarienne. Côté sucré, l’incontournable crêpe beurre/sucre côtoie celles au citron ou aux fraises. Le tout à des prix abordables, allant de 5$ à 11$.
De la crise des subprimes au coronavirus, même pas peur
Si le couple a ouvert les portes de ce premier restaurant le 23 mai dernier, côté crêpes ce n’est pas un premier coup d’essai. « J’ai fait mes premières crêpes dans les années 90 à Paris ! » s’amuse Dj. Si ce dernier a passé de nombreuses années en crêperies parisiennes, il a également travaillé dans de nombreux restaurants réputés de la capitale. En salle comme en cuisine. En 2000, alors qu’il est manager d’un bistrot du 11ème arrondissement parisien, il rencontre Rebecca, jeune fille au pair américaine en stage dans l’hôtellerie. Jusqu’en 2006, le couple vit à Paris et fait ses armes dans le milieu de la restauration.
Fin 2006, pour des raisons familiales, Rebecca et Djamel Dahmani s’installent en Californie. Ils y découvrent alors la restauration dans de grands restaurants locaux, du côté de Sonoma County. Mais la crise des subprimes vient tout bouleverser. « Les restos dans lesquels on travaillait fermaient les uns après les autres » raconte Dj.
Dans un contexte de crise économique sans précédent, le couple décide alors d’être proactif et de lancer son business. « En 2009, on était à un Festival du 4 juillet et il n’y avait pas de crêpes. On s’est amusé au petit jeu « imagine que… » et c’est comme ça que “La crêpe à moi” est née » explique Rebecca Dahmani. « On a commencé par louer des cuisines commerciales pour faire des évènements en Californie, puis peu à peu on s’est équipés, on a investi dans un camion et on s’est concentrés sur les marchés » complète Dj.
Aujourd’hui, « La crêpe à moi » reste présente sur certains marchés, celui de Moraga ou de Kensington par exemple (cf. infos pratiques). De quoi maintenir des ventes en pleine crise liée à la Covid-19. « Heureusement que l’on continue les marchés le samedi car après un an de travaux dans le restaurant, on s’apprêtait à ouvrir quand le coronavirus nous en a empêché. C’était un coup dur, mais on n’a pas baissé les bras et on se bat au quotidien…» explique Rebecca Dahmani.
En attendant de pouvoir accueillir les clients en salle, les restaurateurs proposent donc leurs crêpes à emporter. Et ils gardent patience et humour. « On a lancé notre crêperie en pleine crise des subprimes, alors ouvrir notre restaurant en plein coronavirus, ça ne nous fait pas peur ! » sourit Dj. Ils attendent ainsi que la situation évolue pour étoffer leur carte, installer des tables dehors ou proposer des soirées spéciales. D’ici là, le menu est en ligne pour les gourmands qui veulent se régaler.
MLS : Thierry Henry prépare une action pour “Black Lives Matter” à Orlando
Choqué par la mort de George Floyd, un Afro-Américain asphyxié par un policier blanc avec son genou à Minneapolis le 25 mai, Thierry Henry veut profiter du tournoi de reprise de la MLS à Orlando pour montrer son soutien au mouvement Black Lives Matter. « Là-bas, à Orlando, je ne sais pas ce qui se produira, ce qui nous sera permis de faire ou pas pour soutenir la cause. Il y a quelque chose que je voudrais faire mais je le garde pour moi », a déclaré l’entraîneur de l’Impact Montréal lors d’une visio-conférence avec la presse le 30 mai.
« Je pense que nous savons tous que les vies des Noirs comptent (Black Lives Matter). Nous en parlons, chacun le fait, chacun montre qu’il commence à comprendre notre douleur », a-t-il poursuivi. L’ancien international français et son équipe sont attendus à Orlando le 2 juillet. Ils débuteront dans le tournoi le 9 juillet par un match contre le New England Revolution.
Plusieurs joueurs de MLS ont également prévu faire entendre leur voix à Orlando, comme Jeremy Ebobisse. L’attaquant américain (né à Paris) des Portland Timbers a co-fondé la Black Players Coalition le 19 juin, une association de joueurs de couleur qui vise à lutter contre le racisme et les discriminations au sein de la ligue. “Je pense que nous aurons beaucoup de temps pendant un mois de compétition pour marquer le coup, pour profiter de l’opportunité du tournoi pour se faire entendre et pour étendre la portée de notre organisation, et nous y parviendrons”, a t-il expliqué le 29 juin.
Yuka, l’appli qui fait trembler la grande distribution, arrive aux US
Depuis son lancement en 2017 en France, Yuka, l’appli Smartphone qui analyse l’impact des produits alimentaires et cosmétiques sur la santé, connaît une croissance fulgurante. Avec 18 millions d’utilisateurs dans le monde, elle est aujourd’hui disponible en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, au Royaume-Uni, en Irlande, en Espagne et au Canada. Début 2020, elle s’est également lancée aux États-Unis où elle compte déjà quelque 100.000 utilisateurs. Un démarrage prometteur.
« Quand on a commencé en France, on s’était fixé l’objectif d’atteindre 100.000 utilisateurs en un an… On en a obtenu un million ! Pour l’Espagne, on s’est montrés plus gourmands : on a visé un million d’utilisateurs en un an et on en a eu cinq. Alors pour les États-Unis, on ne se fixe rien. On verra bien ! » explique Julie Chapon, cofondatrice de Yuka.
Un code couleurs mesure la qualité des produit
L’enjeu principal pour l’appli, aux US comme ailleurs : avoir un fort impact sur la société en faisant évoluer les industriels vers le mieux-manger et une meilleure santé. Sa méthode ? Offrir à ses utilisateurs une fonction d’évaluation des produits alimentaires et cosmétiques. Il suffit de scanner les codes-barres pour obtenir des fiches détaillées et un code couleur : vert foncé pour « excellent » (correspondant à une note comprise entre 75 et 100 points sur 100), vert clair pour « bon » (note entre 50 et 75 sur 100), orange pour « médiocre » (de 20 à 50 points sur 100) et rouge pour « mauvais » (de 0 à 25 sur 100).
Si la note est « mauvaise », l’appli propose des alternatives. Un système de décryptage qui a largement fait ses preuves en France où les industriels ont revu des recettes. « L’enseigne Intermarché a décidé de supprimer 142 additifs de certains produits » affirme Julie Chapon avant d’ajouter : “L’idée de base, c’était de développer un outil pour améliorer ce que l’on consomme. Voir l’industrie agro-alimentaire s’adapter, c’est une satisfaction. Aujourd’hui, les marques nous envoient même directement leurs compositions.”
La base de données, le challenge américain
Avant d’en arriver à ce stade aux États-Unis, il reste encore du chemin à parcourir. Car si le taux de reconnaissance des produits monte à plus de 99% en France, aux USA, il atteint actuellement 75%. « Le plus gros challenge aux USA reste la base de données. On a bénéficié d’une base de départ de près de 30.000 références, mais il y a toujours un laps de temps pour que les utilisateurs y contribuent et scannent de nouveaux produits » assure la cofondatrice.

Pour le moment, le bouche à oreille et les retours des bêta-testeurs ont permis de roder l’application à la sauce américaine. « Les profils sont plutôt similaires avec des utilisateurs déjà dans ce type de démarche de vie. Puis il y a des subtilités : aux US, les valeurs nutritionnelles se calculent en « portion » et non par tranche de 100 grammes comme en France. Cela a demandé quelques calculs pour s’adapter » détaille Julie Chapon.
“100% indépendant”
L’algorithme de l’application calcule en effet ses notes selon des critères locaux qu’il faut ajuster selon les pays. L’équipe bénéficie ainsi du soutien d’un comité scientifique et de collaborations avec des spécialistes. Sur le plan cosmétique, la note est obtenue en fonction des dangers reconnus et potentiels des ingrédients.
« Sur le plan alimentaire, la qualité nutritionnelle du produit équivaut à 60% de sa note » explique Julie Chapon. Et de préciser : « on se base sur la méthode de calcul Nutri-Score, un barème adopté par plusieurs gouvernements européens et qui évalue les aliments selon leur teneur en calories, protéines, fibres, sel, sucre… ». La présence d’additifs et leur niveau de risque équivaut ensuite à 30% de la note et la dimension biologique à 10% (le label USDA Organic aux États-Unis).
Les évaluations offertes par Yuka ne sont en rien influencées ou biaisées. « On ne reçoit aucun financement d’industriels et on tient vraiment à rester 100% indépendant » assure la cofondatrice. Pour réussir à se développer, les trois co-fondateurs à l’origine du projet ont réalisé une levée de fonds de 800.000 euros auprès de business angels en 2018. De quoi recruter une équipe de dix employés. Tous sont basés à Paris et pas d’ouverture de bureau à l’étranger à l’ordre du jour. « Ce serait lourd et coûteux. On parvient à tout faire à distance et on se déplace si besoin » admet Julie Chapon.
Snapchat et nouveautés
Aujourd’hui, le modèle de l’application est viable. Un business basé sur trois sources de revenus différentes. La première : la version premium de l’appli qui permet à l’utilisateur de disposer de fonctionnalités supplémentaires moyennant 15 euros par an. « Il peut scanner sans réseau Internet, détecter la présence d’allergènes et d’éléments indésirables et utiliser une barre de recherche » explique Julie Chapon. La deuxième : un programme nutritionnel de 10 semaines disponible sur leur blog. Et la troisième : un calendrier des fruits et légumes de saison.
« Aux États-Unis, seule la version premium est envisagée et elle sera probablement disponible à la rentrée » assure la cofondatrice. Une bonne nouvelle à laquelle vient s’ajouter un évènement majeur pour l’appli française : Yuka devrait être intégrée à Snapchat, l’appli à succès de partage de photos et de vidéos. En parallèle, l’équipe s’attèle en outre à développer une nouvelle mesure : un score environnemental. Autant d’actualités qui permettent à Yuka d’asseoir sa réputation sur le plan international.
“Aux US, les Noirs ont toujours été considérés comme des sous citoyens”
Alice Endamne vit en Californie depuis 22 ans. La Française d’origine gabonaise a quitté son pays pour faire de la recherche sur les discriminations raciales et sexistes. Touchée par la mort de George Floyd, étouffé par un policier à Minneapolis le 25 mai, elle raconte son expérience du racisme systémique aux Etats-Unis et les différences par rapport à la France.
Les coiffeurs français de New York ont rouvert
Depuis plusieurs mois, Sophie Guattari, directrice des opérations des salons Biguine aux Etats-Unis, travaille sans relâche en vue de la réouverture des deux salons de Manhattan. “Nous avons eu beaucoup de choses à revoir, comme les emplois du temps, la disposition dans les salons et la mise en place d’un protocole sanitaire strict comprenant la distanciation sociale, la désinfection de tous les équipements entre chaque client”, entre autres. Les coiffeurs sont confrontés au port du masque, d’une visière, des gants et d’un tablier en plastique sous une chaleur accablante. Des conditions de travail difficiles. Mais c’est la condition pour pouvoir de nouveau accueillir les clients depuis l’entrée de New York en phase 2, le 22 juin dernier.
Dans le salon Martial Vivot, situé dans à Greenwich Village et Midtown, le co-propriétaire Jérôme Obry a su s’adapter rapidement à la situation. Le salon a eu un coup d’avance, avec sa facilité a appliquer les règlementation sanitaires. “Nous avons des boxes privatives dans le salon, ce qui nous permet de respecter les distances de sécurité” explique-t-il.
Une réouverture appréciée

“Cela fait deux semaines que la liste d’attente ne fait que s’allonger. Nous avons informé notre clientèle de notre situation tout au long du confinement et elle est bien présente pour notre retour” raconte Jérôme Obry. Le salon était fermé depuis le 14 mars. Du monde aussi pour les salons Biguine, fermés depuis la mi-mars. “Avec l’ouverture, nous avons eu beaucoup de travail, les gens étaient soulagés de revenir. Nous avons retrouvé des clients avec des cheveux très longs, ils nous ont attendus”. Maintenant Sophie Guattari appréhende les semaines à venir. Depuis la fermeture des écoles, les familles des quartiers aisés de Manhattan ont quitté la ville pour la campagne et ne semblent pas décidées à revenir tout de suite. A cela s’ajoute la mise en place du télétravail dans de nombreuses compagnies. “Si les écoles ne ré-ouvrent en physique qu’à la rentrée, voire l’année prochaine, les gens ne reviendront pas et cela nous touchera directement” explique Sophie Guattari.
Pour la suite, Jérôme Obry n’est pas trop inquiet. “Notre clientèle haut de gamme est au rendez-vous, et continuera à l’être. Maintenant je m’inquiète davantage pour les petits Barber Shop, installés les uns sur les autres, qui sont plus touchés par les règlementations sanitaires”. Par exemple, les salons doivent désormais respecter une distanciation de près de deux mètres entre chaque client. Le sérieux dans le respect de ces nouvelles règles est essentiel pour le maintien de l’ouverture des salons, comme l’explique Sophie Guattari. “Nous devons protéger nos clients, mais aussi notre équipe. Si l’un de nos employés venait à contracter le virus, nous devrions en informer les autorités ce qui entrainerait un traçage auprès des clients, puis une fermeture du salon pour désinfection. Nous voulons vraiment éviter ça”. Biguine fait remplir à ses employés et sa clientèle un formulaire certifiant de leur bon état de santé avant leur entrée dans le salon. “Les clients comprennent à quel point c’est difficile pour nous de travailler comme ça. Une dame vient d’appeler pour dire qu’elle avait oublié de laisser un pourboire à sa coiffeuse pour la remercier de sa prestation réalisée de manière sécurisée et avec tout l’attirail”.
La Bande FM: Comprendre les différences franco-américaines au travail
Dans La Bande FM cette semaine, nous recevons Agathe Laurent et Sabine Landolt, auteures de “Can we agree to disagree”, un livre consacré aux différences franco-américaines au travail.
En première partie d’émission, Peggy Feehan, directrice du CODOFIL, l’agence publique chargée de promouvoir l’éducation bilingue en Louisiane, nous parlera de l’impact de la suspension des J-1 sur les programmes et écoles bilingues de l’Etat et de ses efforts pour sauver la rentrée.
Pour faire part de votre expérience à vous, ou poser vos questions, vous pouvez nous contacter par e-mail avant l’émission ([email protected]) ou intervenir en direct sur Zoom. Inscriptions ici.