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Philippe et Laurence Roux, dirigeants de The École, en mode start-up

Philippe et Laurence Roux se sont découvert une passion pour l’éducation sur le tard. Quand ils décident de reprendre The École à New York en 2016, Philippe Roux est à la tête d’une équipe de quinze « traders systématiques », ces matheux qui utilisent des modèles quantitatifs pour arbitrer les marchés, chez le fonds d’investissement Renaissance Technologies, connu pour compter 90 détenteurs de PhD sur 300 employés.

En 2012, après 15 ans à Long Island, berceau de Renaissance, le couple et leurs deux enfants décident de s’installer à New York où la communauté française est plus étoffée et l’offre d’écoles bilingues plus fournie. Les deux parents jettent leur dévolu sur The École, une petite école franco-américaine dans le quartier de Chelsea, à Manhattan, créée 4 ans plus tôt par un Américain francophile, Jeremy Wood.

Une école à bout de souffle

L’école, qui compte alors 160 élèves, a « de bonnes valeurs mais pas beaucoup de moyens », raconte Philippe Roux. En 2016, l’ouverture d’un deuxième bâtiment est mal gérée et les parents prennent peur, provoquant une grosse vague de départs. L’école est sur le point de fermer. Pas très grave pour les Roux, car le père a décidé de prendre sa retraite sous le soleil de Miami, et l’aînée des deux enfants, Alexandra, a une place au chaud dans une école de Floride. Mais Renaissance ne se résigne pas à cette retraite anticipée et fait à son chef trader une offre qu’il ne peut pas refuser. Les Roux resteront donc à New York et rejoignent un groupe de parents décidés à sauver The École.

Des discussions compliquées s’engagent alors pour changer le management de l’institution. Elles prendront 6 mois. Un semestre de flottement qui crée une ambiance délétère au sein de l’établissement. « Nous avons ouvert la cocotte-minute, raconte Laurence Roux, et elle nous a explosé à la figure ! ». Des conflits internes émergent et le comité de parents doit décider qui reste, qui part et quelles sont les valeurs de la nouvelle école. Il faut donner une nouvelle image à l’établissement, redonner confiance aux parents et lever des fonds, beaucoup de fonds.

Une reprise autofinancée

Ça tombe bien, Philippe Roux, qui a rejoint Renaissance à ses débuts, a des moyens financiers conséquents grâce à ce qu’il décrit comme « une combinaison de chance et de travail dur ». « Alors on s’est dit : on va construire l’école de nos rêves », raconte-t-il. Le couple qui, de son propre aveu, n’avait pas complètement mesuré l’ampleur du projet, se lance dans un « projet de cœur, pas du tout lucratif ! » (l’école vient tout juste d’atteindre l’équilibre financier). Leur vision : créer la meilleure école du monde en se libérant de toutes les contraintes qui s’imposent habituellement aux établissements éducatifs. Première de ces contraintes, lever des fonds – une tâche chronophage pour les chefs d’établissements scolaires. « C’est souvent la première tâche du chef d’établissement. C’est pour éviter cela que nous avons décidé de tout financer nous-mêmes ».

Désormais seuls maîtres à bord, Philippe et Laurence Roux s’attaquent au rebranding de l’école, à la recherche de nouvelles méthodes éducatives et au recrutement de nouveaux enseignants. « Pour chaque poste d’enseignant français que nous publions, nous recevons environ 250 candidatures. Ce qui est important pour nous, c’est de recruter des personnes prêtes à expérimenter de nouvelles méthodes ». L’implication des enseignants dans le projet est clé : « nous construisons le projet en mode ‘bottom up’, à travers des échanges et des discussions hebdomadaires avec les enseignants ».

L’école en mode « benchmarking »

Parmi les nouvelles méthodes testées par The École, un bilinguisme complet, chaque matière étant enseignée en français et en anglais et chaque petite classe ayant à la fois un instituteur français et un instituteur américain; des uniformes d’un type nouveau, qui laisse beaucoup de liberté individuelle, tant dans le choix du vêtement que dans la couleur; et de façon générale, un mélange des meilleures pratiques glanées ici et là, mais sans se soumettre aux contraintes des labels, Montessori ou autre. « Nous implémentons des méthodes innovantes qui marchent bien, mais sans pour autant nous sentir obligés de les appliquer en permanence. C’est important pour nous de ne pas nous faire coincer dans une méthode », explique Philippe Roux, qui poursuit : « Nous prenons le meilleur de tous les systèmes, par exemple le focus sur la connaissance de l’éducation française avec le focus sur les compétences de l’éducation américaine ».

« Ce que nous faisons avec The École est assez similaire aux missions de Yuka ou du Café Joyeux », résume le grand donateur. Une envie de redonner à la société qui est en ligne avec la culture américaine, et la culture de Renaissance notamment. Philippe Roux rappelle que ce sont des employés de Renaissance qui ont financé le MoMath à New York, ou encore l’hôpital pour enfants de Stony Brook à Long Island. « Avec ce projet, nous touchons directement 250 familles par an, dont 20% de familles que nous aidons financièrement avec 1,8 million de dollars de bourses par an ».

Philippe Roux a fini par prendre sa retraite de Renaissance en mars dernier et travaille désormais à plein temps pour l’école avec sa femme. Ils se sont partagé les tâches : admissions, relations parents et engagement avec la communauté pour elle, administration et gestion du personnel non enseignant pour lui, les enseignants restant sous la coupe du proviseur Jean-Yves Vesseau, seul professionnel de l’éducation dans l’équipe de management de l’école.

Prochaine étape : le transfert de l’école dans le bâtiment d’à côté, en septembre prochain, qui va permettre de doubler la capacité à plus de 350 enfants par an. Un nouveau défi dans ce projet hors normes et sacrément ambitieux, celui de réinventer l’école en sortant des carcans.

Hervé Koubi, l’héritage algérien sous un nouveau jour

La réputation de la compagnie française de danse d’Hervé Koubi la précède puisqu’elle s’est déjà produite aux États-Unis, pays qui lui réserve toujours un accueil chaleureux. Du mardi 28 janvier au dimanche 2 février, c’est au très réputé Joyce Theater à New York que le chorégraphe franco-algérien va présenter une de ses pièces phares, « Ce que le jour doit à la nuit ».

« Ce que le jour doit à la nuit ». © Karim AMAR

Danser l’Algérie

Le spectacle, mélange de capoeira (art martial afro-brésilien), d’acrobaties et de danse moderne, est une plongée captivante dans l’histoire algérienne interprétée par douze danseurs. Une histoire profondément liée à celle des origines d’Hervé Koubi et de son rapport à la danse. Après une enfance et un doctorat en pharmacie à Marseille, il se forme comme danseur au sein de la compagnie de Rosella Hightower à Cannes, une vraie leçon de vie. « Pour cette femme, l’expérimentation était la voie. Il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise façon de faire, mais simplement se donner les moyens et travailler dur », raconte le chorégraphe.

En 2009, lorsqu’il apprend ses origines algériennes, il décide, aux côtés de son ami et cofondateur de la compagnie Guillaume Gabriel, de se rendre à Alger pour découvrir ce pays et recruter des danseurs. « Nous n’avions quasiment aucun contact et avons organisé une audition. Le jour venu, 249 hommes se sont présentés, tous des danseurs de rue », raconte Guillaume Gabriel. Ce qui explique pourquoi la pièce n’est composée que de danseurs hommes.

« Ce que le jour doit à la nuit ». © Olivier SOULIE

Inspiré d’un roman de Yasmina Khadra

C’est de cette rencontre avec les danseurs algériens qu’est né « Ce que le jour oppose à la nuit ». « Cette pièce est une rencontre entre deux mondes, l’idée de faire un pas vers l’autre, d’opposer l’amitié à la haine, et que tout n’est pas blanc ou noir. Et bien sûr, aborder la question de l’oubli, si forte dans l’histoire algérienne », explique encore Guillaume Gabriel. « Ce sont mes frères retrouvés. Je me suis identifié à cette énergie brute qui n’a pas de modèle comme les danseurs conventionnels mais suit l’intuition de son corps », ajoute Hervé Koubi.

« Ce que le jour oppose à la nuit », inspiré par le roman éponyme de Yasmina Khadra, est une pièce à la fois méditative et d’énergie brute qui défie la gravité à travers des mouvements hautement athlétiques. En un peu plus d’une heure, les douze danseurs algériens et burkinabés parviennent à mettre en gestes et en émotions les liens qui nous unissent. « Une création de beauté poétique », selon le New York Times, tombé lui aussi sous le charme du chorégraphe franco-algérien.

Appel à la solidarité pour une Française qui a perdu son logement dans un feu à Brooklyn

« Je me suis réveillée en faisant un cauchemar à 5.20am, je rêvais qu’on me soufflait de la fumée dans le nez. J’ai réalisé qu’il n’y avait plus d’électricité et en ouvrant la fenêtre, j’ai vu que le rez-de-chaussée de mon immeuble brûlait. J’ai réveillé mon fils, pris mon sac, un manteau et des chaussures et nous sommes sortis le plus vite possible ». Clara Kasser, une Franco-Suisse qui habite depuis 15 ans à New York avec son fils de 19 ans, a échappé au pire jeudi 8 janvier au petit matin, lorsque son immeuble entier de trois étages, situé à South Williamsburg, a brûlé en quelques heures.

Clara Kasser et son fils Timothé @Clara Kasser

145 pompiers et secouristes mobilisés

La jeune femme a eu la présence d’esprit de rassembler quelques affaires, de demander aux passants d’appeler le 911 en criant son adresse et de descendre à toute vitesse. « Dans la hâte, mon erreur a été de passer par l’escalier, j’aurais dû prendre l’escalier de secours dehors car j’ai encore des séquelles respiratoires à cause de la fumée que j’ai inhalée ». Si les pompiers sont arrivés instantanément, ils n’ont pu utiliser les bouches à incendie de la rue, gelées à cause du froid. Il a fallu attendre une heure avant qu’ils ne puissent asperger l’immeuble en feu. Au total, 45 camions et 145 pompiers et secouristes ont été mobilisés pour cet immeuble, dont le toit s’est effondré. Dans ces immeubles anciens new-yorkais, la structure est composée de poutres en bois particulièrement inflammables, explique la sinistrée.

Dans son malheur, Clara Kasser estime avoir eu beaucoup de chance. « Nous sommes sains et saufs, j’ai pu revenir quelques minutes dans mon appartement pour prendre nos passeports. J’ai la chance de pouvoir compter sur des amis extraordinaires ici qui m’ont beaucoup aidée dans ces derniers jours, notamment pour se loger temporairement », explique-t-elle. Après une longue expatriation à New York, elle avait pour projet de revenir en Europe s’installer en Suisse mais a tout de même décidé d’attendre la fin d’année scolaire de son fils, étudiant à l’université de Buffalo.

Avoir un plan incendies

Elle retient trois leçons importantes de cet accident, à l’attention de chacun. « Il faut absolument changer vos batteries d’alarme, avoir un plan d’exit avec ses papiers, affaires les plus importantes et clés de voiture, et avoir les contacts des gens de son immeuble pour les prévenir le plus vite possible », explique-t-elle.

Encore secouée par cet épisode, elle est reconnaissante envers les équipes de la Croix Rouge. « Ils ont été exceptionnels, ils donnent à manger et aident à se reloger. N’hésitez pas à leur donner si vous souhaitez agir pour les incendies à LA », fait-elle valoir. Dans son cas, même si elle était réticente à cette idée au départ, un ami a décidé de créer une cagnotte Gofundme pour la soutenir dans cette période difficile.

Dorian Bernard, architecte et pompier à Malibu : « Ce qui surprend en Californie, ce sont les structures en bois des maisons »

C’est la première fois en huit jours que les habitants de Los Angeles ont un petit espoir de voir enfin maîtrisés les incendies, les plus destructeurs de l’histoire de la Californie. Les feux sont contenus à près de 20% à Pacific Palisades et à 45% pour Eaton Fire, à Altadena. Le bilan, encore provisoire, est déjà lourd : au moins 25 morts, plus de 12 000 bâtiments en ruines et des dizaines de milliers d’hectares de forêts brûlés.

« Avec des vents très violents – d’habitude on n’en a peu en janvier – il n’y avait rien à faire pour éviter ces feux ». C’est ce qu’estime Dorian Bernard, un pompier volontaire français rencontré par Déborah Laurent. Il est déployé sur le Palisades Fire et dort dans sa caserne en attendant de pouvoir retourner chez lui, à Malibu.

Il raconte ce qu’il vit depuis plus d’une semaine, mais aussi sa vision de la reconstruction de la région une fois que les feux seront éteints. Car Dorian Bernard est architecte, spécialisé dans la conception de maisons capables de résister aux défis environnementaux propres à la Californie – incendies, inondations, tremblements de terre… Il explique notamment pourquoi on construit en bois dans cette région soumise régulièrement aux feux.

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Le député Roland Lescure se rend auprès de la communauté française de Los Angeles touchée par les incendies

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Dix jours après le début des incendies qui ont ravagé Los Angeles, Roland Lescure, le député des Français d’Amérique du Nord, se rend auprès de la communauté française de LA, du jeudi 16 au samedi 18 janvier. Quatre mois à peine après son dernier déplacement à LA, c’est une ville «traumatisée» qu’il s’apprête à découvrir -selon les mots d’Adrien Frier, le consul général de France, qui s’adressait aux Français dans un live instagram lundi- mais aussi une ville où l’aide s’organise. Si aucun Français n’est à déplorer parmi les victimes des feux – 25 morts ont déjà été recensés -, au moins 31 familles françaises ont tout perdu à Pacific Palisades et Altadena, et une dizaine étaient encore dans l’incertitude lundi, selon le consulat.

Jeudi 16 janvier, après avoir été accueilli par Adrien Frier, le député a prévu de se rendre sur le campus de Pacific Palisades du Lycée français, réduit en cendres dans les flammes, mardi 7 janvier. Les 11 élèves présents sur les lieux au moment où l’incendie s’est déclaré, ainsi que leurs professeurs, ont tous pu être évacués à temps, comme le précisait la directrice, Clara-Lisa Kabbay, en revenant sur les lieux pour la première fois samedi 11 janvier (lire notre article). Le même soir, il dînera à la Résidence de France avec les conseillers des Français de l’étranger.

Scène de désarroi au campus Pacific Palisades du Lycée Français de Los Angeles. © Alexis Chenu

Vendredi 17 janvier, Roland Lescure rencontrera les associations françaises engagées pour venir en aide aux sinistrés lors d’un petit-déjeuner à la résidence de France, comme Los Angeles Accueil, les Elles Collective, le Réseau Main dans la Main ou l’Aumônerie catholique francophone de LA. Hébergement d’urgence, collecte de dons, cagnottes, offres de restauration… La solidarité s’est très vite organisée au sein de la communauté française, comme le racontait French Morning dans cet article

Dans la matinée, le député visitera le campus de Burbank du Lycée international de Los Angeles, où ont été relocalisés les élèves du campus de Pasadena qui a dû fermer temporairement suite aux incendies (bien que n’ayant pas été endommagé). La communauté francophone du Lila paie un lourd tribut : une vingtaine de familles dont les enfants étaient scolarisés sur le campus de Pasadena ont perdu leur maison à Altadena, y compris la directrice du Lycée par intérim, Anneli Harvey. 

Roland Lescure se rendra ensuite à l’Alliance française de Pasadena, qui a également fermé suite aux incendies, comme le rapportait sa directrice, Emmanuelle Franks, à French Morning dans cet article. Il visitera ensuite le campus de Century City du Lycée français de LA (sur Pico Bld) qui accueille les élèves et les enseignants rapatriés du campus de Pacific Palisades. L’après-midi, après sa rencontre avec l’équipe du consulat, Roland Lescure a donné rendez-vous au Consulat à des familles françaises touchées par les incendies pour « un temps d’écoute », de 4 à 6:30 pm.

Samedi 18 janvier, il réunira les acteurs économiques de la communauté française de LA (Conseillers du Commerce Extérieur de la France, Business France, French Tech, Chambre de commerce, French Clusters et French Founders) chez Mister T, qui a offert des repas gratuitement aux sinistrés, afin d’évoquer les enjeux de la reconstruction de la ville. Son déplacement se terminera par des rencontres institutionnelles avec les autorités de Los Angeles : mairie, membre du Congrès, chef de la police et chef des pompiers de LA.

Vie d’Expat : Au secours, mes enfants ne veulent plus parler le français !

Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l’expatriation. Deux fois par mois, Vie d’Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres et de revues sur l’épanouissement personnel. Illustration Clémentine Latron.

Cette semaine, découvrons l’histoire de Sébastien, dont les enfants ne veulent plus parler le français.

« Tout a commencé avec des mots en anglais qui sont venus prendre la place de leur équivalent français. À table, lorsque les enfants nous racontaient leur journée et que nous les écoutions patiemment, j’avoue ne pas avoir eu le courage de les reprendre. Je ne voulais pas les interrompre dans la construction de leurs récits souvent trop longs. Et d’ailleurs, je n’avais pas toujours l’équivalent non plus. C’était plus une question de rythme qu’autre chose. 

À notre arrivée, avant même la naissance des enfants, je m’étais fixé comme objectif d’intégrer mon pays d’accueil, les États-Unis, ce qui voulait dire oublier un peu la France. J’ai cessé de suivre l’actualité de mon pays d’origine, moi qui lisais presque tous les jours Le Figaro, Le Monde et, en bon Parisien… Le Parisien ! Ça ne m’a pas vraiment manqué en fait. Je prenais des nouvelles de la France via Courrier International jusqu’à ce que je ne renouvelle pas mon abonnement. Finalement, il n’a plus du tout été question de la France en dehors de quelques news dans le Washington Post

Quand est né notre premier, nous avons décidé de revenir plus régulièrement en France pour qu’il connaisse ses grands-parents, c’est-à-dire mon père et mes beaux-parents (qui sont séparés). Finalement, nous en sommes venus à passer presque toutes les vacances en France, ce qui a largement contribué à la “francisation” de nos deux garçons (le second est né rapidement). Et donc, nous avons nos deux bonhommes, parfaitement à l’aise pour parler “chti” avec leur grand-père qui, une fois rentrés, perdent tout leur français. Ma réponse : un abonnement à J’aime lire (sous-entendu “J’aime lire en français”). Chacun le sien. Ce n’est pas la révolution, mais ça marche. Ils sont tout contents de recevoir depuis la France un courrier à leur nom. Je mets quelques mois à comprendre qu’ils ne le lisent pas, à l’exception de la BD. Et encore, pas toujours. 

On finit par en parler. “C’est quoi le problème, les garçons ?” Ils n’en ont pas. Simplement, ils parlent la langue des copains. Ça tombe bien : je ne suis pas leur copain ! J’avance l’importance de parler la langue de ses parents, leur langue “maternelle”, mais ils n’en voient pas l’intérêt. Ils sont américains après tout. Très bien. Puisque la discussion ne mène à rien, je menace. “Si vous ne parlez pas français, on rentre en France !” Ça marche un temps. Pas très longtemps. Les mots anglais s’invitent aux repas, des expressions entières. “Pardon papa, mais je ne sais vraiment pas comment le dire en français !” 

C’est alors que me revient un souvenir pas très glorieux. Lorsque j’habitais à Paris et que j’entendais des parents à la sortie des écoles s’adresser à leurs enfants dans leur langue maternelle (arabe, chinois…. anglais), j’étais toujours un peu agacé. “Eh bien quoi ? On est en France, non ? Ils ne peuvent pas parler français ?” 

Voilà où j’en suis, sans plus vraiment d’idées claires. Est-ce important ou pas ? Mais étrangement, et alors que j’ai abandonné la bataille, mon second parle le français à la maison sans que j’aie besoin de forcer. »

La réponse de French Morning

Merci pour votre témoignage, Sébastient, qui semble faire ressortir une peur que vos enfants « oublient » leur langue maternelle.
C’est tout à fait possible… si on en croit un article paru sur BBC News : « Dès que vous commencez à apprendre une autre langue, les deux systèmes commencent à entrer en concurrence. (…) Les enfants de moins de 12 ans [peuvent perdre leur langue maternelle]. À cet âge, le cerveau est flexible et malléable. Les connexions entre les neurones ne sont pas encore figées, ce qui permet d’apprendre, mais aussi de désapprendre, une langue rapidement. Des études ont ainsi montré que les enfants adoptés dans un pays tiers avant l’âge de 9 ans oublient souvent la langue qu’ils parlaient dans leur pays natal. » Mais « chez la plupart des migrants, la langue maternelle cohabite plus ou moins avec la nouvelle langue. » D’autant que vos enfants semblent avoir moins de 12 ans et qu’ils continuent à parler le français au moins en vacances. Par ailleurs, « la capacité à conserver cette première langue est en grande partie liée au talent inné : les personnes qui maîtrisent généralement bien les langues ont tendance à mieux préserver leur langue maternelle, quelle que soit la durée de leur séjour au pays. » Votre second enfant semble donc particulièrement bien placé. 

Si vous ne parvenez pas à obliger vos enfants à parler leur langue maternelle, le fait de le leur parler semble suffisant pour qu’ils ne la perdent pas. Sans doute seront-ils amenés à la pratiquer en grandissant. Avec ou sans accent “chti”…

✉️ On se retrouve dans 15 jours. En attendant, envoyez-nous vos histoires et vos questions à l’adresse : [email protected].

Retour de Donald Trump au pouvoir : « L’Europe doit arrêter de se replier sur elle-même pour parler d’une voix forte »

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Il y a quatre ans, l’Europe pensait en avoir terminé avec Donald Trump. Avec le retour du milliardaire à la Maison-Blanche, de nombreuses questions ont fait irruption dans les capitales du Vieux continent : quel avenir pour l’Ukraine ? Quelle paix avec la Russie ? Une guerre commerciale avec Washington peut-elle être évitée ? Ou encore comment contrer le milliardaire partisan de l’Amérique d’abord quand plusieurs gouvernements européens sont fragilisés eux-mêmes ?

Dans ce deuxième épisode « bonus » de votre podcast C’est ça l’Amérique dédié aux élections de 2024, le correspondant de La Croix et de French Morning à New York, Alexis Buisson, s’est rendu à Washington pour s’entretenir avec l’ancienne secrétaire d’État française chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme, Rama Yade. Elle est aujourd’hui la directrice Afrique du think tank Atlantic Council et l’auteure de « Les leçons de l’Amérique : nation et puissance » (Éd. L’Harmattan, 2024). Ensemble, ils évoquent les principales pommes de discorde entre les grandes puissances européennes et les États-Unis de Donald Trump.

C’est ça l’Amérique, un podcast de La Croix en partenariat avec French Morning et le programme Alliance-Columbia.

Le Bistro, le nouveau restaurant français aux saveurs libanaises à Miami

« Quand les traditions méditerranéennes rencontrent l’élégance française ». Ce slogan, affiché fièrement en haut du menu de Le Bistro, résume bien l’esprit du lieu, installé au coeur du bâtiment Landing River sur les bords de la Miami River. Du bleu pour la Méditerranée, un décor parquet, moulure et mur de briques. Tout est parfaitement orchestré pour s’immerger dans cet espace hybride entre Paris et Beyrouth. La carte n’est pas en reste. Le croque-madame, les huîtres et les planches de charcuterie et fromages côtoient presque naturellement les mezze comme le houmous ou le baba ghanoush maison venus de l’autre côté de la Grande Bleue.

L’établissement propose deux menus, un brunch avec des œufs, salades et tartines, puis une proposition plus chic pour le soir avec des plats comme le légendaire steak au poivre maturé 45 jours ou encore le poulpe grillé. Et puis côté dessert, la crême brûlée nous plonge instantanément dans une nostalgie de la Capitale.

Les Kibbeh, spécialité libanaise se mêlent au traditionnel pain et beurre. © Gary Schimmel-Bauer

Et c’est Olivier Rizk, le double gagnant 2024 de la meilleure baguette et du meilleur croissant du concours French Morning qui est aux commandes du restaurant imaginé comme une extension de sa boulangerie voisine Ficelle. « J’ai voulu être le premier boulanger à ouvrir un établissement plus raffiné que ce pourquoi je suis connu », affirme celui qui a fait ses armes chez Eric Kayser à New York. Le Bistro n’est pas spécialement luxueux mais je peux vous dire que mes escargots n’ont rien à envier à ceux des autres très bons restaurants français de Miami ! » explique celui qui a grandi en Haïti mais dont les parents sont libanais. Il revendique d’ailleurs sa culture arabe et a tenu à la mélanger à la cuisine française.

L’omelette frites et le steak frites au menu du brunch de 9am à 3pm. © Gary Schimmel-Bauer

Son chef, Gustavo Montes, un cuisinier de renom à Miami passé par plusieurs restaurants aux influences asiatiques, a été recruté sur sa façon de préparer un plat typiquement français. « Pour moi, savoir faire une bonne soupe à l’ognon est le signe que l’on s’y connaît en cuisine française. Gustavo m’a fait goûter la sienne qui est mise sous vide pendant 24 heures et j’ai tout de suite su qu’il avait déjà travaillé les plats traditionnels tricolores, c’est ce que je recherchais ». Le maire de la ville, Francis Suarez, s’en lèche encore les babines.

La soupe à l’oignon du chef Gustavo Montes, mise sous vide pendant 24 heures. © Le Bistro.

Olivier Rizk et Gustavo Montes ont imaginé une carte franco-libanaise sans verser dans la fusion food qui, il faut bien l’avouer, est un marché assez saturé à Magic City.

Un restaurant français avec une touche très Miami

Olivier Rizk veut aussi faire la part belle aux soirées qu’il compte organiser une fois part semaine. © Olivier Rizk

Bien qu’ouvert depuis fin novembre, Le Bistro, qui est le fruit d’un partenariat familial, a désormais passé sa période de rodage et ouvrira officiellement ces portes le samedi 18 janvier, à l’occasion d’une soirée d’inauguration. Et le boulanger désormais restaurateur veut aller plus loin. On peut d’ailleurs deviner ce qu’il a derrière la tête lorsque l’on aperçoit la platine de DJ qu’il a installée au fond de la salle. « En réalité, c’est un lieu que je voulais français mais résolument ancré à Miami. Quoi de plus Miami qu’un resto avec un DJ ? ». Rien n’est acté pour le moment, mais le trentenaire compte bien instaurer une soirée hebdomadaire « après la fermeture de la cuisine ».

Quant à l’avenir, Olivier Rizk souhaite ouvrir plusieurs endroits. Pour l’instant, il cherche un laboratoire d’où tout serait préparé. « C’est essentiel de tout centraliser pour contrôler la qualité et simplifier la fabrication des produits. Car je ne peux pas être partout ! ».  

[Vidéo] Patrimoine: les bonnes résolutions à adopter en 2025 pour les Français des États-Unis

Nous vous donnions rendez-vous en ligne le 14 janvier 2025 pour un webinaire dédié aux bonnes résolutions financières que tous les expatriés aux États-Unis devraient prendre en 2025.

Au programme :
– Quelles sont les prises de décision patrimoniales indispensables, ici aux États-Unis ?
– Comment protéger sa famille et son patrimoine de manière optimale ?
– Quelles sont les orientations pour votre portefeuille d’investissement en 2025 ?

Visionnez le replay ci-dessous ou directement sur YouTube

👉 Prendre rendez-vous gratuitement avec Alexandre Quantin: ici

Avec Alexandre Quantin, MBA, RICP®, Associé et directeur des investissements chez USAFrance Financials group. Avec plus de 10 ans d’expérience en gestion patrimoniale pour les Français aux États-Unis, Alexandre Quantin fait partie de la liste Forbes des meilleurs professionnels de la finance en 2024 et 2023. Il a notamment fait ses gammes en France chez BNP Paribas Private Banking et Credit Agricole CIB.

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Sonia Dridi (Washington DC) : Je suis journaliste au sein de la Maison Blanche et vous raconte les coulisses

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Albert Londres disait : « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Cette citation résonne particulièrement cette semaine alors que nous recevons Sonia Dridi, correspondante française accréditée à la Maison Blanche, dans un contexte marqué par des tensions politiques et l’imminence de l’investiture de Donald Trump.

Dîner des correspondants de presse, déplacements présidentiels, campagne électorale : Sonia Dridi a tout vécu – ou presque. Depuis plus de 8 ans, la journaliste suit au plus près les administrations américaines et rapporte avec rigueur les faits depuis l’épicentre du pouvoir mondial. À une semaine de l’investiture historique de Donald Trump comme le 47e président des États-Unis, la French Expat de la semaine nous plonge dans les coulisses du journalisme international, un métier exigeant qui demande autant de résilience que de passion.

Avant de rejoindre le prestigieux pool de journalistes accrédités à la Maison Blanche, Sonia a forgé son engagement pour l’information dans des conditions extrêmes. En 2010, alors jeune reporter pour France 24, elle s’installe en Égypte au cœur de la révolution. Mais au-delà des enjeux professionnels, Sonia partage avec sincérité les défis personnels qu’elle rencontre en tant que mère expatriée et journaliste dans un environnement où l’actualité ne dort jamais. Trouver un équilibre entre une carrière exigeante et sa vie de famille n’a pas été un chemin facile, mais elle incarne avec brio une résilience inspirante.

Enfin, face à une méfiance croissante envers les médias, Sonia livre ses réflexions sur l’importance de bâtir une relation de confiance avec le public. Avec lucidité, elle nous rappelle que la mission d’un journaliste est de rester fidèle à l’éthique de sa profession, même dans les moments les plus troublés.

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

Avec Bébé Foodie, Lucie Thomé veut rendre « joyeuse » (et plus rapide) la préparation des repas de bébé

Quel parent n’a pas déjà craqué lorsque son jeune chérubin, assis sur sa chaise haute et avec un regard de défi, vous balance son assiette de purée maison à la figure ? Ou lorsque, faute de temps, le parent a dû ouvrir en vitesse une boîte de purée industrielle pour bébé, au contenu peu transparent ? Nous sommes nombreux à avoir été, en quelques secondes, submergés par la culpabilité de ne pas donner la meilleure nourriture à notre progéniture.

C’est pour répondre à ce besoin immense de pédagogie, de recettes et surtout de déculpabilisation que Lucie Thomé, coach certifiée en nutrition installée aux États-Unis (New York), a eu l’idée de créer Bébé Foodie. Après un début de carrière en marketing dans des grands groupes comme Guerlain, elle devient maman et se rend compte de l’immense charge mentale que représente la préparation des repas, pour se renseigner, trouver des idées de plats pour bébés et cuisiner, surtout dans nos vies bien remplies.

Lucie Thomé, fondatrice de Bébé Foodie et ses deux enfants @Bébé Foodie

Entre le tout-maison et le tout-fait industriel

C’est en partant en week-end avec ses amies américaines qu’elle a le déclic : « Aux États-Unis, l’alimentation pour bébés est souvent vue en noir ou blanc : soit les parents font tout maison – c’est ce que nous font croire les réseaux sociaux -, soit ils achètent des ‘pouches’, gourdes pour bébés. La réalité est que nous sommes tous en train de faire de notre mieux, et on peut très bien faire les deux », raconte Lucie Thomé. En parlant aux jeunes parents, elle se rend compte qu’ils sont prêts à dépenser pour avoir des recommandations d’experts et des recettes appuyées. Bébé Foodie est né.

Application Bébé Foodie disponible en beta testing. © Bébé Foodie

Le casse-tête de la diversification alimentaire

Lucie Thomé a lancé sa plateforme il y a quelques mois et, pour gagner du trafic, a publié du contenu gratuit. Pour cela, elle s’est entourée d’une équipe de spécialistes (pédiatre, allergologue, nutritionniste, chef etc), répartis partout dans le pays. Elle collabore aussi avec plusieurs marques comme Little Spoon, les laboratoires Boiron ou encore Yuka, et contribué au blog de l’application à la carotte.

Bébé Foodie se concentre pour le moment sur la tranche d’âge clé de 4 à 18 mois. En particulier, la diversification alimentaire entre 4 et 7 mois, sujet casse-tête pour les jeunes parents : comment introduire les aliments et mettre en place une routine. La plateforme donne aussi des recommandations pour les « picky eaters », ces enfants difficiles avec qui il faut présenter les aliments, et dont il faut développer la curiosité avant tout chose. Ou encore des recettes alternatives, saines et nourrissantes, comme la purée tomates et aubergine, ou le muffin au butternut squash. Lucie Thomé est sur le point de lancer son application, déjà disponible en beta testing. Elle coûtera 14,99 dollars par mois, ou 89,99 dollars par an. Pour poursuivre sa mission, elle est en train de mener une levée de fonds de 500.000 dollars, dont elle a déjà collecté près de la moitié.

Le meilleur des cultures françaises et américaines

Entre France et États-Unis, celle qui habite à New York depuis 17 ans et est devenue américaine tout récemment, ne veut pas choisir. « Mon objectif est de prendre le meilleur des deux mondes et réconcilier les deux cultures. D’un côté, ne pas céder à la culture du snack ici, mais de l’autre, répondre au besoin de flexibilité pour s’adapter à aux contraintes et aux quotidien des parents », explique-t-elle. Pour les collations par exemple, un seul snack par jour suffit jusqu’à 16-18 mois, avant de pouvoir passer à deux.

Elle apporte cette French Touch tant envié par les Américains : être plus spontané et suivre son instinct, plutôt qu’une recommandation stricte d’alimentation autonome par le bébé (« baby-led weaning »), en opposition à la cuillère. Son message est surtout déculpabilisant : « Élever des enfants est difficile et l’un des principaux challenges est le manque de temps. Je veux soulager la pression qui pèse sur les parents pour que ce soit une expérience de vie joyeuse, que l’on en garde que les bons souvenirs ».

Comment aider les victimes des incendies et les pompiers de Los Angeles ?

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Des rafales de vents très violentes devraient à nouveau balayer Los Angeles ce lundi 13 janvier en fin de journée, menaçant les progrès réalisés ces derniers jours par les pompiers pour contenir les incendies qui font rage depuis près d’une semaine dans la ville californienne. L’alerte danger incendie est maintenu jusqu’à, au moins, mercredi matin. Le bilant est lourd : au moins 24 morts et des dizaines de milliers de personnes évacuées. 31 familles françaises ont vu leur maison détruite par les flammes. Pour les aider, et pour apporter votre soutien à tous ceux qui luttent contre les feux les plus meurtriers et les plus destructeurs de l’histoire de la Californie, French Morning a dressé la liste des organisations qui récoltent les dons et agissent directement sur le terrain.

Initiatives françaises pour aider les sinistrés français

Organisations américaines et internationales,

Ces organisations et fondations qui viennent en aide aux sinistrés, ont été signalées par Emeline Foster, fondatrice et CEO de Petrichor, un groupe dédié à la philanthropie :

  • Americares, cette organisation mondiale d’aide sanitaire et de secours pour les situations de tempête répond sur le terrain aux besoins sanitaires les plus urgents comme l’approvisionnement en eau et aux appels urgents de transferts d’argent.
  • Philanthropy California : l’organisation travaille en partenariat avec le Bureau des services d’urgence du gouverneur (Cal OES) pour soutenir les secours immédiats en cas de catastrophe et les efforts de reconstruction à long terme.
  • California Community Foundation. Cette fondation travaille sur le long terme sur les problématiques de qualité de vie à Los Angeles. Dans le cas des incendies, elle aide notamment à la reconstruction de logements et aux soutiens des communautés sinistrées.
  • California Fire Foundation, une organisation à but non lucratif qui soutient les pompiers et leurs familles.
  • Los Angeles Fire Department Foundation: La fondation récolte des dons en argent pour équiper les pompiers tels que des abris d’urgence, des sacs à dos d’hydratation et des outils de débroussaillage.
  • Direct Relief’s récolte des fonds pour venir en aide directement aux personnes touchées par les incendies à Palisades, Altadena et dans toute la Californie. L’organisation équipe notamment les médecins et les infirmières en ressources médicales vitales.
  • Community Organized Relief Effortor CORE, noue des partenariats locaux et avec des agences gouvernementales pour fournir des kits d’hygiène – tels des masques N95 – du WIFI et bornes de recharge pour téléphones, ordinateurs… afin que les personnes puissent contacter leurs proches.
  • Emergency Network Los Angeles (ENLA) est un réseau d’organisations à but non lucratif et d’entités gouvernementales travaillant dans le domaine de la gestion des urgences et du bien-être communautaire.