Si vous passez devant le 48 West 8th St dans Greenwich Village, vous trouverez… une galerie d’art. Mais (littéralement) derrière les œuvres de l’artiste français Thomas Labarthe, dit Toma-L, vous trouverez une porte secrète. Et derrière cette porte secrète, vous trouverez Frevo, qui a ouvert jeudi 16 mai.
Ce nouveau restaurant de gastronomie contemporaine française sur réservation uniquement –dont le nom dérive de « ferver », bouillir en portugais – est né d’une promesse faite il y a dix ans. Franco Sampogna, chef brésilien formé en France et Bernardo Silva, manager portugais de Frevo lui aussi issu de l’hôtellerie française, se sont rencontrés à Nice à l’âge de 17 ans.
Les deux jeunes hommes, qui n’avaient à l’époque en commun que la langue, se lient très vite d’amitié. « Un jour, mon parrain nous a amenés dans un restaurant étoilé et ça nous a fascinés », se souvient Bernardo Silva dans un français impeccable. Peu après, ils se jurent d’ouvrir un jour un restaurant à New York.
Franco Sampogna s’embarque donc dans des études de cuisine en France, où il se forme auprès du chef Fabrice Vulin à La Chèvre d’Or, dans les cuisines de Guy Savoy ou encore à l’Hôtel Plaza Athénée d’Alain Ducasse. De son côté, Bernardo Silva commence sa carrière au Windsor Hotel à Nice, avant de rejoindre les équipes du Shangri-La à Paris, puis de travailler sur les yachts de luxe et de poursuivre son parcours dans le restaurant éponyme du chef David Toutain.
Les deux amis d’enfance quittent finalement la France en 2016 pour reprendre Jema, un restaurant sur Long Island. Leur premier succès. « C’était un peu notre master en restauration, sourit Bernardo Silva. Ça nous a permis de voir les différences entre le marché parisien et new-yorkais. » Deux ans et plusieurs récompenses (Newsday’s Best New Restaurant 2016, Best Long Island Restaurants 2017, Wine Spectator Award of Excellence 2017) plus tard, les jeunes restaurateurs doivent quitter Jema, revendu par le propriétaire.
Après un an et demi de recherches et d’efforts, Franco Sampogna et Bernardo Silva ouvrent donc leur propre endroit à New York. Rien n’est laissé au hasard, des couteaux à viande corses aux moulures parisiennes des murs. Le résultat: 24 couverts dont 18 disposés sur un comptoir bordant une cuisine ouverte sous un plafond voûté, dans une atmosphère intime et élégante. Un effet chic et « comme à la maison ».
Les deux compères servent un menu unique de cinq plats (deux entrées, un poisson, une viande et un dessert, en plus des amuse-bouches) à 124 dollars. « On utilise les techniques françaises apprises et utilisées dans les grandes maisons mais on va apporter une petite touche de modernité », explique Franco Sampogna, lui aussi parfaitement francophone.
« Par exemple, on a une entrée avec des asperges mais on va y ajouter des pistaches et du coco. On va partir sur une touche un peu plus classique avec un turbot aux artichauts, puis on passera à quelque chose de plus brésilien avec un morceau de bœuf servi en picanha », précise le chef. Et son meilleur ami de conclure : « Notre but était de reprendre le côté élégant et raffiné d’un restaurant gastronomique et d’y apporter un côté jeune et nouvelle génération. »
Frevo, un restaurant français planqué dans une galerie à New York
4 entreprises françaises innovantes saluées par la FACC à Miami
L’innovation française a une nouvelle fois été primée lors du gala annuel de la FACC de Floride (Chambre de Commerce Franco-Américaine). Les entreprises françaises Mirazome, Virtualis, AV Composites et Innersense 3D ont chacune reçu un « Innovation Awards 2019 », jeudi 16 mai, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée au sein de la Miami Tower à Downtown en présence de près de 200 convives.
« C’est une belle surprise et une grande fierté d’avoir remporté ce prix qui va donner un coup de projecteur à notre société qui vient d’être créée », se félicite Michel Legros, lauréat de la catégorie « Art de vivre ». Avec Mirazome, signifiant « partager » en grec, l’entrepreneur français propose un service de livraison de plats préparés sous vide et issus de l’agriculture biologique. “Il est possible de commander un plat pour un seul repas ou de constituer un menu complet pour la semaine. C’est un véritable gain de temps et cela évite surtout de réfléchir à ce que nous allons devoir cuisiner en rentrant chez soi”.
Dans la catégorie « Environment », le trophée de l’innovation a été décerné à la société AV Composites qui produit des panneaux isolants pour toiture de véranda. Ils sont composés d’une mousse écologique fabriquée à partir de bouteilles plastiques recyclées, indique Romain Aprin, responsable des ventes aux États-Unis. “Leur isolation thermique permet de remplacer un panneau en bois d’une dizaine de centimètres. En cas de dommages matériels, le panneau sera entièrement recyclé afin d’en créer un autre ».
Cette année, la lauréate de la catégorie « Digital » est l’entreprise Innersense 3D qui développe des applications d’essayage virtuel de meubles en réalité augmentée. « Cela permet de visualiser les meubles en trois dimensions directement dans son intérieur, explique Emmanuel Maurette, responsable des ventes aux États-Unis. Il est possible de les bouger et de changer leur couleur. Nous pouvons ainsi vérifier leur encombrement avant de les acheter directement sur Internet sans même se déplacer en magasin ».
Enfin, la société Virtualis fondée par le kinésithérapeute Franck Assaban remporte, quant à elle, le trophée de l’innovation dans la catégorie « Start-up ». Mettant la réalité virtuelle au service de la santé, l’entreprise française commercialise des logiciels destinés aux thérapeutes pour les aider à traiter leur patient.
Deux Françaises des US font un guide contre le plastique
« Il y aurait d’ici 2050 plus de plastique dans les océans que de poissons ». C’est face à ce constat accablant que les Françaises Charlotte Attry, journaliste-auteure (qui écrit notamment pour French Morning San Francisco), et Stéphanie Regni, entrepreneuse zéro déchet et créatrice de Fillgood, concept de distribution en ligne de produits cosmétiques et d’entretien pour la maison, ont décidé de s’unir et d’écrire le guide Detox plastique – La salle de bain.
Disponible gratuitement en téléchargement depuis le 16 mai, l’objectif de cet e-book de 28 pages est de montrer qu’il existe des solutions simples et faciles qui peuvent changer les choses, même à petite échelle. Sous la douche, dans la bouche, sous les bras ou dans la culotte : le guide se compose de six chapitres pour apprendre à réduire et supprimer le plastique de la salle de bain. Leur règle d’or ? « Refuser, réduire, ré-utiliser, composter, recycler ».
Lors de leur expatriation dans la baie de San Francisco, ville connue pour sa politique écologique drastique, Charlotte Attry et Stéphanie Regni prennent respectivement conscience de l’impact du plastique sur la planète et de la simplicité des changements nécessaires. Les deux femmes se rencontrent en 2016 et décident alors de mettre en commun leurs compétences (l’écriture pour l’une, l’expérience du zéro déchet pour l’autre) dans le but de sensibiliser le grand public.
Anne de Villeméjane, une artiste française au Festival LIC Arts Open
Un week-end placé sous le signe de l’art. Dans le cadre du neuvième « LIC Arts Open », une festival d’ateliers ouverts qui se déroulera les samedi 18 et dimanche 19 mai, Anne de Villeméjane exposera son travail dans l’espace culturel Reis Studio, un bâtiment qui abrite quelque 200 artistes.
Cette artiste française contemporaine vivant à New York a présenté son travail à travers la France et les États-Unis. Se spécialisant principalement dans la sculpture et la peinture, elle cherche, par le biais de ses œuvres, à s’interroger sur la féminité en composant des formes de femmes pensives, délicates voire pré-occupées.
Organisé par un petit groupe de bénévole, le LIC Arts Open est un évènement annuel culturel qui souhaite mettre en lumière la communauté artistique de Long Island City.
Européennes 2019: où voter dans la circonscription de New York ?
Si la France vote le dimanche 26 mai pour élire ses députés européens, les Français des Etats-Unis sont appelés aux urnes la veille. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, il est possible d’établir une procuration (à condition de ne pas s’y prendre à la dernière minute).
Pour ceux qui peuvent voter à l’urne, huit bureaux de vote seront ouverts dans la circonscription de New York (New York, New Jersey, Connecticut, Bermudes) le jour du scrutin: quatre à Manhattan, un à Brooklyn, un à Mamaroneck, un à Jersey City et un à Princeton. Ils seront ouverts de 8am à 6pm sur l’ensemble de la circonscription.
Le Consulat général de France, 934 Fifth Avenue, 10021 (deux bureaux de vote), New York
The École,111 East 22nd Street, New York, 10010
NYFACS New York French American Charter School, 311 West 120th Street, New York, 10027
International School of Brooklyn, 192 Luquer Street, Brooklyn, New York, 11231
FASNY, French American School of New York, Elliot Avenue angle Ralph Avenue Mamaroneck, New York, 10543
Ecole Franco Américaine, 75 Mapleton Road, Princeton, New Jersey
French American Academy of Jersey City, 209 3rd Street Jersey City, New Jersey, 07302
WantedDesign ouvre sous le signe de l’environnement et des femmes à Brooklyn
Dans les entrepôts réinvestis du complexe Industry City à Sunset Park, WantedDesign Brooklyn ouvre ses portes pour la sixième fois à New York du jeudi 16 au lundi 20 mai.
Le but de ce salon du design – la version grand public de la foire du même nom à Manhattan qui se tiendra du vendredi 17 au mardi 21 mai : « Présenter des choses très différentes avec des projets plus culturels, des projets de recherche, des projets un peu plus pointus, des choses qui n’ont pas nécessairement leur place dans un salon mais qui ont définitivement leur place dans la Design Week de New York », détaille la Française Claire Pijoulat qui a co-fondé WantedDesign en 2011 avec Odile Hainaut.
Cette année, les étudiants sont à l’honneur avec une trentaine de projets présentés au rez-de-chaussée de l’espace sur deux étages. « On constate que les étudiants et les écoles en général font de plus en plus attention à l’environnement. Aujourd’hui, c’est très présent dans les projets parce qu’ils ne peuvent plus travailler en tant que designer sans penser à l’avenir des objets », commente la co-fondatrice, avant de préciser qu’il n’y a « aucun autre endroit pendant la Design Week où l’on montre les travaux des étudiants d’écoles étrangères ».
A l’étage, la collaboration transatlantique Oui Design en partenariat avec les services culturels de l’ambassade de France fête ses trois ans et investit près de la moitié de l’espace, en plus d’une vaste exposition dédiée aux designers locaux d’Industry City, IC Design.
Les trois projets phares de Oui Design cette année : Game ChangeHer qui met l’accent sur le travail de sept femmes designers françaises ou basées aux Etats-Unis (Lani Adeoye, Nina Cho, Pauline Deltour, Claire Lavabre, Inès Le Bihan, Nao Tamura et Marie-Victoire Winckler), Transatlantic Creative Exchange, quatre duos de designers et de fabricants français et américains qui présentent une œuvre ou une collection conçue à l’issue d’une collaboration d’une semaine (CIAV Meisenthal et Elyse Graham, Corning Museum of Glass et Philippe Nigro, Neal Feay et Guillaume Delvigne, Procédés Chénel et Rodolfo Agrella) et enfin Bounce, une exposition-performance conçue par la Française Stéphanie Marin (Smarin).
Européennes 2019: où voter au Texas ?
Si la France vote le dimanche 26 mai pour élire ses députés européens, les Français des Etats-Unis sont appelés aux urnes la veille. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, il est possible d’établir une procuration (à condition de ne pas s’y prendre à la dernière minute).
Pour ceux qui peuvent voter à l’urne, plusieurs bureaux de vote seront ouverts de 8am à 6pm sur l’ensemble de la circonscription (Texas, Oklahoma, Arkansas). Il y aura des bureaux de vote dans les trois principales villes texanes.
–Consulat général de France à Houston
777 Post Oak Boulevard, Suite 600
Houston Texas 77056
–Dallas International School (campus de Churchill)
6039 Churchill Way
Dallas, TX 75230
–Austin International School
4001 Adelphi Ln
Austin, TX 7872
Un dîner arrosé avec les Compagnons du Beaujolais de San Francisco
Si la cuisine française vous manque, rejoignez l’ordre des Compagnons du Beaujolais, Devoir de San Francisco pour une cérémonie arrosée. Le samedi 18 mai, la confrérie organise un dîner de cinq plats au restaurant Jeanne d’Arc qui mettra en valeur les meilleurs crus du Beaujolais accompagnés d’une délicieuse cuisine française.
Avant que le diner ne soit servi, une cérémonie d’intégration des nouveaux “compagnons” sera organisée en présence du Grand Maître Paul Fourrichon, venu spécialement de Villefranche pour l’occasion.
Fondé au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les Compagnons du Beaujolais ont pour but de défendre et de promouvoir le Beaujolais en France et dans le monde. Leur devise affiche la couleur: « Vuidons les tonneaux !».
"Les trois Mousquetaires" entrent en scène à Houston
Pour tous les amoureux de cape et d’épée, l’Alley Theatre présente l’adaptation par Ken Ludwig du livre d’Alexandre Dumas, Les trois Mousquetaires.
Une chevauchée romantique pleine de dangers et de burlesque, parfaitement adaptée à toute la famille: le récit intemporel d’Alexandre Dumas prend vie lorsque le jeune D’Artagnan, accompagné de sa sœur Sabine, rencontre les célèbres Trois Mousquetaires.
Les comédiens, huit hommes et quatre femmes, évoluent dans des décors pittoresques. Une aventure frénétique qui met habilement à jour le roman de Dumas. C’est un mélange de gaieté parfaitement conforme aux versions les plus populaires d’Hollywood. Mais c’est aussi une combinaison d’amour, d’aventure et de bonnes valeurs à l’ancienne. Le succès de cette pièce de théâtre, qui a été jouée dans bon nombre de pays, a récompensé son metteur en scène et dramaturge, Ken Ludwig, de plusieurs prix. A noter que le théâtre organise des combats à l’épée tous les week-ends de représentation.
"Mon garçon", le thriller montagnard de Guillaume Canet
Réalisé par Christian Carion avec Guillaume Canet, Mélanie Laurent et Olivier de Benoist, “Mon garçon” n’avait pas rencontré son public lors de sa sortie française en 2017. Il tente sa chance aux Etats-Unis.
Le duo Canet-Carion, c’est une longue histoire de collaboration ambitieuse ayant donné des drames historiques surprenants et audacieux (dont « Joyeux Noël » en 2005 et « L’Affaire Farewell » en 2009).
Pour cette nouvelle collaboration, le tandem s’est dirigé vers le thriller. Partant d’un postulat classique, à savoir la disparition inexpliqué d’un garçon de 7 ans qui oblige son père à mener l’enquête de son côté, le metteur en scène se sert d’un dispositif de tournage insolite : celui de la condition réelle. Une méthode qui lui permet de malmener son comédien fétiche avec intelligence. N’ayant pas le scénario en main, Guillaume Canet devait adapter son jeu au gré des circonstances et de l’intrigue sur un temps de tournage extrêmement réduit. Le résultat à l’écran est convaincant et on s’attache à ce père paumé dans sa recherche de la vérité.
Au programme: enquête, action, torture et course-poursuite sur fond de Vercors massif et somptueux. Toutefois, on peut regretter les performances de Mélanie Laurent et d’Olivier de Benoist. Ils livrent des prestations honorables sans être remarquables, sans doute parce qu’ils n’ont pas très présents dans le film. Certains éléments de l’intrigue ne sont pas expliqués autant qu’on l’aimerait, notamment l’identité des auteurs du kidnapping. À vous de juger !
À travers une exposition-événement, Dior fait retour à Dallas
D’abord présentée au Denver Art Museum, l’exposition « Dior: From Paris to the World » ouvrira ses portes le 19 mai au Dallas Museum of Art (DMA). Elle retrace l’évolution de la célèbre maison de couture parisienne, qui a habillé les plus grandes stars, de Marlène Dietrich à Lady Gaga en passant par Liz Taylor et Marilyn Monroe.
Depuis les toutes premières robes dessinées par Christian Dior lui-même jusqu’aux dernières créations de l’actuelle directrice artistique de la maison, l’italienne Maria Grazia Chiuri, l’exposition présente près de 200 silhouettes, accessoires et croquis issus du fonds de collection de la maison Dior et de collections privées. Plus largement, elle raconte l’histoire d’une maison de couture qui a bouleversé le monde de la mode.
En 1946, lorsque Christian Dior monte la maison qui porte son nom, la France sort de la guerre et la mode a traversé une longue période d’austérité. Le jeune créateur dessine alors une nouvelle ligne, caractérisée par une taille cintrée, une poitrine haute et ronde, des épaules étroites et des jambes découvertes. « Nous consacrons une salle entière à ces premiers modèles, appelés « New Look », selon l’expression employée à l’époque par une journaliste américaine », explique Sarah Schleuning, commissaire d’exposition en charge des Arts Décoratifs et du Design au DMA. « C’est cette collection qui a fait l’immense succès de la maison Dior, en France comme à l’étranger. » Christian Dior est visionnaire et, moins d’un an après le lancement de cette première collection, il part à la conquête du marché américain. « En 1947, M. Dior se rend pour la première fois aux Etats-Unis, invité à Dallas pour recevoir le prix de la Fondation Neiman Marcus, décerné chaque année aux grandes personnalités de la mode par le grand magasin de luxe américain », précise Sarah Schleuning.
En quinze ans, et malgré le décès de Christian Dior en 1957, la maison se développe dans 15 pays et s’accapare, à elle seule, 75% des exportations de la mode parisienne.
L’exposition montre les travaux de chaque créateur, jusqu’aux plus récents présentés lors du dernier défilé Dior. Les plus grands noms de la mode se sont succédés à la tête de la maison : Yves Saint-Laurent (qui fut l’assistant de Christian Dior, et inventa la ligne Trapèze dont plusieurs exemples sont présentés dans la salle qui lui est consacrée), Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons, et Maria Grazia Chiuri.
Certains modèles sont confrontés aux oeuvres qui les ont inspirés: les nénuphars de Claude Monet ont donné lieu au rose pâle d’une robe, les cactus de Georgia O’Keeffe au vert d’une silhouette ou encore une toile de Sterling Ruby qui inspira un rose saturé à Raf Simmons. « Nous avons également souhaité montrer la forte influence de l’art sur l’univers créatif de la Maison Dior », explique Sarah Schleuning.
Celia Hodent, la Française derrière le succès de Fortnite
Celia Hodent fait partie de ces rares femmes dans l’industrie du jeu vidéo. Diplômée de l’Université Paris 5-Sorbonne et titulaire d’un doctorat en psychologie (spécialisée en le développement cognitif chez l’enfant), elle a collaboré avec les plus grands noms du secteur en tant qu’employée puis consultante UX (User Experience).
Cette professionnelle de l’ombre compte à son palmarès d’innombrables jeux mondialement connus : “Rainbow 6”, “Driver”, “Assassin’s Creed”, “Star Wars : 1313” et bien sûr “Fortnite”, le plus gros projet de sa carrière. Ce jeu de bataille édité par Epic Games a attiré des millions de joueurs et est devenu un phénomène de société. “J’ai énormément bossé sur la création de Fortnite (pendant plus de quatre ans) comme le projet était des plus ambitieux. J’ai développé pour eux une équipe UX. On a embauché des UX designers, des chercheurs… Ça n’a pas été de tout repos comme le jeu était unique en son genre.”
Après avoir lancé sa carrière chez Vtech en 2005, elle rejoint dans un premier temps les équipes d’Ubisoft Paris, puis celles d’Ubisoft Montreal en 2010, les studios de LucasArts en 2012 puis finit chez Epic Games. Là, elle occupe le poste de directrice UX. Après la sortie de Fortnite, projet auquel elle a participé, elle décide de se mettre à son compte. “Quand j’ai reçu mon diplôme, je ne pensais pas rejoindre l’univers du jeu. Le métier que j’ai maintenant n’existait pas à l’époque. J’ai su être à l’affût. Il est important pour les jeunes diplômés de garder l’esprit très ouvert pour pouvoir sauter sur de nouvelles opportunités.”
En étroite collaboration avec les concepteurs de jeux, Celia Hodent a pour mission de rendre plus intuitif l’usage du jeu video pour le cerveau. “On veut offrir aux joueurs la meilleure expérience possible, explique-t-elle. Pour cela, on va travailler à retirer toutes les frustrations possibles qui ne sont pas liées au challenge du jeu. Afin d’optimiser cette stratégie, nous avons développé un laboratoire de playtest chez Epic Games afin de tester les jeux en développement et de les améliorer avec le retour de joueuses et joueurs.” Sur place, elle forme également de nouvelles recrues à l’UX et tente de démocratiser au maximum le rôle primordial de la psychologie cognitive.
En parallèle de ses missions de consultante, la Française de 41 ans donne également des conférences à travers le monde sur la psychologie cognitive et l’usage que l’on peut en faire dans le milieu du jeu vidéo. Elle est aussi l’auteure d’un livre destiné aux concepteurs de jeux, How Neuroscience and UX can impact Video Game Design.
Comment vit-elle le fait d’être une femme dans cet univers très masculin ? “L’univers du gaming est réputé pour être majoritairement masculin et quelque peu sexiste. Dans mon cas, c’est quelque chose que j’ai vraiment ressenti lorsque je suis devenue plus expérimentée. Par exemple, je n’étais pas invitée à certains meetings, je me demandais aussi si je gagnais le même salaire que mon alter-ego masculin.” Quand le scandale #Gamergate éclate en 2014, l’un des mouvements précurseurs du #MeToo dans le gaming, elle se réjouit que “les langues se soient déliées.” Pour la première fois, “de nombreuses femmes ont pris la parole pour raconter leur quotidien. Misogynie et harcèlement sexuel ont été abordés.”
Historiquement, les jeux vidéo n’ont pas toujours été faits et pensés par/pour des hommes. “Au début, les femmes étaient très présentes dans l’industrie du jeu vidéo et les jeux étaient destinés aux filles comme aux garçons. Puis avec l’arrivée de la 3D et le tournant “shooter”, les jeux vidéo ont commencé à être marketés vers une masse essentiellement masculine. On est passé de jeux vidéos créés pour la famille à des jeux vidéos monogenrés.” Au fil des années, cette idée s’est implantée dans la société emmenant avec elle son lot de stéréotypes comme “les filles, ça ne joue pas aux jeux vidéo.” Celia Hodent doit être “l’exception qui confirme la règle”.