L’été, ou plutôt l’humidité, est enfin arrivé dans la capitale. Pour les jours trop chauds, on peut facilement trouver une activité pour se rafraîchir au bord du Potomac ou les pieds dans l’eau.
Le kayak sur le Potomac
Le club de canoë-kayak le plus accessible se trouve à Georgetown. Pas besoin de réservation pour s’assurer une place à Boating in DC at Key Bridge Boathouse entre avril et octobre. Une feuille remplie et un paiement plus tard, vous serez dans l’eau avec votre partenaire et un gilet de sauvetage pour 16 dollars de l’heure. L’avantage de ce club, c’est d’être tout prêt du Lincoln Memorial, ce qui permet d’avoir aussi un autre angle sur ce monument historique. Pour une aventure en solitaire, les canoës sont aussi disponibles pour 25 dollars de l’heure. Pour le paddleboarding, comptez 22 dollars de l’heure et une bonne maîtrise de son équilibre. Ouvert de 9am à 7pm la semaine, et à partir de 8am le week-end.
Faire un tour à la piscine
Si vous habitez à Washington D.C., l’entrée dans une piscine publique est gratuite ! Les Washingtonians ont le choix entre 21 piscines en plein air et 11 piscines d’intérieur. Pour les non-résidents, l’entrée de 3 à 7 dollars. Un pass de 30 ou 90 jours est aussi disponible. Si vous êtes plutôt pieds dans l’eau et cocktail en main, de nombreux hôtels ouvrent leurs portes au public. Par exemple, l’Embassy row hotel, à Dupont Circle, propose un “day pass” pour 30 dollars après 2 pm. Ou encore, à Liaison Capitol Hill, dans le quartier de Noma, un pass de 40 dollars pour la journée est proposé pour profiter de l’eau de 8 am à 8 pm.
Apprendre la plongée
Avant de partir dans des endroits paradisiaques pour les vacances, de nombreux clubs vous proposent de passer votre certificat de plongée à Washington DC. Le DC Surface Interval, au 4932 Wisconsin Ave NW, propose des cours en eau libre, de la plongée sous-marine, de la nage nocturne, des cours de premiers soins, des classes de photographie sous-marine ou encore de plongée technique. Les séances de formation en classe et en piscine sont données au Yates Field House de l’Université de Georgetown. Blue Planet (1761 S. St. NW) propose également de passer la certification de plongée sous-marine.
Se baigner dans le Yard Park
Dans ce parc situé le long de l’Anacostia (355 Water St SE), de nombreux jeux d’eau ont été installés récemment. Un petit bassin de 30 centimètres de profondeur accueille la joie des bambins et de leurs parents qui peuvent se rafraîchir un bon coup lors d’un après-midi ensoleillé. A l’entrée du parc, les enfants jouent également avec les fontaines d’eau et les jets. La nuit, les lumières changent de couleur, ce qui apporte un peu de féerie à cette nouvelle construction.
Pédalo sur le Tidal Basin
Même si cela fait longtemps que l’on habite à Washington DC, rien n’empêche de s’offrir un instant touristique. En plus de s’amuser sur l’eau, le bassin permet de voir les mémoriaux sous un nouvel angle. Du Thomas Jefferson Memorial à celui de Franklin Roosevelt en passant par Martin Luther King et de George Mason, la promenade est plutôt sympathique. Seul un club propose cette activité: le Boating in DC at Tidal Basin (1501 Maine Ave, SW) pour 18 dollars de l’heure à deux et 30 dollars de l’heure à 4.
5 activités aquatiques pour se rafraîchir à DC
5 concerts en plein air à ne pas manquer cet été à New York
La ville qui ne dort jamais n’a jamais aussi bien porté son nom que l’été, lorsqu’elle vibre au son des concerts et des festivals de musique en plein air. De la pop au jazz en passant par le rock ou la techno, il y en a cette année encore pour tous les goûts. Tour d’horizon des concerts à ne pas manquer à New York.
Le rock de Fall Out Boy à Central Park
L’émission de télévision Good Morning America, diffusée sur ABC, organise pour la huitième année les Summer Concert Series, une série de concerts (très) matinaux organisés en plein air chaque été à Central Park. Après avoir accueilli notamment Liam Payne, J Balvin, Sting et Pitbull, le Rumsey Playfield vibrera au son du célèbre groupe de rock américain Fall Out Boy le 27 juillet de 7 à 9am. Concert gratuit, ouverture des portes à 6am. Summer Concert Series, Rumsey Playfield, Central Park.
Le jazz de Louis Armstrong à Queens
Originaire de Charleston en Caroline du Sud, Joey Morant est l’un des meilleurs trompettistes de sa génération. L’artiste a partagé la scène avec les plus grands dont James Brown, Paul McCartney et Ray Charles. Il reprendra les classiques de Louis Armstrong le jeudi 9 août à 6:30pm au Socrates Sculpture Park à Queens. Concert gratuit. “Hot Lips”, Joey Morant, Socrates Sculpture Park, Queens.
Dua Lipa, Migos et The Weeknd à Randall’s Island
Le festival Panorama revient pour la troisième année consécutive à Randall’s Island du 27 au 29 juillet. La journée du vendredi 27 sera particulièrement riche puisque l’artiste britannique Dua Lipa, le groupe de rap américain Migos et l’artiste pop R&B The Weeknd se relayeront sur la scène du Randall’s Island Park. Comptez 125$ le pass un jour. Places en vente sur le site de l’organisateur. Panorama Festival, 20 Randall’s Island Park, Randall’s Island.
Les classiques de Broadway à Forest Park
William Gati est pianiste et saxophoniste. Sarah Goldrainer est actrice et chanteuse lyrique. Les deux artistes reprendront ensemble des classiques de Broadway comme “Les Misérables”, “Le fantôme de l’opéra” et ou “Un Violon sur le toit” dimanche 29 juillet à 2pm au George Seuffert Bandshell de Forest Park à Queens. Ce concert est gratuit. Bill Gati Duo: Broadway Show Tunes, George Seuffert Bandshell, Forest Park, Queens. (718) 235-4100.
Le meilleur de la techno au Brooklyn Mirage
Le Brooklyn Mirage est un gigantesque complexe à ciel ouvert qui peut accueillir jusqu’à 6.000 fêtards. Les meilleurs DJ de la planète viennent y jouer chaque week-end de mai à octobre, dans un décor de palmiers et de plantes tropicales. Ne manquez pas la soirée “La La Land Experience” le vendredi 3 août à 8pm avec en guest le DJ originaire de Detroit Carl Craig. Pré-ventes disponibles sur le site du Brooklyn Mirage à 39,40$. Brooklyn Mirage, 140 Stewart Avenue, Brooklyn.
Le Moonrise Festival 2018 enflamme Baltimore en août
Le Moonrise Festival est de retour pour sa 5ème édition. Du samedi 11 au dimanche 12 août de 11am à 11pm, Baltimore dansera aux rythmes de la musique house, hip hop et électronique. Le festival a lieu au Pimlico Race Course.
Depuis 2014, le Moonrise Festival réunit les meilleurs artistes et DJs du moment. Cette année, DJ Snake, Diplo, 3LAU, Marshmello et bien d’autres mettront l’ambiance durant ces deux jours.
Les tickets sont en vente ici. Pour les deux jours, comptez 174,50 dollars et 119 dollars pour le samedi ou le dimanche uniquement.
Le "Dîner en Blanc" 2018 aura lieu le 25 août à Washington
La date d’anniversaire a été fixée. C’est donc le 25 août qu’aura lieu la cinquième édition du Dîner en Blanc dans le District of Columbia. Pour l’occasion, plus de 5000 gourmands et créatifs seront conviés dans un des espaces publics les plus prestigieux de la Capitale Fédérale. Un lieu qui, tradition oblige, ne leur sera révélé que quelques heures avant le début de festivités.
Lancé à Paris il y a exactement 30 ans, le concept du dîner en blanc reste le même à travers le monde: c’est un pique-nique chic, un grand rassemblement d’amis pour lequel tous les participants doivent être vêtus de blanc. L’élégance est de rigueur. Chaque convive participe à la préparation de l’événement et apporte son matériel, notamment sa propre table et ses chaises. Et comme cela ne s’appelle pas dîner en blanc pour rien, la table, les chaises et les décorations de table, les fleurs doivent être blancs.
Cette année, les inscriptions au Dîner en Blanc de Washington se feront en trois phases:
1) Le 31 juillet à 1PM: première phase pour les participants de l’année dernière. Ils auront l’opportunité à ce moment de sponsoriser un ou une amie pour la phase 2.
2) Le lundi 6 août, la deuxième phase permettra à ceux qui ont été parrainés lors de la phase 1 de reserver leurs places à leur tour.
3) Finalement, le 9 août, les personnes inscrites sur la liste d’attente (il y en a plus de 38.000!) pourront essayer de prendre les dernières places restantes.
Les années précédentes, ce dîner un peu spécial a investi le Navy Yard, le National Mall près du Lincoln Memorial ainsi que Pennsylvania Avenue.
Daroussin et Huppert changent d'air sur TV5 Monde US
C’est l’histoire classique d’un couple qui se retrouve face à lui-même après le départ des enfants. Brigitte (Isabelle Huppert) et Xavier (Jean-Pierre Darroussin) dirigent une exploitation agricole, mais la routine pèse de plus en plus sur elle, qui décide de s’échapper à Paris pour revoir l’ami de sa voisine.
Tel est le pitch de “La ritournelle”, une comédie de Marc Fitoussi qui sera diffusée sur TV5 Monde USA le dimanche 5 août à 8:30pm (EDT) / 5:30pm PDT. Pio Marmaï, Marina Foïs et Audrey Dana jouent aussi dans ce film sorti en 2014 et sélectionné en compétition officielle au Festival International de Moscou.
“Moi impat”, histoires de retour au pays, épisode 7
Surprise, bonheur, mais aussi déception, désillusion sont des sentiments que connaissent bien celles et ceux que l’on appelle les “impatriés”. French Morning a donc tendu son micro à des Français qui racontent comment ils ont vécu leur retour au pays.
Marie-Laure Vuillieme connaît l’expatriation depuis son enfance. Après avoir vécu la fin de l’URSS (qui deviendra la Russie), elle est partie faire ses études aux Etats-Unis et exercer son métier de journaliste à Londres. Son retour en France, elle ne l’a souhaité qu’à moitié. Pour elle, “Paris ressemblait à un village à comparer à toutes les villes que sont Moscou, Londres ou New York, où le dynamisme est incomparable”, raconte-t-elle au micro de French Morning. Pour Marie-Laure Vuillieme, l’expérience à l’étranger est essentielle et encourage les jeunes à s’exiler pour s’enrichir professionnellement et culturellement.
Rugby à 7: les Bleues vice-championnes du monde à San Francisco
Elles ont créé la surprise. L’équipe de France féminine s’est hissée jusqu’en finale de la Coupe du Monde de Rugby à sept, qui se tenait à San Francisco du 20 au 22 juillet. Elles ont été battues 29 à 0 par la Nouvelle-Zélande. Cette dernière conserve donc son titre de championne du monde acquis en 2013.
L’équipe de France peut néanmoins se consoler: c’est son meilleur résultat depuis la première Coupe du Monde de rugby à sept en 2009. En demi-finale, elle a battu l’Australie, un des favoris de la compétition. Bernard Laporte, président de la fédération française de rugby à XV a félicité les “Enragées”, surnom de la formation, sur twitter: “Un parcours exceptionnel de nos Bleues, 2èmes de cette Coupe du Monde. Nous pouvons les féliciter et continuer de les encourager de toutes nos forces pour les compétitions à venir. Elles font honneur au maillot. Merci les Enragées !”
L’équipe de France masculine termine, elle, le tournoi en 8ème position.
Au total, quarante équipes (24 masculines, 16 féminines) participaient à cette Coupe du Monde, septième du nom pour les hommes, troisième pour les femmes.
Affaire Benalla: une "crise" pour Macron selon la presse américaine
Les détails de ce que les médias français appellent “l’affaire Benalla” ou encore “Benallagate” commencent seulement à émerger. Mais une chose est claire de ce côté-ci de l’Atlantique: pour la presse américaine, cette histoire a un parfum de “crise” pour le gouvernement et le président français.
La chaine publique PBS assure que “la France a été choquée” par la vidéo montrant l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron s’en prenant violemment à deux manifestants lors des rassemblements du 1er-Mai. Elle note aussi que “le mécontentement grandissant marque la première fois que Macron, un nouveau-venu centriste, fait face à un scandale depuis son entrée en fonction le 1er mai 2017, lui qui promettait une présidence exemplaire rompant avec le passé teinté de scandale de l’élite politique française“.
La chaine CBS va dans le même sens: “l’implication de Benalla dans ces violences est en train de se transformer dans la plus grande crise politique de Macron depuis son arrivée à la présidence“.
Pour le Washington Post, le président française est confronté à “un scandale grandissant” et note que cette affaire “l’a mené à un silence bizarre alors que son gouvernement fait face à des questions autour d’un traitement spécial qui aurait été accordé à un employé de l’Elysée pour éviter tout problème avec la justice“. Le New York Times résume bien la situation et ses implications pour le président: “Un aide de Macron frappe un manifestant. Le président a un bleu“.
Jugeant le chef de l’Etat “pris dans une tempête de critiques“, le quotidien rappelle que ce n’est pas la première controverse à laquelle il doit faire face: “c’est la dernière d’une série de controverses récentes – des accusations de traffic d’influence par un proche conseiller, une bagarre autour d’un nouveau et cher service de table et une réprimande contre un élève – qui nourrissent les accusations selon lesquelles M. Macron est un “président des riches” monarchique coupé du peuple français“. Un point que note aussi le Washington Post. “Les critiques de Macron ont saisi cette opportunité pour décrier la personnalité d’un président souvent appelé ‘Jupitérien’, coupé des réalités ou ‘président des riches’. Affaire à suivre.
Sur la race, Français et Américains ne peuvent pas se comprendre
Tout est parti d’une blague innocente de l’humoriste Trevor Noah qui félicite l’Afrique pour sa victoire en Coupe du Monde. S’en est suivi une pluie de critiques de la part de Français excédés, y compris de l’Ambassadeur de France aux Etats-Unis Gérard Araud, qui s’est fendu d’une lettre polie mais ferme. A laquelle l’animateur du Daily Show a répondu, sans trop rire cette fois-ci.
C’était l’illustration d’un dialogue de sourds entre la France et les Etats-Unis. Pourquoi les deux pays sont-ils incapables de se comprendre sur ce sujet sensible ? French Morning a posé la question à Crystal Marie Fleming, spécialiste des questions raciales à l’université Stony Brook et auteure d’un livre sur le cas français, Resurrecting Slavery: Racial Legacies and White Supremacy in France. Son prochain livre How to Be Less Stupid About Race: On Racism, White Supremacy and the Racial Divide doit sortir en septembre.
French Morning: Etes-vous surprise par l’intensité des réactions côté français ?
Crystal Marie Fleming: C’est surprenant que l’ambassadeur de France aux Etats-Unis ait envoyé une lettre à Trevor Noah, mais cela en dit long sur la place de la race dans la politique française aujourd’hui. En 1998, le multiculturalisme de l’équipe de football était célébré, mais en 2018, il est balayé d’un revers de main. La victoire des Bleus est présentée comme celle de la France et d’elle seule.
Plusieurs facteurs l’expliquent. L’un d’eux est la montée de l’extrême-droite en France et le durcissement de la droite traditionnelle. Dans sa lettre, l’ambassadeur Araud a mentionné que les doubles identités (africaine et française par exemple) ne sont pas reconnues en France. C’est une manière de dire en creux que le modèle français est supérieur à celui des Etats-Unis. L’une des choses que j’explique dans mes livres est que ce sentiment de supériorité révèle à quel point la classe politique française est mal à l’aise avec les réalités du racisme et de l’histoire coloniale.
J’ai été surprise de voir à quel point la réponse de Trevor Noah à la lettre de l’ambassadeur était informée, lui qui vient d’Afrique du Sud, pays déchiré par l’Apartheid. Noah a justement précisé que le refus de nombreux Français de reconnaitre une double-identité a beaucoup affaire avec le déni du colonialisme. Si l’Equipe de France est aussi diverse, c’est justement en raison de ce passé colonial.
Ce malaise dont vous parlez est-il lié davantage à des facteurs historiques comme le colonialisme ou à des facteurs plus conjoncturels et actuels comme la montée du Front National ?
L’idée de créer une identité républicaine française, où les origines ethniques sont effacées, remonte à une période dans l’histoire, le XVIIIème siècle, où la France était déjà en train de créer des divisions raciales. Elle avait instauré la suprématie des blancs dans les Caraïbes par exemple. Même après l’abolition de l’esclavage en France, l’exploitation s’est poursuivie, ce qui a donné lieu à des révolutions dans les territoires contrôlés par la France. Le paradoxe est donc ancien.
Aujourd’hui, en France, il n’y a pas une manière simple d’affirmer ses identités multiples. Vouloir le faire est décrit comme une insulte envers la France et devient une manière d’exclure les gens de couleur de la communauté française. Certes, il y a des extrémistes qui utilisent cette africanité pour les exclure. Mais ce n’est pas le cas de Trevor Noah. Et ce n’est pas le cas non plus de nombreux groupes en France qui commencent à tenir le même discours de reconnaissance des identités que lui. En effet, on assiste de plus en plus à une résurgence de la mobilisation ethnique et raciale en France. Il y a des mouvements raciaux ou ethniques qui disent ‘on peut être Français et noir’, comme le Conseil Representative des Associations Noires, ou bien, “on peut être Français et descendant d’esclaves”, à l’image du comité Marche du 23 mai 1998 qui milite pour la reconnaissance de l’esclavage et la promotion des descendants d’esclaves.
Il y a aussi des mouvements menés par des femmes de couleur comme Nyansapo, qui revendiquent une identité afro-féministe pour les femmes noires en France et en Europe.
Aux Etats-Unis, comme en France, le projet national s’est construit sur le sentiment anti-africain. Il a justifié l’esclavage. La grande différence entre les deux pays ? Il n’y a pas en France une longue histoire de mise en valeur des noirs et de l’africanité, tandis que les Etats-Unis ont connu un long processus de l’affirmation de l’identité noire, promue par l’église, l’éducation ou encore les syndicats. La mobilisation noire a créé des espaces pour permettre à cette identité de s’affirmer au sein de la nation, en dépit de l’opposition des racistes. L’historien William Cohen a montré dans son ouvrage The French Encounter with Africans: White Response to Blacks, 1530-1880 que l’identité française moderne s’est bâtie sur le rejet de l’africanité. En l’échange de leur assimilation et de leur acceptation par la société, on les a forcés à mettre leur identité noire de côté.
Dans le débat lancé malgré lui par Trevor Noah, on entend de nombreux Français dire que le modèle américain mène à des dérives racistes et communautaristes, qu’il divise les individus… N’y a-t-il pas du vrai là-dedans ?
Oui, il y a du vrai, mais très souvent, ce genre de réponse est une tentative pour éviter le problème du racisme français et la réalité de la racialisation en France. Il faut reconnaitre que le racisme existe dans nos deux pays et qu’il n’y a pas un niveau de racisme acceptable. Dire que la situation est moins bonne aux Etats-Unis ne rend pas la situation meilleure en France. Cela montre à quel point certains Français ne comprennent pas leur propre société et qu’ils méconnaissent l’oppression raciale qui a lieu chez eux.
Contrairement aux Etats-Unis, où les catégories raciales ont toujours existé car l’esclavage a structuré économiquement et politiquement le pays, les Français ont longtemps vécu dans l’idée que l’esclavage n’existait pas sur leur sol. C’est en partie dû à l’éloignement géographique, car la pratique existait surtout dans les territoires d’outre-mer. Mais les institutions politiques et les structures économiques liées à l’esclavage ont construit une idéologie de la race dans la société française, y compris en métropole. Le racisme d’Etat et la suprématie blanche en France sont parmi les conséquences les plus importantes de la traite négrière et de la colonisation. C’est ce que j’essaie de montrer dans mon livre Resurrecting Slavery.
Aux Etats-Unis, il y a beaucoup plus d’organisations et d’institutions représentant des groupes raciaux. Il en existe aussi en France, mais ils sont beaucoup moins nombreux et ils sont attaqués par la droite comme la gauche. Ici, l’interdiction d’un festival afro-féministe par un maire de gauche serait impensable, alors qu’on l’a vu à Paris l’an dernier quand Anne Hidalgo a appelé à interdire le rassemblement de Nyansapo au motif qu’il était ‘interdit aux Blancs’.
Au-delà de cette polémique, pensez-vous que la France se dirige vers un modèle plus américain ? Les Etats-Unis peuvent-ils aussi apprendre quelque chose de la vision française ?
Les deux pays doivent surtout être ouverts à écouter leur population de couleur. Je connais des Français qui vivent aux Etats-Unis depuis longtemps et qui comprennent mieux comment les processus de racialisation fonctionnent et réalisent qu’on ne peut pas avoir une vision incolore quand on vit dans des sociétés imprégnées par le racisme systémique. Quand on écoute les militants de couleur en France, on s’aperçoit qu’ils sont de plus en plus nombreux à essayer de dépasser la vision hégémonique française de l’identité unique.
C’est important pour les minorités en France de pouvoir raconter leur propre histoire. Il y a des journalistes et auteurs comme Rokhaya Diallo ou bien la cinéaste Amandine Gay qui essayent de faire connaitre leur réalité à l’échelle mondiale en parlant des langues multiples (anglais par exemple) et en se tournant vers de nouveaux médias pour dire ‘nous sommes Français et autre chose’. Mais il y a encore beaucoup de résistance. Il leur faudra du temps avant d’arriver à la reconnaissance multiculturelle dont parle Trevor Noah.
Propos recueillis par Alexis Buisson
Tinariwen amène les sons du désert à New York
Originaire de Tessalit dans le nord du Mali, le groupe de musique Tinariwen fera route depuis les dunes du Sahara jusqu’à la scène du Prospect Park Bandshell à Brooklyn pour un concert le vendredi 27 juillet. Il se déroule dans le cadre du festival Celebrate Brooklyn.
Captivante synthèse entre blues, rock et musique traditionnelle touareg, leurs chansons sont nées dans la douleur de l’exil et de la guerre dans l’Algérie du début des années 80. Ce groupe de trois amis se servait alors de la musique pour diffuser la culture touareg et diffuser des messages d’espoir et de résistance.
Huit albums et une récompense aux Grammy Awards (meilleur album dans la catégorie “musique du monde”) plus tard, les amoureux du désert posent leur valise aux États-Unis le temps d’une tournée nationale. Une immersion sublime au coeur des dunes africaines.
Le Musée du 11-Septembre explore le sport après les attentats
Le sport pour renaître de ses cendres. Jusqu’à l’été 2019, le Musée du 11-Septembre accueille “Comeback Season: Sports After 9/11”, une exposition pour découvrir comment le sport a permis aux Etats-Unis de se reconstruire après les attaques du 11 septembre 2001.
Par ses valeurs fortes d’unité de solidarité et de courage, le sport a en effet contribué à rapprocher les Américains et à les faire vibrer de nouveau pour leur pays.
L’exposition revient sur l’effervescence sportive du début de siècle avec notamment la finale de l’US Open de tennis confrontant les soeurs Williams trois jours avant le drame mais aussi sur les mots du president George W. Bush lors du premier match de baseball post-11-Septembre organisé au Yankee Stadium.