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À la galerie Gagosian, des œuvres rares et tendres de Picasso, certaines exposées pour la première fois


Pour sa dernière exposition avant fermeture – rassurons-nous, les espaces du rez-de-chaussée seront conservés – la galerie Gagosian de Madison Avenue voit grand. Grand par le choix de la figure de Picasso, contestée mais néanmoins incontournable, et grand, par un choix d’œuvres rarement exposées, cinquante en tout, conçues entre 1896 et 1972. Une douzaine d’entre elles n’ayant d’ailleurs jamais été vues que dans l’atelier du maître. 

Ce sont les échanges nourris entre le fondateur de la galerie, Larry Gagosian, et la fille du peintre espagnol, Paloma Picasso, qui ont mené à l’exposition «⁠⁠⁠ Picasso : Tête-à-tête », visible jusqu’au jeudi 3 juillet, où les œuvres, peintures, sculptures et dessins, d’époques et de style différents, entament une conversation entre elles. Cette scénographie, étalée sur trois salles et deux étages, où l’on fait fi de la chronologie et d’une quelconque logique reliant les œuvres par leur technique, invite le spectateur à observer les connections qui s’opèrent entre elles. Ici, entre deux peintures de femmes allongées et une céramique, là entre un dessin, à la sanguine, d’un poupon potelé et celui, au crayon, d’une petite fille, en réalité Paloma, au regard de poupée…

Vue de l’exposition, « Enfant », 1921, œuvre exposée au public pour la première fois, et « Paloma » deux œuvres qui dialoguent, 1952. © M. Deslandes


Cette mise en scène protéiforme, nous la devons à l’artiste lui-même. En une sorte d’hommage, la galerie a pris modèle sur une exposition installée par Picasso lui-même, en 1932. Il accroche ses œuvres à la galerie George Petit, à Paris, pour ce qui sera sa première rétrospective personnelle. Quand on lui demande comment il va arranger cette exposition il répond : « Mal. Car une exposition, comme un tableau, bien ou mal « arrangée », cela revient au même. Ce qui compte, c’est l’esprit de suite des idées. »

Photo de l’accrochage de 1932, reproduite à la Gagosian, sur les murs de l’exposition. © M. Deslandes


Il fait alors le choix de juxtaposer les œuvres dans un éclectisme brillant. Son intention est limpide, son biographe John Richardson nous éclaire : « Le décalage était stratégique. Picasso voulait que son œuvre disparate soit perçue comme un tout organique et non pas découpée en “périodes” arbitraires par les critiques et les universitaires, sans son autorisation. » L’exposition d’aujourd’hui, refusant la chronologie, s’appuie donc sur la volonté de l’artiste de concevoir, au travers d’un ensemble d’œuvres, une œuvre ultime, mouvante, émouvante, riche des interactions entre ses éléments, mais aussi de ses interactions avec les visiteurs. L’artiste espagnol disait d’ailleurs : « Un tableau ne vit que par celui qui le regarde. »

Vue de l’exposition de 2025, à la Gagosian. ©M. Deslandes

Des images d’une grande douceur

Le dialogue peut donc commencer. Parcourir l’exposition procure un plaisir qui est difficilement avouable compte-tenu des sources historiques ayant révélé, ces dernières années, les violences faites aux femmes par l’artiste. Pourtant, quelle joie que ce tête-à-tête avec l’artiste, avec ces œuvres jamais vues ! On venait voir une énième exposition du monstre génial, on contemple des images d’une grande douceur. Les pièces exposées viennent en grande partie de la collection de sa fille. Ce qui explique sans doute pourquoi les thèmes qui y sont développés, touchant à l’enfance ou à la famille, sont « aimables ». Portraits de bambins, poupées, lecture, jeux, maternité, seules quelques toiles, sur le thème de la relation amoureuse, comme Baiser, Baiser II  ou Homme et femme nus, sont imprégnées de la violence amoureuse qui fait polémique dans l’œuvre (et dans la vie ?) de Picasso. 

« Enfant dans sa voiture », 1949 – « Fillette jouant avec une voiture (Paloma fond rouge) », 1951 – « Maternité sur fond blanc », 1953. © M. Deslandes – Gagosian 2025

Outre les peintures et petites sculptures évoquant l’enfance et les scènes d’amour féroces, quelques portraits de femmes contiennent une douceur infinie. On se plaît à contempler les couleurs claires, étonnamment délicates, développées par l’artiste. Comparées aux tons primaires des tableaux liés aux jeux d’enfants, ces teintes apparaissent paisibles, une sorte de volupté placide s’en dégage. 

Pablo Picasso, « Femme au béret bleu assise dans un fauteuil gris, manches rouges (Marie-Thérèse) », 1937 – « Femme au vase de houx, (Marie-Thérèse) », 1937. © 2025 Estate of Pablo Picasso / Artists Rights Society (ARS), New York Photo: Sandra Pointet Courtesy Gagosian
« Nu accoudé », 1961. © M. Deslandes – Estate of Pablo Picasso/Artists Rights Society (ARS)

On regrette le peu de matériel critique mis à disposition du visiteur, l’absence de cartel et d’explications des œuvres. Les plus curieux acquerront le catalogue illustré qui comprend une conversation entre Paloma Picasso et le peintre britannique Philippe Doig ainsi qu’une traduction anglaise de l’entretien entre le critique d’art Eric Tériade et Pablo Picasso, dans le journal « L’Intransigeant » du 15 juin 1932, dans lequel le peintre explique au chroniqueur sa volonté d’accrochage protéiforme.

Deux des œuvres exposées pour la première fois à la galerie Gagosian : « Portrait de femme au béret rouge (Marie-Thérèse) », 1937 – « Portrait de Femme (Marie-Thérèse) », 1936 – © 2025 Estate of Pablo Picasso / Artists Rights Society (ARS), New York Photo : Sandra Pointet Courtesy Gagosian

« Picasso : tête-à-tête », galerie Gagosian, 980 Madison Avenue. Jusqu’au jeudi 3 juillet.

« OVO » du Cirque du Soleil attendu dans trois villes texanes

Après une série de représentations estivales en Floride, « OVO » fera escale au Texas. Inspiré du monde des insectes, ce spectacle emblématique du Cirque du Soleil sera en tournée dans le Lone Star State cet automne : du jeudi 25 au dimanche 28 septembre au Frost Bank Center de San Antonio (billets ici), du jeudi 2 au dimanche 5 octobre au Toyota Center de Houston (billets ici), puis du jeudi 9 au dimanche 12 octobre au Moody Center d’Austin (billets ici).

Quinze ans après sa création, cette nouvelle version se veut plus contemporaine : décor repensé, numéros inédits, costumes revisités et bande-son entièrement réinventée. Déjà applaudi par plus de sept millions de spectateurs dans une quarantaine de pays, « OVO » reste fidèle à l’univers visuel et acrobatique qui a fait le succès de cette 25e production, conçue à l’origine pour marquer le quart de siècle de la compagnie québécoise.

Mis en scène par la chorégraphe brésilienne Deborah Colker, « OVO » – qui signifie « œuf » en portugais – plonge le public dans l’univers fascinant d’une colonie d’insectes grouillante de vie, portée par une cinquantaine d’acrobates et musiciens. Un écosystème vibrant où grillons bondissants, araignée contorsionniste et autres créatures virevoltent dans des tableaux mêlant performance physique et esthétique soignée.

Cent ans après sa naissance, pourquoi Frantz Fanon est-il toujours autant étudié aux États-Unis ?

Cent ans après sa naissance, Frantz Fanon (1925-1961) n’a peut-être jamais été aussi actuel. Ce psychiatre martiniquais, théoricien de la décolonisation et auteur majeur du XXᵉ siècle, continue d’irriguer les réflexions sur la violence et la décolonisation, notamment et même surtout aux États-Unis, où il jouit toujours aujourd’hui d’une aura particulière. « Il est lu et étudié partout dans le monde », précise Lewis Gordon, un philosophe américain et un des spécialistes du penseur français. « Mais c’est vrai qu’aux États-Unis, il est un passage obligé de toutes les études sur la décolonisation », poursuit l’auteur de deux livres sur l’écrivain français, « Fanon and the crisis of European man » (1995) et « What Fanon Said » (2015). Pour célébrer les 100 ans de sa naissance, Frantz Fanon sera mis à l’honneur sur le territoire américain.

S’il reste une figure connue en France, c’est bien aux États-Unis que son héritage intellectuel est le plus vivant. Dans les universités comme dans certains cercles militants, Frantz Fanon n’a jamais quitté le devant de la scène. « Il faut dire que Fanon était sexy, relève avec malice Lewis Gardon. C’est ce que j’appelle Fanon superstar. Des films lui sont consacrés, des pièces de théâtre, et même des biographies fictionnelles. Il était physiquement très beau, c’était un brillant psychiatre, il était courageux, il a participé à la libération de camps de concentration, il est mort jeune et il a essayé de créer les États-Unis d’Afrique. » Autant de raisons qui expliquent que même les jeunes générations soient attirées par la figure de ce penseur né il y a 100 ans.

Un psychiatre mal compris

Lewis Gordon met en garde : que l’image et l’attrait qu’exerce Frantz Fanon ne trouble pas son message. « Comment lire un philosophe si on fétichise le penseur ? », résume-t-il d’une interrogation, alors que, selon lui, le psychiatre n’est pas toujours bien lu ou parfaitement compris. « On dit souvent que Fanon a légitimé la violence alors que c’est l’inverse : il était anti-violent et y cherchait un antidote », pointe par exemple Lewis Gordon.

En évoquant ces questions de violence, de racisme structurel, d’aliénation, Frantz Fanon reste en tout cas cruellement moderne aux États-Unis. Ce qui explique peut-être que ses ouvrages Peau noire, masques blancs (Seuil, 1952) et Les Damnés de la Terre (éditions Maspero, 1961) restent des classiques toujours proposés dans les rayons des librairies américaines. En 2020, après la mort de George Floyd, ses livres sont même remontés dans les ventes d’Amazon, dans le sillage de ceux de James Baldwin ou d’Audre Lorde.

Frantz Fanon est également enseigné dans les départements de philosophie, de littérature comparée, de science politique, mais aussi dans les « Black Studies », ces programmes nés des luttes étudiantes dans les années 1960. Son influence y est presque fondatrice. « Il a inspiré de nombreux penseurs et influencé de nombreux mouvements, fait remarquer Lewis Gordon. Les Black Panthers se sont notamment appuyés sur son travail. » Cent ans après sa naissance à Fort-de-France, et plus de soixante ans après sa mort à Alger, Frantz Fanon continue de parler au monde.

Déborah Laurent (vidéo) : Coachella comme si vous y étiez

C’est un festival de musique mythique aux États-Unis. Coachella, de son nom complet Coachella Valley Music and Arts Festival, rassemble, durant deux week-ends de printemps – généralement les troisième et quatrième d’avril – de grands noms de la musique, des installations immersives et d’art contemporain à Indio, près de Palm Springs en Californie. 

Lancé il y a plus de 25 ans par le groupe Pearl Jam, le festival accueille aujourd’hui plus de 125 000 fans chaque jour. Parmi eux, Déborah Laurent qui a voulu vivre l’expérience, pour la première fois depuis son arrivée à LA. Elle y a découvert l’ambiance, les looks… et les prix aussi. Direction le désert californien.

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Coachella s’est déroulé cette année du 11 au 13 avril et du 18 au 20 avril, avec pour stars de la scène : Lady Gaga, Green Day, Post Malone, Travis Scott, entre autres.

Le rappeur Soolking sur les routes nord-américaines

Icône montante du rap francophone, Soolking pose à nouveau ses valises en Amérique du Nord. Après un concert remarqué à l’Apollo Theater de New York en 2022, le rappeur algérien revient faire vibrer la Grosse Pomme, cette fois sur la scène de l’Irving Plaza, où il se produira le samedi 1er juin à 7pm (billets ici). Deux dates sont également prévues à l’Olympia de Montréal, les jeudi 29 et vendredi 30 mai (billets ici) – la première affiche déjà complet.

Né à El Hammamet, dans la banlieue d’Alger, Abderraouf Derradji – son vrai nom – s’est d’abord illustré au sein du groupe Africa Jungle sous le pseudonyme de MC Sool. À la croisée de la pop, du raï et du reggae, l’artiste de 35 ans a conquis la scène algérienne avant de s’imposer des deux côtés de la Méditerranée. Installé en France depuis une dizaine d’années, il a lancé sa carrière solo en rejoignant Affranchis Music, le label fondé par le rappeur et producteur français Sofiane.

Sorti en février dernier, son nouvel album « Africa Jungle Part.1 » approfondit ce métissage musical qui fait sa force, entre textes percutants et collaborations choisies – notamment avec Gims et le chanteur italo-tunisien Ghali.

Artiste engagé, Soolking s’est imposé avec des titres désormais emblématiques, comme « Dalida », hommage à l’icône franco-égyptienne, ou « Liberté », qui a résonné comme l’un des hymnes du hirak, le mouvement populaire ayant secoué l’Algérie en 2019 pour réclamer la fin du régime d’Abdelaziz Bouteflika.

[Vidéo] Immobilier à New York en 2025: acheter au bon prix et savoir se financer

Nous vous donnions rendez-vous en ligne le 22 avril pour un webinaire dédié au marché immobilier à New York en 2025.

Renaud de Tilly, Broker et fondateur de DE TILLY REAL ESTATE à New York, a fait le point sur l’état du marché immobilier actuel et vous a présenté ses prévisions pour l’année 2025. Il a également détaillé les différentes étapes de l’acquisition d’un bien immobilier à New York, et vous a donné les clés pour réaliser votre acquisition au bon prix. Il était accompagné de Marius Coulon, International Director de DE TILLY REAL ESTATE.

Betty Benzakein, spécialiste des prêts hypothécaires conventionnels et jumbo pour les emprunteurs internationaux, vous a quant à elle éclairés sur la question du financement, et notamment les options de prêts hypothécaires résidentiels.

Visionnez le replay ci-dessous ou directement sur notre chaîne YouTube

Coordonnées des intervenants
🎙️ Renaud de Tilly et Marius Coulon, DE TILLY REAL ESTATE New York: [email protected] / [email protected]
🎙️ Betty Benzakein, spécialiste des prêts hypothécaires conventionnels et jumbo pour les emprunteurs internationaux chez HSBC: [email protected]

Décès d’Esther Cohen, co-fondatrice du Centre communautaire juif français de New York

Esther Cohen est décédée le dimanche 13 avril à Brooklyn, à l’âge de 57 ans. La communauté juive francophone de New York la connaissait bien puisqu’elle avait co-fondé avec son mari, le rabbin Mikhael Cohen, le Centre communautaire juif français (CCF) de New York. À la mort de son époux en avril 2020, au début de la pandémie de covid, elle avait repris la direction du centre et l’organisation des célébrations, comme celles d’Hanukkah chaque année au Consulat général de France.

« Esther était un pilier de la communauté française à New York, une femme très chaleureuse et pleinement investie dans les projets qui lui tenaient à cœur, a déclaré le Consul, Cédrik Fouriscot, à French Morning. Toute l’équipe du Consulat est triste car nous avions des contacts réguliers avec elle (…) Son engagement était une source d’inspiration pour nous tous ». Le député des Français d’Amérique du Nord, Roland Lescure, rend hommage à la « femme d’exception » qui « incarnait un engagement exemplaire au service de la communauté française ». Le Comité des associations françaises et de langue française de New York observera une minute de silence à sa mémoire, ce mercredi 23 avril, lors de sa réunion mensuelle.

Mère de 8 enfants, Esther Cohen vivait à Crown Heights, quartier de Brooklyn où sont établis de nombreux membres de la communauté habad beth loubavitch, autour de la synagogue historique sur Eastern Parkway. Le CCF est lui situé à Manhattan, West Side sur la 30e rue. Le centre se donne pour mission « de renforcer l’identité juive, de célébrer les traditions et de créer un foyer pour tous ceux qui recherchent une expérience juive vibrante à New York ». Il organise notamment des cours de torah, lectures, repas et célébrations pour les juifs français et francophones, habitants de la région ou touristes de passage à Big Apple.

Pour aider les enfants Cohen, aujourd’hui orphelins, une collecte de fonds a été mise en place. Pour contribuer : Esther’s Legacy, Caring for Her Children gofundme.

Romain Garnier (Los Angeles) : l’ingé son des Backstreet Boys, entre rêve américain et déracinement

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De la scène de Wuhan à Bercy, en passant par Red Rocks ou Saint-Louis dans le Missouri, Romain Garnier en a vu du pays. Ingénieur du son en tournée une bonne partie de l’année, ce Parisien d’origine a accompagné les Backstreet Boys aux quatre coins du monde. Mais derrière les paillettes du show business, son histoire est aussi celle d’un exil amoureux, d’une passion professionnelle… et d’un déracinement profond.

Dans French Expat, Romain Garnier revient sur son parcours hors du commun. Arrivé aux États-Unis en 2012 par amour, il rejoint sa compagne Julia au Texas, alors étudiante. Il y découvre la vie dans une petite ville du sud, Corpus Christi — avec ses plages transformées en parkings, ses pick-ups et sa culture bien différente de celle qu’il a connue à Paris. « C’était dépaysant, exotique… et parfois un peu brutal », confie-t-il.

Alors en pleine reconversion professionnelle, c’est dans cette petite ville que Romain Garnier décroche son premier stage dans un théâtre local, avant une rencontre décisive avec un producteur qui l’envoie sur les routes avec… les Backstreet Boys. S’ensuivent dix années de tournée quasi non-stop qui l’embarquent autour du monde mais aussi partout aux États-Unis.

Marié, naturalisé américain, installé aujourd’hui à Los Angeles, Romain a réussi son rêve professionnel. Mais ce rêve américain s’accompagne de doutes. La solitude, les coûts de santé, le manque d’ancrage : il se sent parfois « déraciné au carré ». Avec sa femme, ils réfléchissent à un retour en France. « On rêve d’un quotidien plus simple, plus collectif. Faire société, comme on dit. »

Un épisode lucide, drôle et touchant, entre scènes de concert et introspection.

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

Pourquoi les Américains croient-ils à la Tooth Fairy plutôt qu’à la Petite Souris ? 

Votre enfant vient de perdre une dent de lait, et il est temps de la glisser sous l’oreiller pour qu’elle soit échangée contre une pièce ou un petit cadeau. Si cette tradition existe aussi bien en France qu’aux États-Unis, une différence majeure sépare les deux cultures : de ce côté de l’Atlantique, c’est la célèbre Tooth Fairy (fée des dents) qui se charge de la collecte nocturne, tandis qu’en France, c’est la Petite Souris qui remplit cette mission. Mais d’où vient cette divergence ?

Fée ou souris : qui récupère les dents de lait ? 

Cocorico ! La Petite Souris serait d’origine française. Elle apparaît pour la première fois au XVIIᵉ siècle dans un conte intitulé « La bonne Petite Souris », écrit par la baronne d’Aulnoy. Dans cette fable, une fée se transforme en rongeur magique pour aider une reine à se débarrasser d’un roi tyrannique. Au fil du temps, cette figure aurait évolué pour devenir une créature bienveillante, échangeant les dents de lait contre de l’argent. Cette tradition s’est ensuite largement répandue dans le monde francophone, notamment en Belgique et en Suisse. 

En Espagne, c’est Ratoncito Pérez (le petit rat Pérez) qui joue ce rôle. Le personnage est créé en 1894 dans un conte écrit par le Père Luis Coloma Roldán pour réconforter le jeune roi Alfonso XIII, attristé par la perte de ses dents de lait. Une légende qui s’est ensuite propagée à travers l’Amérique latine. 

Aux États-Unis, la tradition de la Tooth Fairy aurait émergé au début du XXᵉ siècle, mais c’est seulement en 1927, avec la publication du livre pour enfants The Tooth Fairy d’Esther Watkins Arnold, qu’elle devient une figure incontournable pour les petits Américains, avant de gagner en popularité dans le monde anglophone. 

Une question d’imaginaire collectif 

Selon Simon Bronner, professeur émérite de sciences sociales de l’Université du Wisconsin, la Tooth Fairy serait en fait un « dérivé de la tradition européenne ». Si d’après lui, les souris possèdent dans le folklore européen une « dimension symbolique forte », dans le monde anglo-saxon, l’imaginaire est plutôt imprégné par les fées. La Tooth Fairy s’inscrit dans cette tradition où les créatures féeriques jouent un rôle majeur, apportant une touche de magie à la perte des dents de lait. La Tooth Fairy est donc la fusion entre une légende européenne et le monde des fées, si cher aux Américains. 

Si les deux traditions diffèrent sur la forme du personnage, elles se rejoignent sur le fond. Pour Simon Bronner, elles fonctionnent toutes deux comme des « systèmes de récompense », aidant l’enfant à mieux accepter la perte de ses dents de lait et à appréhender son passage progressif vers l’âge adulte. Un cap symbolique qui, bien que souvent perçu comme anodin, peut être troublant : c’est l’un des premiers changements corporels irréversibles que l’enfant expérimente, le confrontant, même inconsciemment, à la notion de mortalité. 

La Tooth Fairy, plus généreuse ?

Cette coutume a toutefois un prix. Aux États-Unis, la Tooth Fairy laisse en général 5$ par dent, une somme qui peut monter jusqu’à 10$ (voire plus) dans certaines familles. Un chiffre à multiplier par 20, c’est le nombre de dents de lait que nous possédons et perdons progressivement entre 6 et 12 ans. Une inflation qui suit celle du coût de la vie, mais aussi l’évolution croissante des attentes des enfants. Et si votre petit se pose la question, sachez que du côté de la Petite Souris, la générosité est plus modérée : en France, elle laisse en moyenne entre 2 et 5 €. Mais comme vous le savez déjà, qu’il s’agisse d’une fée scintillante ou d’une souris espiègle, ce sont bien les parents qui, au final, glissent la récompense sous l’oreiller… 

Québécois des États-Unis : ce sentiment de trahison depuis Trump

« C’est comme une gifle que tu donnes à ton ami » : voilà comment Frédérique*, Québécoise installée depuis 21 ans en Californie, ressent l’attitude de Donald Trump envers le Canada depuis trois mois. Comme ses compatriotes, elle n’a pas digéré ses allusions répétées à l’idée de faire du Canada « le 51 État américain », ni l’annonce, dès son investiture, de l’augmentation de 25% des droits de douane sur les produits canadiens et mexicains (justifiée par le président républicain en invoquant la lutte contre l’immigration illégale et le trafic de fentanyl).

Boycott du « made in USA »

Des déclarations vécues comme une attaque sur leur souveraineté par les Canadiens, souvent perçus comme « gentils » par leurs voisins américains, souligne Frédérique, avec ce que ce mot véhicule de péjoratif. « Il y a traditionnellement une entente entre nos deux pays, rappelle cette native de Montréal. Nous sommes des partenaires, des amis. D’habitude, les Canadiens acceptent le ‘bravado’ des Américains, on les laisse faire. Mais jamais on ne s’est sentis attaqués en tant que peuple, dans notre identité, comme Canadiens. Là, je me sens trahie par ses propos. » 

En février, la réaction des Canadiens ne s’est pas fait attendre : boycott des produits made in USA dans les supermarchés, hymne américain sifflé lors des rencontres sportives, voyages aux États-Unis annulés… « He poked the bear » se félicite la Québécoise, depuis la Californie. « Je suis tellement fière des réactions des Canadiens et des Québécois. Les amis, la famille au Québec n’achètent plus de produits américains. Ils ont annulé leur voyage. Je leur ai dit de ne pas venir me voir et de ne pas dépenser un seul sous ici. »

Peur de passer la frontière

Mais ces derniers jours, à ce sentiment de « trahison »  s’ajoute une crainte concernant la liberté d’expression sur le sol américain et de passer la frontière sans entrave, et ce, alors que Frédérique possède la double nationalité canadienne et américaine. « Je dois aller au Canada cet été. Je vais nettoyer mes réseaux sociaux avant de passer la frontière, car je n’ai pas envie qu’un douanier m’embête en voyant que je suis née au Canada » prévoit-elle. « C’est grave d’en arriver là. »

Mère de deux étudiants, elle s’interroge sur leur avenir aux États-Unis, non sans « culpabilité ». « En tant que presque retraités, nous pouvons repartir facilement au Canada si on veut, mais ce n’est pas le cas de mes enfants. Aujourd’hui, leur réseau et leurs repères sont ici, plus à Montréal. Mais dans quel monde vont-ils commencer leur carrière ? Ce n’est pas juste les relations entre le Canada et les États-Unis qui m’inquiètent. On s’en va sur une dictature ! »

La même angoisse agite Marie-Hélène*, une Québécoise installée depuis 17 ans à Los Angeles, où elle vit avec son mari américain et leurs deux jeunes enfants. L’arrestation et la détention pendant 12 jours de l’actrice canadienne Jasmine Mooney par l’ICE, en mars, l’a effrayée, et elle dit prendre au sérieux les mises en garde du gouvernement canadien à l’égard des voyageurs aux États-Unis. 

À tel point qu’elle hésite à revenir au Canada cet été. « On a booké notre hébergement au Québec, mais on ne sait pas si on va y aller. On a peur de traverser les frontières. Je connais une personne qui a été interrogée, ils ont gardé son cellulaire et ne l’ont pas laissée entrer car elle avait publié des posts contre Trump sur les réseaux sociaux. On se croirait en Corée du Nord » s’emporte la Québécoise, pourtant titulaire d’une carte verte. Une situation aussi inédite que stressante, alors qu’il a toujours été aisé, pour les Canadiens, de circuler entre ces deux pays amis, rappelle-t-elle.

Partir, une option de dernier recours

Pour les Québécois qui ont choisi de vivre aux États-Unis, pays de la liberté, c’est la désillusion. « Il y a de la peur, de la tristesse, constate Marie-Hélène. On a tous et toutes décidé de venir habiter ici, c’était un choix. De voir un pays s’autodétruire, ce n’est pas fun. » Alors qu’au Québec, la société est connue pour son inclusivité, elle s’inquiète de la perte des droits de la personne dans l’Amérique de Trump : « Je n’ai pas envie d’élever ma famille dans un monde où on ne peut pas être homosexuel ou se faire avorter. Toutes ces libertés de la personne qui disparaissent, ce n’est pas le futur que je veux. »

Pour autant, quitter la Californie où elle a son travail, sa maison et sa famille, n’est pas à l’ordre du jour. Ce serait « une option de dernier recours » estime Marie-Hélène, qui s’interroge sur la ligne rouge que franchirait Donald Trump qui les pousserait à partir. « On n’a pas trouvé la réponse » glisse-t-elle, tout en espérant que la situation actuelle ne durera pas.

La tempête Donald Trump n’affecte toutefois pas tous les Québécois établis aux États-Unis. « Je n’ai pas un sentiment de crainte ou de panique, contrairement à la majorité des Québécois, assure Evelyne Ouellet, à la tête de son agence immobilière à Los Angeles. Cette native de Trois-Rivières, au Québec, est arrivée en 2011 en Californie avec son mari et leur fille, et se sent d’autant plus sereine qu’elle possède aujourd’hui la double nationalité. « Je choisis de ne pas laisser trop de place à la politique dans ma vie, car ça peut être déprimant. Il fait soleil, j’adore mon travail et Hermosa Beach, où je vis, et où j’ai la chance d’être entourée par une belle communauté. »

Pour elle qui possède deux maisons en Californie, pas question de quitter les États-Unis, contrairement à certaines de ses connaissances, sur le départ. Cultiver les liens avec ses racines québécoises est néanmoins plus important que jamais. « Nous sommes en train d’acheter un pied-à-terre au Québec, au bord d’un lac, ça va changer notre style de vie », se réjouit Evelyne Ouellet, très proche de sa famille restée au pays. 

Dans ce climat d’incertitudes, s’il y a bien un point positif pour elle, c’est que Donald Trump a réussi l’exploit d’unir les Canadiens, contre lui. « Je n’ai jamais vu les Québécois se sentir aussi Canadiens qu’en ce moment, sourit-elle. Je vois une fierté d’être Canadien de la part des Québécois, ce qui n’était pas le cas depuis les 30 dernières années. »

Comment le FC Harlem va s’appuyer sur le Toulouse FC pour rêver à la MLS

C’est l’histoire d’une relation improbable : celle du club de foot de Harlem avec son homologue du sud de la France, Toulouse. Les deux entités ont noué un partenariat destiné à développer le football, ou plutôt le soccer, dans cette partie nord de Manhattan. Avec un objectif en tête : permettre au FC Harlem d’intégrer à l’avenir la MLS, le championnat professionnel américain où évoluent de plus en plus de stars (Leo Messi, Hugo Lloris, Olivier Giroud…).

La mise en relation s’explique par la présence au sein des deux clubs de RedBird Capital Partners, une société d’investissement new-yorkaise qui a mis un pied, voire plus, dans le sport européen en devenant actionnaire majoritaire du Toulouse FC donc, mais aussi du Milan AC. Les premiers échanges entre les équipes techniques des deux clubs ont constitué en des visites des infrastructures. Un entraineur et un joueur d’Harlem ont notamment passé un peu de temps, en 2021, dans le club de la Ville Rose. « Quand le joueur, qui avait une vingtaine d’années, est revenu, il m’a dit : c’est la meilleure expérience que j’ai jamais connue, confie Irvine Smalls, le directeur exécutif du FC Harlem. Il a vu la qualité des installations, l’organisation très sérieuse du foot en France, la diversité dans les équipes. »

Irvine Smalls, le directeur exécutif du FC Harlem, et Rémy Loret, le directeur du développement du Toulouse FC, dans les locaux du club new-yorkais.

Le FC Harlem cherchait alors un partenaire pour se développer. Le Toulouse FC, dispose d’un savoir-faire en matière de formation et s’est mis à le vendre aux quatre coins de la planète. Après la Chine (SPHQ Shenzhen), la Turquie (Samsunspor FC), c’est donc au tour des USA d’être la cible du club violet. « Nous mettons toutes nos ressources techniques pour permettre de développer les jeunes joueurs et de former les coaches, explique Rémy Loret, le directeur du développement du TFC. On va aider le FC Harlem à développer et structurer le club, parce qu’ils partent pratiquement d’une page blanche. »

“Si vous construisez, ils viendront”

Aux Etats-Unis, le foot est relativement cher et n’offre pas vraiment de perspective de développement. Les enfants et ados le vivent davantage comme un sport loisir. Le FC Harlem, aidé de Toulouse, va ouvrir ses portes aux faibles revenus et entend montrer la voie vers l’ambition de devenir un jour professionnel en MLS ou ailleurs. « J’aime bien cette citation du film Field of Dreams, où Kevin Costner entend une voix lui dire : si vous construisez, ils viendront (if you build it, they will come), confie Irvine Smalls. Quand ils verront qu’il y a une opportunité, les enfants viendront jouer chez nous. »

Pour l’heure, le club n’en est qu’à ses balbutiements. Le chemin vers la MLS sera encore long. Il passera par la MLS Next Pro, le championnat des espoirs et jeunes joueurs, que le FC Harlem ambitionne d’intégrer dans un futur proche. Puis par la MLS Next, sorte de 3e division du championnat pro. Il faudra aussi attirer de nombreux investisseurs, car les tickets d’entrée en MLS se chiffrent à plusieurs centaines de millions.

Harlem pariera sur son image, celle d’un quartier vibrant, connu dans le monde entier et qui regorge de talents. « Harlem est connu pour sa créativité, développe Irvine Smalls. C’est le cas en matière de musique, de fashion, de nourriture, et ce sera aussi le cas en matière de foot. On veut pratiquer un football offensif, spectaculaire. » Un style de jeu pour lequel Toulouse est particulièrement réputé. Une relation pas si improbable que cela en fin de compte…

« Francophone Short Films in Harlem » : 22 courts et moyens métrages pour célébrer la francophonie

Pour la quatorzième année consécutive, le Francophone Short Films in Harlem présentera une sélection de courts et moyens métrages du vendredi 25 au mercredi 30 avril. Cinq séances pour découvrir la diversité cinématographique portée par la langue française. Avec des réalisations de Belgique, du Bénin, du Cameroun, de la France hexagonale et de La Réunion du Québec de la République démocratique du Congo, du Sénégal, de la Suisse, du Togo, du Missouri franco-créole et du Zimbabwe, ce sont toutes les tonalités de la langue française qui se déploient au travers des 22 films projetés. Souvent primés, on peut supposer qu’ils sont, pour certains d’entre eux, les premières œuvres de grands cinéastes de demain. 

L’événement offrira aussi l’opportunité de découvrir le travail de jeunes étudiants new-yorkais puisque plusieurs séances proposent, dans leur programme, les quatre courts métrages (animation, documentaire, fiction et expérimentation) primés au Rough-cut Festival 2025, organisé par le Lycée Français de New York.

Les programmes sont aussi l’occasion de rencontrer des réalisateurs et d’échanger avec eux lors d’une séance de question et réponses. Trois lieux accueillent les projections, le Maysles Documentary Center, la Maison Française de l’université Columbia et le Lycée Français de New York.

Vendredi 25 avril 2025, Maysles Documentary Center, 343 Malcom X Blvd – Billets

Samedi 26 avril 2025, Maysles Documentary Center, 343 Malcom X Blvd – Billets

Dimanche 27 avril 2025, Maysles Documentary Center, 343 Malcom X Blvd – Billets

Mardi 29 avril 2025, Columbia Maison Française, 515 W 116th St, – Billets

Mercredi 30 avril 2025, Lycée Français de New York, 505 East 75th St – Billets