Blackout, inondations, incendies… Et même un tremblement de terre. Entre les feux récents dans le New Jersey, ceux dans le nord de Manhattan, et la secousse qui a surpris toute la ville l'année dernière, les New-Yorkais savent que le chaos peut frapper à tout moment. Et pourtant, peu sont réellement préparés. On vous dit tout sur le bug out bag, ce sac de secours à avoir toujours prêt chez soi en cas d'urgence.
Pour Guillaume Noblet, ancien secouriste formé aux techniques de survie, il est essentiel d’anticiper toues les situations. « New York présente des vulnérabilités uniques. Entre les phé...
Enfant et expatriation : la parentalité au-delà des frontières
[Article partenaire] Si l’expatriation peut être un projet parental, il a naturellement un impact sur les enfants. L’apprentissage d’une autre langue et culture, l’ouverture d’esprit et l’aventure d’une vie sont souvent des motivations au déménagement d’une famille à l’étranger. Lors duquel il peut y avoir de bonnes surprises, comme une naissance dans le pays d’expatriation. Mais comment protéger ses enfants lorsqu’on est loin de chez soi ? Comment faire lors d’une séparation ? Comment rentrer en France avec ses enfants ?
Pour répondre à toutes ces questions, le Cabinet CM&A – Chauveau Mulon & Associés a imaginé les aventures de Madame VENUS et de Monsieur MARS. Sur les trois chapitres de cette histoire, le premier était consacré au « divorce et expatriation : compétence et loi applicable décryptées », le deuxième à l’« expatriation et mariage : le régime matrimonial à l’épreuve des frontières franco-américaines ». Quant au troisième, il s’intéresse cette fois-ci aux enfants du couple.
La poursuite des aventures de Madame VENUS et Monsieur MARS
Rappelez-vous : Madame VENUS et Monsieur MARS, tous deux Français, se sont mariés en France où ils ont vécu pendant deux ans après leur mariage.
Ils ont ensuite déménagé à New York, où ils ont habité pendant près de 15 ans. Ils y ont eu un fils, Sirius, aujourd’hui âgé de 8 ans. Madame VENUS et Monsieur MARS se sont par la suite séparés.
Madame VENUS, qui avait initialement accepté de s’installer à New York en raison des opportunités professionnelles de son époux, est retournée en France où elle s’est définitivement installée avec Sirius ; Monsieur MARS est resté à New York. Après six mois en France, Madame VENUS a décidé de lancer une procédure de divorce.
Les principales notions juridiques liées à l’enfant
Tout d’abord, il y a ce qu’on appelle en France l’autorité parentale qui représente l’ensemble des droits et des devoirs que les parents ont pour protéger leur enfant, veiller à son bien-être, sa santé, sa sécurité, son éducation jusqu’à ce qu’il devienne majeur.
Le principe est que l’autorité parentale est exercée conjointement par les deux parents. A New York par exemple, on parle de legal custody. Contrairement à la France, l’exercice de la legal custody par les deux parents dépendra de leur situation maritale – son attribution n’est donc pas forcément automatique.
Ensuite, il y a la résidence habituelle de l’enfant, ou appelée physical custody à New York. En d’autres termes, chez qui vivra l’enfant en cas de séparation des parents.
Puis, le droit de visite et d’hébergement de l’autre parent, appelé également visitation à New York. Enfin, la pension alimentaire appelée en France contribution à l’entretien et l’éducation de l’enfant ou à New York le child support.
La naissance de son enfant à l’étranger
L’établissement du lien de parenté entre l’enfant et ses parents est crucial, notamment s’agissant des questions liées à l’exercice de l’autorité parentale, la détermination du nom de famille ou le droit de succéder. Ce lien de parenté est appelé la filiation.
Lorsqu’un enfant naît à l’étranger, les parents doivent procéder aux déclarations administratives auprès des autorités locales de l’état civil. Ils obtiennent ensuite un acte de naissance étranger pour l’enfant.
Il est également dans l’intérêt des parents français d’enregistrer la naissance de leur enfant auprès du consulat ou de l’ambassade de France compétente, puisque tout enfant né à l’étranger d’au moins un parent français est considéré comme Français.
La déclaration de naissance au consulat doit être réalisée dans les 15 à 30 jours suivant l’accouchement, selon l’Etat dans lequel est né l’enfant. Si ce délai est dépassé, pas de panique, vous pouvez procéder à la transcription de l’acte de naissance local par l’officier d’état civil de l’ambassade ou du consulat.
Le couple a ainsi donné naissance à Sirius, né à New York, il bénéficie donc des nationalités française et américaine. Madame VENUS et Monsieur MARS étaient mariés à la naissance de leur fils, Monsieur MARS a alors bénéficié de la présomption de paternité à New York. En effet, tout comme en France, il existe une présomption de paternité pour l’époux de la mère de l’enfant.
Si les parents n’étaient pas mariés, alors Monsieur MARS aurait dû réaliser une reconnaissance de paternité afin d’établir le lien de filiation avec Sirius.
La protection de son enfant à l’étranger
Lorsque l’on déménage à l’étranger, il est fréquent d’être loin de sa famille qui réside généralement en France. Les enfants conservent des liens avec leurs grands-parents, oncles, tantes ou cousins lors des vacances ou par le biais des réseaux. Mais que faire en cas d’incapacité ou de décès lorsque la famille est à l’autre bout du monde ? Qui s’occupera des enfants en cas d’accident ?
Si aucun des parents ne peut exercer l’autorité parentale, une tutelle est généralement mise en place pour garantir la sécurité et le bien-être de vos enfants ainsi que la protection de leurs biens. Dès lors, les autorités locales de votre pays d’expatriation décideront de la personne ou des services sociaux qui prendront en charge vos enfants, selon leur propre loi. En pratique, il est difficile d’obtenir le rapatriement en France de vos enfants ou la désignation de l’un des membres de votre famille en tant que tuteur.
Toutefois, il est possible d’anticiper cette situation en désignant par le biais d’un testament ou d’une déclaration spéciale devant notaire, la personne de votre choix pour s’occuper de vos enfants jusqu’à leur majorité.
Certains Etats, comme New-York ou le Texas, reconnaissent la désignation du tuteur par un testament. Afin de garantir votre volonté, il est impératif de s’assurer de la reconnaissance du testament à l’international, notamment en cas de déménagements successifs.
Pour protéger Sirius, Madame VENUS et Monsieur MARS peuvent donc rédiger un testament séparément afin de désigner un tuteur pour leur enfant, pour sa personne et/ou pour ses biens ; en veillant à ce que leurs volontés puissent être reconnues tant à New York qu’en France.
Les demandes de Madame VENUS relatives à Sirius dans le cadre du divorce
Il a déjà été vu que le juge français est compétent pour statuer sur le prononcé du divorce de Madame VENUS et Monsieur MARS et, en conséquence, sur les obligations alimentaires entre eux (voir le chapitre, divorce et expatriation : compétence et loi applicable décryptées).
Concernant la loi applicable, il a aussi été vu que la loi new-yorkaise est applicable au prononcé de leur divorce, tandis que la loi française est applicable aux obligations alimentaires entre époux (voir le chapitre, divorce et expatriation : compétence et loi applicable décryptées).
Or, dans le cadre de la procédure de divorce qu’elle a lancée, Madame VENUS souhaite également demander que la résidence de Sirius soit fixée à son domicile et que Monsieur MARS bénéficie d’un droit de visite et d’hébergement.
De plus, elle envisage de demander à Monsieur MARS le versement d’une contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius. Pour chacun de ces points, et comme il a été exposé dans les précédents chapitres, il conviendra de déterminer quel est le tribunal compétent et quelle est la loi applicable.
Attention à l’enlèvement international d’enfants !
Avant d’y répondre, revenons un peu en arrière… En effet, Madame VENUS a quitté New York et s’est définitivement installée en France avec Sirius, avec l’accord de Monsieur MARS.
À défaut d’un tel accord, l’installation de Sirius en France aurait pu constituer un enlèvement international d’enfants. En effet, la France et les Etats-Unis sont des Etats signataires de la Convention de La Haye du 25 octobre 1980 sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants.
Or, selon cette convention, le déplacement ou la rétention d’un enfant dans un autre Etat que celui de sa résidence habituelle est considérée comme illicite, lorsqu’il a lieu en violation d’un droit de garde exercé de façon effective au moment du déplacement ou de la rétention.
La notion de droit de garde renvoie à cet égard à l’autorité parentale en France et à la legal custody à New York, et non à la résidence de l’enfant. En d’autres termes, lorsque les parents exercent tous deux ce droit de garde, ils ne peuvent pas transférer la résidence habituelle de leur enfant dans un autre Etat sans l’accord de l’autre ou alors du juge compétent.
Avant de déménager avec votre enfant, il est donc essentiel de demander l’accord de l’autre parent et, en cas d’opposition de sa part, d’obtenir l’autorisation d’un juge.
Le Juge français, compétent pour statuer sur le prononcé du divorce de Madame VENUS et Monsieur MARS, est-il aussi compétent pour statuer sur la responsabilité parentale ?
Pour déterminer si le juge français est compétent pour statuer sur la responsabilité parentale, et plus précisément sur la fixation de sa résidence au domicile de Madame VENUS et le droit de visite et d’hébergement de Monsieur MARS, il convient d’appliquer le Règlement (UE) 2019/1111 du 25 juin 2019, dit Bruxelles II ter.
Ce règlement prévoit qu’en matière de responsabilité parentale (comprenant les questions relatives à la résidence de l’enfant et au droit de visite et d’hébergement de l’autre parent), les juridictions compétentes sont celles de l’Etat membre dans lequel l’enfant a sa résidence habituelle au moment où la juridiction est saisie.
La notion de résidence habituelle correspond au lieu où se situe le centre de la vie de l’enfant. Pour localiser la résidence habituelle d’un enfant, on peut alors se fonder sur différents critères : la durée et la régularité de son séjour dans un Etat, son lieu de scolarité, son suivi médical, ses connaissances linguistiques, les rapports familiaux et sociaux qu’il entretient dans un Etat, etc.
Par ailleurs, si le règlement se réfère à un Etat membre, c’est parce qu’il ne peut qu’attribuer compétence aux juridictions d’un Etat membre de l’Union européenne.
Ici, Sirius est en France avec Madame VENUS depuis plus de six mois, avec l’accord de Monsieur MARS. Ajoutons qu’il est scolarisé, qu’il a un médecin traitant et qu’il habite à proximité de ses grands-parents maternels.
Dans ces conditions, on peut considérer que Sirius a sa résidence habituelle en France et, par conséquent, que le juge français est compétent pour statuer sur la fixation de la résidence de Sirius au domicile de Madame VENUS et le droit de visite et d’hébergement de Monsieur MARS.
Les parents peuvent-ils choisir le juge compétent pour les questions relatives à leur enfant ? Oui, les parents peuvent par anticipation choisir les juridictions compétentes pour trancher des questions relatives à l’enfant. Il faut alors remplir deux conditions : la première est de désigner des juridictions européennes, la seconde que l’enfant ait un lien étroit avec l’Etat membre dont les juridictions sont sélectionnées. Le lien étroit est en l’occurrence caractérisé lorsqu’au moins un des titulaires de la responsabilité parentale a sa résidence habituelle dans l’Etat membre en question, que l’enfant avait précédemment sa résidence habituelle dans cet Etat ou que l’enfant a la nationalité de cet Etat.
Dans le cas de Madame VENUS et Monsieur MARS, les parents auraient pu prévoir que les juridictions françaises seraient compétentes pour connaître des questions relatives à Sirius.
Le Juge français, compétent pour statuer sur la responsabilité parentale, va-t-il automatiquement appliquer la loi française ?
Afin de déterminer si la loi française peut s’appliquer à la fixation de sa résidence au domicile de Madame VENUS et le droit de visite et d’hébergement de Monsieur MARS, il faut appliquer la Convention de La Haye du 19 octobre 1996 concernant la compétence, la loi applicable, la reconnaissance, l’exécution et la coopération en matière de responsabilité parentale et de mesures de protection des enfants. En effet, bien que les Etats-Unis n’aient pas ratifié cette convention, elle est applicable dans tous les Etats signataires et par conséquent, en France.
Cette convention prévoit que les questions relatives à la responsabilité parentale soient régies par la loi de l’Etat de la résidence habituelle de l’enfant. Pour localiser cette résidence, les critères précités peuvent une nouvelle fois être appliqués.
En l’espèce, Sirius a sa résidence habituelle en France, c’est donc la loi française qui sera appliquée par le juge français pour les questions portant sur la fixation de la résidence de l’enfant au domicile de Madame VENUS et le droit de visite et d’hébergement de Monsieur MARS.
Le juge français, compétent pour statuer sur les obligations alimentaires entre époux, est-il aussi compétent pour statuer sur les obligations alimentaires à l’égard de Sirius ?
Pour déterminer si le juge français est compétent pour statuer sur les obligations alimentaires à l’égard de Sirius, il convient d’appliquer le Règlement (CE) 4/2009 du 18 décembre 2008, dit « Aliments », déjà évoqué dans les précédents chapitres.
Ce règlement prévoit que les juridictions compétentes sont celles de l’Etat membre dans lequel le défendeur à l’action a sa résidence habituelle ou celles de la résidence habituelle du créancier de l’obligation alimentaire. En France, la jurisprudence considère à cet égard qu’en la matière, c’est le parent qui sollicite une contribution à l’entretien et à l’éducation qui est le créancier.
Monsieur MARS est défendeur à l’action, mais il vit aux Etats-Unis. Les Etats-Unis n’étant pas un Etat membre de l’Union européenne, il n’est pas possible de fonder une compétence sur le règlement « Aliments ».
Toutefois, Madame VENUS est ici créancière de l’obligation alimentaire. En effet, elle est le parent qui sollicite une contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius. Par ailleurs, et dans la mesure où Madame VENUS vit en France depuis plus de six mois, on peut – de la même manière que Sirius – considérer qu’elle a sa résidence habituelle en France. Le juge français est alors compétent pour statuer sur la contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius.
Le règlement « Aliments » prévoit également que les juridictions d’un Etat membre qui seraient compétentes pour statuer sur « une action relative à l’état des personnes » (ce qui renvoie ici à une action en divorce) ou une « action relative à la responsabilité parentale » sont compétentes pour statuer sur les obligations alimentaires à l’égard des enfants, sauf si leur compétence initiale est uniquement fondée sur la nationalité d’une des parties.
Il a été vu, le juge français est compétent pour statuer sur le prononcé du divorce de Madame VENUS et Monsieur MARS, ainsi que sur la responsabilité parentale. Cette compétence n’étant pas uniquement fondée sur la nationalité française des parties, le juge français est donc également compétent pour statuer sur la contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius.
Les parents peuvent-ils choisir le juge compétent pour la pension alimentaire de l’enfant ? Non, le choix des juridictions compétentes n’est pas autorisé pour les litiges portant sur une obligation alimentaire à l’égard d’un enfant de moins de 18 ans.
Quid de la loi applicable à la pension alimentaire de Sirius ?
Afin de déterminer la loi applicable aux obligations alimentaires à l’égard de Sirius, il convient de nouveau d’appliquer le règlement « Aliments ». Pour la loi applicable, le règlement renvoie à cet égard, dans les Etats membres signataires, à l’application du Protocole de La Haye du 23 novembre 2007 sur la loi applicable aux obligations alimentaires. La France est un Etat signataire de ce texte, qui prévoit que les obligations alimentaires soient régies par la loi de l’Etat dans lequel le créancier de l’obligation alimentaire en cause a sa résidence habituelle.
Comme indiqué ci-dessus, Madame VENUS a sa résidence habituelle en France et elle est créancière de l’obligation alimentaire. Ainsi, la loi française est applicable à la contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius.
Comme pour la compétence, le choix de loi n’est encore une fois pas autorisé pour les litiges portant sur une obligation alimentaire à l’égard d’un enfant de moins de 18 ans. Madame VENUS et Monsieur MARS ne peuvent donc pas choisir la loi applicable à la contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius. Si un tel choix avait été possible, Madame VENUS aurait pourtant pu avoir intérêt à ce que la loi new-yorkaise soit choisie par les parties. En effet, on estime généralement que le montant du child support new-yorkais est plus élevé – et donc, plus attrayant – que le montant de la contribution à l’entretien et à l’éducation française.
Si Madame VENUS et Monsieur MARS sont d’accord pour toutes les questions relatives à Sirius ?
Naturellement, les parents peuvent avoir un accord tant sur l’exercice de l’autorité parentale, que sur la résidence habituelle de l’enfant, le droit de visite et d’hébergement de l’autre parent et sur la pension alimentaire.
Dans ces conditions, il vous est possible de rédiger un protocole d’accord entre les deux parties. Toutefois, et principalement lorsque l’un des parents vit à l’étranger, il est conseillé de faire homologuer cet accord devant le juge compétent. Si cet accord intervient dans le cadre d’un divorce, il est vivement conseillé de le faire également homologuer par le juge compétent. En effet, afin que les accords puissent circuler entre deux voire plusieurs Etats, il convient d’avoir un jugement d’homologation afin de maximiser les chances de reconnaissance, car un simple document signé n’aura pas la même valeur qu’un jugement selon les Etats.
Le déménagement familial ou une naissance à l’étranger implique de nombreuses questions pour ses enfants. De l’anticipation, à la protection, à l’accompagnement dans le cadre d’un accord ou devant le Juge, le Cabinet CM&A – Chauveau Mulon & Associés et son service EXPATS by CM&A sont à votre disposition pour vous accompagner.
Un article rédigé par Juliette RICHARD, Flavien RICOU, Samuel LELLOUCH, Morghân PELTIER.
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Brèves new-yorkaises : les hôteliers, victimes collatérales de la guerre commerciale de Trump
🏊♀️ Après quatre années de travaux, le Davis Center at the Harlem Meer, dans le nord de Central Park, vient d’ouvrir au public. Cet espace, qui remplace l’ancienne Lasker Rink and Pool, offrira des activités tout au long de l’année. Son centre, baptisé « Harlem Oval », évoluera au fil des saisons : patinoire l’hiver, espace vert (en turf) au printemps et à l’automne et piscine en été à partir de juin. Le Davis Center aura coûté 160 millions de dollars.
🕊 Un groupe de passionnés d’oiseaux à Brooklyn s’inquiète de la disparition de 150 pigeons du Maria Hernandez Park (Brooklyn), soupçonnant qu’ils ont été capturés illégalement pour… des concours de tir en Pennsylvanie.
Ⓜ️ Le Secrétaire américain aux transports a annoncé une coupe des budgets fédéraux pour l’entretien des routes de New York si le péage pour entrer dans Manhattan n’était pas supprimé d’ici le 21 mai prochain.
💰Bien que contestée par le Real Estate Board of New York (REBNY), la nouvelle loi (FARE Act), qui exige des propriétaires, et non des locataires, de payer les frais de courtage, entrera en vigueur le 11 juin. Les agents immobiliers et les propriétaires seront condamnés à payer jusqu’à 2 000$ par infraction en cas de frais de courtage illégaux.
👃Greenpoint, Brooklyn a désormais son parfum. Proposé par la marque Bond N°9, il évoquerait la « poire juteuse », la « mousse d’arbre » et le « cardamome frais ». Quoi qu’il en soit, avec son prix de 470 $ la bouteille, le parfum fleure bon la gentrification.
🇫🇷 Jean-Luc Mélenchon était à New York cette semaine, pour la promo de son livre traduit en anglais, Faites mieux ! Vers la révolution citoyenne (Robert Laffont, 2023).
🏨 Les hôteliers demandent une réduction de la taxe d’occupation pour compenser la baisse du tourisme attribuée à l’augmentation des droits de douane internationaux imposés par l’administration Trump. Le taux, actuellement à 5,875%, pourrait être réduit à 3% selon la proposition de l’Association des hôtels de New York City.
🏙 L’appartement le plus cher de New York est toujours proposé à la vente dans la tour Steinway. Il s’agit d’un quadruplex (vous non plus vous ne connaissiez pas cette expression ?) dans lequel vous pourrez habiter en vous délestant de 110 millions de dollars.
⚓️ Un nouveau projet de transport sur l’East River, surnommé « Blue Highway », est en cours de développement à Hunts Point, dans le Bronx. Il vise à réduire le nombre de camions – jusqu’à 1000 par jour – et la pollution, en utilisant des bateaux.
🏊♀️ 5,5 millions de dollars, c’est ce que la ville va investir pour donner des cours de natation gratuits à destination de 18 000 élèves new-yorkais.
📀 Night Owl Video, la seule boutique de location de vidéos – en VHS, DVD et Blu-ray – de New York, ouvre à Williamsburg, comme autrefois !
🐱 L’irrésistible « Hello Kitty Café Truck » fera étape à Flushing, Queens, le samedi 3 mai. Des centaines de fans sont attendus pour faire le plein de gourmandises et de goodies.
🚮 New York, la ville la plus sale des États-Unis ? Mais pas du tout ! La première place est attribuée à Baltimore. Notre belle ville occupe la 17ᵉ place.
😬 Oups ! Les avocats de l’administration Trump ont publié par erreur une note interne détaillant une liste de défauts dans la stratégie juridique du Département des transports américains pour mettre un terme à la congestion.
🚮 Le projet de privatisation du ramassage des ordures a été repoussé à 2027.
🔥 La qualité de l’air à New York s’est fortement détériorée la semaine dernière à cause des fumées d’un incendie de forêt dans le New Jersey.
✈️ En 2024, une femme d’origine russe était parvenue à embarquer sur un vol New York/Paris sans billet. Voici comment elle a procédé.
🚁 Après le crash dans l’Hudson River de l’hélicoptère qui a coûté la vie à six personnes le 10 avril dernier, le conseil municipal de NYC a voté pour la limitation des vols d’hélicoptères considérés comme non essentiels. Mais comment allons-nous nous rendre dans nos maisons de Long Island les vendredis soirs ?
🥩 Un projet de loi au Texas propose de renommer le célèbre steak « New York strip » en « Texas strip steak », sous le prétexte que l’essentiel de la viande vient du Texas. Les New-Yorkais sont contre.
Notre précédente revue de presse évoquait Astoria, une dinde sauvage qui avait quitté son domicile sur Roosevelt Island pour explorer Midtown Manhattan. Las, les habitants de l’île nous ont envoyé des courriers par dizaines pour rétablir la vérité : l’animal s’appelle Rosie (She/Her) et pas Astoria.
Cent jours qui ont ébranlé l’Amérique… et le monde
Il n’aura fallu que cent jours pour que les promesses d’une reprise en main autoritaire se traduisent en actes. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le 20 janvier, Donald Trump a engagé une série de mesures visant à restructurer l’appareil d’État selon les lignes d’une droite dure, centralisatrice et favorable à une déréglementation massive. Le Congrès, dominé par une majorité acquise au président, a accompagné cette transformation, tandis que la Cour suprême, à majorité ultra-conservatrice, en a validé les principaux volets, malgré une orientation idéologique plus que contestable.
Ce programme de reprise en main vise à affaiblir les contre-pouvoirs à tous les niveaux : marginalisation du Congrès, tentative de soumission du pouvoir judiciaire, pressions accrues sur les universités, contrôle du contenu pédagogique, attaques contre des médias, intimidations à l’encontre des artistes, chercheurs, ONG – sans oublier les offensives récurrentes contre les minorités raciales, sexuelles et religieuses.
À cette logique de démantèlement institutionnel – illustrée par la fermeture d’agences fédérales, des licenciements massifs et des coupes budgétaires tous azimuts – s’ajoute une attaque frontale contre les droits électoraux : restrictions sévères sur le vote par correspondance, obligation de prouver sa citoyenneté pour rester inscrit sur les listes – dans un pays sans carte d’identité nationale, où récupérer un acte de naissance peut relever du casse-tête administratif -, et redécoupage électoral visant à diluer le poids de certains électorats, notamment dans les bastions démocrates.
Mettre au pas les universités
Toutes ces mesures s’inscrivent dans le cadre du Project 2025, conçu par la Heritage Foundation, think tank ultra conservateur, qui sert de boussole idéologique à cette présidence. Ce projet vise à redéfinir en profondeur les rouages de l’État fédéral, pour mieux les aligner sur une logique autoritaire – tout en préparant, au passage, le terrain pour un éventuel troisième mandat de Trump, au mépris du 22ᵉ amendement.
Mais c’est peut-être dans le champ universitaire que cette volonté d’alignement idéologique s’exerce aujourd’hui avec le plus de brutalité. Le cas le plus emblématique est celui de Harvard. Le 11 avril, l’administration Trump a adressé un ultimatum à l’université : suppression immédiate des programmes DEI (diversité, équité, inclusion), création d’un comité de surveillance approuvé par le gouvernement, et contrôle renforcé sur le recrutement des enseignants comme des étudiants. Harvard ayant refusé ces conditions, la Maison-Blanche a riposté en gelant 2,2 milliards de dollars de financements fédéraux et en menaçant de retirer son statut fiscal privilégié. Les étudiants internationaux, qui représentent près de 30 % de l’effectif, ont été visés par des annulations de visa, souvent sans préavis ni justification.
Cette offensive contre Harvard n’est pas isolée. Les plus prestigieux établissements du pays sont dans le viseur. Certains tentent de résister, d’autres se soumettent, comme Columbia, qui a déjà accepté les exigences de l’administration Trump : « mise sous tutelle » de certains départements jugés sensibles – études sur le Moyen-Orient, l’Afrique ou encore l’Asie du Sud -, création d’un nouveau service d’ordre interne habilité à interpeller ou expulser toute personne jugée « perturbatrice » sur le campus. Une reddition présentée comme un compromis, mais imposée sous menace de perdre 400 millions de dollars de subventions fédérales.
Les motifs avancés pour justifier cette offensive contre le monde universitaire ? Sa prétendue passivité face à l’antisémitisme, ou sa tolérance jugée excessive à l’égard de certains groupes pro-palestiniens. Mais pour de nombreux observateurs, ces accusations relèvent d’abord d’une stratégie plus large : détourner la lutte contre l’antisémitisme – cause on ne peut plus légitime – pour mieux encadrer la parole publique, restreindre le pluralisme intellectuel et imposer un cadre doctrinal aligné sur les orientations du pouvoir.
La fin du système multilatéral
Ce n’est pas un hasard si l’une des principales instigatrices de cette campagne est Susie Wiles, stratège politique déjà à l’origine de la croisade anti-« woke » menée en Floride par Ron DeSantis. Désormais secrétaire générale de la Maison-Blanche, elle contribue à piloter cette guerre culturelle à l’échelle nationale. Une offensive qui a déjà conduit, dans plusieurs universités, à l’effacement de pans entiers de l’enseignement supérieur : théorie du genre, théorie critique de la race, et autres studies jugées déviantes ou subversives. Elle incarne une mouvance issue de la droite religieuse, où se mêlent puritanisme moral, autoritarisme revendiqué et volonté de redéfinir les normes sociales et académiques.
À l’international aussi, la ligne est claire : détricoter le système multilatéral issu de 1945 au profit d’un modèle bilatéral fondé sur le rapport de force, dans un esprit résolument XIXᵉ siècle. Lorsque Donald Trump a évoqué l’annexion, par la force, d’une partie du Groenland – autrement dit, la revendication territoriale d’un membre fondateur de l’OTAN sur un autre État membre -, il a porté le coup de grâce non seulement à l’esprit de l’Alliance atlantique, mais aussi au système multilatéral dans son ensemble.
Sur le front économique, la méthode reste la même : brutalité assumée et stratégie opportuniste. Le 2 avril, Trump annonce des droits de douane massifs sur une large part des importations, faisant plonger les marchés. Quelques jours plus tard, il suspend ces mesures pour trois mois – sauf pour la Chine – provoquant un rebond. Entre-temps, il publie sur Truth Social : « C’est le moment d’acheter !!! DJT ». De quoi susciter des soupçons de manipulation boursière. Des élus démocrates, qui semblent enfin se réveiller, dont Adam Schiff et Elizabeth Warren, ont demandé à la SEC, régulateur des marchés financiers, d’ouvrir une enquête. Il faut dire que Trump Media & Technology Group, l’une de ses sociétés, a bondi de 21,67 % en Bourse.
Imposer une nouvelle réalité politique et culturelle
Le projet trumpien – qui, faut-il le rappeler, n’est pas celui d’un homme seul, mais d’un courant politique structuré : une droite résolue, que certains n’hésitent pas à qualifier de crypto-fasciste, bien décidée à s’installer dans la durée – s’inscrit dans une dynamique historique amorcée il y a plusieurs décennies. Son objectif : imposer une nouvelle réalité politique et culturelle, où la dissidence est marginalisée et les institutions mises au service d’un pouvoir centralisé et autoritaire. Les universités ne sont qu’une des premières cibles. Elles ne seront pas les dernières.
Ceux qui prétendent que tout cela n’est que passager sont, pour beaucoup, les mêmes qui affirmaient en 2016 que Donald Trump ne serait jamais élu. Ceux qui, après le 6 janvier 2021, assuraient que l’homme ayant appelé ses partisans à marcher sur le Congrès – la seule tentative sérieuse de coup d’État de l’histoire américaine – finirait en prison et ne pourrait plus jamais se présenter à une élection. Ce sont encore ceux qui, il y a quelques mois à peine, étaient convaincus qu’il ne remettrait jamais les pieds à la Maison-Blanche.
Bien sûr, la révolution trumpienne n’a ni l’ampleur ni la radicalité de la révolution bolchevique, qui, dans un tout autre registre, inspira au journaliste américain John Reed le livre Dix jours qui ébranlèrent le monde – dont le titre a inspiré celui de cette tribune. Mais il faut bien reconnaître qu’en à peine cent jours, le pays de l’Oncle Sam, comme le monde, ont été ébranlés. Et si l’on est encore loin d’une dictature à la Poutine, force est d’admettre que les États-Unis ressemblent désormais davantage à la Hongrie de Viktor Orbán qu’à l’Amérique d’Obama ou de Kennedy.
À propos de l’auteur : Romuald Sciora, essayiste franco-américain et directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, est l’auteur de L’Amérique éclatée, paru chez Armand Colin.
Les tribunes publiées par French Morning sont proposées par des personnes extérieures à la rédaction, sur des sujets transatlantiques variés, afin d’alimenter le débat d’idées. La tribune n’étant pas signée par la rédaction, elle ne reflète pas la position de French Morning. Si vous souhaitez contribuer et proposer un texte, merci de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected]
Subversive et lumineuse, Ruth Asawa enfin consacrée au SFMOMA
À San Francisco, elle est une icône. Ailleurs, on la découvre encore. Longtemps restée dans l’ombre de ses contemporains, Ruth Asawa (1926–2013) accède enfin à la reconnaissance internationale avec l’exposition événement : « Ruth Asawa : A Retrospective, au SFMOMA », jusqu’au mardi 2 septembre. Aujourd’hui hissée au rang des maîtres de l’art moderne américain, cette femme d’1,50 mètre a, d’un simple fil de fer, réinventé les codes de la sculpture contemporaine. Célèbre pour ses dentelles métalliques tridimensionnelles, ses formes organiques et ses architectures flottantes éthérées, Ruth Asawa défie les lois de la gravité et trouble la perception.
Une artiste discrète et révolutionnaire

©2025 Ruth Asawa Lanier, Inc. ; Courtesy of David Zwirner ; ©Laurence Cuneo.
Avec « Ruth Asawa : A Retrospective », le SFMOMA célèbre l’artiste de San Francisco à travers plus de 300 œuvres – sculptures en fil de fer bouclé, dessins, photographies, installations et archives personnelles – retraçant le parcours d’une artiste à la fois discrète et révolutionnaire. Coup d’éclat, moment de grâce : cette rétrospective dévoile ses créations les plus audacieuses et esquisse un portrait en apesanteur d’une artiste insaisissable, intensément moderne, porté par une scénographie suspendue entre ombre et lumière.
« Nous avons été attirés par l’expérimentation sans fin et la dimension collaborative de son travail, à travers une grande diversité de médiums. Bien qu’elle soit surtout connue pour ses sculptures en fil métallique, la rétrospective insiste sur l’interconnexion de ses pratiques : sculpture, dessin, gravure, mais aussi son engagement pour l’éducation artistique et les commandes publiques » explique Marin Sarvé-Tarr, conservatrice adjointe au SFMOMA.
Son œuvre, prolifique et visionnaire, déployée sur six décennies, dépasse les frontières de l’abstraction. Sculptrice, peintre et graveuse, Ruth Asawa redéfinit la sculpture avec des formes aériennes, à la fois organiques et géométriques. Flottant dans l’espace, ses œuvres transcendent la matière. En élevant les matériaux les plus modestes au rang d’art, elle tisse des liens subtils entre espace, matière et vivant.
Dans cet univers poétique, chaque forme trouve son équilibre, l’ordinaire devient extraordinaire. « Asawa utilisait non seulement différents métaux dans ses sculptures en fils, parfois plusieurs dans une même œuvre, pour créer des effets visuels contrastés, mais elle intégrait aussi de nouveaux matériaux comme l’argile, la galvanoplastie, la fonte de bronze, ou encore des marqueurs à pointe feutre issus de la signalétique commerciale », détaille Marin Sarvé-Tarr. Une approche libre et intuitive, moderne et intime.
Internée dans un camp durant la Seconde Guerre Mondiale

Photos ©2025 Ruth Asawa Lanier, Inc. ; ©2015 MoMA NY ; ©James Paonessa ; Courtesy of David Zwirner .
L’exposition suit un parcours à la fois chronologique et thématique, retraçant l’évolution de son style et des influences qui ont façonné son œuvre. Du Black Mountain College – aux côtés de Josef Albers, Buckminster Fuller ou Max Dehn – jusqu’à son installation à San Francisco, la rétrospective met en lumière son ancrage local et son rayonnement international. Elle souligne aussi son rôle essentiel dans la défense des arts et l’éducation créative.
Née en Californie en 1926 de parents immigrés japonais, Ruth Asawa grandit dans une ferme. Très tôt, elle trouve un exutoire dans le dessin. Son enfance est marquée par la ségrégation : durant la Seconde Guerre mondiale, elle et sa famille sont internées dans un camp. Une épreuve fondatrice qui nourrira durablement son regard artistique et son engagement communautaire. « La rétrospective se concentre sur la manière dont Asawa évoquait elle-même son internement pendant la guerre, notamment dans son “Japanese American Internment Memorial” de 1994 à San José, qu’elle décrivait comme “ma façon de raconter ma vie en bronze” », souligne la conservatrice.
En 1946, elle rejoint le Black Mountain College, en Caroline du Nord. Elle y développe une compréhension intuitive du mouvement, qui infusera son travail sculptural. En 1947, un voyage au Mexique et la découverte de la vannerie inspirent ses formes abstraites en fils métalliques. Symboles de continuité et d’interconnexion, ses créations entrelacées explorent l’espace, le plein et le vide, la lumière et l’ombre.
San Francisco, terre d’ancrage

Installée à San Francisco dès 1949, Ruth Asawa transforme sa maison-atelier familiale de Noe Valley en sanctuaire aérien, peuplé de créatures suspendues. Ville d’adoption pendant plus de soixante ans, San Francisco porte encore son empreinte. Ses sculptures publiques, issues d’initiatives communautaires, jalonnent le paysage urbain – de Ghirardelli Square à l’Embarcadero.
L’exposition met aussi en lumière son engagement pour l’accès à l’art et la sculpture publique. « Deux galeries de l’exposition sont consacrées à ses commandes publiques et à son plaidoyer pour les arts à San Francisco », indique Marin Sarvé-Tarr. On y découvre aussi les archives de la création de l’école publique artistique qui porte aujourd’hui son nom.
Une reconnaissance tardive, mais éclatante
Pourquoi une reconnaissance si tardive ? Longtemps ignorée, mère de six enfants, souvent réduite au rang d’artisane, Ruth Asawa revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Son audace fait écho à celle d’Eva Hesse, Louise Bourgeois ou Yayoi Kusama. À la croisée de l’art, de l’artisanat et de l’architecture, elle invente un langage visuel unique.
« La rétrospective met en lumière toutes les manières dont son œuvre a façonné l’histoire de l’art américain », résume la commissaire. Si elle a longtemps collaboré avec le SFMOMA, Ruth Asawa avait déjà séduit les cercles influents dans les années 1950 : le MoMA, Philip Johnson, Mary Rockefeller… Représentée par la galerie Peridot à New York jusqu’en 1960, elle disparaît ensuite de la scène côtière Est.

Aujourd’hui, le monde de l’art célèbre enfin Ruth Asawa pour ce qu’elle fût : une pionnière. Son influence s’étend bien au-delà de San Francisco. Son nom figure désormais dans les grandes expositions collectives, aux côtés d’Anni Albers, Sheila Hicks ou Louise Bourgeois. « Un artiste n’a rien de spécial, disait-elle. Il peut simplement prendre des choses ordinaires et les rendre spéciales. » Une philosophie qui résonne toujours, confirmant l’artiste comme une maîtresse de l’art américain du XXᵉ siècle.
« De ses premières pièces au Black Mountain College à ses dessins floraux tardifs, nous espérons que les visiteurs repartiront avec une vision plus complète d’une œuvre rigoureuse et généreuse », conclut Marin Sarvé-Tarr. Après San Francisco, l’exposition poursuivra sa route vers le MoMA à New York, le Guggenheim Bilbao, en Espagne, et la Fondation Beyeler, en Suisse. Avec Ruth Asawa, exploratrice éternelle, la boucle n’est jamais totalement bouclée : elle ne fait que commencer.
À la veille des obsèques du pape François, l’émotion des catholiques francophones aux États-Unis
Dans l’église Saint Sebastian de Los Angeles, une photographie du pape François a été installée, encadrée par le drapeau du Vatican et celui des États-Unis, et floquée d’une bande noire, « pour manifester notre deuil », indique le Père German Sanchez. Pour ce Colombien, aumônier depuis 20 ans de la communauté francophone de LA, l’annonce de la mort du chef de l’Eglise catholique, lundi 21 avril à l’âge de 88 ans, s’est accompagnée de tristesse, mais surtout d’un sentiment « d’action de grâce ». Gratitude pour son départ sans souffrance, le lendemain de Pâques, et gratitude pour sa mission, remplie « jusqu’au dernier jour », qui a « marqué profondément l’Église et le monde ».
Toute la semaine, la mémoire du pape était au cœur des messes célébrées dans les églises catholiques d’un bout à l’autre du pays, qui abrite la quatrième communauté catholique au monde. Elle le sera encore ce week-end, alors que des milliers de pèlerins et de chefs d’État sont attendus à Rome, ce samedi 26 avril, pour les obsèques du pape. À Los Angeles où la communauté catholique compte de nombreux hispaniques et des personnes originaires du monde entier, le pape François était « très aimé », souligne le Père German Sanchez. « C’était un homme très humain, qui a su toucher le cœur de beaucoup d’hommes et de femmes, même non-croyants, rappelle-t-il. Il était proche des pauvres, de ceux qui souffrent, qui se sentent oubliés ou méprisés dans la société.»
Un pape qui a secoué l’épiscopat américain
Lui-même a été profondément marqué par le pape jésuite qu’il a rencontré plusieurs fois au cours des 12 ans de son pontificat : « Il n’était pas un “super-pape”, mais avant tout un homme, chargé d’une mission énorme, qui avait demandé avec humilité, dès sa première apparition : “Priez pour moi”». Lors de la visite du pape François aux États-Unis en 2015, le Père German Sanchez avait participé à une rencontre à Washington avec un groupe de paroissiens de Los Angeles. À Philadelphie, le pape François avait secoué l’épiscopat américain, en l’invitant à « descendre de son piédestal pour se mettre au service de son peuple », se remémore le prêtre. Il avait aussi délivré un message neuf sur la famille, en invitant l’Église à « ouvrir la porte, aux divorcés-remariés, aux homosexuels, à tous ceux qui frappent à sa porte » poursuit-il.
Mais c’est sa rencontre en petit comité avec le pape, en octobre 2022 à Rome, qui l’a le plus marqué, par l’intensité de sa « présence ». L’évêque de Rome recevait alors un groupe d’une soixantaine de représentants des aumôneries francophones du monde entier, qu’il a pris le temps de saluer un par un. Michèle Cassidy, qui vit à Los Angeles depuis 1968, faisait partie de la délégation. « C’était un grand privilège d’être un tout petit groupe dans une salle du Vatican, où le Saint Père est venu en marchant difficilement, se souvient-elle. Il souffrait beaucoup de ses genoux, et marchait sans aide, avec une canne. Mon mari et moi, nous lui avons parlé en espagnol. J’ai le souvenir de sa douceur, de sa gentillesse, il a pris le temps de nous écouter. »
L’humanité du pape, c’est ce qui a ramené vers l’Église Amélie, 43 ans, maman divorcée de 3 enfants, qui vit depuis 20 ans à Oakland, dans la baie de San Francisco. « Je me suis éloignée de l’Église au moment de mon divorce, et je m’en suis rapprochée en grande partie grâce au pape et à son message beaucoup plus accueillant vis-à-vis des divorcés que les papes précédents, témoigne la Française. En tant que maman, c’est ce message d’amour, de pardon, d’ouverture vers les autres que je veux transmettre à mes enfants » Une fois par mois, elle aime se rendre à une petite messe dans sa langue natale, à l’église Saint Charles d’Oakland prêtée par la paroisse américaine, où se retrouvent huit familles francophones aux origines très diverses, autour du Père Didier Cimalamungo, un jésuite originaire de République démocratique du Congo.
Le jeune prêtre, qui étudie actuellement la théologie à l’Université jésuite Santa Clara de Berkeley, a rencontré le pape François sept fois, y compris en République Démocratique du Congo, où le souverain pontife s’était rendu en 2023. « C’est une personne qui a vécu parmi nous, entre nous et avec nous » remercie le Père Didier Cimalamungo. Du pape, il ne retient pas tant ses discours « ciselés » que ses engouragements paternels, prodigués hors caméras, comme cette phrase : « Supportez-vous dans votre vulnérabilité ». Il conservera « comme une relique » un autographe qu’il avait demandé au pape à la fin d’une audience.
Le pape de l’écologie
Marguerite Higby, 32 ans, vit à Washington avec son mari américain et leurs deux petites filles de 2 ans et demi et 6 mois. La petite dernière a été baptisée dimanche dernier, jour de Pâques, à Saint-Louis de France, une « petite paroisse dynamique » où ils aiment retrouver des francophones pour la messe le dimanche. Pour la jeune femme « de sensibilité jésuite », le pape François a été à l’origine de sa prise de conscience écolo, en 2015, avec son encyclique verte Laudato Si. « Avant d’avoir lu “Laudato Si”, pour moi, l’environnement, c’était un sujet pour les bobo-écolos, et tout à coup, j’ai compris le lien entre prendre soin de la terre et prendre soin de ses habitants. Ça a été un moment assez fondateur » insiste–t-elle, citant aussi le film « Demain », de Cyril Dion.

L’appel du pape à plus de sobriété l’a poussée à changer son mode de vie, y compris aux États-Unis, un pays qu’elle trouve « en retard » par rapport à la France sur le sujet. Marguerite et son mari ont ainsi choisi d’acheter une maison plus petite en centre-ville de Washington, afin de déposer leurs enfants à la crèche en vélo-cargo électrique le matin (au lieu de vivre en banlieue avec deux voitures), de réduire leur consommation de viande, et de limiter leurs vols en avion à un aller-retour par an en France.
Suivre les obsèques « en communion » avec Rome
Comme beaucoup de catholiques, elle espère l’élection d’un futur pape dans la lignée du pape François. « J’espère que le prochain pape continuera ce qu’il a commencé » se projette Marguerite. Même souhait pour Amélie, qui redoute, dans le contexte du retour au pouvoir fracassant de Donald Trump, l’arrivée d’un pape « conservateur. » « Je ressens de la crainte, car on a Trump qui amène beaucoup d’énergie négative, à l’opposé du pape, qui était dans l’humilité, la gentillesse, le pardon » glisse-t-elle.
S’il sera difficile de suivre l’événement en direct en raison du décalage horaire, les catholiques francophones des États-Unis vont s’associer, par la prière et grâce aux médias, aux obsèques du pape François, ce samedi 26 avril à 9h45 am heure locale, sur le parvis de la Basilique Saint-Pierre à Rome. Dans le Westchester, au Nord de New-York, Cécile Boucquillon a prévu de suivre la célébration en différé grâce aux chaînes de télévision françaises. « C’est un pape qui a remis l’Eglise à la place qu’elle doit occuper, pour moi, au milieu des pauvres, en donnant l’exemple lui-même l’exemple » souligne-t-elle. Membre de la dynamique paroisse francophone de Saint John and Paul de Larchmont, rattachée à l’école américaine du même nom, elle ne se sent pas seule, dans ce moment de deuil et de changement pour l’Église.
À Los Angeles, le Père German Sanchez veillera tard durant la nuit pour vivre en direct les funérailles du pape François, « en communion » avec Rome en ce jour spécial, qui sera aussi celui de son anniversaire.
« Le bois dont je suis fait », la famille en héritage au TLF
Pour clore une saison encore une fois riche en émotions et en découvertes artistiques, le Théâtre du Lycée français présentera le vendredi 16 mai « Le bois dont je suis fait », une pièce sur la famille et le poids de son héritage. À l’aube de sa vie, une mère prend une décision cruciale : réunir son mari et ses deux fils dans l’espoir d’une réconciliation. Mais entre le poids du passé, les désirs d’indépendance et les secrets enfouis, cette réunion de famille risque de raviver de vieilles blessures.
Mise en scène par Clotilde Daniault et interprétée avec brio par Julien Cigana et Nicolas Devort, cette comédie sociale explore avec finesse l’héritage familial, ce que nous portons tous et dont il est si difficile de se défaire. Sur scène, deux talentueux comédiens incarnent une galerie de personnages attachants et hauts en couleurs, nous entraînant dans un tourbillon d’émotions. Grâce à un jeu subtil de postures, de regards et d’inflexions de voix, ils donnent vie à sept membres de la famille Lachassette, une famille de la classe moyenne ayant quitté Albi pour Lyon. Chacun pourra se reconnaître dans cette histoire universelle où les tentatives de trouver sa place au sein de la famille résonnent avec nos propres expériences.
Walk your shame out : Adeline Townsley donne une voix aux victimes d’abus sexuels
Un sweat-shirt noir, avec écrit en lettres vertes « Walk your shame out ». Adeline Townsley l’arbore fièrement, prête à répondre aux questions que cet appel à l’action peut susciter. Il y a deux ans, cette Française, installée à San Francisco depuis 2018, a décidé de lever le tabou sur l’agression sexuelle dont elle a été la victime lorsqu’elle était enfant, en lançant ce projet.
« Cette agression s’est passée quand j’avais sept ans, raconte-t-elle. J’ai été prise en charge, mais il n’y a pas eu de plainte déposée. Le silence s’est alors imposé, jusqu’à ce que j’arrive à un point où il fallait que ça sorte… » Adeline Townsley décide alors de faire fabriquer un sweat-shirt sur lequel on peut lire « Childhood sexual abuse survivor » (NDLR – « Survivante d’agression sexuelle subie pendant l’enfance »). « Je voyais bien les regards gênés quand je le portais dans la rue, et le silence qui continuait à s’imposer. J’ai alors fait faire un autre sweat-shirt, avec un message plus en douceur, qui serait mieux accepté par la société. Je le porte souvent, je vois les regards, et j’espère que les gens sont curieux et vont sur le site pour en savoir plus. »
Aider à sortir du silence
Première démarche de Walk your shame out, offrir un sweat-shirt aux victimes d’abus sexuels. « L’idée m’est venue quand j’ai fait faire les premiers exemplaires, car il fallait en commander au moins six. Ce premier geste peut aider à sortir de son inconfort et de son silence, dont profitent les agresseurs quand on ne les brise pas. » La jeune femme encourage les victimes à porter leur sweat-shirt en public, et de se joindre à elle à San Francisco pour une promenade qui permet d’évacuer la honte que beaucoup ressentent et créer ainsi des liens. « Grâce aux dons que mon association a déjà récoltés, j’ai pu commander une trentaine de sweat-shirts, et rencontrer d’autres victimes. Quand elles acceptent de se livrer, on retrouve beaucoup de similitudes entre les histoires. »
Au delà du message imprimé sur le sweat-shirt et de la main tendue que représente le fait de l’offrir, Walk your shame out est à présent une organisation à but non lucratif qui endosse également un rôle de conseil « afin de venir en aide aux autres ». Adeline Townsley espère que ces témoignages et ces conseils pourront autant prévenir que guérir. Sur le site de l’organisation, les victimes d’abus sexuels peuvent laisser leurs témoignages, partager des recommandations et des références de lecture ou de sites à consulter. À terme, Walk your shame out pourrait devenir une référence pour éviter la perpétration d’abus sexuels.
Être entendu pour briser le tabou
Par ailleurs, en tant que maman de deux enfants, Adeline Townsley souligne que les parents ont un énorme rôle à jouer : « C’est important d’établir des règles sur l’intimité et la nudité avec son partenaire, ses enfants et les personnes en contact avec les enfants, y compris les grands-parents. On montre ainsi à l’enfant qu’il est protégé. On peut aussi avoir des discussions autour de la notion de secret : un adulte ne devrait jamais demander à un enfant de cacher quelque chose à ses parents. »
Malgré une libération de la parole et un meilleur système de soutien aux enfants victimes d’abus sexuels, Adeline Townsley reconnaît toujours ressentir une énorme gêne quand elle aborde le sujet. « On veut être écouté et, pourtant, les personnes à qui l’on parle essaient de changer de sujet car elles sont elles-mêmes gênées. Une oreille attentive, un hug, ou simplement dire merci d’avoir partagé cela avec moi, ou me demander comment ça va, cela permet aux victimes de passer outre la honte qu’elles ressentent, et de briser ce silence. C’est une étape très importante, qui permet de regagner notre fierté. »
La pièce de théâtre « Le petit Chaperon Rouge » à l’Alliance New York
Avec « Le petit Chaperon Rouge (Little Red Riding Hood) », programmé par l’Alliance New York, le vendredi 30 mai (en français avec sous-titres en anglais) et le samedi 31 mai (en anglais), la compagnie parisienne Das Plateau réinterprète le conte des frères Grimm et permet à la petit fille d’échapper au loup et de conquérir sa propre liberté.

Crée en 2022 à Avignon, la pièce tout public prend aussi ses distances avec la version de Charles Perrault, traditionnellement lue aux enfants, où la petite fille et la grand-mère étaient dévorées par le loup. Dans l’interprétation de la compagnie française, fondée en 2008, les deux figures féminines sont sauvées par un chasseur et reviennent dans la forêt piéger le loup. Le spectacle déploie donc toute la densité du conte, sa gravité. Le sujet de l’agression et celui de la mort y sont développés mais ils amènent à une fin joyeuse où la résilience est au rendez-vous.

La scénographie de James Brandily joue sur la multiplication de l’espace. Des jeux de miroirs – en réalité des reflets utilisant la technique du pepper ghost pour créer l’illusion d’un paysage, féérique et inquiétant – se superposent à des projections vidéo et même aux acteurs eux-mêmes. Les ficelles sont intentionnellement visibles n’altérant pas la magie de la représentation. C’est, en quelque sorte, un spectateur consentant, apte à se prémunir des dangers, qui se promène dans les bois pendant que le loup n’y est pas…
