« J’ai connu des tremblements de terre, des tornades mais le feu comme ça, c’est une première ». Depuis dimanche soir, de violents incendies ravagent les régions viticoles de Sonoma, Napa et Mendocino, situées à 60 km au nord de San Francisco. Les autorités locales dénombrent au moins 21 morts et près de 150 personnes disparues. Plus de 25 000 personnes ont été évacuées. Parmi eux, de nombreux Français, comme Jérôme Eckert-Nathan, installé depuis dix-sept ans dans le comté de Sonoma.
« On s’est réveillé lundi matin avec cette couleur orange au dessus des collines, beaucoup de fumée et des cendres qui tombaient du ciel, poursuit-il. Avant même de recevoir l’ordre officiel d’évacuation, on a pris deux trois trucs et on a quitté la maison lundi matin. Il n’y a qu’une seule route, on avait peur de se retrouver coincé. »
Hébergé par des amis à Sebastopol, une ville située à l’ouest de Santa Rosa, Jérôme Eckert-Nathan n’a quasiment aucune information sur la progression des feux autour de sa zone d’habitation. « C’est frustrant, on ne peut rien faire à part attendre. On sait qu’en vivant ici, il y a un risque de feu, mais c’est arrivé avec une telle force… c’est choquant ».
Mardi après-midi, les pompiers comptaient 17 foyers d’incendies différents dans le nord de la Californie. Marion Bonnin a, elle, fui la ville de Sonoma. « Lundi matin, j’ai remarqué qu’il y avait une incendie en haut de la montagne en face de chez moi mais je suis tout de même allée au travail : il n’y avait personne », raconte la Française de 24 ans venue en Californie pour la saison des vendanges. « Quand je suis retournée chez moi, j’ai compris que c’était grave ».
Marion Bonnin a passé la journée de lundi dans l’attente d’un ordre d’évacuation. « Je vis avec deux Américains. On a fermé toutes les fenêtres car l’odeur de la fumée était très forte. De ma maison, je voyais les flammes ». À la nuit tombée, malgré « le son incessant des sirènes et le défilée des camions de pompiers », la jeune femme a décidé de rester chez elle.
« Dans la nuit, on voyait les flammes embraser toute la montagne, c’était impressionnant et super proche de nous ». Avant de tenter de fermer l’oeil, la Française a programmé « des alarmes toutes les deux heures ». En se levant mardi matin, elle constate que la situation a empiré. « L’ambiance était hyper morbide. On était dans la fumée, on ne voyait rien, l’air était encore plus étouffant que la veille alors nous sommes partis ».
Réfugiée à Tahoe, Marion Bonnin est encore sous le choc. « C’est un cauchemar. Je suis venue en Californie pour quelques mois, ce n’est pas vraiment l’expérience à laquelle je m’attendais ».
Du côté de Napa, mardi en fin de journée, Alexandre Remy était en route pour récupérer des affaires à son domicile situé aux portes du Skyline Wilderness Park. « Je vois une énorme barrière de nuages blancs devant moi », décrit le Breton. Réfugié à Walnut Creek, depuis lundi matin, avec sa femme et ses deux jeunes enfants, Alexandre Remy a décidé de retourner chez lui avant que les vents ne tournent.
« Près de Skyline Park, tout est en train de brûler. Le feu est juste à côté de ma maison. Là il fait encore jour, c’est le moment où jamais. Mais je reste une heure pas plus puis je repars », lance-t-il au bout du fil, tout roulant en direction de Napa sur « une route complètement déserte ».
Même si 80 % des vendanges ont déjà été effectuées, selon la Napa Valley Grapegrowers, ce n’est pas le cas du Cabernet. « C’est ce qui a le plus de valeur à Napa et c’est ce qui reste sur les vignes », souligne celui qui est aussi le general manager d’Atlas Wine Company. Alors qu’il s’engouffre dans la ville enfumée et que le réseau téléphonique commence à manquer, il ajoute « mais pour le moment, le raisin qui reste sur les vignes, c’est le dernier de nos soucis ! »
Dans le nord de la Californie, des Français en proie aux incendies
Vin et fromage pour soutenir l'association FIPA le 3 novembre
FIPA a besoin de vous. L’association, qui opère les programmes “International Studies” (IS) franco-américains dans cinq écoles publiques de Miami, organise sa traditionnelle soirée “Parents Night Out” le 3 novembre à Pinecrest. Comme son nom l’indique, seul les adultes sont admis pendant la soirée.
Au programme des réjouissances: vins, fromages, tombola… 250 personnes y assistent chaque années. Les fonds récoltés permettront de financer les filières de FIPA, qui mélange les contenus pédagogiques des programmes français et américains. Ces programmes, qui existent depuis plus de 25 ans, sont financés par FIPA et le comté de Miami-Dade.
L'Olympique de Marseille a désormais son club de supporters à Miami
Même à plus de 7.000 kilomètres du Stade Vélodrome, les supporters marseillais de Miami pourront désormais vibrer et chanter à tue-tête afin de soutenir leur équipe.
OM Fan Club Miami, le premier fan club officiel de l’Olympique de Marseille à l’international, vient d’ouvrir ses portes grâce à Michael Athéa, le gérant d’Urban Soccer Five, un complexe de terrains de football en salle à Miami. Il diffusera la rencontre face à Strasbourg le dimanche 15 octobre.
« Toute ma famille est de Marseille et je suis un fan inconditionnel de l’OM depuis mon plus jeune âge », raconte Michael Athéa qui organise depuis plus de dix ans de nombreuses soirées dans son complexe sportif afin de retransmettre les matches de son club de coeur. « J’ai fini par me faire repérer par les dirigeants du club phocéen qui m’ont eux-mêmes approché, ajoute fièrement le quadragénaire. Ils ont été interpellés par une photo de mon centre de foot postée sur les réseaux sociaux et montrant l’un des murs décoré par une reproduction du tifo réalisé par les supporters de l’OM avant le choc face au PSG en 2015 ».
Cette reproduction du fameux tifo, qui recouvrait alors trois des quatre tribunes du Stade Vélodrome avec deux logos du club et un immense “OM” surmonté d’une étoile symbolisant la victoire en Ligue des champions, a également séduit Basile Boli, l’auteur du but décisif de cette finale en 1993, qui a accepté d’être l’un des parrains du fan club, tout comme Éric Di Meco, qui évoluait au poste d’arrière gauche, ou encore Mamadou Niang, l’un des meilleurs buteurs de l’histoire du club phocéen. « C’est un véritable rêve qui se réalise et une immense fierté d’être épaulé par ces légendes du football, j’en suis encore très ému », insiste Michael Athéa.
OM Fan Club Miami offre désormais à tous les supporters de l’Olympique de Marseille un lieu pour se réunir et partager la passion du football, mais pas seulement. « C’est la première pierre à l’édifice car nous allons maintenant pouvoir organiser de nombreux événements en partenariat avec le club, mais également ouvrir prochainement une boutique officielle de l’OM pour vendre des produits de la marque », indique Michael Athéa qui travaille par ailleurs en collaboration avec le club à la création d’une école de football. « Ce ne sera pas un centre de formation, mais il y aura des camps ludiques pour les jeunes afin de pouvoir s’amuser tout en propageant l’image de Marseille ».
Avec Michelina, Vincent Benoliel mène LA à la baguette
Depuis juillet, les amateurs de pâtisserie française qui se promènent à l’Original Farmer’s Market de Los Angeles peuvent y croiser Michelina, une succursale de la compagnie de grossiste Le Macaron, créée à Miami il y a 18 ans par le Français Vincent Benoliel.
“La vacance du local fut une opportunité, à cause du trafic, avec 18 millions de personnes par an garanties”, argue le Parisien, convaincu que Michelina est “une vitrine pour son entreprise”. “De nombreux chefs de Los Angeles viennent y faire leurs courses.”
A la vente, il propose viennoiseries et pains, mais aussi des sandwiches, “bread bowls” et tartines pour le déjeuner. “Mon produit phare reste la baguette, faite avec du levain de 15 ans d’âge”, fait-il remarquer, Michelina produisant entre 200 et 300 unités par jour sur place. Vincent Benoliel s’approvisionne sur place, auprès des maraîchers voisins, et de l’institution Monsieur Marcel pour la charcuterie et le fromage.
Choyer les clients de la boulangerie n’empêche pas le businessman de 38 ans de continuer à s’occuper de son commerce de gros, Le Macaron. Un établissement qui dispose désormais de cuisines à Miami et Los Angeles et livre les principales compagnies aériennes en pains, gâteaux et croûtons surgelés; mais aussi les hôtels et Whole Foods Californie (le brie en croûte, c’est lui).
A peine majeur, Vincent Benoliel a quitté Paris, et une voie toute tracée dans l’entreprise immobilière familiale pour lancer sa compagnie en Floride. “J’ai toujours aimé la nourriture”, se justifie-t-il. Et à l’époque, le Parisien était un grand amateur de macarons. Il décide alors d’exporter cette pâtisserie française de manière industrielle. “J’ai travaillé comme un animal à mon arrivée, jusqu’à 18 heures par jour”, se souvient-il. Depuis, la compagnie s’est diversifiée dans la boulangerie et la croissanterie, et a prospéré.
Michelina pourrait se retrouver rapidement sous les projecteurs. Une série devrait y être tournée en janvier.
Pourquoi les parents remercient l’école internationale Rochambeau
(Article partenaire) Quand on pense à l’éducation bilingue d’excellence à Washington, un nom vient à l’esprit. Rochambeau The French International School of Washington DC offre aux familles francophones et non-francophones un cadre chaleureux et des enseignants formés par l’éducation nationale, de la petite section au baccalauréat.
« Lors de mes études supérieures au Canada, j’ai admiré la culture générale et la rigueur d’esprit de mes pairs venant des écoles françaises. C’est pour cette raison que j’inscris mon enfant dans une école française dès le plus jeune âge », dit une maman lors de l’inscription de son enfant de 2 ans à Rochambeau.
Accompagnés jusqu’aux portes de l’université, les élèves réussiront leur scolarité aussi bien en français qu’en anglais. L’établissement entretient également un lien privilégié avec les autres lycées français dans le monde, ce qui facilite la transition en cas de déménagement dans un autre pays.
« Je suis contente que mon enfant apprenne à écrire en cursive », explique un autre parent. Certaines valeurs traditionnelles sont conservées à Rochambeau, mais ceci n’empêche pas d’être tourné vers l’avenir avec l’utilisation des nouvelles technologies, notamment des tablettes, qui ne sont pas seulement un objet ludique mais aussi un outil d’apprentissage.
L’intérêt du bilinguisme n’est plus à prouver : c’est une opportunité unique pour les petits de s’immerger dans deux univers linguistiques et culturels. L’apprentissage d’une troisième langue vivante est également offert et devient partie du cursus à partir du collège. Les élèves quittent l’école avec un minimum de trois langues vivantes, souvent quatre. Une maman américaine mariée à un Français souligne la richesse de l’enseignement de l’histoire : « J’étais impressionnée de découvrir le programme de mes enfants ; quand j’étais jeune mes cours se limitaient à l’histoire américaine ».
« Rochambeau a été un choix évident pour la scolarité de nos enfants : excellence académique, ouverture internationale et programme de l’éducation nationale, témoigne un parent d’élève français. Notre culture française reste préservée dans un environnement américain : bilinguisme, multiculturalisme et adaptabilité. Nos enfants sont de véritables citoyens du monde : Merci Rochambeau »
Pour plus d’informations sur Rochambeau, c’est ici
————————
Note: les “articles partenaires” ne sont pas des articles de la rédaction de French Morning. Ils sont fournis par ou écrits sur commande d’un annonceur qui en détermine le contenu.
Emma de Caunes accuse Harvey Weinstein d'agression sexuelle
La liste des femmes accusant Harvey Weinstein d’agressions sexuelles ne cesse de s’allonger. Mardi 10 octobre, c’est l’actrice française Emma de Caunes qui a brisé le silence dans un long article publié dans le New Yorker.
Le magazine a interrogé treize femmes se disant victimes d’abus sexuels de la part du célèbre producteur depuis les années 90. Trois parlent même de viol.
D’après l’actrice, il l’a invitée dans sa chambre d’hôtel à Paris quelques mois après leur rencontre à Cannes en 2010 en lui promettant de lui donner un livre pour préparer un rôle. Elle raconte qu’à sa grande surprise, il a allumé la douche une fois dans la chambre avec elle, avant de sortir nu de la salle de bain, le sexe en érection. “C’est comme un chasseur avec un animal sauvage. La peur l’excite“, a-t-elle confié au New Yorker. Il lui aurait alors demandé de s’allonger sur le lit et signifié que “beaucoup d’autres femmes avaient fait de même avant elle“. “Pétrifiée”, Emma de Caunes est partie, laissant derrière elle un Harvey Weinstein “paniqué“. “Weinstein l’a appelé sans s’arrêter pendant les heures qui ont suivi, offrant à de Caunes des cadeaux et répétant que rien ne s’était passé“, peut-on lire dans l’article.
Depuis les révélations du New York Times, le 5 octobre, sur les agissements du producteur et distributeur, les témoignages accablants se multiplient. Mardi, les actrices Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Rosanna Arquette et Judith Godrèche ont rejoint les rangs des femmes célèbres et anonymes qui ont décidé de témoigner publiquement contre les agissements de Harvey Weinstein, considéré jusqu’à présent comme un “faiseur de rois” à Hollywood. Après un premier communiqué reconnaissant ses actes, un porte-parole a indiqué au New Yorker qu’Harvey Weinstein “niait sans équivoque” tout acte sexuel non consenti.
Quelques bonnes raisons d'aller au Musée afro-américain de Washington
Lancé il y a treize ans sous la présidence Bush, le Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaine (NMAAHC) bat son plein. Inauguré en grande pompe le 24 septembre par Barack Obama, le premier président noir des Etats-Unis, le NMAAHC est une réussite à bien des égards. Des tickets (avec une heure précise de visite) sont disponibles en ligne à 6:30am et quelques tickets le sont à 1pm en semaine. Accrochez-vous donc pour en obtenir. Voici quelques bonnes raisons pour persister.
Pour le symbole qu’il représente
Dans un pays où les premiers présidents possédaient pour la plupart des esclaves, la construction d’un musée consacré aux Afro-Américains sur le National Mall, à deux pas du Washington Monument, érigé en l’honneur du père de la nation, est un immense symbole. Le choix de ce site, au beau milieu de la capitale et non loin des autres grands musées du Smithsonian, donne en quelque sorte aux Noirs américains la place qu’ils méritent dans l’histoire nationale.
Pour ne pas oublier la cruauté de l’esclavage
Avant de monter dans les étages célébrant la culture afro-américaine, le visiteur est invité à se plonger dans la sombre histoire de l’esclavage et de la ségrégation aux Etats-Unis en descendant dans les non moins sombres sous-sols du NMAAHC. Au-delà des chiffres – 12,5 millions d’Africains déportés, dont 1,4 million du fait de la France –, le musée permet de mettre un visage sur l’horreur subie par les esclaves et leurs descendants, grâce à de nombreuses photos et artefacts.
Pour mesurer l’ampleur de l’apport culturel des Noirs
Difficile d’imaginer la musique moderne sans l’immense apport des Afro-Américains. Du blues au hip hop, en passant par le jazz, la soul, le rock et le reggae, la plupart des grands courants musicaux de ces cent dernières années puisent leurs racines ici. Le musée embrasse bien sûr cette histoire culturelle, avec l’exposition d’une multitude de portraits et de nombreuses pièces comme la Cadillac rouge pétante de Chuck Berry, la veste de hippie de Jimi Hendrix ou le Borsalino de Michael Jackson. On apprend aussi à connaître des aspects moins connus de la culture afro-américaine, comme par exemple le step, une danse d’origine africaine rythmée par les claquements de main et de pied très populaire dans les fraternités noires.
Pour sa superbe architecture
Dernier né des musées du Smithsonian installés sur le Mall, le NMAAHC se devait de marquer sa différence au niveau architectural. A l’instar du Musée des Indiens d’Amérique qui avait déjà rompu en 2004 avec le style néo-classique des autres musées, le bâtiment du NMAAHC fait dans l’original en adoptant une forme de pyramide inversée sur trois niveaux – inspirée d’une coiffe d’Afrique de l’Ouest dixit les architectes. Au milieu d’édifices en pierre blanche, la façade de métal ciselée du NMAAHC dénote : de couleur cuir à l’ombre, elle passe au bronze quand le soleil se lève et à l’or quand la lumière se reflète. Une réussite.
Pour se mesurer aux plus grands
Dans la galerie consacrée aux athlètes afro-américains ayant marqué l’histoire, ne manquez pas la statue grandeur nature de Tommie Smith et John Carlos qui, sur le podium du 200m aux JO de Mexico en 1968, avaient levé un poing ganté de noir pour protester contre les discriminations raciales. Et si la queue est trop longue pour faire un selfie le poing en l’air avec eux, vous pouvez toujours vous rabattre sur Michael Jordan, les sœurs Williams ou Jesse Owens, moins militants mais plus célèbres.
Et pour la cafétéria !
L’hommage du NMAAHC à la culture noire se prolonge jusqu’au Sweet Home Café, la cafétéria du musée qui se démarque des sempiternels burgers-frites en proposant de nombreux plats typiques. Pain de maïs poêlé, poulet grillé, collard greens, patates douces, poisson-chat et autres gombo, soit autant de plats reflétant le métissage culturel vécu par les esclaves et leurs descendants.
Une soirée dédiée aux joueurs français des LA Galaxy
Les Français ont la cote à Los Angeles. Sur la scène culturelle, mais aussi sur les terrains de “soccer”. Le club de football des LA Galaxy célébrera dimanche 15 octobre à 4:30pm la French Heritage Night, à l’occasion d’un match qui l’opposera à l’équipe du Minnesota United Football Club au StubHub Center. Une manière pour le club de promouvoir Los Angeles comme la ville idéale pour poursuivre une carrière de footballeur.
L’hexagone est bien représenté dans la cité des anges, avec Romain Allessandrini, Bradley Diallo, Michael Ciani, ainsi que le directeur sportif Pierre Barrieu.
Et les supporters les plus rapides ne repartiront pas les mains vides, puisque les tickets comprennent une écharpe aux couleurs de la France et une séance d’autographes à l’issue du match pour les 100 premiers acheteurs.
Sous Donald Trump, l'avenir incertain de la loterie de la carte verte
Le 1er avril dernier, French Morning vous faisait un beau poisson. “Donald Trump annule la loterie de la carte verte“, titrait-on, sans se douteur que le canular deviendrait peut-être réalité quelques mois plus tard.
Dans un climat de tension autour des questions d’immigration, l’avenir de la loterie n’a jamais été aussi incertain. Si Donald Trump ne s’est jamais prononcé explicitement contre la loterie, elle est bel-et-bien dans le collimateur des autorités. Cet été, le gouvernement a indiqué aux “gagnants” issus des pays visés par l’interdiction de voyage décrétée par le président au début de son mandat que leur dossier ne sera peut-être pas examiné.
En août, Donald Trump a soutenu une proposition de loi, RAISE Act, qui réduirait l’immigration légale de moitié sur dix ans et instaurerait un système migratoire basé sur le mérite, privilégiant les travailleurs hautement qualifiés. Le texte prévoit notamment la fin de la loterie. “Trump a été très clair sur le fait qu’il voulait réduire les chiffres de l’immigration. La loterie sera la première chose à passer à l’abattoir car elle touche un nombre réduit d’électeurs“, résume Anna Law, professeure de sciences politiques à Brooklyn College.
Cette année encore, des millions de personnes dans le monde entier vont participer à la “Diversity Lottery” dans l’espoir décrocher une carte verte, synonyme de résidence permanente. Elle s’est ouverte le 3 octobre. En 2015, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, plus de 14 millions de personnes ont tenté leur chance, parmi lesquelles plus de 55.000 Français issus de métropole et des DOM-TOM.
Depuis ses origines, la loterie est sujette à controverse. Elle s’inspire de plusieurs autres programmes de loterie qui ont vu le jour dans les années 80. À l’époque, ceux-ci étaient soutenus par quelques élus bien inspirés, désireux de faire plaisir à la large communauté d’Irlandais sans-papiers dans leur circonscription. “40% des visas étaient réservés aux Irlandais. C’était de l’affirmative action!”, s’exclame Anna Law.
La loterie telle que nous la connaissons a vu le jour en 1990 avec l’ambition de diversifier les flux migratoires vers les Etats-Unis pour tenir compte des nationalités faiblement représentées. Près de trente ans plus tard, elle a rempli ses objectifs, mais elle n’a pas échappé à son lot de critiques. “Depuis le début, ses détracteurs pensaient qu’elle n’avait aucun sens. Au début du siècle, on l’accusait de représenter une menace sur la sécurité nationale. Et en 2013, on parlait de la supprimer dans le cadre d’une réforme du système d’immigration, résume Carly Goodman, une historienne spécialiste de la loterie. Elle a toujours été menacée, mais comme elle concerne un faible nombre de personnes, elle a réussi aussi à se faire oublier“.
“C’est un programme inutile, superflu“, estime David North, expert au sein du Center for Immigration Studies (CIS). “Nous n’avons pas besoin de plus de personnes aux Etats-Unis. Nous faisons venir un million de personnes légalement, sans compter l’immigration illégale“. Selon lui, il ne s’agit pas “juste de 50.000 personnes” (le nombre d’aspirant qui obtiennent une carte verte au terme du processus). “Si on additionne le nombre de personnes que cela permet de faire venir, les conjoints, les enfants, cela créé un appel d’air. C’est de l’immigration en cascade“.
Même si David North note qu’aucun gouvernement n’a montré autant d’hostilité envers la loterie que celui de Donald Trump, il estime que le programme n’est pas en danger. “Il faudrait que la suppression se passe dans le cadre d’une grande réforme de l’immigration. Or, vu les relations entre Trump et le Congrès, et le fait qu’il n’y a pas de pression énorme pour la supprimer, il est possible que rien ne se passe“.
D’après Carly Goodman, il n’y a pas d’études sur l’impact des gagnants de la carte verte sur le tissu économique américain. On sait en revanche qu’ils envoient de l’argent à leur famille dans leur pays d’origine, stimulant l’économie locale. “On verra qui sera là pour la défendre en cas de disparition“, se demande-t-elle. Ces dernières années, c’est le Congressional Black Caucus, groupe de parlementaires noirs, qui a été son avocat le plus visible au niveau politique en raison du grand nombre d’Africains qui tentent leur chance chaque année. “C’est un bon outil de relations publiques pour les Etats-Unis. Et il est gratuit. Cette loterie fait rêver: on peut y inscrire son nom et changer sa vie. Cela a permis de faire vivre le rêve américain dans des endroits auxquels les Etats-Unis ne font pas vraiment attention“, poursuit Carly Goodman.
Le RAISE Act pourrait bien rester lettre morte car les démocrates sont en nombre suffisant pour le bloquer au Sénat. “Il y a un fort sentiment anti-immigration au sein de ce gouvernement, mais le Congrès et le président peuvent-ils agir ?, s’interroge Anna Law, de Brooklyn College. La loterie sera peut-être sauvée par l’incompétence de Donald Trump“.
Discussion sur "la révolution bilingue" à Washington
Il est le “Monsieur révolution bilingue” de New York. Fabrice Jaumont, attaché éducatif et linguistique aux services culturels de l’Ambassade de France aux Etats-Unis sera à BloomBars le dimanche 22 octobre pour présenter son nouveau livre The Bilingual Revolution et conseiller les parents qui veulent s’impliquer dans le développement de l’éducation bilingue.
Dans cet ouvrage, le spécialiste détaille les initiatives qui ont vu le jour dans différentes communautés à New York pour monter et promouvoir des programmes bilingues gratuits dans les écoles publiques de la ville. Il espère que les parents dans le pays entier pourront s’en inspirer pour lancer à leur tour des programmes d’immersion destinés à des jeunes francophones et non-francophones.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une série d’événements organisés par le DC Language Immersion Project pour promouvoir l’éducation bilingue dans la capitale fédérale.
Conseils de patron: travailler en couple
C’était il y a un an. A la rentrée 2016, la marque de robes de mariées Laure de Sagazan s’installait à New York, dans un atelier en plein coeur de SoHo.
Fondée en 2011, la marque a connu le succès très vite en France grâce à ses robes rétro-chic en dentelle de Calais. Laure de Sagazan a ensuite conquis le coeur des Britanniques, des Espagnoles mais aussi des Japonaises, et depuis un an, des Américaines. Derrière la marque, il y a la jeune styliste trentenaire qui a donné son nom à la marque, mais aussi son financier de mari, Edouard de Fraguier. Couple à la ville et au bureau, les deux amoureux-collègues nous donnent les clés pour réussir à entreprendre en couple.
1/ Cloisonner et garder du temps pour soi
Prendre son petit-déjeuner en parlant comptabilité, partir au bureau ensemble et diner au rythme des conversations autour du chiffre d’affaires ou des investissements… Très peu pour Laure de Sagazan et Edouard de Fraguier. “Je suis un taliban sur le sujet“, reconnaît la chef d’entreprise. “Je suis une grande anxieuse et j’ai besoin de cloisonner. Dans la rue, si Edouard me pose une question le soir en rentrant, je l’invite à me la poser le lendemain à 9h“. Ne pas parler boulot à la maison, ça n’a pourtant pas toujours été la règle entre eux, car pendant les trois premières années de la marque, Edouard de Fraguier cumulait son job de consultant et la gestion de la start-up. “Quand je rentrais le soir, je devais rattraper le retard et me tenir informé, ce qui était très pénible pour Laure qui avait baigné dedans toute la journée“. Devenir parents d’un petit garçon cette année a renforcé la règle du “pas de boulot à la maison”. “ Je suis plus tenté d’en parler que Laure mais je pense qu’elle a raison et que c’est une des clés pour que ça marche“, explique-t-il. Résultat, Laure de Sagazan et Edouard de Fraguier estiment qu’ils parlent moins boulot qu’un couple qui ne travaille pas ensemble et qui débriefe sa journée autour du dîner.
2/ Chacun son rôle
Il y a une différence entre passer la tête dans le bureau de l’autre pour demander un conseil ou faire une suggestion et prendre toutes les décisions à deux. Dans le couple, de Sagazan-de Fraguier, chacun gère sa partie du business. Madame s’occupe de la création et de la communication. Monsieur s’occupe de la gestion et du développement. “On échange évidemment, on se parle très souvent pendant la journée et on prend toutes les décisions importantes ensemble mais on est sur deux univers très différents et on ne se marche pas sur les pieds“, explique Laure de Sagazan. “J’aime bien avoir l’avis d’Edouard sur mes robes mais pour lui ce n’est jamais assez décolleté ou assez court!“, plaisante la jeune entrepreneuse. En ce qui concerne les rendez-vous comptabilité ou les rencontres avec des distributeurs, c’est Edouard de Fraguier qui s’en charge. Pour les embauches, en fonction du poste, chacun a son mot à dire. Sur les 40 personnes qui travaillent pour la marque, la plupart sont indépendants et s’occupent de la confection des robes. Edouard de Fraguier est en fait le seul homme chez Laure de Sagazan.
3/ Communiquer pour éviter les trop pleins.
Découvrir son partenaire à la ville sous un tout autre jour est aussi un des risques du travail en couple. Les pieds sur le bureau, les déjeuners qui durent des heures, les mails sans réponse ou les haussements de voix. On peut parfois être surpris du comportement de l’autre. Sans arriver à ces extrémités, Laure de Sagazan et Edouard de Fraguier reconnaissent avoir parfois été surpris. “Les premières fois qu’Edouard m’a invitée à des rendez-vous par mail, je répondais systématiquement non ou peut-être, parce que ça m’énervait trop d’être invitée à ‘une conf call’ alors qu’il était dans le bureau d’à côté. C’était un peu le choc des univers!” raconte Laure de Sagazan. De son côté Edouard de Fraguier a trouvé inappropriée les relations d’amitié, presque de tendresse entre sa femme et les salariés. “Il m’a fait comprendre qu’une boite ne peut pas fonctionner uniquement à l’affect, qu’il faut une certaine distance“. Finalement, chacun reconnaît avoir appris de l’autre, et que les défauts se sont lissés avec le temps.
4/ Tout prévoir, même le pire
Décès, faillite, séparation. Peut être plus que les autres couples, ceux qui travaillent ensemble doivent penser à tout. Pour protéger l’entreprise et ses propres intérêts. Même s’ils trouvent le sujet grave, Laure de Sagazan et Edouard de Fraguier ont signé un pacte d’associés comme le font beaucoup de créateurs d’entreprises, prévoyant notamment les conditions de sortie. Mais le fait de travailler côte à côte et avec un risque supplémentaire sur les épaules présente aussi des avantages. “On se connaît par coeur, on se comprend parfaitement“, avoue Edouard de Fraguier. “Cette situation responsabilise beaucoup, ça pousse à avoir de la maturité, estime pour sa part Laure de Sagazan. L’engueulade de la veille qui pourrait s’éterniser dans un autre contexte? On sait qu’il faut qu’on avance, dans l’intérêt de la boîte. Ça créé une bienveillance et on oublie plus vite les rancœurs“, explique-t-elle, en ajoutant qu’heureusement les disputes sont rares!
5/ Partager la même ambition
Diriger une entreprise à deux, c’est aussi partager les mêmes objectifs, notamment en terme de développement. Pour Laure de Sagazan et Edouard de Fraguier, il s’agissait de l’ouverture à l’international avec notamment une présence aux Etats-Unis. “On a commencé à y penser il y a deux ans, après pas mal de commandes de clientes américaines. Des femmes qui parfois faisaient les aller-retour pour les essayages“, se souvient Edouard de Fraguier. La question était alors de savoir si on ouvrait une franchise ou en propre”.
Finalement, le couple et leur troisième associée ont opté pour un atelier à New York avec du semi sur-mesure uniquement. Les robes sont envoyées aux Etats-Unis et elles sont retouchées sur la future mariées par des couturières dans l’atelier de Soho. En un an, une centaine de robes ont été vendues de ce côté de l’Atlantique. Un succès évident pour la marque Laure de Sagazan qui a conduit à la décision d’ouvrir cet automne un atelier sur-mesure, identique à celui de Paris. Du côté des modèles, ce sont les mêmes que pour les mariées françaises car les clientes raffolent des dentelles de Calais, des crêpons de soie ou encore de la crêpe georgette, marque de fabrique des robes Laure de Sagazan. Même si certains plaisent plus aux Américaines comme les emmanchures dos nageurs. Aujourd’hui Laure de Sagazan est donc présente à New York avec son atelier, dans un multimarque (The Muse), à Minneapolis dans une boutique propre et chez des partenaires à San Francisco.
Christiane Taubira à Boston pour parler de l'égalité homme-femme
Réfléchir ensemble à la question de l’égalité entre les genres. Voilà le but du symposium international organisé les 20 et 21 octobre par Sciences Po Paris en partenariat avec l’université privée féminine Wellesley College à Boston.
Intellectuels, universitaires, artistes, militantes de pays aussi divers que la Tunisie, le Sénégal, l’Inde, la France ou les Etats-Unis, font partie des personnalités invitées pour l’occasion. Tous pourront raconter la façon dont il ou elle vit le défi que constitue la recherche de l’égalité entre les sexes, dans la vie quotidienne et professionnelle, en fonction de son pays d’origine.
Soixante-dix intervenant(e)s sont attendu(e)s dont l’activiste américaine Angela Davis, Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem, l’ancienne Première ministre du Sénégal Aminata Tourée, ou encore plusieurs personnalités tunisiennes et marocaines.
Ce symposium est ouvert aux échanges avec le public et se fixe comme objectif de parvenir à une déclaration à l’issue de la rencontre.