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De Donald Trump à un label de prestige, l’aventure américaine du pâtissier Cédric Barberet

C’est un petit coin de France au beau milieu de la Pennsylvanie : Cédric Barberet et sa compagne Estelle y ont créé depuis 2015 Barberet, un bistrot-pâtisserie qui ne désemplit pas. La récente visite de la ministre du Tourisme et du Commerce Olivia Grégoire à New York a apporté une nouvelle touche à leur aventure américaine : la remise d’un label de prestige, le World French restaurant, créé par l’Association Française des Maîtres Restaurateurs. Une récompense – la première pour un Français aux États-Unis – qui symbolise ce qu’a toujours voulu promouvoir ce pâtissier français renommé, depuis ses débuts en apprentissage chez ses parents à Villefranche-sur-Saône jusqu’à ses nombreuses expériences américaines : la mise en avant de produits de qualité, provenant majoritairement de circuits courts, et le respect du fait maison.

Pâtisserie française en plein territoire Amish

« C’est un label qui va nous pousser à conserver la même philosophie, confie-t-il. On s’appuie sur les bases de la tradition française. Tout est fait sur place à base de produits de qualité, soit importés de France, soit dénichés auprès des fermiers de la région. On est en plein territoire Amish, une des plus importantes terres agricoles des États-Unis, où il y a beaucoup de culture organique (bio). On trouve par exemple du beurre à 85% de gras, qui est jaune, comme en France ! C’est un plaisir de travailler sur des produits d’une telle qualité. »

Instagram will load in the frontend.

Le restaurant est délégué à un chef de cuisine, sous la supervision (menu, produits, etc.) de Cédric Barberet, qui avec sa compagne, se concentre tout particulièrement sur sa spécialité : les pâtisseries. Il propose les classiques de France revisités avec sa touche toute personnelle : une créativité visuelle et dans le goût. « On essaie d’apporter un petit twist moderne », sourit-il. Opéra, éclairs, tropézienne, tarte aux fraises, millefeuilles… et même une pâtisserie « en trompe l’œil, savoure-t-il, sous forme de mangue, à base de noix de coco, mangue et goyave ».

Pâtissier à Mar-a-Lago pendant six ans

Arrivé à Lancaster presque par hasard, au gré d’une opportunité qui lui permettait d’investir ce lieu plein de charme en plein cœur du centre historique, Cédric Barberet a beaucoup voyagé en Amérique du Nord depuis qu’il a décidé de traverser l’Atlantique, au matin de ses 20 ans. À Cape Cod tout d’abord, pour une expérience saisonnière, puis à Palm Beach pendant 8 ans dans un restaurant français. En 2002, il est recruté pour concevoir les pâtisseries de Mar-a-Lago, le club de golf très sélect de Donald Trump. Il y restera 6 ans.

« J’en garde un très bon souvenir. Je travaillais en direct avec lui et Melania. Lorsqu’ils ont décidé de se marier en 2005, Melania a décidé que j’allais m’occuper des gâteaux, confectionnés entièrement sous forme de fleurs, se souvient-il. C’est cette expérience qui m’a permis de lancer ma carrière ». Il collabore notamment avec Jean-Georges lors du mariage, apparaît dans Vogue et plusieurs autres magazines.

À l’époque, Donald Trump n’est pas encore un homme politique, mais il a déjà la personnalité qu’on lui connaît. « On sait comment il est, il ne changera pas, il peut être très direct et peut virer quelqu’un dans la seconde, comme dans l’émission de télé : you’re fired !, reconnaît Cédric Barberet. Mais il a beaucoup de charisme. » Donald Trump, qui n’aime rien moins qu’une « grosse tranche de gâteau au chocolat, avec beaucoup de volume », a assisté impuissant au départ de son pâtissier en 2008. « Il ne voulait pas que je parte mais je ne voyais pas de perspectives d’évolution et j’avais envie d’autre chose, confie le chef français. Je suis parti en bons termes, il m’a même écrit une lettre de recommandation. »

Cédric Barberet fera un crochet par Las Vegas, pour l’ouverture d’un hôtel d’envergure. Avant de mettre le cap sur la Pennsylvanie. À Lancaster, il est tout proche de Philadelphie (1h de route), pas très loin de Washington (2h) et de New York (3h). Une ville de taille moyenne où il a su recréer un petit coin de France.

Brèves new-yorkaises : La génération Y prête à quitter la ville à cause des loyers inaccessibles

? Vous l’avez probablement remarqué, ce nouvel immeuble de 70 étages dans l’Upper West. La moitié des 127 appartements a été vendue. Il vous en reste donc quelques-uns. Ticket d’entrée : 4,6 millions de dollars. 

? Selon un rapport d’Orkin Pest Removal, New York se place en seconde position des villes les plus infestées de moustiques. La première place revient à nos amis de Los Angeles. 

⭕️ « The Portal », le portail de Flatiron qui connecte New York à Dublin, éteint pour « comportements inappropriés », a finalement repris sa mission cette semaine en espérant que les gens se comportent mieux. (Mais personne ne nous parle du hot-dog géant de Times Square. Quelle déception !)

?‍? Un élève inscrit dans une école publique coûte à la ville 39 304 dollars par an. 

⛱️  Les plages ont rouvert ce week-end mais il manque 230 sauveteurs sur les 600 nécessaires pour les surveiller. L’État a pourtant investi 5 millions de dollars pour en recruter. En conséquences de quoi, certaines parties de plage ne seront pas surveillées. 

? Vous ne le savez sans doute pas, mais 10$ de l’assurance de voiture est affecté par l’État de New York à la lutte contre le vol de voitures. Du moins, en théorie, car un récent audit a montré que l’argent n’était pas vraiment utilisé à cette fin. 

? C’était la Fleet Week cette semaine, parade impressionnante de bateaux de l’armée et de défilés. 

☀️ L’AirTrain qui mène à JFK pourrait être gratuit cet été. 

? La piste de danse utilisée dans le film Saturday Night Fever de 1977 a été mise aux enchères pour un prix estimé à environ 300 000 dollars. 

? Selon U.S. News & World, New York est la 124e ville américaine où il fait bon vivre sur 150. La première place revient à Naples, Floride, la ville des milliardaires canadiens aux 74 golfs. 

? On attendait 44 millions de personnes sur les routes de ce long week end du Memorial Day. Dont vous ?

? Mais pourquoi l’Université de New York demande-t-elle aux manifestants de son campus de regarder des épisodes des Simpsons ?

?New Haven, une ville du Connecticut, s’est déclarée « capitale américaine de la meilleure pizza ». « Il s’agit forcément d’un canular » lui a immédiatement répondu la ville de New York. 

? Le premier Manhattanhenge de l’année (le coucher du soleil est visible dans la perspectives des buildings) aura lieu le 30 mai à 20h12. Vous pourrez prendre vos photos sur les 14e, 23e et 57e. 

Ⓜ️ Le Président de la MTA gagne 400 999 dollars par an. C’est plus que Joe Biden. 

??‍♀️Le NYPD a émis 467 amendes à des piétons pour « traversée imprudente » ou jaywalking en 2023. Parmi celles-ci, 92% ont été adressées à des piétons noirs ou latinos.

?️  Il roulait à plus de 180kmh dans les rues de Manhattan, narguant la police et publiant ses vidéos sur les réseaux. Il a été arrêté.

? Il faut gagner à minima 40,08 $ de l’heure pour louer un two bedrooms dans Manhattan. 

? Le propriétaire de sept magasins de cannabis sans licence à New York a été condamné à une amende de plus de 15 millions de dollars. 

? Faites voyager votre chien dans les meilleures conditions entre New York et Los Angeles pour un peu moins de 6 000 $… le billet. 

? Qui a dit que les Américains ne votaient plus ? Ils sont 200 000 a avoir voté pour donner à l’un des faucons pèlerins nés sur le Governor Mario M. Cuomo Bridge, le doux nom de « Beakoncé » . « Emmanuel-S-Martin », le prénom proposé à l’unanimité par l’équipe French Morning, n’a malheureusement pas été retenu. 

?‍?  Les restaurants ont jusqu’au 3 août pour démonter leur structure en plein air et en reconstruire une conforme à la législation. Il faut donc à ce que de nombreuses terrasses « post covid » soient retirées et non remplacées. 

? Selon un sondage, 40% des New-Yorkais nés entre 1980 et 1996 envisage de quitter la ville à cause des loyers. 

? New York selon Coppola : la bande annonce de Mégalopolis, son nouveau film.  

Films on the Green 2024: Le sport à l’honneur dans l’esprit des JO

Le très apprécié festival de films français en plein air de la Villa Albertine, Films on the Green, revient dans les parcs de Manhattan et de Brooklyn à partir de ce vendredi 31 mai jusqu’au vendredi 6 septembre, avec 11 films captivants célébrant le frisson, la compétition et le triomphe du sport. La sélection de films de cette année est organisée autour du thème « Le sport au cinéma » – hommage aux Jeux Olympiques en France cet été – et débutera avec la projection du Grand Bain de Gilles Lellouche, à Cental Park.
Des matchs de boxe pleins d’adrénaline aux mouvements gracieux de la natation artistique, la programmation du festival propose un large éventail de films et d’histoires sportives qui trouveront un écho auprès des publics de tous âges et de tous intérêts.

Le festival se déroule dans huit parcs new-yorkais. Il est gratuit et ouvert à tous – il suffit simplement d’apporter son repas et sa couverture, un bon moyen de lancer la saison d’été. L’inscription est recommandée mais pas obligatoire et notez que les projections commencent au coucher du soleil.
« Cet été, le sport sera une source de liens internationaux, où différentes cultures se réuniront pour célébrer la réussite humaine. Nous espérons que Films on the Green contribuera à susciter une énergie similaire dans nos communautés locales et à rassembler les gens autour d’un amour commun pour le cinéma, les échanges culturels et le plein air », a déclaré Mohamed Bouabdallah, conseiller culturel de la France aux États-Unis et Directeur de Villa Albertine.

Vous allez pouvoir découvrir la résilience des véritables légendes du football comme l’attaquante Française Marinette Pichon et Salif Keïta Traoré, premier vainqueur du ballon d’or Africain, ou plonger dans le monde aux enjeux élevés des tournois de championnat comme Roland Garros et le Tour de France, tout ça avec en toile de fond les magnifiques parcs de New York.

https://www.youtube.com/watch?v=EMspRb_txUU

Ce festival présente un mélange de films français classiques et contemporains sous-titrés en anglais dont on vous donne le programme :

  • Vendredi 31 mai à Central Park : «Le Grand Bain» (Sink or Swim) de Gilles Lellouche
  • Vendredi 7 juin à Washington Square Park : «5 ème set » (Final Set) de Quentin Reynaud
  • Vendredi 14 juin  à Washington Square Park : «L’Odyssée » (The Odyssey) de Jérôme Salle
  • Vendredi 21 juin au Transmitter Park à Brooklyn : «Antoinette dans les Cévennes» (My Donkey, My Lover & I) de Caroline Vignal 
  • Vendredi 28 juin à J. Hood Wright Park : «Les Triplettes de Belleville» (The Triplets of Belleville) de Sylvain Chomet
  • Vendredi 5 juillet à Seward Park: «Marinette» (Marinette) de Virginie Verrier
  • Vendredi 12 juillet à Seward Park: «L’air de Paris» (Air of Paris) de Marcel Carné 
  • Vendredi 19 juillet à Riverside Park, Pier I : «Les cinq tulipes rouges» (Five red tulips) de Jean Stelli – Première américaine
  • Vendredi 26 juillet à Riverside Park, Pier I : «Le Ballon d’or» (The Golden Ball ) de Cheik Doukouré 
  • Jeudi 5 septembre à Columbia University, Low Library Steps : «Tempête» (Ride Above) de Christian Duguay
  • Vendredi 6 septembre, clôture du festival au McGolrick Park à Brooklyn : «La course des Tuques» ( Racetime) de Benoît Godbout 

Cet été, le festival aura lieu dans cinq villes américaines, un nouveau record et un témoignage de l’enthousiasme continu pour des expériences cinématographiques en plein air accessibles à tous.

Publié le 25 avril 2024. Mis à jour le 28 mai 2024.

Vie d’Expat : Je perds ma langue maternelle

Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l’expatriation. Deux fois par mois, Vie d’Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres sur l’épanouissement personnel.

Aujourd’hui, le récit d’Emilie qui a le sentiment de perdre sa langue d’origine.

« En rangeant mes affaires, je suis tombée sur mon mémoire de maîtrise qui remontait à un bon paquet d’années. J’étais alors en lettres modernes et mon travail portait sur la symbolique du « vous » chez Michel Butor dans le roman La Modification. Autant vous dire que j’avais complètement oublié jusqu’à l’existence du dit Michel – qui est mort, d’ailleurs, comme je viens de le découvrir, depuis pas mal de temps. 

J’ai feuilleté quelques pages de mon mémoire, comme ça, sans vraiment me reconnaître. C’était une autre moi. Pas tant à cause du sujet à des milliers de kilomètres de l’activité que je mène aujourd’hui, commerciale dans les cosmétiques, mais parce que, bon sang ! C’était bien écrit ! Je me suis impressionnée avec d’autant plus de modestie que je serais bien incapable aujourd’hui d’une telle prouesse. Qu’était devenu mon français ? 

Ça m’a un peu démoralisé, en fait. Comme lorsque vous confrontez vos rêves de jeunesse à votre vie d’aujourd’hui. Il n’en reste pas grand-chose et c’est triste. Je n’avais pas l’intention de devenir romancière. Mais j’aimais écrire. Et j’écrivais bien. C’est toujours à moi que l’on faisait appel pour les discours de mariage, les toasts, les remerciements. 

Mais après dix-sept ans aux États-Unis, mariée à un Américain, ma langue maternelle en a pris un sacré coup. Elle existe toujours. Je la pratique quotidiennement avec mes enfants et tous les étés avec mes parents. Mais qu’elle s’est appauvrie ! On dirait une vieille peau toute sèche qui aurait besoin d’être hydratée. Ce n’est pas le fait de chercher mes mots, de les remplacer par de l’anglais. Ça c’est normal. Le cerveau est ainsi fait. Cela relèverait plutôt de la grammaire. De son incomparable richesse. 

Alors, oui, l’anglais est plus efficace, direct, rapide. L’anglais a tellement d’avantages et je le maîtrise parfaitement, presque sans accent. Mais où est ma mangue maternelle, celle de Molière, de Proust et de Flaubert ? Est-ce que je l’ai perdue ? Et si oui, est-ce pour toujours ? » 

La réponse de French Morning

Merci, Emilie, pour votre témoignage. On tient à vous rassurer tout de suite : vous n’êtes pas la seule à avoir le sentiment de perdre votre langue maternelle. Selon le site de traduction MyBrian

« Lorsque l’on quitte son pays de naissance, l’utilisation de sa langue maternelle se fait plus rare. De ce fait, on peut en oublier des morceaux. On appelle cela “l’attrition de la langue”. L’oubli de sa langue maternelle est progressif, le locuteur aura plus de mal à former des phrases ou à mobiliser son vocabulaire à l’instant t. Le fait que le vocabulaire ne vienne pas spontanément, signifie une dégression de la pratique. L’éloignement géographique est l’une des principales causes de cette “dérive” »  

Mais peut-on littéralement « perdre sa langue ? » La réponse de BBC News, traduit par Courrier International est sans ambiguïté : 

« Pour les enfants de moins de 12 ans, la réponse est oui. À cet âge, le cerveau est “flexible et malléable”. Les connexions entre les neurones ne sont pas encore figées, ce qui permet d’apprendre, mais aussi de désapprendre, une langue rapidement. Des études ont ainsi montré que les enfants adoptés dans un pays tiers avant l’âge de 9 ans oublient souvent la langue qu’ils parlaient dans leur pays natal. Chez les adultes, perdre complètement la maîtrise de sa langue est beaucoup plus rare. »

Ouf ! Mais que se passe-t-il dans notre cerveau ? Selon l’article de Madeleine Schwartz pour le New York Times :

” Lorsque vous avez deux langues qui vivent dans votre cerveau, explique Monika S. Schmid, spécialiste de l’attrition linguistique à l’Université de York, chaque fois que vous dites quelque chose, chaque fois que vous prenez un mot, chaque fois que vous composez une phrase, vous devez faire un choix. Parfois, une langue l’emporte. Et parfois, c’est l’autre qui gagne. Les personnes bilingues, dit-elle, ont tendance à devenir très, très douées pour gérer ce genre de choses et utiliser la langue qu’elles veulent sans trop d’interférence entre les deux. Mais même ainsi, il y a souvent un prix à payer : l’accent, la grammaire ou un mot qui ne sonne pas tout à fait juste.”

Et qu’en disent les scientifiques ? Il y aurait plusieurs effets :

En premier lieu, on parle de « réorganisation neuronale » : le cerveau est très plastique, ce qui signifie qu’il peut se réorganiser en fonction des expériences et des besoins. Si une langue n’est pas utilisée régulièrement, les réseaux neuronaux qui la gèrent peuvent devenir moins efficaces.

Il existe ensuite une « compétition pour les ressources cognitives » : le cerveau a des ressources limitées en termes d’attention et de mémoire de travail. Si ces ressources sont majoritairement utilisées pour une nouvelle langue, cela peut diminuer la capacité à utiliser et à accéder efficacement à la langue maternelle.

Enfin, le cerveau est sujet à un « déclin de l’activation des aires linguistiques » : les études d’imagerie cérébrale montrent que les aires du cerveau associées à une langue spécifique peuvent être moins activées lorsque cette langue n’est pas pratiquée régulièrement. Cela reflète une diminution de la familiarité et de la facilité d’utilisation de la langue.

Notre conclusion : lisez French Morning tous les jours !

? Retrouvons-nous dans 15 jours.

✉️ En attendant, envoyez-nous vos histoires et vos questions à l’adresse : [email protected].

L’œuvre organique de Morgane Tschiember à la galerie Richard Taittinger

Morgane Tschiember est de retour à New York avec « I Poisoned Myself » à la galerie Richard Taittinger, au 154 Ludlow Street dans le Lower East Side. Une exposition solo mêlant la matière, la physique, la métaphysique et la philosophie. Au travers d’une dizaine d’œuvres, l’artiste bretonne a voulu réaliser ce qu’elle décrit comme « un espace de contact empreint d’une tension minimale romantique, qui serait celle du feu sur une peau qu’il brûle, sans pour autant la consumer ».

De l’eau et du miel

À son arrivée, le visiteur est accueilli par Each liquid leads to the circle, une expérience à la fois visuelle et olfactive, composée de chaînes en céramique. « La chaîne est un élément qui m’intéresse beaucoup, car elle contient tout le positif et le négatif de l’être. Je l’ai imbibée de fragrances terreuses et atmosphériques, ce qui crée une odeur qui évolue tout au long de la journée », détaille Morgane Tschiember. Des chaînes, l’eau parfumée s’écoule dans un bassin en contrebas, avant de s’évaporer et de s’écouler de nouveau, renvoyant à la thématique du cycle infini.

Sur un mur derrière, Honey drops surprend par son aspect à la fois dur et doux. Suspendue à un crochet de boucher, l’œuvre ressemble à un liquide qui se serait figé en mouvement. « Je l’ai composée de verre et de miel. Tous deux sont des liquides amorphes. J’ai voulu représenter le rapport de force entre ces deux matériaux, désormais figés », explique l’artiste.

Un polaroid et des poèmes

À côté, Le Polaroid attire l’œil grâce à sa taille (1,80 m de hauteur) et sa sobriété : sur un fond de noir, ce qui ressemble à un éclair traverse, à l’horizontale, le cadre. « J’ai récupéré un Polaroid dont l’image n’était pas apparue, sauf cette espèce de trait de lumière, raconte la plasticienne. Je l’ai reproduit en beaucoup plus grand. La ligne lumineuse représente l’énergie, qui arrive toujours à casser l’obscurité ».

Au fond de la galerie, la série Skin Poems, composée de sept pièces de deux mètres de long chacune, forme un poème. S’ils semblent être en marbre, les canevas sont constitués d’un mélange de mousses imbibées de cire et de paraffine. Morgane Tschiember s’est servie du poids de son corps pour marquer au fer rouge le texte sur chacun d’entre eux, créant, grâce à la pression, des marques ressemblant au tonnerre et aux fissures dans le sol. « Cela représente l’énergie qui cherche à sortir de la matière », indique-t-elle. 

Rendre sensuels des matériaux industriels

Avec cette exposition, l’idée est avant tout de « travailler des matériaux industriels et durs, comme le verre, le métal et les plastiques; de les pousser avec force pour essayer de leur conférer une certaine sensualité. Un état atteint juste avant la rupture du matériau », estime Grégory Lang, commissaire de l’exposition. 

Originaire de Brest, Morgane Tschiember est diplômée des Beaux-arts de Paris et de l’École des hautes études en science sociale (EHESS), une double casquette qui explique l’aspect philosophique de ses compositions. Elle est également à l’origine d’une œuvre prochainement exposée au village des athlètes des JO de Paris 2024, représentant une partition de musique. Elle travaille aussi sur la mise en scène des deux prochains spectacles du chorégraphe français Olivier Dubois. 

Germinators : Quelle startup remportera le concours de l’innovation le 24 juin à NY ?

Les dossiers ont été tous examinés, les entrepreneurs sélectionnés s’entraînent désormais à pitcher devant une large audience pour la finale des Germinators, le concours de l’innovation dans le domaine de l’alimentation, des boissons et de l’hôtellerie organisé par la Chambre de commerce franco-américaine de New York (FACC-NY). La soirée se déroulera le lundi 24 juin de 7pm à 9:30pm, à l’Idéal Glass Studios dans West Village.

Les startups finalistes présenteront donc en direct, en anglais, leur produit et leur projet de développement aux États-Unis. À l’issue de chaque Pitch, un jury d’experts posera des questions puis délibèrera pour remettre au gagnant un prix comprenant un chèque de 10.000 dollars, des sessions de coaching et un abonnement annuel à la FACC-NY.

Édition 2023 des Germinators. © FACC-NY

Comme lors des éditions précédentes, les startups candidates auront chacune un stand pour se présenter au public qui votera pour son entreprise préférée (quelque 200 personnes attendues, notamment des professionnels du secteur -importateurs, distributeurs et acheteurs ainsi que des investisseurs). La startup ayant obtenu le plus de votes remportera deux billets d’avion JetBlue, partenaire de la soirée. L’an dernier, les pailles éco-responsables en canne à sucre de la start-up parisienne Les Nouvelles Pailles avaient séduit jury et public, à l’unanimité.

La finale des Germinators offre toujours l’occasion de se régaler. On pourra ainsi déguster la cuisine de trois chefs renommés : les Maîtres Cuisiniers de France Claude Godard et Pascal Petiteau, ainsi que Jean-Jacques Bernat de l’Academie Culinaire de France. Des buffets présenteront également les produits des entreprises partenaires de la soirée, dont D’Artagnan, fondée par Ariane Daguin, la présidente du comité Food, Beverage & Hospitality de la FACC-NY, et Savencia (fromage), ou encore des maisons de champagne, vin et cidre, ainsi que The Gardener, la marque de gin fondée par la famille Perrin en collaboration avec l’acteur Brad Pitt (notre article).

Pour s’inscrire, c’est ici. Rendez-vous le lundi 24 juin, French Morning y sera !

Européennes 2024 : Journée spéciale procurations au Consulat de NY

Besoin d’une procuration pour le scrutin européen, le samedi 8 juin prochain (date des élections en Amérique du Nord) ? Rendez-vous le mercredi 29 mai pour une journée « Portes ouvertes » au Consulat à New York. Entre 8am et 9pm, il sera possible de venir faire une procuration sans prendre rendez-vous à l’avance. Un rappel : la personne que vous allez désigner pour voter à votre place n’a plus besoin d’être inscrite sur la même liste électorale que vous (elle peut donc voter dans un autre bureau de vote que vous). Seule contrainte : cette personne désignée doit voter pour vous dans votre bureau de vote.

Quels documents apporter ?

Lors de cette journée du 29 mai, il suffira de vous présenter à l’accueil du Consulat (934 Fifth Ave., entre les 74e et 75e rues) muni d’une pièce d’identité française (attention, pas le permis de conduire américain !) qui peut être :

  • votre carte nationale d’identité française (en cours de validité ou périmée)
  • votre passeport français (en cours de validité ou périmé)
  • un document officiel (en cours de validité) délivré par une administration publique française. Il doit comporter vos nom, prénom, date et lieu de naissance, ainsi qu’une photo. Il doit également permettre d’identifier l’autorité administrative qui vous l’a délivré, la date et le lieu de délivrance
  • une carte délivrée lors de votre inscription au registre des Français de l’étranger et la carte d’immatriculation consulaire. Toutes les deux doivent être en cours de validité.

Et les informations suivantes :

• soit la référence obtenue après saisie de la procuration sur le portail maprocuration.gouv.fr (fortement conseillé par la chancellerie du consulat)
• soit les 2 feuilles du formulaire Cerfa que vous aurez préalablement remplies, en indiquant notamment votre numéro d’électeur (NNE) et celui de l’électrice ou de électeur qui votera à votre place

Comment retrouver votre numéro d’électeur (NNE) ?

Si vous avez oublié votre NNE, il se retrouve sur le site service-public ici. Nous l’avons testé à French Morning et avons obtenu facilement ce numéro mais attention, il faut :

  • bien cocher la case « Je vote à l’étranger »
  • dans le champ « Votre liste électorale consulaire », commencer à écrire « New » pour New York et il vous sera proposé « New Delhi » et « New York » – vous pourrez ainsi choisir New York
  • bien indiquer votre nom de naissance (pas d’épouse) ainsi que tous les prénoms qui figurent sur vos documents officiels (un, deux, trois prénoms ou plus, dans l’ordre de l’état civil).

À savoir

À l’entrée du Consulat, il suffit d’indiquer à l’agent de sécurité l’objet de votre démarche (« procuration de vote »). Les autres services consulaires habituels resteront ouverts durant cette journée « Portes ouvertes ».

La chancellerie rappelle que pour toute information, vous pouvez envoyer un email à [email protected] ou téléphoner au (212) 606-3600, du lundi au vendredi, de 9am à 1pm.

Clarisse Crémer, Transat CIC : « C’était laborieux mais j’y suis arrivée ! »

« C’est avant tout un grand soulagement d’avoir terminé, je ne cherchais pas une performance ». Dimanche matin, le 19 mai, un peu après minuit, Clarisse Crémer a franchi la ligne d’arrivée de la Transat CIC, en dernière position du classement à cause d’une avarie technique qui a obligé la navigatrice à passer cinq jours aux Açores. Après Thimoté Polet qui s’est blessé à la main, Clarisse Crémer a bouclé sa course et se rapproche ainsi un peu plus d’une qualification pour le Vendée Globe 2024, la grande course autour du monde en solitaire qui partira des Sables d’Olonne en novembre prochain.

Bateau l’Occitane en Provence de Clarisse Crémer. © Karen Rigden Murphy

Une cloison coupée en deux

La Transat CIC, qui est partie du Havre le 28 avril dernier, n’a pas été de tout repos pour Clarisse Crémer. Elle a connu un gros problème technique dès le quatrième jour de course. « En faisant le check de mon bateau, je me suis rendue compte que la cloison était coupée en deux à l’avant. Je me suis tout de suite demandée où je m’arrêtais pour réparer, je ne me suis pas laissée l’opportunité de baisser les bras ». Elle décide de ralentir pour ne pas risquer d’endommager la coque et arrive aux Açores quatre jours plus tard. Son équipe technique travaille jour et nuit pour remettre le bateau en état, et elle repart avec beaucoup de retard. Elle redouble d’effort pour arriver un peu moins d’un jour avant la fermeture de la course. « C’était laborieux mais j’y suis arrivée ! », s’exclame-t-elle.

Dernière course en vue pour se qualifier pour le Vendée Globe

Elle ne va passer que quelques jours sur la côte Est, avant de repartir en mer. Car dès mercredi prochain (le 29 mai), c’est le départ de la course New York-Vendée, qui va permettre aux marins de traverser l’Atlantique dans l’autre sens, pour rejoindre les Sables d’Olonne. « C’est important pour moi. Si je la finis, je serai automatiquement qualifiée pour le Vendée Globe », explique-t-elle. La fin d’un long parcours du combattant pour la skipper de 34 ans, qui a perdu son contrat de sponsoring avec Banque Populaire début 2023, trois mois après avoir accouché de son premier enfant. À l’époque, la banque avait estimé que la navigatrice était « dans une situation qui ne lui permet pas d’espérer obtenir le nombre de points nécessaires pour se qualifier pour le Vendée Globe 2024 ».

Race for Equity

Un choc pour la navigatrice, mais ce n’était pas suffisant pour la décourager. Deux mois plus tard, elle signe un nouveau contrat avec L’Occitane en Provence comme sponsor : « Nous sommes allés droit au but, nous avons eu une conversation transparente sur nos valeurs communes », raconte-t-elle. Elle reprend alors les courses pour se qualifier pour l’ « Everest des mers » avec un slogan : Race for Equity. « Je n’ai jamais demandé à être un role model, j’ai juste voulu fonder une famille et continuer ma carrière. Aujourd’hui, je saisis cette opportunité pour sensibiliser sur l’égalité hommes-femmes dans le sport  ».

Clarisse Crémer avait déjà concouru au Vendée Globe 2020, où elle avait terminé à la 12e place et première femme de la course. Début 2024, elle avait été accusée d’avoir bénéficié d’une assistance météo par son mari Tanguy Le Turquais. Elle a été totalement innocentée en mars par un panel d’arbitres internationaux.

Audrey Fattouche (Londres) : Il n’y a pas qu’une vie dans la vie !

Audrey Fattouche est une Française établie à Londres depuis 15 ans. Après une longue carrière dans le luxe en Angleterre, c’est à l’aube de 2020, alors mère de deux enfants, qu’elle se retrouve en quête de sens. Travailler oui, mais en retrouvant sa passion de jeune adulte. Elle fait alors le pari audacieux de poursuivre ses premières amours : l’art. Dans cette quête passionnée, la Bretonne découvre un nouvel élan de vie, explorant les ruelles créatives de la capitale britannique, où chaque tableau, sculpture ou installation évoque une histoire unique. Pour Audrey, cette aventure audacieuse représente bien plus qu’un simple changement de décor, c’est une renaissance artistique qui réaffirme avec éclat qu’une seule vie ne peut contenir toutes les possibilités de l’existence.

Cette histoire qui débute dans les dortoirs corporate d’une entreprise japonaise à Tokyo est une véritable invitation à se repenser avec beaucoup d’humilité. Aujourd’hui Audrey enseigne l’art dans une des écoles les plus prestigieuses de la capitale britannique et son travail a même été repéré par une sellerie française qui met en avant son œuvre auprès de ses clients à l’occasion des JO de Paris 2024.

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

Thierry Lemaire, designer du bureau de Macron, exposé à The Invisible Collection

Il est un architecte et designer reconnu dans le monde entier, et il vient d’inaugurer sa première exposition solo à New York, avec The Invisible Collection. Arrivé pour la foire TEFAF (The European Fine Art Foundation) de New York quelques jours avant son ouverture, Thierry Lemaire nous a présenté avec enthousiasme sa collaboration avec The Invisible Collection, la plateforme de design haut de gamme qui a ouvert un superbe showroom dans un hôtel particulier de la 64e Rue. « Thierry et moi nous connaissons depuis longtemps, nous avons tous les deux une passion pour les arts décoratifs et il a toujours compris notre vision : offrir une curation des meilleurs décorateurs du monde, soutenus par le talent d’artisans exceptionnels », se réjouit Isabelle Dubern-Mallevays, cofondatrice de The Invisible Collection, qui partage sa vie entre Londres et New York.

Des chalets de Gstaad au bureau de l’Elysée

Dès l’entrée, les couleurs beige, poudrée et dorée du mobilier et des œuvres, et un effluve apaisant donnent un ton harmonieux et accueillant aux lieux. Parmi la collection de Thierry Lemaire pour The Invisible Collection, on trouve des pièces réputées du designer comme le canapé Niko beige aux formes arrondies, le guéridon Hellmet en travertin, ou encore la table basse Yaba en bronze, venue du Burkina Faso. « Je laisse de la liberté aux artisans locaux pour travailler la matière et réaliser l’œuvre finale, chaque pièce est unique », explique le designer français.

Collection Thierry Lemaire pour The Invisible Collection. © Rodrigo Rize

Thierry Lemaire a travaillé sur les projets privés les plus prestigieux au monde, de la construction des murs à l’aménagement intérieur avec sa collection maison et des objets chinés aux quatre coins du globe. Ses chantiers sont des chalets d’exception à Gstaad, des propriétés à Saint-Tropez, Paris ou Genève, l’Automobile Club de France place de la Concorde ou encore le bureau d’Emmanuel Macron à l’Élysée, réalisé juste avant la pandémie. Dans le showroom d’Invisible Collection sur deux étages, il a sélectionné 17 pièces qui incarnent le savoir-faire français, à travers l’utilisation de matériaux nobles comme le chêne, le marbre et le bronze.

Un partenariat avec Docent pour les œuvres d’art

Pour assortir les œuvres d’art les plus adaptées à cette collaboration, The Invisible Collection a également fait appel à Docent, une plateforme française à la pointe de l’intelligence artificielle qui utilise des algorithmes pour recommander des pièces et permettre aux particuliers comme aux marques d’accéder et de collectionner de l’art. Elle a sélectionné le travail de trois artistes femmes internationales.

En Floride, le duo franco-britannique Lung se mobilise pour les enfants défavorisés

Elle est française, chanteuse et guitariste, lui est anglais, batteur et percussionniste. Ensemble, Chris Chandler et son mari Ric forment le duo pop rock alternatif Lung. Installé depuis près d’une décennie à Tavernier dans l’archipel des Keys, ce couple franco-britannique vient de fonder l’association caritative Little Angels dans le but de venir en aide aux orphelins et aux enfants de Floride les plus démunis.

« C’est une décision intime et personnelle, souligne Chris Chandler. Avec Ric, lorsque l’on s’est rencontrés, on a fait le choix de ne pas avoir d’enfant pour mettre toute notre énergie dans notre carrière. Mais il nous tenait à cœur de mener un projet autour des jeunes, plus particulièrement les plus défavorisés, précise la quinqua originaire de Bondy, en région parisienne. On est issus d’un milieu modeste et on a eu la chance d’avoir sur notre parcours des gens qui nous ont aidés. Sans eux, on en serait peut-être pas là. C’est aujourd’hui à notre tour de tendre la main. »

Des cours de guitare aux petits démunis

Afin de donner le tempo de cette initiative, les deux musiciens passionnés viennent de sortir un EP de trois titres, intitulé « In the Key of West », dont la moitié des revenus sera reversée à l’association caritative Little Angels. « Cela nous permettra dans un premier temps de financer les cours de guitare que nous dispensons au sein de l’organisme Florida Keys Children’s Shelter, avec qui nous venons de nouer un partenariat », explique la vocaliste française.

Leur démarche philanthropique a notamment séduit Chris Lord-Alge, un ingénieur du son américain, ayant travaillé avec des pointures comme Bruce Springsteen, Madonna, James Brown ou encore la reine de la country Dolly Parton, et qui a accepté avec plaisir de mixer cet EP. « On a frappé à sa porte sans le connaître personnellement, confie Chris Chandler. Il a apprécié notre projet et a souhaité nous soutenir, ce qui était quasiment inespéré. »

Niveau collaboration de haut vol, Chris et Ric Chandler n’en sont pas à leur coup d’essai, s’étant entourés par le passé de personnalités de renom de l’industrie musicale, à l’instar du DJ et producteur de musique électronique Calvin Harris, du violoniste Nigel Kennedy ou encore des Québecois Lewis Furey et Carole Laure. Les textes de leur premier album ont par ailleurs été écrits par Boris Bergman, auteur entre autres pour Alain Bashung, Thiéfaine et Axel Bauer.

Duo d’artistes multi-casquettes

Lung s’attèle désormais à la réalisation de son second album. Un opus beaucoup plus autobiographique, qui traite également de thèmes concernant tout un chacun. « On a le titre “One Minute” qui invite à décrocher des nouvelles technologies et apprécier le monde qui nous entoure pendant une minute, mais aussi “Waiting for you”, pour lequel Ric et moi chantons les mêmes paroles et en même temps, pour montrer qu’on se parle mais qu’on ne s’écoute pas, ce qui est le cas de beaucoup de personnes malheureusement. »

© Olivier Fevin / Chris et Ric Chandler

Fourmillant d’idées, Chris Chandler compte prochainement publier un roman mettant en exergue les hauts et les bas de leur propre chemin personnel, le tout avec une pointe de dérision. Rien de bien surprenant pour cette artiste multi-casquettes qui, dans une autre vie, travaillait comme productrice exécutive et directrice artistique pour la société de production de spectacles créée par Philippe Vaillant, l’ex-mari d’Anne Roumanoff. « J’ai contribué à la création de programmes courts d’humour et je me suis bien marrée à écrire des sketchs. Je connaissais vraiment beaucoup de monde dans le milieu de l’humour », se rappelle la musicienne, qui peut se targuer d’avoir repéré une certaine Florence Foresti.

Hors scène, le couple poursuit son initiative auprès des petits les plus démunis. « Notre action est vouée à grandir, précise Chris Chandler. On espère entre autres mettre en place des échanges entre les enfants des orphelinats en France, en Angleterre et aux États-Unis, afin que ces jeunes puissent voyager et découvrir d’autres cultures. »

Francis Cabrel attendu aux États-Unis : « Les Eagles, les Beach Boys, les Byrds ont inspiré ma musique »

Du mardi 4 au dimanche 16 juin, le chanteur aux 25 millions d’albums vendus revient aux États-Unis après 10 ans d’absence et une tournée nord-américaine initialement prévue en 2020, repoussée en raison du Covid. Sept dates au programme -dont trois au Canada- et un retour attendu par toute la communauté française expatriée.

« La dernière fois que je suis venu aux États-Unis, c’était au Lycée Français de Los Angeles et de New York, raconte Francis Cabrel. J’étais venu tout seul avec ma guitare, j’avais adoré. Mais cette fois-ci, l’expérience sera différente. Je serai sur scène avec quatre musiciens, dont de nombreux grands fans d’Amérique qui m’ont convaincu de faire cette tournée. »

Un voyage particulier pour l’artiste originaire d’Astaffort, ravi de traverser l’Atlantique, de redécouvrir New-York, Miami, la Californie et de mettre pour la première fois les pieds à San Francisco. « Toute la musique que j’écoutais adolescent et qui m’a fait aimer la chanson vient de Californie. David Crosby, les Eagles, les Beach Boys, les Byrds, mais aussi John Philips du groupe The Mama’s and The Papa’s qui était un compositeur hors-pair. Tous ces gens-là et toute cette période-là m’ont donné envie d’écrire des mélodies. C’est ce style de musique qui a dicté la ligne musicale que je devais suivre. »

Un « conte de fées » depuis 45 ans

Avec son Trobador Tour, Cabrel proposera un spectacle rétrospectif sur toute sa carrière. Entouré de ses musiciens et choristes, il interprètera ses grands tubes, de « Petite Marie », écrit en 1974, à « Sarbacane » ou « Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai », et trois morceaux issus de son dernier album « À l’aube revenant » sorti en 2020. « Des titres qui ont jalonné toute ma carrière, choisis par le public, toujours attendus, qui ont résisté au temps, parfois réarrangés en concert, et dont je ne me lasse pas de partager. Une sorte de rendez-vous bilan sur toutes ces années et sur ce conte de fées fabuleux que je vis depuis 45 ans. »

Francis Cabrel lance sa tournée nord-américaine. © Claude Gassian

Parti pour plus de deux semaines, Cabrel devrait prendre le temps de visiter chacune des villes dans lesquelles il s’invitera. « Je ne voyage pas pour voyager, ça ne m’intéresse pas. Mais l’idée de voyager avec une guitare, et quelques musiciens autour, donne tout son sens au voyage. J’en profiterai pour faire un peu de tourisme musical, avec notamment un arrêt à Laurel Canyon à Los Angeles, le quartier phare des artistes dans les années 60. Le documentaire de Jakob Dylan, “Le fils de Bob”, retrace toute cette histoire passionnante avec des témoignages extraordinaires. »

Le refuge d’Astaffort

Après Québec le 16 juin, Francis Cabrel prolongera encore de quelques dates françaises sa tournée débutée en 2020, avant un retour dans son cher Lot-et-Garonne. « Le Lot-et-Garonne et Astaffort sont mon refuge. Mes grands-parents étaient déjà installés là. Un cocon familial qui me rassure, me réconforte face à un monde souvent plongé dans la tourmente. C’est là, où dans le grand silence, les paysages et l’isolement total, que j’essaie de composer de jolies phrases, qui aident à s’envoler de tout ce présent et ce climat obsédant. Je ne souhaite pas écrire des chansons relatives à l’actualité ni m’inspirer des modes qui passent. Juste imaginer des chansons dans leur plus simple appareil, quasi rustiques. »

Engagé dans la défense de la langue occitane dans son dernier album, Francis Cabrel travaille en parallèle de sa tournée à l’écriture d’une chanson chantée en plusieurs langues, et autour de différents interprètes, et qui devrait faire l’objet d’un documentaire. « Les langues régionales m’intéressent beaucoup, c’est une réponse à cette mondialisation et cette standardisation effrénée à laquelle je souhaite répondre par un regain d’intérêt sur les spécificités régionales. L’hégémonie du français a effacé ces cultures, mais des gens se battent pour les faire résister. J’ai envie d’être associé à ça. »