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Le Centre Getty offre une rare occasion de découvrir l’art de Camille Claudel en dehors de la France

[Article sponsorisé] L’histoire de Camille Claudel est aussi unique et inoubliable que son art. Sculptrice pionnière de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, à une époque où très peu de femmes pouvaient se faire un nom dans le monde de l’art, Camille Claudel créa des sculptures d’une grande force d’expression, explorant des thèmes très variés comme l’enfance, l’abandon, la vieillesse et l’amour. Sa carrière a souvent été interprétée par le biais de sa vie personnelle tragique, marquée par une relation sentimentale compliquée avec son maître, Auguste Rodin, et par un internement de trente ans en institution psychiatrique en raison de sa santé mentale défaillante. Le Centre Getty, situé à Los Angeles, vous propose une exposition unique de ses œuvres.

Camille Claudel, hors de France

Alors que les collectionneurs et critiques d’art français avaient immédiatement reconnu le talent de Claudel, son art est toutefois resté très peu connu hors de France, jusqu’à maintenant.

Du 2 avril au 21 juillet 2024, le J. Paul Getty Museum présente Camille Claudel, une exposition regroupant près de soixante sculptures créées par l’une des artistes les plus visionnaires et audacieuses de la fin du XIXe siècle. Cette exposition, qui vise à réévaluer l’œuvre de Claudel et à confirmer son influence, est la première qui lui est uniquement consacrée en Amérique du Nord depuis plus de trente ans.

Organisé chronologiquement et thématiquement, le parcours invite les visiteurs à explorer un riche ensemble de sculptures, y compris un grand nombre de chefs-d’œuvre qui ont rendu Claudel célèbre.

Camille Claudel impressionna les critiques avec des compositions qui repoussaient les limites, telles que La Valse, une scène très dynamique de deux amoureux enlacés qui s’abandonnent à une danse. La première version que Claudel élabora pour ce groupe, un grand bronze en fonte unique avec un jeu complexe de « voiles » qui tourbillonnent derrière les silhouettes, fait partie des œuvres exposées. En réponse à la demande des collectionneurs, Claudel produisit plusieurs versions du couple à plus petite échelle, dont des bronzes avec des jeux de surfaces variés : des exemplaires avec des patines brunes, vertes et dorées seront mis en juxtaposition.

La Valse, vers 1900, Camille Claudel. Bronze, 18 3/8 × 10 1/16 × 6 5/8 in. (46,7 x 25,5 x 16,8 cm)
Collection privée. Photo : Musée Yves Braye
La Valse, vers 1900, Camille Claudel. Bronze, 18 3/8 × 10 1/16 × 6 5/8 in. (46,7 x 25,5 x 16,8 cm) Collection privée. Photo : Musée Yves Braye

L’Âge mûr, prêté par le Musée d’Orsay, est un des chefs-d’œuvre exposés. Une de ses sculptures les plus ambitieuses, ce groupe de trois figures représente le parcours tragique de la vie, avec la Vieillesse entraînant la Maturité vers l’avant, hors de portée de la Jeunesse implorante, à genoux, abandonnée. Lorsque cette œuvre fut présentée publiquement, un critique déclara : « Nous ne pouvons plus dire que Mademoiselle Claudel est une étudiante de Rodin, c’est une rivale. »

Faire découvrir un art méconnu

L’artiste est devenue plus tard le sujet de nombreux livres, films et expositions. Pourtant, moins de dix sculptures de Camille Claudel se trouvent dans des musées américains. Le Torse de femme accroupie, acquis en 2018 par Getty et inclus dans l’exposition, a été réalisé pendant les années au cours desquelles Claudel travailla dans l’atelier de Rodin et eut un rôle important en tant que collaboratrice et muse de l’artiste. Jeune Romain, acquis plus récemment par l’Art Institute of Chicago, fait également partie de l’exposition ; c’est un exemple magnifique de l’art du portrait, un genre dans lequel Claudel excella dès son plus jeune âge.

Torse de femme accroupie, modèle aux environs de 1884-1885 ; plâtre créé vers 1913, Camille Claudel.
Bronze, 13 3/4 × 10 5/8 × 10 1/4 in. (35 x 27 x 26 cm) Getty Museum
Torse de femme accroupie, modèle aux environs de 1884-1885 ; plâtre créé vers 1913, Camille Claudel. Bronze, 13 3/4 × 10 5/8 × 10 1/4 in. (35 x 27 x 26 cm) Getty Museum

L’exposition offrira aussi une expérience tactile avec des reproductions de l’un des pieds du Torse de femme accroupie dans des matériaux divers que Claudel utilisa dans le cadre de son travail. La scénographie proposera sur certains murs de larges reproductions de photographies historiques montrant Claudel avec ses œuvres et, en fin de parcours, une vidéo sur le Musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine.

Pour planifier votre visite, effectuer des réservations gratuites, et en savoir plus sur l’exposition Camille Claudel, suivez le lien getty.edu 

Note : les “articles partenaires” ne sont pas des articles de la rédaction de French Morning. Ils sont fournis par ou écrits sur commande d’un annonceur qui en détermine le contenu.

À Harlem, le frigo communautaire d’une Française pour lutter contre la précarité alimentaire

« Mettez-vous bien contre le mur et on ne double personne ! » hurle Juanita du haut de ses 71 ans et de son mètre 55 ! Il est 11am, une longue file de cabas s’est formée devant un appentis coloré sur lequel est peint : « Harlem will never starve ». Cette cabane, c’est The 155 Street Fridge, le projet ambitieux d’une Française qui a décidé de venir en aide aux populations de ce quartier défavorisé en leur offrant un accès à des produits frais. « L’idée, c’était de récupérer les invendus des supermarchés et commerces alentours et de les mettre à disposition des habitants du coin. J’avais vu une dame près de chez moi qui faisait ça, je trouvais ça incroyable », explique Stéphanie Tonnoir, la trentenaire à l’origine du projet. 

La distribution du samedi matin devant le frigo de Stéphanie Tonnoir. © Géraldine Bordère

Un approvisionnement vital pendant le Covid

Août 2019, grâce à ses contacts dans la restauration, Stéphanie Tonnoir met vite la main sur un gros réfrigérateur inutilisé et demande à la maison des jeunes du coin si elle peut l’y brancher. Personne ne se doute que le monde est à la veille d’une crise sanitaire terrible. « Le frigo a pris une toute autre dimension pendant le Covid. Il est devenu vital. Grâce aux nombreux programmes de la ville, on a pu le remplir sans difficulté et aider des centaines de famille ». 

À l’origine soutenue par deux amies, Stéphanie Tonnoir se retrouve vite à gérer seule cette grosse machine. La construction d’une structure en dur pour le frigo, son nettoyage, les réceptions de marchandises, leur stockage, les distributions… « Ça demandait énormément d’investissement personnel… Moi j’ai trouvé ma voie. Aider les autres, être ici avec eux, apprendre à les connaître, c’est ça qui me nourrit », raconte la jeune femme qui travaille par ailleurs dans l’importation de vin. 

Juanita, 71 ans, donne un coup de main tous les samedis depuis quatre ans. © Shana Jade Trajanoska

Le frigo, un lieu d’échange 

Depuis quatre ans, tous les samedis et dimanches, la fondatrice de The 155 Street Fridge organise une grande distribution de produits frais et de plats préparés. Ce matin de mars, plus de 80 personnes font la queue dans le froid pour récupérer gratuitement laitues, tomates, pastèques, pommes… Des fruits et légumes de saison qu’elle fait venir grâce à différents réseaux et associations comme evlovesnyc ou Gotham food pantry. Le reste du temps, hors week-end, le frigo fonctionne comme un self-service où chacun peut y déposer ou y prendre des denrées à sa guise.

Mais plus qu’un simple lieu de ravitaillement, le frigo est devenu un point de rencontre et d’échange entre les habitants du quartier. « Personne ne se parlait avant. Ils vivaient à côté sans se connaître. Maintenant il y a une vraie énergie d’entraide », s’enorgueillit celle qui a fédéré tout un quartier autour de son initiative. 

Aiden, 13 ans, le protégé de Stéphanie Tonnoir vient aider chaque semaine. © Géraldine Bordère

Pourtant, tout n’a pas toujours été aussi rose que les murs de la petite cabane. Stéphanie Tonnoir se souvient qu’il a fallu lutter contre certains clichés. « Je suis blanche, je suis étrangère… Ça n’a pas été facile de se faire accepter même si c’était pour une bonne cause. En m’installant sur ce trottoir, j’empiétais sur le terrain des dealeurs, des prostituées. J’ai même reçu des menaces de mort ».

Les sandwiches de la cheffe Alexia Duchêne

Elle peut aujourd’hui compter sur sa team. Des gens du quartier qui, petit à petit, se sont greffés au projet et ont participé au succès de son frigo communautaire. Il y a Juanita, 71 ans, en charge de l’organisation de la queue; Sam, le grand gaillard de 18 ans qui aide Stéphanie à décharger les marchandises et la remplace quand elle s’absente pour son travail; Henri le vétéran qui garde un œil sur le bon déroulement de la distribution; et Aiden, 13 ans, le petit protégé de la Française. « J’adore venir aider Stéphanie, c’est plus qu’une amie. Grâce à elle, je me sens utile », confie-t-il, timide, entre deux allées et venues en vélo. 

De temps en temps, elle peut aussi compter sur le soutien d’une autre Française, la cheffe Alexia Duchêne. « Ce qu’elle fait, c’est extraordinaire, dit-elle de Stéphanie Tonnoir. En janvier, j’ai participé à une de ces distributions en préparant une centaine de sandwiches. J’ai prévu de le refaire. C’est important qu’elle se sente soutenue. Et pour moi, ce n’est pas que donner de la nourriture, c’est partager un moment avec ces gens. »

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Au-delà de la bonne action, The 155StreetFridge, c’est surtout une initiative dont l’impact se mesure à l’échelle d’un quartier. Un projet social que Stéphanie Tonnoir aimerait voir grandir. La jeune femme est toujours à la recherche de nouveaux sponsors, partenaires et accepte aussi les dons nécessaires au fonctionnement de son frigo. Vous pouvez la joindre via son Instagram, @the155streetfridge

4 expos à voir en ce moment dans des galeries new-yorkaises

Christopher Wool: See Stop Run

On connaissait Christopher Wool pour ses peintures de grandes lettres noires au pochoir sur des toiles blanches. Dix ans après sa rétrospective en 2014 au musée Guggenheim, l’artiste Américain a choisi le 19e étage d’un immeuble de bureaux dans le quartier du Financial district pour nous dévoiler ses nouvelles œuvres, réalisées avec tout un ensemble de techniques comme la peinture à la main, au pistolet, la sérigraphie, le dessin, la photo, et plus récemment la sculpture. Un espace brut, immense, baigné de lumière avec des perspectives et des vues incroyables, tout en béton avec des fils apparents et des mosaïques d’origine. On adore l’écho entre ses œuvres abstraites et l’espace si atypique, comme une peinture peinte à la bombe en face d’une colonne peinte elle aussi à la bombe, ou encore des sculptures roses assorties aux mosaïques du sol de la même couleur. On aime aussi beaucoup l’encadrement soigné de chacune de ses créations qu’on rêve d’emporter avec nous. Jusqu’au 31 juillet, 101 Greenwich St, 19e étage.

Christopher Wool ©Olivia Garcin
Christopher Wool. © Olivia Garcin

Delcy Morelos: El abrazo

Dans le quartier de Chelsea, un stop à la Dia s’impose pour observer 2 œuvres monumentales à base de terre qui envahissent la galerie, c’est assez impressionnant. Les deux installations immersives et multisensorielles de l’artiste colombienne Delcy Morelos, qui travaille la terre comme matériau principal depuis plus de dix ans, font converger espace et volume, et on est invité à caresser doucement les surfaces d’El abrazo, et de noter que « toucher la terre, c’est être touché par elle ». On apprécie également l’arôme parfumé émanant de la terre, que l’artiste a enrichi de cannelle et de clou de girofle. Jusqu’au 20 juillet, Dia Chelsea, 537 West 22nd Street.

Cielo terrenal (Earthly Heaven, 2023) ©Olivia Garcin
Cielo terrenal (Earthly Heaven, 2023). © Olivia Garcin

Olivier Beer: Résonance Paintings-Cat Orchestra

Actuellement en résidence à la Villa Albertine, l’artiste anglais pluridisciplinaire connu pour ses performances acoustiques à base de résonances, expose en ce moment à la galerie Almine Rech à Tribeca. À travers ses œuvres, Olivier Beer révèle les propriétés cachées et la musicalité des objets, des corps et des sites architecturaux. Dans son installation Cat Orchestra, il a organisé un chœur de vases en forme de chat, allant du classique au kitsch, connecté à des microphones en direct qui alimentent un clavier et un synthétiseur sur mesure. On a eu la chance d’assister à sa performance en live mais on vous encourage à aller voir par vous-même, et d’essayer vous-même de jouer un morceau. Quant à ses toiles, très poétiques, elles ont, elles aussi, été réalisées à partir de sons émis par les chats. Jusqu’au 27 avril, Almine Rech, 361 Broadway.

Cat Orchestra Oliver Beer ©Olivia Garcin
Cat Orchestra Oliver Beer. © Olivia Garcin

Erica Baum: Off The Cuff

Erica Baum est connue pour son approche visuelle fraîche et stimulante de la photographie, capturant du texte et des images dans des documents imprimés, des livres, des magazines… Poésie et photographie fonctionnent simultanément dans les œuvres de l’artiste new-yorkaise. On aime l’esthétisme, la texture de ses fabrications photographiques, le gris et la couleur très graphiquement organisés. Jusqu’au 16 Avril, Bureau, 112 Duane St

Bureau Gallery, Erica Baum ©Olivia Garcin
Bureau Gallery, Erica Baum. © Olivia Garcin

En sortant, partez à la découverte des galeries d’art qui se multiplient sur les rues White, Walker, Lispenard, Franklin et Léonard, entre Church St et Broadway, le quartier de Tribeca rivalisant de plus en plus avec Chelsea. Vous ne serez pas déçu.

Publié le 21 mars 2024. Mis à jour le 29 mars 2024.

100 ans après sa naissance, pourquoi Aznavour est-il autant samplé par les rappeurs ?

Vous n’avez pas pu passer à côté. Cet hiver, et sans doute encore tout le printemps jusqu’à cet été, ces violons qui montent très haut dans les aigus et cette voix nasillarde ont dû vous paraitre familiers à vos oreilles françaises. Le single Monaco de Bad Bunny, avec Al Pacino en guest star d’un clip tourné en partie à Carbone, a samplé non seulement la mélodie d’intro mais aussi la voix de Charles Aznavour dans son morceau « Hier Encore » (1964).

« Monaco » a tourné en boucle sur les ondes, et sur les plateformes de streaming, où le rappeur portoricain a trusté les écoutes en 2023. Son album « Un verano sin ti » a été le plus joué de l’année sur Spotify : 4,5 milliards d’écoutes…

Mais qu’ont-ils tous avec Charles Aznavour, né il y a tout juste 100 ans (le 22 mai 1924, mort en 2018) ? Le rap et le hip-hop, notamment américains, ont largement puisé dans le répertoire du chanteur franco-arménien. Son titre « Parce que tu crois », écrit et composé par lui-même en 1966, est certainement davantage connu sous ses versions réarrangées par Dr Dre / Eminem (What’s the difference, 1999) et Sean Paul (Breathe, 2003). Le rappeur américain Nas, avec son groupe The Firm, a quant à lui repris la chanson « À ma fille » dans un titre de 1997 (« Firm Fiasco »). Masta Ace a adapté « Tu étais trop jolie » (1964) pour son morceau « Travelocity » (2004).

Même LeBron James est fan

La liste est longue et n’inclut même pas les samples des artistes français (Passy, Sniper, Kery James, etc.). « Hier Encore » a aussi été incluse dans la scène finale de « Lupin 3 » avec Omar Sy. Même LeBron James, la star du basketball, s’est un jour filmé chez lui en train d’écouter Charles Aznavour, un verre de vin à la main. « Je regardais un film, dans un avion, où une chanson de lui a été diffusée, a expliqué le basketteur des Lakers lors de l’émission Clique. Elle était en fond de ce film et c’était magnifique. J’ai shazamé, et j’ai téléchargé toute sa musique et je n’ai pas arrêté de l’écouter. »

Le plus étonnant, c’est que LeBron James a surtout été séduit par la musique et l’atmosphère des morceaux de l’auteur-compositeur-interprète. « Je ne comprenais pas la langue, mais j’ai saisi le ton et la magnitude qu’il a donnée à sa musique, et c’était captivant, a-t-il expliqué. La musique elle-même avait un sens ». C’est sans doute là tout le secret de l’œuvre de Charles Aznavour, qui explique pourquoi, même un demi-siècle plus tard, à l’autre bout du monde, elle continue de résonner auprès d’une nouvelle génération qui a peu en commun avec ce fils d’immigrés arméniens né dans un hôpital pour indigents du 6e arrondissement de Paris en 1924.

Échange entre LeBron James et Charles Aznavour à partir de 2’35.

Le style de sa musique a fait le reste auprès du jeune public américain. Charles Aznavour a en effet souvent fait débuter ses chansons par de grandes orchestrations symphoniques et des arrangements savants. Pour un producteur en quête d’une boucle à intégrer dans une chanson, il constitue une bibliothèque idéale.

Aznavour a adoubé les rappeurs

Une filiation que n’a jamais renié Aznavour : « La chanson française a actuellement une chance fantastique : les rappeurs et les slameurs écrivent merveilleusement notre langue, a expliqué un jour le chanteur dans une émission de Michel Drucker. Cette jeunesse connaît très bien la chanson. Il y a une floraison d’auteurs compositeurs interprètes formidables. »

Aznavour devait un peu se reconnaître dans cette jeunesse critiquée pour n’être pas assez bien « comme il faut », lui dont la voix, le physique et le style avaient été raillés à ses débuts. « Je ne sais pas si j’aime le rap, avait-il aussi confié au magazine L’Affiche. Je peux juste vous dire que c’est bien d’en entendre. Parce que toute manifestation nouvelle dans l’art mène à quelque chose. Quand le jazz a débuté, on disait déjà que c’était une musique de sauvages. Lorsque les yé-yé ont débuté, on disait ‘cela ne va durer que deux jours’. Tout a toujours été comme ça. » Et 100 ans après sa naissance, on écoute -et sample- toujours Charles Aznavour. 

Lafayette Musicians de Matthieu du Motier fait rayonner la musique sacrée au Texas

Matthieu du Motier est installé au Texas avec sa famille depuis trois ans, et partage désormais son temps entre l’Europe et les États-Unis. Sur le vieux continent, il est connu pour son expérience : il chante des opéras, des ouvrages en soliste et se produit avec les Arts Florissants, l’un des ensembles baroques les plus reconnus au monde. À Dallas, il met sa formation de chef d’orchestre généraliste au profit de Lafayette Musicians, un ensemble musical qu’il a créé en 2022 pour unir ses deux passions principales, la musique et la foi. Et comme si tout cela ne suffisait pas, il enregistre actuellement un disque en soliste avec la Dallas Bach Society, le plus grand ensemble baroque américain.

Un voyage musical dans le temps

À l’origine de la création de l’ensemble musical Lafayette Musicians, il y a le désir de démocratiser la musique sacrée et de la faire rayonner dans un pays dans lequel elle est moins connue qu’en Europe. Pour ce faire, Matthieu du Motier puise dans un large répertoire, allant de la renaissance au classicisme en passant par le baroque, et s’entoure de musiciens capables d’interpréter aussi bien de la musique moderne qu’ancienne, et surtout, qui croient en ce qu’ils chantent et « jouent avec ce petit supplément d’âme qui rend les œuvres encore plus puissantes. » Pour rendre ses concerts plus accessibles au grand public, le chef d’orchestre ne s’appuie que sur des œuvres chantées dont il fournit des livrets avec des traductions et de la mise en contexte sur les aspects musicologiques, historiques et sociologiques lors de chaque concert.

Il y a à peine un an, l’ensemble avait fait son concert inaugural à Dallas autour de l’œuvre d’Handel et de Lully, deux figures incontournables du courant baroque, interprétée par cinq solistes et un choeur de trente chanteurs. Le deuxième concert, Matthieu du Motier le décrit comme « un véritable voyage dans le temps sur les trésors du baroque naissant, six chanteurs, des instrumentistes et un luth », le tout à la lueur des bougies dans la demeure historique de Aldredge House.

Ensemble musical Lafayette Musicians – Credits Lafayette Musicians

Si les deux premiers concerts étaient axés musique baroque, Matthieu Du Motier vise plus haut pour ce troisième concert en rassemblant plus de 80 musiciens dans l’une des plus belles églises de Dallas, Christ the King Church. 45 instrumentistes, une vingtaine de choristes et des chanteurs solistes accompagnés de 80 enfants choristes de l’école des Cistersiens se réuniront deux semaines après Paques autour de l’œuvre de la création de Haydn. « Notre but est de jouer tous les répertoires musicaux jusqu’au XXe siècle. Nous commencerons par un clin d’œil à la France en ouvrant le concert sur une pièce de Gabriel Fauré, l’un des plus grands compositeurs français du XXe siècle, mort il y a exactement 100 ans. On poursuivra sur la création de Haydn, un ouvrage central dans l’histoire de la musique qui traite de la création du monde telle qu’en parle la bible dans ses deux premiers chapitres. »  

Avec la bénédiction de l’évêque de Dallas

Matthieu du Motier se réjouit du soutien grandissant de la communauté musicale et religieuse, avec d’une part la participation du chef d’orchestre de la Dallas Bach Society (ndlr : l’un des plus grands ensembles baroque américains), qui jouera au clavecin pour la deuxième année consecutive, ainsi que la présence de l’évêque de Dallas qui en plus d’accepter l’invitation, bénira l’orchestre ainsi que le public lors du concert.

Avec ce troisième concert, le virtuose espère semer des graines sur un terrain qu’il estime « très fertile pour la musique sacrée », avec l’ambition de pouvoir organiser un concert de cette envergure quatre fois par an. Contrairement à la France où le public s’intéressait souvent plus à la musique qu’a sa signification, le chef d’orchestre espère bien au Texas attirer tous ceux qui viendraient à la musique sacrée par le biais de la foi. Et dieu sait qu’ils sont nombreux : « ici il faut réserver un an à l’avance pour pouvoir jouer dans une église. »

Picky Monday ouvre sa première boutique dédiée aux enfants

C’est officiel : après une année d’entreprenariat collaboratif au sein du Coven Project, Leïla Bernard a décidé d’ouvrir sa propre boutique de vêtements pour enfants de seconde main. « J’ai toujours rêvé d’ouvrir mon propre magasin. C’est le développement que je souhaitais pour mon entreprise, après trois ans d’existence. J’ai signé seule un bail d’un an pour le local que nous occupions auparavant à quatre avec le Coven Project. »

Lancé en 2020, Picky Monday met en ligne, chaque lundi, des capsules de vêtements pour enfants, soigneusement sélectionnés par Leïla Bernard, autour d’un thème ou d’une saison. Forte d’une clientèle en ligne et locale fidèle, cette maman de deux enfants a décidé de sauter le pas et d’ouvrir une boutique dans Pacific Heights. « C’est un pari, surtout avec les fermetures récentes ou annoncées de nombreux magasins à San Francisco, reconnaît-elle. Ce qui m’a convaincue, ce sont les retours très positifs des parents du quartier pendant l’aventure Coven Project. Ils sont contents d’avoir un magasin pour enfants, avec une style qu’ils aiment. »

Un lieu « qui bouge et qui vit »

C’est un peu un retour aux sources pour ce block de Sacramento Street, autrefois très fréquenté par les familles qui se rendaient au magasin de jouets The Ark, ou achetaient des chaussures pour leurs bambins chez Brooks shoes for kids, deux enseignes fermées depuis plusieurs années. Picky Monday sera en effet exclusivement dédié aux enfants : « Je propose des vêtements de seconde main, de 0 à 12 ans, de marques européennes principalement mais pas seulement, ainsi que des jouets neufs qui respectent mes valeurs de durabilité et d’écologie. Je définirais mon style comme coloré et soigné : les mamans qui achètent chez moi adorent trouver la pièce unique et de qualité qui va leur valoir de nombreux compliments. »

Leïla Bernard entend également faire de sa boutique un lieu collaboratif qui met en avant d’autres entreprises créées par des Français : « Je veux que Picky Monday soit un lieu qui bouge et qui vit. Plusieurs pop-up sont déjà programmés avec Braid Bakery, qui fabrique de délicieuses babkas, Nicole Seguin qui réalise des séances photos, Anne-Caroline de My Selfcare Fairytale et ses ateliers de yoga du visage et d’aromathérapie. On pourra également trouver les dernières créations pour enfants et parents de Sew Francisco, et un portant avec les vêtements vintage sélectionnés par Neat and Kind. » L’inauguration officielle de la boutique aura lieu le samedi 11 mai, et Picky Monday est désormais ouvert du jeudi au samedi, de 10:30am à 6pm, et le lundi et mardi sur rendez-vous.

Dans les secrets du prêt d’œuvres antiques du Met au musée du Louvre

Le mois dernier, dix objets remarquables du département « Ancient Near Eastern Art » (Art ancien du Proche-Orient) du Metropolitan Museum of Art (le Met) de New York ont été soigneusement emballés et placés dans des petits caissons capitonnés. Ils ont ensuite pris la route de l’aéroport, ont embarqué à bord d’un avion et ont terminé leur voyage de l’autre côté de l’océan Atlantique, à Paris, au musée du Louvre. Ce prêt, d’un musée américain à un autre français, a donné lieu à une exposition : « The Met au Louvre, Near Eastern Antiquities in Dialogue », qui sera visible jusqu’au 28 septembre 2025 dans la capitale française.

Le fruit d’une collaboration très rapprochée entre les deux institutions. « On a l’habitude de se décrire comme des sœurs », confie Kim Benzel, la conservatrice en chef du département Ancient Near Eastern Art du Met. Cette partie du musée new-yorkais a fermé pour rénovation jusqu’en 2026 (le reste du Met reste ouvert). Plutôt que de conserver à l’abri des regards des pièces pour beaucoup remarquables, les équipes des deux établissements, de chaque côté de l’Atlantique, ont longuement échangé, à distance, pour imaginer une exposition qui fasse dialoguer des œuvres d’art que, d’habitude, un océan sépare.

Dialogue entre les œuvres des deux musées

Dans cette collaboration, c’est le Louvre, via Ariane Thomas (Directrice du département des Antiquités orientales), une proche de Kim Benzel malgré la distance, qui a été à l’initiative. S’intéresser à ce prêt, c’est plonger dans le monde passionnant des prêts d’œuvres de musée à musée. « On n’avait pas le temps pour une exposition entière, qui d’habitude rassemble quelque chose comme 150 pièces, alors on a commencé à réfléchir à un cadre différent, explique Kim Benzel. On s’est rapidement rendu compte que plusieurs de nos objets avaient une très grande résonance avec des pièces du Louvre. »

À l’image de cet objet d’orfèvrerie, un ensemble hétéroclite de pièces de joaillerie découvert dans une cachette monétaire et dont le Met a longtemps cru qu’il constituait un collier : l’exposition montrera plutôt que ces pendentifs, fondus, étaient des emblèmes divins. D’autres objets des deux musées se regardent et se complètent, offrant de curieuses ressemblances. « Ces pièces maîtresses, une fois exposées au Louvre, prennent un sens nouveau et différent », fait remarquer l’experte de l’art antique du Proche-Orient au Met.

Prêt gratuit

Parmi elles, un plat iranien en argent doré représentant un roi sassanide chassant le cerf, une tête d’homme enturbannée en métal venue de Mésopotamie, une stèle couverte d’inscriptions cunéiformes et de personnages, ou encore divers objets décorés d’animaux sculptés, dont une extraordinaire statuette en argent iranienne datant du IVe millénaire avant J.-C. et représentant un taureau agenouillé tenant un vase à bec. Des objets fabriqués en Asie centrale, en Syrie, en Iran ou en Mésopotamie, entre la fin du IVe… millénaire avant J.-C. et le Ve siècle de notre ère.

Comme toujours dans ce cas-là, c’est le musée emprunteur qui règle la totalité des frais (voyage des objets et des équipes, assurances, etc.), en l’occurence ici le Louvre. Le prêt, lui, est comme souvent gratuit, peu d’établissements dans le monde facturant la mise à disposition de certaines de leurs œuvres. Le Met a profité de la fermeture de son aile consacrée à ces pièces datant de plus de 2000 ans pour en envoyer certaines à d’autres endroits du globe.

Ces objets reviendront à leur place en 2026, lorsque cette aile du musée rouvrira, totalement rénovée. Kim Benzel promet « une approche narrative complètement différente »

Amélie maison d’Art s’installe à New York

Amélie du Chalard, qui a fondé Amélie Maison d’Art fin 2015 dans le 6e arrondissement à Paris, vient d’ouvrir sa galerie en plein cœur de SoHo, juste en face de la Judd Foundation, très exactement au 85-87 Mercer St. « Mon concept est d’ouvrir peu d’espace mais dans des endroits un peu exceptionnels, et New York, pour le marché d’art contemporain, est un lieu quasiment essentiel ». Attention, il ne s’agit pas d’une galerie traditionnelle mais plutôt d’un espace d’exposition proche d’une maison de collectionneur, pensée comme un appartement, dans un ancien atelier d’artiste de 600m2 dans lequel vous pourrez découvrir divers artistes, différents médiums et de multiples techniques qui soulignent l’ADN de la galerie. Vous aurez également la possibilité d’être reçu sur rendez-vous après avoir sélectionné sur leur site les travaux auxquels vous êtes sensibles.

Découvrir des artistes

On est sous le charme de l’agencement de la galerie, de son esthétisme, de l’attrait très visible pour la matière, l’abstraction. Ce n’est pas du tout intimidant, comme ça arrive parfois dans des galeries, on s’y sent bien, c’est inspirant, harmonieux, on aimerait y vivre même. On aime également que les nombreux artistes sélectionnés soient émergents – pas seulement des artistes établis.
Une exposition collective va durer environ deux mois pour permettre de découvrir la diversité des artistes sélectionnés par Amélie maison d’Art, leur savoir-faire, l’esthétisme de leurs œuvres. « Ce qui m’importe, c’est de retrouver la fonction première et historique de l’œuvre d’art, qui est d’être une pièce pour soi et pour chez soi ».
Puis un programme de 5 expositions temporaires va suivre pendant l’année, au cours desquelles la galerie sera ouverte autour d’un solo ou d’un duo d’artistes pour une durée d’un mois, ponctuées par des accrochages personnalisés. Il est conseillé, en dehors de ces shows, de prendre rendez-vous sur le site.

Amélie maison d'Art ©Olivia Garcin
Amélie maison d’Art. © French Morning/Olivia Garcin

Le collectionneur fait l’exposition

Á l’inverse d’une galerie d’art dans laquelle vous allez simplement voir les œuvres d’un artiste bien spécifique, chez Amélie maison d’Art vous faites votre propre sélection parmi les 150 artistes aujourd’hui référencés. En effet, en parcourant sur le site les différents médiums proposés, peintures, sculptures, photos, œuvres sur papier… il est recommandé de créer une liste de favoris et de prendre un rendez-vous à la galerie afin d’y découvrir un accrochage personnalisé, réalisé uniquement pour vous.

Que vous soyez un collectionneur privé ou un professionnel dans le secteur de l’hôtellerie, que vous soyez profane ou initié, l’expérience est si différente à chaque accrochage, la mixité des œuvres proposées telle que vous repartirez forcément avec une pièce coup de cœur. « De nouvelles œuvres vont arriver tous les mois et demi, c’est vraiment en continu que la galerie sera alimentée. »

L’expérience se poursuit avec un certain nombre de services proposés, comme des conseils d’encadrement, des accrochages à domicile afin de développer la sensibilité artistique des collectionneurs au fil du temps.

Amélie maison d'Art ©Olivia Garcin
Amélie maison d’Art © French Morning/Olivia Garcin

Vous l’aurez compris, chez Amélie maison d’Art les codes des galeries traditionnelles sont bousculés et la projection personnelle favorisée. Alors n’attendez plus pour commencer, vous aussi, votre collection d’œuvres d’art, il y en a pour tous les goûts et pour tous les budgets.

Le Bal Français est de retour à Brooklyn le 6 avril

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« Ils m’entraînent au bout de la nuit (qui ça qui ça ?)… ». Si ce refrain éternel continue à alimenter votre nostalgie, on a une bonne nouvelle pour vous. Le Bal Français est de retour le samedi 6 avril au 9 Bob Note, une salle d’East Williamsburg avec un grand patio pour les fumeurs.

Une soirée unique qui fera danser les amoureux de bons tubes français.

Au programme : des classiques intemporels tels qu’Indochine, France Gall, Céline Dion, en passant par des incontournables plus récents comme Aya Nakamura, Vegedream et Angèle.

Le Bal Français est ouvert aussi bien aux Français qu’aux francophiles et amoureux de musique française. 

Ouverture des portes à 10 pm et fermeture à 4 am. Tickets à 25$ disponibles ici.

La librairie La Joie de Vivre inaugure son café

« Soulagé ! » C’est ce que répond Cyril Dewavrin lorsqu’on lui demande quel est son sentiment à quelques jours de l’inauguration officielle de La Joie de Vivre (nous avions parlé du projet en décembre dernier). « Un an et demi de travaux et de galères… Mais c’est terminé. » Sa librairie sent le neuf… et le café. Un tiers de l’espace est consacré à la restauration. Assis à l’une des quatorze places distribuées autour du comptoir, on sirote et on grignote en ouvrant les premières pages du roman, de la BD, ou du beau livre que l’on vient d’acheter. Pousser la porte d’une librairie pour commander son café à emporter ? En France, ce mélange des genres est plutôt rare. À Paris, par exemple, on compte à peine plus de cinq librairies à le proposer. Mais à New York, la démarche est bien ancrée dans les habitudes. Elle représente, pour le libraire, un complément de revenus indispensable à son modèle économique.

© French Morning/Nicolas Cauchy

Derrière le comptoir, les pains au chocolat, les croissants et les pâtisseries viennent de l’Upper West, Barachou, de l’East Village, Petit Chou, ou de Choc O Pain dans le New Jersey. Quant aux « meilleurs macarons de New York », ils sont signés Thierry Atlan

Nicolas Cauchy - French Morning
© French Morning/Nicolas Cauchy

Une cliente entre, passe la table consacrée aux livres de cuisine, flâne un peu, feuillette. À sa droite, la littérature américaine ou les auteurs traduits. Beaucoup de nouveautés au catalogue qui, la plupart du temps, collent à l’actualité sociale ou politique. Mais aussi des classiques que des habitants du quartier sont ravis de retrouver après la fermeture, une à une, des librairies indépendantes. Et si les livres en anglais sont un peu plus chers que sur Amazon, ou Barnes & Noble, aucune importance : les clients américains trouvent naturel de soutenir l’indépendance. 

© French Morning/Nicolas Cauchy

Notre cliente s’est rapprochée du long mur tapissé de livres en français. Au besoin, Anastasia ou Bohem, libraires, sont là pour la conseiller. « Nous travaillons avec notre représentant pour les livres américains, expliquent-elles. Mais pour ce qui est des auteurs français, chacune d’entre nous a une cinquantaine de titres préférés que nous avons à cœur de défendre. Veiller sur elle, par exemple, le dernier Goncourt que j’ai adoré. »

© French Morning/Nicolas Cauchy

La libraire ne propose pas que des livres, mais des jeux aussi, des posters, des sacs aux imprimés amusants et puis de nombreuses animations que Cyril Dewavrin énumère : « Des lectures pour les enfants les samedis, des rencontres avec des auteurs, book clubs, des expositions de photos, de peinture et même… une dégustation de vins prévue en mai prochain. » Il reste un libraire français : contrairement à ses homologues américains qui gèrent souvent leur établissement de loin, « moi, je fais tout, depuis le passage de la serpillière jusqu’à l’organisation des événements. C’est comme ça que je suis le plus heureux ! »

La cliente a trouvé le titre qu’elle cherchait. Elle se rend en caisse, sans savoir, peut-être, qu’elle paye son livre en français à un prix inférieur à celui d’Amazon : La Joie de Vivre profite des conditions de transport subventionnées par la France dont ne bénéficie pas le géant online. Qu’on se le dise : les livres en VF sont moins chers en librairie que online !

© French Morning/Nicolas Cauchy

Notre cliente s’est assise, café en main et commence à lire. C’est une Américaine dont les bureaux se trouvent dans le quartier et qui a découvert la librairie par hasard. James Baldwin en VF, pour « améliorer son français, parce que j’ai lu tous ses livres en anglais, ce qui m’aide pour le vocabulaire et la compréhension générale ». 

Une future habituée de La Joie de Vivre, à n’en pas douter. 

Ibrahim Maalouf aux États-Unis: «Depuis ma rencontre avec Quincy Jones, des rêves se réalisent»

Sweat noir orné d’un casque de musique, sa simplicité tranche avec l’ambiance feutrée de l’hôtel cinq étoiles de Beverly Hills où nous avons rendez-vous. « On va se tutoyer, d’accord ? » propose Ibrahim Maalouf, avant de commander un jus d’orange frais dans un très bon anglais. Début février, l’immense trompettiste était de passage à Los Angeles pour les Grammy Awards, nominé pour la deuxième année consécutive avec Todo Colores, issu de son dernier album, «Capacity to love». S’il n’a pas remporté la statuette, French Morning a eu la chance de rencontrer cet ovni de la scène musicale, en tournée à travers l’Amérique du Nord au printemps 2024.

Sa quête de nouveaux sons qui le mène à l’électro, sa rencontre avec le producteur américain Quincy Jones qui a bouleversé sa carrière, ses mille projets… L’artiste franco-libanais s’est livré avec générosité, évoquant son lien singulier avec l’Amérique, qu’il rêve de faire vibrer. Car, hormis « la niche du monde du jazz», « le public nord-américain ne me connaît pas très bien » estime celui, qui, à 43 ans, n’a cessé de se métamorphoser, voyageant du classique vers le jazz, des musiques du monde à la composition pour le cinéma.

Ibrahim Maalouf sur la scène de l’Ocean Fest, à Nantes, en janvier 2024. © Cléo Renard

Trompette et musique electro

Sa tournée de 11 dates aux États-Unis et au Canada, du 20 avril au 4 mai, est l’occasion de toucher un public différent. Ibrahim Maalouf a hâte d’être sur scène. Car, en plus de ses morceaux incontournables comme « Beyrouth », « True Story » ou « Red and Black Light », il dévoilera son nouveau projet, mêlant musique électronique et trompette. Une alchimie étonnante née de sa rencontre avec le DJ français Mercer, installé à Dubaï.

« Pour la première fois, j’intègre l’électro dans mon travail. Et même si mon ADN est toujours dedans, ça change radicalement de tout ce que j’ai fait avant, prévient-t-il. J’ai toujours aimé associer des cultures qui, en apparence, ne sont pas associables » , rappelle le musicien, en évoquant sa reprise, il y a près de 10 ans, d’un grand classique de la diva égyptienne Oum Kalthoum dans un style de jazz typiquement new-yorkais.

A 43 ans, le trompettiste franco-libanais rêve de faire vibrer l’Amérique. © Mickael Borges

Une tournée outre-Atlantique, deux nominations aux Grammys, une pluie de collaborations avec des artistes de renom, des voyages à LA… Ces dernières années, la carrière d’Ibrahim Maalouf a été propulsée vers de nouveaux sommets, grâce à sa rencontre avec Quincy Jones et son équipe. C’était en 2017, au festival de jazz de Montreux. « Le rencontrer, ça paraissait stratosphérique, c’était comme rencontrer le pape ! », confie-t-il. 

« Quand j’étais petit, j’avais un disque de Ray Charles que j’écoutais tout le temps, sur lequel était écrit au dos ‘produit par Quincy’ raconte-t-il. J’ai toujours senti que cet homme avait joué un rôle fondamental dans toute la culture moderne d’aujourd’hui. Et là, je découvre que c’est quelqu’un de très cool, très simple, avec qui on peut papoter. »

C’est le début d’une intense collaboration avec l’équipe du producteur américain*, par le biais du jeune manager français Thomas Duport. « À partir de là, les rêves ont commencé à arriver » glisse le trompettiste, qui n’avait pas imaginé développer sa carrière de l’autre côté de l’Atlantique. L’été dernier, il a joué sur la scène du mythique Hollywood Bowl, à LA, pour les 90 ans de « Quincy », aux côtés des plus grands artistes, comme le raconte ce joli petit film.

Hollywood, les paillettes et les tapis rouges ne lui font pas tourner la tête pour autant, assure-t-il : « C’est une expérience que je vis comme on regarde un film ou un spectacle. Je le vis à fond, je sens que je suis un personnage actif de ce film. Après, je rentre à la maison et on retrouve la vie normale.» Sauf que la « vie normale » d’Ibrahim Maalouf n’est pas celle du commun des mortels. 

Lelouch, théâtre, concerts

Les projets se superposent à son agenda : composition de la musique du dernier film de Claude Lelouch, « Finalement »; premiers pas au théâtre, le 27 février à Paris, dans une pièce de Denise Chalem avec Thibault de Montalembert (30 représentations !); enseignement de l’improvisation à des musiciens d’orchestre au sein du Free Spirit Ensemble, qu’il a créé… L’avantage d’avoir son propre label, c’est d’être indépendant.

En 2024, son calendrier annonce des concerts dans toute la France, et bien sûr, aux États-Unis. Deux albums sont aussi en gestation («Trumpets of Michel-Ange » et « TIME X »). Des projets très différents, mais tous les deux « hyper festifs », pour «amener un peu de joie et de légèreté », « parce qu’en ce moment, ça va très mal » déplore Ibrahim Maalouf… Un monde, dont ce vrai gentil veut adoucir la dureté, par le souffle de sa trompette.

*Quincy Jones Production, récemment devenue Early Hour Entertainment

Publié le 16 février 2024. Mis à jour le 28 mars 2024.

Rencontre avec Cécilia Jourdan de Hello French chez She for S.H.E

Le mardi 9 avril prochain, She for S.H.E, en partenariat avec le club social créatif et espace de coworking Spring Place, organise une rencontre avec Cécilia Jourdan, fondatrice de Hello French, la plus grande communauté francophile au monde avec 1,5 million d’abonnés sur Instagram.

Cécilia Jourdan racontera son parcours, son enfance et pourquoi elle a pris la décision de partir à la conquête des États-Unis à ses 18 ans, à Miami puis New York. Mais aussi ce qui l’a incitée à se lancer comme entrepreneure et évangéliste du français, en particulier auprès des Américains, après des études de cinéma et de linguistique.

Grâce à un contenu éducatif, ludique et engagé, Cécilia Jourdan a aussi à cœur d’informer et sensibiliser sur des thèmes qui lui sont chères comme les droits LGBTQ, la tolérance et la santé mentale. Elle expliquera pourquoi et comment elle choisit d’aborder ces questions sur sa plateforme. Enfin, la conversation portera les dangers des réseaux sociaux et comment elle envisage une relation équilibrée à ces médias, pour elle comme pour les jeunes générations.

L’interview, menée par Anne-Laure Mondoulet, se déroulera en anglais. Des boissons et amuse-bouches seront servis.