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Pourquoi la chemise bûcheron est-elle si populaire aux États-Unis?

Pas besoin de vivre aux États-Unis ou au Canada pour l’avoir dans son armoire : la chemise à carreaux rouge et noir se porte dans tous les pays du monde, en hiver comme en été. Mais aux États-Unis, le « Buffalo plaid », pratique, chaud et confortable, est incontournable. Pourquoi est-il si ancré dans la culture américaine et quelles sont ses origines ? C’est la question bête de la semaine.

La légende du Buffalo plaid 

Aux États-Unis, on les surnomme « flannels shirts » , « red plaid shirts » , ou encore « Lumberjack shirts » (« chemises de bûcheron »). Les passionnés d’histoire et de textile aiment rappeler que le terme historique est « Buffalo plaid ». Randonneurs, hipsters ou cow-boys partagent pourtant le même modèle à carreaux, à quelques détails près. La chemise iconique américaine n’est pas née aux États-Unis, mais en Écosse et en Angleterre. Au XVIIIe siècle, les Écossais filent la laine pour produire de la flanelle et des tissus imprimés. Ce sont les tartans, ancêtres de la chemise à carreaux. Chaque clan écossais possédait alors son propre motif. Les tartans étaient même devenus un symbole d’opposition à la couronne d’Angleterre, car ils étaient interdits.

Usine Woolrich Woolen Mills en Pennsylvanie, vers 1880. © Courtesy Woolrich Woolen Mills

Une centaine d’années plus tard, un cardeur de laine nommé John Rich s’installe en Pennsylvanie et ouvre une usine à laine, la Woolrich Woolen Mills. Le jeune Anglais se fait vite connaître par les bûcherons locaux et par les trappeurs pour ses couvertures et chaussettes en flanelle. C’est en 1850 que John Rich créé la célèbre chemise en laine à carreaux rouge et noir. La légende raconte qu’un Écossais, John Mc Cluskey, se serait implanté dans le Montana. Lors d’une rencontre avec les populations amérindiennes, il aurait échangé des fameux tartans contre des peaux de bison. Les deux hommes se seraient ensuite entendus pour surnommer les chemises à carreaux « Buffalo plaid ». Une autre légende raconte que John Rich élevait des bisons d’Amérique en parallèle de ses activités commerciales.

Ancienne publicité Woolrich Woolen Mills.

« Tout le monde possède une chemise en flanelle »

Ce qui est certain, c’est que les chemises à carreaux rouge et noir connaissent un succès important auprès des cow-boys, des pionniers, des agriculteurs et bien sûr, des bûcherons. « Il fallait des vêtements pour se protéger du froid. C’est un textile qui est toujours chaud et très pratique, c’est plus qu’un héritage », explique Gayle Houlton, fondatrice de la société Rocky Mountain Flannel Company. Basée au Canada, l’entreprise de vêtements possède de nombreuses adresses aux États-Unis et dans plusieurs pays du monde. « Lorsque nous avons commencé, c’était surtout un modèle pratique. Depuis 2012, c’est devenu fashion. Aujourd’hui, tout le monte possède une chemise en flanelle. Australie, Afrique du Sud… Le monde entier vient dans ma boutique », assure la passionnée de textile qui a fondé cette marque en 1989 au pied des Rocheuses canadiennes.

La chemise Buffalo Plaid pour femme, un classique dans le catalogue de la Rocky Mountain Flannel Company. © Rocky Mountain Flannel Company

La chemise à carreaux a traversé les âges. En 1914, le personnage de bande dessinée Paul Bunyan devient un des symboles du folklore américain. Le bûcheron géant arbore une hache et une chemise à carreaux… rouge et noir. Puis, le groupe de musique The Beach Boys fait d’elle une véritable star, en portant un modèle pour la couverture du single « Surfin’ U.S.A. » dans les années 1970.

Enfin dans les années 1990, le leader du groupe de rock Nirvana, Kurt Cobain, fait de la chemise à carreaux un emblème du style grunge. 200 ans après sa création, la chemise Lumberjack continue de traverser les saisons et les styles, des comédies romantiques américaines, jusqu’aux marches des podiums de prêt-à-porter les plus célèbres.

Vie d’Expat: Je suis le complice d’une situation que je ne cautionne pas

Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l’expatriation. Deux fois par mois, Vie d’Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres sur l’épanouissement personnel.

Aujourd’hui, le récit de Sébastien, complice malgré lui.

« Je ne me définirais pas comme écolo, mais plutôt avec une « conscience écologique ». Je trie mes déchets, mais qui ne le fait pas ? J’ai levé le pied sur la viande il y a un bon bout de temps (avis aux amateurs de steaks : ça ne manque pas du tout). Je limite mes trajets au strict nécessaire. Quoi d’autre ? J’essaye d’utiliser le même sac pour les courses, de ne pas faire trop d’enfants (en l’occurrence, aucun. Si intéressée, écrire au Journal qui transmettra). Je m’achète un nouveau pantalon tous les ans. Rien de très impactant. Ce n’est pas moi qui vais sauver la planète. Mais on sait tous que les plus grandes marches commencent par un premier petit pas.

Seulement, j’habite aux États-Unis. Je vis dans une grande ville américaine – Washington. Et donc, par capillarité, je pollue. Ma voiture est une grosse voiture. Pas un monstre, mais pas une citadine non plus. Je fais beaucoup de route. Les routes sont immenses. Difficile d’y échapper.

J’essaie de me faire livrer le moins possible. Sauf que rien n’est à portée de marche. J’ai le choix. Prendre la voiture ou me faire livrer. Il doit exister un comparatif en terme d’empreinte carbone. Quoi qu’il en soit, je pollue.

J’essaie d’acheter ma nourriture sur les marchés, le Mount Vernon Triangle si vous connaissez. Mais ce n’est pas toujours possible et me voilà en supermarché à empiler des fruits et des légumes emballés individuellement, à acheter des boîtes dans des boîtes que je jetterai en arrivant chez moi.

Quoi d’autre ? En cherchant un peu, je suis sûr de trouver plein d’autres sujets. Par exemple, en ce moment même, vous savez comment je refroidis mon appartement beaucoup trop chauffé ? En ouvrant la fenêtre, bien sûr !

Alors vous savez, j’ai l’impression de participer à quelque chose de mal malgré moi, par lâcheté, et de ne rien pouvoir y faire. De me tenir à la table de gens grossiers et d’être obligés de rire à leurs blagues, parce que c’est la table que vous avez choisie et que, pour mille raisons, vous ne souhaitez pas en changer. J’ai vraiment l’impression d’être pris en otage et de participer, pas complètement malgré moi, à un comportement qui me déplaît. D’en être le complice. Et je me sens impuissant. Est-ce que je suis le seul à penser comme ça ? »

La réponse de French Morning

Merci pour votre témoignage, Sébastien. Non, vous n’êtes pas le seul à éprouver ce genre de contradiction. Pour y réfléchir, tournons-nous vers l’inépuisable La puissance des émotions de Michelle Larivey, à propos du sentiment d’impuissance.

Qu’est-ce que l’impuissance ?

L’impuissance est un état désignant l’incapacité ou l’impossibilité d’accomplir des actes ou d’atteindre un objectif. Il existe des cas d’impuissance réelle, et des cas où nous avons l’impression d’être impuissant mais où nous ne le sommes pas. Il arrive aussi que l’impuissance soit l’expression déguisée d’un sentiment.

À quoi sert l’impuissance?

L’impuissance met en évidence que des obstacles s’opposent à ma satisfaction, mais mon incapacité, ou ce que je crois être mon incapacité, m’empêche d’y parvenir. Le sentiment d’impuissance m’invite à faire la part des choses entre le pouvoir dont je dispose réellement et celui qui n’est pas entre mes mains. Cette clarification permet souvent de sortir de la paralysie où l’impuissance nous confine parfois.

Le sentiment d’impuissance recouvre différentes réalités vécues. Scruter ce vécu est la seule façon d’identifier ce qu’il cache.

Que faire avec l’impuissance ?

Sortir d’une impuissance qui n’en est pas une suppose que j’aie identifié ce que je n’ose pas faire, puis que je le fasse.

En complément de cette remise en perspective, écoutons les conseils de Tal Ben-Shahar, toujours plein de bons sens et d’optimisme.

« On est facilement dépassé par le nombre impressionnant de problèmes auxquels le monde est confronté. La baisse du niveau scolaire, l’élévation du nombre de scandales au niveau des entreprises, la crise économique… sans parler des guerres, de la pollution et du terrorisme. Comment ma petite personne, avec ses faiblesses et ses appréhensions, peut-elle espérer changer sensiblement les choses ? C’est vrai, la plupart du temps ces événements échappent à notre contrôle; pourtant, en tant qu’individus, nous avons bel et bien notre mot à dire – et nous n’imaginons pas à quel point. Je peux effectivement changer les choses dès lors que je choisis de m’engager corps et âme et de passer à l’action.

Le sentiment d’impuissance face aux grands problèmes du monde provient d’une certitude : notre contribution individuelle ne serait qu’une goutte d’eau dans la mer.

Mais si on trouve un moyen d’intervenir qui motive aussi d’autres gens – même s’ils ne sont pas très nombreux -, on peut réellement changer les choses.

Dans le village planétaire où nous vivons, les réseaux sociaux connaissent une croissance exponentielle, et nos initiatives provoquent un effet domino dans le temps et dans l’espace.

Introduisez un changement positif dans le monde. Passez le relais quand on vous a rendu service et incitez les autres à vous imiter. »

? Retrouvons-nous dans 15 jours.

✉️ En attendant, envoyez-nous vos histoires et vos questions à l’adresse : [email protected].

Rencontre avec Diane Ré, chercheuse à Columbia chez She for S.H.E

De Marseille à la direction d’un laboratoire à New York, il n’y a qu’un… grand pas.

Jeudi 8 février prochain, la communauté de femmes francophones à New York, She for S.H.E, vous invite à rencontrer Diane Ré, directrice de laboratoire sur les maladies neuro-dégénératives à Columbia, et à visiter en exclusivité son laboratoire de recherche de Columbia University.

Des travaux de recherche sur la maladie de Charcot (SLA)

Il y a tout juste 19 ans, une fois son doctorat en neurosciences en poche, la chercheuse française Diane Ré a quitté Marseille, sa ville natale et de cœur, pour accomplir son stage postdoctoral. Pour elle, aucune hésitation : New York l’attirait comme un aimant, et compte les plus grandes institutions de recherche d’excellence. C’est finalement le campus médical de l’Université de Columbia qui l’accueille pour des travaux de recherche sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie paralysante fatale aussi connue comme « maladie de Charcot ».

Après 3 années de post-doctorat, Diane racontera comment, contrairement à son intention initiale, elle décide de tenter sa chance dans le système académique américain ultra-compétitif, bien loin du système de recherche publique française. Elle progresse rapidement à chef d’équipe au sein d’un grand laboratoire du Centre du Motoneurone de Columbia, l’année où elle devient maman. Un virage complexe à négocier dans un métier passion, et dans un contexte concurrentiel dominé par les hommes. Mais grâce au soutien d’un papa impliqué à la maison, elle accepte, fin 2014, une position de chercheuse indépendante pour commencer son propre laboratoire de recherche.

La direction de laboratoire, un métier à multiples casquettes

C’est alors l’opportunité unique pour Diane de développer des programmes de recherche chers à son cœur autour du rôle des facteurs environnementaux (métaux lourds, pesticides, etc.) dans l’étiologie des maladies neurodégénératives comme la SLA. Mais ce n’est pas tout : dans les institutions de recherche américaines d’élites, les directeurs de laboratoire sont des chefs de petites entreprises. Elle doit ramener assez d’argent en financement de recherche pour payer 80% de son propre salaire en plus de ceux de ses employés et tous ses frais de fonctionnement. En plus de son métier, elle a dû apprendre à maitriser la gestion de projet, de personnel, de budget et la négociation. Réalisant à quel point elle avait manqué de formation, Diane a créé un atelier de développement professionnel autour de ces compétences de gestion et direction : le PI Crash Course.

Diane fera aussi découvrir les transformations actuelles du monde de la recherche à New York et répondra aux questions des participantes.

Et pour comprendre la maladie de Charcot, un magnifique documentaire, « Invincible été » (notre article ici), sera projeté ce mercredi 7 octobre au Lycée français, en présence d’Olivier Goy, entrepreneur et photographe, sujet du film. Entrée gratuite mais réserver sa place ici.

Brèves new-yorkaises: Circulation, portes anti-fraude et d’incroyables innovations

Comme tous les lundis, les grandes et petites histoires qui font de New York une ville sans égale.

? Depuis près de quatre ans, les habitants de Staten Island et les millions de personnes qui ont emprunté le ferry de Staten Island n’ont pas pu acheter la moindre bière pendant la traversée. Eh bien, réjouissez-vous, millions de voyageurs : la concession devrait rouvrir cet automne.

? Le « crédit pourboire » (tip credit), disposition permettant aux restaurants de payer un salaire de base inférieur au salaire minimum si l’employé reçoit des pourboires, pourrait être remis en cause. Selon ses détracteurs « le recours aux pourboires aurait créé un environnement dans lequel les employés sont victimes de discrimination et de harcèlement de la part de la clientèle ».

Ⓜ️ Pour lutter contre la fraude, les portes de secours – celles que les voyageurs empruntent en quittant le quai  – mettront six secondes à s’ouvrir. Ce temps d’attente, estime MTA, devrait dissuader de les utiliser, et donc de profiter aux resquilleurs.

Ⓜ️ Metro, toujours, 570 agressions ont été rapportées en 2023. C’est le plus grand nombre depuis 1996.

?‍⚖️ Après le procès de E. Jean Carroll contre Donald Trump, l’État de New York élargit sa définition légale du viol pour inclure diverses formes de contact sexuel non consenti, selon une loi signée par la gouverneure Kathy Hochul. Cette nouvelle définition facilitera le dépôt de plainte par les victimes de viol et permettra de poursuivre les agresseurs. La loi s’appliquera aux agressions sexuelles commises à partir du 1er septembre de cette année.

? À partir du 1er mars, toutes les entreprises de New York, quelle que soit leur activité, devront utiliser des containers fermés pour leurs déchets.

? Après Harlem, l’enseigne Lidl ouvre un magasin d’alimentation à Brooklyn et c’est quand même un peu de la France qui s’installe – même si l’enseigne est allemande.

? Votre enfant déjeune à la cantine d’une école publique ? Voici la carte de toutes celles qui ont été épinglées pour non-respect des conditions sanitaires – on parle quand même de cafards et de souris.

? Vous pouvez porter plainte contre un conducteur qui laisse tourner son moteur plus de trois minutes alors qu’il est garé – une minute près d’une école. Il suffit de le filmer et d’envoyer votre vidéo à la ville. Ce faisant, vous gagnerez 25% de l’amende qui va de 350$ à 2000$ en cas de récidives.

? Quelle est la ville la pire au niveau de la circulation ? Évreux ? (Toujours pas). Los Angeles ? Et non ! Surprise : c’est New York.  Cela dit, pour les Américains, les embouteillages sont le signe de la bonne santé de la ville : quand vous prenez votre voiture, c’est pour dépenser, n’est-ce pas ?

✈️ 144 millions de passagers ont transité par les aéroports JFK, LaGuardia et Newark Liberty International en 2023, soit une augmentation de 3% par rapport au précédent record de 140 millions en 2019.

?‍♀️ Selon une nouvelle étude, les policiers mettent en moyenne 16 minutes pour intervenir sur le lieu où l’infraction a été commise, soit près de deux minutes de plus qu’il y a un an.

? Si l’on en croit la marmotte, le printemps sera précoce.

? Cela fait un an que Flaco le hibou s’est échappé du zoo de NY. Et il va très bien.

? Les terrasses extérieures sont maintenues et pérennisées pour les prochaines années, mais elles devront se plier à une réglementation plus stricte sur la qualité des matériaux utilisés et la possibilité d’être facilement démontables si nécessaire.

? Le robot policier qui patrouillait à Times Square a été retiré de la circulation.

? La ville a dévoilé une innovation stupéfiante pour le ramassage des poubelles : un camion muni d’un bras mécanique qui soulève les bennes pour en vider les contenus. Fou, non ?

?? Et, dans le même ordre d’idée, côté innovation, les New-Yorkais ont été très impressionnés par le premier métro à passerelles ouvertes.

?‍♀️ La Ville voudrait faire payer aux géants de la livraison (Uber, DoorDash, Grubhub…) le remplacement des batteries de leurs livreurs.

⛽️ Selon une étude, 10% des automobilistes américains, soit 21 millions de personnes, parcourent en moyenne 110 miles chaque jour, ce qui représente 35% de la consommation annuelle totale d’essence du pays, qui, elle-même est près de 60% supérieure à celle de l’ensemble de l’Union européenne.

? Si vous faites laver votre voiture les week-ends, profitez-en pour faire laver votre chien dans une machine automatique.

? Une lettre vieille de 32 ans et glissée dans une bouteille a été trouvée dans la baie de Shinnecock.

? Donald Trump a dépensé 76 millions de dollars en frais d’avocat au cours des deux dernières années.

Migrants francophones à New York, la crise cachée

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La bonne odeur du café chaud se dégage de Tompkins Square Park, dans l’East Village. Ce mercredi 31 janvier, des volontaires de l’association de quartier EVLovesNYC s’activent pour remplir les gobelets et distribuer des repas chauds préparés dans une synagogue du coin. Devant eux serpente une file de plusieurs dizaines de migrants francophones venus d’Afrique de l’Ouest. Ils sont arrivés ces derniers mois à New York par la frontière sud des États-Unis en quête d’un nouveau départ.

Emmitouflé dans un gros manteau et une écharpe, Madiam découvre l’hiver de la Grosse Pomme: « Mes doigts sont gelés », avoue-t-il. Comme « 99% » des gens autour de lui ce jour-là, ce diplômé en beaux-arts et musicologie vient de Guinée. Il est Peul, une population persécutée et discriminée dans son pays par une ethnie rivale qui tient les rênes de l’administration et des forces de l’ordre. Pour arriver aux États-Unis, pays préféré à l’Europe où la politique migratoire s’est durcie, il a effectué un long et difficile voyage. De Guinée, il s’est rendu à Istanbul (Turquie), puis à Bogota (Colombie), avant de gagner la frontière américaine par tous les moyens possibles – « marche, bus, voiture, cheval… ».

Les bénévoles d’EVlovesNYC, dimanche 4 février 2024. © French Morning/Alexis Buisson

Il est entré sur le sol américain via l’Arizona, où il a été pris en charge par la police de l’immigration. « Certains de nos amis ont été tués en cours de route par les trafiquants. D’autres ont été torturés, traités de tous les noms, jetés dans des cachots pour forcer nos parents à payer des rançons, alors qu’ils sont pauvres eux-mêmes et abîmés par l’âge, dit-il. Mais je n’ai pas de regrets. Avec tout ce que nous avons traversé, je ne m’attendais pas à être en vie aujourd’hui. »

Besoin urgent de bénévoles francophones

Madiam est le visage d’une crise dans la crise. Dans l’ombre de l’immigration hispanique, des milliers d’Ouest-africains comme lui tentent de se faire une place à New York. Or, les interprètes et traducteurs manquent, ajoutant de l’incertitude et du stress à leur situation déjà dramatique. « Nous avons désespérément besoin de volontaires francophones », lance Michael Polenberg, l’un des responsables de Safe Horizon, une association qui vient en aide aux sans-abri et aux victimes d’abus.

L’ONG opère notamment un centre d’accueil sur la 125e rue à Harlem, où l’augmentation du nombre de migrants francophones a pris l’équipe de court. Elle recherche à présent des bonnes volontés pour faire l’intermédiaire pendant quelques heures en semaine. « Avec cela, nous pourrions être en mesure de mieux comprendre leur parcours et ce qu’ils ont vécu, ce dont ils ont peur et ce que signifie être en sécurité pour eux », explique Michael Polenberg.

Membre d’EVLovesNYC, Nathalie Sann Regnault essaie de combler les manques avec son énergie et son carnet d’adresses. En marchant le long de Tompkins Square Park, cette Parisienne installée à New York depuis plus de vingt ans lance des « bonjour, ça va ? » aux Africains qu’elle croise lors de la distribution de repas et les invite à se mettre dans la queue s’ils ne l’ont pas déjà fait. Auteure de six livres sur la Grosse Pomme, cette ancienne directrice de création sert d’interprète là où elle le peut, comme lors d’une récente conférence d’avocat sur le droit d’asile organisée dans le quartier. Avec le National Immigration Justice Center, une autre association d’aide aux immigrés, elle accompagne aussi les demandeurs dans la constitution de leur dossier. « Ces organisations ont tous besoin de traducteurs pour raconter le mieux possible l’histoire des demandeurs d’asile ».

Instagram will load in the frontend.

Migrants « invisibles »

En plus de donner de l’argent à EVLoves NYC, qui a dû ajouter des séances de distribution de repas en semaine pour faire face à l’afflux de migrants, elle encourage les Français de New York à rejoindre l’organisme pour partager de « l’humanité » avec ces francophones en détresse. Elle a d’ailleurs créé un groupe WhatsApp où elle relaie les besoins de traducteurs (pour le rejoindre, écrire à [email protected]). « Ces migrants sont très intelligents et courageux, mais quand ils arrivent à New York, ils ne savent pas parler anglais. Ils sont invisibles. Si nous avions des traducteurs, ou simplement des gens qui veulent leur parler cinq minutes en français au parc, cela leur donnerait une visibilité, assure-t-elle. Il y a un grand déficit de français ».

Nathalie Sann Regnault, volontaire française chez EVLoves / crédit: AB
Nathalie Sann Regnault, volontaire française chez EVLoves. © French Morning/Alexis Buisson

La situation est d’autant plus urgente que le quotidien des migrants se complique. Le maire de New York, Eric Adams, a décidé de raccourcir à un mois (contre deux précédemment) le délai qu’ils peuvent passer dans un foyer. Objectif : réduire la pression sur ces structures, débordées par les arrivées. Les associations ont condamné cette décision, affirmant qu’elle allait produire des légions de SDF.

Certains Africains rencontrés à Tompkins Square Park ont dit qu’ils ne savaient pas où ils allaient dormir le soir même et passeront probablement la nuit dans la rue, exposés aux maladies et à la violence. « Comme on doit changer de lieu tous les mois, cela rend plus difficile l’inscription dans les écoles. On nous demande tout le temps de changer d’endroit », explique Mamadou Diallo, un Guinéen arrivé récemment à New York avec son petit frère. « On souffre, mais nous demandons à Dieu de nous aider encore un peu plus ».

Il fait pourtant partie des chanceux : il a pu déposer sa demande d’asile, ce qui lui permettra, dans 150 jours, de postuler pour une autorisation de travail afin d’exercer une activité déclarée. Pour d’autres, cela  s’avère plus difficile. « Les avocats commis d’office sont débordés. On nous dit maintenant de contacter des juristes privés pour les demandes d’asile, mais ça coûte 5.000 dollars ! », lance un homme qui n’a pas souhaité donner son nom.

Ousmane Diallo, qui a fui la Guinée lui aussi, refuse de perdre espoir. Depuis son arrivée à New York il y a trois mois, cet étudiant enchaîne les abris. Malgré tout, il suit des cours d’anglais pour s’intégrer. Il espère passer son permis de conduire et suivre des formations professionnelles pour trouver un emploi. « L’homme est né pour travailler. Il faut se battre sans cesse pour sa vie et obtenir ce qu’on veut. C’est difficile actuellement mais on a l’espoir que ça va changer, dit-il. L’Amérique, c’est la grandeur ».

Baromètre Expat Communication: Pourquoi partir? 

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« Le tour de l’expatriation », voilà ce qu’ambitionne de faire le Baromètre Expat Communication en 2024 pour fêter ses 10 ans.

Comme l’année passée, quatre enquêtes vous seront proposées tout au long de l’année pour permettre de mieux comprendre les préoccupations et les différentes phases de la vie en expatriation. L’étude portera aussi une attention particulière aux femmes expatriées et aux défis qu’elles ont à relever dans cet environnement.

La première enquête de l’année explore le thème de « Pourquoi partir en expatriation en 2024 ? » 

Pourquoi partir ?  Comment envisage-t-on une expatriation ? 

Quel en a été le déclencheur ? Quelles ont été les aides et les difficultés au moment du départ ? Et quelle réalité a-t-on trouvée une fois sur place ? 

Chaque départ est unique et motivé par des raisons qui évoluent avec notre époque. Cette première enquête s’attache à comprendre les moteurs du départ en expatriation et le ressenti une fois sur place, afin de mieux accompagner ces changements de vie. 

Partagez votre expérience avec nous ! Ce sont vos témoignages qui permettront une analyse précise de la situation des expatriés, et ainsi de contribuer à ce qu’ils soient mieux soutenus dans leur parcours.

Je participe

Les réponses sont anonymes; les résultats sont publiés et disponibles sur le site dans le mois suivant la fin de l’enquête.

Questionnaire accessible jusqu’au 18 février 2024.

Le Pr. Paul Buck: L’histoire fascinante de la langue française dans le Maine

Dans ce nouvel épisode du podcast Révolution Bilingue, Fabrice Jaumont accueille un grand expert (polyglotte) de la francophonie nord-américaine, le Professeur Paul Buck, enseignant en Histoire et Éducation à l’Université du Maine à Fort Kent. Outre son parcours universitaire solide, avec un Ph.D. en histoire de l’Université du Maine et un M.A. en espagnol du Middlebury College, Paul Buck a également une expérience incroyable en tant qu’enseignant pour le programme Fulbright, apportant une perspective unique et fascinante sur le bilinguisme et l’éducation. 

Paul Buck partage ses points de vue et ses recherches sur l’identité et l’altérité dans les programmes d’histoire du Canada, un sujet qu’il a étudié en profondeur lors de la rédaction de sa thèse de doctorat. Nous le suivrons au fil de ses expériences, allant de l’enseignement dans un lycée au Sénégal jusqu’à l’étude à l’Université Laval au Québec et à l’Université d’État de Voronej en Russie.

Une conversation enrichissante qui souligne à quel point la langue est bien plus qu’un simple moyen de communication – elle est une fenêtre sur des mondes différents, un pont entre les cultures et un outil précieux pour notre compréhension mutuelle.

Ecouter ici

Super Bowl LVIII: Tout ce qu’il faut savoir, du «rematch» à Taylor Swift

C’est le retour de l’événement sportif le plus important de l’année aux États-Unis. Pour ce 58e Super Bowl de l’histoire, les Kansas City Chiefs remettent leur titre en jeu face aux San Francisco 49ers. Voilà tout ce qu’il faut retenir sur cette rencontre qui aura lieu à Las Vegas le dimanche 11 février à 6:30pm ET/5:30pm CT/3:30pm PT. 

La revanche de 2020

Portés par leur superstar Patrick Mahomes (28 ans), les Kansas City Chiefs viennent de décrocher leur quatrième finale de NFL en cinq ans, et restent sur une victoire l’année dernière face aux Philadelphia Eagles (38-35). Le match du 11 février aura des airs de revanche, puisque la franchise du Missouri avait déjà battu les San Francisco 49ers lors du 54e Super Bowl organisé en Floride en février 2020, soit quelques semaines avant le début du Covid-19. Très disputée, la rencontre s’était décidée dans les toutes dernières minutes durant lesquelles les Chiefs avaient inscrit deux touchdowns pour finalement l’emporter 31-20. Le rematch de cette année devrait être tout aussi indécis avec deux excellentes équipes, dont le niveau de jeu est très proche.

Patrick Mahomes superstar

Tom Brady parti à la retraite en 2023, Patrick Mahomes est désormais le nouveau visage de la NFL. À 28 ans et après sept ans à Kansas City, le quaterback a transformé son équipe qui ne comptait avant lui qu’une seule victoire dans un Super Bowl en 1970. Les Chiefs en comptent désormais trois, et bientôt peut-être quatre grâce à son génie de la passe, élu MVP de la finale la saison passée. Aux États-Unis, son aura a dépassé le cadre du football américain, tout le contraire de son futur adversaire au même poste, Brock Purdy. Le quaterback des 49ers (24 ans) a été recruté dans l’anonymat en 2022 (262e choix de la draft), où les observateurs attendaient très peu de lui à son arrivée dans la ligue. Titularisé par défaut après les blessures de ses coéquipiers, Brock Purdy va impressionner jusqu’à s’installer définitivement dans l’équipe, qu’il emmène cette saison vers sa huitième participation au Super Bowl. 

Les billets les plus chers de l’histoire

Au-delà du domaine sportif, chaque Super Bowl est une manne financière ahurissante pour la NFL et son diffuseur TV. Cette 58e édition n’y fait pas exception avec une place vendue en moyenne à 9804 dollars (TickPick) dans l’Allegiant Stadium de Las Vegas, soit 70% d’augmentation par rapport à l’année dernière. Les grandes marques dépenseront quant à elles 7 millions de dollars chacune pour un spot publicitaire de 30 secondes à la mi-temps sur la chaîne CBS, soit plus de 600 millions de revenus anticipés au total. 

Un Français chez les Chiefs

Inconnu en France, Lucas Niang (25 ans) a été champion l’année dernière avec les Kansas City Chiefs. Celui qui évolue sur la ligne offensive est né a New York d’un père français. Il parle d’ailleurs couramment la langue de Molière et une partie de sa famille réside toujours dans l’Hexagone. Sa mission sur le terrain ? Protéger le quaterback Patrick Mahomes en attaque grâce à un physique de déménageur (1,98 m pour 150 kgs). À la conquête de son deuxième Super Bowl cette année, Lucas Niang pourrait rentrer encore un peu plus dans l’histoire, puisqu’un seul autre Français a joué en NFL dans le passé, Richard Tardits avec New-England dans les années 1990.

Usher à la mi-temps

Le « Half Time Show » de 2022 avait été très réussi avec un mix d’artistes des années 1990. La NFL va refaire dans la nostalgie cette année en offrant la scène à Usher, l’ancienne star du RnB (45 ans). De quoi se déhancher sur ses tubes les plus connus, de « Yeah! », à « U Got It Bad », en passant par « My Boo ». D’autres stars américaines de la chanson se produiront pendant le Super Bowl. Reba McEntire chantera notamment l’hymne national, tandis que le rappeur Post Malone interprétera « America the Beautiful ». 

Taylor Swift rend fou les Républicains

On a gardé le plus dingue pour la fin. En cette période électorale, les Républicains les plus conservateurs appréhendent ce 58e Super Bowl, pointant du doigt la chanteuse Taylor Swift. La raison ? L’icône de la pop, progressiste convaincue, est en couple depuis quelques mois avec le joueur des Chiefs Travis Kelce, avec qui elle n’hésite pas à s’afficher les jours de match. Le joueur faisait récemment la publicité du vaccin Pfizer contre le Covid-19 à la TV américaine. Il s’agirait donc d’un faux couple créé pour influencer les résultats de l’élection présidentielle, haranguent les supporters de Donald Trump, convaincus que le camp démocrate s’apprête à influencer le prochain Super Bowl. Plus c’est gros, plus ça passe.

5 expositions à ne pas manquer ces prochains mois à New York

À vos agendas pour les prochains mois : New York offre un choix incroyable d’expositions dans ses musées et ses galeries mais voici celles qui retiennent le plus notre attention et qui nous donnent très envie de découvrir.

 Brooklyn Museum

Jamel Shabazz, Trio, Brooklyn, NYC, 1980. The Dean Collection, courtesy of Swizz Beatz and Alicia Keys. © Jamel Shabazz. (Photo: Glenn Steigelman)
Jamel Shabazz, Trio, Brooklyn, NYC, 1980. The Dean Collection, courtesy of Swizz Beatz and Alicia Keys. © Jamel Shabazz. (Photo: Glenn Steigelman)

On connaît mieux les deux artistes en tant que Lauréats de Grammy Awards que pour leur collection d’œuvres d’art. La musicienne Alicia Keys et son mari Kasseem Dean, le producteur et DJ, ont acheté des œuvres si massives que seuls quelques-unes ont pu se glisser chez eux. L’exposition contient plus de 100 pièces d’art de leur collection privée et sera présentée au Brooklyn Museum du samedi 10 février au dimanche 7 juillet. Elle fait suite à la récente exposition Spike Lee et souligne le soutien du couple aux créatifs noirs. « Il y a beaucoup trop d’artistes de toutes sortes – musiciens, peintres, sculpteurs, danseurs – qui ont malheureusement tant contribué à la culture et sont morts sans rien », avait déclaré Alicia Keys.

L’exposition présentera le travail d’environ 40 artistes de la collection Dean, qui comprend des pièces de Jean-Michel Basquiat, Arthur Jafa, Jamel Shabazz , Esther Mahlangu, Amy Sherald, Lorna Simpson, Kehinde Wiley et Gordon Parks. Les deux artistes collectionneurs seront récompensés en mai par la Fondation Gordon Parks en recevant le Prix des mécènes des arts, fondation soutenant des activités artistiques et éducatives qui font progresser ce que Gordon décrivait comme « la recherche commune d’une vie meilleure et d’un monde meilleur ».
Brooklyn Museum, 200 Eastern Pkwy, Brooklyn, « Giants : Art from the Dean Collection of Swizz Beatz and Alicia Keys »Du 10 février au 7 juillet. 

ICP

Helen Levitt, New York, 1980. International Center of Photography, Purchase, with funds provided by the ICP Acquisitions Committee, 2008.
Helen Levitt, New York, 1980. © International Center of Photography

Depuis sa création en 1974, l’ICP collectionne des photos d’artistes bien connues comme Helen Levitt, Henri Cartier-Bresson, Robert Mapplethorpe, Gordon Parks pour n’en citer que quelques-uns. La collection comprend des images de photojournalistes, d’activistes, des photographies de mode, d’art… un beau mélange de genres et de techniques qui célèbre la culture de l’image. L’exposition « ICP at 50 From the collection 1845-2019 » réintroduit au public l’ampleur et la richesse des fonds de l’ICP, célébrant 50 ans d’évolution de la photographie. International Center of Photography, 79 Essex Street, « ICP at 50 From the collection 1845-2019 ». Jusqu’au 6 mai.

Neue Galerie

GUSTAV KLIMT, Park at Kammer Castle, 1909, oil on canvas. Neue Galerie New York. This work is part of the collection of Estée Lauder and was made available through the generosity of Estée Lauder.
Gustav Klimt, Park at Kammer Castle, 1909.. Neue Galerie New York. © Collection of Estée Lauder

Cette exposition majeure des représentations idylliques de Gustave Klimt présentera des peintures importantes réalisées alors que l’artiste étaient en vacances d’été dans la campagne autrichienne. Créées uniquement pour son propre plaisir, ces scènes bucoliques sont devenues parmi ses tableaux les plus recherchés et convoités par les collectionneurs. « Klimt Landscapes » présentera les œuvres maîtresses des fonds de la collection de la Neue Galerie New York, ainsi que des pièces prêtées par des musées et des collectionneurs privés européens et américains. Cette exposition permet de situer l’artiste dans un contexte plus général de son œuvre – son tableau le plus connu du grand public étant « La femme en or », portrait d’Adèle Bloch Bauer – et nous donne l’occasion de retourner dans l’un de nos musées préférés de New York. Neue Galerie, 1048 Fifth Avenue, « Klimt Landscapes ». Du 15 février au 6 mai. 

Noguchi Museum

Toshiko Takaezu with moons, 1979. Photo: Hiro. Toshiko Takaezu Archives. © Family of Toshiko Takaezu
Toshiko Takaezu with moons, 1979. Photo: Hiro. Toshiko Takaezu Archives. © Family of Toshiko Takaezu

Si, comme nous, vous aimez tout au Noguchi Museum – la collection permanente, les espaces et leur perspectives, le jardin si zen, la boutique -, vous allez avoir une raison de plus d’y retourner avec « Toshiko Takaezu: Worlds Within ». L’exposition temporaire et itinérante offre un portrait complet de la vie et de l’œuvre de l’artiste américain à travers quelque 200 œuvres provenant de collections privées et publiques à travers le pays. Après sa présentation au Noguchi Museum, l’exposition voyagera dans plusieurs autres lieux aux États-Unis. Sculptures en céramique, peintures, tissages acryliques, vidéos… tout y est pour nous permettre d’avoir, sous nos yeux, la plus large rétrospective du travail de Toshiko Takaezu. Bon plan à retenir : l’entrée est gratuite tous les premiers vendredi de chaque mois. Tickets ici
Noguchi Museum, 9-01 33rd Rd, Queens, « Toshiko Takaezu: Worlds Within ». Du 20 mars au 28 juillet. 

Fotografiska

Vivian Maier @Fotografiska New York
Vivian Maier. @Fotografiska New York

On avait particulièrement aimé l’exposition Vivian Maier du Musée du Luxembourg à Paris, cette artiste new-yorkaise légendaire de la Street Photography dont la vie est passée inaperçue dans le monde de l’art jusqu’en 2007 où son corpus photographique de plus de 120.000 pièces a été découvert. « Unseen » se concentre sur l’ensemble de son œuvre, du début des années 1950 au milieu des années 1980, à travers environ 200 tirages, vintage ou modernes, couleurs ou noir et blanc, films super 8 et bandes sonores. Une rétrospective offrant une vision complète de l’univers dense, riche et complexe de ces archives, un témoignage fascinant sur l’Amérique d’après-guerre. Fotografiska muséum, 281 Park Ave S, « Vivian Maier: Unseen »Du 31 mai à septembre. 

«Madame Pylinska et le secret de Chopin», le théâtre d’Éric-Emmanuel Schmitt à SF

Le romancier franco-belge Eric-Emmanuel Schmitt sera de retour au Théâtre du Lycée français le vendredi 1er mars pour interpréter « Madame Pylinska et le secret de Chopin ». En 2018, il avait déjà foulé ces mêmes planches et ravi le public francophone avec une autre de ses œuvres, « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ».

Œuvre autobiographique, « Madame Pylinska et le secret de Chopin » raconte les leçons de piano dispensées par la tyrannique Madame Pylinska au jeune Eric-Emmanuel, alors étudiant. L’écrivain mélomane essaie de percer les secrets du pianiste polonais en suivant l’enseignement peu conventionnel d’une professeur de piano qui aime se coucher sous son instrument ou écouter le silence. 

Eric-Emmanuel Schmitt interprète les deux personnages avec maestria, accompagné au piano par Nicolas Stavy. Il ne reste que quelques places (billets ici) pour ce spectacle qui devrait se jouer à guichets fermés.  

Arnaud Demanche: «Être sur scène, un plaisir de rock star»

Sweat à capuche, mèches longues et rangées de bracelets au poignet, son look d’éternel ado et son humour cinglant détonnent, tous les matins, sur le plateau de RMC, au milieu des chroniqueurs en cravate d’Apolline de Malesherbes. Resté enfant dans l’âme, Arnaud Demanche s’apprête à réaliser « un rêve de gosse » en se produisant aux États-Unis pour la toute première fois.

Grâce à la jeune association French Talent USA (dont French Morning vous parlait ici) l’humoriste de 41 ans donnera trois représentations de son one-man show « Faut qu’on parle » en Californie. Le Versaillais fera rire les expats le lundi 12 février sur la scène du Guild Theater de Menlo Park (complet), le mardi 13 février au Brava Theater de San Francisco (des places sont encore à saisir ici) et le jeudi 15 février au Laugh Factory Hollywood, à Los Angeles (il reste des places ici). 

Des liens forts avec les États-Unis

« Je suis surexcité, confie-t-il à French Morning. Quasiment depuis mes deux ans, je fantasme sur les US. Aujourd’hui, je touche un peu du doigt ce truc-là. J’ai l’impression d’être une petite jeune fille de Caroline du Sud qui arrive avec des rêves pleins la tête à Hollywood ! » s’amuse-t-il. Il faut dire que sa love story avec les États-Unis, où il va régulièrement, ne date pas d’hier. « Ma grand-mère est américaine, rappelle le chroniqueur. J’ai grandi avec le côté mythique des US. C’était le début des séries américaines où tout le monde avait l’air cool : Magnum, MacGyver… Ça donnait envie de leur ressembler. Très vite, j’ai voulu y aller. »

Et si sa carrière a démarré il y a 20 ans à la télé, où il prend toujours autant de plaisir à dézinguer l’actualité, c’est en visionnant du stand-up américain sur Netflix, avec des humoristes comme Bill Burr, qu’il a le déclic sur scène. En 2015, son premier one-man show parlait d’ailleurs d’un humoriste débutant désireux de faire carrière aux États-Unis… 

Contrairement à son personnage, Arnaud Demanche n’est plus un novice. Plus de 150 chroniques télé et radio, 11 ans d’écriture pour Nicolas Canteloup sur Europe 1, 200 millions de vues pour ses vidéos depuis la pandémie (à retrouver sur son compte Insta), une tournée de 46 dates en 2023 et 2024… « L’humour, c’est un muscle. C’est comme aller à la salle de sport, ça s’entretient », lâche celui qui a débuté les sketchs à l’âge de 3 ans et qui rêve aujourd’hui de remplir des Zéniths.

Aucun sujet tabou

« La chronique télé et radio, c’était le job de mes rêves. Ça fait 15 ans que j’en fait, et je ne me lasse pas de l’exercice. J’ai besoin du défi intellectuel d’être le premier sur une vanne, déroule-t-il. Le plaisir de la scène, lui, c’est le plaisir de la rock star. Jeff Ross dit que les humoristes sont des rock stars frustrées. Dans chaque stand-upper, un Michael Jackson sommeille ! »

Lancé en 2018, son spectacle « Faut qu’on parle » a évolué en même temps que lui. Depuis deux mois, il y est question de ses mésaventures aux États-Unis. Le fil rouge est resté le même : la liberté d’expression. « On me dit souvent : “Coluche ne pourrait plus dire ça !” Je ne crois pas que ce soit vrai, estime-t-il. Chaque époque a ses tabous ». Bataclan, Charlie Hebdo, politique, guerre, maladie, chômage… Arnaud Demanche ne s’interdit aucun sujet. À l’ère des réseaux sociaux, il a appris à encaisser les « milles messages d’insultes » qui fusent quand il s’attaque à certains totems (les chasseurs !).

En 2020, la pandémie l’a révélé autrement : « Les gens traversaient une épreuve, ils avaient besoin d’un gros câlin. J’ai fait des vidéos comme je fais des poutoux. » Via écrans interposés, il noue un lien profond avec sa communauté. « C’est comme ça qu’on s’est rencontrés avec mon public. Je me suis rendu compte que j’aimais trop ça, le contact avec les Internautes » relit-il. À la fin de ses spectacles, le stand-upper peut passer une heure à échanger avec son public. De quoi ravir ceux qui l’attendent en Californie.

Rencontres d’auteurs: Paris à l’honneur chez Albertine en février

La librairie française Albertine a conçu un joli programme, ces prochaines semaines, autour de Paris notamment, pour tous les amoureux des livres. Samedi 3 février à 3 pm, les fondateurs et directeurs de la maison de fragrance Astier de Villatte viendront présenter l’édition enrichie de leur livre, « Ma Vie à Paris ». Présenté sous forme de gros roman doré sur tranche, imprimé sur presses typographiques, ce bel ouvrage offre deux cent nouvelles adresses, des lieux modifiés, des mises à jour minutieuses de prix, d’horaires, d’ambiance, de décoration. Il est édité en français ou en anglais.

Le lundi 12 février à 6pm, c’est Mathias Enard qui viendra échanger avec ses lecteurs sous les dorures de l’hôtel particulier de la 5e avenue. L’auteur parlera de son dernière livre traduit en anglais, « Le Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs » (traduit par Frank Wyne, New Directions). Il échangera notamment avec le Prix Pulitzer Joshua Cohen.

Enfin, le jeudi 15 février à 6pm, Violaine Huisman, romancière mais également Directrice culturelle du FIAF, présentera son dernier roman, « Les Monuments de Paris » (Gallimard, 2024), qui s’intéresse de très près, comme son nom ne l’indique pas, à la mécanique à l’œuvre dans une famille, notamment autour des figures de son père et de son grand-père qui a participé, entre autres, à la création du Festival de Cannes dans l’entre deux-guerres.