Sean Lynch aime bien la montagne. Ca tombe bien. L’ancien directeur de la prestigieuse section américaine du Lycée international de Saint Germain-en-Laye devra s’accrocher pour franchir ce qui est peut-être le plus haut col de sa vie professionnelle : la direction du Lycée français de New York (LFNY).
Mr. Lynch effectuera en septembre sa première rentrée, en remplacement d’Yves Thézé. Il aura à gérer un établissement de 1.331 élèves et un corps professoral de 145 membres, avec une tradition d’excellence pédagogique qui attire toujours autant, 75 ans après sa fondation. Sur le plan stratégique, il sera confronté à plusieurs défis comme le remboursement de la dette contractée en 2003 à l’occasion de l’aménagement du campus de l’Upper East Side ou encore le débat toujours non tranché de la prise en charge par l’Etat des frais de scolarité des élèves du Lycée.
Sur le long terme, il devra définir la place du LFNY dans une ère où les options bilingues gratuites se multiplient à New York et sa région. « Je dois à la communauté française de m’inscrire dans la continuité de cette illustre histoire, promet Sean Lynch. Notre mission est l’excellence scolaire, l’ouverture au monde et l’enseignement de la citoyenneté mondiale, et l’équibilibre personnel, émotionnel et social de nos élèves. »
L’excellence, ce Franco-américain connaît. Yale, Oxford, Sciences Po Paris et la Harvard Business School : le parcours de Sean Lynch ressemble fort à celui d’un premier de la classe. Il grandit dans une famille d’enseignants. « Mon père était universitaire. Ma mère professeur de littérature ». Ses frères, sa soeur et sa femme enseignent aussi. « J’ai occupé tous les postes dans le monde de l’enseignement : éducateur, conseiller en université, animateur de club… » Il ajoute : « Je suis profondément enseignant ». En 1996, il prend la direction de la section américaine du Lycée international de Saint Germain-en-Laye, où il fut élève aussi. Il a à sa charge quelques « 700 élèves » rattachés à un établissement de 3.000. L’aventure dure quinze ans.
Ses années auront sans doute forgé sa philosophie : si révolution il y a, elle sera tranquille. Il dit vouloir inscrire le LFNY dans un monde qui change, où les nouvelles technologies et les réseaux sociaux créent une nouvelle citoyenneté et de nouveaux modes de pensées. Il veut encourager la créativité des élèves. Ouvrir le lycée en lançant des projets communautaires à New York mais aussi dans d’autres pays. Travailler avec les écoles publiques de la ville qui proposent des programmes bilingues français-anglais. Pour lui, hors de question de jouer perso. « Le leadership, c’est avoir de bonnes valeurs et mettre en valeur l’élève. A partir du moment où l’on a les bonnes priorités, on peut fédérer tout le monde. La priorité de n’importe quel leader est de ne jamais oublier que nous sommes au service des élèves. » Il poursuit : « Je veux me mettre à l’écoute des élèves, du personnel enseignant et administratif, les parents d’élèves, et travailler avec le conseil d’administration. »
En plus des corps précités, il écoutera aussi le gouvernement français qui n’a toujours pas tranché l’épineuse question du maintien de la prise en charge des frais d’inscriptions des lycéens du réseau des établissements français à l’étranger. Depuis plusieurs années, des rapports d’élus critiquent la mesure mise en place par Nicolas Sarkozy en 2007. La gratuité ne concerne et donc n’avantage que les familles françaises, au détriment du brassage culturel, disent-ils. En outre, Le Parisien a indiqué début août qu’elle aurait coûté 33 millions d’euros à l’Agence française de l’enseignement à l’étranger (AEFE) en 2010, l’agence publique qui chapeaute un réseau de 470 établissements scolaires français dans le monde. Dans ce débat, Mr Lynch laisse au gouvernement le soin de trancher. « Ce qui m’importe, c’est de pouvoir offrir à nos élèves l’enseignement le plus complet possible et pouvoir maintenir la plus grande diversité » dans les salles de classe. Rappelons que les effectifs du LFNY sont composés à parts quasiment égales d’élèves français (33.5%), franco-américains (32%) et américains (28%) et de 6.5% d’enfants d’autres nationalités.
Les élèves, il entend les connaître tous individuellement. Il promet de se rendre dans toutes les salles de classe, sur les terrains de sport et à leurs activités. Mieux vaut connaître ses camarades de cordée. Cela facilite l’ascension.
Photo: Sean Lynch au LFNY – Crédit: Alexis Buisson
Sean Lynch, un proviseur à l’écoute
Les stations fantômes du subway new-yorkais
– L’ancienne station de City Hall (ligne 6): Autrefois, les conducteurs de la ligne 6 demandaient aux usagers de descendre du train au terminus. Plus maintenant. Si vous restez à bord du train au-delà de Brooklyn Bridge, il vous transportera dans un autre monde. L’ancienne station City Hall était en service de 1904 à 1945. Ses somptueuses arches, ses murs de tuiles, ses verrières, lustres et ornements métalliques rappellent qu’elle était conçue pour être une vitrine du subway new-yorkais au début du 20eme siècle. Cette station secrète tout à fait étonnante se trouve dans une boucle qui permet aux trains en direction de Downtown de se rediriger vers le Bronx dans le nord.
– Worth Street (lignes 4, 5, 6) : Entre les stations Canal Street et City Hall, il suffit de regarder par la fenêtre pour apercevoir cette station fantôme, qui faisait partie de la première ligne de subway. La lettre « W » pour Worth Street orne toujours les murs de la station, en partie recouverts de graffitis. Elle était en service de 1904 à 1962.
– 18th Street (ligne 6) : Entre les arrêts 14th Street et 23th Street se trouve la station18th Street. Ses deux quais sont visibles en regardant à travers la vitre du train. Au début du 20eme siècle, cette station était reliée à un tramway en surface qui faisait l’aller-retour entre Broadway et l’Avenue A, dans le quartier d’Alphabet City. Elle a été fermée en 1948 après la mise en service du train express à la 14eme rue.
– 91th Street (ligne 1) : La station 91eme rue a disparu des plans, mais elle reste visible depuis le train. Conçue pour des trains à cinq wagons, la station n’a pas survécu à l’extension de l’arrêt 96th Street à la 94eme rue dans les années 50. Pendant cette décennie, la MTA a décidé d’allonger ses trains à dix wagons. Les quais aussi. Avec un autre quai à seulement trois rues, le gestionnaire des transports ne voyait plus l’utilité de maintenir l’arrêt.
– Le niveau secret de 42nd Street (A, C, E) : il est facile de passer à côté des joyaux de la 42eme rue dans le dédale des couloirs de la méga-station. Le secret le mieux gardé du lieu est une plateforme inutilisée sous le niveau supérieur du quai du train local en direction de Downtown. La station a été construite en 1932 mais elle a céssé d’être utilisée en 1981. La raison de la construction de ce niveau est obscure. L’une, avancée sur le site du metro new-yorkais, est que la station bloquait la possible extension de la ligne 7, dont les butoirs sont adossés au mur de la station abandonnée, au moment où les deux lignes étaient gérées par des sociétés privées concurrentes. Le niveau n’est plus accessible aujourd’hui.
Photo: l’ancienne station City Hall – crédit: Fred Guenther
Nafissatou Diallo poursuit DSK au civil
L’avocat de la victime présumée de DSK, Kenneth Thompson, l’avait annoncé fin juillet, il l’a fait lundi: il a déposé au nom de sa cliente Nafissatou Diallo une plainte contre Dominique Strauss-Kahn devant la justice civile de New York. A la différence de la procédure pénale, en cours actuellement à Manhattan, le dossier sera suivi par la Cour suprême du Bronx, où la femme de chambre réside.
“Pensant bénéficier de l’immunité, le défendant Strauss-Kahn a intentionnellement, brutalement et violemment agressé sexuellement Mme Diallo et ce faisant humilié, dégradé, abusé d’elle et privé MmeDiallo de sa dignité de femme”, conclut la plainte, qui égraine le déroulé des faits tels que Nafissatou Diallo dit les avoir vécus et fait état de la détresse emotionelle dont sont victimes la femme de chambre et sa fille depuis le début de l’affaire.
La procédure qui s’enclenche désormais dans le Bronx est indépendante de celle qui se tient actuellement devant la Cour suprême de Manhattan et qui apparaît fragilisée après les mensonges de la femme de chambre sur son passé.
La procédure au civil vise, elle, à obtenir des dédommagements financiers. Ces derniers se chiffrent parfois en centaines de milliers de dollars. Dans le cadre d’une telle procédure, le standard de preuve requis pour la condamnation d’un accusé d’agression sexuelle est moins élevé qu’au pénal. Au civil, l’accusation doit simplement établir la possibilité que l’accusé à commis les faits qui lui sont reprochés (prépondérance de la preuve) alors qu’au pénal, la culpabilité doit être prouvée au delà de “tout doute raisonnable”. Dominique Strauss-Kahn n’est pas obligé d’etre physiquement présent lors des auditions.
Photo: Nafissatou Diallo lors d’une conférence de presse le 28 juillet à Brooklyn – crédit: Cécile Grégoriadès
L'exposition Harry Potter ensorcelle Times Square
L’aventure continue pour les aficionados, déjà nostalgiques, de la saga Harry Potter. Sur plus de 1.300m², l’immersion dans l’univers fantastique de J.K Rowling est totale au Discovery Times Square, la salle qui accueille jusqu’au 5 septembre l’exposition à succès « Harry Potter: The Exhibition ». Moldus petits et grands pourront y renouer avec le vocabulaire délicieux de la saga (beuglante, plume à Papote, Rapeltout, Cognard fou…) et admirer le souci du détail des costumes des héros, des professeurs et des ennemis d’Harry Potter. Les nombreuses baguettes magiques utilisées dans le film et d’autres objets aussi originaux que fantaisistes sont également exposés. Tous les items (décors mis à part) sont des originaux fraichement debarqués des studios de la Warner.
Chaque salle de l’exposition est consacrée à un thème du film, parmi lesquels le Quidditch, les Forces du Mal, et le Grand bal de Noël. La chaumière de Hagrid, reconstituée pour l’occasion, est particulièrement étonnante de réalisme. Les visiteurs s’amusent en voyant la taille des vêtements et du fauteuil du géant. Tous les objets présents sont accompagnés d’un panneau descriptif expliquant, avec précision, dans quel épisode ils apparaissent.
L’exposition est d’autant plus originale que le public est invité, à plusieurs reprises, à participer. L’occasion de prendre part à l’aventure en arrachant les racines d’une mandragore pour subir leurs cris stridents, de marquer quelques points dans une partie de Quidditch improvisée, ou encore, de faire le test du choixpeau magique pour découvrir à quelle école vous êtes destiné. Avec les musiques du film en fond, l’atmosphère de la saga est fidèlement reconstituée tout au long de l’heure qu’il vous faudra pour parcourir l’exposition. La visite de celle-ci rendra certainement nostalgique certains mais donnera surtout l’envie de revoir tous les épisodes dans la foulée et de ressortir les anciens bouquins de sortilèges pour vous exercer à faire un Alohomora suivi d’un Petrificus Totalus. Après New York, l’exhibition s’exportera dans d’autres villes à travers le monde. Prochaine étape : l’Australie dès novembre.
« Harry Potter The Exhibition » à Discovery Times Square (226 West 44th Street) – 866 987-9692.www.discoveryts.com. Jusqu’au 5 septembre – $26 pour les adultes, $23.50 pour les seniors (65 et +) et $19.50 pour les enfants (4-12), gratuit pour les moins de 4 ans.
Le Dîner en Blanc arrive à New York, mais où ?
14.000. C’est le nombre de personnes que le Dîner en Blanc a réussi à réunir à Paris. Créé en 1988 par François Pasquier, l’événement pourrait se définir comme un “rallye pique-nique”, une petite dose de folie en plus. Dans un lieu tenu secret jusqu’à la dernière minute, une cohorte d’invités triés sur le volet (principalement des amis des organisateurs) et tout de blanc vêtus se réunissent pour partager le foie gras et le champagne qu’ils ont eux-mêmes apportés. La préfecture n’est généralement pas au courant, ce qui n’a pas empêché le Dîner en Blanc d’investir des lieux comme le Champ de Mars, le Trocadéro ou encore le Carrousel du Louvre. Car le Dîner en Blanc, c’est le bon élève des flash mobs : à la fin, chacun reprend ses tables, bougies et provisions et époussette son emplacement pour que la soirée garde sa part d’éphémère.
« C’est une tranche irréelle au milieu du quotidien » explique Aymeric Pasquier, le fils du fondateur qui a désormais repris les rênes et internationalisé l’organisation. Seulement, bien sûr, impossible de le faire à la française à New York. Ici, on ne rigole pas avec la loi, d’autant plus s’il s’agit de boire de l’alcool sur la voie publique. Il n’est donc pas encore sûr que le champagne pourra couler à flot, mais “il va falloir faire bonne impression” confie Alexandra Simoes, directrice du Lyceum Kennedy situé Midtown. “C’est une initiation à une belle tradition. New York va servir d’exemple et peut-être permettre d’étendre ça dans tous les pays”, s’enthousiasme-t-elle. Les New Yorkais seront en tout cas au rendez-vous. Jeudi 4 août, plus de 28.000 personnes se trouvaient déjà sur la liste d’attente selon Aymeric Pasquier. Un engouement prononcé que ce dernier explique : “les Américains sont beaucoup plus réactifs”.
Lieu tenu secret
Malheureusement, l’édition de cette année ne permettra qu’à 1.000 chanceux de découvrir l’art de vivre à la française, dont environ 200 issus de la liste d’attente. Et la question qui brûle les lèvres des potentiels happy few est : mais où cela va t-il se dérouler ? Central Park vient immédiatement à l’esprit.
French Morning soumet l’idée à un spécialiste : “Je ne pense pas que Central Park leur soit favorable. Jamais personne n’a réussi à y retrouver un ami. Il n’y a pas de panneaux indicateurs” affirme Samuel Guedj, fondateur de l’agence d’événementiel Sam n’ Jo. Première idée avortée. “D’autres parcs comme Madison Square Park sont très jolis mais je pense que la partie bétonnée pour la stabilité des chaises et des tables est indispensable.” Le suspens devient insoutenable à la rédaction de French Morning. Après un brainstorming collectif, nous avons également pensé à l’île du Gouverneur, au sud de Manhattan, ou encore à une des nombreuses “pier” qui se jettent dans la Hudson.”Je pense qu’ils finiront sur Union Square qui a une image de marque de prestige, qui est facile d’accès et vaste”, poursuit Samuel Guedj. Du côté des organisateurs, c’est motus et bouche cousue : “Je ne vous dirai rien” assène Aymeric Pasquier en riant.
Rendez-vous le 25 août pour découvrir le lieu mystère. Si vous vous trouvez sur la liste d’attente, tenez vous prêt le 12 à 14h pour vous inscrire : premier arrivé, premier servi. La soirée se terminera à 11h, ce qui est relativement tôt. “La frustration laisse des souvenirs inoubliables” conclut Aymeric Pasquier, malicieux.
Une New Yorkaise menace Marion Cotillard sur le web
La popularité grandissante de Marion Cotillard aux Etats-Unis ne lui fait pas que des amis. Jeudi dernier, la cour fédérale de Brooklyn a remis en liberté contre une caution de 50.000 dollars en garanties une femme du Queens accusée d’avoir posté des messages et des vidéos menaçants contre l’actrice française sur un site de fans du New Jersey. Dans l’une de ses vidéos, Teresa « Terri » Yuan, arrêtée par le FBI après que le gestionnaire du site ait donné l’alerte, aurait dit connaître l’emploi du temps de la star et signifié son intention de la rencontrer.
« Après que cela se sera passé, je n’aurai aucun regret. C’est apparemment ce qu’on ressent quand on est un tueur, un meurtrier» aurait-elle dit dans un vidéo postée le 23 juillet, selon l’agence de presse Reuters.
Marion Cotillard s’est fait un nom aux Etats-Unis après son incarnation d’Edith Piaf dans « la Môme ». Depuis, elle a joué dans « Inception » avec Leonardo DiCaprio, « Public Enemies » avec Johnny Depp et plus récemment dans « Midnight in Paris », le film de Woody Allen. Marion Cotillard est en outre pressentie pour être à l’affiche du prochain Batman, « The Dark Knight Rises ».
Teresa Yuan a été libérée temporairement à condition qu’elle ne cherche pas à entrer en contact avec Marion Cotillard d’une manière ou d’une autre, et qu’elle ne s’approche ni de l’actrice, ni de sa famille. La date de la prochaine comparution de la « stalker » du Queens n’a pas été fixée.
Joséphine Ancelle au Bitter End
La chanteuse française Joséphine Ancelle fait son retour sur la scène mythique du Bitter End, la salle de concert de Bleecker Street qui a servi de tremplin à de nombreux talents de la chanson depuis son ouverture en 1961.
Bercée dans un univers musical depuis l’enfance, Joséphine quitte Paris pour poursuivre son rêve outre-Atlantique. Après Montréal, elle s’installe à New York, où elle multiplie les rencontres artistiques. Elle s’est déjà produite dans de nombreux clubs réputés comme Crash Mansion, Sidewalk Café ou encore The Living Room, pépinière à talents musicaux du Lower East Side. Le French Institute Alliance Française (FIAF) fait même appel à ses talents pour Bastille Day (le 14 juillet) organisé sur la 60eme rue de Manhattan. A 25 ans, elle a déjà sorti deux CD, “Unfinished Life” et “Les Je t’aime” qui lui ont valu les dithyrambes de la presse musicale de part et d’autre de l’Atlantique. Joséphine Ancelle est un espoir de la chanson internationale à découvrir de toute urgence si vous ne la connaissez pas.
Le concert fait partie de la série “New York SongCircle”, organisée par le Cercle new yorkais des chanteurs-compositeurs. Quatre autres musiciens joueront leurs compositions au cours de la soirée.
Joséphine Ancelle au Bitter End le lundi 15 août à 20h – 147 Bleecker Street (entre Thompson et LaGuardia) – 10 dollars à la porte. Pour plus d’informations, visiter le site de Joséphine Ancelle
Le site du Bitter End
Exposition intéractive à Cuchifritos Gallery
Connu pour avoir intenté un procès au Centre Georges Pompidou pour manque de transparence, l’artiste français Fred Forest établit ses quartiers à New York pour diffuser sa vision de l’art contemporain. Première manifestation, “Flux et reflux : la caverne d’internet“. Une action complexe qui fait référence à la critique platonicienne de la société du spectacle. Internet et ses images sont ici ciblés grâce à un dispositif qui met en relation des internautes du monde entier avec les oeuvres présentes dans la galerie, en l’occurrence des vidéos. Celles-ci sont commentées en temps réel. Le visiteur est invité à devenir membre d’un film en permanente évolution.
Cuchifritos Gallery : 120 Essex Street, New York, NY 10002. Visible du 6 au 24 août. www.flux-et-reflux.net
Je ne me sens plus chez moi en France
« Je suis complètement à court d’excuses, je n’ai plus le choix, il va falloir y aller ». Il se tient en face de moi, les épaules voûtées, le regard résigné, prêt à monter à l’échafaud.
Jean est perdu, comme au premier jour de notre collaboration, il y a quatre mois. Il était venu me voir pour que je l’accompagne dans sa nouvelle aventure, un business de produits de beauté qu’il lance avec un ami. Notre collaboration a été un succès, il n’a plus besoin de mes services, il sait tirer parti des outils que l’on a découverts ensemble. J’essaie de le secouer, de rire même de son nouveau dilemme, mais je réalise très vite que c’est plus sérieux que cela en a l’air. Il n’est pas retourné en France depuis des années et la perspective de se retrouver là-bas, en famille cet été, le paralyse.
Je le connais bien, il a non seulement besoin d’être écouté, il lui faut aussi être entendu. Je le laisse parler en le recentrant de temps en temps s’il se noie dans ses propres mots. Un coach ne doit pas se laisser embarquer dans l’histoire de son client. Ce n’est pas ce qu’il dit qui est important, mais ce qu’il ne dit pas. « J’ai toujours réussi à trouver un prétexte pour ne pas revenir. Cinq ans de suite, je suis assez fier de moi ».
Il fait le malin, je ne réagis pas. « Cette fois-ci, mes deux nièces, Alice et Anne, ont décidé de se marier le même jour. Je les adore et je ne peux pas dire non ». Quel est le problème ? Jean aimerait passer seulement quelques jours, mais sa proche famille insiste pour qu’il reste une semaine de plus. « Pour eux, c’est le retour de l’enfant prodige. Ils ne savent pas la moitié de ma vie, ce que je suis devenu et qui je suis réellement ».
Il faut savoir l’écouter sans jugement, juste par curiosité, pour l’aider à discerner où le bât blesse vraiment. Le laisser déblatérer contre le pays qui l’a vu naître fait partie du processus. « La mentalité des gens est étriquée, rien ne bouge, les politiciens sont les mêmes que lorsque j’avais dix ans. Être en France, c’est comme être dans un musée ». Quoi d’autre ? Plus il vide son sac, plus il s’aperçoit qu’a force de se mentir, il a oublié les vraies raisons de son isolement familial qui aujourd’hui l’empêche d’avancer. « Les grèves de métro, la taille des voitures, les vestes de couleurs pour les hommes, le manque de déodorant et leur façon de parler, près de vous et en murmurant, m’agacent au plus haut point ». Ces détails ne sont que la résultante de son vrai dilemme. « Oui, tu as raison Nicolas. Ce sont des broutilles qui m’ont toujours ennuyées, même lorsque je vivais, heureux, à Paris ».
Je lui demande de réfléchir plus profondément sur la vraie source de son dégoût. Le but est d’étirer son cerveau, de lui faire voir d’autres limites, de lui éclaircir le chemin. Il prend son temps et respire un grand coup. « Là-bas, ce n’est plus chez moi alors qu’en vrai, ça l’est ». Ah enfin, nous y voilà !
« C’est dans mes gènes, je le sens bien. Je suis Français même si après quinze ans passés ici, je me considère Américain ». Je le laisse apprécier cette re-découverte de lui, puis romps le silence qui s’est installé entre nous pour lui demander quel serait le scénario idéal. « Être bien et arrêter de me poser ces questions stupides ». Et encore ? « Faire la paix, aimer où je vis et aimer d’où je viens ». Il n’a aucune idée comment y parvenir. S’il a osé se lancer dans la création de sa propre entreprise, c’est parce qu’il est arrivé à débloquer des freins qu’il trimballait depuis toujours. Il y a bien un ingrédient qu’il a utilisé à l’époque dont il peut se servir maintenant ? « L’honnêteté ». Tiens, je ne m’attendais pas à ça. Qu’il s’explique. « Je reporte la faute sur tout et tout le monde au lieu de me regarder dans la glace. Concernant mon travail, j’ai eu le courage avec ton aide de faire face à mes peurs, à mon talent et à mes envies. Je ne me suis plus caché, ce fut mon coming out professionnel ».
Manu est en plein coaching, c’est lui qui a ouvert les vannes. Je m’y engouffre, sans pudeur. De quoi te caches-tu ? « Je suis parti pour leur prouver que je pouvais le faire. Je crois bien que j’ai attendu tout ce temps car je voulais être sur de leur montrer quelqu’un à l’opposé de celui qu’ils connaissent ». Tu ne peux pas continuer comme cela, quelles sont tes options ? « Je n’en ai qu’une. Ne plus prétendre ».
Jean vient de saisir qu’il ne peut se sentir à l’aise chez lui, là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique, que s’il se sent à l’aise avec lui-même, ici. Les autres n’ont rien à voir dans son histoire. L’expert de sa vie, c’est lui. Il nous a fallu quelques séances pour mettre à plat les vérités qu’il camouflait sous des allures de fils indigne et désabusé. Ils ne savent pas grand-chose de lui car il ne leur a rien dit, sur ses doutes du début, ses nuits blanches, ses espoirs et ses succès. « Ce n’est pas très sympa de ma part de leur reprocher de ne pas me connaître ». Ont-ils envie d’en savoir plus sur toi ? Il en est certain. Qu’est-ce qui t’en empêche alors ? « Rien, vraiment rien. Quel temps de perdu ! J’ai envie de partager avec eux ce que j’ai vécu et ce que je deviens. Leur tourner le dos n’a fait qu’empirer les choses. C’est à moi de leur faire face. S’ils le prennent bien, tant mieux. Dans le cas contraire, tant pis pour eux ». Le ton de sa voix est légèrement dramatique. Il y a quelque chose qu’il ne veut pas me dire. C’est mon rôle de le pousser jusqu’au bout de son raisonnement pour que je puisse lui confirmer plus tard s’il a atteint pleinement son but. « Mon partenaire dans le business est aussi mon partenaire dans la vie. ».
Lorsque j’ai revu Jean, il était tout bronzé. « Nous avons rajouté une semaine de plus à notre séjour tellement c’était bien ». Nous ? Et oui, il est bien parti en France accompagné de Robin, son petit copain depuis trois ans. Généralement, la réponse à ce qui nous bloque dans une situation donnée n’est pas celle dont on se gargarise encore et encore. Elle est souvent juste au bout de notre nez. Jean vient d’en faire l’expérience. « Maintenant, chez moi c’est non seulement chez moi, mais c’est aussi chez lui. Et ça, ça change tout ! ».
Pour en savoir plus sur ce qu’est le coaching avec Nicolas Serres-Cousiné, visitez www.monlifecoach.com
Journées sans voiture sur Park Avenue
L’opération s’appelle Summer Streets. Elle se déroule chaque année depuis quatre ans sous le giron du Département des Transports new yorkais. Tout au long du parcours, les visiteurs de 7 à 77 ans pourront participer à diverses activités, dont un atelier de sculpture sur sable ou de préparation de guacamole (pour une liste complète des activités, cliquer ici).
Si des espaces détentes seront installés à plusieurs intersections, le Département des Transports préconise de s’armer d’une bouteille d’eau et de crème solaire. Il recommande également aux piétons de faire attention aux cyclistes, qui, traditionnellement, se déplacent en nombre pour l’événement.
Visiter le site de Summer Streets ici