Sami Ameziane est la star montante des comiques français et l’un des rares à être capable de se produire dans les clubs de “stand up” new-yorkais. Nous vous racontions récemment son aventure américaine. La voici en images.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=9uIN0j_VNok]
La balade new-yorkaise du Comte de Bouderbala
Débat sur la cartographie et la littérature
Quatre auteurs franco-américains participeront ce jeudi 3 février, à un débat intitulé « Starting from here : Every Place Tells a Story », organisé par le magazine Bookforum et la Villa Gillet (Lyon). Seront présents : Reif Larsen, auteur du best-seller du New York Times « The Selected Works of T.S Spivet » (NiL éditions, 2010) ; Michel Lussault, géographe et président de l’Université de Lyon ; Peter Turchi, écrivain et cartographe, auteur de « Maps of the Imagination : The Writer as Cartographer » (Paperback édition, 2007) ; Philippe Vasset, journaliste et écrivain français, diplômé en géographie, en philosophie et en relations internationales. Il est lauréat du prix Jeune écrivain en 1993.
Philippe Vasset a créé avec deux artistes “l’Atelier de géographie parallèle”, un collectif qui cherche à ouvrir de nouvelles perspectives à la géographie. Il est l’auteur d’ « Un livre blanc. Récit avec cartes » (Editions Fayard, 2007). Pendant un an, il est parti voir ce qui se cache dans les zones laissées en blanc, qui émaillent la carte IGN de l’Ile-de-France. Quel est ce réel que les cartographes n’ont pas su ou voulu représenter ? Quelles histoires recèle-t-il ? C’est tout l’objet de ce débat « Starting from here : Every Place Tells a Story », qui sera animé par Albert Mobilio, rédacteur en chef de Bookforum .
“Starting from Here : Every Place Tells a Story”
Quand : Jeudi 3 février, à 19h30
Où : Le Skyroom @ FIAF – 22 E 60th Street (entre Park et Madison Avenues)
Tarif : $10 pour les membres de la FIAF, $15 pour les non-membres,$10 pour les étudiants
Achetez vos tickets ici ou par téléphone au 800 982 2787.
Guy Wildenstein renonce aux législatives
Malgré sa discrétion publique sur le sujet, les militants new-yorkais de l’UMP n’avaient aucun doute: Guy Wildenstein serait le candidat du parti de la majorité présidentielle pour 2012 dans la circonscription couvrant le Canada et l’Amérique du Nord (pour la première fois en 2012, les Français de l’étranger éliront des députés). Le marchand d’art n’avait d’ailleurs pas caché son ambition auprès des instances de l’UMP à Paris qui, en raison de son amitié avec Nicolas Sarkozy et de sa générosité envers le parti, considéraient son investiture comme une formalité. Seulement voilà: les déboires judiciaires et fiscaux du célèbre marchand d’art sont passés par là et, selon des sources de l’UMP citées par l’hebdomadaire Le Point, Guy Wildenstein a renoncé “pour ne pas nuire à Nicolas et au parti”.
Guy Wildenstein n’a pas souhaité répondre au Point qui revient longuement sur ses déboires fiscaux et judiciaires, consécutifs à la longue procédure qui a opposé Guy et son frère Alec à la seconde épouse de leur père défunt, Sylvia Roth. Elle-même décédée le 13 novembre dernier, elle accusait les deux fils de son mari, Daniel Wildenstein, d’avoir cherché à la flouer au moment de l’heritage en dissimulant des trusts localisés à l’étranger. Elle avait porté plainte pour “abus de confiance” et “blanchiment”. Son décés n’a pas interrompu l’enquête judiciaire.
C’est sur cette enquête que revient Le Point dans son édition datée du 3 février. L’hebdomadaire détaille les montages fiscaux inventifs qui ont permis aux Wildenstein de se soustraire au fisc français. Mais il révèle surtout une affaire plus encombrante encore: au cours de cette enquête, les policiers de l’Office central pour la lutte contre le trafic de biens cultuels (OCBC) ont découvert dans les locaux de l’Institut Wildenstein à Paris une trentaine d’oeuvres qui étaient enregistrées comme volées ou disparues. Une information judiciaire pour recel a été ouverte. L’affaire ne fait que commencer, mais elle a d’ores et déjà eu raison des ambitions politiques de Guy Wildenstein. En lieu et place du “candidat légitime” désormais écarté, l’UMP s’apprête à désigner Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, ex expatriée à Chicago.
Matisse, illustrateur de poésies
Facette moins connue de l’oeuvre du chef de file du fauvisme, ses illustrations de livres. En particulier de poésie. Henri Matisse a mis en images les vers de Ronsard et de Stéphane Mallarmé. Et ce, loin de sa folie des couleurs, dans une sobriété extrême au trait de crayon minimaliste. C’est ce que fait découvrir l’exposition du musée de Forest Lawn, intitulée « Henri Matisse, a celebration of French poets and poetry ».
«Dessiner consiste à rendre la précision d’une pensée», disait le natif du Cateau-Cambrésis, dans le nord de la France. Surtout, opéré en 1941 suite à un cancer, il est quasi alité, ou se déplace en fauteuil roulant. La logistique que requiert la peinture à l’huile devient donc pesante. L’éditeur d’art Albert Skira lui passe alors cette commande et, en 1948, est publié le Florilège des amours, de Ronsard, illustré par 126 lithographies à la sanguine.
Matisse fait lui-même une sélection de poèmes de cette œuvre lyrique du XVIème siècle, qui lui permettent de représenter ses objets de prédilection : des portraits, des nus, des fleurs et des scènes de mythologie. On y croise ainsi Dionysos, Cupidon ou encore des nymphes innocentes. Ronsard y est même dépeint en Cupidon (ou Eros en Grec, dieu de l’amour), barbu et couronné de lauriers sur la tête, car c’est bien en amoureux romantique qu’il apparaît dans ce recueil de sonnets. Ainsi va l’Epitaphe de Marie (sa maîtresse qui vient de mourir) : « Maintenant tu es vive, et je suis mort d’ennuy. / Ha, siècle malheureux ! malheureux est celuy / qui s’abuse d’Amour, et qui se fie au Monde. »
Mais Matisse s’est mis bien plus tôt au dessin et à l’illustration. C’est en 1930 que ce même M. Skira lui demande de dessiner sur les Poésies de Stéphane Mallarmé (symboliste du 19ème siècle). Il s’agit cette fois de gravures au trait fin noir. Matisse rentre alors d’un long séjour à Tahiti, influence qui transparaît dans certains de ses dessins, notamment dans la vue d’une chambre d’hôtel à Papeete.
Evidemment, ce ne sont pas les peintures impressionnantes qui ont provoqué la célébrité de Matisse, mais pour les inconsolables de l’huile, ne pas manquer, dans la pièce arrière du musée, un petit chef d’oeuvre français bien caché : « La Vierge aux anges », de William Bouguereau.
Du 28 janvier au 8 mai, gratuit. 1712 South Glendale Ave, Glendale.
Jean-Louis Etienne, infatigable explorateur
Le Tarnais Jean-Louis Etienne a participé à de nombreuses expéditions en Himalaya, au Groenland, en Patagonie, ainsi qu’à la course du monde à la voile sur Pen Duick VI avec Eric Tabarly.
Il a commencé ses premières conférences après cette course du monde avec Eric Tabarly, et s’attache à trouver les mots simples pour expliquer les phénomènes complexes, tout en “transmettant aux autres l’envie de faire quelque chose de mieux de leur vie”. Jean-Louis Etienne sera présent au Lycée français, ce vendredi 4 février à 19h30.
En 1986, il est le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire, tirant de lui-même son traineau pendant 63 jours.
Entre 1989 et mars 1990, il est co-leader avec l’Américain Will Steger de l’expédition internationale Transantarctica et réussit en traîneaux à chiens la plus longue traversée de l’Antarctique jamais réalisée : 6300 km.
Infatigable défenseur de la planète, Jean-Louis Etienne mène entre 1990 et 1996 plusieurs expéditions à vocation pédagogique pour faire connaître les régions polaires et comprendre le rôle qu’elles jouent sur la vie et le climat. À bord du voilier polaire Antarctica, il part en 1991-1992 pour la Patagonie, la Géorgie du Sud et la péninsule Antarctique. En 1993-1994, c’est l’expédition au volcan Érébus, en 1995-1996, l’hivernage au Spitzberg.
Au printemps 2002, il s’engage dans la Mission Banquise, une dérive de trois mois sur la banquise du pôle Nord, à bord du Polar Observer pour un programme de recherche et d’informations sur le réchauffement climatique.
De décembre 2004 à avril 2005, il dirige une équipe de chercheurs du Muséum, de l’IRD, du CNRS pour effectuer un inventaire de la biodiversité et un état de l’environnement marin sur l’atoll français de Clipperton dans le Pacifique..
De janvier 2007 à janvier 2008, il fait construire un dirigeable pour traverser l’Arctique et mesurer l’épaisseur de la banquise. Après la destruction du dirigeable dans une tempête, l’expédition n’est pas repartie.
De septembre 2007 à octobre 2008 il est Directeur général de l’Institut Océanographique – Fondation Albert 1er, Prince de Monaco. Il a reçu de multiples récompenses (Légion d’Honneur, Ordre National du Mérite, ou médaille d’or de la Société de Géographie), il est l’auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages et a participé à de nombreux films et conférences.
Conférence Jean-Louis Etienne
Quand : Vendredi 5 février, à 19h30
Où : Théâtre Raymond Kabbaz, sur le campus du Lycée français – 10361 W. Pico Blvd, Los Angeles CA 90064
Pour participer, RSVP @ [email protected]
Le Miami Children's Museum fête le Nouvel An chinois
Cette année, la nouvelle année du calendrier chinois tombe le 3 Février ! Pour fêter cette année du Lapin qui commence, rendez-vous en famille ce jeudi à 15h30 au Children’s Museum. Au programme, une heure d’ateliers créatifs pour enfants, suivis d’une parade conduite par le dragon traditionnel !
Miami Children’s Museum
980 MacArthur Causeway
Miami, Florida 33132
Vizcaya en musique
Dimanche, les élèves du Coral Gables Congregational Church Community Arts Program (CGCC CAP) donneront un concert sur la terrace de la Villa Vizcaya
L’ensemble présentera un éclectique mélange de musique classique européenne et de jazz américain, en harmonie avec cet endroit paradisiaque, en plein coeur de Miami mais directement influencé par les traditions européennes.
Où ? Vizcaya Museum and Gardens – East Terrace, 3251 South Miami Avenue, Miami, Florida 33129
Quand ? Dimanche 6 Février de 15h à 16h
Combien ? Gratuit avec le billet d’entrée au musée.
Ateliers artistiques au MOCA
Samedi 5 Février de 14h à 16h
Creative Arts for Kids – “Japanime like Aya Takano”
$12 pour les membres, $18 pour les non-membres
Lundi 7 Février de 16h à 18h
“Fashion Design For Teens”
Gratuit
Nombre de places limité, RSVP nécessaire au 305 893 6211 ou à [email protected]
Joan Lehman Building
770 NE 125th Street,
North Miami, Florida 33161
Portes ouvertes à la NYFACS
Open House:
Samedi, 12 Février 10h – midi
Samedi 12 Mars 10h – midi
Samedi 26 Mars 10h – midi
New York French American Charter School
311 West 120th Street,
New York, NY, 10027
www.nyfacschool.net
Pourquoi les mères américaines le sont aussi…
Une Américaine, vivant dans un quartier avec une large communauté francophone, m’a dit un jour: « Les Français, on les reconnaît vite. À la piscine, ils arrivent les premiers, le matin, pour prendre les chaises longues, ils les regroupent dans un coin pour discuter entre eux toute la journée et ils sont les derniers à partir. Ce sont également les derniers à s’inscrire sur la liste des volontaires pour l’entretien des lieux… quand ils s’inscrivent ». Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Elle avait découvert notre “savoir-vivre” bien gaulois. Elle ne pouvait pas comprendre l’absence de réflexe à agir collectivement pour le bien-être de tous.
Mon précédent article sur “les mères françaises” a déclenché des commentaires parfois virulents. Preuve que nous sommes tous à la recherche du meilleur modèle pour élever nos enfants. Preuve surtout, qu’il n’y a pas de modèle. Mais nous, parents français immergés dans la culture américaine, avons une chance: nous pouvons profiter du meilleur des deux mondes. Comme l’a dit justement un commentateur de mon premier article: « il est beaucoup plus facile d’élever un enfant “à la française” aux États-Unis qu’en France (…) car, aux USA, il y a un environnement positif pour les enfants ». C’est avec cette phrase en tête que j’ai écrit ce nouvel article en tentant de souligner ce que j’aime tant dans l’éducation américaine ou, pour continuer sur le mode provocateur, “pourquoi les mères américaines sont supérieures” (c’est fou l’impact que peut avoir un titre de journal!). À partir de petits faits quotidiens, d’anecdotes véridiques, voici l’éducation “à l’américaine” telle que je la vis avec ma famille depuis 7 ans.
“Welcome!”
Avant notre départ de France, mon fils aîné était scolarisé en maternelle. À New York, il est entré en Pre-K (équivalent 2e année de maternelle) à l’école publique de notre quartier. Je suis passée d’un monde où les parents doivent lâcher leurs enfants à la porte des classes dès le 2e jour de la rentrée, à celui où les parents sont vivement invités à accompagner leurs enfants dans leur classroom et à penser, à la fin du premier trimestre, à écourter les “au revoir”. Je ne peux pas dire ce qui est le mieux pour les enfants – dans les deux cas mon fils pleurait au moment de la séparation – mais pour la mère, ce sentiment d’être bienvenue a fait – et fait encore – toute la différence. Il m’a aidé à intégrer mon nouvel environnement, à percevoir ce que mes enfants vivaient une grande partie de la journée. Ces quelques minutes passées dans les classes sont une excellente occasion de connaître les professeurs – un formidable “traquenard” car il est, du coup, plus difficile de leur refuser mon aide – et de rencontrer les autres mères…
WonderMoms
L’une de mes voisines, Jennifer, mère de 4 enfants, travaille à mi-temps chez General Electric, 3 jours par semaine. Ses 2 jours libres sont consacrés à l’école: réunions de PTO (Parent Teacher Organization), lecture dans les classes, animation d’ateliers. Elle prend des jours de congé pour la staff appreciation week (semaine durant laquelle les parents manifestent leur reconnaissance envers le personnel scolaire) et pour la célébration de fêtes en classe (Halloween, Thanksgiving, Hanoucca, Noël, Saint-Valentin… la liste est longue.). Son dévouement rend l’école bien plus vivante et il semble naturel. Même après plusieurs années de bénévolat au sein des établissements scolaires de mes enfants, je dois toujours me forcer un peu. Au fond, j’avais été habituée en France à ce que l’école fonctionne sans moi et c’était plutôt confortable.
Des Jennifer, j’en rencontre tous les jours. Ce sont ces mêmes WonderMoms que je retrouve, le week-end, en train de ramasser les ordures abandonnées dans les parcs et sur les plages, ou de repeindre les lampadaires tagués de leur quartier revêtues d’un tee-shirt “We love our street”. Elles sont bénévoles, soucieuses de leur environnement et initient leurs enfants au sens communautaire.
Community service
« À l’âge de 13 ans, j’ai planté une dizaine d’arbustes dans le square de ma ville. 40 ans plus tard, ils sont toujours là, ils sont devenus de grands arbres et forment un coin ombragé bien agréable dans la chaleur de l’été! ». Mon amie Regina, mère de 3 enfants, aime évoquer ses années de community services, ces “travaux d’intérêt général” qu’il vaut mieux traduire par heures de bénévolat. A partir de middle school (équivalent collège), tous les adolescents américains doivent donner de leur temps au service des autres: au sein de leur école, de leur association sportive, de leur lieu de culte… qu’importe, pourvu que leur action bénéficie à la communauté. Ça fait partie du programme pédagogique, c’est obligatoire pour entrer en high school (lycée) et pour poursuivre des études universitaires. Toutes les mères ont des souvenirs à partager avec leurs enfants et peuvent ainsi parler de participations concrètes au bien-être collectif. Elles ne racontent pas toujours tout (ma voisine Laureen m’a confié avoir gardé un profond dégoût de l’odeur d’éther depuis l’époque où sa mère la traînait dans les hôpitaux pour faire la lecture aux malades) mais je les ai toutes entendues reconnaître la nécessité de cette expérience dans leur éducation.
Je ne sais pas quoi répondre lorsque mes enfants me demandent ce que j’ai fait pour mon quartier. Ils me questionnent beaucoup sur le fonctionnement de ces community services qu’ils s’apprêtent à effectuer. Les jeunes Américains, eux, ne sont pas déroutés: ils ont vu faire leurs mères dès le berceau.
Le réflexe de solidarité
C’est dans un contexte particulièrement tragique que j’ai pu pleinement apprécier la solidarité à l’américaine. Nous vivions alors à Chicago. Une amie, mère française de deux enfants scolarisés dans l’école bilingue de notre quartier, est décédée des suites d’un cancer. La communauté francophone la connaissait bien et, unie, est venue soutenir la famille endeuillée. Chez les Américains, l’élan de solidarité fut instantané: en apprenant la nouvelle, les mères ont aussitôt offert de cuisiner à tour de rôle pour soulager le mari de la défunte. Ce dernier m’a avoué avoir reçu des plats de familles qu’il ne connaissait pas. Et cela a duré des mois.
J’ai – hélas – à nouveau vécu cette situation deux années plus tard dans notre quartier de Nouvelle-Angleterre. J’ai retrouvé cet élan d’entraide spontané autour de la famille plongée dans la peine. Je pense souvent à ce que je ferais si pareil cas se produisait en France. Offrirais-je spontanément mon aide à une famille que je ne connais pas? Mes enfants n’ont pas à se poser la question, ils ont définitivement acquis le réflexe de solidarité.
Est-ce caricatural? Sans aucun doute. L’éducation “à l’américaine” revêt encore bien d’autres aspects, d’autres valeurs, tout comme l’éducation “à la chinoise” ne se réduit pas à la formation de virtuoses et l’éducation “à la française” à l’apprentissage d’une attitude “polite and well-behaved”. Mais c’est l’Amérique que je vis et qui me nourrit. Un grand merci à toutes les mères américaines qui ont accepté de débattre sur nos différences au quotidien – avec souvent un sens aigu de l’autocritique – et qui continuent d’inviter mes enfants… avec le sourire!
La Soirée des Grands Crus en images
(Photo ci contre: Penn Badgley de Gossip Girl -au centre- avec ses amis).
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La grâce nostalgique de Nicole Renaud
Au printemps dernier, à la Maison Française de NYU où je vais souvent écouter des écrivains de passage et où se produisait exceptionnellement une chanteuse française vivant à New York, j’ai passé un moment de grâce nostalgique. Le spectacle de Nicole Renaud, Couleurs, allie la poésie de Prévert aux mélodies des vieilles chansons françaises et aux accents d’une voix que The New Yorker et The New York Times ont tous deux qualifiée d’”éthérée” et qui m’a rappelé Barbara. Elle le présente cette semaine au Theater Lab près de Union Square.
Troisième de quatre enfants, fille d’un ingénieur et d’une professeur de lettres qui ont senti le besoin de s’expatrier à la fin des années 60, Nicole, née en 1967, garde de son enfance algérienne au bord de la mer dans la ville d’Annaba un souvenir solaire. En 1975 sa famille rentre en France et s’installe à Jouy en Josas, une banlieue verte, puis déménage en 78 à Évreux, en Normandie. De ses années d’adolescence dans une province à l’esprit étriqué date son désir de partir. À Los Angeles où ses parents l’envoient dans un échange l’été de ses seize ans, elle découvre une légèreté, une liberté contrastant avec la lourdeur et le pessimisme français qui coupent les ailes du désir. En France on pense à l’avenir. En Californie on étudie ce qui fait plaisir. Bonne élève, elle passe son bac C en 1984 et, malgré son goût pour le théâtre, cède à la pression parentale: elle s’inscrit dans une fac de gestion, Dauphine, où des études à mi-temps lui permettent de suivre aussi des cours de théâtre.
Pendant plusieurs années elle s’assied sur les bancs du Petit Conservatoire de la chanson de Mireille, qui a formé la voix de chanteurs comme Françoise Hardy et Alain Souchon. Très timide, Nicole écoute les gens chanter. Quand elle commence elle-même à chanter des reprises– Jane Birkin, Brigitte Bardot–Mireille décrète qu’elle a peu de voix mais du caractère. Nicole Renaud prend des cours de chant d’opéra au Centre du Marais et persévère.
En 1989 elle débarque à New York grâce à une bourse d’échange entre Dauphine et Baruch College. Elle partage un studio sur la septième rue et l’avenue A dans East Village, dont elle appris en arrivant que c’était le quartier où il fallait vivre. À l’époque East Village est peuplé de drogués, mais aussi de musiciens. Il y a une vraie vie de quartier. Nicole y partage de nombreux appartements avant de trouver en 1995 l’appartement rent-controlled où elle habite encore aujourd’hui.
Après un retour à Paris et un stage de fin d’études dans une boîte de production de disques, elle repart à New York à l’été 91, sans plan précis, sachant seulement que la gestion n’est pas pour elle. Elle y reste. Elle étudie le chant avec une cantatrice québeccoise qui croit en elle, suit des cours de yoga Jivamukti quatre fois par semaine et, pour survivre, travaille comme serveuse trois soirs par semaine dans un restaurant suisse de la septième rue. C’est une vraie vie d’East Village, dans un New York défoncé où l’on peut s’en sortir avec peu de moyens. Un accordéoniste qui joue avec un groupe le dimanche au Roettele AG découvre que Nicole chante et lui propose de les accompagner. Elle apprend le vieux répertoire: Jane Birkin, Edith Piaf, Charles Trénet, Barbara… Un Français qui dîne un soir au restaurant l’entend chanter et l’embauche bientôt comme serveuse et chanteuse dans le restaurant qu’il vient d’ouvrir sur Saint-Mark Place, Jules. Chez Jules, elle rencontre un excellent accordéoniste russe avec qui elle s’associe. À force d’entendre des accordéonistes, hommes et femmes, elle se dit qu’il serait bien d’être indépendante. Un ami financier qui loge souvent chez elle à New York veut la remercier en lui offrant un piano. Nicole répond: un accordéon.
En 1998 elle part au Japon avec deux amis qui ont obtenu un travail pour un trio et qui lui demandent de se joindre à eux alors qu’elle ne sait pas encore jouer de l’accordéon! Elle apprend vite. Au retour du Japon, elle décide d’arrêter de travailler comme serveuse. Depuis cette époque, elle fait de la musique à temps plein. Elle chante pour des mariages avec des groupes de jazz, pour des soirées, dans des cafés, des restaurants: Luncheonette, Ciel Rouge, le Bar Russe, le café “Pick me up.”
En 2000, elle commence à sentir la nostalgie de l’Europe. Elle part en Italie et joue au Carnaval de Venise et à Milan avant de se faire embaucher au Capri Palace où elle joue maintenant chaque été. Elle commence aussi à travailler pour une émission expérimentale sur Arte, Die Nacht/La nuit, et en 2006, joue pour “Ça me dit l’après-midi,” une émission de France-Culture en direct d’un café parisien. Frédéric Mitterrand lui offre un emploi à plein temps dans son émission mais elle refuse: elle veut rester libre de créer ce qu’elle désire.
Car entre temps, elle a commencé à écrire ses propres chansons. En 2003, inspirée par une histoire d’amour, elle compose la musique de quatre chansons à partir de poèmes du baron Fersen qui habitait à Capri une magnifique villa, et enregistre son premier CD. En 2004 elle donne un concert à Joe’s Pub pour le lancement de l’album. En 2008 elle écrit les poèmes sur les couleurs, et compose la musique avec l’aide du pianiste allemand Uli Geissendoerfer. Plusieurs de ses chansons, dont Le Gris, sont retenues par le cinéaste Bill Plympton pour ses dessins animés long métrage. Elle développe l’idée d’un spectacle multimédia qu’elle joue au Liban, en Algérie, en Suède, à Paris. Elle le travaille en 2010 avec Jacques Perdigues, directeur artistique parisien qui lui suggère de projeter sur sa robe les couleurs des poèmes et les mots du texte. Son rêve est celui d’un spectacle à la fois beau, conceptuel et vivant.
“Les gens ont un rêve, ils le poursuivent quoi qu’il arrive, et il se trouve toujours un fou pour les aider à le réaliser: pour moi, c’est New York,” dit Nicole Renaud, qui se demande quand même s’il s’agit toujours du New York d’aujourd’hui. Mais celle que Il Mattino a nommée “une soprano à la voix d’ange” poursuit son rêve avec confiance, grâce et bonne humeur, au rythme de rencontres de hasard qui rendent possible ce qui semblait impossible. Au moment où elle rêvait d’un accordéon transparent avec des lumières dedans, trop cher à faire fabriquer, elle a rencontré un artiste qui le lui a fait faire en lui demandant simplement, en échange, de jouer dans une installation qu’il réalisait. C’est avec cet instrument unique, le lincordian, qu’elle joue son spectacle Couleurs/A love story through colors.
Elle prévoit déjà une future rencontre avec Elsa Chimanti, une Napolitaine écrivant en français qui vivait à Tanger au début du siècle dernier, et qui inspirera à Nicole son prochain projet.
Theater Lab. 137 14th Street.
Du 3 au 5 février. $15. Réservations ici.