“Ce sport est stupide de toute façon” titrait le New York Post au lendemain de la défaite américaine face au Ghana lors des huitième de finale de la coupe du monde. Une façon d’exprimer la frustration d’une nation qui semblait à peine découvrir les joies du football. Pour le New York Mag, tout ce boucan autours de la coupe du monde est tout de même un peu excessif: « Quand tout sera fini, presque tout le monde sur terre – ou du moins les fans de 31 des 32 nations participantes – se sentiront aussi nuls que nous. Parce que si vous ne gagnez pas la finale, vous rentrez chez vous perdant. Ensuite il faut attendre quatre longues années pour devenir fou à nouveau (si vous êtes qualifié). Quatre années au cours desquelles tant de choses peuvent arriver. »
Que les choses changent avant la prochaine Coupe du Monde, c’est ce qu’espèrent les Français pour lesquels la pilule est difficile à avaler. Dans la presse américaine, après l’aspect guignolesque des événements de la semaine précédente, on insiste principalement sur la violence des réactions médiatiques et politiques autours du fiasco. “Les joueurs de l’équipe à majorité noire ont été qualifiés de «chefs de gangs» et de «voyous», ils sont accusés de manquer de respect à la nation“. Même si ce n’est pas l’intention de ces réactions précise le Los Angleles Times du 26 juin, ces commentaires amènent à la haine raciale puisqu’ils associent les joueurs de l’équipe aux problèmes des ghettos français. Cités dans l’article du quotidien, ainsi que dans le New York Times du 24 juin, les propos d’Alain Finkielkraut mettent le doigt sur le problème: “Les Bleus sont “un miroir terrible” de la société française.” Selon le quotidien new yorkais, «il y a un aspect plus troublant de la réaction à cette défaite, qui a mis l’accent sur le manque de patriotisme, de valeurs partagées et l’honneur national dans une équipe avec de nombreux membres qui sont noirs ou métisses, issus de l’immigration. » Pourtant, « en 1998, l’équipe française qui a remporté la Coupe du Monde a été largement louée pour son caractère multiethnique – black, blanc, beur – et considérée comme le symbole d’une nation plus diversifiée. » Les deux quotidiens ironisent: en même temps que les résultats de l’équipe de France étaient toujours plus mauvais, les partis politiques d’extrême droite, Front National en tête, ont montré un regain de popularité.« La composition raciale de l’équipe française a longtemps été un problème à l’extrême droite, même dans un pays où tous les Français sont des “citoyens” censés avoir des droits égaux. Des 22 hommes qui composent l’équipe de France, 13 sont des hommes de couleur. »
Le journal français Le Monde fait parler de lui depuis quelques semaines dans les médias américains. Un article du New York times de Steve Erlanger daté du 28 juin raconte la difficile reprise du journal. Deux groupes sont en lice pour en reprendre le contrôle. D’un côté, un groupe favorisé par les journalistes constitué de Matthieu Pigasse, banquier chez Lazard et éditeur du magazine culturel Les Inrockuptibles, de Xavier Niel, fondateur d’une entreprise de télécommunications appelé Iliade, et de l’industriel Pierre Bergé. De l’autre, Claude Perdriel, le propriétaire du Nouvel Observateur dont la candidature a été rejointe par France Télécom, le groupe espagnol Prisa, qui publie le journal El País mais surtout « soutenue par Nicolas Sarkozy » souligne le journaliste. Il rappelle que « Pierre Bergé était l’un des conseiller de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, considéré comme le rival le plus probable à Nicolas Sarkozy pour les élections présidentielles de 2012 ».
Mais les journalistes du Monde ont voté à 90% contre la candidature de Mr Perdriel qui s’est finalement retiré de la course, « ils craignent de perdre le contrôle au profit d’un groupe d’investisseurs soutenus par le président français » explique Steven Erlanger. Après plusieurs scandales autour de Nicolas Sarkozy plaçant des proches à la tête de grands organismes de presse ou de médias, le président français est à nouveau pointé du doigt dans cette affaire, “l’intervention directe de Nicolas Sarkozy dans une affaire qui n’a rien à voir avec le gouvernement, c’est la vente d’un journal indépendant à un groupe privé, ça a profondément choqué le comité de rédaction,” raconte un journaliste qui a préféré garder l’anonymat.
La garden party est officiellement annulée. Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il voulait réduire de façon significative le train de vie des fonctionnaires de l’état. Pour William Horobin du Wall Street Journal, « il s’efforce de montrer l’exemple au milieu des plans pour réduire le déficit public de la France ». Le journaliste explique que le gouvernement français a « récemment donné des détails sur la façon dont il avait l’intention de réduire le déficit de l’état. Il sera de 8% du produit intérieur brut cette année, de 6% en 2011 atteindre les 3% en 2013. » En tout les coûts devraient être réduits de 10% d’ici à 2013, il y a des efforts à faire !
Le journaliste du Wall Street Journal plaisante sur le passé plus ou moins « bling bling et du Président au style de vie somptueux ». Dans le Washington Post, un article d’Edward Cody titre “la coupe du monde ajoute aux douleurs de la France“. Et des douleurs il y en a. Le journaliste rappelle que « la Garden Party avait coûté aux contribuables près d’un million de dollars l’année dernière rien qu’en champagne et amuses bouche », une belle somme! Il semblerait que les temps changent… Et pour cause, en plus de la Garden Party c’est aussi la chasse présidentielle qui passe à la trappe cette année. Elle sera remplacée par de fades battues de régulation. “Chaque euro public doit être un euro utile et légitime“, a déclaré M. Sarkozy. Reste à savoir si les commandes pour la fête n’ont pas déjà été passées et surtout payées. Effet d’annonce ou véritable restriction budgétaire, le doute plane…
Adeline Dessons et Anne-Lise Fernandez
Toutes les douleurs de la France
Emmanuèle Phuon
Emmanuèle Phuon a étudié la danse à New York au milieu des années 1980. Elle retrouve cette ville du 24 au 26 juin pour présenter son spectacle, Khmeropédies, au Baryshnikov Art Center. Les quatre représentations seront suivies d’une discussion avec l’ensemble des artistes participants à l’élaboration de ce spectacle.
PRIX: $15
Réservations: www.smarttix.com / 212 868 4444
Baryshnikov Arts Center, Howard Gilman Performance Space, 450 W. 37th Street
Plus d’infos ICI
Oh Stella, Stella!
Avis aux fashionistas! Stella McCartney solde! Les people s’arrachent chaque année ses collections et ce week-end vous allez pouvoir faire de même. Enfin vous pouvez rentrer dans sa boutique sans culpabiliser et voir afficher moins 40%! Jusqu’au 15 Juillet. 429 W 14th St.
La boutique Helianthus fête l’été en soldant toutes ses nouvelles collections à moins 20%. Tout le week-end. 196 Spring St. 31 Juillet
Vivienne Westwood Anglomania, Iodice, IMPROVD soldent! Entre moins 60 et moins 80% sur tout le showroom. Les ceintures sont à 15$, les hauts à 35$ et les robes à 75$! Tout le week-end. 44 W. 27th St.
Parce qu’un chapeau se porte en toute occasion, la journée, le soir, pour des événements… Eugenia Kim vous propose toutes les formes et couleurs à petits prix! Tout le week-end. 47 W. 36th St.
Kiosk nous régale en affichant des soldes entre 10 et 80%! Stylos, jouets, lunettes de soleil, cahiers! Tout pour préparer votre rentrée. Tout le week-end. 95 Spring St.
Le style des vêtements Alexander Wang ou encore Phillip Lim serait réservé aux happy few ? Les soldes à venir prouvent le contraire. La multimarque Bird solde entre 25 et 35%. Les hauts Takoon, célèbre designer repéré par Anna Wintour, sont à 500$ au lieu de 700$. Tout le week-end. 203 Grand St.
La marque française A.P.C solde ses basiques! Pour être chic et branché tout l’été à moins 30% et 50%. 131 Mercer St. Tout le week-end.
The Zero+ Maria Cornejo brade ses prix et affiche moins 40% sur sa collection printemps/été. Craquez pour la veste Prisma ou encore la robe Tate. Jusqu’au 9 Juillet. 3 Bleecker St. et 807 Greenwich St.
Vous êtes à la recherche de chic et tendance à petits prix? Ne cherchez plus. La boutique Aloha Rag va vous combler. Entre Alexandre Wang, Elizabeth & James, Jil Sander, tout est à moins 40%! Jusqu’au 1 Août. 505 Greenwich St.
Oak est la nouvelle boutique à découvrir! Ici vous trouverez des vêtements de jeunes créateurs new-yorkais branchés. Oak brade ses prix entre moins 30 et 50%. Tout le week-end. 208 N. 8th St. Williamsburg, Brooklyn.
Rachel Comey solde une bonne partie de son magasin entre 50 et 60%. Tout pour refaire votre garde-robe : chaussures, hauts, robes, pantalons, accessoires…. et parce qu’on est pas totalement égoiste, la boutique à un étage homme, en soldes aussi! Tout le week-end. 335W 35th St
L'été de tous les festivals
New York Summerstage
Summerstage s’empare de Central Park. La majorité des événements sont gratuits mais il arrive que certains exigent l’achat de billet en avance (dont les bénéfices sont souvent reversés à des associations). Rendez-vous au Rumsey Playfield, au niveau de la 72ème rue et 5ème avenue. L’entrée dans la zone de Central Park SummerStage commence 90 minutes avant le début des spectacles le week-end, et 60 minutes avant le spectacles les soirs de la semaine.
Samedi 3 juillet | 3 p.m.
Le sons et les couleurs de la Turquie avec ISTANBULIVE II: Kenan Dogulu, mor ve otesi, Ilhan Ersahin’s Istanbul Sessions, Burhan Ocal Tulug Tirpan, Sukriye Tutkun, & DJ Salih Saka. Gratuit
Dimanche 11 juillet | 3 p.m.
Le roi du reggae jamaïcain : Jimmy Cliff avec Trevor Hall, & Victor Deme. Gratuit
Mercredi 21 juillet | 3 p.m.
Comedy Central Park accueille The Daily Show and Friends. Gratuit
Samedi 24 juillet | 8 p.m.
The Alvin Ailey American Dance Theater. Gratuit
Mercredi 28 juillet | 6:30-9:30 p.m.
Le rock pop plein d’énergie de The Black Keys et The Morning Benders. Gratuit
Samedi 14 août | 3 p.m.
Salsa! Le meilleur de la musique latine : Andy Andy, Luis Miguel de la Amargue, Elvis Martinez and Alexandra. Gratuit
Dimanche 26 septembre 2010 | 3 p.m.
Pour la dernière date de Summerstage, c’est une musique de toute l’Europe : Mahala Rai Banda, Selim Sesler The NY Gypsy All-Stars, Técsöi; Banda and The Yuri Yunakov. Gratuit
Pour le programme complet, http://www.summerstage.org/
Le Warm Up du PS1
Sortez votre attirail de clubbeur. Les fêtes “Warm Up” de la branche du MOMA à Long Island City recommencent, à partir du 3 Juillet. Le concept? exposition et « clubbing ». Les samedis, de midi à 21h, on déambule dans les couloirs du musée en sirotant une bière ou un cocktail avec en fond sonore, le set d’un DJ électro.
Entrée à 15$ avec accès aux différentes expositions du PS1.
http://www.ps1.org/
P.S.1 Contemporary Art Center
22-25 Jackson Ave at the intersection of 46th Ave
Long Island City, NY 11101
(718) 784-2084
HBO Bryant Park Summer Film Festival
Pique-nique romantique ou apéro entre amis, c’est l’occasion de se retrouver en fin de journée sur la pelouse pour un bon film. Le film commence au coucher du soleil mais mieux vaut y aller tôt (vers 5pm). La pelouse est prisée. A ne pas rater :
French Connection avec Gene Hackman, le 5 juillet
Monty Python and the Holy Grail, le 26 juillet
Bonnie and Clyde, le 23 août
Pour le programme complet, http://www.bryantpark.org/plan-your-visit/filmfestival.html
Shakespeare in the Park
Depuis 1954, Shakespeare in the Park est LE rendez-vous des amateurs de théâtre. Au programme cette année, The Winter’ tale et The Merchant of Venice. 5 à 6 soirs par semaine à 8pm au Delacorte Theater de Central Park. Gratuit.
Les billets sont à retirer directement au Delacorte Theater à 1pm le jour de la représentation. C’est gratuit (2 tickets maximum par personne), en revanche il vous faudra vous lever tôt. Il n’est pas rare que la file d’attente commence à se former dès 7h ou 8h du matin… Soyez patient, profitez-en pour admirer les oiseaux de Central Park de bon matin ou… tentez votre chance en ligne. Un certain nombre de billets peuvent être reservés sur Internet, à partir de minuit pile sur le site (pour la représentation du lendemain). Il faudra être réactif.
http://www.shakespeareinthepark.org/?nav=theplays
Lincoln Center Festival
Du 7 au 25 juillet, le Lincoln Center fait son festival. Théâtre, musique, danse et opéra, c’est l’occasion de découvrir les artistes sélectionnés par le Lincoln Center. Le choix est large : entre deux et quatre représentations seront proposées chaque jour dans les différents théâtres du Lincoln Center.
Le groupe de gospel The Blind Boys of Alabama donnera trois représentations les 12, 14 et 16 juillet au Alice Tully Hall, Starr Theater. Côté théâtre, la pièce The Battle of Stalingrad sera jouée du 20 au 25 juillet au Clark Studio Theater. L’opéra La porta della Legge est proposé les 20, 21 et 22 juillet au Gerald W. Lynch Theater, John Jay College.
Pour la programmation complète et l’achat de billets : http://new.lincolncenter.org/live/index.php/lcf-10-cal-genre
Williambsburg Waterfront and Pool Parties
De l’autre côté de l’East River, venez admirer le skyline de Manhattan tout en écoutant un bon concert. Une programmation pop rock cette année au Williamsburg Waterfront.
2 juillet – Faith No More
6 août – Keane
30 septembre – Belle & Sebastian
http://www.freewilliamsburg.com/listings/h2oshows
Williamsburg Waterfront, 93 Kent Avenue, Brooklyn.
Le festival de l’Hudson River Park
Pour les amateurs du 7e art, plusieurs films seront projetés tout au long de l’été : Julie &Julia, Public ennemies, Star Trek ou le décapant The Hangover (étrangement traduit pour la sortie en France par Very Bad Trip). (les mercredis au Pier 54). Pour les enfants, L’âge de glace, Annie ou encore le grand classique Le Magicien d’OZ (les vendredis au Pier 46).
Pour les afficionados de rock, des concerts gratuits auront lieu les 8 juillet, 22 juillet et 12 août avec respectivement Phosphorescent and dawes, The Antlers et Deerhunter (ouverture des portes à 6pm).
Pour les fans de blues, un concert gratuit et BBQ. Le 22 août de 2pm à 9pm, au Pier 54.
Pour les adeptes de boxe, « Rumble on the River », un combat de pros. Le 5 août à 7pm au le Pier 84.
Apprenez ou perfectionnez vos pas de salsa en compagnie des professeurs de Dance Manhattan lors des soirées « Moondance » à partir de 6.30pm. Des groupes de jazz, swing, salsa enflammeront les soirées. (Pier 54, les 11, 18, 25 juillet et 1 et 8 août).
Le programme complet sur http://www.hudsonriverpark.org/events.asp
Joëlle Léandre au Issue Project Room
Figure dominante de la musique contemporaine européenne, Joëlle Léandre est également passionnée de musique improvisée et de jazz. Elle a notamment travaillé avec Pierre Boulez et John Cage, et peut se venter d’avoir enregistré un total de 115 disques. Originaire d’Aix-en-Provence, elle est actuellement installée aux Etats-Unis où elle enseigne l’improvisation et la composition.
Issue Project Room, 232 3rd Street, (718) 330-0313
Prix: $15
Plus d’infos ICI
Carte Blanche au Webster Hall
Le Webster Hall se met à l’électro tous les vendredis soirs avec la soirée Girls & Boys. Ce vendredi, les Français DJ Mehdi et Riton (qui forment désormais le groupe Carte Blanche) seront aux platines du Grand Ballroom. Après l’Europe, ils terminent une tournée de deux mois en Amérique du Nord. Leur album “Black Billionnaire”, duquel est extrait le tube Gare du Nord, est sorti le mois dernier en France.
Webster Hall, 125 East 11th Street
Plus d’infos ICI
Prix:$ 25 sur place, $15 sur réservation et $1 avant minuit (Inscription ICI)
Les 16 minutes de gloire d'Ultra Violet
Portrait intime d’Isabelle Collin Dufresne, Ultra Violet for Sixteen minutes est un documentaire dans lequel l’artiste française se confie sur ses années avec Andy Warhol, sa passion amoureuse avec Salvador Dali, sa quête de gloire et de liberté, la relation entre art et religion. Ce court métrage parle de la lutte d’une femme pour conserver la gloire et résister à l’épreuve du temps.
Pour survivre à la vie post-Warhol, Ultra Violet s’est tournée vers la religion. On peut aussi y découvrir des photographies et vidéos rares d’Andy Warhol tournées en 1965.
Vendredi 25 juin, TriBeCa Cinemas, Visonfest Film Festival, 6:30pm
Lundi 28 juin, Anthology Film Archives, 6:00 pm
MOMO à l'Invisible Dog
Difficile d’étiqueter le travail de Maurice Maréchal, alias MOMO. Cet artiste de 40 ans, graphiste et directeur artistique à l’agence Bronx dont il est l’un des piliers depuis sa création, expose ses oeuvres fascinantes à la galerie Invisible Dog jusqu’au 27 juin.
The Invisible Dog Gallery, 51 Bergen street, Brooklyn
Entrée gratuite, plus d’infos ICI
Les folies vertes d'Alain Resnais
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Spring Lake, NJ.
Belle journée en prespective ! Départ de la maison à 8h45. Métro presque tout de suite, ce qui est rare sur la ligne C , vous savez, celle que l’on conseille à tous ses amis pour avoir une idée de la modernité du métro new yorkais …
Arrivée à Penn Station à 9h15, direction le distributeur de billets de la NJ Transit, destination Spring Lake, sur la côte Atlantique du New Jersey. Un café latte vite avalé au milieu d’une foule de gens pressés et me voilà installé dans le wagon de queue du train numéro 3231 quand … une bonne douzaine d’adolescentes déjà en tenue de plage, déboule avec fracas dans mon wagon. Cela dit, mea culpa. J’aurai jamais dû m’asseoir dans le dernier wagon. Vous avez remarqué, c‘est toujours dans celui-là que les groupes d’adolescentes décident de faire le voyage. Ou alors c’est moi qui suis parano ! Bref, au bout de vingt minutes, toujours un peu plongé dans un semi-brouillard dont ni le vacarme de la ligne C, ni le café latte à l’américaine n’ont réussi à dissiper (il faut dire que la veille, j’avais un peu fait la fête avec l’équipe de France A de rugby en tournée sur la côte est), je craque et décide de changer de voiture. Et là, et je n’invente rien, je vais avoir pendant tout le trajet, un grand poète en débardeur, ben oui il fait déjà chaud, qui va nous faire cadeau de l’ensemble de son répertoire de chansons d’amour, sans que les annonces automatiques de la dame qui dit de faire attention à la marche ne perturbent à aucun moment son récital. Un vrai bonheur, bienvenu dans les transports en commun !
Ceci mis à part, trajet sans histoire. Ni panne, ni retard. Arrivée à Spring Lake, dans le New Jersey, à 11h50 car le train s’arrête partout.
Alors commence la découverte d’une jolie petite ville avec comme première vision, après avoir franchi la voie ferrée, de vastes pelouses, au milieu un kiosque à musique tout blanc et de superbes villas entre des arbres au moins centenaires.
Deux mamies, comme moi tout juste descendues du train, me demandent la direction de la plage. Plan en main, je leur indique que l’océan doit être à dix minutes à pied. Le front de mer, c’est toute la richesse de Spring Lake. C’est pour lui que l’on vient ici. Deux miles de plage très propres et sans aucune clôture, pas de building disgracieux, un « boardwalk » parfaitement aménagé et sans aucune baraque à frites sur toute la longueur de la plage. Deux pavillons permettent de se restaurer ou de se rafraîchir car il est interdit d’emporter de la nourriture sur la plage. Pas de chiens non plus sur le sable. En clair, un très bel environnement balnéaire qui plaira à tous ceux qui fuient le béton, les zones commerciales et les papiers gras.
En retrait de la plage, Spring Lake est une petite ville d’environ 3500 habitants. Trois rues commerçantes et de splendides villas Victoriennes ou de style Victorien, des villas et encore des villas toutes plus belles et imposantes les unes que les autres. Pelouses, massifs de fleurs et rues remarquablement entretenues constituent un ensemble très qualitatif et charmant. De quoi justifier un marché immobilier de haut niveau.
Cela dit, il ne faut pas venir ici en espérant trouver une animation estivale débordante. Les restaurants sont peu nombreux, les bars encore plus rares. Il est évident que tout se passe dans les maisons et qu’on cherche ici à préserver le calme et la tranquillité. L’objet de votre séjour devra donc être la plage et surtout la plage. Pour plus de fun et une qualité environnementale identique, il faut aller un peu plus bas sur la côte du New Jersey, jusqu’à Cape May que nous avons présenté l’an dernier dans cette rubrique (voir les archives).
Néanmoins, il faut reconnaîre qu’il est très agréable de passer une journée ou deux au bord de l’océan dans un tel environnement. Visiblement, autorités locales et habitants ont conscience depuis des années qu’il convient de préserver cette qualité de vie. Tant mieux car la différence y est flagrante avec d’autres cités côtières.
Comment se rendre à Spring Lake ?
Par le train, nous l’avons dit, c’est deux heures de trajet au départ de Penn Station avec suffisamment de liaisons quotidiennes pour que ce soit facile. Comptez 31,50 $ l’aller-retour depuis Manhattan avec la NJ Transit. Changement à Long Branch puis quinze minutes de train local. Depuis la gare, on rejoint le front de mer ou les hébergements à pied sans problème.
Par la route, avec des conditions de circulation normales, le trajet sera plus court. Comptez 1h30 pour 105 kilomètres.
Au départ de New York, Garden State Parcway jusqu’à la sortie 98 puis route 34 south et enfin route 524 east jusqu’à Spring Lake.
Où dormir ?
Certains font l’aller-retour dans la journée. D’autres préfèrent rester sur place le temps, par exemple, d’un week-end.
Trois adresses fort recommandables :
– L’hôtel Spring Lake Inn : chambres très confortables et bien décorées.
www.springlakeinn.com
– Le Ashling Cottage : un Bed & Breakfast très sympa, joli et bien placé
www.ashlingcottage.com
– Le Normandy Inn : dans une vieille demeure historique, des chambres aménagées à l’ancienne
www.normandyinn.com
Où se restaurer ?
Une pizza, vite fait ? Dans la rue principale, la 3e avenue, la Spring Lake Pizzeria
Un vrai restaurant ? Le Black Trumpet sur Ocean Avenue
Un deli italien avant de prendre le train ? Chez Joseph, face à la gare
Que faire à Spring Lake ?
Plage, plage et toujours plage.
L’accès est payant. Daily Pass à 7$
Mais aussi balades à vélo dans les rues de la ville pour admirer les villas et sur le front de mer.
Un dernier conseil ?
Si vous souhaitez vraiment décompresser en séjournant à Spring Lake, laissez tomber la voiture. Tout peut se faire à pied ou à vélo.
Annie Cohen Solal, la guerrière
Quand je la retrouve au restaurant Docks de Midtown, non loin de chez elle, Annie Cohen-Solal me demande d’emblée si ma fille est inscrite au Lycée français de New York et s’indigne énergiquement de ma réponse négative. Tout son discours pour la remise de la légion d’honneur, me dit-elle, a été un éloge du Lycée français, où son fils fut élève avant d’entrer à l’université Johns Hopkins: dans le secondaire, l’éducation française est la meilleure qui soit, et dans le monde d’aujourd’hui, l’appartenance à deux cultures est la plus grande richesse possible, qu’il serait un crime de ne pas cultiver. J’écoute et hoche la tête, un peu honteuse (même si ma fille est parfaitement bilingue). À n’en pas douter, Annie Cohen-Solal est une militante.
Son attachement au lycée français a une autre cause, plus anecdotique et personnelle. Quand son fils Archibald y était élève, Annie, prise un samedi d’un violent mal de dents, est allée consulter dans l’urgence un autre parent d’élève, un dentiste égyptien. En bavardant avec lui, elle a découvert que sa femme venait d’Algérie et faisait partie de la grande famille des Bengana: elle avait été mise au monde par le propre père d’Annie, le chirurgien Georges Cohen-Solal, professeur d’histologie, collectionneur et sculpteur, véritable homme de la Renaissance. Les familles Bengana, musulmane, et Cohen-Solal, juive et installée en Algérie depuis des générations, étaient amies. Cinquante ans après, elles se retrouvent à New York grâce au Lycée français. Le hasard de cette rencontre a suscité en elle le désir très fort de renouer avec ses origines algériennes: ce pourrait être le sujet de son prochain livre.
Cette petite cousine de Jacques Derrida est née à Alger où elle a fréquenté le lycée Fromentin jusqu’à quatorze ans avant de partir pour la France en 1962 avec sa famille, son père, sa mère, sa soeur Lynne aujourd’hui maire-adjoint de Paris, son frère Jean-Martin, devenu médecin et en charge de la santé publique, tous deux militants socialistes. À l’arrivée en France, son père a dit: “L’Algérie c’est fini. On n’en parlera plus.” Ils n’en ont plus parlé, jamais. Et l’Algérie est restée congelée en eux.
Annie a fréquenté le lycée Molière, où elle a également fait une khâgne et une hypokhâgne, avant de s’inscrire en lettres à Nanterre, où elle a dirigé le club de musique classique et milité avec Cohn-Bendit en 1968. Deux lectures ont joué un rôle décisif: la préface de Sartre à Aden Arabie de Paul Nizan, que lui avait recommandée Nicolas Grimaldi, son professeur de philosophie en khâgne à Molière, et qui a déterminé son sujet de maîtrise. Et celle des textes de Frantz Fanon, où elle a découvert l’histoire du décret Crémieux qui, en accordant la nationalité française aux juifs algériens, les a séparés de la population musulmane–décret brutalement abrogé en 1941… Cette lecture a entraîné une interrogation profonde sur son identité de juive française d’Algérie. Enfant, elle adorait l’école française. Son pays, c’était l’Algérie. Pourquoi ne parlait-on pas l’arabe à la maison? Pourquoi n’y avait-il pas de carte de l’Algérie, mais une carte du Massif Central, sur le mur de sa classe à Alger? Pourquoi apprenait-elle l’histoire des rois de France et pas l’histoire locale?
Annie Cohen-Solal a fait une maîtrise puis une thèse sur Paul Nizan, sous la direction de l’historienne Annie Kriegel. Dans le cadre de son travail de maîtrise, elle a rencontré Sartre à vingt ans et l’a interviewé. En 1969, elle est allée vivre dans un Kibbutz en Israël parce qu’elle voulait faire l’expérience d’une démocratie directe avec des militants d’extrême-gauche. En 1972 elle est partie comme lectrice à l’université de Berlin, et y est restée cinq ans. Elle y a appris le yiddish, elle est devenue une fan de Rosa Luxembourg. En 1977, grâce à un billet gratuit que lui a donné une amie, elle a passé un weekend à New York et est tombée amoureuse de la ville. Puis elle est retournée en Israël, où elle a enseigné à l’université de Jerusalem pendant deux ans. Elle s’est intéressée à la Kahina, une guerrière berbère du VIIème siècle qui avait unifié le Magreb et s’était opposée aux Arabes. Au cours de ces années, elle a appris l’allemand, l’hébreu, et l’arabe.
À quoi tient une carrière scientifique? Dans le cas d’Annie Cohen-Solal, le hasard semble avoir joué un rôle déterminant. En 1980 sa thèse, Paul Nizan, communiste impossible, a été publiée par Grasset, et elle s’est retrouvée sur le plateau d’Apostrophes, invitée par Bernard Pivot. Elle a été remarquée par l’éditeur américain André Schiffrin, qui, avec une audace tout américaine, il a proposé à la jeune femme d’à peine trente ans, inconnue dans les milieux intellectuels et universitaires, d’écrire la biographie de Sartre qui venait de mourir. En France une telle biographie aurait été commandée à une grosse pointure comme Jean Lacouture ou Pierre-Jean Remy. De toute façon personne en France ne s’intéressait alors à la biographie de Sartre. Shiffrin n’a réussi à convaincre aucun éditeur d’acheter le livre pas encore écrit.
Hasard, peut-être: mais encore faut-il savoir saisir l’occasion aux cheveux. Laissant tomber son projet de livre sur la Kahina, Annie Cohen-Solal a tenté l’aventure et n’a pas démérité de la confiance que lui témoignait Schiffrin: elle a mis trois ans et demi à écrire le manuscrit pour lequel il lui avait accordé quatre ans, et le résultat était si convaincant qu’en 1985 vingt-cinq éditeurs français ont souhaité acheter le manuscrit achevé. Les enchères ont monté. Pour un million de francs, Gallimard l’a emporté, et c’est avec ce manuscrit que la maison Gallimard a commencé sa collection “Biographie.” Le livre a été presque aussitôt vendu dans une vingtaine de pays et Annie Cohen-Solal a commencé une tournée dans le monde entier, qui a duré quatre ans et provoqué dans certains pays une “Annie mania,” tant l’auteur a séduit les media.
En 1989, le hasard a à nouveau joué un rôle décisif dans la vie et la carrière d’Annie Cohen-Solal. Invitée à une émission de télévision en Allemagne, elle a refusé de répondre à la question sexiste du présentateur qui lui demandait si elle aurait pu tomber amoureuse de Sartre. L’échange a réjoui le Chancelier Kohl, qui regardait le débat et pour une fois ne s’ennuyait pas devant le petit écran. Il a envoyé une lettre cérémonieuse à Annie Cohen-Solal et l’a fait inviter à l’Elysée lors d’un passage à Paris, signalant au Président François Mitterrand que l’auteur de la biographie de Sartre était excellente à la télévision. Deux mois plus tard Cohen-Solal, qui habitait alors un petit studio à Maine-Montparnasse, était nommée conseiller culturel à New York, alors qu’elle n’avait jamais fait de diplomatie et jamais occupé de poste dans l’administration. Créatrice, elle s’est retrouvée bureaucrate. Déjà connue de toute la presse américaine, elle avait l’habitude des media et s’est découvert une grande aisance pour le fundraising. Elle a invité Ariane Mnouchkine pour Les Atrides en 1992; elle a fait mettre un minitel dans la café du MoMa lors de l’exposition Matisse, obtenant ainsi que les Américains parlent enfin de la technologie française; elle a facilité le retour des Arts florissants et reçu un BAM award; elle a créé les Centres d’excellence universitaires.
Une rencontre lors d’un dîner en 1989, peu après son arrivée à New York, a déterminé un nouveau tournant dans sa carrière: celle du galeriste et marchand d’art Leo Castelli, alors âgé de quatre-vingt un ans. Marié à une Française, Castelli a pris sous son aile la jeune conseillère culturelle française dont il a tout de suite senti le tempérament guerrier: «Vous allez prendre la ville d’assaut, avec votre jupe orange et vos gants longs!» Alors qu’elle voulait écrire un livre sur les relations entre intellectuels français et américains après la seconde guerre mondiale, il lui a suggéré de travailler plutôt sur l’art américain. Elle l’a écouté, se détournant une deuxième fois de son désir propre et de son domaine de connaissances pour saisir l’occasion et sauter dans l’inconnu. Son poste de conseiller culturel lui a permis d’observer le monde de l’art newyorkais, auquel Castelli l’a initiée. Années riches, passionnantes, pendant lesquelles est également né son fils Archibald, dont le père est grand mécène américain. En 2000 elle a publié Un jour ils auront des peintres, retraçant l’histoire de la peinture américaine de 1867, date de l’exposition universelle à Paris, à 1948, date de la première biennale de Venise après la guerre.
Quand son contrat de conseiller culturel s’est achevé en 1993 et qu’elle a dû redescendre des faîtes de la brillance mondaine et du pouvoir culturel, Annie Cohen-Solal a connu une période difficile à cause de la maladie. Pendant une dizaine d’années elle a vécu avec son fils entre Paris et New York, d’abord visiting professor à NYU, puis rentrant en France en 1997 où elle est devenue professeur d’études américaines à l’Université de Caen et a enseigné à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. En 2005 elle est retournée vivre à New York, ayant obtenu la bourse de la Fondation Pollock, et enseigne depuis 2005 à la Tish School of the Arts de NYU comme visiting art professor, se spécialisant dans une discipline originale qu’elle a créée elle-même entre le l’histoire culturelle et la sociologie de l’art.
Après avoir signé un contrat avec Knopf pour la biographie de Leo Castelli, elle a fait son propre fundraising auprès de trois fondations américaines pour financer l’écriture du livre. Pourquoi Castelli? Comme Sartre, il est un passeur. Il a changé la culture de l’art aux États-Unis et dans le monde. Il n’est pas courant de voir une Française livrer aux Américains le portrait d’une de leurs grandes figures, et le faire avec une exactitude, une minutie et une exhaustivité qui ont pu irriter l’auteur du récent article de cinq pages dans The New Yorker sur le livre de Cohen-Solal, “Leo the Lion.” Sa lecture achevée, Peter Schjeldahl avoue être retourné lire les cent première pages sur le contexte historique, l’Italie de la Renaissance, Trieste et la famille, et les avoir trouvées passionnantes pour l’éclairage qu’elles apportaient sur l’origine d’un phénomène tel que Leo Castelli.
Le long article du New Yorker, et même la réticence initiale de son auteur, prouvent qu’Annie Cohen-Solal, Française juive d’Algérie, passeuse de savoir de l’ancien monde au nouveau, guerrière en jupe orange, a su conquérir l’Amérique par son sérieux scientifique. Quand elle était jeune étudiante et militante d’extrême-gauche à Nanterre en 1968, rien ne laissait prévoir un tournant américain dans sa vie. Il est clair aujourd’hui qu’une carrière comme la sienne, parsemée de brillants hasards et refusant le carcan d’une discipline et d’une spécialité, la destinait à vivre aux États-Unis.
Un pont entre deux rives, de Gérard Depardieu et Frédéric Auburtin
Comme chaque semaine, plongez-vous dans le monde du cinéma en compagnie d’acteurs et de réalisateurs qui ont marqué l’histoire du cinéma français. Et cette semaine c’est le film Un pont entre deux rives de Gérard Depardieu et Frédéric Auburtin avec Gérard Depardieu, Carole Bouquet et Charles Berling qui sera projeté (avec sous-titres en anglais) à l’Alliance française de Miami.
Une petite ville de province française, dans les années 1960. Mina, jeune fille romantique et sentimentale, a épousé Georges, un homme qui la fascinait par sa vitalité. Quinze ans après la naissance de leur fils Tommy, les rêves de Mina se sont envolés. Elle est aujourd’hui disponible pour l’aventure que lui offre Mathias, un bel ingénieur qui parcourt le monde pour construire des ponts.
Le mardi 29 juin à 19h
Participation de 5$
Alliance Française
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