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Trois Nicolas français à l'honneur

Si Nicolas Sarkozy cherche à se remonter le moral avant la débâcle annoncée des élections régionales, il lui suffit de trouver un exemplaire du New York Times de lundi. Dans un article quasi dithyrambique, le quotidien américain met les relatives bonnes performances économiques de la France face à la crise sur le compte du président français (et plus encore de son gouvernement). La faïencerie HB Henriot, à Quimper, qui sert d’étude de cas. Subventions, incitations fiscales: c’est grâce à ce type d’action, nous dit le correspondant du Times à Paris, que la France se démarque comme l’une des économies les plus stables d’Europe. « La politique française est loin d’être parfaite, avec un chômage en augmentation, surtout chez les jeunes, ainsi que le déficit budgétaire et la dette nationale déjà élevée. (…) Mais en général, le verdict est positif pour le président Nicolas Sarkozy et son gouvernement, qui n’a pas tardé à reconnaître une crise et à exercer les pouvoirs de l’Etat. »  Certes, il y de sérieux bémols prévient le Times, «avec une dette toujours plus importante et un gouvernement qui promet de pas augmenter les impôts, la véritable question est de savoir combien de temps cela va durer ? »Mais en attendant, on imagine que l’article ne va pas tarder à être encadré quelque part à l’Elysée.
Mais comme si l’hommage ne pouvait durer, le New York Times se reprend vite, avec une fourberie: les Français seraient eux aussi menacés par l’obésité. L’entreprise suisse Nestlé lance Jenny Craig, sa nouvelle marque américaine de produits diététiques en France rapporte le quotidien . « La France semble être un pays logique pour s’établir. Une étude publiée en Janvier par l’Inserm, l’Institut national de recherche en santé, a montré qu’en 2009 31,9% des personnes de plus 18 ans sont en surpoids, contre 29,8 % en 1997. (…) Et en dépit de l’image créée par le best-seller “Ces Françaises qui ne grossissent pas…”, l’obésité est devenue un véritable problème».
Avec le tout Hollywood de retour aux Etats-Unis pour les Oscars, les premiers rangs des défilés de la Fashion Week étaient presque déserts la semaine dernière à Paris. Pour compenser ce déficit, le Wall Street Journal rapporte que Christian Dior a dû faire appel aux politiques français Christine Lagarde et Christian Estrosi afin d’accompagner la seule véritable star présente, l’actrice Charlize Theron. « Le défilé n’était pas de tout repos pour Mme Lagarde et M. Estrosi » commente le journal, «Pendant la semaine de couture en Janvier, la rédactrice en chef de Vogue, Anna Wintour, a demandé une réunion avec M. Estrosi afin de l’encourager à faire plus pour sauver la mode française ». Le quotidien rappelle également que la maison Christian Lacroix a evité de peu la liquidation judiciaire l’an passé, suite à de nombreux problèmes financiers.
Les Français, qui étaient eux aussi présents aux Oscars, ont frôlé le zéro pointé ce dimanche, malgré sept statuettes potentielles. Ils peuvent remercier Nicolas Schmerkin d’avoir sauvé la soirée. Le producteur du film français Logorama, Oscar du meilleur court-métrage d’animation, a marqué la soirée d’un très bon speech, «Un des meilleurs de la soirée » selon The Hollywood Reporter. Le journal se demande d’ailleurs comment ce court-métrage est passé au travers de la censure malgré toutes les marques représentées sans leur accord, «espérons qu’elles aient le sens de l’humour». Parmi sa sélection de photos des moments marquants de ces Oscars, Los Angeles Times a choisi une photo du Français enlaçant son trophée dans la salle de presse.
Quant à la gaffe du producteur français de Hurt locker (Démineur), Nicolas Chartier , elle ne l’a finalement pas empêché d’obtenir la récompense suprême. Et de célébrer, nous raconte indiewire.com, le site des films indépendants, à Malibu. « A l’entrée, on trouvait une affiche en couleur mettant en vedette Chartier frappée du mot “banned” (interdit). » Suite à la cérémonie, toute l’équipe du film et d’autres producteurs ont pris la défense du Français rapporte le site. « Harvey Weinstein n’aurait jamais été pénalisé aussi durement. Etant français et nommé pour la première fois, il était une cible facile pour l’Académie. »

Un anthropologue au pays des lunch-boxes

Quand on rencontre Richard Delérins, on le trouve en cuisine forcément, un tablier à la taille, un plat dans une main. Chaque semaine, ce chercheur en anthropologie historique de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales est l’hôte de très jeunes invités, les enfants de l’école franco-américaine Clairefontaine de Venice,  qui savourent un déjeuner de cantine plutôt exceptionnel. Aujourd’hui, le menu de Richard affiche : salade au fenouil et lavande, risotto aux champignons, pêches blanches, pamplemousse et émulsion d’anis verte. L’objectif est de faire découvrir à ces élèves âgés de 4 à 6 ans un éventail de 120 saveurs sur une année.
Clairefontaine fait figure d’école pilote pour le programme élaboré par Richard et une équipe de chercheurs de UCLA. Leurs préoccupations recoupent celle de Joëlle Dumas, la directrice de l’école, qui place la nutrition au cœur des premiers apprentissages. « Depuis 20 ans je fais le marché pour les enfants, nous avons ici notre propre cuisine, des ateliers de pâtisserie et de jardinage, des pêchers et abricotiers. La cuisine est un vecteur de l’éducation, elle permet la socialisation, la verbalisation, la vie ! » s’enthousiasme-t-elle.
Richard Delérins adosse son programme de recherche à ce cadre porteur, orienté sur la nutrition et la génétique, pour lequel son département universitaire a été récompensé par le gouvernement américain en 2009. Financé pendant 3 ans, le projet « Nutrition et Génétique au 21è siècle en France et aux Etats-Unis » a pour ambition de démontrer scientifiquement les vertus physiques et sociales de la diversité culinaire. Cette approche croise différentes disciplines, comme  l’anthropologie et la génétique, une discipline que le chercheur découvre à UCLA, lui qui a jusque là travaillé sur l’histoire comparée de la nutrition en France et aux Etats-Unis.
« On pense que la sensibilité au goût est complètement culturelle, or elle est aussi génétique, détaille Richard. Notre sensibilité au goût est inscrite dans notre ADN, elle nous est transmise héréditairement ». On définit 3 grands groupes de « goûteurs » : les super-tasters, les tasters et les non-tasters, qui marquent des inclinaisons différentes pour les saveurs douces, amères ou épicées. « Quelque soit son patrimoine génétique, un enfant confronté à une alimentation diversifiée peut infléchir son inclinaison naturelle. Or, aux Etats-Unis, un enfant est souvent conforté dans ses goûts ». D’après le chercheur, ni l’usage des lunchboxes ni les cantines ne poussent les jeunes américains à élargir leurs connaissances culinaires.
« L’habitude de manger seul aussi, qui fige l’enfant dans ses préférences » observe Richard. Les apports en termes de santé mais aussi de socialisation sont les enjeux de cette étude, qui va également observer et comparer le déroulement des repas du soir dans une trentaine de familles à Los Angeles et en France.
Dès la rentrée prochaine, le programme des menus saveurs doit être étendu à d’autres écoles publiques de Los Angeles, « au même prix qu’un menu de cantine :  2,35 $ » commente Richard. L’annonce début février de l’amélioration des School lunches dans les écoles américaines par la First Lady et le combat contre l’obésité galopante mettent son champ d’études encore plus en lumière.
http://www.letsmove.gov/

L’électrochoc BLASTED de Sarah Kane à Gables Stage

La pièce de Sarah Kane a été un électrochoc lors de sa création. Elle est très rarement jouée, car peu de directeurs de théâtre veulent s’y risquer par peur de choquer. Joseph Adler a eu raison de s’obstiner pour obtenir les droits et pour permettre aux spectateurs de Miami de venir voir « BLASTED ». Il va même jusqu’à vous dire avant le début du spectacle que si vous n’avez pas aimé, si vous avez eu l’impression de perdre votre soirée, il vous donnera une place gratuite pour un autre spectacle.
Il faut voir ce spectacle car c’est la vie crue, pas telle qu’elle nous est souvent présentée aseptisée au cinéma. L’écran nous permet de nous retrancher en nous même face aux comportements humains les plus violents. Au théâtre ces mêmes actes, mêmes simulés, nous obligent à encaisser le coup poing qui nous est servi et c’est parfois insoutenable.
Les magnifiques et courageux acteurs aussi remercient les spectateurs d’être venus et d’accepter de leur faire face dans leur nudité morale et physique. Ils savent que nous serons renvoyés  à notre propre (im)moralité, à travers ce happening. Viol, fellation, cannibalisme, reflet de l’image barbare de l’homme prit dans un étau, quand il n’existe plus aucun espoir. 90 minutes non-stop pour passer du « social réalisme, au surréalisme pour finir dans l’expressionisme » comme nous le décrit  Joseph Adler dans son programme.
A vous de décider si vous voulez voir ce spectacle, mais les acteurs méritent un soutien pour leur travail. Pour l’auteur, c’est trop tard, elle a écrit cette pièce en 1995 à l’âge de 23 ans et elle a disparu en 1999. Mais rien n’a changé depuis, rassurez vous.

Gables Stage jusqu’au 28 mars 2010
1200 Anastasia Avenue
Coral Gables, FL 33134-6364
(305) 445-1119

La French Touch au pays des navettes spatiales

Nous sommes en 2001. La Française, décoratrice d’intérieur, s’occupe de relooker l’hôtel Sheraton de Marrakech. Au même endroit sejourne Bill, un ingénieur américain de la NASA, en charge des atterrissages d’urgence de la navette spatiale. On se croise, on fait connaissance, “on devient copains”, dit Lydie, mais ce n’est pas le coup de foudre: on se quitte d’une bise sur la joue, non sans avoir échangé adresses electroniques et numéros de téléphone. Pendant six mois, la Française et le Yankee vont continuer à échanger sur le Net. Et puis Bill propose de venir faire un petit tour en France…. Et ce qui devait arriver arriva! Pendant deux ans, les deux tourteraux vont se retrouver, tous les deux mois, soit en France, soit en Floride.
Bill a demandé Lydie en mariage, mais elle ne se sent pas prête. Il lui faut du temps, elle hésite à abandonner sa fille en France, son petit-fils, sa maman, ses amis, son métier et sa maison sur la côte d’Azur… Un an se passe sans que Bill, très discret, ne réitère sa demande, et c’est Lydie qui lui annoncera qu’enfin elle consent.
Le 31 decembre 2003, elle débarque en Floride, munie de son visa de fiancée, et elle ne perd pas son temps: le lendemain, le 1er janvier 2004, elle crée sa societé de décoration, dont Bill sera le président, son statut d’étrangère ne lui permettant pas d’occuper cette fontion. Elle ouvre une première boutique de 80 mètres carrés à Cocoa Village. La “french touch” va vite avoir du succès: plusieurs magazines specialisés lui consacrent des articles, le bouche à oreille fait le reste… Très vite elle va se sentir à l’étroit, et s’installe dans un nouveau magasin, plus vaste, dont elle va doubler la surface. Aujourd’hui, sur 200 mètres carrés à l’enseigne de “Something Different” elle propose toutes sortes d’objets de décoration, des voilages, des parures de lit, qu’elle se fait livrer de France. Elle s’est enfin mariée en août 2004, elle a embauché deux salariées à temps partiel, et elle regarde son chiffre d’affaires progresser de mois en mois: pour les dernières fêtes de fin d’année, elle a dû renouveller trois fois sa collection! “J’avais investi 10.000 dollars quand j’ai commence en 2003 avoue-t-elle, et aujourdhui j’evalue mon stock à 4 ou 500.000…” La recette du succès? “Le savoir faire, l’energie et le management”.
De tout cela, elle ne manque vraiment pas. Exemple: un fournisseur français à qui elle avait commandé toutes sortes de voilages et de rideaux vient de déposer le bilan. N’importe: elle ira elle-même choisir ses tissus en Inde et fera confectionner les rideaux en Floride… En attendant de créer sous peu une boutique en ligne pour toucher l’ensemble des Etats-Unis… Vous avez dit énergie?
Mais si vous demandez aujourd’hui à Lydie si elle pense revenir en France un jour, la reponse est nette, tranchée: “Jamais!”. Il y a de vieilles blessures qui ne guérissent pas…

Bob Sinclar tourne son dernier clip à Miami Beach

Musique, mer, soleil, palmiers, jolies filles en minuscules bikinis et gars musclés, tous les ingrédients d’une fête typique de Miami Beach. A cela près que tout le monde est là pour travailler. Jeudi et vendredi, on tournait le clip de « I wanna », le prochain single de Bob Sinclar dans le jardin d’une villa des Venitian Islands, a quelques encablures de Miami Beach.
« I Wanna » fera partie du prochain album de Bob Sinclar « Made in Jamaïca » qui est diffusé sur Internet depuis lundi 6 mars et sera dans les bacs français le 6 avril prochain. Premier extrait de l’album, le titre est chanté par le Jamaïcain Shaggy, rendu célèbre en 2003 par son titre « Mr Boombastic ».  Y participent aussi, les membres du groupe roumain « Sahara ».
Très décontractée, la star des DJs français se comporte gentiment avec tous. Sinclar, de son vrai nom Christophe Le Friant, se prend manifestement moins au sérieux que nombre de pseudo-vedettes présentes sur le terrain. La première partie du clip a été tournée la veille dans la célèbre boîte de nuit « Mynt » de Miami Beach. Pour remercier le propriétaire d’avoir accueilli le tournage, Bob Sinclar s’est mis aux platines jusqu’à 3h30 du matin. « Juste un petit remerciement » lance-t-il. « Une ambiance d’enfer » assurent les témoins presque incrédules.
« Made in Jamaïca » est né de l’envie qu’a eue Sinclar de revisiter ses plus grands succès en Jamaïque.  Le DJ y est accompagné par l’orchestre « Sly and Robbie », avec lequel Serge Gainsbourg avait enregistré deux de ses disques, « Aux armes et cætera » et « Mauvaises nouvelles des étoiles ».
Au long du tournage, tout roule comme du papier à musique. Seul petit moment de flottement, lorsque  la production se demande si on peut vraiment laisser la chanteuse du groupe roumain « Sahara » porter un top tellement transparent qu’il dévoile largement ses seins. Après qu’on le lui a suggéré, elle passera, d’ailleurs, son temps à « oublier » de voiler son anatomie proéminente.
A 40 ans, Bob Sinclar a vendu environ 4 millions de disques depuis le début de sa carrière, dont 1,5 millions de l’opus « Love génération ».
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Les films de Jean Renoir au LACMA

Du 12 Mars au 10 avril, la célèbre section Cinéma du LACMA, menée par Ian Bernie, consacrera sa programmation au réalisateur Jean Renoir, deuxième fils d’Auguste Renoir.
Né à Paris en 1894, mais naturalisé Américain et mort à Beverly Hills en 1979, Jean Renoir a mené une riche carrière qui inspirera très grandement la Nouvelle Vague française.
The Rules of the Game, Nana ou Boudu Sauvé des Eaux… De nombreux films seront ainsi projetés dans la salle Léo S. Bing du Los Angeles County Museum of Arts, honorant ce réalisateur si capital pour de nombreux cinéphiles et cinéastes.
Ouverture de la rétrospective le Vendredi 12 Mars à 19h30 avec la projection de Toni (1935, 81 min).
Un événement organisé en collaboration avec le Bureau du Film des Services Culturels de l’Ambassade de France à Los Angeles.
Quand ? Du 12 Mars au 10 Avril
Où ? Los Angeles County Museum of Arts
5905 Wilshire Blvd – Los Angeles, CA 90036
Plus d’informations : http://www.lacma.org/programs/FilmSeriesSchedule.aspx

« La Fille sur le Pont » à Pasadena

Une Adèle suicidaire, un lanceur de couteaux et un Pont sur la Seine parisienne. Le film réalisé par Patrice Leconte, avec Daniel Auteuil et Vanessa Paradis est sorti en 1999.
Quand ? Le Vendredi 12 Mars à 19h.
Où ? Alliance Française de Pasadena. 34 E. Union St. Pasadena, CA 91103
Plus d’informations : http://www.afdepasadena.org/Pages/events.html

Modern Serenade au Merkin Concert Hall

Ensemble du Monde et son directeur de musique Marlon Daniel présentent  “Modern Serenade”, un concert unique regroupant les morceaux les plus populaires des compositeurs du 20ème siècle comme Aaron Copland, Dmitri Shostkovitch, Charles Tomlinson et Arnorld Schönberg.
Modern Serenade sera interprété par les stars montantes de la musique classique: Kimball Gallagher,  Andrew Parker, Crystal Zagarello et Christopher Coletti. Ce concert présentera le répertoire standard classique mais aussi de la musique de l’ère baroque.
Dimanche 14 Mars à 19h
Merkin Concert Hall: 129 West 67 Street New York
Ticket: http://tickets.kaufman-center.org

Tino Sehgal au Guggenheim

A 34 ans, Tino Sehgal est certainement l’artiste berlinois conceptualiste le plus en vogue. Il est le plus jeune artiste à avoir été présenté à la biennale de Venise. Cela fait dix ans que ce germano-anglais intrépide repousse les limites de l’art éphémère. Participatives, intraçables et polémiques, ses performances désarçonnent et fascinent. Après la Villa Reale de Milan, la Tate Modern de Londres et le MCA de Chicago, c’est au tour du Guggenheim de le recevoir.
Aucune information sur le site internet du musée ne prépare à l’expérience offerte par Tino Sehgal. Notre équipe, en mission au Guggenheim pour couvrir la très franchouillarde exposition Paris and the Avant-Garde, s’est laissée surprendre – sans trop avoir le choix – par l’efficacité de son message.
La horde d’habitués new-yorkais est perplexe : le Guggenheim, mastodonte aux allures d’escargot, accueille désormais ses membres dans une petite antichambre. Ce changement amuse le gardien : « ils font tous la même tête quand on leur indique où prendre les tickets ! ».
Le hall principal, rotonde pensée par l’architecte Frank Lloyd Wright comme écho aux lacets vertigineux des étages, est immaculé, inquiétant. La première impression est que le musée est en travaux. Dans la foule, se distinguent peu à peu des silhouettes en exercice : les interprètes de Kiss (déjà présenté en 2002). Le jeune couple s’enlace passionnément, au ralenti. Il se lève doucement, puis s’allonge sur le sol. L’artiste nous expliquera plus tard que leurs poses sont autant d’hommages aux plus célèbres baisers depuis la Création.
L’escalier en colimaçon à peine foulé, un enfant nous tombe dessus : « Puis-je vous poser une question ? Qu’est-ce que le progrès ?». Il nous entraîne sur le circuit qui monte. Nous baragouinons quelques banalités sur le changement social, déstabilisés. L’enfant retranscrit nos propos à une jeune adolescente au premier étage. Celle-ci s’étonne, à juste titre, que notre idée du progrès soit liée au simple changement. « Mais alors, la guerre, c’est un progrès ? » demande-t-elle, toujours en avançant. Nous venons de passer l’entrée de l’exposition permanente des impressionnistes, il nous reste moins d’une heure avant que le musée ne ferme. « Mais qui êtes-vous au juste ? Votre école fait un atelier ?». Une seconde d’agitation, la jeune fille s’évapore, une jeune femme surgit : « Pensez-vous que le progrès soit dépendant de l’ouverture, de la crédulité ?».
Nous comprenons enfin, honteux, que l’œuvre de Sehgal est en plein déroulement, que nous en sommes les principaux acteurs. La discussion s’intensifie, à mesure que nous retrouvons confiance et que nos interlocuteurs vieillissent. Nous évoquons la religion, la technique, le progrès artistique. Nous divaguons sur la musique avec un charmant monsieur aux cheveux blancs, John, qui confie avoir progressé au saxophone dès qu’il a su libérer son activité du besoin de reconnaissance. Au quatrième étage, c’est à John de freiner notre course. Nous aurions grimpé encore longtemps à ses côtés. «Vous venez d’expérimenter le progrès, je vous laisse y réfléchir» ponctue ce guide spirituel, avant de disparaitre en un quart de seconde par l’une des trappes secrètes que Sehgal semble avoir installées.
Amassés devant un Miró, le vague à l’âme, nous subissons la minuscule exposition consacrée à l’Avant-Garde parisienne. Produite par la réflexion d’un commissaire et grâce à des donations, elle semble bêtement matérielle. Il nous reste trente minutes. Nous préférons les consacrer à l’expérience troublante d’une progression à la fois dans l’espace et dans la réflexion. Retour dans le hall.
Une rumeur annonce la présence de l’artiste. Nous le trouvons, conversant avec des touristes espagnols. Il parle de son obsession pour la transformation des actions, de son aversion pour le statique. Nous l’interrogeons sur l’absolu vide matériel de son exposition. « Je suis contre le mode de production dominant. L’immatériel est mon arme contre la surabondance de biens». Aucune documentation n’a d’ailleurs été produite pour l’exposition. Pour le nominé au prix Hugo Boss, les matériaux sont la voix humaine, le langage, le mouvement et l’interaction.
Cette posture explique l’incessant recours aux interprètes. This situation, exposée dans la galerie Marian Goodman à Paris en 2009, puis à New York de novembre à janvier 2010, mettait en scène un groupe de six penseurs, débattant au cours de leur exercice de gymnastique. This is propaganda, en 2002, présentait en gardien chantant « Ceci est de la propagande ! ». Pour la bien nommée exposition This is new, en 2000, c’est un surveillant de musée qui déclamait les informations du journal du jour…
L’art expérimental de Tino Sehgal n’est pas une transe introspective. Ses situations construites visent l’expérimentation par le public. Sollicités à tout moment, sur un pied d’égalité face au décryptage de l’œuvre, les visiteurs sortent du musée littéralement décomplexés et vivants. Et comme l’expérience a une force adhésive, on embarque un bout de Sehgal chez soi.
Au Guggenheim jusqu’au 10 mars 2010.

Cocoon au Poisson Rouge

Vainqueur en 2007 du concours des Inrockuptibles “Ceux qu’il faut découvir”, Cocoon est de passage à New York. Le groupe français indie folk sera au Poison Rouge Lundi 15 Mars avant de se produire au festival d’Austin. Créé en 2006 et composé de Mark Daumail et Morgane Imbeaud, ils seront accompagnés sur scène de Raphael Seguinier, Oliver Smith et Sophie et Julie.
Lundi 15  Mars à 22h30
Le Poisson Rouge: 158 Bleecker St, New York
Ticket: 10$
http://lepoissonrouge.com

Ligne L : la French Touch du subway

Régis Degouge passe sa vie dans le subway. Entre son bureau de Herald Square et sa maison dans le centre de Brooklyn, il prend tous les jours la ligne F. Puis, encore plus fort, une fois assis à son bureau, il voyage encore… cette fois à bord de la ligne L.
Non pas que cet ingénieur français ait le don d’ubiquité, il fait partie de la division Transports de Siemens-Matra qui travaille depuis la fin des années 90 sur l’automatisation de cette ligne reliant 8th Avenue/ 14eme rue à Canarsie dans l’Est de Brooklyn. Certes, les millions de voyageurs qui empruntent la ligne grise tous les ans ont dû subir de nombreuses diversions et autres interruptions de service ces dernières années à cause des travaux de Régis Degouge et ses collègues, mais grâce à eux, ils bénéficient aussi de trains plus ponctuels et plus fréquents que sur les autres lignes. D’ailleurs, les usagers ne s’y trompent pas: la sacro-sainte Straphangers Campaign, qui dresse un classement des lignes de subway à partir des commentaires de voyageurs,  l’a sacrée meilleure ligne de 2009.
« Impossible de localiser les trains avec précision»
Pour moderniser la ligne L, Siemens s’est appuyé sur la technologie de la ligne Météor (ligne 14) à Paris, seule ligne entièrement automatisée du réseau et accessoirement la plus moderne au monde. En 1999, l’entreprise remporte un appel d’offre de plusieurs dizaines de millions de dollars pour installer un système CBTC (Communication Based Train Control) sur la ligne L soit « des systèmes d’automatisation », intégralement wireless, dans la rame et sur les voies, pour rendre le service plus efficace. Un grand saut technologique pour la MTA-NYCT, l’agence gestionnaire du réseau, qui veut faire de la « Canarsie Line » une ligne pilote dans la modernisation du système pour les deux décennies à venir. Celle-ci traverse en effet des quartiers, comme Bushwick et Williamsburg, dont la population explose depuis quelques années. « Il fallait donc ajouter des trains et les rapprocher sur la voie », explique Régis Degouge.
Dans la cabine du conducteur ont donc été installés des équipements d’assistance à la conduite, notamment un pilotage automatique qui permet de minimiser les temps de déplacement entre deux stations. Sur les quais, un dispositif d’affichage des temps d’attente des trains, similaire à celui du métro parisien, fait désormais le bonheur des passagers. Enfin, des capteurs au sol permettent d’indiquer avec précision la localisation des trains sur la voie, ce qui, aussi surprenant que cela puisse paraitre, était impossible auparavant. « Avant, la voie était divisée en portions avec des feux à l’entrée. Lorsqu’un train l’occupait, le feu rouge s’allumait. Grâce à ça, on savait où se trouvaient les trains mais on ne pouvait pas dire où avec précision, explique Régis Degouge. Ils sont réellement passés de l’âge de pierre à l’âge du numérique. »
A sa décharge, la MTA revient de loin. Contrairement au réseau parisien qui s’est développé de façon centralisée, les premières lignes de subway étaient opérées en ordre dispersé par des acteurs privés. En conséquence, certaines lignes ont accusé un retard de développement. Dans les années 50, lorsque la ville de New York essaye de centraliser la gestion des voies, le pauvre subway doit compter avec la concurrence de la voiture en plus de ressources limitées. « Dans les années 80-90, on s’est rendu compte que New York ne pouvait pas marcher sans subway. Aujourd’hui, on est toujours en train de remonter la pente », analyse Régis Degouge.
Une pente d’autant plus dure à remonter que la bête est difficile à bouger: des trains énormes qui circulent 24h sur 24, un réseau monstre de prés de 370 km de rails qui engloutit plusieurs millions de personnes chaque jours, un système « branché », c’est-à-dire dont les lignes se démultiplient sur les territoires. Et bien sûr le légendaire système de trains express. Autant de facteurs qui compliquent la rénovation. « Par endroits, il n’a pas été rénové depuis 80 ans » avance même Régis Degouge citant les « interlockings ». Ces signaux qui régulent le trafic au niveau des aiguillages sont pour certains toujours activés manuellement.
Malgré ses problèmes budgétaires, la MTA et son nouveau patron Jay Walder ne veulent pas ralentir la modernisation du réseau. Siemens et Thalès  entre autres sont dans les rangs. « Le subway new-yorkais, c’est 20  ans de travail » sourit Régis Degouge. Et pour les usagers, sans doute autant d’interruptions de service.

Astrid Bas et Daniel Pettrow lisent Marguerite Duras

Dans l’Amant, roman autobiographique publié en 1984, Marguerite Duras, alors âgée de 70 ans, nous raconte son adolescence en Indochine.
L’actrice française Astrid Bas, reconnue notamment pour son parcours au célèbre Théâtre de l’Odeon, lira l’Amant et La Musica Deuxième, en compagnie de l’américain Daniel Pettrow, au Théâtre du Lycée Français de Los Angeles.
Quand ? Mercredi 10 Mars à 19h30
Où ? Au théâtre Raymond Kabbaz
10361 W. Pico Blvd
Los Angeles CA 90064
Plus d’informations : http://theatreraymondkabbaz.com/events.html

Pour réserver : http://www.vendini.com/ticketsoftware.html?m=241d6077b39728479d58e072170e1c6f&t=tix

Tarifs :$20 Général, $10 Étudiants