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Sous les pavés de 1968

Martha Carroll parle un français parfait, mais insiste pour qu’on la corrige si elle fait une faute de conjugaison. «J’ai appris le français à l’Alliance Française à Paris» confie-t-elle. Née au Texas, elle a suivi son mari, avocat international dans tous ses voyages et notamment à Paris en 1967. Martha est alors journaliste politique indépendante et photographe, une carrière qu’elle a poursuivi ensuite d’Angleterre au Japon et finalement à New York.
Avec son mari Speed, ils habitent à quelques pas de la Sorbonne lorsque les premières manifestations éclatent. Au début de mai 1968, Martha ne saisit pas la teneur des évènements. “Des gens disaient qu’on manifestait à Nanterre. Mais la faculté était connue pour ses étudiants très à gauche et surtout très violents. On a également parlé d’une manifestation à la Sorbonne. On ne savait pas trop ce qui se passait”. Pourtant, une vingtaine de jours plus tard, Martha prend conscience que “la France ne sera plus jamais la même”, comme elle l’écrit dans un article pour The Village Voice paru le 23 mai 1968.


Durant tout le mois de mai, Martha descend seule dans les rues, armée de ses appareils photos: étudiants, ouvriers, CRS, jeteurs de pavé, barricades, tout y passe. “Si les flics m’avaient prise, ils m’auraient exclue. Je n’avais ni le brassard fourni par le gouvernement ni l’accréditation qui pouvait m’apparenter à la “Presse” aux yeux de la police, raconte la journaliste. Je ne pouvais pas passer de leur côté. Les policiers n’aiment pas les albums photos de leur travail“. Martha s’est donc fondue avec les manifestants mais aussi avec les casseurs solitaires. «Je ne savais pas si les gens qui lançaient des pavés étaient des étudiants ou non». Martha n’a manifesté qu’une fois aux côtés des étudiants: «lorsque Daniel Cohn Bendit a été exclu du pays».
Au fil des jours, Martha a vu la violence augmenter dans les rues de Paris: voitures brûlées, violence des mots et des slogans, de plus en plus de gens blessés. «Un week end, mon mari s’est risqué dehors avec son appareil photo. Il n’a pas couru assez vite. Conclusion: deux côtes cassées». Martha s’étonne encore elle-même d’être parvenue à échapper aux CRS. «Deux gros appareils photos, ce n’est pas très pratique pour courir. Il fallait presque un 6e sens pour sentir la police arriver».
Et puis un jour, tout s’arrête. “J’ai immédiatement senti que quelque chose s’était passé. C’était fini”.


D’après Martha, les jeunes Français n’ont pas été aussi écoutés que leurs pairs en Allemagne ou au Japon. Il lui a semblé également que “les Français ont aimé manifester, comme le gouvernement à aimer leur répondre“. «Quand on voit les évènements avec un œil étranger, on ne partage pas les mêmes sentiments que les autres». D’ailleurs, aujourd’hui, Martha n’éprouve “aucune nostalgie» et s’amuse de voir les Français si attachés à cette époque. «C’était tellement grandiose, tellement passionnant qu’ils avaient l’impression de faire la révolution. Ils utilisaient même l’expression: l’an I. Pour moi, ce n’était le début de rien du tout».
Jusqu’au 1er mai, Martha Carroll expose ses photos de mai 68 à la FIAF. (lire ici)

Zadig et Voltaire in New York

Fashionistas, à vos agendas! Zadig et Voltaire débarque à New York.
Lorsque Thierry Gillier ouvre sa première boutique sous le nom de Zadig en 1996, il est loin d’imaginer que la marque deviendra l’une des références du style bobo. Officiellement, Zadig & Voltaire, spécialisée dans la maille, voit le jour en 1998 à l’époque où Thierry rencontre Amélie. Pour elle qui se destinait à faire Sciences Po, ce sera finalement la mode. Avec Amélie, la marque trouve son style, à la fois féminin et rebelle. Ce sont d’ailleurs des petites touches rock’n roll: messages brodés, aigles cloutés, têtes de morts, qui feront tout le succès de Zadig & Voltaire.
Sans aucune publicité, la marque accède au rang de valeur sûre de la mode branchée. Son secret: des ambassadrices telles que Audrey Tautou, Charlotte Gainsbourg, Emma de Caunes, Marion Cotillard, Vanessa Paradis, qui incarnent à merveille l’esprit bohème chic de Zadig & Voltaire. Côté prix, la marque se situe plutôt dans le haut de gamme (300€ le pull cachemire, 130€ le tee-shirt…), des matières de qualité (100% cachemire, soie lavée, satin) constituant son meilleur atout.
Aujourd’hui si le couple Gillier n’est plus, la marque continue d’avancer à grands pas. En pleine expansion, Zadig & Voltaire a récemment inauguré sa 21e boutique à Paris. Elle vient aussi d’ouvrir un second magasin à Londres où deux autres sont attendus, prépare le premier de trois à Dubaï, et prévoit sept boutiques à Hong Kong. Sur la zone Amérique, la marque est présente à Los Angeles depuis 2005. Quant à New York, “c’est un des projets pour 2009“, confie Juliette Boudre de chez Zadig & Voltaire à Paris.
En attendant, venez découvrir la collection Printemps-Eté lors d’une vente privée exceptionnelle qui aura lieu les 28, 29 et 30 avril.
Rendez-vous au 26 E 63rd Street appt 12B.
RSVP au 310 358 9616 ou [email protected]

Carla, Sarko: Opération séduction

Maintenant que Tony Blair n’est plus là, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se disputent la place de leader européen préféré de Bush. Malheureusement pour l’Allemagne, le Washington Post estime que le gouvernement Sarkozy aurait été plus délicat sur la question du réchauffement climatique. “Dans la loterie pour être le favori de Bush, Sarkozy remportera-t-il une invitation à Camp David ou à Crawford, dans le Texas ?
Newsweek a noté certains changements dans la façon de gouverner de Nicolas Sarkozy, qui a fini par comprendre que «les véritables actions parlent plus que les paires de lunettes de soleil». L’hebdomadaire juge néanmoins bon de lui rappeler qu’un lifting du visage n’est malheureusement pas suffisant pour ranimer sa côte de popularité.
Au delà de Sarkozy, c’est encore son couple qui fait le plus parler de lui. Sur la question du boycott de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Pékin, le Huffington Post s’interroge : “ne pas avoir (lors de la cérémonie) Carla Bruni et Nicolas Sarkozy réduirait certainement le côté glamour, mais peut-être que le glamour n’a pas sa place dans les débats actuels”.
Le «syndrome Sarkozy» s’étend. Comme le constate le New York Post, Vladimir Poutine rejoint Nicolas Sarkozy sur un point: une femme plus jeune, c’est bien, si c’est un ancien mannequin c’est mieux. En effet, l’ex président russe se remarierait avec une gymnaste (et ancien top modèle) russe agée de 24 ans. (Rumeurs qu’il a démenties en portant plainte contre le journal russe qui les a publiées).
Eternellement, on en revient à Carla Bruni dont le nom est sur toutes les lèvres depuis la vente de la fameuse photo. Le New York Observer, qui lui a consacré sa Une, ne tarit pas d’éloge sur la nouvelle Première Dame de France dont “même la cheville vous séduirait“.
Cela frôle même la jalousie: “Elle est aussi belle nue qu’habillée. Elle est restée jeune sans courir après la jeunesse; elle est restée sexy sans perdre sa dignité ou sa position de pouvoir. Et c’est ce que beaucoup de femmes, particulièrement les New Yorkaises, veulent. Bien sûr, ces dernières possèdent leur propre sens du glamour. Mais Mme Bruni, à 40 ans, a plus à nous offrir que la simple promesse du bon goût. Elle est à la fois sophistiquée et populaire, exhibitionniste et intellectuelle.”
L’auteur conclut: “L’Amérique aura-t-elle jamais une première dame qui dit “sexe” au lieu de “cheese” quand elle est prise en photo ? Cela semble peu probable. But we can dream, yes? Please Carla, come visit !

Artistes sans papiers

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La procédure pour obtenir votre visa fut longue et compliquée ? Si cela peut être une consolation, vous n’êtes pas les seuls. Les artistes ne sont pas mieux lotis en la matière. Le groupe français Fancy en sait quelque chose. Le groupe aurait dû se produire en Mars aux Etats-Unis pour une dizaine de dates, dont l’une au Madison Square Garden, en première partie du célèbre groupe éléctro Justice. L’un des membre du groupe Mohamed Yamani n’a pas obtenu son visa dans un premier temps. «Le groupe a dû annuler 10 dates, et n’a pu faire que les trois derniers concerts sur la côte Ouest” raconte Robert Singerman, responsable du Bureau Export de la Musique française à New York. La raison serait, selon la maison de disque, liée à une homonymie avec un terroriste, pourtant mort, nommé Abou Mohamed al-Yamani, rapporte Libé. “Beaucoup de gens au niveau des autorités françaises se sont impliqués pour débloquer le dossier», dit Robert Singerman.
Autre cas de refus récent, côté anglais cette fois : Amy Winehouse. La star de la pop anglaise a vu sa demande de visa initialement refusée, lorsqu’elle devait se rendre à la cérémonie des Grammy Awards 2008 à Los Angeles. Certains expliquent ce refus par sa réputation sulfureuse.
«Le principal problème [quand il s’agit des artistes] est le temps et l’argent», explique Jonathan Ginsburg, un avocat de l’immigration à Fairfax, en Virginie, du cabinet Fettmann, Tolchin & Majors. Mais la situation pourrait changer bientôt : la Chambre des Représentants a voté le 1er Avril un projet de loi pour accélérer les procédures d’autorisation de visa pour les artistes étrangers. Les organisations artistiques retiennent leur souffle et s’enthousiasment à l’idée de voir leurs problèmes (le temps, l’argent, la complexité) sinon résolus, du moins soulagés. «Si la loi passe, cela sera un immense bénéfice pour les organisations artistiques», explique Laura Aswad, directrice de la société Real Arts and Culture, qui travaille en collaboration avec l’Alliance Française et le Lincoln Center Festival.
Les frais de dossiers «réguliers» pour les visas des artistes s’élèvent à $320, mais bien souvent, il faut débourser $1000 en plus pour la procédure «premium». Il faut aussi payer les honoraires d’un avocat ou de la personne spécialisée en charge du dossier. «Prenons le cas d’une compagnie de danse : il faut payer les frais pour chaque danseur et chaque technicien. Les petites organisations artistiques n’ont pas les moyens de payer de telles sommes», explique Laura Aswad.
A cela s’ajoute la complexité pour les artistes «confidentiels», du moins ceux qui n’ont pas encore percé : «Les artistes doivent montrer qu’ils ont eu une couverture médiatique en anglais. Des articles de la presse française, traduits en anglais, ne suffisent pas. Cela ne marche que pour certains groupes qui ont déjà fait des concerts en Angleterre, et ont ainsi pu avoir des articles de presse britannique» dit Robert Singerman.
Une fois la demande déposée, le Ministère de la Sécurité Intérieure est sensé traiter le dossier dans les deux semaines qui suivent, mais cela n’est presque jamais le cas, expliquent les organisations artistiques. «Cela peut prendre entre un et six ou sept mois, sans même avoir l’assurance que le dossier sera approuvé», explique Laura Aswad. L’une des vertus de la procédure «premium» est d’ «expédier » (expedite) la candidature en moins de deux semaines, afin d’être fixé. Le projet de loi, qui s’applique seulement aux organisations artistiques à but non lucratif, étend le temps alloué au Ministère pour traiter le dossier de deux semaines à trente jours. S’il dépasse cette échéance, le Ministère devra dorénavant « expédier » la demande, sans faire payer les $1000 de service « premium ».
«Cela sera un soulagement pour les organisations artistiques, d’autant que l’approbation des Services de l’immigration n’est qu’une première étape», avertit Laura Aswad. «Il faut ensuite obtenir un rendez-vous auprès d’un Consulat».
Laura Aswad raconte un autre cas de refus : «Je me souviens de m’être occupé des visas pour les membres de la troupe d’une pièce de Peter Brook qui avait été jouée aux Bouffes du Nord. Ils devait venir aux Etats-Unis. L’un des acteurs français d’origine congolaise n’avait pas obtenu son visa. Il a été remplacé par un autre acteur de la pièce, qui a dû apprendre le rôle à la va-vite» explique-t-elle. Mais ces cas restent peu nombreux. «En général, les Français bénéficient d’un Service Consulaire américain en France très conciliant avec les artistes », dit Jonathan Ginsburg.
Les différentes catégories de visas pour les artistes :
Le visa 0 : pour les « personnes de renommée nationale ou internationale connues dans le monde des arts », dit le site du Consulat américain en France, en somme le visa des stars.
Le visa P : pour les artistes (les groupes, les compagnies) se produisant aux Etats-Unis dans le cadre d’échanges culturels

Le rêve américain aux poings

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A 24 ans, Stéphane Malenou a déjà les réflexes du champion qu’il souhaite devenir : une bonne dose de confiance en soi, une belle tchatche et une grande ambition: être le meilleur. En ce lundi matin, il est souriant : le «Prédateur» vient de recevoir des mains de son manager, Damon de Berry, sa carte d’identité américaine de boxeur professionnel qui lui permettra de monter sur les rings américains.
Depuis mars, Stéphane Malenou s’entraîne tous les jours au célèbre Gleason’s Gym de Brooklyn. Dans cette salle de boxe mythique dont les rings, où l’on imagine encore Mohammed Ali s’entraîner, ont été immortalisés dans le «Raging Bull » (1980) de Martin Scorcese et le « Million Dollar Baby » (2004) de Clint Eastwood, Malenou se sent à l’aise. «Je suis venu à Gleason’s l’année dernière pour la première fois, se souvient-il. La salle était impressionnante. J’ai vu tous les rings, la qualité des boxeurs et je me suis dit ‘oufffffff’. C’est ici que ça se passe».
Stéphane Malenou
Né à Douala au Cameroun, Stéphane Malenou préférait, enfant, les gants de boxe aux crampons. «Au Cameroun, tout le monde joue au foot. Moi, je suis plus individuel» dit-il.
Il a 18 ans quand, de retour du Kazakhstan où il participait aux championnats du monde avec la sélection camerounaise, il profite d’une escale à Roissy pour commencer une aventure française qui durera six ans. Son premier combat : affronter les difficultés de la rue. Puis, il monte sur les rings du 14eme arrondissement de Paris, de Levallois-Perret et de Choisy-le-Roi en banlieue parisienne, obtient sa licence, et les premiers titres tombent. En 2003, il décroche la Coupe internationale des poids légers puis, en 2005, celle des poids welters.
Mais il en faut plus à Stéphane Malenou qui se voit déjà sacré champion du monde dans sa catégorie : «En arrivant en France, j’ai très vite compris que je n’étais pas dans le milieu de la boxe, se souvient-il. Je n’avais qu’une seule envie : partir le plus rapidement possible». La rencontre avec son manager actuel, Damon de Berry, ancien professionnel néo-zélandais, lui donne un ticket pour les Etats-Unis. «J’ai vu Damon plusieurs fois à Paris […] Il m’a dit : ‘Tu as beaucoup de potentiel. Je pense qu’on peut en faire quelque chose’, se souvient Malenou. Il m’a dit : ‘va à Gleason’s. Bruce Silverglade, le Directeur de Gleason’s, t’attend. Hector Rocha, entraîneur de plusieurs ex-champions du monde, t’attend.»
A Gleason’s, Malenou se sent «plus proche de la vérité». Aux Etats-Unis, «la Mecque de la Boxe», il obtient la reconnaissance que la France n’a pas su lui donner. «En France, on manque de managers et de promotion. Ca ne donne pas envie de pratiquer ce sport au plus haut niveau, explique-t-il. Ici, j’ai un manager qui s’occupe de moi. Il me paie les entraînements. Il s’occupe de mon alimentation […] J’ai vraiment l’impression d’être traité en professionnel […] Je n’ai qu’une seule envie maintenant, c’est de monter sur un ring ».
Un Gleason’s à Paris
C’est sur ce sentiment, qu’il pense répandu parmi les boxeurs français que veut tabler Damon de Berry, manager de Malenou chez Optimum Sports Agency, une agence de management sportif installée en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, pour attirer d’autres jeunes professionnels de la boxe. Un ancien de Gleason’s lui-même, il souhaite ouvrir un Gleason’s Gym à Paris pour permettre à des boxeurs professionnels européens de venir travailler aux Etats-Unis : «Il y a un vrai besoin pour un centre de formation pour la boxe professionnelle à Paris, affirme-t-il. L’antenne parisienne de Gleason’s permettra d’attirer ces boxeurs […] et de favoriser, plus qu’aujourd’hui, leur insertion dans le marché américain ».
Pour sa part, Stéphane Malenou rêve déjà de voir son portrait accroché aux murs de Gleason’s, aux côtés de ceux des stars qui ont fait sa légende. Son premier combat est prévu pour le mois de juin. Quand on lui demande s’il souhaite un jour rentrer au Cameroun ou en France, Malenou répond : «Bien sûr. Ce sont mes pays». Avant d’ajouter aussitôt: «Mais pour l’instant, je suis à New York, C’est ici que la boxe se passe. Et je vais faire ce que j’ai à faire». Ses adversaires sont prévenus.

Nouvelle classe bilingue dans le Upper West

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À l’initiative d’un petit groupe de parents et de l’association de l’Education française à New York (EFNY), la P.S. 84 crée une nouvelle classe bilingue français-anglais niveau Kindergarten. La première du genre dans le District 3. Ouverture prévue pour septembre 2008.
Le projet d’ouvrir une classe bilingue francais-anglais de 1st Grade est également à l’étude. Talcott Camp, new yorkaise, maman de deux petits garçons scolarisés à P.S. 84 se bat pour donner l’opportunité à ses enfants de devenir bilingues. Elle est optimiste. À suivre.
P.S.84, L’Ecole des Arts Lillian Weber se situe au 32 West sur la 92e rue entre Central Park West et Colombus avenue.
Inscriptions:
– Pour entrer en Kindergarten en septembre 2008, votre enfant doit être né entre le 1er janvier et le 31 décembre 2003.
– Pour s’inscrire dans le programme bilingue français/anglais, votre enfant doit d’abord être inscrit à P.S. 84.
– Pour les familles hors zone, vous devez vous inscrire à la loterie d’admission AVANT LE 25 AVRIL 2008.
Site officiel P.S 84
Pour plus d’information contacter la principale Robin Sundick au 212-799-2534 ou les parents à l’initiative du programme [email protected]

David Martinon à Los Angeles

Son patron l’avait traité d’imbécile à la télévision, le voilà consul. Une candidature à Neuilly transformée en pantalonnade, une enguelade publique et télévisée (sur CBS) par son patron et une amitié encombrante avec l’ex première dame: ça faisait beaucoup pour un seul homme. David Martinon avait donc été remercié, en même temps que son poste de porte-parole de la présidence supprimé, le 17 mars dernier. Depuis, le Ministère des Affaires étrangères, son corps d’origine, où il avait passé deux ans avant de rejoindre Nicolas Sarkozy comme conseiller diplomatique au Ministère de l’intérieur, s’activait pour le recaser. C’est finalement chose faite à Los Angeles.
Un décret, publié ce jeudi au Journal Officiel, nomme David Martinon Consul général de la ville californienne. A 36 ans (il en aura 37 le 13 mai), ce n’est pas un record mais tout de même un bel exploit qui fait grincer quelques dents au Quai d’Orsay. La nomination est toutefois mieux accueillie que l’autre solution, un moment envisagée, New York. Ce poste est nettement plus prestigieux et politiquement plus exposé. En choisissant les paillettes hollywoodiennes, Martinon et le Quai d’Orsay ont opté pour la sagesse. La transmission de pouvoirs avec l’actuel occupant du poste, Philippe Larieu, devrait se faire au cours de l’été.

Dollar après dollar, le long chemin de Brooklyn à Paris

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Dès la porte d’entrée de l’International Arts Business School, le visiteur sait à quoi s’en tenir. Deux gardes armés, des caméras de surveillance et un portique de sécurité, «le premier installé dans une école publique à New York, il y a vingt ans», selon le principal Leonard Trerotola : le ton est donné. Une scène quotidienne pour les 413 élèves de ce lycée public défavorisé de East Flatbush, dans l’Est de Brooklyn.

Le campus George Wingate, ou se trouve l'International Arts Business School, dans le quartier d'East Flatbush à Brooklyn
Avec 60% d’élèves issus de familles vivant en dessous le seuil fédéral de pauvreté, le International Arts Business School (IABS) accueille depuis 2003, à l’emplacement de la George Wingate High School, des ados de Brooklyn, du Queens et de Manhattan. «Vous ne pouvez pas imaginer tout ce que j’ai vu ici depuis mon arrivée, raconte Trerotola. Un meurtre, des viols, des bagarres… Il faut toujours être à l’écoute».
Pourtant, le lycée s’est progressivement fait un nom dans l’enseignement des Arts et des Langues à New York. En effet, lorsqu’il a pris les commandes de l’IABS en avril 2004, Leonard Trerotola a lancé de nouveaux programmes artistiques et linguistiques, calqués sur ceux d’établissements plus importants. «A mon arrivée, l’espagnol était enseigné par un assistant social à temps partiel et le français n’était pas enseigné du tout», se rappelle-t-il. «A la demande des élèves, nous avons ouvert de nouveaux cours de langue. J’ai recruté deux professeurs d’espagnol et un professeur de français à temps plein», indique le principal devant ses étagères débordant de dictionnaires de français, allemand, espagnol, arabe et même de japonais.
Aujourd’hui, le lycée consacre 162 000 dollars à l’enseignement des langues, soit «le triple de ce que consacrerait un établissement de notre taille», assure Trerotola, qui réfléchit à créer, en plus des cours existants d’italien, de français, d’espagnol et allemand, un cours de japonais. «Aller à la rencontre d’autres cultures est un très bel outil pédagogique. Nous voulons l’intégrer à l’esprit de notre école».
« BIENVENUE A LA CLASSE DE FRANÇAIS »
Après avoir été escorté dans un long couloir circulaire, le visiteur arrive à la salle 1-35. «Bienvenue à la classe de français», peut-on lire sur la porte de cette grande salle où un groupe de dix élèves est en train de déjeuner, sous les yeux du Petit Prince.
Ces élèves constituent le «Cercle français», un club qui se réunit chaque semaine depuis deux ans sous la direction –p– de Salima Smith, la professeure de français. Selon «Miss Smith», comme l’appellent ses élèves, le «Cercle français» est l’un des clubs les plus actifs du lycée : «Nous organisons des fêtes, des déjeuners, des loteries et des sorties dans des lieux francophones». Les élèves y lisent des livres, comme le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, et y pratiquent le français, dans la bonne humeur. «Le français, c’est difficile mais important. Avec Madame Smith, c’est très amusant», souligne Alex, 15 ans, dans un français parfait.

Salima Smith (au centre) entourée de ses éleves
Arrivée en 2006 après avoir enseigné en Californie, Salima Smith dit être «tombée amoureuse» de ces lycéens qui, selon elle, apprennent le français pour échapper à leur quotidien. «Tout le monde autour de moi apprend l’espagnol, remarque Alicia, 16 ans. J’ai choisi d’apprendre le français car je voulais être exposée à quelque chose de nouveau». Latiya, 16 ans, renchérit : «J’ai envie d’explorer différents endroits de Paris et voir comment les autres vivent […] Je veux découvrir le monde».
Mais pour ces élèves, le club de français, c’est aussi beaucoup plus. «Je suis un peu comme leur maman, sourit Salima. Souvent, les élèves viennent me voir pour se confier, Nous sommes une vraie famille où chacun a la liberté de parler et être celui qu’il veut être.»
LE GRAND VOYAGE
Depuis le début de l’année, Salima Smith voudrait offrir à ces enfants une expérience qui les changera à jamais. Après plusieurs voyages personnels en France, dont un séjour d’étude d’un an à Sciences po, elle souhaite à présent organiser un voyage à Paris pour les dix élèves de son club.
Près de la moitié du groupe n’est jamais sortie de New York. Aucun, sauf un, n’a mis les pieds en Europe faute de moyens. Ce n’est pourtant pas l’envie qui manque : pour sa part, Latoya, 16 ans, voudrait découvrir “les Champs-Élysées”, les autres “le Sacré Coeur”, “la Tour Eiffel” ou encore “le TGV”. Et bien sûr l’incontournable “Disneyland”. «Je leur ai montré des cahiers Clairefontaine et des stylos plumes. Et pendant deux semaines, ils voulaient tout savoir sur la France, et plus particulièrement sur les Monoprix, qui sont les supermarchés qui ressemblent le plus à nos Wal-Mart !», sourit Salima.
Mais le chemin jusqu’à la France reste long. En effet, selon le Board of Education américain, le financement de tels voyages, assimilés à des vacances, ne saurait être assuré par l’argent du contribuable et donc par le budget du lycée. Résultat : les fonds doivent être levés, dollar après dollar.
Depuis un an, le club se mobilise donc. Des déjeuners “français” avec coq-au-vin, purée et crêpes ont été organisés sur le campus du lycée. En décembre dernier, la vente de 400 cartes de Noël dans les rues de Soho a permis de lever 300 dollars. Et pendant l’été, les élèves iront jusqu’à laver des véhicules et organiser un marché aux puces aux abords du campus de l’IABS pour financer leur voyage.
Mais, lorsque Salima Smith fait l’addition, elle reste loin du compte. «Jusqu’à présent 3 000 dollars ont été levés mais il faudrait 2 000 dollars par élève, soit 20 000 au total», indique-t-elle. Et d’ajouter : «Je me suis adressée à McDonald’s et Apple. Sans succès. J’ai écrit un ‘{grant‘ (demande de bourse) qui n’a pas été accepté}». Une lettre envoyée aux parents d’élèves en novembre dernier pour solliciter leur aide est également restée sans réponse. «Le problème, c’est qu’il n’y a pas assez d’argent dans le quartier. Donc le processus est long et difficile». Malgré tout Salima s’interdit de perdre espoir. «On espère être récompensés. Les élèves me forcent à être optimiste.»
(Pour les donations : les chèques doivent être faits à l’ordre de “International Arts Business School, FRENCH CLUB” et adressés à :
Salima Smith
International Arts Business School
600 Kingston Avenue
Brooklyn, NY11203)

Marek Halter en campagne

Si en France, son public est acquis, pour que les Américains se souviennent de vous, explique Marek Halter, il faut se montrer, être présent, les Etats-Unis sont «un pays à conquérir constamment». Avec la sortie chez Random House de Mary of Nazareth, une biographie romancée de Marie, «une vraie mère juive au sens de Woody Allen», Marek Halter se fait à nouveau «détective de l’Histoire» et espère bien, comme à son habitude, séduire l’Amérique.
En écrivain engagé, Marek Halter se penche sur le passé, analyse le présent et regarde vers l’avenir, infatigable, il est de tous les combats.
Marek Halter s’élève contre l’anti-américanisme primaire qui a longtemps régné en France, (notamment dans son dernier livre “Je me suis réveillé en colère”), et soutient la politique atlantiste de Nicolas Sarkozy. Il rappelle justement aux Français que «les Américains sont venus deux fois à notre secours». « Je l’aime beaucoup » déclare-t-il spontanément avant de rajouter «malgré ses défauts». Son analyse ? «Le président français n’a pas compris le peuple qui l’a élu et le peuple n’a pas compris le président qu’il a élu». La France est un pays révolutionnaire à qui il faut prendre le temps d’expliquer, «comme à l’école». Mais «il va apprendre» poursuit-il confiant.
D’accord, son homologue américain «laisse un monde en ruine», mais selon lui, la société américaine vaux mieux que ce que d’aucuns pensent. Un homme noir dans la course à la présidence est un évènement historique qui mérite d’être souligné. S’il admet en rigolant que c’est «très éprouvant de faire campagne, même pour un livre», face à une Hillary Clinton qui «fait des bêtises et perd les nerfs», Marek Halter choisit Barak Obama. Côté républicain, il s’étonne ironique de la ressemblance entre John Mc Cain et Charlie Chaplin dans “Un roi à New York” et se révolte des propos tenus par le candidat républicain sur l’Irak. «Il veut rester 100 ans en Irak ? À l’âge qu’il a, cela sera sans lui».
Assis au bar de son hôtel sur Central Park south, Marek Halter voit New York, riche de sa diversité, comme la ville «symbole du monde de demain, de la France de demain». Notre République «unidimensionnelle» est appelée à mourir. «Nous sommes tous des racistes», or dans une société multiculturelle, «il y a toujours une identité qui échappe au bourreau».
À la question “en quoi croyez vous ?”, l’écrivain répond «en l’Homme». À 72 ans, optimiste, Marek Halter a encore beaucoup d’histoires à raconter.

So French

La France, c’est le fromage, les grèves et Johnny Hallyday. Et tellement d’autres choses encore.
– La classe à la française:
Ooh, lala, écrit le New York Daily News, pour $91 000 un homme peut maintenant voir ce qui a embarrassé le Président Français.
La photo de Carla Bruni nue a été vendue 20 fois le prix estimé nous apprend le New York Post qui se félicite également de savoir que les Français trouvent leur Première Dame “élégante et moderne“.
– Une certaine idée de la culture: le New York Times rapporte que chaque Président Français depuis la Libération a fait construire un nouveau musée, un opéra, une bibliothèque ou s’est lancé dans un programme culturel très riche. “On dit que les préférences de M. Sarkozy vont vers Lionel Ritchie et Celine Dion“. No comment.
– Des Français à la pointe de la mode, selon le New York Magazine. “Thanks Sarko” pour l’ultime détail tendance: les talons pour les hommes. Le journal constate que nombreux sont les hommes qui portent des talons. C’est Nicolas Sarkozy qui doit être content puisqu’il est obligé d’en porter “pour faire la taille de sa nouvelle femme“.
– Une autre institution, d’après le Los Angeles Times: la concierge, qui “fait partie de l’identité française au même titre que la baguette pendant le repas ou le vin avec le fromage“. Le journal s’inquiète de voir cette profession s’éteindre progressivement. “La fin des concierges signe la disparition d’un style de vie“.
– Le “Sarko effect”: S’agit-il de politique ? d’économie ? Eh bien non, le Président ajoute un nouveau détail à sa panoplie bling bling. Le Huffington Post rapporte que, d’après les chirurgiens de la clinique de Harley Street, de plus en plus d’hommes, particulièrement ceux qui épousent des femmes plus jeunes, passent par la case chirurgie esthétique, injections de botox et autre réduction de la poitrine. Ils ont appelé la tendance “l’effet de Sarkozy”, après que le Président français Nicolas Sarkozy se soit remarié avec une femme de 10 ans sa cadette.

Réservé aux milliardaires

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Dans la nouvelle bijouterie Leviev sur Madison Avenue, vous ne trouverez rien pour moins de 60 000 dollars.
«Nos prix commencent là où les autres finissent», dit Thierry Chaunu, le président français de Leviev Jewelry. «Je vous mets au défi de trouver un diamant de 20 carats sur la Place Vendôme. Il y a des six ou sept carats, pas plus».
Chez Leviev, le plus grand tailleur et polisseur de diamants au monde, il n’y a que des gros diamants, jusqu’à 103 carats, et des diamants rares : jaunes, bleus, rouges, verts et même caméléons. «Vous les voyez une fois dans votre vie», dit Chaunu, «ce sont des chefs d’œuvre de la nature».
Sur les 10 000 diamants qui sortent d’une mine, un ou deux sont assez exceptionnels pour être vendus dans le petit salon rose et gris de Madison Avenue. La rareté est telle que les prix atteignent des sommets, jusqu’à 30 millions de dollars pour un 103 carats, soit à peu près le prix d’un 800 mètres carrés sur la Cinquième Avenue.
Après 20 ans de carrière dans «le luxe de masse» – notamment comme président de Christofle et de Chopard USA – Chaunu, 51 ans, est passé en 2005 à l’über-luxe. «Les sacs à main Louis Vuitton, il y en a des milliers, ils sont portés aussi bien par des secrétaires japonaises que des milliardaires». Chez Leviev, «c’est un autre niveau» : plutôt milliardaire russe que petit PDG».
Malgré la crise financière, Chaunu peut dormir tranquille : sa clientèle est «au-dessus des turbulences économiques». Des boutiques ont ouvert à Londres et New York en 2006 et 2007, et les diamants rares de Leviev s’installeront à Moscou et Dubaï avant la fin de l’année. Avec l’explosion des économies chinoises et indiennes et l’augmentation des prix du pétrole, le nombre de milliardaires ne cesse de croître, une bonne nouvelle pour Chaunu.
La forte demande de diamants rares maintient des prix élevés. (Le prix des quatre carats a augmenté de 59% en un an, selon l’International Diamond & Jewelry Exchange). Beaucoup de clients considèrent ces achats comme des investissements, au même titre que l’immobilier.
Entouré de milliardaires
Aux Etats-Unis depuis 1980, Thierrry Chaunu vit à présent entouré de milliardaires : ses clients, certains de ses voisins à Greenwich dans le Connecticut, une des villes les plus riches des Etats-Unis, mais surtout son patron, Lev Leviev. Peu connu du grand public, Leviev est une «légende dans le monde des diamants», car il a été le premier à briser le monopole séculaire de la compagnie De Beers sur l’extraction des pierres brutes. Juif religieux originaire d’Ouzbékistan, il possède maintenant le tiers de l’extraction mondiale et un empire financier dans l’immobilier, le pétrole et les médias. En 2005, il a donné carte blanche à Chaunu pour développer une nouvelle marque spécialisée dans les diamants rares : «Leviev Jewelry».
De Sciences-po à la jet set internationale, l’aventure de Chaunu aux Etats-Unis a débuté en 1973, alors qu’il était encore lycéen. Grâce à une bourse de l’American Field Service, il étudie un an dans un lycée américain et vit dans une famille locale à Lake Forest, une banlieue chic de Chicago. De retour en France et quelques années plus tard, il épouse une Américaine.
Mais Thierry Chaunu tient à préciser : «Je suis tombé amoureux des Etats-Unis avant même de tomber amoureux de ma femme.»

Diamant jaune, Leviev Jewelry
Dans les années 80 à Miami, son diplôme de Sciences-po et sa maîtrise du chinois sont peu utiles ; il vend des lunettes de soleil de marque sur les bateaux de croisières et dans les grands magasins. Puis il rencontre le président de Cartier lors d’un tournoi de polo à Palm Beach. Sa carrière est lancée : sept ans chez Cartier, puis sept ans chez Christofle et sept ans chez Chopard.
«La plupart de mes collègues sont prisonniers de 150 ans d’histoire », explique Chaunu. Chez Leviev, il y a tout à créer, «le logo, le packaging, le style des boutiques, tout ce qui fait qu’une marque a une personnalité».
Pour un Français qui a toujours apprécié «l’idéalisme des Américains», partir d’une page blanche et tout réinventer est à peu de choses près le summum du rêve made in USA.
«C’est un projet plus que passionnant» dit Chaunu. «Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’opportunité d’inventer une marque de luxe !»

Crin Blanc au cinéma

“Crin Blanc” au cinéma, à la FIAF, le samedi 19 avril à 16h.
Tickets: $10, $7, pour les membres, $5 pour les enfants de moins de 12 ans. (disponibles ici)
au Florence Gould Hall, 55 East 59th Street.