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L'exception culturelle américaine

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« De la culture en Amérique »… Avec un titre comme celui-ci, Frédéric Martel avait placé la barre bien haut. Il n’avait guère droit à l’erreur. Quatre ans d’enquête, 700 entretiens, 620 pages au style léger… le résultat est à la hauteur de l’ambition de départ. Son livre n’a rien d’une encyclopédie sur l’histoire de Hollywood ou l’art contemporain américain. C’est une plongée remarquable sur les rouages de la culture américaine, son financement, ses réseaux (philanthropie, mécénat…), les politiques culturelles successives de JFK, R. Reagan ou de George Bush. Sans être un essai, l’ouvrage donne aussi d’innombrables pistes pour anticiper le devenir de la culture américaine au XXI° siècle. Notamment grâce à la « diversité culturelle ». L’auteur y consacre un chapitre entier, riche d’enseignements pour le lecteur français. Verbatim : « A chaque nouvelle vague d’immigration, à chaque nouvelle génération d’Asian-Americans qui s’émancipent, à mesure que les Noirs s’intègrent, l’Amérique se renouvelle, et parce qu’elle sait valoriser ces différences et reconnaître sur son territoire les cultures variées, sa puissance durera. Et si elle transforme ainsi ses immigrés et ses enfants de couleur, elle parvient aussi, et sans forcément le vouloir, à se transformer elle-même »
Frenchmorning : Pourquoi les Européens sont-ils aussi craintifs vis à vis de la création américaine? Et depuis quand ont-ils ce sentiment d’infériorité?
Frédéric Martel : Ce que je tente d’expliquer dans mon livre c’est l’ambivalence profonde des Européens à l’égard de la culture américaine. Ils peuvent rejeter la culture “mainstream”, de Walt Disney au Da Vinci Code, mais aimer en revanche la contre-culture américaine, le Wooster Group et Tony Kushner. Donc, ils ne sont pas craintifs en soi à l’égard de la création américaine.
Ils combattent les Etats-Unis tout en valorisant la culture américaine qui leur convient. Prenez Les Inrockuptibles, ou Télérama, ou le Nouvel Observateur ou Libération : ils sont parfois très anti-américains politiquement et souvent culturellement, mais ils
ne cessent de parler de Philip Roth en littérature, Bill T. Jones en
danse, Mapplethorpe, Nan Goldin et Andres Serrano en arts plastiques,
pour ne rien dire du cinéma “indépendant” américain (bien que celui-ci
ne soit souvent indépendant que de nom). Le paradoxe c’est que même
ceux qui rejettent la culture américaine d’un côté, la valorisent de
l’autre, en pensant qu’elle est un contre-modèle, une contre-culture.
En fait, je montre que la culture mainstream, la contre-culture, les
cultures des communautés appartiennent au même modèle culturel
américain et qu’elles ne sont pas le contre-système… mais bel et
bien le système.
Frenchmorning : Au pays du libéralisme économique triomphant, vous montrez qu’il existe des flux considérables d’argent public (fédéral, régional, municipal) qui irriguent le secteur culturel. Dans quelles proportions par rapport à la France?
Frédéric Martel : Dans mon livre, je ne parle jamais de la France et je ne me permets aucune comparaison. Et pour une raison très simple : ces comparaisons sont très difficiles à faire et peu sérieuses d’un point de vue scientifique.
Ce qu’il est important de dire, cependant, c’est qu’il
existe effectivement beaucoup d’argent public aux Etats-Unis pour la
culture, à la fois directement (200 agences interviennent pour aider
les arts au niveau fédéral, 50 agences culturelles jouent un rôle dans
chaque Etat et plus de 4000 agences interviennent au niveau des
villes) mais surtout indirectement. L’argent public provient
essentiellement du manque à gagner fiscal de tous les dons de la
philanthropie, du mécénat et des fondations. A cela, il faut ajouter
l’argent public qui va à la culture mais n’est pas directement
labellisé comme tel : les subventions directes et indirectes à la
revitalisation des ghettos noirs à travers des institutions
artistiques (à Saint-Louis, à Watts-LA, dans le South Side à Chicago,
à Harlem, à West-Philadelphia ou East-Baltimore par exemple). Il faut
encore citer les taxes artistiques sur les hôtels et motels (plusieurs
dizaines de grandes villes américaines comme San Francisco, Houston,
Los Angeles), les taxes culturelles sur les plaques d’immatriculation
(Denver et d’autres villes), les loteries (Massachusetts). En fin de
compte, l’argent public est fréquent mais peu visible. L’Etat doit
intervenir “sans fanfare” disait John Kennedy. Ces sommes d’argent
public pour la culture sont-elles aussi importantes,
proportionnellement au nombre d’habitants, qu’en France ? C’est
difficile à dire. Ce qui est certain : elles sont essentielles. Et
complètent le reste de la matrice culturelle des Etats-Unis : la
philanthropie, les endowments, les fondations, le mécénat
d’entreprises, les universités, les communautés etc.
Frenchmorning : Mais vous montrez aussi que beaucoup d’artistes, contrairement à ce qui se passe en France, sont suspicieux vis à vis de l’argent public. Vous montrez aussi (notamment sous Reagan) comment les politiques tentent d’avoir une influence sur la création. Comment peut-on qualifier les rapports politiques/artistes?
Frederic Martel : Le chapitre le plus long de mon livre, et qui s’intitule “les Culture wars”, est un chapitre sur la censure. Ce n’est donc pas un livre pro-américain – au contraire. J’ai lu récemment sur un blog américain que jusqu’à présent les Français disaient n’importe quoi sur la culture américaine et que nous étions donc stupides et inoffensifs.
La même personne disait qu’avec mon livre arrivait le nouvel
anti-américanisme : le français qui connait bien le système et qui
“got by the numbers”. Celui-ci (moi !) était beaucoup plus dangereux
car il risquait vraiment de mettre à jour les secrets de fabrique du
système. Ce blog m’a fait beaucoup rire ! La censure culturelle sous
Truman, Reagan et Bush-Père, notamment, fut particulièrement violente.
On ne peut pas imaginer une telle chose en France. Que l’Etat censure,
interdise et punisse : on comprend que les artistes américains se
méfient de l’argent public dans la sphère culturelle. Reste que le
système compte beaucoup de gardes-fous : l’autonomie absolue des
institutions culturelles, l’indépendance des universités (qui je le
répète sont au coeur du système culturel américain alors qu’elles sont
à la marge en France), le côté “bottom-up” des communautés : tout cela
laisse beaucoup d’espaces de libertés aux artistes, même quand le
gouvernement les censure.
Frenchmorning : le moteur culturel américain, c’est aussi le fameux “501c3” et la philantropie. Est-ce un modèle à suivre pour la France? Est-il propre aux “gènes” américains?
Frederic Martel : Nous avons aussi en France des associations loi 1901 et des lois permettant les dons dans le cadre du mécénat culturel. La différence tient plutôt à l’histoire, au protestantisme, à la nature du don aux Etats-Unis et à l’autonomie réelle des associations américaines (les fameuses 501c3 du nom de l’article des impôts fédéraux qui en définit le statut).
En France, le monde associatif est très dépendant pour ses
financements de l’Etat quand il ne s’agit pas de démembrements
implicites de l’Etat : aux Etats-Unis les associations à but non
lucratif ont la possibilité de trouver de l’argent par eux-mêmes, via
le fundraising. Tous les musées, tous les théâtres (sauf Broadway),
tous les orchestres, opéras, ballets, et toutes les bibliothèques et
universités (quand elles ne sont pas publiques) sont à but non
lucratif aux Etats-Unis, et non pas “privés” (sous-entendus
commerciales) comme on le croit en France. Tel est un des secrets de
la culture américaine : tout ce qui est fait en France par l’Etat et
fait aux Etats-Unis par le secteur à but non lucratif, et non pas par
le marché ! C’est en cela que l’exception culturelle existe autant aux
Etats-Unis qu’en France.
Frenchmorning: “Vous avez été pendant 4 ans attaché culturel aux Etats-Unis. La France met-elle, selon vous, suffisamment de moyens financiers, humains pour assouvir son irrépressible ambition de rayonnement et pour faire connaître ses artistes et sa culture?”
Frédéric Martel : Que la France mette assez de moyens humains et financiers, n est plus la question. La vraie question est : est-ce efficace ? Et la réponse est non ! Bureaucratisation folle, objectifs culturels placés sous le contrôle de la diplomatie, dîners et cocktails partout en lieu et place d’un travail sérieux, arrogance folle de nos consuls : notre diplomatie culturelle est devenue omnipotente et incompétente. Franchement, ce n est plus un système qu il faut reformer ; il faut complètement le changer. Je ne crois plus à la capacité du ministère des affaires étrangères de gérer notre diplomatie culturelle. Le terme même, d ailleurs, est un non sens. Ce qui faut c’est déléguer aux institutions culturelles françaises (comme le Louvre, Orsay, Beaubourg, le CNC, les théâtres…) nos relations culturelles. Les diplomates ne sauront jamais faire cela. Prenez l’exemple de Jean-David Levitte à Washington dont j’ai bien vu le travail : il a très très bien réussi sur la guerre en Irak mais a un bilan calamiteux en matière culturelle, scientifique et surtout universitaire où il ne comprend rien et ne fait rien. Et puis il faut cesser de se croire le centre du monde et croire qu on a la meilleure culture au monde alors que notre influence est de plus en plus inexistante… Les Américains n’ont pas de diplomatie culturelle mais ils rayonnent partout : nous on a exactement l’inverse.
Frédéric Martel (« De la culture en Amérique », Gallimard, 32 euros).
Ancien attaché culturel aux Etats-Unis, il est l’auteur de « Le rose et le noir. Les homosexuels en France depuis 1968 » (Le Seuil 1996) et « Theater. Sur le déclin du théâtre en Amérique » (La Découverte, 1996). On peut consulter son site : www.fredericmartel.com
Extraits :
A propos de la visite d’André Malraux, ministre de la Culture de de Gaulle aux Etats Unis (mai 1962).
« Etrange visite qu’il est difficile de comprendre sans émettre l’hypothèse que les Américains ont délibérément « sélectionné » Malraux. Le projet d’inviter l’auteur de La Condition humaine n’est pas un hasard : il a été préparé avec grand soin au Département d’Etat, mais aussi à la Maison Blanche. En effet, comme le révèlent les archives, Malraux a été très tôt identifié par l’équipe Kennedy comme
André Malraux avec Jackie Kennedy
pro-américain, comme l’un des points d’accès à de Gaulle et, par temps de guerre froide, comme un anticommuniste fiable. Sur l’idée de son conseiller spécial, Arthur Schlesinger, Kennedy décide donc d’inviter Malraux et pour qu la ficelle ne soit pas trop grosse, choisit le prétexte de conférences à Harvard, suivies d’un séjour « informel » à Washington (…) JFK organise une promotion médiatique des livres de Malraux qui n’a eu d’égal que celle que Staline a faite à l’écrivain André Gide dans les années 30. »

A propos de John Frohnmayer, nommé par G Bush en 1989 à la tête de la NEA (national endowment for the Arts).
« Le nouveau président, texan d’adoption, ayant mené une campagne d’une violence implacable contre la gauche et mettant, une fois élu, l’accent sur les « valeurs familiales », Frohnmayer doit donner des gages. (…) Moins d’un mois après sa nomination, il annule une subvention de 10 000 dollars prévue pour l’exposition « Witnesses : against our Vanishing » programmée dans la galerie à but non lucratif Artists Space de Soho à New York . Selon lui, l’exposition dédiée à l’art et au sida serait « too political » (trop politique). (…) il est vrai que le catalogue de l’exposition comprenait un texte féroce et même calomnieux à l’encontre de plusieurs hommes politiques républicains (…) . Au contact des artistes et des oeuvres, face au dénuement d’hommes et de femmes en train de mourir du sida, John Frohnmayer est ébranlé : « ce n‘était pas aussi cru que me l’avaient décrit mes conseillers mais plus oppressant et sans espoir, très déprimant.» (…) En discutant avec les artistes, il reconnaît son erreur et annonce qu’il restaure la subvention. »

Touche pas à mon foie gras!

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Au printemps dernier, le conseil municipal de Chicago a interdit aux restaurateurs de vendre du foie gras. Une première pour une ville américaine. Motif ? La manière «cruelle et inhumaine» dont les oies et les canards sont nourris, ardemment combattue par les associations de défense des animaux. «C’est absurde, observe David Waltuck, le chef de Chanterelle, un restaurant de Tribeca, les abus pour la production de masse de poulets ou de bœufs sont pire
Depuis, neuf restaurants récalcitrants de Chicago ont reçu une lettre d’avertissement. S’ils s’obstinent, ils devront payer une amende allant de 200 à 500 dollars. Mais les autorités sanitaires de la ville ne cachent pas leur peu de zèle à traquer les hors la loi. Et le débat est loin d’être clos. Le maire a soumis une proposition pour abroger ce qu’il appelle «la loi la plus bête».
Contournement
Les restaurateurs ne se laissent pas faire et n’ont jamais acheté autant de foie gras. En août dernier, ils ont proposé le mets défendu le jour de l’entrée en vigueur de la loi. Et tous les moyens sont bons pour contourner l’interdiction qui ne vise que la vente. Dans un restaurant, à ceux qui commandent en entrée des «tartines de pain grillé» à 20 dollars, le serveur apporte deux assiettes : une avec des toasts et une avec du foie gras, offert par la maison . Même subterfuge dans un autre établissement pour ceux qui choisissent un «homard spécial». Les défenseurs de la spécialité française se mobilisent : ils ont organisé une levée de fond la semaine dernière dans un restaurant français de Chicago pour financer les démarches juridiques engagées pour faire annuler le texte.
Aux Etats-Unis, seulement trois fermes produisent du foie gras. Une d’entre elles est située en Californie, où il sera interdit dans cinq ans de «nourrir de force» les volailles. Il faudra trouver un autre mode de production. Les deux autres fermes sont installées dans l’état de New York, et sont dans la ligne de mire des associations de défense des animaux. Des projets de loi interdisant le foie gras dans le New Jersey et l’état de New York ont été déposés avant d’être rapidement retirés, face à la pression des fabricants.
«La production de foie gras est plus vulnérable que celle du bétail ou de la volaille» souligne Ariane Daguin, fondatrice de D’Artagnan, une entreprise du New Jersey qui vend du foie gras et autres spécialités françaises. L’industrie a peu de moyens financiers pour se défendre et ne représente pas un enjeu économique important. «C’est une tactique politique pour satisfaire les végétariens» explique-t-elle.
Des procès aussi sont en cours, visant le département de l’agriculture de l’état de New York qui autorise un aliment «mauvais» pour la santé, ou visant directement les producteurs. Un des motif invoqués : la souffrance provoquée par l’idée d’avoir consommé du foie gras.
«Le foie gras est par définition le résultat d’une maladie. Il ne devrait pas avoir sa place dans une société humaine» explique Paul Shapiro, de Humane Society, une des organisations qui milite pour l’interdiction du foie gras. Et à ceux qui objectent que manger du foie gras devrait être un choix personnel, il répond : «Les canards, eux n’ont pas le choix d’être gavés ou pas
«Faux !» rétorque Ariane Daguin. «L’analyse prouve que les canards ne sont pas malades. Et le gavage est une reproduction de la préparation des canards à la saison de migration. Ils font des réserves de graisse pour affronter l’air froid des hautes altitudes
A Manhattan, une campagne «No foie gras» a été lancée en novembre dernier. La semaine dernière, ses activistes ont contraint le Fairway Market de l’Upper West Side à retirer une pancarte signalant le foie gras comme un des « meilleurs plaisirs gustatifs ».
Il n’empêche, le plat a la cote dans les restaurants new-yorkais qui sont nombreux à en servir. Bar Masa, le japonais chic de Columbus Circle propose même des sushis au foie gras. Au menu de Chanterelle actuellement : timbale de queue de bœuf et foie gras à l’anis étoilé, et foie gras poché au Sauterne. Le foie gras est un des rares plats qui figure toujours sur la carte. Selon le chef, qui est opposé à toute interdiction, c’est populaire et il en sert une dizaine par semaine.

Valentine's night

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Ah, le 14 février, la Saint Valentin. La fête des amoureux. Et que fait-on le jour de la fête des amoureux? À en croire les carnets de réservation des restaurants de la ville, on mange. Une drôle d’idée qui consiste à choisir le jour où les restaus sont bondés de monde, le jour où tout le monde sait que la bouffe est par principe moins bonne que d’habitude pour célébrer l’amour, le ventre plein, l’estomac lourd, la panse lestée. Non non non, passez votre chemin devant les auberges annonçant le menu special lovers.
J’ai une suggestion absolument, incroyablement, terriblement originale à vous faire. Et si pour célébrer la fête des amoureux, vous faisiez l’amour? Waou !
Commencez par une mise en beauté express chez Completely Bare (littéralement totalement nue) avec un toilettage au sud de la ceinture, optez pour le Completely Bare with a Flare, où des petits brillants sont collés pour remplacer votre pilosité.
Vous n’avez pas besoin des pintades pour vous suggérer d’acheter de la lingerie. Ça va de soi, Valentines ou pas, vous en achetez tous les mois, ça va avec votre statut de Française femme fatale. C’est du moins ce que pensent les Américaines de vous.
Les bougies sont allumées, le champagne est servi. Vous voilà d’attaque pour une danse érotique avec votre lover. À en croire les dernières études, la nouvelle pratique tendance sous la couette à New York prend le chemin détourné du derrière. La boutique de jouets et d’accessoires sexuels Babeland offre un rayon entier baptisé butt stuff, et le sérieux New York magazine révélait il y a quelques semaines que les hétéros se livrent au anal sex en plus grand nombre.
La célèbre Tristan Taormino, (oui, oui, c’est une femme), auteur de The Ultimate Guide to Anal Sex for Women, répond au titre de Anal Advisor. Elle organise des séminaires (théoriques seulement) de sexe anal, au cours desquels elle apprend aux New-Yorkais à déverrouiller cette porte du plaisir.
Novices en la matière, procurez-vous son livre, une « bible du sexe anal pour les femmes» selon le site Internet salon.com. Toujours hésitantes, vous pouvez aussi inverser les rôles, il paraît que de plus en plus d’hommes aiment recevoir plutôt que de donner.
Et si tout cela ne vous tente pas vraiment, ne vous inquiétez pas, vous pouvez être sûres que dans quelques mois, la branchitude érotique new-yorkaise aura érigé la position du missionnaire en technique hipissime. En attendant, allez au restaurant !
Happy Valentine’s Day.
Completely Bare, 2 boutiques à Manhattan:
-764 Madison Avenue
New York, NY 10021
Tel: (212) 717-9300
-103 5th Avenue
New York, NY 10003
Tel: (212) 366-6060
Babeland, 2 boutiques à Manhattan:
-Lower East Side: 94 Rivington Street
New York, NY 10002
Tel: 212 375-1701
-Soho: 43 Mercer Street
New York, NY 10013
Tel: 212 966-2120
VOIR AUSSI: le spécial “Valentine’s day guide” de New York Magazine.

Le Lycée Français dans la course aux millions

Le commissaire-priseur Simon de Pury, marteau en main, alpague, s’égosille, court dans la salle. Un voyage en Argentine, un repas chez Daniel, un autre au Bernardin, etc. Dix, quinze, vingt-cinq mille dollars… Le commissaire-priseur adjuge, les prix s’envolent. Et le Lycée encaisse. D’après ses organisateurs, le gala du 2 février a permis de lever 1,4 million de dollars. C’est 300 000 dollars de plus que l’an dernier, soit 20 % d’augmentation.
Alexandra Pianka portant un collier Cartier, vendu aux enchères pendant le gala
Le gala du Lycée n’existe que depuis 8 ans. La première année, il n’avait permis de lever « que » 210 000 dollars. C’est principalement son déménagement, achevé en 2003, qui a amené le Lycée sur le terrain du fundraising. Le nouveau bâtiment, d’un coût de 95 millions de dollars, a été financé par emprunt. Depuis, l’établissement (qui est entièrement privé) est entré dans la cour des grands de la course aux millions. En 2005, il a lancé une campagne de donations de 12 millions de dollars, dont la moitié devrait être d’ores et déjà acquise d’ici à la fin 2007.
Révolution culturelle
La tendance concerne toutes les écoles privées new-yorkaises, en tout cas les plus prestigieuses, et montre que le Lycée français est bel et bien un établissement américain avant d’être français. « Nous faisons figure de modèle maintenant pour les lycées français d’Amérique du Nord » estime Arthur Moore, directeur du développement du Lycée. Une conférence réunissait samedi à Atlanta tous les établissements Français des Etats-Unis et du Canada « et les seuls qui font mieux que nous sont ceux qui ont une plus forte proportion d’Américains».

Le gala était présidé par Lindsay Owen-Jones, président de L'Oreal (au centre) qui a remis un prix à Michel David-Weil, qui a donné plus de un million de dollars au lycée ces cinq dernières années
Car, pour les parents Français notamment, l’appel aux dons requiert une révolution culturelle. La tendance vaut d’ailleurs encore beaucoup de critiques à l’établissement, de la part de parents qui acceptent mal d’être sollicités pour le fundraising après avoir versé 18 000 dollars de frais d’inscription… Un tiers des parents d’élèves du Lycée sont Américains, les autres (Français pour un tiers, du reste du monde pour les autres) sont donc largement étrangers à la culture américaine du funraising permanent. « Arriver à rivaliser avec les écoles Américaines est donc un challenge », confie Arthur Moore. Environ 40 % des parents de l’école contribuent au « fonds annuel de participation », alors que cette part atteint « 80 voire 90 % dans d’autres écoles privées de l’Upper East Side ».
Pour « rééduquer » les parents français, le Lycée a donc mis en place une stratégie élaborée, confiant le fundraising à des parents « Français ou franco-américains, qui comprennent donc le fundraising et en même temps la culture française » dit Arthur Moore. L’an dernier, pour la première fois, une équipe de parents a fait une campagne d’appels téléphoniques pour relancer les coupables qui n’avaient pas « encore » donné. Ils ont, paraît-il, été très bien reçus…

C'est un "date" ou pas?

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Dear Guillemette,
Youpi, je viens d’être invitée à dîner. Mais comment puis-je savoir si c’est un « date » ? J’ai peur de dater sans le savoir.
Carrie Bradchaud

Carie,
Il est plus facile de reconnaître ce qui n’est pas un date. Par exemple, si vous êtes invités en famille, ou si le repas comprend une projection powerpoint, ce n’est vraisembablement pas un date.
Si vous êtes invité par quelqu’un d’une sexualité compatible à la votre, s’il s’agit d’un tête à tête et s’il a lieu le soir, tous les date-warning clignotent. Mon amie Lin ajoute « si l’invitation vous donne l’impression qu’il y a eu un peu de boulot de planning en amont (invitation formelle, restau réservé etc…) », c’est probablement un date (par opposition à « t’as pas faim ? » lancé cinq minutes avant d’aller se commander des sandwichs, qui indique un non-date). En province, la phrase « je passe te chercher ? » est un bon date-indicator. A New York, elle ne fait rien d’autre que de confirmer qu’on vit serrés comme des sardines.
Mon amie Jenny me fait remarquer qu’on ne reconnaît souvent le date qu’à la fin. « S’il y a un léger malaise au moment de se dire au revoir », par exemple c’était probablement un date. Si vous vous réveillez chez la personne qui vous a invité et qu’il prend toute la couverture, c’était encore plus probablement un date.
Stacy souligne qu’on peut undater un date en cours de route. Par exemple, en insistant pour partager l’addition. Ou en lâchant une phrase comme « aaah it’s so nice to have real friends, I’m so tired of the dating scene… », ou « you should really meet my boyfriend ! » Vous pouvez encore proposer de se revoir dans une douzaine de semaines.
Bon courage Carie et n’oubliez pas que comme disait une collègue de bureau, on s’épile les jambes avant le quatrième date.
Guillemette
Pour vos questions sur la navigation de la vie américaine, [email protected]

Le Hall des Origines humaines

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Rendez-vous dans le Hall des origines humaines ! J’adore ce nom : « Hall of human origins ». Nos ancêtres n’arriveront pas avant le samedi 10 février au American Museum of Natural History. Ils ont pris le temps d’arriver. Ils sont vieux de six à sept millions d’années et il a fallu pas moins de deux disciplines scientifiques, la génétique et la paléontologie, pour établir leur indéniable réalité. Leurs preuves respectives se renforcent l’une l’autre. Mais les religions révélées ont du mal avec l’évidence. Spécialement la branche idéologique du christianisme, autobaptisée « Intelligent Design » . La nouvelle exposition permanente répondra, avec ses moyens scientifiques, aux questions transcendantales : “Qui sommes-nous ?”; “D’où venons-nous ?” et aussi “Qu’est ce qui nous attend ?” …peut-être cela nous permettra-t-il de moins patauger dans les informations et connaissances 2007.
J’ai improvisé le rendez-vous dans ce muséee qu’il adore, avec mon gamin de dix ans. Il venait de me raconter, goguenard, l’odyssée de l’astronaute Novak qui, par passion amoureuse, avait parcouru 1000 miles d’une traite, entre le Texas et la Floride, munie de couches-culottes. Elle ne voulait pas s’arréter avant l’aéroport d’Orlando où elle devait kidnapper sa rivale. Elle était amoureuse du même homme qu’elle, un pilote de navette spatiale tout juste divorcé. Comment faire respecter la science aux gamins, quand les surhommes de la NASA se comportent comme de vils mortels ? L’histoire avait atterri sur sa chaîne spécialisée dans le sport. A quel titre ? Nasa, pilotage d’essais, course d’endurance …
L’air du temps est une gadoue (inondations de Djakarta ; affrontements interpalestiniens ; déclarations de Chirac sur le nucléaire iranien ; blocage du sénat américain sur la question irakienne …) et les grands froids balayent New York. J’ai l’impression de tracer des couloirs dans l’air glacé . Cela rabougrit mon imagination. Quand je passe devant la boutique de maillots de bain et de sous-vêtements au coin de la 8e et de University Place, j’ai encore plus froid. Nous nous retrouvons tout penauds dans l’ascenseur, emmitouflés comme des pingouins, déçus d’avoir pensé un jour que l’hiver n’était plus de saison. Nous sommes les « has been » du réchauffement global. Confusion météo.
Pour en rajouter au vide glaçant de l’air du temps, meurt tragiquement hier, Anna Nicole Smith, la plus célèbre des femmes célèbres …d’être célèbres ! Le présentateur du journal d’ABC, Charles Gibson, bredouille même que personne ne sait vraiment «pourquoi elle était si célèbre». Enfant pauvre, Playmate, danseuse … «La Marilyn trash des années 90» titre Libération …épouse d’un vieux milliardaire décédé après un mariage de 14 mois, animatrice de reality show, habituée des tribunaux américains …cela nous fait tous ricaner de célébrer ce vide pulpeux qui disparaît après 39 années d’existence. L’individu ne nous intéresse guère. La légende de Marilyn Monroe était, elle, du moins, basée sur un inimitable talent. Ici , nous contemplons le vertige d’une vie dérisoire dont les télés ont rempli nos écrans. Ce vertige consomme notre temps, sans égard pour d’autres vérités, ou d’autres vraissemblances. Entertainment oblige. Séquence du perpétuel spectateur. Les 15 minutes de célébrité, citées par Andy Warhol sont là devenues une vie. Une vie photogénique. Laissant dans son sillage un fils de 20 ans, récemment suicidé, et un nouveau-né, source de procés en paternité.
Il devrait faire peur le cas Anna Nicole Smith (nom de scène). Notre société sans vision, shootée aux mensonges publicitaires et politiques, n’est-elle pas devenue le dernier avatar de son Reality Show ?
Pendant ce temps-là, la Pub toute-puissante, brise tabou après tabou, nous dit un article en page Business du NYT (9 fev 07) suite au déferlement du Superbowl dimanche dernier. Les produits d’hygiène féminine, les préservatifs , les lubrifiants, etc. interpellent les consommateurs de manière de moins en moins discrète. Et cela marche. Chaque campagne scandaleuse voit la consommation des dits produits monter en flèche. L’article cite, entre autres exemples, le slogan de Clearblue Easy, un test de dépistage prénatal. L’image montre un objet futuriste sur lequel coule un liquide qui est clairement de l’urine. Une voix mâle déclame à ce moment-là : «Nous voilà avec l’objet technologique le plus sophistiqué sur lequel vous pourrez uriner !
»
Il n’est évidemment pas question, ni possible de revenir en arrière. Nous avons les fondamentalistes de tous poils pour préconiser le rétropédalage. Mais raison garder n’est pas l’ option la plus évidente, lorsque tout vous pousse à vous enrichir au plus vite, et qu’ être célèb’ devient la réponse la plus commune à la question « qu’est-ce que tu veux être plus tard ? » posée à un collégien .
Sur notre chère et francophone TV5 , crayon boiteux, le châtelain d’une forteresse du XIVème siècle, logée au fin fond du Massif central, énonce tranquillement :
« Les gens m’appellent « Marquis » pour des raisons de pérennité
»
. Ce terme de « pérennité » me laisse rêveur .
De ce côté-ci de l’atlantique cette pérennité coûte des millions de dollars et dure le temps d’un spot publicitaire !
Bye
PS : « Google » viendrait du « Finnegan`s wake » de Joyce … «googling lovvey»…dans le sens de «zyeuter» …allons googler. «Hall of human origins .com» , histoire de regarder le reality show des bactéries originelles. Allez savoir, elles nous diront peut-être l’avenir .

Le New York de Catherine Malandrino

L’éclatante boutique de Catherine Malandrino dans le dernier quartier à la mode de Manhattan est à la hauteur du rêve éveillé de la créatrice française. Dans ce jardin d’Eden, une promenade épouse la forme d’un vallon, croise le reflet d’un lac et passe sous une vague de pluie où

chacune des gouttes de verre de la taille d’une ampoule a été soufflée à la bouche. Au centre de la jungle urbaine de New York, la créatrice française d’origine italienne s’amuse à coudre ensemble plusieurs horizons. Elle crée ses collections comme une superposition d’influences et de cultures différentes, destinée à «des clientes féminines et urbaines, cosmopolites et citoyennes du monde», explique-t-elle. Ce n’est donc pas un hasard si l’énergie new-yorkaise a stimulé sa sensibilité humaniste et universelle et si la capitale du monde lui a offert en retour la reconnaissance méritée. «C’est la curiosité m’a poussée à New York, liée à deux coups de foudre successifs, l’un pour un homme, Bernard Aidan, qui est devenu mon partenaire et mon mari, et le deuxième pour New York, la ville du futur, où les gens et les genres se mélangent. C’est cette ville qui m’a nourrie de toute son énergie et que j’ai retraduit à travers mon premier médium, les vêtements.»
Après avoir signé les silhouettes de la marque « Et Vous » en France, Catherine Malandrino a connu une ascension fulgurante aux Etats-Unis. New York lui a ouvert ses bras en 1997, quand, enceinte de son fils, elle débarque avec pour tout bagage sa passion et son instinct. « Dès mon arrivée, j’ai eu l’impression de faire partie de la ville. L’alchimie s’est opérée au cours des tous premiers jours. Par goût, par passion, par choix, c’est à Manhattan que tout a débuté », évoque-t-elle avec satisfaction. Par amour du travail aussi.
A ses débuts, elle collabore de jour avec Diane Von Furstenberg et travaille de nuit à sa propre ligne, dans son studio de Midtown.Sa première collection, Collages, en 1998, est repérée par la presse, puis par le grand magasin de luxe Bergdorff Goodman qui lui offre ses vitrines pendant la semaine de la mode de New York. C’est l’effet boule de neige: les autres adresses du luxe new-yorkais la réclament : Neiman Marcus, Bendell lui ouvrent leurs portes. « A New York, il y a très vite un engouement, un enthousiasme».
Neuf ans plus tard, ses tenues fraîches et sensuelles font des ravages parmi les célébrités d’Hollywood et sont vendues dans 250 points de vente dans le monde.Son enseigne compte sept boutiques, dont quatre à New York et dans ses environs, une à Los Angeles, deux en Italie, à Milan et Florence, et depuis le printemps 2006, une adresse parisienne. Assise sur le divan en arc-en-ciel vert acidulé de sa vaste boutique new-yorkaise ultra contemporaine, sa longue chevelure noire lui effleurant le dos comme un voile de Madone, celle qui est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de 70 personnes vous explique, ses grands yeux droits dans les vôtres, qu’elle n’est pas surprise de se retrouver là. «J’ai voulu apporter une nouvelle proposition à une femme, qui soit à la fois ultra féminine mais urbaine, très raffinée mais avec un côté brut. Cette femme-là, avec sa garde-robe et son lifestyle, je l’aurais exprimée un jour ou l’autre, que ce soit à Paris ou à New York. Très forte de cette proposition, j’avance», confie-t-elle avec aplomb.
Confiante en sa bonne étoile, qui pourrait être une de celles du drapeau américain, la petite « Frenchie » a conquis le cœur de l’Amérique sans trahir son premier amour, le Vieux continent. « Je n’ai pas vécu le dépaysement comme une rupture. J’ai toujours une double vie avec Paris, en aller-retour. Je vis à New York huit mois par an, mais le reste de l’année, je suis en Europe.» En osmose avec le flux de vie de la métropole géante symbole de liberté, elle puise son inspiration dans cette ville frénétique et attachante, dans son architecture écrasante et éblouissante, dans les milliers de regards du melting-pot, dans le déroulement de ce film en continu qu’est l’histoire de New York. «Certaines icônes de la cité ont défini mon travail» dit-elle avec enthousiasme. En premier lieu, il y a le drapeau américain, ce « flag » qui a inspiré sa collection de l’été 2000. « Le drapeau aux Etats-Unis n’a pas la même symbolique qu’en France, où il a un petit côté patriotique désuet. Ici, il fait partie de l’identité américaine. L’« American flag » unit les Etats, mais aussi les états d’esprit.» Cette collection hommage à l’Amérique d’une petite française va propulser sa carrière. Son T-Shirt frappé de la bannière étoilée est adopté par une autre icône, Madonna en personne, qui le porte lors de sa tournée mondiale, imité ensuite par Julia roberts, Sharon Stone et Halle Berry.
Après ce baptême du feu réussi, Catherine Malandrino explore l’univers bouillonnant de Harlem et s’inspire notamment de l’Apollo Theater, la salle de concert mythique qui a lancé les géants du jazz et du bebop. Son voyage baigné de gospels dans ce Harlem coloré et populaire engendre « Halleluya », sa ligne de vêtements de l’hiver 2001. La même année, Catherine signe une garde-robe pour son amie la chanteuse hip-hop Mary J. Blige. Puis c’est le grand choc du 11 septembre, qu’elle vivra à Manhattan. «J’ai découvert une nation extraordinaire, qui, malgré l’émotion, renaissait de ses cendres après deux semaines, avec l’idée qu’il fallait continuer à aller de l’avant», relate celle qui porte une part de cet héritage douloureux commun aux New-yorkais. «J’ai approché la saison suivante d’une façon très inhabituelle pour moi. “Slam Princess”, dessinée après les attaques, était une collection très noire avec des silhouettes représentant des armures, une collection plus agressive et plus protectrice qu’à l’habitude».
Comme un rite de passage symbolique, respirer les cendres ardentes des tours jumelles a sans doute transformé Catherine Malandrino en vraie new-yorkaise. Depuis, elle s’est parfaitement lovée dans la peau de cette princesse des villes. Elle a réaménagé un appartement en loft lumineux le long de l’East River, « pour ne pas oublier que New York est une île mais qu’on y ressent un sentiment d’espace et de liberté.» Elle sillonne l’immense échiquier dans une Jaguar vieux modèle, entre ses bureaux de Midtown et ses boutiques de Downtown. «Ainsi, j’ai l’impression de voyager sur l’île, de vivre tout Manhattan,» explique cette âme nomade.
Adoptant les us et coutumes de la Jet-set américaine, elle aime prendre l’air dès les beaux jours avec son époux Bernard et leur fils sur les plages des Hamptons, ce paradis sablonneux à deux heures de New York, où elle possède deux boutiques. Celle qui avait l’habitude de s’évader à cheval dans Central Park monte maintenant dans ce bijou de nature, où Steven Spielberg possède un haras. L’été, elle part se reposer une semaine au soleil de Saint Paul de Vence, dans le sud de la France. Mais elle peut aussi s’envoler à destination des Bahamas pour le week-end, même si elle se décrit avant tout comme urbaine. « Ce sont les villes qui m’animent. Je me ressource à travers mes voyages, de Tokyo à Pékin, de New York à Paris ou Milan» .
De retour à Manhattan, elle reprend son souffle au célèbre club privé Soho House, son « cocon », situé à deux pas de sa boutique dans le très branché Meatpacking District. Elle organise ses rendez-vous,et tient ses déjeuners d’affaires à cette adresse très sélecte, où ont été tournés des épisodes de Sex in the City. Mais la créatrice en vogue y vient aussi en famille, pour passer un moment au bord de la piscine ou dans les espaces de relaxation, comme la bibliothèque ou la salle de projection privée. Elle retrouve alors ses clientes et amies comme Sarah Jessica Parker, Uma Thurman ou Mary J. Blige, membres comme elle de ce club VIP. « La Soho House est un lieu de rencontres et d’échanges qui illustre bien New York, avec son grand toit terrasse qui donne une vue sur Downtown».

Touchée par la grâce outre-Atlantique, Catherine n’a jamais renié pour autant ses racines françaises.Celle qui définit son style comme un mélange de tradition et d’innovation est aussi sensible à la romance de Paris qu’aux pulsations new-yorkaises. L’élégance française des actrices comme Catherine Deneuve dans « Belle de Jour » et Romy Schneider dans « La Piscine » est resté pour elle une référence immuable.Il était donc naturel que l’artiste métisse ait eu envie de se rapprocher de sa clientèle parisienne et européenne. « La femme que j’habille est autant à Paris, qu’à New York, à Tokyo ou à Bruxelles.C’est une femme qui voyage, qui est curieuse». Le style sans frontières de Catherine Malandrino fait escale à Paris, dans sa nouvelle boutique de la rue de Grenelle, au cœur du quartier Saint Germain, inaugurée au printemps 2006.
Dans les valises de cette créatrice voyageuse infatigable et exaltée, une première collection d’accessoires, avec une ligne de chaussures pour l’été et des sacs qui suivront à l’automne. Inlassable et toujours prête à se jeter dans des nouveaux projets créatifs, cette artiste polyvalente mute dans la peau de l’architecte d’intérieur pour transformer un palais renaissance italien du Quattrocento en hôtel de luxe. Une étape nouvelle qu’elle considère comme une extension naturelle à son travail de création. «J’imagine toujours la femme que j’habille dans son environnement, ce qu’elle vit, par qui elle est accompagnée, comment elle respire, les draps dans lesquels elle se couche, la façon dont elle dresse sa table». Pour ce somptueux projet hôtelier, Catherine Malandrino met tous ses sens en éveil pour penser l’aménagement d’intérieur des parties communes, bar, restaurant, entrée, ainsi que des suites de cette adresse exclusive, située entre le Dôme et la Chapelle Médicis de Florence. « Je reste très concentrée sur ma mission qui est celle de rendre la vie des femmes plus belle encore. C’est autour de ce dessein-là que je travaille, dans ma vie professionnelle comme dans ma vie privée».
Quel regard cette artiste complète et apparemment comblée porte-t-elle sur sa réussite? «Je considère ma vie comme passionnante et aussi en progression, « a work in progress». J’ai l’impression de dessiner ma vie comme je dessine mes robes, jour après jour. Ma vie professionnelle et ma vie privée sont imbriquées, c’est une vie à trois qui me ressemble et qui est notre plus belle œuvre».
Les Bonnes adresses new-yorkaises de Catherine Malandrino
Soho House
29-35 9th Ave. (at 13th street), Meatpacking district
212 627 9800/4766
« Ce club privé est ma deuxième maison »
Matsuri (Restaurant japonais)
363 W. 16th street (at 9th ave.), Chelsea
212 242 4300
Plats japonais délicieux dans une atmosphère « cool »
Pastis (Restaurant Franças)
9 9th Ave. (corner of little W. 12th street, Meatpacking
NY, NY 10014
212 929 4844
Pour un superbe brunch à la française
Florent (Restaurant français)
69 Gansevoort St. (between Greenwich and Washington Sts., 2 blocks south of 14th St.), Meatpacking.
212 989 5779
Pour les dîners tard dans la nuit et pour prendre un verre
PM (club)
50 Gansevoort St. (at Greenwich Street), Meatpacking
212 255 6676
Un club fréquenté par une foule intéressante et internationale
Pace Wildenstein Gallery
534 w.25th st. (between 10th and 11th avenues), Chelsea
212 929 7000 (Tues- Sat, 10am -6pm)
Pour de superbes expos photos
FIT Museum
FIT, 7th Ave., between 27th and 28th streets
212 217 5800 (Tues-Fri, 12pm -8pm, Sat 10am -5pm)
Pour des expos sur la mode
American Folk Art Museum
45 West 53rd St, (between 5th and 6th Avenues) Midtown
212 265 1040 (Tues – Sun, 10.30am – 5.30pm, Fri 10.30am – 7.30pm, closed Mondays)
Pour découvrir l’Amérique
Hell’s Kitchen Flea Market
West 39th Street from 9th – 10th Avenues, NY
212 243 5343 (Sat and Sun, 10am -6pm)
Pour des bonnes affaires vintage
Resurrection (Boutique vintage)
217 Mott Street (at Spring Street), Nolita
212 625 1374
Vintage des années 60-70
Marmalade (Boutique vintage)
172 Ludlow Street (near Houston Street), Lower East Side
212 473 8070 (open 1pm -9pm daily)
Vintage des années 50.
Screaming Mimis (Boutique vintage)
382 Lafayette Street (between E. 4th and Great Jones Street)
212 677 6464
Vintage des années 80.
Balduccis (Marché)
81 8th Avenue (at 14th street)
212 741 3700 (daily 9am -10pm)
Marché international où je trouve les meilleures délicatesses françaises
Abyssinian Baptist Church
132 Odell Clark Place (formerly w. 138th St.), between Adam Clayton Powell and Malcolm X Blvds, also known as 7th and Lenox Avenues, Harlem
212 862 7474
Pour de somptueux gospels
Apollo Theater
253 W. 125th St, Harlem
212 531 5300
Pour des concerts dans un cadre historique
Central Park – Ecole d’équitation
Claremont Stables, 175 W. 89th Street, Upper West Side
212 724 5100
Pour monter à cheval en plein Manhattan
Kiehl’s flagship store
109 3rd Avenue (between 13th and 14th Streets), Union Square
NY, NY 10003
212 677 3171
Où trouver mes produits de beauté favoris
Taxiboats (autour de Manhattan)
212 742 1969
La meilleure vue sur la ville

Le DJ qui aimait Johnny

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Au royaume des branchés tout est possible. Il y a quelques semaines, un bar sur le Southside de Williamsburg à Brooklyn, le coeur de la hipster nation. Entre raretés soul, beats de funk et groovy psyche rock, le DJ balance un Johnny Halliday! Choc. Le chanteur helvético-franco-belge a la hargne. “J’ai tout cassé” harangue-t-il sur un rythme de rock. Puis le DJ enchaîne : une comptine psyché pop de Sylvie Vartan, France Gall chante “Homme tout petit”, Sheila et Francoise Hardy jouent les yéyés… Marie Laforêt s’essaie à une reprise de “Paint it black” des Stones, “Marie-douceur, Marie-colère”. Dutronc of course. Un détour par… Catherine Ribeiro pour finir en beauté avec Jean Ferrat. La guerre est déclarée!
L’homme responsable de cet enchaînement musical qui bouscule les tréfonds de mon âme française est Peter Gunn, 28 ans, DJ new-yorkais originaire de Boston. Collectionneur de musique, Peter Campbell -de son vrai nom- se passionne pour les musiques des 60’s et 70’s option “artistes francais” : “La France a cette sensualité latente et vous pouvez l’entendre dans la musique”.
FRENCH EXOTICA
Pour Peter Gunn tout a commencé avec l’inévitable Gainsbourg. “Melody Nelson” entendu lors d’une soirée, la célèbre Vampire Lesbos party de DJ Franco dans East Village. Les musiques yéyés et 60’s y étaient à l’honneur pendant que des gogo dancers rendaient l’évènement encore plus…. attractif. Là, sur le podium!

“Ce disque a éveillé ma curiosité et plus je m’aventurais dans cette {french exotica, plus je me rendais compte qu’il y avait peu de choses disponibles sur le net”}. Nous parlons de l’ère pré-Ebay ou trouver LE vinyle demandait du mérite. Nous parlons de vinyles ici. “Je me suis donc senti comme dans des contrées inexplorées”. La collectionnite frappe Peter Gunn; la quête de la galette commence. Une connexion familiale au Québec et le DJ découvre les magasins de disques montréalais qui regorgent de trésors. “Il y avait tellement de magasins et de noms que je ne connaissais pas, je me suis dit il doit bien y avoir quelque chose de bon” explique Peter.
La visite de son studio achève de me convaincre. Peter extrait les disques un à un : un pressage français sur Barclay de Robert Charlebois, le 45 tours de “Mao et moa” de Nino Ferrer de 1967 avec “Manu Dibango qui joue du saxophone”; l’album de Catherine Ribeiro avec le groupe Alpes, un 45 tours de notre Dick national, le Rivers, “Viens me faire oublier”; une autre messe électronique concept de Pierre Henry, la très psychédélique “Ceremony”. “Ces disques sont connus auprès de niches de collectionneurs comme des ovnis musicaux. Donc un tout petit groupe les cherchent avec passion” affirme Peter Gunn.
Les disques pleuvent. La très glamoureuse Marie Laforêt pose sur ses pochettes de disques; puis disparaît pendant deux décennies. Que les garçons de 40 ans lèvent le doigt si ils se rappellent du film et de la… pochette de l’album. 1977. Francis Lai et Peter Hamilton font un carton avec un navet! Bilitis, la BO! “C’est assez disco, j’aime bien Francis Lai”, avec l’accent.
Car Peter Gunn s’intéresse aussi aux compositeurs et arrangeurs. Ses favoris sont les inévitables de sa période de prédilection : Alain Goraguer qui a beaucoup travaille avec Jacques Brel et Serge Gainsbourg. Ou encore Jean-Claude Vannier célèbre pour son travail sur les cordes des albums du Gainsbarre de 1970. On les retrouve plus tard sur les enregistrements de Johnny Halliday ou encore Jean Ferrat.
Les yéyés des 60’s séduisent moins Peter. “La plupart de ces morceaux ont mal vieilli” précise le DJ. Sylvie Vartan incarne avec d’autres la Motown francaise selon lui. Une seule différence et de taille : “Ses morceaux sont plus sexuels que la plupart de la musique pop américaine qui est très standardisée. La culture est différente.”
SOEUR SOURIRE, 1963
Le DJ avance à l’aveugle dans une culture dont il ne connaît pas les codes : “La clé c’est que parce que je ne suis pas Français et que ce n’est pas ma culture, je n’ai pas d’idées préconçues. Je regarde la pochette, les détails et si la chanson fonctionne alors même que je ne comprends pas le texte ou l’histoire de l’artiste, c’est bon!”.
En nerdy collectionneur qu’il est Peter Gunn cherche la perle rare et à pas cher : “Maxi 6 dollars pour un 45 tours, 10 pour un album. Le plus que j’ai payé c’était pour un album de Johnny Hallyday. Car en studio pour cet enregistrement il avait comme groupe les Small Faces, le premier groupe de Rod Stewart”. 12 doll’ pour une pièce de patrimoine national!
Mais Peter ne perd pas la boule avec Johnny et a même la dent dure pour notre rocker national : “Pour les Francais, Johnny veut dire rock’n’roll mais il me rappelle Ricky Nelson ici que l’on appelait the artificial Elvis. Il est un peu ringard…..”. Oops! Dutronc en revanche a ses faveurs : “Ses debuts de la fin des 60’s est ce que j’ai entendu de meilleur! Il sonne comme le Rolling Stones francais et il comprend le rock’n’roll comme peu de Français”.
Et Soeur Sourire dans tout ca? Vous savez cette soeur franciscaine française qui inonda les radios de la planète entière en entonnant sur un air de folk naïf et à la gratte sèche. “Dominique nique nique…”. “Un immense hit aux Etats-Unis! Mais c’était en 1963… La vérité c’est que l’Américain moyen ne pourrait pas aujourd’hui citer un seul musicien français” conclut Peter Gunn. “It’s all subculture”.
*Top 5 Peter Gunn
1. Jean Ferrat – “L’adresse du bonheur”.
2. Sheila – “L’agent secret”.
3. Eddy Mitchell – “Superstition”.
4. Johnny Hallyday – “Voyage au pays des vivants”.
5. Marie Laforet – “Marie-douceur, Marie-colère”.
*Peter Gunn anime un blog dédié a sa passion a www.tetecarre.blogspot.com

Le Labo : De Grasse à Nolita

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Avec ses profonds fauteuils en cuirs brocantés, son percolateur, son grand comptoir-bar, son grand réfrigérateur vintage, et Serge Gainsbourg en musique de fond, le Labo fait plus penser à un café cozy qu’à un laboratoire scientifique. Niché en plein cœur de Nolita, dans la tranquille Elizabeth street, le Labo est une boutique de parfums créé par Fabrice Penot et Edouard Roschi, deux anciens « l’Oréaliens », épris de parfums rares et tombés amoureux de New York.
Depuis son ouverture début 2006, le Labo a vu défiler les personnalités les plus en vue : Kirsten Dunst, le chanteur du groupe REM Michael Stipe, tous deux fans du « lab » (prononcé à l’américaine), ou encore l’hôtelier et designer Ian Schrager qui a semé, tel le petit poucet, les bougies d’ambiance du Labo Cade 26 dans son très chic Gramercy Park Hotel. Les stars qui séjournent à l’hôtel peuvent même commander un parfum à leurs noms, et être livrées en trois heures top chrono, un must du luxe.
Raffinement
Chaque fragrance est concoctée sur place et sur mesure par les bons soins de la douce Bo Jade Rich, le nez du Labo, au moment de la commande. Elle extrait du frigidaire des matières premières, aux origines nobles comme le vétiver d’Afrique, la rose d’Egypte, rempli les pipettes,

qu’elle manipule avec dextérité, et verse le précieux élixir dans un fiole cylindrée qu’elle estampille du prénom de la cliente. «Comme la nourriture, vous préférez qu’elle soit préparée le jour même », lance-t-elle avec malice.
Cette quête pour les essences les plus raffinées a commencé à Paris, quand Fabrice Penot, travaillait pour les parfums Giorgio Armani (une marque qui appartient au groupe L’Oréal). Rodé au marketing par une école de commerce et un passage en agence de publicité à Londres, il reçoit une formation à Grasse, le berceau de la parfumerie traditionnelle : une révélation.
Edouard Roschi, travaillait quant à lui, pour Emporio Armani. Dans les couloirs de la firme et dans les avions entre Paris et Milan, où ils se rendent régulièrement pour le travail, les deux jeunes cadres se découvrent une passion commune pour la belle parfumerie « et un dégoût prononcé pour le port de la cravate », se plaisent-ils à mentionner sur le site Internet du Labo.
Ils fulminent, lassés des parfums aseptisés et qui se ressemblent tous, écœurés par les logiques industrielles des grands groupes « soap makers », les deux compères fomentent leur révolution olfactive : un univers libéré de toutes les conventions, loin des senteurs monolithiques. « Le nez est comme un muscle, il a besoin d’être stimulé » explique Fabrice, aux cheveux blonds et au visage d’ange. Avec les plus célèbres « nez » du monde, ils composent les parfums, quintessence du raffinement, comme le surprenant parfum pour homme Rose 31, composé de 31 matières premières. « La rose est nettoyée de son côté lychee, girly et séchée par des matières boisées avec des notes viriles de cumin et de cèdre», dit-il. Les hommes le portent aussi bien que les femmes « Le genre en parfum n’existe pas, le genre est une invention du marketing ».
Aux antipodes des grandes marques de cosmétiques, Le Labo s’est imposé en quelques mois à côté des grands noms de la parfumerie chic comme Serges Lutens, Frédéric Mahle ou Annick Goutal. Depuis cet automne, la marque a un « corner » dans le grand magasin sélectif Barneys, sur le même modèle que la boutique de Nolita. Les flacons y sont aussi fabriqués sur place. L’ouverture d’une boutique à Paris est prévue fin 2007. Quand à l’emplacement : «cela dépendra des opportunités : on va éviter « boboland » tout de même », plaisante-t-il.
L’une des dernières créations de la marque est la Tubéreuse 40, qui marie la sensualité de la tubéreuse à des notes de bergamote, de néroli, de bois de santal, de romarin, et de cèdre. Crée pour Kirsten Dunst à l’origine, ce parfum est celui qu’elle portait lors du tournage du film de Sofia Coppola Marie-Antoinette : une véritable potion pour aider l’actrice à se mettre dans le rôle de la reine. L’histoire raconte en effet que Madame de La Vallière, maîtresse de Louis XIV, faisait mettre dans sa chambre des bouquets de tubéreuses. La plante passait pour incommoder les femmes enceintes, et elle voulait ainsi prouver à la reine qu’elle n’était pas enceinte.
Tubéreuse 40 est aussi la première d’une série de parfums exclusifs à une ville puisqu’elle est uniquement disponible à New York. Depuis, le Labo a lancé une deuxième fragrance spécifique, en exclusivité dans la boutique Barneys de Dallas. Impossible de biaiser : on ne peut pas commander ces deux parfums sur Internet ni par téléphone. « On ne veut pas être le Starbucks de la parfumerie! On en a assez de trouver les mêmes boutiques partout, sur Madison Avenue et à Los Angeles. Avant quand on allait à NY, on pouvait ramener quelque chose de spécial» dit-il. Bien qu’il affirme qu’il n’y a aucune logique économique derrière, permettons nous d’être un peu sceptique : le flacon de Tubéreuse 40 vendu à $90 pour 15ml est deux fois plus cher que les dix autres fragrances de la gamme.
Avec passion, finesse et dynamisme, les fondateurs du Labo continuent leurs affaires sans se prendre au sérieux. « Un peu plus de trente ans sur le passeport, ils ont la connaissance d’un siècle de parfumerie dans le nez mais seulement douze ans d’âge mental, ce qui leur donne une longueur d’avance », raconte le site Internet. Une fraîcheur qui n’a d’égale que les senteurs de leurs parfums et qui ferait oublier les grands noms Dior, Chanel et Guerlain.
Le Labo, Ouvert du lundi au dimanche de 11h à 19h, 233 Elizabeth Street, New York, NY, 10012 ; tél.:001 212 219 2230 et www.lelabofragrances.com.
Barneys, 660 Madison Avenue, New York, NY 10021; tél. : 001 212 826 8900.

Avis d'expats

Le journaliste Pascal Riché (Libération) et l’économiste Etienne Wasmer (OFCE) engagent une étude sur les expatriés français. Si vous êtes d’accord pour participer à cette recherche, leur apporter votre témoignage personnel, répondre à leurs questions, vous pouvez leur envoyer un email à l’adresse suivante: [email protected]. Dans ce message, il serait intéressant de préciser:
– succintement, la ou les raisons qui vous ont motivés pour partir et en particulier si vous êtes partis à l’étranger en étant rattachés à une entreprise basée en France ou une administration (cas de figure numéro 1) ; si vous êtes partis avec vos propres ressources pour vivre et/ou travailler à l’étranger (cas de figure numéro 2).
– les raisons qui vous feraient rester à l’étranger ou au contraire rentrer en France.
– si vous êtes rentrés après une expérience à l’étranger (cas de figure numéro 3), vos réflexions et sentiments lors du retour.
Ce premier message n’a pas besoin d’être très long (un ou deux courts paragraphes suffisent) mais permettra de développer un échange par la suite. Merci d’avance pour votre témoignage.

Le gaffeur de l'Elysée, la gaffeuse qui veut y aller et les champs du même nom

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D’abord bien sûr, l’interview de Jacques Chirac dans le New York Times (avec l’Herald Tribune et l’Obs). Elle devait porter sur l’environnement. « Quand il a parlé du changement de climat, il a lu des notes imprimées en gros et passées au stabilo rose et jaune ». Une chose en amenant une autre, on est venu à parler d’Iran. Le porte-parole a passé un petit mot. « Il me dit qu’il faut que je revienne à l’environnement » a dit Chirac à voix haute, avant de dire que les Shiites ne pensent pas comme les Européens ou les Sunnites. Quand ils ont reçu la retranscription de l’interview, les journalistes se sont aperçus qu’il manquait des phrases. La correspondante du New York Times en a fait la première phrase de son article « le président Jacques Chirac a dit cette semaine que si l’Iran avait une ou deux armes nucléaires, cela ne poserait pas un grand danger, et que si l’Iran devait lancer une arme nucléaire contre un pays comme Israël, cela conduirait à la destruction immédiate de Téhéran. »
La retranscription de l’entretien sur 19 pages était « largement corrigée ». En plus des remarques retirées, y avait été ajoutée une phrase que Chirac n’avait pas prononcée : « je ne vois pas quel type de scénario justifierait un recours par l’Iran à la bombe atomique ». Le New York Times note que « la tentative par l’Elysée de changer les remarques du président dans un texte formel n’est pas inhabituelle. C’est une longue tradition dans le journalisme français que d’accorder aux sujets d’interviews – du président aux figures des affaires ou de la culture – l’opportunité de revoir et d’éditer les textes de questions-réponses avant leur publication. »
Les journalistes ont été rappelés le lendemain. Le président croyait que c’était off, a-t-il expliqué, « j’aurai dû faire attention à ce que je disais. » Il ne se souvenait pas avoir parlé d’Israël. Autre piste d’explication : « M. Chirac, qui a 74 ans et à quelques mois de la fin de son second mandat de président, a souffert d’un accident cérébral en 2005 et certains responsables français disent qu’il est moins précis dans la conversation.»
L’ambassadeur français aux Etats-Unis Jean David Levitte a rencontré la rédaction du Washington Times. C’est un « homme heureux », rapporte le quotidien conservateur, « parce que les deux pays ont des positions similaires sur la plupart des sujets clés ».
Le Washington Times s’est rendu compte que « ses commentaires sur la crise politique au Liban, sur le comportement de la Syrie, sur le programme nucléaire de l’Iran et son rôle au Proche-Orient étaient presque identiques aux positions du gouvernement Bush. » (Levitte n’a pas quasiment pas fait de commentaire sur l’Irak.) Alors que la presse américaine présente Sarkozy comme le candidat pro-américain, l’ambassadeur français leur a prédit « beaucoup de continuité » en politique étrangère quel que soit le gagnant des présidentielles. « Le général de Gaulle a un héritage qui reste l’inspiration de tous les dirigeants de la république française, quel que soit leur parti politique. » Il leur a aussi expliqué que les émeutes des banlieues « n’avaient pas grand-chose à voir avec le djihad et beaucoup avec les conditions sociales. » On y apprend aussi que l’ambassadeur a « noté avec fierté » que le « nombre de citoyens français avec au moins un parent ou un grand-parent né à l’étranger est le même que celui des Américains. »
Après la vague d’article « une femme candidate à la présidentielle en France », maintenant la vague « une gaffeuse candidate à la présidentielle en France ».
« Il n’y a pas si longtemps il semblait qu’il n’y avait rien que la candidate à la présidentielle française Ségolène Royal pouvait faire de travers, et aucune couverture de magazine qu’elle n’ait pas décorée. Maintenant, à trois mois des élections, note le Washington Times , elle semble tanguer d’une gaffe politique à l’autre », à l’avantage de Sarkozy et de Beyrou. « La récente avalanche de couverture négative est un sobre rappel de la vitesse à laquelle des hommes politiques peuvent chuter». Le Washington Post décortique aussi les malheurs de Ségolène.
Il fut un temps où les Champs-Elysées étaient raffinés. « Avec l’arc de triomphe à un bout et les jardins des Tuileries de l’autre, vous pouviez découvrir un groupe de jazz à minuit et avaler des huîtres et du champagne à l’aube » se souvient le New York Times dans un article publié en une. Les clubs sont partis, la moitié des cinémas ont fermé en douze ans. Comme Times Square à New York ou Oxford Street à Londres, les Champs ne sont qu un couloir de « grandes chaînes de magasins qui peuvent se permettre le loyer. » Mais note le Times, « dans un moment purement français », la mairie de Paris a « promis un plan visant à stopper la banalisation des Champs-Elysées» qui a commencé par interdire à H&M d’y ouvrir un magasin. Le distributeur suédois avait demandé à Jean Nouvel de concevoir le bâtiment. Les loyers sur les Champs, les plus chers d’Europe, sont les troisièmes les plus élevés du monde après la Cinquième avenue à New York et Causeway Bay à Hong Kong. Note de l’auteur : la Cinquième avenue a un H&M mais pas la petite robe trapèze noire en dentelles en taille 8.

Village Positif

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Au fil de la plume m’est venue la phrase :« Cette semaine il a plu des catastrophes sur ma vie et sur celle de mes ami(e)s ».
Mon esprit positiviste franco-US s’est rebellé. Trop dur, trop cru. Il trouve l’expression imagéee, mais un peu excessive.
En fait, je n’ai eu personnellement qu’une seule vraie mauvaise nouvelle, et autour de moi se sont accumulés les avis d’hospitalisation, de tumeur tout juste découverte, de refus professionnels, d’attaque cérébrale, d’occlusion intestinale, d’accident de la route… très précisément ! Tout cela dans le goulet des deux derniers jours de janvier et du début de février. Prémices de la nouvelle annéee lunaire ?
N’empêche depuis ma découverte, en 2003, du livre de Danny Gregory «Every day matters. A memoir », chacun de mes jours importe réellement. Cet opuscule a eu un effet détonant sur ma paranoia vitale. Comme tout un chacun élevé en France, j’abritais une sorte de catastrophisme natif. En gros le verre était toujours à moitié vide, avant d’être à moitié plein ! Depuis la lecture de « Chaque jour compte », j’ai appris à « positiver ». Ma vie est devenue un slogan de grande surface !
Justement, 4 ans après, Danny Gregory vient faire une lecture jeudi 1er février dans notre excellente librairie de quartier « Mac Nally Robinson » sur Prince X Lafayette .
Nous découvrons cela, avec ma fille, retour de Chinatown après un long dimanche culturel au MOMA et au Musée d’Art populaire américain. Nous avions les yeux pleins des madones, cow-boys, tunnels du peintre mexicain Martin Ramirez. Sa ligne claire emporte l’enthousiasme, et efface les cloisonnements de l’ « art brut-outsider art », censés séparer les artistes autodidactes, institutionnalisés, hors système de l’art officiel.
Et voilà Danny Gregory à l’horizon, lui qui n’est pas de la bande dessinée, pas du self help, pas de la philo et tout cela à la fois !
La veille, nous avions assisté à un festival de musique et danse chinoises pour le nouvel an lunaire (18février) au Skirball Center de NYU. J’ai encore la tonalité du pipa, le luth chinois, au creux de l’oreille, 6 jours plus tard. Et, en fait, Gregory habite la porte à côté du Skirball center. Je découvre que son gamin va à la même école que le mien. Nous sommes du même Village ! Sa femme, je l’ignorais, est l’héroïne que j’évoquais dans une chronique précédente, roulant à toute vitesse dans son fauteuil électrique, rouge pimpant, oublieuse des 2 teckels en laisse qui l’accompagnaient, car en pleine conversation téléphonique cellulaire. Elle s’appelle Patti. Styliste très demandée, elle se rendait uptown en métro, lorsqu’elle est tombée sur les rails du métro 9, juste quand la rame entrait dans la station …il n’y avait pas d’ange gardien au bonnet bleu de service ce jour-là …Patti fut écrasée par 3 wagons qui lui broyèrent la colonne vertébrale, la paralysant à vie des membres inférieurs. Patti et Danny Gregory avaient « une vie normale », comme il le dit, avec un bébé de dix mois, Jack et un bon chien bâtard nommé Jack…
A ce moment de mon récit, les animaux étymologiques se glissent dans les mots … « nightmare » , évidemment , la jument des nuits … «chatoyant» qui brille comme l’œil d’un chat , valable en anglais et français…ou encore « boulimie » une faim de bœuf ( en grec , bous le bœuf ; limos , la faim )…
Danny Gregory est devant nous dix ans plus tard. Rond, chauve, plein d’humour. Derrière, se pressent les amis et Jack, devenu un grand blond au visage radieux comme celui de sa mère Patti, venue sans les teckels. Je suis fier d’être du même Village qu’eux. Partie prenante de la même communauté. Dans la salle trois dessinateurs croquent à qui mieux mieux les gestes et expressions de l’assistance. Car telle est la raison d’être de ce livre. Gregory nous y raconte comment il est sorti de sa tragédie personnelle en apprenant à dessiner. Chaque jour avec de nouvelles ambitions. Et en route il a retrouvé une autre raison de vivre, alors qu’il ne savait pas tenir un crayon au début de l’aventure. Le témoignage graphique fut ensuite publié par la prestigieuse Princeton Architecture Press. Gregory nous explique que Robert Crumb (à la NY Public Library le 14 février interviewant sa femme Aline Crumb), le héros de sa jeunesse, lui a écrit une longue lettre, pour le remercier de l’avoir aidé à retrouver foi dans le dessin, ainsi que la ferveur de sa jeunesse, qu’une pratique intensive commerciale lui faisait un peu oublier ! « Qu’à part cela sa couverture était nulle, pas professionnelle… N’utilisez qu’un seul dessin jamais plusieurs ! »
« Everyday matters » vient de sortir en poche chez Hyperion. C’est une résurrection …au fil de la plume.
Bye
PS : Crayon boiteux, j’aime l’histoire douce-amère de ces nonnes grecques qui ont dû fuir leur couvent, à cause d’une faillite de plusieurs centaines de milliers d’euros de leur entreprise de tissage. Les autorités les recherchent dans tous les monastères du voisinage. Le chanteur Moby débarque à la lecture de Gregory et achète 5 bouquins d’un coup !
.Je devrais lui proposer un concert de soutien pour les nonnes grecques.