Oubliée des guides touristiques, plus spectaculaire que le MoMA et plus accessible pour les non-initiés que les galeries de Chelsea, la Fondation Dia:Beacon présente une collection exceptionnelle d’oeuvres des années 1960 à aujourd’hui.
La première salle, consacrée à Andy Warhol, est un choc pour le visiteur. Elle a été construite exprès aux dimensions de l’œuvre. Shadow, trente-six toiles à fond noir, alignées sur 100 mètres de murs blancs de chaque côté de la pièce, donne la mesure de l’endroit.
Située sur la rive est de l’Hudson River, entourée de collines et de forêt, l’ancienne imprimerie en brique est ouverte au public depuis 2003. Dia –à travers en grec- a été conçue pour permettre aux artistes de réaliser des projets hors du commun et pour repousser les limites du musée classique. Pari réussi pour cet espace de plus de 22 000 mètres carrés (plus grand que quatre terrains de football).
Chaque galerie est consacrée à un artiste. Les murs entièrement blancs et le sol en parquet clair ou en béton foncé se laissent oublier pour mieux mettre les œuvres en valeur. Nombre d’entre elles ont été spécialement conçues pour le site. La Fondation et les artistes travaillent en étroite collaboration. Par exemple, pour l’installation de ses six miroirs gris de 4 mètres carrés, Gerhard Richter a veillé à l’orientation de la lumière et à l’emplacement des portes. Les néons blancs de Dan Flavin ont été exposé sur des panneaux en accordéon, conformément aux plans qu’il avait dessiné avant de mourir.
Loin de Manhattan, Dia:Beacon bénéficie non seulement d’espace, mais aussi d’une grande luminosité, qu’aucune construction alentour ne vient bloquer. C’est cette luminosité qui a attiré l’oeil de l’ancien directeur de la fondation, alors qu’il survolait l’Hudson avec son avion. La lumière douce, favorisée par l’exposition nord, entre par les vitres du plafond, se reflète sur les miroirs et les oeuvres en verre, et donne vie aux installations. D’ailleurs, les visites n’ont lieu que lorsqu’il fait jour.
La collection fait la part belle à l’art minimal et conceptuel, avec les séries géométriques de Blinky Palermo et d’Agnès Martin, la série de boîtes de Donald Judd ou la suite de carrés et de cercles en acier à plat sur le sol de Walter de Maria. Plus largement, c’est toute une génération qui est représentée avec les installations de Louise Bourgeois, Sol Le Witt, Joseph Beuys, On Kawara, Bruce Nauman,…
Conçue pour les oeuvres de grande ampleur, Dia:Beacon joue de l’espace : l’ouverture sur chaque salle est l’occasion de découvrir une nouvelle perspective sur l’enfilade des galeries. Richard Serra investit le sous-sol avec Torqued Ellipses, monumentales feuilles de métal pliées et roulées, à l’intérieur desquelles le visiteur peut marcher.
Dia:Beacon propose également des conférences, des rencontres, et même des concerts. A venir en avril prochain, une rétrospective du travail d’Agnès Martin, des années 1990 à aujourd’hui.
www.diabeacon.org
Dia:Beacon – Riggio Galleries
3 Beekman Street
Beacon, NY 12508
845.440.0100
Horaires d’hiver (17/11-16/04)
11h-16h du vendredi au lundi
Y aller :
– en train : prendre le Metro North à Grand Central jusqu’ à Beacon (1h30mn et 5mn à pied)
(demander Dia package : achat en une fois à prix réduit des billets de train et du ticket pour Dia)
– en voiture : en direction du New Jersey, prendre Palisades Parkway North puis 6 East/202 (1h20mn)
Dia:Beacon, l’art contemporain sur mesure
SUPER BORE SUNDAY
Ce dimanche, l’Amérique va communier dans un rare moment d’unité nationale, pas de discours sur la guerre en Irak, ni de Weapons of Mass Destruction, pas de Nancy Pelosi, ni de bipartisan bill, pas d’encens, ni de sermon. Une vraie union sacrée : Juste une pizza et une Bud Light. Dimanche, c’est Super Bowl Sunday.
Je ne sais pas si vous avez remarqué cette propension qu’ont les Américains à organiser des événements sportifs d’ampleur intergalactique dans lesquels ils sont seuls à jouer. Prenez les World Series. Qui y a-t-il dans les World Series ? Certainement pas the World. Uhm, à moins que ce ne soit la conception du monde selon l’Amérique : « Nous, les Cubains et les Dominicains ».
Enfin, toujours est-il que dimanche, c’est Super Bowl Sunday, le programme de télé le plus regardé aux Etats-Unis (90 million de téléspectateurs). Les écrans publicitaires de 30 secondes se vendent à 2,6 millions de dollars. So what ?
Imaginons que vous êtes soumise à une pression extrême et que vous devez regarder le match. Très probablement, votre boyfriend est américain, le plus vraisemblablement de Chicago. Ca fait déjà 2 mois qu’il ne parle plus que des Bears. Vous avez fini par comprendre qu’il n’était pas devenu ursidophile après avoir vu le documentaire d’Al Gore. Il est simplement un supporter de l’équipe finaliste, les Bears of Chicago. Pour lui prouver votre amour, vous vous devez de communier avec lui (et ses potes).
Voila quelques suggestions pour survivre. Well, je ne sais pas par où commencer, car franchement, je ne vois pas quoi que ce soit d’excitant, ni d’intéressant dans le processus.
D’abord, c’est pas du football. Ca se joue avec les mains, duh !
Les pub ? Yawn ! A moins d’avoir une passion pour les grandes pin-up blondes carossées comme des Corvettes de Coors, l’esprit potache de Budweiser ; vous vous rappelez de Whazzup ? What a bore.
Parfois, il y a de l’action pendant le Super Bowl Sunday. Le téton de Janet Jackson, vous vous souvenez ? C’était il y a trois ans. Cette année, c’est Prince qui va chanter et s’il a une wardrobe malfunction, je préfère ne pas regarder !
Bon, les festivités avant match sont assurées par le Cirque du Soleil, ça renouvelle le genre des pom-pom girls. Je suis sûre que certains des joueurs sont agréables à regarder, mais vêtus à la mode cosmonaute, c’est difficile d’en apprécier la grâce. Pour vous réjouir, il vous reste la bière, la pizza, le hero, non, pas comme dans Alexandre le Grand, comme dans un sandwich de 2 mètres de long, les chicken wings, les cheese dips, les chips. Comme l’explique Donna Pilato, la entertainment guru du site About.com, c’est l’occasion de manger de la pizza bien grasse, sans se sentir coupable. Si Donna le dit…
Si vous trouvez toute cette ambiance charmante et exotique, vous pouvez même vous rendre dans un des nombreux sports bars de New York. Zappez ESPN, à Time Square, allez plutôt à Proof, un bar qui est girls friendly, ou encore à Scruffy Duffy’s, ambiance bruyante et bonshommes vociférant garanti, pour une ambiance plus laid back, allez à Toast, un bar local de Columbia.
Ca y est, j’ai trouvé une raisons d’aimer Super Bowl Sunday : vous pouvez enfin aller au cinéma ou à Bed Bath and Beyond un dimanche sans faire 45 minutes de queue. Priceless !
Proof
239 Third Ave., New York, NY 10003
entre 19th et 20th Sts.
212-228-4200
Scruffy Duffy’s
743 Eighth Ave., New York, NY 10036
@ 46th St.
212-245-9126
Toast
3157 Broadway, New York, NY 10027
entre La Salle St. et Tiemann Pl.
212-662-1144
Le Sarko show chez Charlie Rose
Le nombre des électeurs français inscrits à l’étranger (sur les listes consulaires) a plus que doublé depuis 2002, passant de 350 000 à 800 000 pour 2007. Et cela n’a visiblement pas échappé à Nicolas Sarkozy. Après sa visite à Londres hier, où il a “appelé les Français de l’étranger à rentrer en France” s’il était élu, le candidat de l’UMP a enregistré le célèbre talk show
de Charlie Rose, diffusé mercredi soir sur PBS.
Parlant en français (il ne s’essaie plus à l’anglais en public depuis que son épouse lui a fait remarquer qu’il n’avait pas le niveau), le ministre-candidat recevait l’animateur au coin du feu, dans les salons du logement du ministère.
S’adressant autant aux électeurs français installés aux Etats-Unis qu’aux Américains, il est revenu sur ses principales promesses de campagne, notamment celles qui, pense-t-il, touchent plus particulièrement les Français expatriés: la baisse des impôts, la promesse de pouvoir “travailler plus librement”, etc. Côté politique intérieure, il a exprimé son opposition à la privatisation d’EDF et, répondant aux critiques “d’ultralibéralisme”, s’est défendu d’être un “ennemi de l’Etat”. “Un grand pays, a-t-il dit, a besoin d’un Etat. Je crois que l’Etat peut jouer un rôle central mais qu’on doit réduire les dépenses de l’Etat (…) Je ne suis pas un idéologue, je suis un pragmatique.” “Je crois dans le capitalisme, je crois dans l’économie de marché, je crois dans la concurrence”, a ajouté le président de l’UMP. “Mais je veux un capitalisme avec une éthique, je veux une concurrence loyale.”
Ll’exercice était aussi l’occasion de tenter de corriger l’image jugée excessivement pro-américaine laissée par sa visite aux Etats-Unis en septembre dernier. Le ministre de l’Intérieur avait alors critiqué, depuis Washington, le politique française, ce qui lui avait valu d’être qualifié de “caniche de Bush” par certains opposants. Cette fois, tout en répétant qu’il est “un ami des Etats-Unis”, il a pris soin de critiquer Washington pour avroi refusé de ratifier le protocole de Kyoto. Il a aussi critiqué les interventions américaines pour pousser l’Europe à accepter la Turquie dans l’Union. “Est-ce que le Mexique est dans les Etats-Unis?” a-t-il répliqué.
Extraits (en anglais) de l’interview: International Herald Tribune.
NYC-JFK en 8mns
Time is money. Surtout à New York . Qui n’a jamais rêvé d’échapper au trafic en direction de l’aéroport, et de quitter Manhattan le plus tard possible?
Le rêve est à portée de main depuis près d’un an. US Helicopter propose une navette entre l’héliport de Wall Street, et Kennedy ou Newark. Durée du trajet : six à huit minutes. Prix : 164 dollars.
La compagnie a fait le pari que les hommes d’affaires voyageant fréquemment, et les chefs d’entreprise pressés, seraient séduits par la perspective d’éviter les embouteillages et les interminables contrôle de sécurité, leur laissant ainsi le temps de conclure un dernier deal avant de quitter Manhattan.
Au bout du Pier 6 sur East River, près du ferry vers Staten Island, au milieu d’une piste de quelques dizaines de mètres, un hélicoptère bleu avec une silhouette d’aigle blanc sur le côté fait tourner ses hélices en attendant ses passagers. A l’intérieur de l’héliport, à un quart d’heure du décollage, deux hommes en costume, Blackberry à la main, passent les mêmes contrôles de sécurité que dans n’importe quel aéroport – la file d’attente en moins. Une hôtesse explique ensuite brièvement des consignes de sécurité basiques. Puis nous marchons le long de pointillés jaunes jusqu’à l’appareil. Embarquement.
A l’avant, deux pilotes font les derniers réglages. Derrière eux, deux rangées de deux places, et une de quatre au fond. Même sans tablette, les sièges, façon cuir, sont plus confortables que ceux de classe éco en avion. « Enjoy your flight ! » lance l’hôtesse avant de fermer la porte.
Rien à voir avec le décollage d’un 747, l’hélicoptère se soulève en douceur à l’horizontale et s’élève de quelques mètres au-dessus d’East River -sujets aux vertiges s’abstenir. Puis il prend doucement de la hauteur, et passe à côté de la Statue de la Liberté. La skyline de Manhattan s’éloigne progressivement. C’est l’occasion pour les passagers, le nez rivé aux fenêtres, de profiter de la vue. Les buildings de Wall Street, le Chrysler et la tour de verre de l’ONU se profilent, baignés de cette lumière qui tire vers le rose, unique à Manhattan. L’hélicoptère survole ensuite les maisons du Queens et les routes chargées qui mènent à JFK.
L’appareil se pose huit minutes plus tard, sur le terminal d’American Airlines (terminal 9) à Kennedy. A Newark, il atterrit sur le terminal de Continental Airlines (terminal C). Les passagers, qui auraient sans doute bien volé quelques minutes de plus, débarquent immédiatement. Un agent de sécurité, tel un bodyguard, les attend sur le tarmac. Il les escorte au salon d’embarquement, en passant par un escalier sécurisé.
Seul bémol, les passagers qui ne volent pas sur une des deux compagnies doivent prendre la navette entre les terminaux, et repasser par la voie classique d’enregistrement et de sécurité. Ce service très V.I.P n’est pas non plus conçu pour les retours en France en famille : les bagages sont limités : un petit bagage en cabine (sac à main, attaché-case, ordinateur) et une valise enregistrée (22 kg maximum).
Pour Jerry Murphy, président de la compagnie et ancien de Pan American Airways, les maîtres mots d’US Helicopter sont « commodité » et « fiabilité ». Il estime à 35 millions le nombre de voyageurs qui font le trajet entre Manhattan et les aéroports. Selon lui, la moitié sont susceptibles de choisir l’hélicoptère. En voiture, il faut compter entre une demi-heure et une heure environ, et 60 dollars pour un taxi, ou 100 dollars pour une limousine. US Helicopter, qui dispose de quatre appareils, vise 60% de remplissage d’ici fin 2007.
L’hélicoptère fait un aller et retour par heure, de 7 heures à 19 heures, du lundi au vendredi. La liaison à partir de Wall Street fonctionne depuis près d’un an. A partir du 5 février prochain, le même service opèrera à partir d’un deuxième héliport situé E 34th Street. Une navette vers La Guardia est prévue en juin 2007, et l’ouverture d’un troisième héliport, dans le west side, sur 30th Street, fin 2007.
Pour l’instant, New York est la seule ville des Etats-Unis où ce type de navette existe. Mais selon Murphy, ce service pourrait se développer. « Aux Etats-Unis, il y a dix villes où les conditions sont réunies : trafic, volume d’affaires et clientèle potentielle » explique-t-il. Avant d’ajouter qu’il en va de même pour une demi-douzaine de métropoles internationales – dont Paris.
flyush.com
L'autre combat de Simone Veil
C’est, depuis les accusations d’antisémitisme portées contre la France ces dernières années, le passage quasi-obligé des personnalités politiques françaises en visite à New York : la rencontre avec les représentants de la communauté juive. Lundi midi, Simone Veil a déjeuné avec les responsables de plusieurs associations, dont l’American Jewish Committee. Une rencontre en partie consacrée à l’antisémitisme français et au cours de laquelle la rescapée d’Auschwitz a tenu un discours pas toujours bien vu par une communauté juive américaine majoritairement suspicieuse vis-à-vis de la France. « Ils n’aiment pas que je leur dise ça, mais ils ont un regard très injuste sur notre pays » confiait-elle après l’entrevue.
« Comme je le fais à chaque fois, je leur ai parlé de l’antisémitisme ici, aux Etats-Unis. Il y a quand même, quand je lis les journaux, une propension à voir chez nous ce qu’ils se refusent à voir chez eux ! Evidemment, ils n’aiment que je leur dise ça, mais ils finissent par me connaître!». A presque 80 ans, infatigable témoin, Simone Veil continue de courir les écoles françaises, invitée partout, « y compris, dit-elle, dans les banlieues les plus difficiles, et je constate que ce n’est pas vrai qu’on ne peut pas parler de la Shoah dans les écoles françaises. Au contraire, il y a un formidable effort de l’Education Nationale. On en parle partout. Et les enfants, même très jeunes, s’y intéressent, ils veulent savoir, comprendre. »
Son combat opiniâtre pour la mémoire, Simone Veil le veut complet. D’où son intérêt pour les « enfants cachés », ces juifs qui ont échappés à la déportation grâce aux complicités de familles, de villages entiers parfois. « Nous, les déportés, dit-elle, nous avons vécu l’horreur, nous l’avons vue, on a assumé cela et rentrer était d’une certaine manière une victoire sur les Nazis. Mais pour les enfants cachés, c’était différent, eux ont cru que leurs parents allaient rentrer ». Dans son discours au Nations Unies, l’ancienne ministre a souligné que, pour les déportés « il n’y a pas un jour où nous ne nous pensions pas à le Shoah ». Et soixante années de témoignage inlassable n’ont pas altéré l’émotion quand, par exemple, elle parle d’une de ses cousines, cachée pendant la guerre et qui « a toujours refusé d’accepter que sa mère a été tuée dès son arrivée au camp ».
C’est Simone Veil qui a suggéré, l’an dernier, à Jacques Chirac, d’organiser la cérémonie qui s’est tenue la semaine dernière, au Panthéon, en hommage aux Justes, « des femmes et des hommes, de toutes origines et de toutes conditions, ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d’extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’humanité dit la plaque apposée dans la crypte du Panthéon. « C’était important aussi pour moi que ce soit Chirac, car c’est lui qui a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation. Et d’une certaine manière ces deux séquences permettent de rendre plus justement compte de ce qu’ont été le comportement de la France et des Français ».
A ses interlocuteurs Américains, Simone Veil a, insiste-t-elle, « répété que beaucoup plus de juifs ont été sauvés en France que partout ailleurs. Sur 300 000 juifs Français, 76 000 ont été déportés. La proportion est bien inférieure à tous les autres pays ». Et elle a bien l’intention de faire en sorte que cette autre réalité française soit mieux connue aux Etats-Unis. La fondation pour la Mémoire de la Shoah qu’elle préside va tenter d’obtenir la présentation ici de l’exposition et du film conçus par Agnès Varda autour des 2600 portraits de Justes de France, présentés la semaine dernière au Panthéon. « Des gens, dit-elle, dont la plupart des Américains ne connaissent même pas l’existence ».
La panne de Ségolène, l'Amérique de Sarko
Où est passée la magie de Ségolène Royal ? se demande le magazine Time.
Elle avait « l’air d’avoir un gilet pare-balles à l’automne dernier ». Depuis « Sarkozy l’a doublée dans les sondages et ses conseillers socialistes se chipotent pour savoir comment lui remettre du vent dans les voiles ». Depuis que « sa candidature improbable » a pris de la vitesse, « Royal a montré un penchant pour ne quasiment rien dire sur les sujets de campagne traditionnelle, mais pour lancer des missiles d’iconoclasme là où on ne les attendait pas ». Comme son soutien à la « liberté et souveraineté du Québec ». Ce n’est pas sa première boulette, note Time. « Le mois dernier, elle est restée tranquillement assise quand le gouvernement israélien a été comparé aux nazis, puis a eu l’air d’approuver la construction du mur par Israël. » L’hebdomadaire note encore sa position « unique dans le monde » quant à l’interdiction du nucléaire civil en Iran et ses louanges de la rapidité de la justice chinoise. « La diplomatie n’est pas son fort. » On apprend que dans une interview à Time pendant l’été 2006, Ségolène Royal avait dit qu’elle aimerait rencontrer Hillary Clinton, « même si elle a des positions très à droite ». Le magazine suppose que « ses faux pas sont amplifiés parce qu’elle ne parle pas de la substance de sa campagne ». Elle compte continuer à « écouter » jusqu’au 11 février, « Sarkozy est plus que ravi de prendre tout l’oxygène d’ici là » avec des propositions politiques.
«Aussi improbable que cela puisse sembler aujourd’hui, quand le président Bush terminera son dernier mandate, son allié européen le plus proche pourrait être le président français», estime le Chicago Tribune.
L’argent, la réussite et l’idée de travailler dur ne posent pas de problème à Nicolas Sarkozy, explique son conseiller David Martinon. En plus il aime l’idée de « deuxième chance » aux Etats-Unis. « En France si vous échouez une fois, vous êtes mort » continue David Martinon qui n’a pas dû bien suivre les carrières des deux derniers présidents français.
–p–
Moins d’un tiers des habitants de 25 pays estiment que les Etats-Unis ont une influence positive dans le monde. Magré cela McDonalds vient d’annoncer ses meilleurs résultats en 30 ans. Un chroniqueur du Washington Post fait valoir que même si José Bové est devenu un héros de l’anti-mondialisation en saccageant des McDo en France, les bénéfices qu’y réalise McDonalds sont les deuxièmes de l’entreprise dans le monde, après les Etats-Unis.
Mia Farrow a adoré aller tourner « Arthur and the Invisibles » en France, dit-elle à Newsweek. Rien que pour ce qu’elle a mangé « le Camembert, les baguettes, le poisson frais, du vin incroyable au déjeuner… » et pour le plaisir de regarder Luc Besson. « Je pourrai le regarder se brosser les dents. »
Le magasin anti "junk food"
Ca commence dès l’entrée : la mini-porte taille enfants, à coté de la grande. Forcément, ils adorent. A l’intérieur, tout est à l’avenant : mini-chariots, bar à glaces, sandwiches aux formes rigolotes… Pour une idée née dans un coin de cuisine, le concept Kidfresh est pour le moins abouti. C’est en préparant la lunch box de ses enfants (2 et 5 ans) par un matin blême, (« ma femme n’est pas du matin » assure-t-il) que Mathias Cohen a eu l’inspiration : il fallait un Whole Food pour enfants. Un endroit où se rencontreraient l’obsession new-yorkaise pour tout ce qui est « healthy », et la réticence américaine à se mettre derrière les fourneaux. Le tout agrémenté d’une propension à dépenser beaucoup pour le bien être des chères têtes blondes.
Mathias Cohen, 39 ans, venu du consulting, s’est associé avec un autre Français, Gilles Deloux, (venu lui de Danone) et à une spécialiste du
marketing pour enfants (Samira Samii Mahboubian) pour créer et lancer Kidfresh. Ambition : une chaîne nationale de magasins, où les parents attentifs pourront trouver de la nourriture qui soit à la fois saine (le plus souvent organic) et plaise aux enfants difficiles. Après deux ans d’efforts pour affiner le concept, lever les capitaux, développer le marketing, mettre au point les menus avec diététicien et cuisinier, le premier magasin test vient d’ouvrir début janvier dans l’Upper Eat Side (84ème rue et 2nde Avenue). « Un quartier idéal : à la fois familial et à revenus élevés ».
Le magasin, tout en couleurs vives, est un mélange d’épicerie et de deli pour petits. Produit vedette, les lunch boxes sont préparées sur place, à base de produits frais. La mini salle de restaurant, où l’on peut s’installer sur des mini-chaises autour de mini-tables pour manger sa pas-si-mini portion, permet d’admirer à travers une vitre le chef Joe Brancaccio (venu d’Agata & Valentina) s’affairant à couper des sandwiches en forme d’étoile ou de main ou à mélanger des salades de pâtes. Pas sophistiqués les plats ? « Ce n’est pas le but du jeu, commente Mathias Cohen. Il faut des plats que les enfants aient envie de manger ». Donc des plats amusants, et surtout proches de ce qu’ils connaissent. C’est la règle pour espérer séduire la tranche d’âge visée (2 à 10 ans).
Mais la vraie différence est dans la « balance nutritionnelle » : pas de junk food ici. Les menus sont diététiquement étudiés. Le ressort marketing est
évidemment la culpabilité des mères, honteuses de ce qu’elles (ou la nannie) laissent leurs enfants ingurgiter, alliée à la convenience : fini les luttes matutinales pour tenter d’égayer les deux tranches de pains blancs que le petit avalera à l’école. Kidfresh a l’ambition de livrer la solution clef en main (boîte –en carton recyclé- comprise). D’ici peu, le site internet permettra même de se faire livrer chez soi le menu de la semaine, « Fresh direct-like »…
Kidfresh
1628 2nd Avenue, entre 84th and 85th streets.
Tel: 212 861-1141
Harem (un moment)
Je me suis toujours étonné de la haute ritualisation de la vie américaine. Les fêtes et cérémonies se succèdent les unes aux autres sans discontinuité. Chaque fois la nation de 300 millions d`âmes s’immobilise un moment. Après le moment MLK, les grands espaces américains consacraient une soiréee au discours sur l`état de l’Union (il y aura ensuite la saint Valentin, le SuperBowl, les Oscars de Hollywood, etc).
A cette occasion, le président retrouve la maîtrise du calendrier politique, en exposant buts et réalisations. La réalité n’étant pas une priorité, la rhétorique servira de passe-passe.
Dans la tornade des mauvais sondages actuels (71 % de désapprobation) Bush sut pourtant prouver son savoir-faire empathique pour ne pas sombrer corps et biens. Il n`y eut certes pas consensus, mais la cérémonie républicaine garda tout son panache. Le héros au bonnet bleu fut même invité, et les caméras ne quittèrent plus sa petite fille endormie sur les banquettes d’apparat. Hillary Clinton avait pour hôte Ceasar Borja junior, dont le père, un policier de NY venait de mourir, quelques heures plus tôt, d’une maladie pulmonaire liée au 11spetembre, d’avoir passé seize jours au sommet des ruines fumantes et toxiques du World Trade Center.
Le pays se repaît de ces moments d’unité, puis les métabolise sans plus se souvenir de rien le lendemain. New York, toujours sur les dents, s’honore de ses instincts oublieux. Pas le temps de s’intéresser au journal de la veille. La grosse machine donne à ses consommateurs juste « one NY moment » avant de repartir de plus belle. A Davos, Suisse, ces jours-ci, tous les spécialistes de l’économie sondent d’ailleurs la santé du consommateur américain. Va-t-il garder l’appétit ? La santé du système économique global semble en dépendre.
Moment incroyable de consumérisme pour notre petite famille, dimanche matin, par une météo glaciale. Il gèle à pierre fendre et nous battons la semelle, une demi heure avant l`heure d’ouverture, devant, non pas une, mais deux boutiques de jeux électroniques sur Broadway qui vendent le nouveau jeu vidéo, sans lequel les gamins des cours de récréation des environs perdent tout statut social. Nous nous sommes divisés en deux groupes. Évidemment les consoles dernier cri s’écoulent au compte-gouttes. Il y en aura trente en vente ce matin-la. Autant de wannabe-acheteurs repartiront les mains vides. Sur le trottoir où nous patientons, passe un homeless au visage violacé, aux chaussures bourrées de pages de journaux froissés. Notre attente luxueuse paraît soudain très vaine. De glacial le moment est devenu glaçant.
Un de mes héros d’écriture vient de passer l’arme à gauche : le globe-trotter Ryszard Kapuscinski avait 74 ans. Il avait témoigné de 27 coups d’état et révolutions, avait rencontré le Shah d’Iran, le Negus d’Ethiopie, Lumumba au Congo, Che Guevara à Cuba, Idi Amin Dada en Ouganda … Avec lui on avait les petites gens et les célébrités, le climat, l’atmosphère de la rue, les ragots, l’odeur … Les milliers et milliers d’éléments qui sont partie intégrante des événements dont vous lirez le rapport de 6oo mots dans votre journal du matin. Il qualifiait ce qu’il faisait de « reportage personnel » parce que l’auteur y était toujours présent et avait chaud, froid … ou bien « de littérature pédestre »(litterature by foot ) dont « Imperium » (sur la chute de l’empire soviétique) ou « the Emperor » (Haile Selassie d’Ethiopie ) seraient de bons exemples.
Je sors du documentaire allemand « 2 or 3 things I know about him » (sur un père nazi, ambassadeur en Slovaquie, dont toute la famille du réalisateur veut gommer les crimes).
Si on m’interroge à l’instant sur l’état de l’air du temps je n’aurais qu’un mot à la bouche : lassitude. Comme un des personnages juifs du film j’ajouterais que « le mal est un vide car il ne peut jamais être satisfait, alors que le bien se contente de lui-même.
Crayon boiteux, je ne peux achever cette chronique de 1000&2 moments sur autant de pessimisme ! Je trouve ma note d’espoir dans une étymologie rigolote glanée chez Henriette Walter dont je lis « Le Français dans tous les sens » (Livre de Poche 14 001).
Parmi les mots empruntés à l’arabe, via le latin médiéval, le provençal, l’italien, etc… Amiral désigne l’ « émir (de la mer) ». Harem « ce qui est défendu ». Momie est le « bitume » (dont on enduisait les cadavres). « Chiffre »et « zéro » viennent du même mot arabe signifiant à l’origine « vide »…
Mon 2002ème moment est un mot qui ne ment pas : « vide » …les grands froids sont revenus ; l’abbé Pierre s’en est allé ; le vice President Cheney n’en finit pas de touiller « son brouet de sorcière »selon John Mac Cain (in la revue Politico); le « désastre W » (Maureen Dowd) se déroule sous nos yeux …
Un moment de vide, avant de passer aux prochaines festivités !
Handicapés du hug
Dear Guillemette,
Je suis nulle en « hug », ça me pénalise dans ma vie new yorkaise. Aidez-moi à progresser.
Hug Impaired, New York
Hi HI,
Vous avez deux possibilités : faire une bise en commentant d’un susurré « à la française » qui vous donnera un petit côté Arielle Dombasle kind of ou-la-la, ou alors vous pouvez vous lancer dans le hug. Mais attention, choisissez votre camp et tenez vous-y. Un des
problèmes, m’explique Danielle, une Américaine aux fréquentations européennes, c’est que les Français hésitent, se lancent à la fois dans un hug et des bises, d’où des télescopages de têtes pénibles pour tout le monde (le hug se fait avec le visage tourné vers l’extérieur, une bise avec le visage tourné vers l’extérieur s’appelle communément une bosse).
Le premier cas n’est pas moins risqué. Tous les Américains ne sont pas rompus au « European style double kiss » et vous risquez un cafouillage au moment d’attaquer la deuxième bise.
Si vous avez le courage de choisir la deuxième option, annoncez votre intention (pour détromper tous ceux qui reviendraient de vacances en Europe et voudraient vous épater) en tendant les bras vers l’avant. Accompagner votre geste d’un petit cri simulant la surprise de voir qui on avait prévu de voir. Quelque chose comme « heeeyyy… » Refermez les bras autour des épaules du huggé. Faites un petit « social noise » (« it’s sooo good to see you » fait généralement l’affaire. Alternativement « it’s been a long time… », « so glad you’re here » si vous devez en enchaîner). Allez-y franchement.
De nombreuses sources américaines viennent se plaindre chez FrenchMorning de la raideur du Français qui subit son hug raide comme un piquet. La souffrance est contagieuse. Alors jetez vous dans les bras, mettez-y de la chaleur, enveloppez. Posez la main gauche sur l’omoplate gauche, la main droite sur l’omoplate droite. Pour distinguer le hug de l’étreinte amoureuse, les doigts de la main droite tapotent deux fois sur l’épaule droite. Attention, on a dit tapoter, pas tambouriner. Pas non plus de grande claque de vestiaire de foot.
Qui peut-on hugger ? Les gens que vous connaissez. « On ne fait pas de hug à tout le monde en quittant une soirée comme des Français feraient la bise. Le hug est mérité» me dit une Américaine qui en a serré.
Est-ce que la poitrine touche ? Ca peut arriver. Mais notez que beaucoup d’américains font leur hug en se penchant légèrement vers l’avant. Les corps sont plus serrés au niveau des épaules que du tronc. Je ne parle même pas des jambes.
Est-ce qu’il faut fermer les yeux ? Et pourquoi pas ouvrir la bouche !
Allez HI, vous ne le regretterez pas.
Guillemette
Pour poser vos questions pertinentes et obtenir les réponses éclairées de Guillemette, envoyez-lui donc un email.
Une école publique francophone à New York?
Jusque là tout allait bien: la petite Natania était parfaitement bilingue. Et puis vers ses six ans, elle a commencé à rechigner à parler français. «Là, je me suis rendu compte qu’il fallait faire quelque chose, que le bilinguisme n’était pas acquis et qu’il fallait faire des efforts pour qu’elle parle – et écrive- le français, » raconte sa maman, Catherine Poisson. Il y a un an, elle a donc rejoint la poignée de Français de New York qui avaient créé un peu plus tôt l’association EFNY (Education française à New York).
Comme Catherine, professeur de littérature française et habitant de Brooklyn, les fondateurs de EFNY ont vite découvert que, s’ils n’avaient pas les moyens -ou pas de place- pour le lycée français, ils leur fallait prendre l’avenir de leur enfants en main. En 2005, ils ont donc créé leur association avec de hautes ambitions : rien de moins que d’obtenir l’ouverture d’une école publique bilingue français-anglais. Et c’est en train de marcher !
« Naïvement, nous sommes allées au département d’éducation de la ville et on leur a dit : ‘bonjour, voulez-vous ouvrir une école pour nous ? », raconte Florence Nash une des fondatrices (qui a aujourd’hui quitté l’association).
Loin de se faire mettre à la porte de l’administration, ces parents d’élèves motivés ont au contraire découvert qu’il existait des ateliers expliquant comment monter une école, les démarches à effectuer, etc. Néanmoins, ils se sont « rapidement aperçu que ça n’était pas si simple, qu’il fallait faire un partenariat avec une organisation mais que tout ce qui existe en le matière est destiné aux populations défavorisées, ce qui n’était pas notre objet », se souvient Florence Nash. En revanche, elles rencontrent un accueil enthousiaste d’un responsable du département « dual education », qui gère plusieurs écoles publiques bilingues à New York (en espagnol, russe, chinois, créole). Une solution se fait jour : « l’astuce, c’est de se greffer sur une école existante qui a besoin de redorer son blason ».
Si tout va bien, deux écoles bilingues français-anglais devraient donc ouvrir à la rentrée prochaine. La première, à Morningside Heights, près de l’Université de Columbia (PS 125, 123ème rue), est pratiquement acquise. Une classe de pre-K et une de first grade vont ouvrir en septembre prochain. Pour l’autre école, à Brooklyn (PS 38 sur Pacific Street), il reste plus d’incertitudes, mais les responsables d’EFNY ont bon espoir d’y voir ouvrir également deux classes à la rentrée scolaire 2007.
Remplir l’école ne devrait pas être un problème, même si les règles de la New York City imposent 50% d’élèves native speakers. Le succès des programmes d’after school en est une preuve. En attendant la ‘vraie’ école, les parents d’EFNY ont en effet réussi à ouvrir des cours de français dans les écoles publiques même, après les heures de classe. Quarante enfants les suivent à Brooklyn (PS 38) et presque autant à Manhattan (une école dans le West village, une dans l’East village). Ces classes sont partiellement sponsorisées par l’Etat français, via le programme FLAM (français langue maternelle), qui vise à aider les enfants français de l’étranger à conserver leur langue maternelle.
«Le succès des after school montre qu’il y a une demande, un intérêt, il a permis de faire connaître notre projet note Catherine Poisson, mais l’objectif reste bien d’ouvrir des écoles bilingues, et ce jusqu’à la high school.» Ce qui ne sera pas simple. Il faut par exemple trouver suffisamment de professeurs français nécessaires. Les enseignants des écoles publiques doivent obligatoirement être titulaires d’un diplôme de l’Etat de New York ; les Français qui le sont ne sont pas légion.
Il faudra aussi obtenir la mobilisation de suffisamment de parents. « Les Français ont plus de mal que les Américains à travailler de manière communautaire», constate Catherine. Sauf que, « frustrées par la pauvreté de ce qui est disponible pour leurs enfants, de plus en plus de familles françaises de New York sont prêtes à se mobiliser ».
Une des taches de l’association sera aussi d’ouvrir le projet au maximum de communautes, notamment aux francophones d’Afrique ou d’ailleurs. «Souvent, on remarque qu’ils cachent leur bilinguisme, l’intégration ici prime le plus souvent, remarque Catherine Poisson.» Leur engagement sera pourtant primordial: il est crucial pour le département de l’éducation de New York, dont les responsables sont attachés à la diversification «et qui se méfient un peu de l’image élitiste du français.»
SITE DE EFNY : www.ecolenyc.org. Email : [email protected]
Hédonisme et grosses cylindrées
Le Detroit Metro Times, juge « sublime » une réplique du dessin animé « Flushed Away». Lorsque le mercenaire français (« le frog », avec la voix de Jean Reno) lance « on s’en va tout de suite, un de ses hommes lui demande « et le déjeuner ? » , et la voix de Jean Reno corrige « on part dans cinq heures ». Le journal gratuit de Detroit se demande si le penchant français pour la sensualité hédoniste expliquerait le dédain américain pour les Français. Alors que les positions sur l’Irak ont changé, note l’hebdomadaire alternatif, « il serait peut-être temps de mettre notre francophobie de côté et d’embrasser l’ennui existential et les tremblements suicidaires du cinéma français». Suit le programme d’un festival du film français sur le campus.
« Le dîneur ne quittera pas la table au milieu du repas pour utiliser les commodités, et s’il devait y aller, il n’utilisera jamais le mot «{ toilette » en demandant son chemin à son hôte»} relève un article du New York Times qui explique que les Français n’en finissent pas de réapprendre les bonnes manières.
Le journal remarque que « des voitures brûlent et des poubelles sont jetées par les fenêtre dans des banlieues glauques, les attaques physiques et verbales sont plus répandues qu’il y a quelques années, dans le métro, les passagers sont attaqués, les sièges fendus et des graffitis gribouillés dans les wagons…» et observe à côté de ça «un désir de garder, d’encourager et même de vénérer ce que les français appellent la “politesse” ».
La correspondante du New York Times assiste à un cours de bonnes manières. Où l’on apprend que la femme, et non l’homme, doit tendre la main la première pour une poignée de main, qu’une femme mariée doit poser sa main sur l’autre à table pour bien montrer ses bagues et que l’on n’apporte pas de vin quand on est invité à dîner (ça sous entendrait que l’hôte n’a pas bon goût) mais qu’on veillera à arriver un quart d’heure en retard.
Le baise-main survit, note Elaine Sciolino, et elle décrit les pratiques du « maître » en la matière, Jacques Chirac : « Il lève la main de la femme à hauteur de la poitrine et se penche pour la rencontrer à mi chemin. Parfois comme lorsqu’il a rendu visite à la chancelier Angela Merkel à Berlin en mars dernier, il la berce dans ses deux mains. »
On note encore que « 95 % des Français estiment qu’être poli est un atout selon un sondage Ipsos de mars ». Présentez-moi les 5 % de pignoufs restant.
Enorme vroum vroum à Los Angeles. Dans une ville « où les cortèges de dignitaires attirent à peine l’attention », le Los Angeles Times a remarqué la chevauchée de « 15 officiers de police à moto, toutes lumières allumées et moteurs rugissant, escortant 15 flics français à moto pour déjeuner ». « Nous luttons tous ensemble contre le crime international et le terrorisme » commente le consul français à Los Angeles après des explications du quotidien selon lesquelles les policiers français sont là pour dix jours de formation avec la police de Californie, consistant entre autres à s’occuper de la sécurité des Golden Globe Awards (des oscars télé et cinéma) à Beverly Hills…
« La police française qui a fait face à des émeutes l’an dernier dans plusieurs villes dit vouloir apprendre de nouvelles techniques de maîtrise des foules de leurs homologues américains» note le L.A Times. Jerry Reisinger, un agent en retraite qui suivait le cortège « a ri envoyant des agents français sortir leur cigarette et s’en fumer une après avoir garé leurs machines ». A L.A « il y a probablement moins d’un flic sur 100 qui fume».
Le Washington Post et le New York Times consacrent un article au Tent City parisien. Le New York Times explique que « sans domicile fixe » est un « euphémisme français pour les gens qui dorment dans la rue». Il cite le chiffre de 84.000 personnes dormant dans les rues chaque nuit en France, soit « environ le nombre total de SDF dans la seule ville de Los Angeles », « mais même ce nombre dérange le segment socialement actif de la population française » note le quotidien avant d’expliquer comment Médecins du Monde en est arrivé à distribuer des tentes, « le long du Canal Saint Martin, dans le cœur du Paris « bobo » ». Notez que bobo est mis entre guillemets, avec, entre parenthèses, « raccourcis de bourgeois bohèmes ». C’est rigolo qu’un journaliste américain ait besoin de définir bobo pour ses lecteurs : le mot vient du chroniqueur américain David Brooks mais il n’a jamais pris aux Etats-Unis autant qu’en France.
MLK 2007
A Washington les tractations politiques battent leur plein. Les Démocrates sont au pied du mur. Ils ne peuvent plus empêcher, politiquement, le vote des budgets lorsque les soldats sont sur le champ de bataille. Rien n’empêchera les camions militaires d’arriver en Irak avec le matériel flambant neuf ….et les nouveaux contingents. La guerre de Bush va pouvoir déployer son “surge”(sursaut).
Loin du terrain d’action, nous les civils de l’Etat de New York vivons une journée de congé payé. Le Martin Luther King Day tombe un lundi 15 janvier ; nous courons au Brooklyn Museum voir les expos d’Annie Leibowitz et de l’aquarelliste Waldon Ford (jusqu’au 4 février) ; nous en profitons pour visionner l’admirable et cauchemardesque Pan’s Labyrinth de l’Espagnol Guillermo del Toro, sur un rêve de petite fille durant la guerre d’Espagne. Cela nous rappelle l’extrême cruauté de ce conflit qui préfigura les horreurs de la seconde guerre mondiale …
Le 4 avril 1967, un an avant son assassinat, Martin Luther King délivre, à Manhattan, son discours le plus controversé. Bob Herbert nous le rappelle dans sa chronique du 18/1 dans le NYT. “Je viens dans cette maison de culte ce soir, dit-il, parce que ma conscience ne me laisse aucun autre choix.” Son discours est une dénonciation de la guerre du Vietnam.
“Le silence face aux horreurs de cette guerre, ajoute-t-il, équivaudrait à une trahison.”
Tout le monde critique aussitôt le Révérend. Le New York Times titre un de ses éditoriaux “La Faute du Dr King “. De quel droit son “expertise ” sur les Droits civiques lui permet-elle d’élever sa voix contre la guerre ? “Nos vies s’achèvent, dit-il, le jour où nous commençons à nous taire sur les choses qui importent “.
Après le discours de Riverside Church, nous rappelle Herbert, la guerre du Vietnam dure encore 8 ans, fauchant les vies de 58 000 Américains, d’1 à 2 millions de Vietnamiens, et à l’âge de 39 ans une balle arrache celle de Martin Luther King à Memphis.
Mardi 16 janvier c’est mon anniversaire. Je rumine les discours de MLK et la phrase de Pavese : “L’homme n’a d’immortel que le souvenir qu’il reçoit et celui qu’il transmet “. Cela me donne un semblant de proximité avec la transcendance !
Le jeudi 18 je déjeune avec mon ami le Père Pierre Raphaël de la Mission de France. Je l’ai aidé à achever son livre, “L’Appel du Bronx”, Presses de la Renaissance (oct 2006) . Il me donne des nouvelles de la Maison d’Abraham, maison de réinsertion post-carcérale dans le Bronx dont il s’occupe avec soeur Simone, soeur Rita, soeur Amy et d’autres… Parmi eux, Severino, a retrouvé la liberté après 25 ans d’incarcération. Selon tous, personnel d’encadrement de la prison, comme celui de la Maison d’Abraham, Severino était innocent.
A Dallas, ce même jour, James Waller, est rejugé innocent après dix ans d’incarcération pour viol d’enfant. Les analyses d’ADN l’exonèrent sans l’ombre d’un doute. C’est le douzième innocent à ce jour à avoir croupi dans les prisons du comté de Dallas. L’Innocence Project ( à quand un prix Nobel de la Paix pour cette association émanant de la fac de droit New-yorkaise Cardozo?) le souligne, et cherche à obtenir des réponses avec les autorités juridiques locales. Car le véritable criminel, dont les crimes furent imputés à James Waller, court encore!
Cette semaine d’injustice à Dallas, de tueries ininterrompues à Bagdad (dont cet attentat qui tue 40 étudiants de la fac locale), de tempêtes de glace dans six Etats américains, de tourmente Kyrill sur l’Europe du nord, Barack Obama se lance dans la course à l’investiture démocrate pour la Présidentielle 08. Un long parcours s’ouvre devant lui. J’espère que MLK 08 veillera sur lui. Sinon son inexpérience le balaiera comme ses prédécesseurs (Hart, Dean , Perrot etc …).
“Je pense qu’il y a des moments dans l’histoire américaine, dit-il, où il est possible de changer le langage de la politique, de tourner les regards du pays dans une autre direction, et je pense que nous sommes dans un tel moment.”
Il en appellera aux mannes d’Abraham Lincoln, et non pas a celles de MLK, lorsqu’il annoncera sa candidature officielle à Springfield, Illinois, près de la maison du 16e président. Un homme également inexpérimenté, plaidera-t-il, lorsqu’il dirigea la nation dans une de ses pires épreuves.
Crayon boiteux, il est l’heure de mon histoire de rédemption, après toutes les horreurs du moment !
En 1942, une femme passe une petite annonce. Elle est prête à offrir en adoption,”sans condition”, un petit gars d’un mois. Le couple Sharp répond favorablement et vient, sur un quai de gare, prendre livraison du bébé conçu hors des liens du mariage. L’époux légitime est au front, puis mourra lors du débarquement de Normandie.
A 14 ans le petit garçon découvre qu’il a été adopté, en même temps que la petite annonce dans le journal de Reading, un bourg à l’ouest de Londres. Un service de recherches de l’Armée du Salut lui permet ensuite de remonter le fil de sa lignée jusqu’à un frère cadet de 8 ans …qui n’est autre que le fameux écrivain anglais Ian Mac Ewan. La mère des deux hommes s’est ensuite remariée avec son amant, l’officier Mac Ewan, qui était donc leur père commun. L’un, Mr Sharp, quitta l’école à 15 ans et devint maçon. L’autre fit de longues études et décrocha le Booker Prize en 1998, après nombre de succès. Qu’ils écrivent donc une histoire ensemble ! La mère, emportée par la maladie d’Alzheimer, n’a pu aider personne à retrouver la mémoire. Il fallut qu’une tante brisât un pacte de secret pour que la vérité triomphât ! Gloire à l’imparfait du subjonctif. Ne donne-t-il pas encore plus de panache à cette sorte d’Innocence Project qu’a vécu Mr Sharp ?
L’humoriste Art Buchwald vient de mourir à l’âge de 81 ans. Il laisse un message sur le site du NYT :
“Je m’appelle Art Buchwald . Je suis mort ”