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Notre-Dame de Paris en réalité augmentée, une plongée au cœur de l’histoire de la cathédrale à New York

À moins d’un mois de la réouverture de l’iconique Notre-Dame à Paris (les 7 et 8 décembre prochains), c’est une exposition passionnante qui ouvre ses portes à New York, dans un lieu exceptionnel : Saint John The Divine à Harlem, la quatrième plus grande cathédrale au monde. « Notre-Dame est, à l’instar de la Statue de la Liberté, un très bel exemple de l’échange culturel franco-américain et c’est une grande fierté de l’inaugurer au moment historique où elle va rouvrir au public en France », explique Asia Laird, managing director et COO d’Histovery aux États-Unis et Canada.

Reconstitution de l’incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019. © The Cathedral Church of Saint John The Divine

Une visite en 3D et à 360 degrés

L’exposition, intitulée « Notre-Dame de Paris: The Augmented Exhibition » (« Notre-Dame : l’exposition augmentée ») et créée par le groupe français Histovery, permet de vivre 850 ans d’histoire de la cathédrale de Paris, grâce à la réalité augmentée. Le visiteur, muni d’une tablette HistoPad, entreprend une visite en 21 étapes. Après avoir choisi sa langue, il est invité à scanner le visuel de chaque panneau, qui ouvre une reconstitution en 3D des lieux. Il peut alors orienter sa tablette dans toutes les directions pour se déplacer et cliquer sur les points d’intérêt pour obtenir davantage d’informations. Certaines scènes sont disponibles dans une vue à 360 degrés, créant une vraie impression d’immersion dans les lieux à leur époque, et peuvent être actualisées sur la représentation de ce même lieu à l’heure actuelle.

En cliquant, il peut aussi manipuler des objets ou des personnages, pour une expérience interactive et ludique. Les plus joueurs peuvent même se lancer dans une chasse aux trésors en 10 étapes tout au long de l’expérience, pour reconstituer un vitrail de la cathédrale. Et en prime, un selfie sur le personnage de Quasimodo, que le visiteur peut se faire envoyer sur sa boîte mail.

Une immersion dans huit siècles d’histoire

L’exposition, située dans la chapelle Saint-James de la cathédrale, commence par les images de ce feu impressionnant du 15 avril 2019 et sa maîtrise par les pompiers parisiens, heure par heure. Elle revient ensuite sur la genèse de ce monument du patrimoine français, un projet grandiose imaginé par l’évêque Maurice de Sully en 1163. Les panneaux suivants sont consacrés au chantier titanesque, la contribution des forgerons, charpentiers ou tailleurs de pierre ou encore l’ambition derrière la charpente du plafond, nommée « la Forêt ».

Genèse du projet Notre-Dame en 1163. ©Histovery

La visite passe ensuite aux grands moments de son histoire, comme le mariage entre la catholique Marguerite de Valois et le protestant et futur Roi Henri IV, organisé par Charles IX et Catherine de Médicis pour apaiser les Français. La promesse de Louis XIV de rénover la cathédrale, renommée, à la Révolution, le « Temple de la Raison »; puis le sacre historique de Napoléon 1er. La visite évolue vers la rénovation du XIXe siècle et l’érection de l’iconique flèche par Viollet-le-Duc, pour finir par le chantier titanesque de sa reconstruction à la suite de l’incendie de 2019.

Reconstitution du couronnement de Napoléon à Notre-Dame en 1804, grâce à l’expérience augmentée. @Histovery

L’exposition, qui a déjà voyagé de l’abbaye de Westmintser à Londres au Collège des Bernardins à Paris et attiré 250.000 visiteurs, est à voir jusqu’au 31 janvier 2025, date à laquelle elle partira pour Tokyo. « Cette expérience permet de ramener le passé au présent, et d’engager toutes les générations, conclut avec enthousiasme Asia Laird. Nous amenons un mélange de technologie et d’art pour raviver et nourrir la passion pour ce patrimoine culturel et historique unique qu’est Notre-Dame ».

Hélène Grimaud en concert au Davies Symphony Hall

La pianiste Hélène Grimaud, qui s’est fait connaître dans les années 1990 pour sa virtuosité mais aussi pour sa passion des loups (elle a créé le Centre de Conservation du Loup dans l’État de New York), est en concert au Davies Symphony Hall de San Francisco en cette fin de semaine. La musicienne française interprétera le concerto en sol majeur pour piano de Ravel les vendredi 15 (7:30pm), samedi 16 (7:30pm) et dimanche 17 novembre (2pm) (billets). Au cours de ces mêmes concerts, on pourra également apprécier le Requiem de Fauré, interprété par le chœur et l’orchestre symphonique de San Francisco, sous la direction de Kazuki Yamada.

Prodige du piano qu’elle a commencé à l’âge de 7 ans, Hélène Grimaud a étudié au Conservatoire national de Paris dont elle remporte le premier prix. À 15 ans, elle enregistre la Sonate no 2 et les Études-tableaux de Rachmaninov, qui lui valent le Grand Prix du Disque de l’Académie Charles-Cros. Originaire d’Aix-en-Provence, la pianiste a vécu de nombreuses années en Floride, puis à Berlin, et est désormais installée à Santa Ynez, en Californie.

Tarts de Feybesse, la boulangerie-pâtisserie franco-philippine d’Oakland

Passé par les plus grandes tables, du restaurant Geranium à Copenhague où ils se sont rencontrés, au célèbre Pavillon Ledoyen du chef Yannick Alléno à Paris, le couple franco-américain Monique et Paul Feybesse inaugurera ce dimanche 17 novembre leur première boulangerie-pâtisserie à Oakland baptisée Tarts de Feybesse. Une première adresse à deux pas du Lake Merritt où la carte des pâtisseries composée par le duo souhaite célébrer la diversité, à l’image de la ville.

Elle, fille d’immigrés philippins, est originaire de San Francisco; lui vient de Lozère et a grandi à Paris. Le couple de cuisiniers installé à San Francisco en 2016 a, quatre années durant, enchaîné les postes à responsabilité (Paul au restaurant In Situ au musée SFMOMA notamment, Monique au restaurant du Cavallo Point à Sausalito) et donné naissance à trois enfants, avant que le Covid ne vienne changer leurs plans.

Première boutique

« Avec la fermeture des restaurants, nous nous sommes brusquement retrouvés à la maison, raconte Paul Feybesse. Sans job, on a décidé d’utiliser une partie de notre temps à fabriquer des petites séries de pain au levain et des pâtisseries maison dont nous postions les photos sur nos réseaux sociaux. En quelques semaines, nous mettions sur pied un nouveau business sans contact. Nous avons livré nos clients dans toute la baie de San Francisco, de San José à Nappa jusqu’à Stanford où les étudiants nous accueillaient même en masques à gaz ! ».

Les éclairs selon Monique et Paul Feybesse. © DR

Avec la fin de la pandémie, le couple est sollicité pour des dîners privés, ils multiplient les événements, les pop-ups, collaborent pour Yahoo, la compagnie d’huile d’olive Corto, Facebook, X ou encore Pinterest. « Notre travail, notre réseau, notre expérience et les articles de presse, ont éveillé l’attention du groupe immobilier de luxe Holland, continue l’entrepreneur. Le groupe nous a contactés pour ouvrir une boulangerie-pâtisserie au pied de deux immeubles de luxe à Oakland. Après avoir négocié, nous avons signé. »

Une longue année et demie après la signature du contrat, le couple s’apprête à ouvrir leur première affaire. « Une nouvelle aventure dans une ville, Oakland, où la diversité de la scène culinaire est riche – la ville vient d’être couronnée “Best Food City” par le Conde Nast Travelerset dont on adore le mélange d’influences », poursuit Paul Feybesse. 

Mélange de saveurs et fouace aveyronnaise

Dans les vitrines de Tarts de Feybesse, les premiers clients trouveront dimanche une viennoiserie créative, réalisée à partir de brioche feuilletée, et déclinée en fleurs, roulés en papillon, pains suisses et brioches. La maison ajoute aussi sa sélection de pains au levain, fait découvrir aux Californiens la fouace traditionnelle aveyronnaise – un pain en forme de couronne parfumé à la fleur d’oranger – et régale d’une collection de pâtisseries gourmandes, à l’esthétique ultra photogénique et aux saveurs métissées de France, d’Amérique et des Philippines.

L’apple rose tart selon Monique et Paul Feybesse. © DR

« Les gens de la baie de San Francisco sont ouverts aux nouveautés, aux influences venues d’ailleurs. L’importance de la communauté asiatique et la culture philippine de Monique nous ouvrent à d’autre saveurs », reconnaît le Lozérien. À côté de l’éclair, celle qui le faisait rêver môme dans les boutiques de Fauchon époque Pierre Hermé et Christophe Adam, Paul Feybesse ajoute ses pâtisseries en trompe l’œil, tartes, flans parisien à la citrouille, croquembouches et madeleines, et s’ouvre aux pâtisseries à base de thés, de macapuno (noix de coco) et de citron kalamansi, deux fruits philippins. Madeleine de Proust du chef à ne pas manquer : le biko, un gâteau de riz originaire des Philippines, pimpé aux bons ingrédients (sucre de palme, lait de coco) et à la poudre d’or, s’annonce déjà comme le best-seller.

Cerise sur le gâteau, le couple Feybesse tient au 40e étage de l’immeuble Vespr, une autre cuisine avec vue sublime sur la baie, où peuvent s’organiser dîners privés et pop-ups sous tous les formats, « du menu gastronomique à la française au banquet typique philippin », précise la maison.

À Miami, experts français et acteurs locaux unis pour les océans

À l’approche de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC3), prévue en juin prochain à Nice, le consulat général de France à Miami et le service scientifique de l’Ambassade de France aux États-Unis convoqueront, le lundi 18 novembre à Brickell, un panel d’experts pour un atelier consacré aux défis et perspectives liés à la préservation des poumons bleus qui couvrent plus de 70 % de notre planète.

Lors de cette rencontre publique intitulée « Heading for the UN Ocean Conference in Nice », des spécialistes de la recherche marine et de la protection de l’environnement en Floride partageront leurs visions sur les enjeux océaniques. Parmi eux, trois scientifiques français : Claire Paris-Limouzy, biologiste et océanographe, qui dirige le laboratoire des Interactions Physico-Biologiques à l’University of Miami; Jeremy Kiszka, écologiste marin et professeur adjoint à la Florida International University; et Laurent Chérubin, expert en dynamique des océans à la Florida Atlantic University. Ils seront rejoints par Brian Walker, spécialiste de l’écologie spatiale et des pathologies des coraux à l’Oceanographic Center de la Nova Southeastern University.

Cet atelier donnera également la parole aux acteurs locaux. Loren Parra, responsable des eaux à l’Office of Resilience du comté de Miami-Dade, ainsi que Katherine O’Fallon, directrice du Marine Research Hub, viendront souligner les efforts des collectivités locales pour promouvoir une économie bleue et protéger les écosystèmes marins.

French Expat: l’éducation bilingue au coeur de New York, avec Jean-Yves Vesseau

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Dans cet épisode, nous recevons Jean-Yves Vesseau, directeur de The École, un établissement bilingue unique à New York. En retraçant son parcours d’expatrié et ses multiples expériences à travers le monde, Jean-Yves nous fait découvrir la richesse de l’éducation bilingue et biculturelle qu’il propose. Au fil de la discussion, il partage des anecdotes personnelles et ses réflexions sur l’importance de l’ouverture culturelle, tant pour les familles internationales que pour les élèves.

Un échange captivant sur les défis et succès de The École, et sur l’avenir de cette école singulière qui inspire les jeunes citoyens de demain.

Cet épisode a reçu le soutien de The École, anciennement « École Internationale de New York », une école bilingue franco-américaine indépendante au service d’une communauté internationale d’élèves de la maternelle au collège dans le district de Flatiron à New York.

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

À l’épreuve de la distance : Entre résilience et rupture, les amitiés évoluent

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On vous l’annonçait la semaine dernière, le mois de novembre est placé sous le signe de l’amitié chez French Expat. Après un premier épisode consacré aux duos amicaux qui ont trouvé comment fonctionner malgré les défis de la distance et du décalage horaire, on s’attarde aujourd’hui sur les déceptions et la résilience de certains liens.

Marion, de retour en France après plusieurs années à l’étranger, raconte les défis de renouer avec ses amis proches. Bien qu’elle soit désormais géographiquement plus proche, elle réalise que la vie avance et que maintenir les liens forts d’autrefois nécessite des efforts renouvelés. Sa rencontre annuelle en Bretagne est devenue un rituel essentiel. Audrey quant à elle est confrontée, elle aussi, aux réalités de la distance. Cette Franco-canadienne aborde les changements dans ses propres relations et les ajustements qu’elle a dû faire pour maintenir ses amitiés intactes. Elle raconte avec émotion comment la vie à l’étranger l’a transformée, pour le meilleur comme pour le pire.

Ensemble, Audrey et Marion partagent leurs astuces et leur vision résiliente de l’amitié. Ce nouvel épisode explore avec émotion l’évolution des liens malgré les aléas de la distance et du temps.

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

Retrouvez nos partenaires et sponsors : https://linktr.ee/FrenchExpat

Maintenir le français à la maison, un désir qui peut vite tourner au « combat » entre parents et enfants

Les expatriés ont beau être prévenus, ce moment tant redouté arrive toujours plus vite que prévu. C’est quand leur aîné a eu 8 ans, que Leïla et son mari, installés depuis neuf ans à San Francisco, ont réalisé qu’il était temps de lui donner de « vrais » cours de français. Jusqu’ici, la question ne s’était pas posée. « Scolarisé à l’école américaine, Youri avait appris à lire le français tout seul, en même temps que l’anglais, grâce aux histoires du soir, raconte sa maman. C’est après la pandémie qu’on s’est posé la question de l’écriture, de la conjugaison et de l’orthographe. » 

Le début d’un an de tâtonnements pour trouver la bonne formule et convaincre leur garçon récalcitrant. « Nous avons envisagé de le mettre au Lycée français, mais nous avons renoncé car cela représentait un énorme coût et il ne voulait pas quitter tous ses copains d’école. Je ne voulais pas non plus devenir la prof de mon enfant, car je savais que ça allait être la bagarre », explique la Française. Leïla, marquée par ses cours par correspondance à l’université, ne veut pas non plus infliger à son fils des cours à distance trop « rébarbatifs » afin de « ne pas le dégoûter du français. »

Les parents qui ne peuvent pas (ou ne veulent pas) inscrire leurs enfants dans un onéreux Lycée français ou dans une école bilingue disposent d’options variées, pour tous profils et budgets. © Agnès Chareton

La famille opte finalement pour les classes en visioconférence « très interactives » d’Emilie Nolf (dont French Morning vous parlait ici). Des cours par niveaux, que Youri, 11 ans, peut suivre seul, deux fois par semaine, derrière son ordinateur. La formule idéale pour Leïla. Et s’il traîne encore les pieds, elle se félicite de ses progrès : « Il dit qu’il n’apprend rien, mais je vois à son écriture qu’il fait beaucoup moins de fautes. Avant, il écrivait en phonétique, là il conjugue, il comprend les temps. Et il trouve du plaisir à envoyer des cartes postales en français à sa famille, ce qu’il avait plus de gêne à faire avant. »

Transmettre sa culture d’origine

Comme elle, de nombreux Français installés aux États-Unis font de la transmission de leur langue maternelle une priorité. Pour préparer un retour dans le système scolaire français, maintenir la possibilité d’y étudier ou, plus fondamentalement, transmettre leur culture d’origine… Heureusement, les formules pour « maintenir » l’apprentissage du français, autrefois limitées à une poignée d’organismes, se sont aujourd’hui multipliées. 

Dans une salle de classe ou derrière un écran, seul ou avec des petits francophones, en semaine ou le week-end, avec les parents ou un vrai professeur… En 2024, ceux qui ne peuvent pas (ou ne veulent pas) inscrire leurs enfants dans un onéreux Lycée français ou autre école bilingue disposent d’options variées, pour tous profils et budgets (liste non exhaustive dans cet article du site Devenir bilingue). 

Naviguer sur cet océan n’en reste pas moins une aventure où l’on rame, avant de trouver son rythme de croisière. Arrivés aux États-Unis il y a bientôt dix ans, Elise et son mari, basés à Austin, ont toujours voulu que leurs trois filles soient « parfaitement bilingues dans les deux langues. » Mais avant de trouver leur bonheur avec OFALycée, ils ont testé le Cned, le cours Legendre et des classes du samedi matin. 

« À l’époque, nous vivions à Fort Wayne, dans l’Indiana, et nous n’avions que le Cned comme possibilité, mais c’était très lourd, se souvient Elise. La deuxième année, nous avons suivi le cours Legendre, mais ce sont des programmes qui n’ont pas été conçus pour des enfants expatriés. Je préfère OFALycée. Ils vont plus à l’essentiel, leur formule est plus pratique, et même si ce n’est pas hyper détaillé, ça permet d’acquérir les bases pour passer le Bac et avoir un niveau correct en français. »

Pour beaucoup de Français expatriés aux États-Unis, transmettre leur culture et leur langue d’origine à leurs enfants est une priorité. © Agnès Chareton

Quelle que soit la formule choisie, patience, rigueur et persévérance sont les clefs du succès. Car, pour des petits Français, apprendre la langue de Molière en parallèle de leur scolarité américaine a tout d’une corvée. « C’était un combat, ne cache pas Elise. Faire du français, ce n’est clairement pas ce qui passionne le plus mes filles. En terminale, étudier des textes de Rabelais en vieux français, ça leur passe au-dessus de la tête. Mais on ne leur a pas laissé le choix, on leur a imposé. »

Un effort pour les enfants… mais aussi pour leurs parents. En Géorgie, Emilie a choisi de donner des cours elle-même à ses deux enfants de 9 et 6 ans, afin de composer avec un budget serré. « On ne sait pas combien de temps on va rester ici, donc le jour où on voudra rentrer, c’est important qu’ils aient un minimum de bases, insiste-elle. On parle français à la maison, mais au bout de deux ans, ça devient compliqué. Ils mélangent les noms, les adjectifs, ils n’accordent pas, et basculent très vite vers l’anglais. »

S’improviser enseignante de ses propres enfants

Cette infirmière de formation, qui travaille dans une chocolaterie, doit « jongler » pour caser les cours de français dans un emploi du temps bien rempli. « Il y a des jours où ça ne roule pas tout seul, ne cache pas Emilie. On essaie de s’y mettre 15 minutes quand ils rentrent de l’école. Je leur laisse une demi-heure pour jouer dehors, et après je leur fais le français. Ça peut être une dictée, de la conjugaison… C’est un peu la corvée pour eux. Ils ont aussi des devoirs en anglais, donc ce n’est pas évident à gérer. » 

Pas facile de s’improviser maîtresse, avec les manuels de grammaire, d’orthographe et de conjugaison récupérés lors de leur dernier passage en France. « Pour moi, ce qui est difficile, c’est de savoir si ma méthode est la bonne. Est-ce qu’ils ont acquis les bonnes choses ? Faut-il aller plus loin ? Même si je suis les programmes, je ne sais pas estimer leur niveau », reconnaît Emilie.

Au bout du tunnel, beaucoup de parents trouvent néanmoins la lumière. « Mes trois filles ont passé le Bac de français en candidat libre. Aujourd’hui, elles sont contentes d’être passées par là et de connaître la culture littéraire française », approuve Elise. Leïla non plus ne regrette pas d’avoir poussé son fils. Sa victoire ? Le voir dévorer des livres en français, dont sa chambre est remplie, comme les mangas One Piece, ou les BD Ariol, « l’humour qu’il ne retrouve qu’en France. »

Pourquoi le cidre américain est moins bon que le cidre français ?

Quiconque a déjà goûté un cidre français et un cidre américain (appelé hard cider) aura remarqué une différence marquée entre les deux. Qu’est-ce qui donne au cidre français ce goût distinctif par rapport à son cousin américain ? C’est question bête du jour.

Il faut être une bonne pomme

« C’est une différence génétique des pommes car, en France, elles sont douces-amères et cette variété n’existe pas aux États-Unis », explique Patrick Collins, fondateur de Patois, une cidrerie qui a pris le parti de fabriquer la boisson à partir d’une variété de pommes anciennes. En France, particulièrement en Normandie et en Bretagne, « on cultive des variétés de pommes spécifiquement pour le cidre, comme les pommes douces, amères, et acidulées », note le producteur de Charlottesville (Virginie). Ces variétés sont souvent trop âpres pour être consommées telles quelles, mais elles donnent au cidre un profil de saveur complexe et équilibré.

« Aux États-Unis, les cidres sont souvent élaborés à partir de pommes de table, principalement douces et moins tanniques », souligne Patrick Collins. Le résultat est un cidre généralement plus sec et moins sucré. Cependant, un mouvement vers « l’utilisation de variétés de pommes à cidre traditionnelles commence à prendre de l’ampleur aux États-Unis », offrant des saveurs plus proches de celles des cidres français.

La pomme de la discorde ?

La tradition et les différences culturelles pourraient également expliquer le goût sec du cidre américain. Le cidre français est souvent produit à selon la méthode traditionnelle de fermentation qui permet de préserver les saveurs naturelles des pommes tout en développant des arômes. Cette fermentation est généralement plus longue, parfois étalée sur plusieurs mois.

En revanche, aux États-Unis, le cidre est souvent fabriqué avec des méthodes de fermentation rapide pour répondre à la demande. Cela peut donner des saveurs plus légères et moins nuancées. Les cidres américains sont aussi souvent filtrés et pasteurisés, réduisant ainsi les arômes naturels et les tanins qui caractérisent les cidres français. Pour contrer cette tendance, « de nombreuses cidreries ont lancé un projet qui utilise seulement les pommes sauvages », souligne Patrick Collins, qui en fait partie avec son entreprise Patois.

Jamais loin de l’arbre…

En France, le cidre est une boisson artisanale avec des règles de production précises et une longue histoire. Les appellations d’origine contrôlée (AOC), comme celles du Cidre de Normandie ou du Cidre de Bretagne, garantissent des standards de qualité et des méthodes de production précises. Aux États-Unis, bien que certaines régions commencent à cultiver des pommes spécifiques pour le cidre, il existe moins de régulations, ce qui donne plus de liberté aux producteurs pour expérimenter.

« C’est aussi une question de climat », rappelle le producteur américain. Le terroir joue un rôle essentiel dans le goût du cidre. « En Virginie, nous avons un climat plus chaud qu’en Bretagne, donc cela produit des cidres avec plus de sucre, donc plus d’alcool par exemple », souligne-t-il. En France, les sols riches en argile et en schiste de Normandie et de Bretagne apportent aux pommes des saveurs uniques et intenses. Le conseil de notre expert pour trouver du bon cidre ? « Il faut rester local, aller voir les producteurs qui travaillent avec des pommes ‘heirloom’ ».

Almodóvar et Monte Cristo au festival du film européen de Silver Spring

La 37e édition de l’AFI European Union Film Showcase arrive cette année avec une jolie programmation qui promet de faire voyager les cinéphiles de Washington DC au cœur de l’Europe. Se déroulant du mercredi 4 au dimanche 22 décembre au Silver Theatre and Cultural Center, ce festival est une institution pour ceux qui souhaitent découvrir le meilleur du cinéma européen sans avoir besoin de traverser l’Atlantique. Avec des films primés dans les plus grands festivals internationaux, c’est rendez-vous incontournable pour les Français cinéphiles de la région de Washington avec dix films en français pour cette édition 2024.

Cette année, le festival met en avant vingt avant-premières prestigieuses. « The room next door » de Pedro Almodóvar, lauréat du Lion d’or de Venise, avec Julianne Moore et Tilda Swinton en tête d’affiche, sera projeté le samedi 21 décembre. Avant sa sortie nationale aux Etats-Unis le 20 décembre, « Le Comte de Monte-Cristo », l’adaptation par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte du chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas avec Pierre Niney, est programmé pour le samedi 7 et le dimanche 8 décembre.

D’autres films français seront également présentés comme Miséricorde d’Alain Guiraudie le samedi 7 et le jeudi 12 décembre;  « Langue étrangère » de Claire Burger le samedi 7 et le lundi 9 décembre; « Le fantôme » de Jonathan Millet le jeudi 5, le dimanche 8 et le jeudi 12 décembre, « Holy Cow » de Louise Courvoisier le jeudi 5, le dimanche 8 (avec une réception organisée par l’Alliance française) et le mardi 10 décembre, « Le royaume » de Julien Colonna le samedi 14, le mercredi 18 et le jeudi 19 décembre, « En fanfare » d’Emmanuel Courcol le jeudi 19 et le dimanche 22 décembre, « Les barbares » de Julie Delpy le vendredi 6 et le mercredi 11 décembre, « L’histoire de Souleymane » de Boris Lojkine le samedi 21 et le dimanche 22 décembre, et « Hors du temps » d’Olivier Assayas le samedi 14 et le jeudi 17 décembre.

Parmi les films projetés, candidat officiel aux Oscars pour le meilleur long métrage international, on retrouve  « Vermiglio », un drame poignant italien situé à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une vente spéciale aura lieu ce vendredi 15 novembre, de 10am à 10pm, avec des billets proposés à seulement 10 dollars au lieu de 15 dollars. AFI propose également un  « passeport » à 250$ pour avoir un accès illimité au festival.

[Vidéo] La couverture santé pour les Français aux États-Unis

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Ce webinaire vise à expliquer la complexité du système de santé aux États-Unis et les solutions d’assurance disponibles pour les Français qui sont installés ou souhaitent s’installer outre-Atlantique.

Au programme notamment:
– Le fonctionnement du système de santé, y compris l’assurance santé américaine et privée
– Les options d’assurance santé pour les expatriés, et comment celles-ci diffèrent des plans locaux
– Les coûts des soins de santé aux États-Unis et comment les maîtriser
– Conseils pour maximiser la couverture tout en minimisant les coûts

Nos hôtes étaient Éric Thoby, Noémie Vermandel et Clémence Joppin de AgoraExpat.

? Vous pouvez contacter AgoraExpat par mail via [email protected] ou par téléphone au +1 (347) 491-4190.

Retrouvez le replay ci-dessous ou directement sur Youtube

Victoire de Donald Trump : « It’s not (only) the economy, stupid ! »

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Depuis 1992, l’adage « It’s the economy, stupid! » de Bill Clinton résonnait comme une vérité inébranlable en politique américaine. Pourtant, l’élection de Donald Trump en 2024 semble en apparence avoir défié ce paradigme. Ce n’est pas la seule performance économique qui a guidé les électeurs, mais une dynamique identitaire et une quête de sécurité, tant sur le plan intérieur qu’international. Cette victoire souligne des préoccupations qui transcendent l’économie et un désir renouvelé de protection de ses valeurs et de son mode de vie. Par ailleurs, sur l’économie (et c’est là l’économiste qui s’exprime), les démocrates ont prêté trop attention aux grands agrégats macroéconomiques, bien orientés (chômage, croissance), là où les ménages et petites entreprises américains, décimés par l’inflation, ont fait une analyse plus microéconomique.

Une prospérité économique contrastée

Malgré des performances économiques impressionnantes – un taux de chômage autour de 4%, un PIB par habitant de 87 000 dollars et une croissance qui oscille entre 2 et 3% –, l’économie américaine cache des fissures sociales. Si l’inflation, ayant culminé à près de 10% en 2022-2023, est retombée autour de 3%, son impact sur le pouvoir d’achat des ménages reste palpable. En réaction, Trump a proposé des mesures pour faire baisser les prix dans des secteurs essentiels comme l’énergie et le logement, en s’appuyant sur une hausse massive de l’offre. Ce discours était infiniment plus puissant qu’une Harris incapable d’articuler un programme économique cohérent, et qui refusa de venir débattre à Chicago avec la communauté des économistes comme tous les candidats historiquement.

Au-delà des statistiques, cette élection montre que la croissance et la prospérité économiques, bien que solides, ne suffisent plus à apaiser une population confrontée à des crises identitaires et culturelles. Les crises des opioïdes, la montée des inégalités, et un sentiment d’invisibilité ressentis par certains segments de la population ont nourri une méfiance envers les élites, tout en renforçant l’attraction pour un discours plus protectionniste et nationaliste.

Identité et sécurité : les nouveaux enjeux électoraux

La victoire de Donald Trump s’est construite sur une campagne orientée vers des thèmes d’identité et de sécurité. Son slogan « Make America Safe Again », couplé à l’appel au « fight, fight, fight », exprime une réponse à des préoccupations existentielles. Pour un nombre croissant d’électeurs, les questions d’immigration, de sécurité intérieure, de protection des valeurs américaines apparaissent fondamentales.

Là où les démocrates ont mis en avant une plateforme de diversité et de justice sociale, Trump a su capter une angoisse plus profonde de perte de repères et d’identité. Il a présenté son programme comme une garantie contre une Amérique jugée affaiblie et divisée, offrant à ses électeurs une vision protectionniste non seulement de l’économie, mais aussi de la culture. L’électeur américain, pour la première fois en 25 ans, a décidé de cesser de voter uniquement en fonction de sa race, sexe, ou orientation sexuelle. La prospérité et la sécurité des individus sont devenues les principaux thèmes de campagne.

L’échec du projet collectif démocrate et la polarisation politique

Le Parti démocrate, avec Kamala Harris à sa tête, n’a pas su proposer un projet collectif unifiant. Harris, en s’appuyant sur des thèmes sociaux clivants (le droit à l’avortement, la justice sociale), a cristallisé une image d’élitisme qui, à tort ou à raison, n’a pas réussi à séduire les classes moyennes ni à répondre à leurs préoccupations profondes. En se concentrant sur des mesures de fiscalité plus lourde pour les entreprises et les hauts revenus, le programme démocrate a manqué de capter la volonté d’ascension sociale et d’opportunité économique qui caractérise le rêve américain.

En revanche, le programme de Trump s’appuyait sur des réductions fiscales – et une dérégulation accrue. Ces mesures visaient à restaurer la compétitivité américaine par les coûts et à augmenter l’offre dans des secteurs essentiels, notamment l’énergie et le logement. Cet ensemble de réformes a renforcé le message d’union nationale autour d’une croissance partagée et d’une Amérique fière de ses spécificités. Il peut en outre s’appuyer sur le bon bilan économique du premier mandat Trump.

La renaissance industrielle et technologique américaine

La dynamique économique sous Trump s’inscrira aussi dans un cadre d’investissement stratégique dans l’intelligence artificielle et les infrastructures, qui prolongera d’ailleurs certaines décisions de Biden. Avec le Chips Act, initié pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs, et les investissements massifs en IA, les États-Unis ont pris une avance structurelle. Ce plan vise à rendre l’Amérique indépendante technologiquement et, par extension, militairement face aux menaces grandissantes d’un bloc autoritaire dominé par la Chine.

Dans cette perspective, Trump capitalise sur un nationalisme industriel qui incarne une reprise de l’idée de la « Frontière » et une opposition assumée aux valeurs portées par l’Union Européenne. La nomination d’Elon Musk à la tête d’une Commission pour la réduction des dépenses publiques, par exemple, symbolise cette recherche d’efficacité et d’innovation technique en opposition avec les modèles étatiques européens.

En 2024, l’Amérique a exprimé son rejet des réponses traditionnelles à des préoccupations désormais existentielles. Le vote pour Trump traduit non seulement une réaffirmation des valeurs américaines, mais également une volonté de retour à un modèle de puissance. Il reflète une demande de stabilité identitaire et de protection collective dans un monde perçu comme plus incertain que jamais.

Pour l’Europe, cette victoire revêt des implications géopolitiques et économiques. La doctrine « America First » sera probablement exacerbée, annonçant des tensions commerciales et un renforcement de l’isolement américain. Mais elle offre également un modèle à imiter pour les droites conservatrices européennes, qui cherchent à s’émanciper du carcan des politiques communautaires.

En fin de compte, le retour de Trump au pouvoir représente l’ultime expression d’une Amérique qui souhaite non seulement prospérer économiquement mais également redéfinir son identité et son rôle dans le monde.

Sébastien Laye est économiste et entrepreneur.

Chaque semaine, French Morning publie la tribune d’une personnalité, extérieure à la rédaction, sur des sujets transatlantiques variés, afin d’alimenter le débat d’idées. Si vous souhaitez contribuer et proposer un texte (600 à 1200 mots), merci de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected]

Un week-end avec Alice Diop et sa Cinémathèque idéale au Metrograph

Ce n’est pas tous les jours qu’une institution new-yorkaise consacre un week-end entier à une réalisatrice française contemporaine. Le Metrograph, avec Uptown Flicks, donne cette blanche à Alice Diop les samedi 16 et dimanche 17 novembre prochains (billets et renseignements ici). Au programme de « Alice Diop : Traces of the margins » : une sélection de ses œuvres les plus personnelles (« Danton’s Death », « Towards Tenderness ») suivies par une série de questions-réponses en présence de la réalisatrice, mais aussi des films d’autres metteurs en scène (« Hold Back » de Rachid Djaïdani ou « Dry Ground Burning » de Joana Pimenta et Adirley Queirós) choisis par Alice Diop.

L’occasion de retrouver tout ce qui fait le charme des documentaires de la cinéaste, cette vision très engagée de la réalité, qu’elle a étirée dans sa première œuvre de fiction, « Saint-Omer » (2022), couronné par le Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise et le César du meilleur premier film. La force d’Alice Diop, c’est aussi de contribuer à la diffusion d’œuvres créatives. Ce qu’elle fait avec La Cinémathèque idéale des banlieues du monde qu’elle a fondée et dont la mission est « d’accueillir, de protéger et de travailler sur les films qui viennent de toutes les périphéries du monde ». Le temps d’un week-end, cette cinémathèque idéale trouvera refuge au Metrograph.