Cela ressemble à la typique success story américaine : un ingénieur qui bricole dans son garage et part à la conquête du monde avec son invention. Sauf que l’histoire commence au milieu des vignes de Meursault et que l’ingénieur est Français, il s’appelle Louis Bidault.
Son invention remonte à 1978: un système de caméras montées sur rail, qui, pense-t-il, permettra aux agriculteurs de surveiller le bétail et d’être prévenus en cas de vêlage. Cette même année, au Salon de l’Agriculture, où Louis Bidault espère convaincre des professionnels, le mécanisme tape en fait dans l’oeil du directeur des magasins Auchan, qui y voit un formidable outil pour ses magasins et entrepôts.
Un contrat inespéré pour le jeune inventeur, qui donnait naissance à TEB (Télésurveillance électronique de Bourgogne). Après les magasins Auchan, d’autres marchés dans le domaine de la grande distribution se présentent, puis c’est au tour des banques, des transports en commun et plus tard des villes. Trente-cinq ans plus tard, TEB intéresse les Etats-Unis. “Nous avons des contacts avancés avec de grands acteurs de la distribution américaine”, confie Baudoin de Bretagne, chargé par TEB de trouver des clients en Amérique du Nord. “Notre technologie a été sélectionnée pour être étudiée par le Walmart’s Lab 415-C, qui s’occupe de trouver pour Walmart les technologies du retail de demain“.
“Le système est particulièrement innovant”, explique celui qui travaillait à New York pour Open Loop, une branche de la RATP, avant de rejoindre TEB. “A l’intérieur d’une structure Tube, masquée par un film sans tain, circule une caméra motorisée. Ça permet d’avoir une couverture complète d’une très grande surface sans angles morts et le système n’est pas visible par les consommateurs“.
L’objectif premier des clients de TEB était de garantir la sécurité de leurs locaux, mais très vite, le système a aussi permis de lutter contre le vol, principal fléau des distributeurs. Un argument qui fait mouche auprès des Américains. “Aux Etats-Unis, le vol à l’étalage représente 1,4 % du chiffre d’affaires annuel. Avec notre technologie, nous pourrions le faire baisser d’au moins 0, 2%, ce qui représenterait des économies significatives pouvant atteindre des dizaines de milliards de dollars par an. Le retour sur investissement est donc très rapide” selon Baudoin de Bretagne.
D’autant que TEB s’est considérablement développée. Aujourd’hui l’entreprise bourguignonne, dirigée par Stéphane Bidault, le fils du fondateur, utilise l’intelligence artificielle. “En plus de la partie caméras de surveillance, nous proposons des serveurs informatiques de stockage et des logiciels de traitement d’images, dont certains s’appuient sur un algorithme d’Intelligence Artificielle développé par notre pôle d’ingénieurs”. Banco pour les clients qui peuvent alors connaître les flux de clients, les analyser et adapter leur marketing: “On peut connaître, par exemple, les heures et les zones de forte affluence, catégoriser les consommateurs selon leur genre ou leur âge, mesurer l’attractivité des affichages”, explique Baudoin de Bretagne.
L’intelligence artificielle analyse les données et les transforme en action, ce qui fait gagner du temps et de l’argent aux clients de TEB. “Si la caméra filme une file d’attente en caisse et que le logiciel est configuré pour identifier un encombrement, cela génère une notification auprès des personnes en charge de la gestion des caisses. Elles peuvent ainsi réagir en temps réel et ouvrir une autre caisse”.
Présent au Salon de la protection à la Nouvelle-Orléans, Baudoin de Bretagne a marqué des points auprès de grands noms de la distribution. Reste à concrétiser ce rêve américain: “On a un produit unique, copié mais jamais égalé, et qui a fait ses preuves. Nous l’améliorons de façon constante afin de bénéficier des derniers bonds technologiques. Il y a un vrai marché pour nous en Amérique du Nord”, explique Baudoin de Bretagne. Et pour TEB, le pari représente beaucoup: “Si les choses marchent bien ici, l’entreprise va basculer dans un autre univers puisque les Etats-Unis sont le premier marché mondial de la surveillance. Un grand distributeur qui signe avec nous, ça se mesure en dizaines de supermarchés“.
Aujourd’hui TEB a installé 1300 tubes caméra et 8000 enregistreurs numériques dans le monde et affiche un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros.
Si le rêve américain de l’entreprise bourguignonne se confirme, Baudoin de Bretagne devra recruter du personnel local, des commerciaux, des techniciens. “”Il faudra penser à produire l’ensemble du système ici, et former des installateurs“. La R&D elle restera en Bourgogne. TEB réussit à attirer là-bas des ingénieurs aux compétences rares attirés par le challenge des innovations lancées par la PME. Et peut-être un peu les vignes.
TEB, la PME bourguignonne qui veut surveiller les supermarchés US
Laura Martinez, la Française qui tatoue Brooklyn
Fleur Noire. C’est le nom du salon de tatouage que Laura Martinez a ouvert avec un ami et son mari en plein cœur de Williamsburg. Le lieu est aménagé avec goût, dispose de deux niveaux et d’un patio où il est possible de prendre le soleil entre deux sessions. Au total, neuf tatoueurs se partagent les lieux.
C’est à l’adolescence que la Française commence à se passionner pour le tatouage. A l’époque déjà, elle griffonne sur des carnets à dessins des motifs qu’elle aimerait voir un jour incrustés à l’encre sur la peau. «J’étais déjà très manuelle. Il fallait toujours que je crée ou dessine quelque chose. Je dessinais sur mon temps libre des petits animaux ou des motifs abstraits, toujours noirs.»
Elle intègre les Arts Déco à Paris pour suivre la filière de design objet. Pour son projet de diplôme, elle s’envole pour Madagascar. «Là-bas, j’ai rencontré des artisans vanniers et j’ai pu m’inspirer de beaucoup de motifs linéaires pour mes objets. L’expérience a été très enrichissante mais je voulais être indépendante dans mon métier, et je ne voyais pas comment faire dans ce milieu”. Elle décide de ne pas donner suite au contrat chez Dior qu’elle a obtenu à la suite de son diplôme et elle part en vacances à New York avec des amis.
Les années ont passé et ses croquis d’adolescente se sont transformés en jolis dessins encrés à jamais dans la peau des gens qui ont croisé son aiguille. Le déclic ? Une rencontre lors de son apprentissage dans un autre salon de tatouage: avec Burak Moreno, son futur associé à Fleur Noire. «J’ai commencé à travailler dans un salon. Mais je voulais être mon propre boss. C’est là que je me suis fait toute ma clientèle et mon nom Nothing Wild Tattoo. Quand Burak Moreno m’a proposé de m’associer avec lui pour ouvrir notre propre shop, j’ai tout de suite accepté.»
C’est Sam, son mari qu’elle a rencontré ici, qui l’a d’ailleurs poussée à accomplir ce rêve. «Il me répétait sans cesse que je devais dessiner. Mais je ne voulais pas. J’étais bornée.» Un soir, elle décide de céder pour lui faire plaisir. «Je me suis dis que j’allais lui dessiner un petit truc. Finalement, j’ai fais un dessin, puis deux, puis dix. Je ne me suis pas arrêtée de la soirée. Et j’ai continué tous les jours.»
Si le salon est jeune, il possède pourtant une solide réputation. Il a déjà été mentionné sur plusieurs sites spécialisés. «On est tous très soudés et organisons régulièrement des événements. C’est chouette d’avoir un établissement aussi international».
Législatives: candidats, que proposez-vous pour les "Américains accidentels" ?
Les citoyens français qui s’expatrient aux Etats-Unis le font généralement avec la conviction de faire un choix sûr, aussi profitable à leur carrière qu’à leur foyer. Mais le pays de l’Oncle Sam procure aussi son lot de mauvaises surprises. Et pas des moindres.
Ces Français savent-ils qu’une fois résidents aux Etats-Unis, les données de leurs comptes bancaires détenus en France pourront être envoyées au fisc américain ? Savent-ils que les enfants auxquels ils donneront naissance sur place acquerront de facto la nationalité américaine en vertu du droit de sol, et donc aussi le statut de contribuables à leur majorité ? Et qu’être contribuable américain signifie être dans l’obligation de déclarer chaque année ses revenus au fisc (Internal Revenue Service, IRS), où que l’on habite et où que l’on travaille dans le monde ?
Ces problématiques, nous les citoyens franco-américains vivant en France, qui pour beaucoup sommes des enfants d’expatriés, nous les connaissons bien. Depuis la signature d’un accord international pour la mise en œuvre en France de la législation américaine dite « FATCA », destinée à lutter contre la fraude fiscale, nos banques se sont mises à exiger que nous leur fournissions un numéro d’identification fiscale américain, pour toute ouverture de compte ou souscription de produit financier, afin de pouvoir communiquer nos données bancaires à l’IRS comme le prévoit l’accord.
Or, parmi les binationaux, nombreux sont des Américains « accidentels », parce qu’ils sont simplement nés là-bas à l’occasion de l’expatriation de leurs parents, sans y avoir jamais ni étudié, ni travaillé, ni même profité des infrastructures (ce qui pourrait bien être le cas, plus tard, de ces enfants qui naissent actuellement en territoire américain).
Jusqu’à ce que leur banque les sollicite en 2014, ceux-là ignoraient tout de leurs obligations fiscales et a fortiori ne possédaient pas d’identifiant administratif. Le plus souvent ils ne possédaient pas même un passeport. Et pourtant, ils ont découvert à cette occasion qu’ils étaient des contribuables américains, en vertu du principe de citizenship-based taxation. Ni l’administration américaine, ni l’administration française, n’avait pris soin de les en informer.
Ils se sont retrouvés devant le fait accompli, pris dans un face-à-face avec des conseillers bancaires souvent aussi peu informés qu’eux. Depuis, certains se voient fermer des comptes ou refuser la souscription de produits financiers, parce qu’ils ne sont pas en mesure de fournir le numéro d’identification fiscale demandé, ou bien parce que leurs établissements bancaires préfèrent refuser les clients présentant des « indices d’américanité » plutôt que d’avoir à remplir des formalités longues et coûteuses. Les préjudices sont nombreux et parfois très lourds : tracasseries administratives pouvant aller jusqu’à entraver les opérations nécessaires à la liquidation d’une succession, à l’obtention d’un prêt immobilier ou à la création d’une entreprise, sentiment d’être des « sous-citoyens », fermeture arbitraire d’assurances-vie pouvant avoir des répercussions fiscales, etc.
C’est pour défendre les intérêts de ces citoyens franco-américains face à Fatca et au principe de taxation basée sur la citoyenneté plutôt que sur la résidence, qu’un collectif s’est constitué en août 2014, évoluant tout récemment en Association des Américains Accidentels (AAA).
Notre association place aujourd’hui beaucoup d’espoir dans l’élection législative qui doit se tenir au mois les 3 et 17 juin. Nous comptons sur le futur député des Français d’Amérique du Nord pour qu’il ait la bienveillance de se saisir de notre cause et de porter nos exigences. La “problématique FATCA”, techniquement difficile à appréhender, est pourtant passionnante parce qu’elle parle de discriminations entre mono- et binationaux en France, de la fuite de capitaux français aux Etats-Unis, de la collaboration déséquilibrée entre les deux Etats, mais aussi de la question plus vaste de l’extraterritorialité des lois américaines. Mais surtout, elle est incontournable pour qui entend représenter les Français d’Amérique du Nord, tous concernés à des degrés divers.
Depuis sa création, le collectif a œuvré pour informer les pouvoirs publics, obtenant notamment de l’Assemblée nationale qu’elle publie un rapport d’information sur l’extraterritorialité des lois américaines. Il appartiendra au député, auquel il incombe une mission de contrôle de l’action du gouvernement, de veiller à ce que les propositions formulées dans ce rapport soient mises en œuvre par le nouveau ministre des Affaires étrangères.
Nous attendons aussi de lui qu’il interpelle le gouvernement sur l’absence totale de réciprocité dans la mise en œuvre de l’accord bilatéral relatif à FATCA. Tandis que les Etats-Unis s’étaient engagés à fournir à la France des informations sur leurs ressortissants évadés fiscaux aux Etats-Unis, ils n’ont en réalité rien mis en œuvre pour assurer ces échanges d’information ce qui, en vertu de l’article 55 de notre constitution, devrait faire échec à l’application même de la législation FATCA par nos institutions financières.
Enfin, nous souhaitons qu’il fasse le nécessaire pour que ceux de nos concitoyens qui vivent actuellement aux Etats-Unis soient informés des conséquences fiscales attachées à leur expatriation. Il est manifeste que l’administration française a mis jusqu’à présent peu d’entrain à informer ses ressortissants binationaux, laissant les banques, opérateurs privés, s’en charger, aussi maladroitement qu’imparfaitement.
Législative Amérique du Nord: plusieurs meetings de candidats à New York
L’agenda sera chargé. Avant le 1er tour de l’élection législative en Amérique du Nord, ce samedi 3 juin, plusieurs candidats organiseront des meetings à New York pour convaincre les électeurs.
Arnaud Dumas de Rauly, candidat du mouvement citoyen À nous la démocratie, organise un meeting le lundi 29 mai à 6pm à la crêperie By Suzette (494 8th Ave). Infos ici
Le mercredi 31 mai, le candidat investi par le PS Yan Chantrel vous donne rendez-vous au consulat de France à 7pm pour une “rencontre citoyenne et participative” en compagnie de sa suppléante. Inscriptions ici
Toujours le 31 mai, Vincent Boileau-Autin (indépendant), premier marié gay de France, sera au centre LGBTQI Salle 310 (208 W 13th St).
Le jeudi 1er juin, vous aurez l’embarras du choix. Le candidat indépendant David Lawson organise son dernier meeting de campagne à New York, au 625 Main Street sur Roosevelt Island dès 6:30pm. L’événement sera également retransmis sur son Facebook live @davidlawson2017 . Infos et inscriptions ici
Au même moment, le député sortant Frédéric Lefebvre sera au consulat de France. Infos et inscriptions ici
Et la candidate-suppléante de La République en Marche, Pascale Richard, se rendra au Bar Lee’s de Mamaroneck à 7pm pour défendre la candidature de Roland Lescure. Infos et tickets ici
Législative en Amérique du Nord: David Lawson, l'humanitaire
Il y a cinq ans, l’idée de se présenter à la législative des Français de l’étranger était déjà passée par sa tête. Mais à aujourd’hui 48 ans, David Lawson, se sent plus mûr et mieux préparé pour représenter ses concitoyens.
Le candidat qui se présente sans étiquette a une longue carrière de diplomate derrière lui: “J’ai passé 25 ans à l’étranger, dont 18 ans avec l’ONU, à aider des populations défavorisées et les Français expatriés dans le monde. Je réside aux Etats-Unis-Unis depuis 20 ans. Je connais donc très bien les problématiques des Français de l’étranger”. Depuis 4 ans, David Lawson est à la tête de l’ONG Engender Health, une association qui lutte pour la santé et le droit des femmes, aux Etats-Unis, en Afrique et en Asie. Son engagement est aussi associatif, et notamment dans sa ville d’adoption, New York, où il préside le comité de développement de Roosevelt Island (île entre Queens et Manhattan administrée par l’Etat de New York) en lien avec les bureaux du gouverneur.
“Je suis dynamique, j’ai plein d’idées, j’ai l’expérience et vraiment la volonté d’agir“, explique le candidat. David Lawson n’a jamais appartenu à un parti et revendique son absence d’étiquette: “L’appartenance politique n’a pas beaucoup d’importance quand il s’agit de se rassembler pour résoudre les problèmes des Français de l’étranger“.
Père de deux enfants de 10 et 13 ans, il met l’éducation au sommet de ses priorités. “J’aimerais que les chefs d’établissement français au Canada et surtout aux Etats-Unis, puissent ajuster ces frais de scolarité en fonction des revenus des parents, du nombre d’enfants scolarisés par famille, et des résultats scolaires. J‘aimerais aussi que les entreprises françaises puissent être mises à contribution“.
Autre thème capital pour le candidat: la fiscalité et la couverture maladie universelle (CMU). “Il faut que nos politiques publiques prennent en compte les situations très complexes par lesquelles les Français de l’étranger passent parfois, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins en France et la retraite. Je m’opposerai à toute mesure gouvernementale qui prendrait pour cibles les Français de l’étranger, y compris en matière fiscale”.
Pour être le plus possible au fait préoccupations des Français, David Lawson souhaiterait, s’il est élu, établir des “consultations citoyennes électroniques“, afin d’associer directement les Français du Canada et des Etats-Unis à ses prises de position à l’Assemblée nationale sur les grands sujets de société. De même, il souhaite former un caucus avec les autres parlementaires français de l’étranger pour permettre une “coordination transpartisane“.
Parmi les préoccupations de David Lawson, le retour en France, souvent compliqué et parfois douloureux. “Je pense qu’il faut vraiment réfléchir à une aide à la réinsertion en métropole“.
Législative: Une Franco-Canadienne pour le Parti animaliste en Amérique du Nord
Si vous vous intéressez à la condition animale, son nom vous dit déjà quelque chose. Vous avez peut-être lu l’un de ses ouvrages sur les droits des animaux: Je mange avec ma tête (2011), Vache à lait (2013) et Le défi végane 21 jours (2016). Végane depuis 2008 après avoir lu L’éthique animale de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, entre autres, Élise Desaulniers a décidé de faire entendre ses idées en présentant sa candidature aux élections législatives de 2017. Avec Renan Larue, son suppléant, ils représentent le Parti animaliste dans la circonscription des Français d’Amérique du Nord.
Une Québécoise qui se présente aux législatives françaises pour le Parti animaliste, c’est original. “Mais j’ai vraiment la citoyenneté française! J’ai eu le passeport français par mariage,” s’amuse la Franco-Canadienne, aujourd’hui directrice générale par intérim de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal et ancienne pricer chez Air France KLM.
Fondé en novembre 2016, le Parti animaliste est constitué de 140 candidats et vit grâce aux dons. “Évidemment, on est encore petits, ce n’est pas toujours facile mais on n’a pas le choix. Il faut être là et il faut occuper l’espace! L’arrivée en France du Parti animaliste était pour moi quelque chose d’absolument fondamental, j’ai tout de suite voulu y prendre part. Ça me semble être un mouvement historique, confie Élise Desaulniers. J’ai la chance de pouvoir amener les idées du Parti animaliste français au Québec ou au Canada. C’est mon rôle de favoriser le dialogue, il y a d’ailleurs des liens d’amitié très forts entre les Québécois et les Français qui échangent et s’imitent régulièrement.”
Pour Élise Desaulniers, cela ne fait aucun doute, la question animale doit devenir une question politique. Tout comme la question des droits des personnes trans ou des minorités sexuelles/ethniques. “Toutes les questions sociales doivent devenir politiques. Il faut que ce qui devient lentement un consensus au sein de la société se reflète chez le législateur ou la législatrice. Le pont entre les militants et les politiques doit être fait”, souligne la militante qui, en 2015, à l’aide de quelques amis, est parvenue à faire changer le code civil québécois pour qu’il reconnaisse les animaux comme des êtres sensibles (en faisant signer une pétition à 50.000 personnes sans débourser un sou).
Portée par ce même goût du défi, la candidate du Parti animaliste n’a pas hésité longtemps à utiliser son influence au profit de ses convictions. “Je me suis dit, il y a une circonscription des Français de l’étranger Canada/États-Unis, je connais déjà beaucoup de monde, je pars d’un peu moins loin qu’une personne lambda, je vais en profiter pour proposer ma candidature”, raconte la candidate aux 4.400 followers sur Twitter.
Parmi les mesures proposées, il est notamment prévu d’interdire les tests sur les animaux dans le système d’éducation, de proposer des alternatives végétariennes/végétaliennes dans la restauration scolaire et de mettre en place un Ministère de la protection animale indépendant. À cela s’ajoute la promotion de l’utilisation des transports collectifs et électriques mais aussi la limitation des gaz à effet de serre (GES). “Puisque les gaz à effet de serre générés par l’industrie de la viande produisent du méthane et que cela a un effet nocif à court terme, c’est là-dessus qu’il faut lutter en premier. La planète ne peut pas attendre!”.
À ses détracteurs qui lui rétorquent parfois que le bien-être de l’humain prime sur celui de l’animal, sa réponse est toute faite. “L’un n’empêche pas l’autre. Être végane à temps plein ou à temps partiel n’empêche pas de lutter contre d’autres injustices sociales! Militer pour le droit des animaux, ça fait du bien à tout le monde.” À noter qu’il n’y aura pas de bulletins de vote pour les candidats du Parti animaliste dans les bureaux de vote, ils devront être imprimés et découpés soigneusement par les électrices et électeurs eux-mêmes.
Francine Cousteau à New York : "Personne n'a remplacé le Commandant aujourd’hui"
“On a beaucoup de chance. Même 20 ans après sa disparition, son œuvre s’est tellement bien implantée sur la planète que partout où je vais, dès que je dis le nom ‘Cousteau’ les gens ont un sourire jusqu’aux oreilles”. Francine Cousteau, seconde épouse du Commandant, est à la tête de la Cousteau Society fondée par l’explorateur en 1973.
En juin prochain, la fondation marquera les 20 ans de la disparition de Jacques-Yves Cousteau, et célèbrera aussi le “World Oceans Day” (le jeudi 8 juin). De passage aux Etats-Unis pour cette occasion, Francine Cousteau est allée rencontrer un groupe d’élèves de l’Ecole Internationale de New York (EINY). Un an plus tôt, ces derniers envoyaient leurs dessins au CousteauKids, magazine pour enfants lancé il y a 30 ans.
Pendant plus d’une heure, l’épouse de Jacques-Yves Cousteau a répondu aux questions des enfants, revenant sur les explorations du Pacha, sa maison sous-marine en Mer Rouge ou encore la légendaire Calypso aujourd’hui en rénovation en Turquie.
“Après sa disparition, il y a eu une quantité inimaginable de programmes et de projets entrepris. Avec la fondation, j’ai choisi de m’occuper des programmes d’éducation et des programmes de développement durable et de protection des zones côtières”, explique Francine Cousteau. La Cousteau Society compte aujourd’hui un réseaux d’une soixantaine d’écoles un peu partout sur la planète, qui développent et appliquent des programmes d’éducation sur l’environnement. “Le but a toujours été d’amener les enfants à apprendre et découvrir d’une façon ludique”.
L’autre mission de la fondation, c’est la promotion de l’écotechnie, un enseignement transversal pour post-doctorants qui combine écologie, économie, technologie et sciences humaines. Une discipline mise au point par le Commandant et l’Unesco dans les années 1980. “Le but est de pouvoir incorporer ces quatre sujets aux grandes prises de décisions qui concernent le long terme”, explique Francine Cousteau. A la disparition du commandant Cousteau, environ cinq universités possédaient une chaire. Aujourd’hui il y en a seize dans le monde, dont une à Rutgers dans le New Jersey.
“Cousteau pensait que les futurs décideurs n’étaient pas prêts à gérer le long terme”, confie Francine Cousteau.
L’écotechnie a été appliquée pendant une dizaine d’années sur les rives quasi-vierges de la Mer Rouge au Soudan. Avec une chaire universitaire à Karthoum, des programmes de protection de la biodiversité et des pavés d’études réalisés par les scientifiques de la Cousteau Society, “le jour où le Soudan sera en paix et voudra développer ses côtes, il saura comment faire mais surtout comment bien faire. […] Notre mentalité, c’est d’aller quelque part, mais pas seulement pour faire des images et puis s’en aller. Le but c’est de s’y implanter et de laisser quelque chose pour les gens”, affirme Francine Cousteau.
Très célèbre aux Etats-Unis, comme sur le reste de la planète, le nom de “Cousteau” et les activités qui y sont liées sont, même 20 ans après sa disparition, toujours très bien accueillis. “Il a créé une culture commune. L’image et la force du nom reste très attaché à des valeurs d’éthique, et à une démocratisation de l’enseignement scientifique et de l’écologie. Il avait ce talent de pouvoir nous faire découvrir, en même temps qu’il le voyait, un monde extraordinaire que personne n’avait visité avant lui. Et personne ne l’a remplacé aujourd’hui. Mais vu la quantité de personnes que je rencontre et qui ont entendu son message, cette prise de conscience écologique s’est heureusement démultipliée”.
FABA 2017: et les grands gagnants sont…
La quatrième édition des French-American Business Awards (FABA) a porté l’innovation au sommet de Nob Hill, jeudi 25 mai. La cérémonie de remise de prix de la Chambre de Commerce Franco-Américaine de San Francisco (FACCSF), qui récompense les meilleures entreprises et les personnalités marquantes de la Baie, s’est déroulée sous les dorures du Fairmont Hotel.
Sur scène, l’humoriste française Clara Bijl s’est muée en maîtresse de cérémonie hilarante pour rythmer la longue remise de prix composée de onze catégories. La start-up Ava a été désignée “Start-up of the year” (prix du jury). Né de parents sourds, Thibaut Duchemin a développé une intelligence artificielle pour assister les malentendants, en temps réel, dans une conversation.
Dans la catégorie “Life Science & Biotech”, le gold award a été décerné à Arterys, une société qui applique le deep learning à l’imagerie médicale. L’analyse est automatisée grâce à une intelligence artificielle qui aide le médecin à faire son diagnostic. Côté papilles, Azur Wines a été sacré dans la catégorie “Wine”. C’est le résultat d’un savoureux « mélange culturel », a assuré le couple franco-américain Elan et Julien Fayard à la tête du domaine situé dans la Napa Valley. Le chef Gerald Hirigoyen a reçu, pour sa part, le “Food Business Award” pour ses restaurants Piperade et Bocadillos situés à San Francisco.
Deux nouvelles catégories ont fait leur apparition cette année : “Social Impact” et “Women Role Model”. C’est l’école 42 Silicon Valley qui a remporté la première récompense. Brittany Bir, COO de l’établissement, est revenue sur l’ouverture de l’école l’an dernier. « C’était une aventure », a-t-elle lancé en faisant référence au bâtiment encore en chantier à trois mois du lancement.

Enfin, “last but not least”, le prix “Women Role Model” a été remporté par Virginie Simon. À 34 ans, la fondatrice de MyScienceWork s’investit pour la valorisation des femmes dans dans le domaine de l’entrepreneuriat et de la science. « Les role model sont utiles et je suis extrêmement fière de recevoir ce prix ». C’est au cours de sa thèse sur les nanotechnologies appliquées à la lutte contre le cancer qu’elle crée son entreprise avec « l’idée de rassembler la base de données la plus exhaustive possible pour promouvoir la connaissance scientifique auprès du plus grand nombre ». Sa vision de l’entrepreneuriat ? « Un sprint endurant, on est tout le temps à fond mais sur le long terme ! »
Face aux 300 convives attablés pour le dîner de gala, le consul général de France à San Francisco, Emmanuel Lebrun-Damiens, a salué « la hausse de 30 % des investissements étrangers en France ». À ses côtés, Eve Chaurand, présidente de la FACCSF, a tenu à pointer du doigt le manque de parité dans le milieu entrepreneurial, tout en se réjouissant de voir deux femmes à la tête la FACCSF : Sophie Woodville, directrice sur le départ, et Laurence Fabre qui prendra sa place cet été.
La French Touch Conference 2017 à New York: le programme
Notez bien la date: les 27 et 28 juin prochains, La French Touch Conference sera de retour à New York. Cette 4e édition organisée par l’entrepreneur Gaël Duval sera l’occasion de mettre en contact les entrepreneurs, start-upers et investisseurs situés des deux côtés de l’Atlantique. La conférence sera ouverte par Gale Brewer, présidente du Borough de Manhattan.
L’année dernière, 600 personnes ont participé à l’événement, parmi lesquelles les fondateurs de Trello, Vimeo, DataDog, Sprinklr mais aussi des dirigeants de grosses sociétés comme Michelin, IBM ou Microsoft.
Au programme des deux jours: des conférences sur l’Intelligence artificielle, la réalité virtuelle, l’EduTech, la tech civique et éthique ou encore la fintech.
Y participeront des personnalités inspirantes dans les domaines de la tech, de l’entrepreneuriat et de l’investissement. Parmi la longue liste de speakers: Neil Vogel, qui a dirigé la transformation de About.com en Dotdash depuis 2014, Florent Peyre de Placemeter, une start-up qui indexe l’activité humaine à l’aide de flux vidéos et de reconnaissance d’images, Cédric Giorgi, co-fondateur de La French Touch Conference et directeur des projets spéciaux chez Sigfox ou encore Joséphine Goube, fondatrice de Techfugees, qui met la tech au service des réfugiés dans le monde.
La French Touch Conference proposera également pour la deuxième année “Pitch In The Plane“, le 26 juin. Le concept: une compétition de pitches organisée dans un vol entre Paris et New York.
Législative Amérique du Nord: Jocelyne Le Boulicaut, la touche verte
“Je sais ce que ça veut dire que d’être hors de France”, Jocelyne Le Boulicaut est Franco-Canadienne, a grandi en Afrique du Nord, et elle est la candidate d’Europe Écologie Les Verts pour la législative en Amérique du Nord.
“Je suis arrivée en France à l’âge de 17 ans, et j’ai un fort attachement personnel avec l’Amérique du Nord”, explique-t-elle. Elle ne s’est engagée en politique que tardivement. C’est la marée noire issue du naufrage de l’Erika qui l’a poussée à rejoindre les Verts. Après avoir été responsable de la commission nationale “Féminisme” d’Europe Ecologie Les Verts, elle est aujourd’hui responsable de la commission “séniors” en France et en Europe. Elle est aussi déléguée du parti EELV auprès du Parti vert Européen. “L‘écologie suppose une transformation de l’économie et de l’organisation sociale qui recentre l’humain et le collectif, et non plus l’individualité, au cœur des préoccupations”. Un de ces défis serait, par exemple, de mettre l’économie des start-ups, moderne et inventive, au service du social et de la solidarité.
La candidate, qui habite en Bretagne, ne fait pas de campagne de terrain en Amérique du Nord. “Notre parti EELV est dans une situation financière délicate et nous ne sommes pas certains de faire les 5% de votes nécessaires au remboursement des frais de campagne. C’est pour cette raison que je ne fais pas de réunion publique comme les autres candidats”.
Mais loin de se laisser abattre, Jocelyne Le Boulicaut cherche à mobiliser sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter en particulier. “C’est très stimulant et ça nous force à être inventifs, confie-t-elle. Ça me force à creuser beaucoup plus que les candidats qui sont sur place et que l’on a pu voir lors du débat French Morning-Maudits Français à Montréal, et qui n’ont fait qu’effleurer des choses qui sont finalement des problèmes personnels”.
Parmi ses propositions, Jocelyne Le Boulicaut insiste sur la moralisation de la vie politique : “Il faut rendre inéligible à vie toute personne condamnée pour corruption et défendre l’adoption d’un référendum révocatoire quand un élu manque à ses devoirs, à ses engagements”. Au sujet de l’emploi et de l’économie, elle souhaite proposer une loi pour aider les salariés d’entreprises en difficulté à racheter leur entreprise sous forme de SCOP (sociétés coopératives de production). Sur la fiscalité, elle dit qu’il faut abroger la CSG-CRDS pour les Français hors de l’Union européenne et “mettre fin à cette injustice”.
Jocelyne Le Boulicaut estime que “ce n’est qu’en renforçant la visibilité internationale de l’Europe que l’on pourra faire face aux mutations économiques”. Elle se félicite également de la nomination de Nicolas Hulot comme ministre d’État de la transition écologique et solidaire, tout en précisant que “il est quand même dans un gouvernement qui penche à droite et je n’ai pas le sentiment qu’il soit très sensible aux questions écologiques. Nicolas Hulot aura des moyens mais beaucoup d’obstacles et de résistance, c’est pour cette raison qu’il a besoin d’un groupe parlementaire solide pour le soutenir”.
Charlotte Perret resusite les carnavals de la Belle Epoque à Washington
Période de paix, de progrès et de créativité, la Belle Epoque a indéniablement marqué l’histoire de la France et l’image du pays dans l’imaginaire collectif. Le vendredi 2 juin à 7pm, l’écrivaine Charlotte Perret présentera à l’Alliance Française de Washington DC, son ouvrage At their Doorstep.
Avec ce livre d’images, Charlotte Perret s’est principalement intéressée aux foires et carnavals qui inondaient fréquemment les rues au début du XXème siècle. Aspect parfois méconnu de la Belle Epoque, ces animations faisaient pourtant partie intégrante de la vie des Parisiens notamment. L’auteure a récolté de nombreux clichés, cartes postales et témoignages dans les années 1980, parfois auprès d’acteurs de rue ou d’artistes itinérants ayant eux-mêmes vécus ces grandes manifestations.
Considérées comme l’un des premiers signes de la culture de masse à venir, ces foires de rues sillonnaient Paris et la France. Un art du spectacle qui a ensuite progressivement disparu, à l’exception de quelques manifestations comme « Mardi gras » ou les défilés de carnavals par exemple, qui en sont des descendants aujourd’hui.
Une réception suivra la discussion avec Charlotte Perret.
Législatives: "rencontre citoyenne" avec Frédéric Lefebvre (LR) à New York
Frédéric Lefebvre organise une “rencontre citoyenne” à New York deux petits jours avant le premier tour de la législative en Amérique du Nord.
L’actuel député Les Républicains de la circonscription donne rendez-vous à ses supporters et aux curieux le 1er juin dans les locaux du consulat de France.
Ce meeting est présenté comme “l’occasion rêvée” d’être entendu par l’élu, de pouvoir lui faire part de vos préoccupations et questions de “nature personnelle ou autres” et de lui suggérer des solutions aux problèmes rencontrés dans la circonscription.
Frédéric Lefebvre est député des Français d’Amérique du Nord depuis 2013. Il est candidat à sa succession. L’élection législative aura lieu les 3 et 17 juin.