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Le Français qui fait buzzer Detroit

Olivier François est “jetlagué”. De passage à Chicago, pour le salon de l’auto local, il s’apprête à repartir vers Turin, avant de revenir à Detroit deux jours plus tard… « C’est ma vie, dit-il. Un tiers à Turin, un tiers à Detroit et un tiers dans les avions… »

Depuis septembre dernier, Olivier François, 50 ans, est le patron mondial de la marque Fiat et dirige en même temps tout le marketing du groupe Chrysler (qui compte quatre marques). Un rythme de vie et de travail qui rappellent celui d’un autre patron français de l’automobile, Carlos Ghosn (Renault-Nissan), mais surtout celui de son propre boss, Sergio Marchionne, l’artisan de la reprise de Chrysler par Fiat, en 2009, avec l’aide du gouvernement américain.

“Nerveusement c’est tuant, admet-il. Ce week-end, je devais voir mes enfants; je ne vais encore pas pouvoir”. Ses trois fils vivent à Milan, avec leur mère (le couple a récemment divorcé). Mais dans la presse économique américaine, aucune trace de ce patron surmené. L’image d’Olivier François est celle d’un golden boy de l’industrie automobile, un génie du marketing. Un talent qui lui a valu le surnom de “Don Draper de Chrysler” dans Business Week, d’après le nom du héros de la série « Mad Men ». Et c’était avant le coup de maître du dernier Super Bowl : un long spot publicitaire de 2 minutes, à la mi-temps du match, signé Chrysler mais où pratiquement aucune voiture n’est visible. On y voit Clint Eastwood surgir de l’ombre pour déclamer un monologue où il est question de la capacité de l’Amérique à rebondir. La publicité a immédiatement fait vibrer twitter et la rumeur s’est amplifiée dans les jours qui ont suivi lorsque certains républicains, comme l’ancien conseiller de George Bush Karl Rove, ont accusé Chrysler de faire de la pub déguisée pour Obama, puisque le message célébrait la renaissance de Detroit, un sauvetage que revendique l’actuel occupant de la Maison Blanche.

“Franchement, pas un moment je n’ai vu venir la polémique politique”, assure Olivier François. On imagine pourtant qu’elle n’est pas pour déplaire à ce roi du buzz, d’autant plus que la controverse a été rapidement étouffée par l’intervention de Clint Eastwood lui-même, républicain de longue date, qui a précisé qu’il ne soutenait en rien Obama. “L’important, dit Olivier François, c’est que cette pub a fait parler, réfléchir; ça montre que le spot avait une certaine profondeur.”

Comme pour tous les spots importants -et à 12 millions de dollars la diffusion de 2 minutes celui-là l’était-, le Français s’est impliqué dans tous les détails de la réalisation “avec Sergio Marchione, qui s’est pris de passion pour le projet”, tient-il à préciser. En bon publicitaire, Olivier François sait raconter les histoires et celle de ce spot ressemble, dans sa bouche, à une saga. “Rien que d’accéder à Clint pour lui proposer cette pub était un défi. Il ne fait jamais de pub, donc on nous a expliqué que c’était impossible”. Lors du précédent Super Bowl , en 2011, il avait déjà réussi un exploit en recrutant le chanteur Eminem, réputé lui aussi anti-pub, pour un spot à la gloire du come back de Detroit, sa ville natale. “Cette fois, dit-il, l’idée était de reprendre le message à l’échelle du pays. Et qui mieux que Clint, cette sorte de père de la Nation, pouvait le faire?”. Le bagout du vendeur de voitures a convaincu l’acteur. “Mais il a mis comme condition de pouvoir écrire le texte à sa manière. Et au bout du compte, il a improvisé”.

L’an dernier, la pub d’Eminem avait propulsé les ventes de la Chrysler 200 dont elle faisait la promotion. Il est trop tôt pour mesurer l’effet “Clint Eastwood” sur les ventes de Chrysler cette année. Mais le spot a installé pour de bon la réputation d’Olivier François dans le milieu de Detroit. Une réputation d’excentrique, mais d’excentrique qui réussit. A Detroit, les vétérans de l’industrie automobile se sont habitués à lui et aux quelques autres “Fiat boys”, qui tiennent leurs réunions dans un nuage de fumée de cigarettes, parlent avec les mains et sont toujours prêts à prendre des paris très risqués.

Qu’un Français, travaillant pour une entreprise italienne, ait compris que la fibre patriotique américaine pourrait faire vendre des voitures est un paradoxe qui n’a échappé à personne ici. “Le fait que je sois Français, que je parle avec un accent, m’a sans doute aidé, admet-il. Raconter tout ce que j’ai pu raconter si je n’avais pas eu l’accent français… les gens m’auraient pris pour un fou. Tout ça raconté avec l’accent français ils ont trouvé ça assez délirant et assez charmant”.

Ne pas avoir tous les codes de Detroit, de ce qui se fait et ne se fait pas, nous a aidé, Sergio et moi, à oser ce que d’autres n’osaient pas”. Lorsqu’il nous dit cela, lors de notre précédent entretien, en janvier au salon de l’auto de Detroit, Olivier François est appuyé sur la portière d’une Chrysler 300 d’où s’échappent les beats vrombissants d’un air de rap. La voiture est siglée « Dr Dre », rappeur devenu entrepreneur. A Detroit, beaucoup ont tordu du nez devant l’association inhabituelle, mais là encore ça a marché. Les ventes se sont envolées, prouvant une fois encore l’instinct de François pour la pop-culture. Question d’oreille peut-être: grand amateur de rock, guitariste lui-même (en tout cas avant son double job), il a commencé sa carrière, après Science Po, en créant son propre label de rock. La nécessité de nourrir sa famille naissante l’a poussé ensuite chez Citroën. Il y dirigea la filiale danoise, puis italienne. C’est là que Sergio Marchionne l’a remarqué, et embauché en 2005 pour redresser Lancia, marque moribonde. Quelques “coups” plus tard (dont un spot pro-Tibet diffusé en plein Jeux Olympiques de Pékin) Lancia était sauvée et Olivier François en route pour son aventure américaine.

De 2009 à 2011, en tant que patron de la marque Chrysler il a supervisé la renaissance du plus petit des “Big Three” de Detroit. Les ventes des quatre marques de Chrysler aux Etats-Unis (Chrysler, Dodge, Jeep, RAM) ont progressé de 25 % en 2011, deux fois plus que la moyenne des autres constructeurs. Chrysler a aussi remboursé au gouvernement américain la totalité de l’aide reçue et fait des bénéfices, pour la première fois depuis 2005. Cette réussite spectaculaire a valu à Olivier François une promotion dans le groupe, et le double poste qu’il occupe depuis septembre: patron de la marque Fiat au niveau mondial et responsable du marketing de tout le groupe Chrysler. Bref, il n’a pas fini de prendre l’avion.

 

Les Ballets de Monte-Carlo au Joyce

Les Ballets de Monte-Carlo, la compagnie de danse officielle de la principauté de Monaco, fait ses début sur la scène du Joyce Theater avec deux créations chorégraphiées par Jean-Christophe Maillot. La première, “Opus 40”, est une oeuvre théâtrale, emplie d’émotion et de mystère. La musique a été composée par Meredith Monk et les costumes et décors ont été réalisés par le peintre George Condo pour l’occasion.

La deuxième oeuvre au programme est “Altro Canto”, pièce de danse contemporaine sur fond de musique de Monteverdi et dont les costumes ont été créés par Karl Lagerfeld.

Infos pratiques : 

Les Ballets de Monte-Carlo, au Joyce Theater, 175 8th Avenue, du 15 au 19 février, tickets à partir de $10. 

Les années new-yorkaises de Cecil Beaton

Sir Cecil Walter Hardy Beaton est à l’honneur au Museum of the City of New York. Le photographe de mode et de portrait britannique, mais aussi scénographe et concepteur de costumes pour le cinéma et le théâtre, est devenu connu dans les années 20.

C’est une exposition à Londres qui lui a permis de signer un contrat avec le fameux et prestigieux magazine Vogue. Depuis, il fut quatre fois récompensé par le Tony Award du « Best Costume Design » pour ses costumes, notamment en 1957 pour la pièce de théâtre My Fair Lady. Il est notamment connu pour avoir réalisé de nombreux portraits de célébrités dans le Hollywood des années 30. L’exposition retrace les années new-yorkaises de l’artiste et évoque les nombreuses collaborations artistiques qui ont eu un impact sur la vie culturelle de la ville.

Infos pratiques :
“Cecil Beaton the New York Years”. Jusqu’au 22 avril. Museum of the City of New York. 1220 Fifth Avenue. Ouvert toute la semaine de 10h à 16h et les samedi soirs jusqu’au 7 avril jusqu’a 20h30. L’entrée est à $10 et $6 pour les étudiants et retraités. 

La France, entre crise économique et crise de rire

C’est un triste constat que fait le site économique Bloomberg cette semaine : la France est un pays en déclin. A travers plusieurs témoignages d’experts et de non-experts, le journal brosse le portrait d’un pays “irréformable“, plombé par son Etat-providence dont il sera difficile de se dépêtrer. Selon la journaliste Vidya Root, les prestations sociales sont considérées par le peuple français comme des droits quasi-inaliénables  et “si un gouvernement n’en touchait ne serait-ce qu’une partie, les Français descendraient dans la rue.” Les mentalités sont rigides en France, explique la journaliste. “Réformer la France est difficile, les Français sont tellement accoutumés à l’intervention directe de l’Etat. Avant tout, il faudrait changer les mentalités“.

Pour le New York Times, l’Etat-providence français “montre aussi de plus en plus de faiblesses” et “les Français ont peur pour leur future dans ce siècle tourmenté“. Heureusement que le désormais incontournable blockbuster Intouchables est là pour remonter le moral de ces pauvres Gaulois. Dans un pays “où le sport national est l’indignation et la tristesse l’humeur quotidienne”, ce feel good movie est une bouffée d’air frais, une bonne surprise qui tranche avec les “habituels films français déprimant sur le chômage, la lutte des classes ou la délocalisation”. Pour le journaliste, c’est bien simple, on nous a menti : ce film ne doit tout bonnement pas être français – “un-french“, écrit-elle : “Où sont donc passés les intellectuels, les utopistes et les sempiternels monologues sur la condition humaine ?

Marmots

Si l’Etat-providence et l’économie française font naufrage, la France aura pu, ses dernières semaines, retrouver un peu de sa superbe dans “Bringing up Bébé”, le livre de Pamela Druckerman dans lequel la journaliste américaine fait l’apologie de l’éducation à la française (lire notre interview de l’auteur ici). Il n’en fallait pas plus pour remuer un fond de patriotisme chez les parents américains. Dans le Huffington Post, Paige Bradley est montée au créneau pour défendre l’éducation “made in USA”“Alors que les Français encouragent l’uniformité de la pensée intellectuelle et la patience, les Américains accordent plus d’importance à l’originalité et l’esprit d’entreprise”, estime la journaliste. L’éducation à la française serait régie par des principes “dépassés” issus de la “tradition de la méritocratie”. Pour preuve, alors qu’en France, le niveau d’études permet soi-disant d’acquérir un bon métier, aux Etats-Unis, “on peut partir de rien et finir en Une du Times”. C’est The Atlantic qui remet les compteurs à zéro, en faisant réagir les premiers concernés, à savoir les sacro-saints parents français. Et là aussi, ça y va : “Vu des Etats-Unis, les mères françaises sont vues comme des créatures parfaites, à la fin ça en devient irritant”, tacle la journaliste Julie Rasplus. Le livre de Pamela Druckerman s’appuie sur son expérience en milieu bourgeois : “Elle n’a donc pas vraiment le recul nécessaire pour juger de ce sujet de manière globale“. Parents américains, soyez donc rassurés, les petits monstres existent en France aussi.

Mormons

Pour terminer cette revue de presse, un reportage sur un aspect peu connu du paysage religieux français. La journaliste Lisa Bryant de la radio Voice of America, est allée à la rencontre de la communauté mormone française à l’occasion de l’édification controversée à Chesnay d’un temple dédié à ce groupe religieux.

A travers ce reportage, le lecteur comprend que deux mondes s’affrontent dans la petite commune près de Versailles. A la différence des Etats-Unis « qui pourraient avoir leur premier président mormon cette année » en la personne de Mitt Romney, la journaliste ne manque pas de relever que le mormonisme est une curiosité en France. La foi est assimilée à “une communauté de polygames” ou vue avec “beaucoup de suspicion” dans “une France majoritairement catholique”. Une suspicion due en partie à des « méthodes marketing de prosélytisme auxquelles les Européens n’ont pas l’habitude. » Les Français ont tant de choses à apprendre des Américains.

Les Français font plus l'amour que les Américains, mais…

Ha ! La fameuse fibre latine ! L’enquête 2007-2008 menée par Durex et Harris Interactive sur « le bien-être sexuel mondial » révèle que 70% des Français déclarent avoir des relations sexuelles toutes les semaines contre 53% des Américains. Mais à en croire le même sondage, seulement 25% des Français sont satisfaits de leurs rapports, contre 48% des Américains. En d’autres termes, les Américains font moins l’amour mais mieux.

L’enquête, basée sur un questionnaire posé à 26.000 personnes dans 26 pays différents, nous montre aussi que les femmes Américaines auraient plus de partenaires sexuels (neuf) dans leur vie que les Françaises (sept). Pour les hommes, c’est l’inverse. Les Américains ont 13 partenaires sexuels contre 17 pour les Français.

 
 

Dujardin poursuit sa tournée télé (et les blagues)

A moins de deux semaines de la cérémonie de remise des célèbres statuettes, Jean Dujardin, en lice pour l’Oscar du meilleur acteur, poursuit sa tournée des plateaux télé américains. Vu ce week-end au Saturday Night Live, l’acteur français était l’invité de Jay Leno la semaine dernière. A en croire les rires qui ont ponctué son apparition, Dujardin a une fois de plus réussi à séduire le public et le présentateur malgré son anglais hésitant. A la question de Leno “How’s your English?”, Dujardin répond: “Like your French”. Quel talent !
Loin de s’en offusquer, l’acteur s’amuse des stéréotypes -“I have a mistress, I’m French”- et régale le public avec des imitations des acteurs américains Sean Connery, Paul Newman, John Wayne et John Travolta.

Mais ce sont les Américains Kristen Wiig, Taran Killam et Zooey Deschanel qui se sont mis au Français dans une vidéo diffusée par NBC à l’occasion du Saturday Night Live, le temps d’une scène de café en noir et blanc et en musique, “Les Jeunes de Paris”:

Et c’est avec le sketch diffusé sur le site humoristique “Funny or Die” que Dujardin prend la toile d’assaut. Un premier casting aux Etats-Unis pour le rôle du méchant, dans James Bond et Sherlock Holmes, mais aussi dans Bridesmaids, entre autres.

Dans l'Upper West Side, des classes bilingues en middle school?

Un programme français-anglais pour les collégiens de l’Upper West Side dès 2013. C’est le rêve d’un groupe de parents dont les enfants sont actuellement scolarisés dans les classes d’immersion bilingue de PS 84. Mercredi, ces parents ont mis en ligne une pétition adressée au Department of Education de New York (DoE) destinée à montrer leur soutien à l’extension au 8th Grade des programmes français-anglais et espagnol-anglais proposées par l’école publique.

Virgil de Voldère, le papa à l’origine du « dual-language program » et du centre d’immersion bilingue La Petite Ecole, a initié le projet: « Quand nous avions ouvert le programme bilingue, en primaire, nous avions l’espace. Pour la middle school, nous avons le soutien de la directrice (de PS 84) mais pas d’espace », résume-t-il.

Les parents de PS 84 sont confrontés au même problème que ceux de PS 58 à Brooklyn. En 2009, ces derniers s’étaient mobilisés au sein de l’association Education Française à New York (EFNY) pour trouver un collège local favorable à l’accueil d’un programme bilingue. Ils ont obtenu gain de cause en novembre dernier, quand la middle-school MS 51 a donné son accord pour la rentrée 2013.

Pour les parents de PS 84, le défi principal est le manque de place. En effet, l’école ne peut accueillir les niveaux supplémentaires dans son enceinte. « L’alternative serait d’ouvrir une branche de PS 84 dans un autre établissement du quartier », ajoute Virgil de Voldère. Mais les écoles de l’Upper West Side, théâtre d’un baby-boom ces dernières années, comptent parmi les plus peuplées de la ville. « La volonté, on l’a, affirme Virgil de Voldère. Si l’enfant n’a aucune raison de parler français, il va le perdre. Ca serait un gâchis.»

Lire et signer la pétition ici

Vote par courrier: la fin des inscriptions approche

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Les électeurs français établis aux Etats-Unis et au Canada désigneront leur député à l’occasion d’une élection législative qui se déroula les samedis 2 (premier tour) et 16 juin 2012 (second tour).

Si les inscriptions sur les listes électorales consulaires sont closes depuis le 31 décembre 2011, il reste possible de s’inscrire pour voter par correspondance sous pli fermé. Les électeurs qui souhaitent exercer leur devoir civique sous cette forme doivent en faire la demande avant le 1er mars 2012 auprès de leur consulat. Ils peuvent s’y rendre en personne, le contacter par courrier, télécopie, courriel ou via le portail d’accès MonConsulat.fr (adresses et contacts des consulats et de l’Ambassade de France au Canada et aux Etats-Unis)

Pour rappel, il sera également possible de voter par internet (inscription avant le 7 mai 2012) et par procuration.

Cette élection est une grande première introduite par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008. Le député élu par les Français d’Amérique du Nord siégera à l’Assemblée nationale. Au total, onze députés des Français de l’étranger seront élus dans différentes régions du monde.

Chéri(e), pourquoi ne fait-on plus l’amour ?

Les enfants sont couchés, la maison presque rangée. Elle se félicite à peine de cet exploit, déjà soucieuse du deuxième service à préparer. Restent encore deux-trois « j’ai soif » et « j’dois faire pipi » et le dîner est prêt. Elle a faim. Il n’est toujours pas là. Elle l’appelle. Il répond : « Un dernier e-mail et j’arrive !» Elle l’attend. Elle a envie de lui. Elle s’impatiente. Elle finit par manger. Le dîner est froid. Quand il rentre enfin, il est tard et elle est fatiguée. Elle part peu après se coucher, seule et frustrée. Lui, il a besoin de décompresser d’abord. Il surfe alors sur Internet en quête d’une diversion mais cela le renvoie inexorablement à sa solitude. Il s’endormira plus tard de son côté du lit.  Scène clichée mais banale de la vie new-yorkaise qui marche aussi quand c’est madame qui travaille plus.

Voici comment un manque de temps ensemble couplé de bonnes intentions peut conduire à la déception et la déception à la séparation. La cadence professionnelle et familiale qui s’accélère, souvent au même moment, c’est un fait. La vraie raison, c’est l’attitude qui consiste à renoncer à une vie sexuelle épanouie pendant cette période.

La suite ressemble parfois à cela… Après avoir disparu en semaine, leurs relations sexuelles se font de plus en plus rares parfois même inexistantes depuis plusieurs mois. Au bout de quelque temps, ils se font une raison devant cette situation. Je les entends me confier : « C’est une période particulière, ça ne va pas durer !» ou encore « de toute façon, c’est pas indispensable pour un couple ! ». Chacun prend sur soi, les frustrations s’accumulent, le sentiment de solitude augmente et progressivement un fossé se creuse entre eux. Par protection, les désirs s’éteignent et les idéaux s’oublient jusqu’au jour où la limite est atteinte : « J’en peux plus de ce rythme de vie! J’ai besoin de quelqu’un à qui me confier et qui me fasse vibrer! On est devenu des étrangers l’un pour l’autre. On ne parle plus la même langue, on n’arrive plus à se comprendre».

Peut-on espérer retrouver une complicité après avoir mis entre parenthèse son couple pendant quelques semaines, mois ou années ? Je le crois, mais difficilement. C’est comme une seconde langue qui ne serait plus pratiquée pendant un certain temps. Elle s’oublie, on devient hésitant, maladroit et moins spontané. La complicité sexuelle, c’est pareil. Il faut la pratiquer sinon elle risque de disparaître. On ne peut pas la mettre en pause et espérer recommencer naturellement là où on l’avait laissée. Plus on fait l’amour, plus le désir, le plaisir et la confiance augmentent. L’inverse est cruellement vrai. Il devient dans ces cas utile de demander des « cours de remise à niveau » pour oser se lancer à nouveau.

J’entends souvent : « Pensez-vous honnêtement que ce soit possible d’être à la fois un mari attentionné, un père responsable et un amant passionné ? » Oui, je le pense mais à plusieurs conditions. La première : il faut se prendre des rendez-vous. Avec un emploi du temps aussi chargé, ne comptez pas sur votre spontanéité car elle est effectivement malmenée par les stress professionnels et familiaux quotidiens. Deuxième condition : s’accorder des pauses. Jouez au « jeu du taboo » ! Le principe est simple, lors de ces rencontres vous listez les sujets « tuent l’amour » qui ne peuvent pas être abordés (votre boss, les enfants, les soucis de la maison, la belle famille, etc.). Sachez parler de choses légères et rire ensemble. Cassez la routine et les habitudes par des surprises et attentions même très petites et simples (changez parfois de côté du lit, d’horaires, de tenues, etc.). La troisième : faire preuve d’imagination. Vous n’avez pas l’occasion de partir en vacances en amoureux ? Et bien, visualisez ensemble l’endroit de vos rêves et transportez-vous là-bas tout en restant dans votre lit ! Osez et usez des jeux de rôles pendant la journée et dans votre lit où vous quittez votre rôle de mari et femme pour se découvrir autrement.

Plus que jamais, dans une période où la famille et le travail prennent la quasi-totalité de votre temps, l’harmonie sexuelle de votre couple ne peut être oubliée. Se détendre ensemble, partager ses rêves, goûter au plaisir, c’est reprendre de l’énergie pour vivre ce quotidien. Ce n’est pas une question de temps mais de priorité et d’attitude.

Visiter le site de Thérèse Hargot-Jacob ici
Avertissement: Thérèse Hargot-Jacob est sexologue à New York. Ses chroniques sur French Morning s’inspirent de sa pratique professionnelle, mais les témoignages individuels qu’elle rapporte sont modifiés de manière à préserver l’anonymat de ses clients. Ce qui se dit dans son cabinet reste dans son cabinet!

"Pour les Français, la mère parfaite n’existe pas"

Elle ouvre de grands yeux bleus étonnés derrière ses petites lunettes et arbore un large sourire. Pamela Druckerman se dit surprise par l’incroyable retentissement de Bringing Up Bébé, sorti la veille aux États-Unis et deux semaines plus tôt en Grande-Bretagne. Elle enchaîne les interviews. J’étais curieuse de la rencontrer après avoir lu son livre. Comme elle, je suis journaliste et mère de trois enfants. Elle est arrivée à Paris il y a huit ans précisément lorsque je quittais la capitale française pour New York. Son livre raconte comment, au fil des années, elle a été séduite par l’éducation “à la française”, découvrant que, nous, les Françaises, sommes à la fois plus sereines et plus fermes dans notre façon d’élever nos petits. Par opposition, Bringing Up Bébé dénonce l’ overparenting dont font preuve, selon l’auteure, les mères américaines, cette façon de s’investir à l’excès dans l’éducation de leurs enfants.

French Morning: L’overparenting semble être propre à notre génération des “quadras”. Toutes les mères américaines avec qui je discute me disent que leurs parents n’étaient pas comme ça.

Pamela Druckerman: Oui, c’est nouveau. Cela a commencé dans les années 80-90 en Amérique, et c’est le résultat de plusieurs facteurs. D’une part, il y a eu le pic des divorces quand nous étions adolescents et nous sommes les enfants de divorcés – ce n’était pas mon cas mais tout le monde autour de moi avait des parents divorcés; donc adultes, nous avons eu recours à la psychothérapie plus que toute autre génération. D’autre part, à cette époque, sont sorties de nouvelles études scientifiques sur le développement du cerveau des enfants âgés de 0 à 3 ans. Elles montraient combien ces années sont importantes. (…) Enfin, ce que vous ne connaissez pas en France: l’extrême peur des crimes. Les crimes diminuent aux États-Unis mais quand vous regardez les informations, vous pensez que ça augmente. Donc vous pensez que vous devez protéger vos enfants.

FM : Les crimes sexuels, la pédophilie, c’est en effet une obsession aux États-Unis.

Oui, c’est une obsession. C’est difficile à comprendre mais c’est dans notre culture. Je ne blâme pas les parents américains – en Amérique comme en France, nous essayons de faire de notre mieux avec les informations que nous recevons. Cette obsession est née dans les années 80, suite à une série de scandales sexuels dans les day cares. Donc quand je suis arrivée en France, j’ai été surprise d’entendre toutes ces mères espérer avoir une place en crèche. Au fond, nous, les Américaines, nous ne faisons pas confiance à l’institution publique.

FM : Vous avez beaucoup d’admiration pour les Françaises…

Je pense que c’est très difficile d’être une mère française, c’est sûrement beaucoup de pression d’être successful dans tous les domaines de votre vie, tout en restant si féminine, avec un look fantastique…

FM : Vous savez que toutes les Françaises ne cuisinent pas quotidiennement de bons petits plats.

Oui, bien sûr: à Paris j’habite au dessus d’un Picard (rires). Mais ce que je décris dans mon livre, c’est l’idée française – et j’aime beaucoup cette idée – de l’équilibre sans culpabilité: aucune partie de votre vie ne doit être désavantagée: ni la mère, ni la femme active, ni l’épouse.

FM : Mais nous n’arrêtons pas de culpabiliser! C’est l’éternel dilemme: nous voulons tout!

Oui, il y a beaucoup de culpabilité en France, les femmes veulent tout, mais je pense que les Françaises résistent, repoussent ce sentiment de culpabilité, alors que les Américaines l’embrassent. En Amérique, se sentir coupable fait du bien, on le mérite, c’est comme un impôt [sur le bonheur d’être parent, ndlr]. En France, la culpabilité est vue comme un sentiment négatif. C’est dans la culture française que la mère parfaite n’existe pas. Nous, les Américaines, nous nous sentons coupables de ne pas être des mères parfaites [un chapitre entier du livre est consacré à ce sujet, ndlr].

FM : Vous ne trouvez pas que nous les Françaises, nous sommes très, voire trop, égoïstes? C’est assez confortable d’être égoïste!

(Rires) Oui, c’est sûr, vous êtes égoïstes. Mais ce n’est pas bon pour un enfant, les études le montrent, d’avoir une relation fusionnelle avec sa mère. Je ne sais pas si c’est confortable (elle rit encore), mais je pense que c’est bien pour tout le monde. Bien sûr, cela peut aller trop loin en France…

FM : Oui, par exemple dans les écoles publiques, nous ne faisons pas grand chose par rapport à vous les Américaines, très investies dans le milieu scolaire.

Oui… je suis moi-même déléguée des parents d’élève dans la maternelle de mes fils! Et je vois des choses drôles: un père est venu vers moi se plaindre de la nourriture, disant que c’était trop simple! Je ne peux pas me plaindre, c’est tellement mieux qu’aux États-Unis!

FM : La nourriture occupe de la place dans votre livre. Selon vous, les petits Français mangent mieux, de tout, assis à table. Ce n’est pas toujours vrai.

PD : Oui, mais en comparaison avec ce qui se passe en Amérique, c’est vraiment mieux!

FM : Il y a tout de même une prise de conscience aux États-Unis. Même Michelle Obama prône une alimentation plus saine.

Oui, c’est en train de changer et ça vient de France! L’idée qu’il faut des repas équilibrés dans les écoles, cuisiner avec des ingrédients frais, etc… Et vous n’avez pas tous ces snacks tout le temps, vous avez un seul “goûter”… Je reste choquée quand je rentre aux États-Unis. Et puis, il y a cette idée en France qu’il faut toujours goûter de tout.

FM : Votre description du couple, au fil de l’agrandissement de la famille, est très intéressante. Le couple en prend un coup.

Si votre enfant ne fait pas ses nuits avant ses 9 ou 10 mois, comme cela est souvent le cas en Amérique, bien sûr que cela affecte toutes les parties de votre vie, de votre mariage à votre propre personnalité. Ou si votre enfant a cinq ou six activités différentes par semaine, et que vous êtes la seule à gérer l’emploi du temps, cela ne vous laisse pas beaucoup de temps avec votre mari… Je pense qu’il y a une plus grande résistance en France à tout cela.

FM : Qu’est-ce que votre mari a pensé à la lecture de votre livre?

Il a aimé le livre. Il dit qu’il aurait dû être le personnage principal (rires)! Il pense qu’il occupe les lignes les plus drôles du livre, ce qui est vrai…

FM : Bon nombre d’Américains pensent tout bas ce que vous dites tout haut. Mais ils disent qu’ils n’ont pas le choix, qu’ils sont obligés de rentrer dans ce système de compétitions, d’hyperparenting. Comment changer les choses?

Je comprends qu’ils pensent ne pas avoir le choix car c’est notre culture qui nous dit de faire ainsi. Mais je pense que ça peut changer car depuis quelques années maintenant, des critiques, des enquêtes sortent décrivant que ce type d’implication est très difficile car demande tellement de travail! Et avec la sortie de livres comme celui d’Amy Chua l’an dernier, le mien aujourd’hui – et il y en aura bien d’autres… – c’est la quête d’une alternative à ce type d’éducation parentale. On le fait, on n’est pas heureux, on pense qu’on n’a pas le choix, mais il y a des alternatives.

FM : Continuez-vous à être étonnée par la vie parisienne et, plus largement, française?

Bien sûr (en français)! Encore récemment, j’étais à une fête d’anniversaire et la mère montrait une photo d’elle avec son mari dans une voiture décapotable en vacances – ils étaient partis tous les deux –, déclarant : “Qu’est-ce qu’on s’est bien amusés!”. J’étais vraiment surprise, même après l’écriture de ce livre, par l’absence de culpabilité d’avoir pris du bon temps chez cette femme. En Amérique, si un couple montrait une telle photo, il dirait : “Les enfants nous ont tellement manqués!

Frédéric Lefebvre pour un Eataly à la française

La France aura bientôt son Eataly. Frédéric Lefebvre a annoncé l’ouverture d’un “lieu temporaire” français à New York dans le cadre de la Fête de la Gastronomie le 23 septembre, où la restauration et les métiers de bouche seront représentés. “Il faut valoriser le patrimoine vivant de la France“, a expliqué Frédéric Lefebvre aux chefs français de New York, lors d’une réunion samedi 11 février au restaurant Benoit d’Alain Ducasse.

Le projet s’inscrit dans la logique de «Rendez-vous en France». Objectif : attirer les touristes étrangers en France et replacer le pays en  tête du classement des nations par le chiffre d’affaires issu du tourisme, devant l’Espagne et l’Italie…

Le grand succès d’Eataly, en face du Flatiron Building, est cité en modèle par beaucoup, et doit inspirer, reconnait lui-même le ministre (qui a rencontré dimanche Joe Bastianich, le cofondateur d’Eataly). Mais il ne s’agit pas de copier: “Eataly c’est un supermarché; là il s’agit de promouvoir l’art de vivre à la française; il faut de la diversité, le plus possible de partenaires, etc…”. “Le lieu temporaire sera un test grandeur nature au moment de la fête et on pérennise“. Il vise un lieu définitif d’une surface entre 1.500 et 3.500m2 (contre plus de 4.500m2 pour Eataly). Il n’a toutefois pas précisé l’emplacement ni le calendrier du projet. Aucun financement public n’est prévu : “Il ne s’agit pas que l’Etat mette des fonds publics, mais je labellise et mets autour de la table de grands acteurs privés”. Au passage, il cite Ariane Daguin, la facétieuse fondatrice de D’Artagnan “quelqu’un qui doit faire partie d’un projet comme ça”. Avant cela, le salon du meuble de Milan en avril sera l’occasion d’un premier test : 1.200 m2 seront consacrés au savoir-faire français.

La vraie fausse campagne de Frédéric Lefebvre

Réunions de supporters, visites chez des commerçants, tête-à-tête avec des notables… Cela ressemble beaucoup à une campagne mais, promis juré, cela n’en est pas une. Officiellement, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions libérales et de la Consommation est en déplacement ministériel. A Miami les jeudi 9 et vendredi 10, il assistait au premier symposium mondial des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), le plus grand rassemblement de chefs d’entreprises français jamais organisé à l’étranger. Puis, à New York samedi et dimanche, il a vendu sa marque de promotion du “patrimoine vivant” de la France à l’international «Rendez-vous en France», avant d’aller rencontrer des commerçant français à Carroll Gardens et Cobble Hill.

Aux Etats-Unis pourtant, il n’est pas un secrétaire d’Etat comme les autres. Depuis que l’UMP en a fait son candidat à l’élection législative pour la première circonscription des Français établis hors de France, ses déplacements dans ce territoire, qui comprend les Etats-Unis et le Canada, sont ponctués de réunions avec des militants et sympathisants de la majorité. A Montréal en janvier, il participait à une rencontre privée organisée par Jeanine de Feydeay, conseillère UMP à l’AFE (Assemblée des Français de l’étranger). A Miami, vendredi soir, une autre «soirée privée» était organisée au restaurant franco-italien La Piagga par la conseillère AFE Nicole Hirsh. L’e-mail d’invitation, que French Morning s’est procuré, présentait Frédéric Lefebvre comme “candidat législatives juin 2012 Amérique du Nord“, et non comme secrétaire d’Etat. Et samedi soir à New York, l’UMP locale organisait une réception au Novotel de Times Square en présence du secrétaire d’Etat, mais elle aussi annonçant la présence du “candidat UMP pour la 1ère circonscription“.

Pratique-t-il le mélange des genres ? Ces adversaires l’affirment. Mais Frédéric Lefebvre balaie les critiques d’un revers de main : « Dans mes réunions, je ne parle jamais des élections », assure-t-il. En revanche, il parle, avec constance, de son attachement aux Etats-Unis, ses “quelques années” passées à New York, enfant, lorsque son père y était médecin; il cite également sa meilleure amie, New Yorkaise, son frère qui habite en Californie depuis 30 ans… Bref, le secrétaire d’Etat pense visiblement que le -futur- candidat a tout ce qu’il faut pour être élu député ici.

Pourquoi alors ne pas se lancer officiellement, comme d’ailleurs bon nombre de militants locaux de l’UMP le souhaitent? “Question de stratégie” répond l’entourage du secrétaire d’Etat, “il y a un temps pour tout et celui de la législative n’a pas encore commencé”.

Interviewé par French Morning, Frédéric Lefebvre a donc refusé d’évoquer sa campagne. Il ne dit même pas quand elle commencera, mais prévient que la donne va changer très bientôt. “La semaine qui vient va être décisive” dit-il, allusion à l’annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy, attendue d’un jour à l’autre.L’élection présidentielle est ce qui préoccupe les Français pour le moment, c’est cette élection qu’ils attendent avec impatience, assure-t-il. La législative est encore loin et les Français comprennent très bien que lorsqu’on est au gouvernement, on prend des décisions. Il ne faut pas mélanger les genres”.

Alexis Buisson et Emmanuel Saint-Martin