Accueil Blog Page 6

[Vidéo] Stock options aux USA et retour en France: comment gérer

Nous vous proposions le 29 avril 2025 un webinaire dédié à votre patrimoine et votre fiscalité, et plus particulièrement à l’actionnariat salarié et à la mobilité internationale, avec deux experts.

Au programme :
– Implications fiscales lors de l’acquisition de RSU et SO aux États-Unis
– Conséquences liées à la mobilité depuis les Etats-Unis vers la France
– Conséquences fiscales tenant à la détention ou à la cession en France au regard des récentes évolutions
– Obligations déclaratives aux Etats-Unis et en France tout au long de la détention

Visionnez le replay ci-dessous ou directement sur notre chaîne YouTube

🎙️Avec Briac Duhot, Avocat à la Cour inscrit au Barreau de Paris (FR), Fiscalité patrimoniale des expatriés français, et Jean-Philippe Saurat, Comptable et CPA, associé du cabinet d’experts-comptables MSGL

👉 PRISE DE RENDEZ-VOUS ICI

Roland Lescure à la rencontre des Français de SF et San Diego

Roland Lescure est attendu sur la Côte Ouest du 1er au 5 mai prochain. Le député des Français d'Amérique du Nord et vice-président de l'Assemblée nationale entamera son déplacement par deux jours à San Francisco. Il rencontrera la communauté française de la Bay Area le vendredi 2 mai à partir de 6pm à la Résidence de France (adresse exacte communiquée à l'inscription).
L'élu Renaissance se rendra ensuite en Californie du Sud et y rencontrera les Français de la région à l'Alliance française de San Diego, au 6390 Greenwich Drive, le dimanche 4 mai à 10:30am (inscription ici). Un temps pressent...

Vie d’Expat : J’ai perdu ma mutuelle santé

Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l'expatriation. Deux fois par mois, Vie d'Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres et de revues sur l'épanouissement personnel. Illustration Clémentine Latron.
Cette semaine, découvrons l’histoire de Richard, en colère contre le système de santé américain.
« J’ai perdu ma mutuelle. Pas par négligence. Pas par choix. Juste une rupture de contrat. Je pensais que la situation ne durerait pas.Mais elle a duré.Au début, je me disais que rien ne pouvait m’arriver. Que j’étais jeune, en bon...

Les films français à voir sur grand écran à Washington DC

Comme à leur habitude, le cinéma Avallon Theater (5612 Connecticut Ave NW) à Washington DC et l’AFI Theater (8633 Colesville Rd) à Silver Spring propose régulièrement des films en français à voir sur grand écran. 

Cette semaine, Avallon a reprogrammé Le Comte de Montecristo de Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, jusqu’à ce jeudi 1er mai, tous les jours à 7:15pm. C’est l’occasion de voir ce film qui a fait tant de bruit en France ! Ensuite, le vendredi 2 mai, le cinéma d’auteur propose l’adaptation du roman de Français Sagan Bonjour Tristesse, dirigée par la Montréalaise Durga Chew-Bose.

À l’AFI Theater, une sélection de films francophones est à l’affiche de ce cinéma de Silver Spring au mois de mai, juin et juillet. Sorti en 1961, Une femme est une femme de Jean-Luc Godard sera à l’affiche tous les jours entre les vendredi 9 mai et jeudi 15 mai. Ensuite, le film sénégalais Camp de Thiaroye d’Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow, sorti en 1988, sera sur grand écran les samedi 24, lundi 26 et jeudi 29 mai. Autre pétite, le fim français de 1990 S’en fout la mort (No Fear No Die) de Claire Denis est programmé pour le vendredi 6, lundi 9, mardi 10, mercredi 11 et jeudi 12 juin. 

Fin juin, Olivia, un film de Jacqueline Audry sorti en 1951, passera sur grand écran les vendredi 27, samedi 28 et lundi 30 juin. Et enfin, L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville, sorti en 1969, est programmé pour les dimanche 29 juin, mardi 1er, mercredi 2 et jeudi 3 juillet.

Divan d’ailleurs : L’écart de libido dans le couple

0

Pour ce septième épisode de Divan d’ailleurs consacré à la psychologie en expatriation et le troisième avec Cyrielle Augier, sexologue et thérapeute de couple, Nicolas Cauchy aborde l’écart de libido dans le couple, qui en dit long sur le couple, sur ses difficultés du moment.

Bonne écoute !

Divan d’ailleurs est un podcast de French Morning qui éclaire les parcours de vie des Françaises et des Français établis hors de France à travers la psychologie. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple Podcast, Amazon Music. Cet épisode est raconté par Nicolas Cauchy, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

La francophonie en lumière au New York African Film Festival

La francophonie va rayonner cette année encore à New York, à travers l’un des festivals de cinéma africain les plus dynamiques du paysage culturel américain. Du mercredi 7 au mardi 13 mai, la 32ᵉ édition du New York African Film Festival (NYAFF), organisée en partenariat avec le Lincoln Center, où les films seront diffusés, célèbre la diversité du cinéma africain et de sa diaspora (billets ici). Plus qu’un simple événement cinématographique, le NYAFF est une passerelle entre les cultures, une scène où les récits africains s’expriment avec force, poésie et complexité – et où la langue française joue un rôle central.

Depuis sa création en 1993, le festival s’est imposé comme un lieu d’exploration et de dialogue, en s’attachant à rendre visibles des cinéastes souvent absents des circuits traditionnels. La francophonie y occupe chaque année une place essentielle, reflet de son importance sur le continent africain, mais aussi dans les communautés diasporiques. En 2025, ce lien s’affirme plus que jamais, avec une programmation qui fait la part belle aux œuvres francophones venues de toute l’Afrique et au-delà.

Un coup de cœur pour « Everybody Loves Touda »

Parmi les temps forts de cette édition figure « Memories of Love Returned » (samedi 10 mai à 6pm), le chef-d’oeuvre documentaire de l’Ougando-américain Ntare Guma Mbaho Mwine, primé à l’Africa International Film Festival et qui interroge le pouvoir de la photographie. Ou encore « Black Tea » d’Abderrahmane Sissako (jeudi 8 mai à 6:30pm et mardi 13 mai à 3:15pm) qui fait se rencontrer les cultures.

Notre coup de cœur va à « Everybody Loves Touda » (lundi 12 mai à 8:30pm) de Nabil Ayouch, qui suit le destin d’une jeune chanteuse marocaine aspirant à devenir cheikha, une interprète traditionnelle de l’aïta, un genre musical traditionnel du Maroc.

Le NYAFF mettra aussi en avant la Française Zoé Cauwet, dont le court-métrage « Le Grand Calao » sera présenté au milieu d’autres dans le cadre du « Shorts Program 4 : In The Arms of The Mother » (mardi 13 mai à 8:30pm), mettant à l’honneur des réalisatrices ou des héroïnes.

D’autres films ont été tournés en Français. C’est notamment le cas de « The Tree of Authenticity » (lundi 12 mai à 6pm) de Sammy Baloji ; de « Ndar, Saga Waalo » de Ousmane William Mbaye (dimanche 11 mai à 6:30pm) ; ou encore de Mweze, de David-Pierre Fila (samedi 10 mai à 1:30pm).

Ambassades portes ouvertes : Voyager autour du monde depuis Washington

Chaque mois de mai, la capitale américaine invite petits et grands à franchir les portes de ses ambassades lors d’événements exceptionnels avec Passport DC. Pour le premier samedi de mai, Around the World Embassy Tour lance l’ouverture d’une quarantaine d’ambassades qui proposent dégustations, expositions, concerts et animations pour toute la famille. 

Le deuxième samedi, le 10 mai, c’est au tour des ambassades de l’Union européenne d’accueillir les visiteurs pour EU Open House : chaque ambassades propose un programme unique mêlant gastronomie, art, musique et échanges avec des diplomates.

Les ambassades à ne pas rater

Une année sur deux, en alternance avec l’ambassade de l’Allemagne, la Maison Française (4101 Reservoir Rd NW) accueillera des expositions, des concerts et des dégustations de spécialités françaises et allemande le samedi 10 mai. Pour un tour en Asie ce samedi 3 mai, l’Ambassade du Japon (2520 Massachusetts Ave) offre une immersion dans la culture japonaise avec des démonstrations de calligraphie, des dégustations de thé et des performances de danse traditionnelle.​ L’ambassade de Thaïlande (1024 Wisconsin Ave) des choses similaires pour se plonger dans la culture thailandaise. 

Du côté du continent américain, le Mexican Cultural Institute (2829 16th St NW), est réputé pour ses expositions colorées et ses performances musicales vibrantes.​ L’ambassade de Colombie (1724 Massachusetts Ave NW) propose des performances de danse folklorique et des dégustations de café colombien. Connue pour son ambiance festive, l’ambassade de Trinidad & Tobago (1708 Massachusetts Ave NW) propose des démonstrations de steelpan et des dégustations de plats épicés typiques.

Les conseils à suivre

N’hésitez pas à arriver tôt ! Les ambassades ouvrent à 9:30 am pour le World Embassy Tour et 10 am pour le EU Open House, mais certaines files d’attente se forment bien avant. Pour en profiter un maximum, concentrez-vous sur un quartier, comme Embassy Row ou Van Ness, pour maximiser le nombre de visites. Evidemment, privilégiez le métro ou les bus pour vous déplacer facilement car il sera impossible de se garer dans ces quartiers. 

Pour vous aider à organiser la journée, téléchargez l’application Passport DC : elle fournit des informations en temps réel sur les activités et les temps d’attente.

Bug out Bag : ce qu’il faut prendre quand on doit tout laisser

Blackout, inondations, incendies… Et même un tremblement de terre. Entre les feux récents dans le New Jersey, ceux dans le nord de Manhattan, et la secousse qui a surpris toute la ville l'année dernière, les New-Yorkais savent que le chaos peut frapper à tout moment. Et pourtant, peu sont réellement préparés. On vous dit tout sur le bug out bag, ce sac de secours à avoir toujours prêt chez soi en cas d'urgence.
Pour Guillaume Noblet, ancien secouriste formé aux techniques de survie, il est essentiel d’anticiper toues les situations. « New York présente des vulnérabilités uniques. Entre les phé...

La Virginie, grande absente du nouveau guide Michelin dédié au sud des États-Unis 

Prévue dans le courant de l'année, la sortie du nouveau guide Michelin consacré au Sud des États-Unis suscite déjà la curiosité. Mais un détail n’a pas échappé aux observateurs : l’absence annoncée des restaurants de Virginie. Faut-il y voir la confirmation que le Old Dominion est de moins en moins perçu comme un État sudiste à part entière ? Ou bien un manque d’adresses à la hauteur des exigences du célèbre guide gastronomique ? En réalité, ni l’un ni l’autre. Que les gourmets se rassurent : la raison serait avant tout d’ordre financier. 
Une participation financière qui fait débat 
Depuis pl...

Enfant et expatriation : la parentalité au-delà des frontières

[Article partenaire] Si l’expatriation peut être un projet parental, il a naturellement un impact sur les enfants. L’apprentissage d’une autre langue et culture, l’ouverture d’esprit et l’aventure d’une vie sont souvent des motivations au déménagement d’une famille à l’étranger. Lors duquel il peut y avoir de bonnes surprises, comme une naissance dans le pays d’expatriation. Mais comment protéger ses enfants lorsqu’on est loin de chez soi ? Comment faire lors d’une séparation ? Comment rentrer en France avec ses enfants ?

Pour répondre à toutes ces questions, le Cabinet CM&A – Chauveau Mulon & Associés a imaginé les aventures de Madame VENUS et de Monsieur MARS. Sur les trois chapitres de cette histoire, le premier était consacré au « divorce et expatriation : compétence et loi applicable décryptées », le deuxième à l’« expatriation et mariage : le régime matrimonial à l’épreuve des frontières franco-américaines ». Quant au troisième, il s’intéresse cette fois-ci aux enfants du couple.

La poursuite des aventures de Madame VENUS et Monsieur MARS

Rappelez-vous : Madame VENUS et Monsieur MARS, tous deux Français, se sont mariés en France où ils ont vécu pendant deux ans après leur mariage.

Ils ont ensuite déménagé à New York, où ils ont habité pendant près de 15 ans. Ils y ont eu un fils, Sirius, aujourd’hui âgé de 8 ans. Madame VENUS et Monsieur MARS se sont par la suite séparés.

Madame VENUS, qui avait initialement accepté de s’installer à New York en raison des opportunités professionnelles de son époux, est retournée en France où elle s’est définitivement installée avec Sirius ; Monsieur MARS est resté à New York. Après six mois en France, Madame VENUS a décidé de lancer une procédure de divorce.

Les principales notions juridiques liées à l’enfant

Tout d’abord, il y a ce qu’on appelle en France l’autorité parentale qui représente l’ensemble des droits et des devoirs que les parents ont pour protéger leur enfant, veiller à son bien-être, sa santé, sa sécurité, son éducation jusqu’à ce qu’il devienne majeur.

Le principe est que l’autorité parentale est exercée conjointement par les deux parents. A New York par exemple, on parle de legal custody. Contrairement à la France, l’exercice de la legal custody par les deux parents dépendra de leur situation maritale – son attribution n’est donc pas forcément automatique.

Ensuite, il y a la résidence habituelle de l’enfant, ou appelée physical custody à New York. En d’autres termes, chez qui vivra l’enfant en cas de séparation des parents.

Puis, le droit de visite et d’hébergement de l’autre parent, appelé également visitation à New York. Enfin, la pension alimentaire appelée en France contribution à l’entretien et l’éducation de l’enfant ou à New York le child support

La naissance de son enfant à l’étranger 

L’établissement du lien de parenté entre l’enfant et ses parents est crucial, notamment s’agissant des questions liées à l’exercice de l’autorité parentale, la détermination du nom de famille ou le droit de succéder. Ce lien de parenté est appelé la filiation. 

Lorsqu’un enfant naît à l’étranger, les parents doivent procéder aux déclarations administratives auprès des autorités locales de l’état civil. Ils obtiennent ensuite un acte de naissance étranger pour l’enfant. 

Il est également dans l’intérêt des parents français d’enregistrer la naissance de leur enfant auprès du consulat ou de l’ambassade de France compétente, puisque tout enfant né à l’étranger d’au moins un parent français est considéré comme Français.

La déclaration de naissance au consulat doit être réalisée dans les 15 à 30 jours suivant l’accouchement, selon l’Etat dans lequel est né l’enfant. Si ce délai est dépassé, pas de panique, vous pouvez procéder à la transcription de l’acte de naissance local par l’officier d’état civil de l’ambassade ou du consulat. 

Le couple a ainsi donné naissance à Sirius, né à New York, il bénéficie donc des nationalités française et américaine. Madame VENUS et Monsieur MARS étaient mariés à la naissance de leur fils, Monsieur MARS a alors bénéficié de la présomption de paternité à New York. En effet, tout comme en France, il existe une présomption de paternité pour l’époux de la mère de l’enfant.

Si les parents n’étaient pas mariés, alors Monsieur MARS aurait dû réaliser une reconnaissance de paternité afin d’établir le lien de filiation avec Sirius.

La protection de son enfant à l’étranger 

Lorsque l’on déménage à l’étranger, il est fréquent d’être loin de sa famille qui réside généralement en France. Les enfants conservent des liens avec leurs grands-parents, oncles, tantes ou cousins lors des vacances ou par le biais des réseaux. Mais que faire en cas d’incapacité ou de décès lorsque la famille est à l’autre bout du monde ? Qui s’occupera des enfants en cas d’accident ?

Si aucun des parents ne peut exercer l’autorité parentale, une tutelle est généralement mise en place pour garantir la sécurité et le bien-être de vos enfants ainsi que la protection de leurs biens. Dès lors, les autorités locales de votre pays d’expatriation décideront de la personne ou des services sociaux qui prendront en charge vos enfants, selon leur propre loi. En pratique, il est difficile d’obtenir le rapatriement en France de vos enfants ou la désignation de l’un des membres de votre famille en tant que tuteur.  

Toutefois, il est possible d’anticiper cette situation en désignant par le biais d’un testament ou d’une déclaration spéciale devant notaire, la personne de votre choix pour s’occuper de vos enfants jusqu’à leur majorité.

Certains Etats, comme New-York ou le Texas, reconnaissent la désignation du tuteur par un testament. Afin de garantir votre volonté, il est impératif de s’assurer de la reconnaissance du testament à l’international, notamment en cas de déménagements successifs. 

Pour protéger Sirius, Madame VENUS et Monsieur MARS peuvent donc rédiger un testament séparément afin de désigner un tuteur pour leur enfant, pour sa personne et/ou pour ses biens ; en veillant à ce que leurs volontés puissent être reconnues tant à New York qu’en France. 

Les demandes de Madame VENUS relatives à Sirius dans le cadre du divorce 

Il a déjà été vu que le juge français est compétent pour statuer sur le prononcé du divorce de Madame VENUS et Monsieur MARS et, en conséquence, sur les obligations alimentaires entre eux (voir le chapitre, divorce et expatriation : compétence et loi applicable décryptées). 

Concernant la loi applicable, il a aussi été vu que la loi new-yorkaise est applicable au prononcé de leur divorce, tandis que la loi française est applicable aux obligations alimentaires entre époux (voir le chapitre, divorce et expatriation : compétence et loi applicable décryptées). 

Or, dans le cadre de la procédure de divorce qu’elle a lancée, Madame VENUS souhaite également demander que la résidence de Sirius soit fixée à son domicile et que Monsieur MARS bénéficie d’un droit de visite et d’hébergement. 

De plus, elle envisage de demander à Monsieur MARS le versement d’une contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius. Pour chacun de ces points, et comme il a été exposé dans les précédents chapitres, il conviendra de déterminer quel est le tribunal compétent et quelle est la loi applicable. 

Attention à l’enlèvement international d’enfants !

Avant d’y répondre, revenons un peu en arrière… En effet, Madame VENUS a quitté New York et s’est définitivement installée en France avec Sirius, avec l’accord de Monsieur MARS.

À défaut d’un tel accord, l’installation de Sirius en France aurait pu constituer un enlèvement international d’enfants. En effet, la France et les Etats-Unis sont des Etats signataires de la Convention de La Haye du 25 octobre 1980 sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants.

Or, selon cette convention, le déplacement ou la rétention d’un enfant dans un autre Etat que celui de sa résidence habituelle est considérée comme illicite, lorsqu’il a lieu en violation d’un droit de garde exercé de façon effective au moment du déplacement ou de la rétention. 

La notion de droit de garde renvoie à cet égard à l’autorité parentale en France et à la legal custody à New York, et non à la résidence de l’enfant. En d’autres termes, lorsque les parents exercent tous deux ce droit de garde, ils ne peuvent pas transférer la résidence habituelle de leur enfant dans un autre Etat sans l’accord de l’autre ou alors du juge compétent. 

Avant de déménager avec votre enfant, il est donc essentiel de demander l’accord de l’autre parent et, en cas d’opposition de sa part, d’obtenir l’autorisation d’un juge. 

Le Juge français, compétent pour statuer sur le prononcé du divorce de Madame VENUS et Monsieur MARS, est-il aussi compétent pour statuer sur la responsabilité parentale ?

Pour déterminer si le juge français est compétent pour statuer sur la responsabilité parentale, et plus précisément sur la fixation de sa résidence au domicile de Madame VENUS et le droit de visite et d’hébergement de Monsieur MARS, il convient d’appliquer le Règlement (UE) 2019/1111 du 25 juin 2019, dit Bruxelles II ter.

Ce règlement prévoit qu’en matière de responsabilité parentale (comprenant les questions relatives à la résidence de l’enfant et au droit de visite et d’hébergement de l’autre parent), les juridictions compétentes sont celles de l’Etat membre dans lequel l’enfant a sa résidence habituelle au moment où la juridiction est saisie.

La notion de résidence habituelle correspond au lieu où se situe le centre de la vie de l’enfant. Pour localiser la résidence habituelle d’un enfant, on peut alors se fonder sur différents critères : la durée et la régularité de son séjour dans un Etat, son lieu de scolarité, son suivi médical, ses connaissances linguistiques, les rapports familiaux et sociaux qu’il entretient dans un Etat, etc. 

Par ailleurs, si le règlement se réfère à un Etat membre, c’est parce qu’il ne peut qu’attribuer compétence aux juridictions d’un Etat membre de l’Union européenne.

Ici, Sirius est en France avec Madame VENUS depuis plus de six mois, avec l’accord de Monsieur MARS. Ajoutons qu’il est scolarisé, qu’il a un médecin traitant et qu’il habite à proximité de ses grands-parents maternels.

Dans ces conditions, on peut considérer que Sirius a sa résidence habituelle en France et, par conséquent, que le juge français est compétent pour statuer sur la fixation de la résidence de Sirius au domicile de Madame VENUS et le droit de visite et d’hébergement de Monsieur MARS.

Les parents peuvent-ils choisir le juge compétent pour les questions relatives à leur enfant ? Oui, les parents peuvent par anticipation choisir les juridictions compétentes pour trancher des questions relatives à l’enfant. Il faut alors remplir deux conditions : la première est de désigner des juridictions européennes, la seconde que l’enfant ait un lien étroit avec l’Etat membre dont les juridictions sont sélectionnées. Le lien étroit est en l’occurrence caractérisé lorsqu’au moins un des titulaires de la responsabilité parentale a sa résidence habituelle dans l’Etat membre en question, que l’enfant avait précédemment sa résidence habituelle dans cet Etat ou que l’enfant a la nationalité de cet Etat. 

Dans le cas de Madame VENUS et Monsieur MARS, les parents auraient pu prévoir que les juridictions françaises seraient compétentes pour connaître des questions relatives à Sirius. 

Le Juge français, compétent pour statuer sur la responsabilité parentale, va-t-il automatiquement appliquer la loi française ?

Afin de déterminer si la loi française peut s’appliquer à la fixation de sa résidence au domicile de Madame VENUS et le droit de visite et d’hébergement de Monsieur MARS, il faut appliquer la Convention de La Haye du 19 octobre 1996 concernant la compétence, la loi applicable, la reconnaissance, l’exécution et la coopération en matière de responsabilité parentale et de mesures de protection des enfants. En effet, bien que les Etats-Unis n’aient pas ratifié cette convention, elle est applicable dans tous les Etats signataires et par conséquent, en France.

Cette convention prévoit que les questions relatives à la responsabilité parentale soient régies par la loi de l’Etat de la résidence habituelle de l’enfant. Pour localiser cette résidence, les critères précités peuvent une nouvelle fois être appliqués.

En l’espèce, Sirius a sa résidence habituelle en France, c’est donc la loi française qui sera appliquée par le juge français pour les questions portant sur la fixation de la résidence de l’enfant au domicile de Madame VENUS et le droit de visite et d’hébergement de Monsieur MARS. 

Le juge français, compétent pour statuer sur les obligations alimentaires entre époux, est-il aussi compétent pour statuer sur les obligations alimentaires à l’égard de Sirius ?

Pour déterminer si le juge français est compétent pour statuer sur les obligations alimentaires à l’égard de Sirius, il convient d’appliquer le Règlement (CE) 4/2009 du 18 décembre 2008, dit « Aliments », déjà évoqué dans les précédents chapitres.

Ce règlement prévoit que les juridictions compétentes sont celles de l’Etat membre dans lequel le défendeur à l’action a sa résidence habituelle ou celles de la résidence habituelle du créancier de l’obligation alimentaire. En France, la jurisprudence considère à cet égard qu’en la matière, c’est le parent qui sollicite une contribution à l’entretien et à l’éducation qui est le créancier. 

Monsieur MARS est défendeur à l’action, mais il vit aux Etats-Unis. Les Etats-Unis n’étant pas un Etat membre de l’Union européenne, il n’est pas possible de fonder une compétence sur le règlement « Aliments ».

Toutefois, Madame VENUS est ici créancière de l’obligation alimentaire. En effet, elle est le parent qui sollicite une contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius. Par ailleurs, et dans la mesure où Madame VENUS vit en France depuis plus de six mois, on peut – de la même manière que Sirius – considérer qu’elle a sa résidence habituelle en France. Le juge français est alors compétent pour statuer sur la contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius.

Le règlement « Aliments » prévoit également que les juridictions d’un Etat membre qui seraient compétentes pour statuer sur « une action relative à l’état des personnes » (ce qui renvoie ici à une action en divorce) ou une « action relative à la responsabilité parentale » sont compétentes pour statuer sur les obligations alimentaires à l’égard des enfants, sauf si leur compétence initiale est uniquement fondée sur la nationalité d’une des parties.

Il a été vu, le juge français est compétent pour statuer sur le prononcé du divorce de Madame VENUS et Monsieur MARS, ainsi que sur la responsabilité parentale. Cette compétence n’étant pas uniquement fondée sur la nationalité française des parties, le juge français est donc également compétent pour statuer sur la contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius.

Les parents peuvent-ils choisir le juge compétent pour la pension alimentaire de l’enfant ? Non, le choix des juridictions compétentes n’est pas autorisé pour les litiges portant sur une obligation alimentaire à l’égard d’un enfant de moins de 18 ans.

Quid de la loi applicable à la pension alimentaire de Sirius ?

Afin de déterminer la loi applicable aux obligations alimentaires à l’égard de Sirius, il convient de nouveau d’appliquer le règlement « Aliments ». Pour la loi applicable, le règlement renvoie à cet égard, dans les Etats membres signataires, à l’application du Protocole de La Haye du 23 novembre 2007 sur la loi applicable aux obligations alimentaires. La France est un Etat signataire de ce texte, qui prévoit que les obligations alimentaires soient régies par la loi de l’Etat dans lequel le créancier de l’obligation alimentaire en cause a sa résidence habituelle.

Comme indiqué ci-dessus, Madame VENUS a sa résidence habituelle en France et elle est créancière de l’obligation alimentaire. Ainsi, la loi française est applicable à la contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius.

Comme pour la compétence, le choix de loi n’est encore une fois pas autorisé pour les litiges portant sur une obligation alimentaire à l’égard d’un enfant de moins de 18 ans. Madame VENUS et Monsieur MARS ne peuvent donc pas choisir la loi applicable à la contribution à l’entretien et à l’éducation de Sirius. Si un tel choix avait été possible, Madame VENUS aurait pourtant pu avoir intérêt à ce que la loi new-yorkaise soit choisie par les parties. En effet, on estime généralement que le montant du child support new-yorkais est plus élevé – et donc, plus attrayant – que le montant de la contribution à l’entretien et à l’éducation française.

Si Madame VENUS et Monsieur MARS sont d’accord pour toutes les questions relatives à Sirius ? 

Naturellement, les parents peuvent avoir un accord tant sur l’exercice de l’autorité parentale, que sur la résidence habituelle de l’enfant, le droit de visite et d’hébergement de l’autre parent et sur la pension alimentaire. 

Dans ces conditions, il vous est possible de rédiger un protocole d’accord entre les deux parties. Toutefois, et principalement lorsque l’un des parents vit à l’étranger, il est conseillé de faire homologuer cet accord devant le juge compétent. Si cet accord intervient dans le cadre d’un divorce, il est vivement conseillé de le faire également homologuer par le juge compétent. En effet, afin que les accords puissent circuler entre deux voire plusieurs Etats, il convient d’avoir un jugement d’homologation afin de maximiser les chances de reconnaissance, car un simple document signé n’aura pas la même valeur qu’un jugement selon les Etats.

Le déménagement familial ou une naissance à l’étranger implique de nombreuses questions pour ses enfants. De l’anticipation, à la protection, à l’accompagnement dans le cadre d’un accord ou devant le Juge, le Cabinet CM&A – Chauveau Mulon & Associés et son service EXPATS by CM&A sont à votre disposition pour vous accompagner.

Un article rédigé par Juliette RICHARD, Flavien RICOU, Samuel LELLOUCH, Morghân PELTIER.

Note : les “articles partenaires” ne sont pas des articles de la rédaction de French Morning. Ils sont fournis par ou écrits sur commande d’un annonceur qui en détermine le contenu.

Brèves new-yorkaises : les hôteliers, victimes collatérales de la guerre commerciale de Trump

🏊‍♀️ Après quatre années de travaux, le Davis Center at the Harlem Meer, dans le nord de Central Park, vient d’ouvrir au public. Cet espace, qui remplace l’ancienne Lasker Rink and Pool, offrira des activités tout au long de l’année. Son centre, baptisé « Harlem Oval », évoluera au fil des saisons : patinoire l’hiver, espace vert (en turf) au printemps et à l’automne et piscine en été à partir de juin. Le Davis Center aura coûté 160 millions de dollars. 

🕊 Un groupe de passionnés d’oiseaux à Brooklyn s’inquiète de la disparition de 150 pigeons du Maria Hernandez Park (Brooklyn), soupçonnant qu’ils ont été capturés illégalement pour… des concours de tir en Pennsylvanie.

Ⓜ️ Le Secrétaire américain aux transports a annoncé une coupe des budgets fédéraux pour l’entretien des routes de New York si le péage pour entrer dans Manhattan n’était pas supprimé d’ici le 21 mai prochain. 

💰Bien que contestée par le Real Estate Board of New York (REBNY), la nouvelle loi  (FARE Act), qui exige des propriétaires, et non des locataires, de payer les frais de courtage, entrera en vigueur le 11 juin. Les agents immobiliers et les propriétaires seront condamnés à payer jusqu’à 2 000$ par infraction en cas de frais de courtage illégaux.

👃Greenpoint, Brooklyn a désormais son parfum. Proposé par la marque Bond N°9, il évoquerait la « poire juteuse », la « mousse d’arbre » et le « cardamome frais ». Quoi qu’il en soit, avec son prix de 470 $ la bouteille, le parfum fleure bon la gentrification. 

🇫🇷 Jean-Luc Mélenchon était à New York cette semaine, pour la promo de son livre traduit en anglais, Faites mieux ! Vers la révolution citoyenne (Robert Laffont, 2023). 

🏨 Les hôteliers demandent une réduction de la taxe d’occupation pour compenser la baisse du tourisme attribuée à l’augmentation des droits de douane internationaux imposés par l’administration Trump. Le taux, actuellement à 5,875%, pourrait être réduit à 3% selon la proposition de l’Association des hôtels de New York City.

🏙 L’appartement le plus cher de New York est toujours proposé à la vente dans la tour Steinway. Il s’agit d’un quadruplex (vous non plus vous ne connaissiez pas cette expression ?) dans lequel vous pourrez habiter en vous délestant de 110 millions de dollars. 

⚓️ Un nouveau projet de transport sur l’East River, surnommé « Blue Highway », est en cours de développement à Hunts Point, dans le Bronx. Il vise à réduire le nombre de camions – jusqu’à 1000 par jour – et la pollution, en utilisant des bateaux.

🏊‍♀️ 5,5 millions de dollars, c’est ce que la ville va investir pour donner des cours de natation gratuits à destination de 18 000 élèves new-yorkais. 

📀 Night Owl Video, la seule boutique de location de vidéos – en VHS, DVD et Blu-ray – de New York, ouvre à Williamsburg, comme autrefois !

🐱 L’irrésistible « Hello Kitty Café Truck » fera étape à Flushing, Queens, le samedi 3 mai. Des centaines de fans sont attendus pour faire le plein de gourmandises et de goodies.

🚮 New York, la ville la plus sale des États-Unis ? Mais pas du tout ! La première place est attribuée à Baltimore. Notre belle ville occupe la 17ᵉ place.

😬 Oups ! Les avocats de l’administration Trump ont publié par erreur une note interne détaillant une liste de défauts dans la stratégie juridique du Département des transports américains pour mettre un terme à la congestion.

🚮 Le projet de privatisation du ramassage des ordures a été repoussé à 2027. 

🔥 La qualité de l’air à New York s’est fortement détériorée la semaine dernière à cause des fumées d’un incendie de forêt dans le New Jersey.

✈️ En 2024, une femme d’origine russe était parvenue à embarquer sur un vol New York/Paris sans billet. Voici comment elle a procédé. 

🚁 Après le crash dans l’Hudson River de l’hélicoptère qui a coûté la vie à six personnes le 10 avril dernier, le conseil municipal de NYC a voté pour la limitation des vols d’hélicoptères considérés comme non essentiels. Mais comment allons-nous nous rendre dans nos maisons de Long Island les vendredis soirs ?

🥩 Un projet de loi au Texas propose de renommer le célèbre steak « New York strip » en « Texas strip steak », sous le prétexte que l’essentiel de la viande vient du Texas. Les New-Yorkais sont contre. 

Notre précédente revue de presse évoquait Astoria, une dinde sauvage qui avait quitté son domicile sur Roosevelt Island pour explorer Midtown Manhattan. Las, les habitants de l’île nous ont envoyé des courriers par dizaines pour rétablir la vérité : l’animal s’appelle Rosie (She/Her) et pas Astoria.

Cent jours qui ont ébranlé l’Amérique… et le monde

Il n’aura fallu que cent jours pour que les promesses d’une reprise en main autoritaire se traduisent en actes. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le 20 janvier, Donald Trump a engagé une série de mesures visant à restructurer l’appareil d’État selon les lignes d’une droite dure, centralisatrice et favorable à une déréglementation massive. Le Congrès, dominé par une majorité acquise au président, a accompagné cette transformation, tandis que la Cour suprême, à majorité ultra-conservatrice, en a validé les principaux volets, malgré une orientation idéologique plus que contestable.

Ce programme de reprise en main vise à affaiblir les contre-pouvoirs à tous les niveaux : marginalisation du Congrès, tentative de soumission du pouvoir judiciaire, pressions accrues sur les universités, contrôle du contenu pédagogique, attaques contre des médias, intimidations à l’encontre des artistes, chercheurs, ONG – sans oublier les offensives récurrentes contre les minorités raciales, sexuelles et religieuses.

À cette logique de démantèlement institutionnel – illustrée par la fermeture d’agences fédérales, des licenciements massifs et des coupes budgétaires tous azimuts – s’ajoute une attaque frontale contre les droits électoraux : restrictions sévères sur le vote par correspondance, obligation de prouver sa citoyenneté pour rester inscrit sur les listes – dans un pays sans carte d’identité nationale, où récupérer un acte de naissance peut relever du casse-tête administratif -, et redécoupage électoral visant à diluer le poids de certains électorats, notamment dans les bastions démocrates.

Mettre au pas les universités

Toutes ces mesures s’inscrivent dans le cadre du Project 2025, conçu par la Heritage Foundation, think tank ultra conservateur, qui sert de boussole idéologique à cette présidence. Ce projet vise à redéfinir en profondeur les rouages de l’État fédéral, pour mieux les aligner sur une logique autoritaire – tout en préparant, au passage, le terrain pour un éventuel troisième mandat de Trump, au mépris du 22ᵉ amendement.

Mais c’est peut-être dans le champ universitaire que cette volonté d’alignement idéologique s’exerce aujourd’hui avec le plus de brutalité. Le cas le plus emblématique est celui de Harvard. Le 11 avril, l’administration Trump a adressé un ultimatum à l’université : suppression immédiate des programmes DEI (diversité, équité, inclusion), création d’un comité de surveillance approuvé par le gouvernement, et contrôle renforcé sur le recrutement des enseignants comme des étudiants. Harvard ayant refusé ces conditions, la Maison-Blanche a riposté en gelant 2,2 milliards de dollars de financements fédéraux et en menaçant de retirer son statut fiscal privilégié. Les étudiants internationaux, qui représentent près de 30 % de l’effectif, ont été visés par des annulations de visa, souvent sans préavis ni justification.

Cette offensive contre Harvard n’est pas isolée. Les plus prestigieux établissements du pays sont dans le viseur. Certains tentent de résister, d’autres se soumettent, comme Columbia, qui a déjà accepté les exigences de l’administration Trump : « mise sous tutelle » de certains départements jugés sensibles – études sur le Moyen-Orient, l’Afrique ou encore l’Asie du Sud -, création d’un nouveau service d’ordre interne habilité à interpeller ou expulser toute personne jugée « perturbatrice » sur le campus. Une reddition présentée comme un compromis, mais imposée sous menace de perdre 400 millions de dollars de subventions fédérales.

Les motifs avancés pour justifier cette offensive contre le monde universitaire ? Sa prétendue passivité face à l’antisémitisme, ou sa tolérance jugée excessive à l’égard de certains groupes pro-palestiniens. Mais pour de nombreux observateurs, ces accusations relèvent d’abord d’une stratégie plus large : détourner la lutte contre l’antisémitisme – cause on ne peut plus légitime – pour mieux encadrer la parole publique, restreindre le pluralisme intellectuel et imposer un cadre doctrinal aligné sur les orientations du pouvoir.

La fin du système multilatéral

Ce n’est pas un hasard si l’une des principales instigatrices de cette campagne est Susie Wiles, stratège politique déjà à l’origine de la croisade anti-« woke » menée en Floride par Ron DeSantis. Désormais secrétaire générale de la Maison-Blanche, elle contribue à piloter cette guerre culturelle à l’échelle nationale. Une offensive qui a déjà conduit, dans plusieurs universités, à l’effacement de pans entiers de l’enseignement supérieur : théorie du genre, théorie critique de la race, et autres studies jugées déviantes ou subversives. Elle incarne une mouvance issue de la droite religieuse, où se mêlent puritanisme moral, autoritarisme revendiqué et volonté de redéfinir les normes sociales et académiques.

À l’international aussi, la ligne est claire : détricoter le système multilatéral issu de 1945 au profit d’un modèle bilatéral fondé sur le rapport de force, dans un esprit résolument XIXᵉ siècle. Lorsque Donald Trump a évoqué l’annexion, par la force, d’une partie du Groenland – autrement dit, la revendication territoriale d’un membre fondateur de l’OTAN sur un autre État membre -, il a porté le coup de grâce non seulement à l’esprit de l’Alliance atlantique, mais aussi au système multilatéral dans son ensemble.

Sur le front économique, la méthode reste la même : brutalité assumée et stratégie opportuniste. Le 2 avril, Trump annonce des droits de douane massifs sur une large part des importations, faisant plonger les marchés. Quelques jours plus tard, il suspend ces mesures pour trois mois – sauf pour la Chine – provoquant un rebond. Entre-temps, il publie sur Truth Social : « C’est le moment d’acheter !!! DJT ». De quoi susciter des soupçons de manipulation boursière. Des élus démocrates, qui semblent enfin se réveiller, dont Adam Schiff et Elizabeth Warren, ont demandé à la SEC, régulateur des marchés financiers, d’ouvrir une enquête. Il faut dire que Trump Media & Technology Group, l’une de ses sociétés, a bondi de 21,67 % en Bourse.

Imposer une nouvelle réalité politique et culturelle

Le projet trumpien – qui, faut-il le rappeler, n’est pas celui d’un homme seul, mais d’un courant politique structuré : une droite résolue, que certains n’hésitent pas à qualifier de crypto-fasciste, bien décidée à s’installer dans la durée – s’inscrit dans une dynamique historique amorcée il y a plusieurs décennies. Son objectif : imposer une nouvelle réalité politique et culturelle, où la dissidence est marginalisée et les institutions mises au service d’un pouvoir centralisé et autoritaire. Les universités ne sont qu’une des premières cibles. Elles ne seront pas les dernières.

Ceux qui prétendent que tout cela n’est que passager sont, pour beaucoup, les mêmes qui affirmaient en 2016 que Donald Trump ne serait jamais élu. Ceux qui, après le 6 janvier 2021, assuraient que l’homme ayant appelé ses partisans à marcher sur le Congrès – la seule tentative sérieuse de coup d’État de l’histoire américaine – finirait en prison et ne pourrait plus jamais se présenter à une élection. Ce sont encore ceux qui, il y a quelques mois à peine, étaient convaincus qu’il ne remettrait jamais les pieds à la Maison-Blanche.

Bien sûr, la révolution trumpienne n’a ni l’ampleur ni la radicalité de la révolution bolchevique, qui, dans un tout autre registre, inspira au journaliste américain John Reed le livre Dix jours qui ébranlèrent le monde – dont le titre a inspiré celui de cette tribune. Mais il faut bien reconnaître qu’en à peine cent jours, le pays de l’Oncle Sam, comme le monde, ont été ébranlés. Et si l’on est encore loin d’une dictature à la Poutine, force est d’admettre que les États-Unis ressemblent désormais davantage à la Hongrie de Viktor Orbán qu’à l’Amérique d’Obama ou de Kennedy.

À propos de l’auteur : Romuald Sciora, essayiste franco-américain et directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, est l’auteur de L’Amérique éclatée, paru chez Armand Colin.

Les tribunes publiées par French Morning sont proposées par des personnes extérieures à la rédaction, sur des sujets transatlantiques variés, afin d’alimenter le débat d’idées. La tribune n’étant pas signée par la rédaction, elle ne reflète pas la position de French Morning. Si vous souhaitez contribuer et proposer un texte, merci de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected]