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Le San Diego French Film Festival placé sous le signe de l’amour, du 4 au 7 mai, à La Jolla

Le San Diego French Film Festival revient, du dimanche 4 au mercredi 7 mai, au cinéma La Jolla, à San Diego. Après avoir fait vibrer plus de 750 cinéphiles l’année dernière, un millier de personnes sont attendues pour la 5ᵉ édition, selon Julie Ripoll, directrice de l’Alliance française de San Diego, à l’origine de l’événement. Au programme : quatre jours de projections de courts et longs-métrages francophones – réunis sous le thème de « l’Amour sous toutes ses formes » – et des rencontres uniques.

Le festival débutera dimanche 4 mai à 4pm sur le tapis rouge du traditionnel gala d’ouverture. Celui-ci mettra en vedette le film « En Fanfare », d’Emmanuel Courcol, qui a remporté 7 nominations aux Césars 2025. La projection sera suivie d’une soirée chic avec hors-d’œuvres gastronomiques, desserts, champagne et spectacles, suivis d’une soirée dansante animée par DJ GreGTraXx.

Questions-réponses avec l’équipe de « Neuilly-Poissy »

Lundi 5 mai, la projection de la comédie « Neuilly-Poissy » sera suivie d’une séance de questions-réponses avec l’équipe du film, dont Grégory Boutboul, le réalisateur et Max Boublil, qui incarne le personnage principal, Daniel. Ils viendront spécialement de France pour la première du film aux États-Unis, qui sera ensuite projeté à Los Angeles, San Francisco et Palo Alto en mai.

Mardi 6 mai, les spectateurs pourront découvrir, au choix, « Moto Taxi », dirigé par le Camerounais Narcisse Wandji ou « Quelques Jours Pas Plus », réalisé par Julie Navarro et mettant à l’écran Camille Cottin aux côtés de Benjamin Biolay. Mercredi 7 mai, le festival se conclura avec le drame « Ru », du Québécois Charles-Olivier Michaud. Un vrai bain d’émotions, de réflexion et de culture francophone au cœur de la Californie. Par ici pour découvrir l’ensemble du programme et acheter vos billets.

Sous Trump, la « paranoïa » du passage de l’immigration

Thierry (prénom changé) ne se voit pas comme une cible des services d’immigration. Titulaire d’une carte verte, ce Français de New York, modeste travailleur indépendant, est arrivé aux États-Unis en toute légalité, il y a près de vingt ans, et n’a jamais connu de démêlés avec la justice. 

Mais avec le retour au pouvoir de Donald Trump, il se pose des questions auxquelles il ne songeait pas il y a encore quelques mois : a-t-il pris un risque en se rendant aux manifestations anti-Trump de samedi dernier ? L’administration peut-elle lui chercher des noises pour ses activités de bénévole au chevet de migrants africains ? Peut-il être inquiété s’il se rend à une réunion de sa coopérative alimentaire sur le boycott de produits israéliens ? « Je ne suis pas en première ligne des gens qui risquent d’être réprimés. Cela dit, il y a cette petite musique de tristesse et d’angoisse qu’il est difficile de ne pas ressentir tous les jours » décrit-il.

Ce sentiment est partagé si l’on en croit la multiplication des articles sur les droits des voyageurs étrangers dans les médias américains et sur les sites d’associations de défense des libertés. Le durcissement de la politique migratoire sous le président républicain a soulevé de nouvelles angoisses – pour ne pas dire une certaine paranoïa – chez de nombreux Français, y compris des titulaires de cartes vertes qui se sentaient protégés jusqu’à présent. Celles-ci s’expriment notamment dans les groupes d’immigrés aux États-Unis.

« La peur s’installe dans les populations étrangères »

Dans l’un deux, une utilisatrice en visa O-1 (artistes) a demandé ce qu’elle risquait à quitter le territoire pour assister à un anniversaire au Salvador. Des dizaines de commentaires sont tombés, les uns lui recommandant de rester aux États-Unis, d’autres faisant valoir que l’entrée sur le territoire n’a jamais été automatique et qu’elle n’avait pas de souci à se faire si elle n’avait pas eu de problèmes avec les services migratoires dans le passé. 

« Les policiers aux frontières sont beaucoup plus agressifs qu’avant car l’administration Trump leur a donné carte blanche. La peur s’installe dans les populations étrangères. C’est d’ailleurs l’objectif du gouvernement, explique Sophie Raven, avocate d’immigration franco-américaine. J’ai des clients français qui ne veulent pas sortir des États-Unis car ils ont peur de ne pas pouvoir revenir, même s’ils sont en situation régulière. Je connais aussi des personnes non-blanches ayant des cartes vertes qui craignent d’être ramassées à cause du profilage racial de la police migratoire. »

Cette peur est alimentée par plusieurs cas de refoulement ou de mises en détention très médiatisés. Comme Fabian Schmidt, un Allemand installé aux États-Unis depuis 2007 et titulaire d’une carte verte. Il aurait été « violemment interrogé », selon sa mère, après son atterrissage à l’aéroport de Boston – ce que le gouvernement dément. Son interpellation serait due à un délit commis en 2015 (possession de cannabis).

Des activites pro-palestiniens et des chercheurs visés

Autre cas marquant : celui de Jasmine Mooney. Recrutée par une start-up californienne, elle voulait obtenir un visa de travail réservé aux citoyens du Canada (comme elle) et du Mexique en se rendant dans un bureau d’immigration à la frontière mexicaine. Elle s’attendait à des difficultés étant donné qu’un de ses anciens visas avait été révoqué en raison d’erreurs administratives. Mais pas à être détenue sans raison apparente pendant douze jours en Californie et en Arizona dans des conditions qu’elle a qualifiées d’« inhumaines » (elle a été enchaînée, a dormi sur un tapis dans une cellule, sous une simple couverture thermique…). 

Et puis, il y a l’histoire du chercheur français du CNRS remis dans un avion vingt-quatre heures après son arrivée à Houston, début mars. Selon le ministre français de la recherche, Philippe Baptiste, il aurait été renvoyé parce que des communications personnelles hostiles aux politiques de Donald Trump sur la recherche avaient été retrouvées lors d’une fouille de ses appareils électroniques. Mais le Département de la Sécurité intérieure, responsable notamment de la protection des frontières et des services de douane, a démenti.

« Le chercheur était en possession d’informations confidentielles sur son appareil électronique provenant du Laboratoire national de Los Alamos (berceau de la bombe atomique au Nouveau Mexique, ndr), en violation d’un accord de confidentialité. Il a admis les avoir récupérées sans autorisation et a tenté de les dissimuler, a indiqué un porte-parole du ministère. Toute affirmation selon laquelle son renvoi était motivé par des convictions politiques est manifestement fausse. »

Des activistes pro-palestiniens titulaires d’une carte verte et des scientifiques étrangers sous visa ont également été ciblés. Dans le Rhode Island (nord-est), Rasha Alawieh, docteure spécialisée dans la greffe de rein et professeure adjointe à l’université Brown, a été arrêtée à l’aéroport de Boston et mise dans un avion pour Paris malgré une autorisation de travail en bonne et due forme et l’ordre d’un juge de ne pas l’expulser immédiatement. La police aux frontières avait découvert des images du leader du Hezbollah Hassan Nasrallah dans le téléphone de la Libanaise. À la suite de cet épisode, Brown a conseillé à ses étudiants et enseignants internationaux de ne pas sortir du territoire.

Voyages reportés sous l’effet de la « paranoïa »

Comme le nombre d’expulsions de sans-papiers sous Donald Trump reste inférieur à ce qu’il était sous Joe Biden au même moment l’an dernier, les détracteurs du républicain le soupçonnent de prendre pour cible les étrangers en situation régulière pour gonfler les chiffres. Si les détenteurs de carte verte sont, en théorie, mieux protégés contre les renvois, ce n’est pas le cas des individus sous ESTA ou sous visa. Ils peuvent être refoulés sans appel par l’agent de l’USCIS (U.S. Citizenship and Immigration Services) qui vérifie leurs passeports à l’arrivée.

« Si les visiteurs sont particulièrement nerveux, parlent de visiter des conjoints/amants américains, ou donnent l’impression qu’ils vont rester aux États-Unis au-delà de leur séjour autorisé ou travailler sans autorisation, ils peuvent être remis dans un avion », note Sophie Raven. Elle conseille de « toujours dire la vérité » et de ne rien avancer « qui pourrait contredire les informations qui se trouvent sur leur téléphone ».

Fanny, une Française de New York qui n’a pas souhaité donner son nom, fait partie de ceux qui ont décidé de reporter un voyage à l’étranger au vu du contexte. Titulaire d’une carte verte, elle attend de recevoir la citoyenneté, ce qui devrait intervenir dans les mois qui viennent. « Je ne me sens plus en sécurité avec une carte verte. Je préfère ne pas prendre de risques », dit-elle, tout en admettant se sentir « coupable » de succomber à la « paranoïa ». « On a l’impression que tout peut arriver avec Trump. » 

Cécile Viarouge : 20 ans de vie nomade, de Bergerac à Shanghai, en passant par le Wisconsin et l’Australie

« Si on n’était pas partis, peut-être qu’on ne serait même pas restés ensemble. » Cette phrase, pleine de sincérité, Cécile Viarouge la prononce sans détour. Elle résume avec simplicité le fil rouge de sa vie depuis plus de 20 ans : bouger, ensemble, avec Simon son compagnon devenu mari, leurs deux enfants… et depuis peu, leur chien.

Quand on écoute Cécile raconter son histoire dans le podcast French Expat, c’est un véritable roman de vie qui défile. Tout commence à Bergerac, dans le sud-ouest de la France, là où elle grandit. À 17 ans, elle croise la route de Simon. Dix ans plus tard, il lui passe enfin la bague au doigt — mais entre-temps, ils auront surtout construit une vie à deux fondée sur l’amour du voyage et de l’aventure.

Quitter la routine, direction l’inconnu

Le grand saut ? Il se fait presque sur un coup de tête. Lassés de leur quotidien, ils s’envolent pour l’Australie, sac à dos sur le dos, après un détour de quelques semaines en Asie du Sud-Est. Cécile se souvient encore, hilare, de leur premier van vide qu’ils ont bricolé eux-mêmes, au fin fond des Blue Mountains dans la région de Sydney. « C’était peut-être prémonitoire, cette vie de minimalisme nomade. »

Mais c’est à Shanghai que les choses prennent une autre ampleur. Simon décroche un VIE (Volontariat International en Entreprise) et Cécile tombe enceinte peu après leur arrivée. Choc culturel, barrière de la langue, système médical déroutant… rien ne les arrête. « En Chine, je suis devenue maman. » Sept années passées à apprivoiser une nouvelle culture, à apprendre le mandarin, à se déplacer en tuk-tuk et à partager leur quotidien avec une « ayi » devenue membre de la famille. Leur fille y naît, puis leur fils, et Cécile s’épanouit dans ce rôle de mère expatriée, aussi curieuse qu’engagée dans sa vie locale.

Des enfants citoyens du monde

Quand vient le temps de changer d’air, c’est une nouvelle aventure qui s’offre à eux : direction le Wisconsin aux Etats-Unis. Une région méconnue, entre Chicago et Milwaukee, dans laquelle ils posent leurs valises et achètent leur première maison. Pour la première fois, ils se projettent vraiment dans le futur et veulent y poser leurs bagages pour quelques temps. « On investit ici, les enfants sont à l’école, on se dit que peut-être, c’est là qu’on va rester. »

La transition n’est pas toujours facile — surtout l’hiver, glacial — mais les enfants, eux, s’adaptent à une vitesse folle. Cécile reste fascinée par leur capacité à se faire des amis, à jouer, sans parler un mot d’anglais au départ. « Le jeu, c’est un langage universel. Eux n’ont pas peur d’aller vers les autres. »

Se construire en mouvement

Ce que Cécile partage avec tant de générosité dans cet épisode, ce sont surtout les petites choses comme l’hôpital mystérieux qui l’accueille en Chine, les toilettes sans porte à Pékin, les soirées karaoké jusqu’à l’aube, la difficulté d’être loin de sa sœur après la perte brutale de leur mère, ou encore le bonheur simple de faire des dumpings maison pour le Nouvel An chinois avec ses enfants. Son histoire est celle d’une résilience tranquille, d’une vie de couple forte et tendre, d’une maternité nomade, d’une hypersensibilité assumée, et d’une ouverture constante à l’autre et à l’ailleurs.

Aujourd’hui en attente de sa green card, Cécile ne sait pas de quoi demain sera fait. Mais elle sait qu’elle est prête : « Je me sens chez moi, mais si demain une opportunité se présente, on repart. »

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : SpotifyApple PodcastDeezerGoogle PodcastPodcast AddictAmazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.

Madame Arthur : le plus vieux cabaret travesti parisien à la conquête de New York

Le cabaret historique de Pigalle, Madame Arthur, vient se produire à New York pour la troisième fois, le samedi 19 avril, au Poisson Rouge. Au programme de ce drag show : un tour de chant burlesque, pour la première fois en anglais. Les « créatures », Diamanda Callas, Lola Dragoness von Flame et Tony Blanquette, toutes bilingues, s’accaparent les grands classiques de la chanson française, dans des traductions anglaises drôles et fantasques. L’énergie de la performance, toute en paillettes, et l’interaction entre les artistes et le public, garantissent un spectacle désopilant au charme très français.

Lola Dragoness Von Flame. ©Ondine S-B – Tony Blanquette. ©Félix Glutton – Diamanda Callas. ©Felix Glutton / Madame Arthur.

Depuis 1946, Madame Arthur est la première salle à avoir programmé du cabaret travesti. Elle est toujours la référence en la matière, portant haut la culture LGBTQ+. Pionnière dans l’âme, elle développe aussi une offre en ligne : Madame Arthur Experience, qui donne accès aux spectacles du cabaret pour 8€ par mois.

Madame Arthur fait cap sur New York, depuis 2024, toujours au Poisson Rouge, où l’établissement se produit régulièrement dans le but d’exporter la tradition de ses shows de drag queens. Les deux séances du samedi 19 avril, à 6pm et 8:45pm, devraient, comme les fois précédentes, rencontrer un public très varié mêlant la communauté LGBTQ+ de Greenwich Village à un public français ou francophile large, avide de glamour provocant. Hello New York !

Madame Arthur se produit à New York depuis un an. © Madame Arthur

Où acheter des chocolats pour Pâques à Los Angeles ?

À l’approche de la fête de Pâques, qui sera célébrée le dimanche 20 avril, à Los Angeles, les vitrines de vos boulangeries et chocolateries préférées s’emplissent d’œufs, de lapins ou d’autres créations plus inattendues. French Morning vous indique les adresses (la plupart françaises) où trouver des gourmandises à cacher dans le jardin ou à offrir le jour de Pâques.

Pitchoun Bakery à Downtown LA

Pour découvrir l’étendue de la palette de gourmandises proposées par Pitchoun Bakery pour Pâques, allez sur leur site Internet : une farandole de gâteaux colorés et appétissants, de mini-desserts chocolatés, d’oeufs et de lapins en chocolat de toutes sortes vous y attendent… Des gourmandises à offrir ou à cacher dans le jardin le jour de Pâques. Au milieu des boîtes de truffes en chocolat et des cookies au glaçage délicat, il y a même des sachets de minuscules œufs au sucre aux couleurs pastel de notre enfance. Pour être sûrs de trouver votre bonheur, il est conseillé de passer commande à l’avance. 

Pitchoun Downtown 545 S Olive St.Los Angeles, CA  90013 Tel: 213.689.3240 [email protected] 

Sweet Lily Bakery à Studio City

Le 26 mars dernier, le patron de Sweet Lily Bakery a été victime d’un violent braquage, dans sa boulangerie-pâtisserie de Studio City, comme le rapportait French Morning. Alors si à l’approche de Pâques, Thibault Leymarie et Marine Le Faucheur n’avaient pas vraiment le cœur à la fête, ils se sont tout de même lancés dans la confection de spécialités en chocolat pour régaler leurs clients. Les années précédentes, Thibault Leymarie avait remporté un franc succès avec ses escarpins chocolatés. Venez découvrir leurs créations en boutique, et en profiter pour glisser aux Français un petit mot d’encouragement !

Sweet Lily Bakery, 3315 Cahuenga Blvd Los Angeles, CA 90068 323.499.1888. [email protected]

Ladurée à Beverly Hills

Chaque année, Ladurée revient avec une collection spéciale. © Ladurée

Chez Ladurée, pour Pâques, macarons et chocolats s’alignent dans de jolies boîtes ornées de mimosa. Des douceurs à offrir (ou s’offrir), comme ces traditionnels lapins de Pâques au chocolat au lait, chocolat noir, ou chocolat blanc coloré en rose (en deux tailles). La maison propose (assez cher) toutes sortes d’assortiments et de coffrets, vendus aux côtés de boîtes de thé, de cakes au citron, de tote bags roses ou vert d’eau estampillés Ladurée ou de livres de pâtisserie… Pour les nostalgiques de la France. 

Ladurée, 311 N Beverly Drive Beverly Hills CA CA 90210 ; (310) 623-1100 [email protected] 

Francium Chocolate à Tustin (Comté d’Orange)

Chez Francium Chocolate, la chocolaterie du meilleur ouvrier de France Stéphane Tréand, l’air embaume le chocolat toute l’année, mais plus particulièrement en cette période de Pâques… Dans ses vitrines, les classiques bonbons au chocolat à la réalisation impeccable (à la fleur de sel, au thé Earl Grey ou à la feuillantine noisette) trônent aux côtés de barres chocolatées innovantes, à l’enrobage craquant et au cœur coulant. Ces temps-ci, Francium Chocolate décline en effet la décadente « Dubai chocolate bar » en de nombreux parfums (cannelle, cardamome, matcha, s’more, noisette…) Des gourmandises allégées en sucre et sans additifs, qui ont fait le bonheur de l’influenceuse @keilanieeat, comme elle le raconte dans sa vidéo Instagram.

Francium Chocolate, 3057 Edinger Ave., Tustin, CA 92780. (714) 440-3038. [email protected]

ID Eclair à Old Pasadena

Les « kushyflakes » d’ID Eclair, à Old Pasadena. © DR

Si vous rêvez de chocolats végans, vous trouverez certainement votre bonheur chez ID Eclair, la nouvelle boulangerie-pâtisserie du chef français Romuald Guiot, à Old Pasadena, dont French Morning vous parlait il y a peu. Vous pouvez découvrir sur son site ses douceurs chocolatées 100% « plant-based » (sans œufs, ni produits laitiers, ni miel) comme l’ensemble de ses créations sucrées et salées vendues en boutique. Flocons croustillants de beurre de cacahuète enrobés de chocolat noir et de matcha ; truffes au chocolat blanc ou au chocolat noir, mais aussi cannelés, cookies, éclairs, «⁠⁠⁠ desserts en jarre » et paniers de gourmandises à offrir… De quoi régaler tout le monde autour de la table le jour de Pâques. 

ID-Eclair, 169 West Green Street, Pasadena, California 91105. 718-964-8485

Milla Chocolates à Culver City

À Culver City, dans sa boutique au design minimaliste, Milla Chocolates propose une vaste de gamme de chocolats artisanaux réalisés avec  « les ingrédients de la plus haute qualité à travers le globe.» Bonbons au caramel au sésame noir, barres de praliné aux noisettes, amandes caramélisées enrobées de chocolat aromatisé à la framboise ou au sel rose de l’Himalaya et autres merveilles côtoient des Easter bunnies aux formes géométriques, et des œufs de Pâques dorés, vendus en plusieurs formats et saveurs dans d’élégants coffrets. 

Milla Chocolates, 9414 Venice Blv, Culver City, CA 90232. 310-876-1021.

Rachat d’un cinéma historique à New York : le pari réussi d’Adeline Monzier

Pour Adeline Monzier, c’est un rêve qui devient réalité. La Française et le distributeur new-yorkais Ira Deutchman ont obtenu les sept millions de dollars nécessaires à l’acquisition du Metro Theater, un cinéma historique de l’Upper West Side fermé depuis 2005. L’annonce a été faite dimanche 6 avril lors d’une conférence de presse devant l’édifice, en présence de plusieurs élus locaux qui ont soutenu le projet.

« On a presque du mal à y croire nous-mêmes, mais quand on s’est lancé dans l’aventure, on s’est toujours dit qu’on arriverait à convaincre les gens que c’était une bonne idée », se félicite Adeline Monzier, qui fût la représentante d’Unifrance aux États-Unis dans une autre vie.

L’objectif : transformer cet endroit légendaire en un cinéma d’art et d’essai de cinq salles, avec un café-restaurant. Le projet a reçu le soutien d’une belle brochette de stars (Martin Scorsese, Ethan Hawke, Frances McDormand…), mais il doit son salut à Steven Spielberg, dont la fondation a apporté la moitié des fonds nécessaires au rachat du bâtiment par l’Upper West Side Cinema Center (UWSCC), l’association à but non-lucratif créée par Adeline Monzier et Ira Deutchman. 

La ville et l’État de New York ont mis la main à la poche

La participation du réalisateur de renom et les bienfaits économiques et culturels attendus de cette revitalisation ont convaincu l’État de New York de mettre la main à la poche. Le Sénat de l’État et la gouverneure démocrate, Kathy Hochul, ont respectivement donné 500 000 et 3,5 millions de dollars pour permettre l’acquisition. 

Depuis sa fondation, le Midtown Theater (son nom initial) est passé entre plusieurs mains, devenant même un cinéma X dans les années 1970. La chaîne de salles de sport Planet Fitness et les ciné-restos Alamo Drafthouse se sont montrés intéressés par la location du bâtiment classé, mais les démarches n’ont pas abouti. 

Quand Adeline Monzier et Ira Deutchman, qui cherchaient à monter un cinéma d’art et d’essai, ont appris, en avril 2024, que le Metro Theater était en vente, ils ont sauté sur l’occasion. Tout en entamant des discussions avec les propriétaires – la famille de l’ex-développeur immobilier Albert Bialek -, ils ont obtenu le soutien des New Friends of the Metro Theater, une association locale qui milite pour la réouverture du lieu, et un non moins précieux article dans le New York Times en juillet.

« Il y a un vrai enthousiasme de la part du quartier »

Le coup d’accélérateur décisif s’est produit en décembre dernier, alors qu’une deadline imposée par les propriétaires approchait pour la vente. « On avait effectué des petits fundraisers divers, rencontré beaucoup de gens… On avait le sentiment d’arriver au bout de ce qu’on avait imaginé pouvoir faire, mais c’est à ce moment-là que les politiques ont pris le relais», se félicite Adeline Monzier.

La récolte de fonds n’est pas terminée pour autant. Ils doivent à présent trouver autour de vingt millions de dollars pour la rénovation du bâtiment, avec l’espoir d’une participation de la Ville de New York. « Nous entrons dans le dur, résume la Française. En ayant annoncé des grands noms comme Steven Spielberg et complété ce rachat malgré le scepticisme et le calendrier resserré, nous espérons qu’il y aura plus de confiance et qu’il sera plus facile de convaincre les gens. »

Son organisation lancera une série de dix projections au printemps et à l’été autour du thème de l’amour du cinéma, en partenariat avec des groupes de l’Upper East, l’Upper West Side et Harlem (Maysles Cinema, Symphony Space…). Objectif : fidéliser un public pendant les travaux qui devraient durer deux ans et demi. Adeline Monzier l’a constaté à l’occasion de l’annonce de la reprise, qui a eu lieu lors d’une foire de rue sur Broadway : « Il y a un vrai enthousiasme de la part du quartier, assure-t-elle. Au-delà de combler un manque en termes de cinéma d’art et d’essai dans cette partie de la ville, nous répondons, aujourd’hui plus que jamais au vu de la détérioration du climat politique, à un besoin de positivité et de communauté. »

Disparition de Francis Layrle , pilier de la gastronomie française à Washington 

C’est une bien triste nouvelle qui secoue la communauté francophone et le monde de la gastronomie à Washington D.C. : Francis Layrle, chef emblématique du restaurant La Piquette, s’est éteint le 20 mars dernier à l’âge de 73 ans, des suites d’un cancer des voies biliaires. Sa disparition laisse un grand vide chez les amoureux de la bonne cuisine, ceux pour qui un repas est avant tout une affaire de cœur, de mémoire et de partage. Diagnostiqué il y a quelques mois seulement, il avait dû se retirer des fourneaux, un univers qu’il n’avait jamais vraiment quitté depuis son enfance en Gascogne. La cuisine était chez lui une passion autant qu’un héritage familial.

Un pilier de la gastronomie tricolore aux États-Unis 

Arrivé aux États-Unis en 1973, il intègre les cuisines de l’ambassade de France à Washington, d’abord comme assistant, avant de devenir chef exécutif. Pendant 3 décennies, il servira 7 ambassadeurs, incarnant avec humilité l’excellence à la française.  

En 2013, il rejoint La Piquette, un petit bistrot parisien situé sur Macomb Street NW, ouvert par Cyrille Brenac et Bruno Fortin, déjà à l’origine du Bistro Lepic, une autre adresse incontournable pour la communauté française de la capitale. Nichée au cœur de Cleveland Park, La Piquette, un nom clin d’œil, est vite devenue un repère pour les gastronomes américains, les nostalgiques des bistrots français et les gourmets en quête d’authenticité. À sa tête, Francis Layrle y distillait « son amour des bons produits, de la cuisine simple, sincère et généreuse » enracinée dans ses souvenirs d’enfance et ses racines gasconnes, comme en témoigne son épouse Catherine, sa partenaire depuis plus de 30 ans.

Le chef Francis Layrle partageait dans son restaurant La Piquette son amour des bons produits et de la cuisine simple, sincère et généreuse. © Catherine Layrle

Un héritage toujours vivant

Le restaurant continue de faire vivre son esprit grâce aux équipes en place et aux deux sous-chefs qu’il a lui-même formés. Malgré le vide laissé par la disparition du chef, « ils mettent un point d’honneur à poursuivre son travail », assure Cyrille Brenac, contacté par téléphone. Aucun changement n’est prévu pour l’instant : la carte, toujours signée par Francis Layrle, conserve ses plats emblématiques, comme le gâteau à l’orange, une recette familiale devenue culte auprès des habitués. Le chef Claudio Pirollo, du restaurant belge Et Voilà, se souvient avec émotion de son mentor, qui lui a transmis l’amour de la cuisine et le respect des bons produits. Plus qu’un confrère, « un ami qu’il n’oubliera jamais » nous a-t-il assuré. 

En attendant la « celebration of life » qui réunira ses proches et ses collègues dans un cadre privé le lundi 12 mai prochain, Cyrille Brenac nous a indiqué qu’un hommage discret lui a déjà été rendu au sein du restaurant : une plaque a été apposée à la table où le chef, souvent de noir vêtu, aimait s’asseoir en salle, observant avec bienveillance le service et saluant les habitués. Son esprit habite encore ces lieux, auxquels il avait su insuffler une véritable âme au cours de ces 12 dernières années. 

Une cagnotte en ligne, lancée par Bruno Fortin et Cyrille Brenac en soutien à la famille Layrle, a déjà récolté de nombreux témoignages de soutien de la part de ses proches, amis, clients et anonymes. Elle devrait rester ouverte jusqu’au 12 mai prochain. 

Oeufs, poules, lapins : Où trouver des chocolats de Pâques à Miami en 2025 ?

« Le seul moyen de se débarrasser d’une tentation, c’est d’y céder », écrivait Oscar Wilde. À l’approche de Pâques, difficile de lui donner tort face aux lapins, poules et autres douceurs en chocolat qui s’invitent dans les vitrines de Miami et des environs. Voici une sélection d’adresses où faire le plein de douceurs pour la traditionnelle chasse aux œufs du dimanche 20 avril. Une liste non exhaustive : si vous n’y figurez pas, écrivez-nous !

Miami Beach

Premier Pâques sous les palmiers floridiens pour Douceurs & Tralala (anciennement Crazy Croissant), une enseigne installée depuis octobre sur Alton Road. Aux commandes : le chef Grégory Fournier-Bidoz, membre des Disciples d’Escoffier, son épouse Nathalie et le chef pâtissier Julien Gaudin. Leur création de saison : un entremets aux mousses chocolat noir et lait, coiffé d’un nid garni de petits œufs. À déguster en format individuel (10 $) ou à partager pour 6 à 8 personnes (60 $). 1570 Alton Rd, Miami Beach – (786) 960-6866

Miami

Nul doute que vous croquerez à pleines dents les petits œufs, poussins et lapins en chocolat noir intense ou au lait crémeux (de 1,95 $ à 195 $) qui trônent fièrement dans les vitrines de l’Atelier Monnier, une enseigne gourmande dotée de quatre points de vente dans l’aire métropolitaine de Miami. 848 Brickell Ave, Miami – (305) 456-5015 ; 1300 Collins Ave, Miami Beach – (786) 359-4033 ; 9825 SW 40th St, Miami – (786) 452-7780 ; 9563 S Dixie Hwy, Pinecrest – (305) 666-8696

À l’occasion de Pâques, Ladurée troque ses célèbres macarons pour des créations chocolatées tout aussi raffinées. Œufs garnis estampillés du « L » emblématique (34 $ à 46 $), lapins aux trois chocolats (20 $) : une déclinaison chic et sucrée à retrouver dans leurs deux adresses de la région. 140 NE 39th St, Miami – (786) 238-7250 ; 19501 Biscayne Blvd, Aventura – (305) 331-3613

Chez Romanicos Chocolate, les amateurs de douceurs cacaotées sont à la fête. Située sur Coral Way, cette chocolaterie propose des lapins en chocolat (15 $), des boîtes de dix petits œufs (27 $) ou encore un œuf géant garni de friandises pour les plus gourmands (65 $). 2337 Coral Way, Miami – (305) 854-9936

Le chocolat se décline en tailles et en formes variées, dans un esprit artisanal, au sein de l’enseigne Bonjour Bakery, dirigée par Éric Buffenoir, originaire de La Rochelle. Œufs (8,25 $ à 29,99 $) et petits lapins (7,49 $) à la texture fondante, à découvrir dans les quatre établissements de Miami et ses environs. 16650 SW 88th St, Miami ; 1435 N Park Dr, Weston ; 10800 Pines Blvd, Pembroke Pines ; 997 N Greenway Dr, Coral Gables – (786) 534-8141

Exquisito Chocolates joue la carte de la créativité. En plus de ses œufs en chocolat fourrés au caramel ou au praliné (à partir de 14 $), la boutique de Calle Ocho dans le quartier de Little Havana propose un kit original pour décorer soi-même ses œufs en chocolat (59 $), idéal pour une activité en famille. 2606 SW 8th St, Miami – (786) 558-4580

South Miami

Les effluves cacaotés chatouillent les narines dans cette boutique de South Miami, baptisée Garcia Nevett, où les sœurs éponymes confectionnent leurs chocolats à partir de fèves de cacao provenant du Vénézuela, leur terre natale. Susana, qui a fait ses classes à l’institut Le Cordon Bleu de Paris avant d’intégrer l’école d’arts culinaires Lenôtre à Rungis, et Isabel proposent des petits poussins, des lapins ainsi que des œufs fourrés de caramel et de praliné (8 $), mais aussi une grosse poule garnie (35 $). 7312 Red Rd, Miami – (305) 749-0506

Coral Gables

Les becs sucrés pousseront la porte de l’établissement Chocolate Fashion où la liste des délices chocolatés faits maison n’en finit pas de s’allonger : chocolat noir, au lait ou blanc, agrémenté d’amandes fraîches, de noisettes ou encore avec un zeste d’orange. Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Pour Pâques, deux entremets en édition spéciale : un gâteau mousse chocolat avec nid d’œufs, et une version à la framboise et mousseline vanille. 248 Andalusia Ave, Coral Gables – (305) 461-3200

Guerre commerciale : les risques et la voie étroite vers une résolution

Les chefs d’entreprise américains comme européens avaient entamé le deuxième mandat du président Trump avec un certain optimisme. Les discours de campagne, pourtant très clairs sur les intentions de renforcer le protectionnisme, passaient pour d’habiles postures de négociation. D’autant que les hausses de droits de douane décidées au cours du premier mandat contre la Chine avaient fini par rencontrer un vaste consensus dans la classe politique comme dans l’opinion, et n’avaient d’ailleurs pas été remises en cause par le président Biden. 

C’est donc peu de dire que les annonces du 2 avril ont été accueillies avec stupeur, causant un effondrement des marchés comme on n’en avait pas vu depuis la période du Covid. Les taxes douanières frappent la plupart des grandes économies sur toutes leurs exportations (20% pour l’Union européenne, entre 54% et 70% pour la Chine). Donald Trump considère que les États-Unis, pourtant l’économie la plus performante et la plus innovante au monde ont été « arnaqués » par le reste de la planète. Ce paradoxe apparent relève-t-il de la mauvaise foi ou d’une explication plus profonde ? 

En fait, depuis 2016, Donald Trump s’est fait le champion des perdants de la désindustrialisation – d’autant plus qu’ils constituent sa base politique. En principe, l’enjeu est de réparer les dégâts causés par la globalisation et l’ordre mondial instauré par les accords de Bretton Woods. Il est en effet avéré que les 30 dernières années ont connu une réduction des inégalités entre pays au prix d’une augmentation des inégalités à l’intérieur des pays. Le dumping social et toutes sortes d’externalités ont appauvri les classes ouvrières puis les classes moyennes, avec à la clé, pertes d’emploi et explosion des coûts de la protection sociale : Maurice Allais ne disait pas autre chose, et déjà conseillait la mise en place de taxes douanières dissuasives entre grands blocs relativement homogènes et au contraire le libre-échange à l’intérieur d’un bloc donné (comme l’Europe).

Les États-Unis, le « winner takes all »

Malheureusement, l’explication rationnelle s’arrête là. La motivation de Donald Trump ne semble pas découler d’un désir sincère de cadre concurrentiel international plus juste. Les droits de douane annoncés ne sont en rien « réciproques », ne compensent en rien une injustice quelconque causée par les partenaires commerciaux des États-Unis. Ils reposent sur une appréciation arbitraire du déficit commercial entre pays. Il faut être très clair : la relation commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne est aujourd’hui à l’équilibre. L’Union européenne n’accuse qu’un léger surplus de l’ordre de 3% de l’ensemble des échanges commerciaux en biens et services. 

Or nous sommes dans une économie dominée largement par les services, et donc dans une configuration très différente de celle qui prévalait aux XIXᵉ siècle ou jusqu’au milieu du XXᵉ siècle. Aux États-Unis, les services représentent 80% du PIB et c’est l’insolente santé de ce secteur qui fait aujourd’hui la force de son économie. En fait, les États-Unis concentrent l’essentiel de la performance économique mondiale : c’est le « winner takes all ». On le voit très concrètement dans la composition des indices mondiaux, investis à près de 70% dans les actions américaines. Les États-Unis s’appuient sur une forte innovation technologique, mais aussi sur l’avantage du dollar (première monnaie de réserve), souvent qualifié d’exorbitant, et sur de multiples pratiques « extraterritoriales » – véritables diktats sur les entreprises étrangères, parfois en parfaite contradiction avec le droit local.

Dans tous les cas, une balance commerciale négative n’est pas un signe de faiblesse économique : les États-Unis se concentrent sur leurs secteurs d’excellence et délèguent les productions à plus faible valeur ajoutée au reste du monde. Il est pour le moins étrange de reprocher aux autres pays une décision prise en connaissance de cause par les États-Unis pour leur propre avantage. Autrement dit, la première puissance économique mondiale veut le beurre et l’argent du beurre.

L’Europe pourrait subir des ajustements à la hausse des tarifs

L’arbitraire est aussi clairement dominant dans le mode de calcul des nouvelles taxes, indexés directement sur le déficit commercial en biens de consommation (hors services, donc). Mais, par magnanimité sans doute, on divise les montants par deux. Ainsi pour l’Union européenne, comme le déficit se monte à 236 milliards de dollars en 2024, par rapport à un total d’importations de 606 milliards, la taxe est fixée à 19,5%, chiffre arrondi à 20%.

La Chine a eu moins de chance parce que, à ce calcul s’ajoutent toutes les taxes décidées précédemment. Comme le ratio déficit / importations a beaucoup fluctué dans le passé et est monté jusqu’à 45% pour l’Union européenne, on est en droit de craindre de nouveaux ajustements à la hausse dans le futur. L’administration américaine aura d’autant moins de réticences à taxer l’Europe que les importations européennes concernent surtout des produits de luxe qui impactent peu le panier de la ménagère américaine-type, et donc l’inflation.

Quel impact peut-on prévoir et quelle doit être la réponse européenne ? Il est tout d’abord triste de constater que certaines entreprises pourraient se retrouver très rapidement en faillite si leur chiffre d’affaires dépend trop de leurs exportations aux États-Unis, même si l’administration américaine prévoit des exceptions sectorielles, notamment dans la santé et l’industrie pharmaceutique.

Le scénario d’une spirale de récession aux États-Unis

Plus généralement, la croissance globale et la croissance américaine pourraient être durement impactées : on est passé en tout juste deux mois d’une prévision de près de 3% de croissance pour les États-Unis à un scénario très probable de spirale de récession, d’autant qu’au niveau des taxes s’ajoute une immense incertitude qui laisse les entreprises et les investisseurs désemparés. La tech est particulièrement touchée parce qu’elle importe beaucoup, notamment de l’Asie. La Réserve fédérale et le FMI sont déjà en alerte quasi maximale.

Plus grave encore, en cas de découplage complet des économies américaines et chinoises et de constitution de blocs d’échanges autonomes, la perte de PIB mondial pourrait aller de 5% (estimation du FMI) à 12% (estimation de l’OMC). Les précédents historiques ont aussi de quoi nous effrayer, même si l’environnement économique était fort différent : le Tariff Act de 1930 aux États-Unis avait ainsi instauré une hausse des droits de douane d’environ 20% pour tous les pays, et conduit à une escalade de mesures de rétorsion, à une intensification de la Grande Dépression et à une chute du commerce mondial de 65%.

Enfin, pour les pays en voie de développement, déjà victimes du changement climatique, cet épisode pourrait conduire à une replongée de centaines de millions de personnes dans l’extrême pauvreté, tout comme durant la période de Covid. À moyen terme, les conséquences pourraient aussi inclure instabilité politique et conflits armés.

L’espoir d’une guerre commerciale courte

Pour l’Europe l’équation n’est pas facile : quelle voie est la moins périlleuse pour son économie déjà bien atone ? Faire le dos rond et négocier ou répliquer et tenter le rapport de force ? Les entreprises européennes seront tentées de contourner les droits de douane : non plus en délocalisant au Mexique comme l’avaient fait les entreprises chinoises puisque les taxes s’appliquent désormais partout, mais en jouant sur les disparités règlementaires.

La régulation est aussi une carte à jouer pour les gouvernements européens, mais pour amadouer les États-Unis, il faudrait essentiellement déréguler, enlever les nombreux obstacles aux exportations américaines, et donc se résoudre le plus souvent à un nivellement par le bas. L’autre arme pour l’Europe est le levier fiscal et l’augmentation des aides aux entreprises, mais dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, avec la nécessité du réarmement, il n’existe d’autre variable d’ajustement que la protection sociale et on voit mal comment les opinions publiques s’en accommoderaient.

On peut toutefois se montrer optimiste sur les chances d’une guerre commerciale courte, surtout si les Américains prennent conscience de l’effet boomerang de leur agenda protectionniste, notamment sous la pression de l’extrême fébrilité des marchés. L’objectif des taxes douanières est la réindustrialisation : or relocaliser une usine aux États-Unis est un projet de plusieurs années. On voit mal comment les entreprises pourraient prendre des décisions de long terme dans un tel climat d’incertitude. Et donc le risque pour le président Trump, c’est de devoir se confronter aux dommages de sa politique sans aucun des avantages espérés. La situation ne sera pas tenable.

Dans tous les cas, il faut espérer que cette nouvelle épreuve agira comme un coup de semonce pour l’Europe et comme une motivation de plus pour mettre en action le plan Draghi au plus vite !

Yann Coatanlem, qui vit à New York, est économiste, co-fondateur de GlassView et président du Club Praxis. Il est le co-auteur du Capitalisme contre les inégalités (PUF), Prix Turgot 2023.

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Chaque semaine, French Morning publie la tribune d’une personnalité, extérieure à la rédaction, sur des sujets transatlantiques variés, afin d’alimenter le débat d’idées. La tribune n’étant pas signée par la rédaction, elle ne reflète pas la position de French Morning. Si vous souhaitez contribuer et proposer un texte (600 à 1200 mots), merci de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected]

Droits de douane : ambiance tendue dans les départements «⁠⁠⁠ supply chain » des grands groupes

Voilà plusieurs mois que les départements de supply chain des entreprises se préparent aux hausses des droits de douane. Mais même chez ces professionnels aguerris, la violence des annonces de « Liberation Day » a pris de court. Alors que faire ? Déclarer le branle-bas de combat et revoir à la hâte ses sources d’approvisionnement pour tenter de tirer son épingle du jeu ? Ou préparer ses arrières sans se précipiter, en espérant que les négociations en cours porteront leurs fruits ?

Se tenir prêt, mais ne pas réagir à chaud

« Cette semaine ressemble à une semaine sans fin », soupire le responsable supply chain d’un groupe de cosmétiques. Comme nombre de ses collègues, il mise sur la flexibilité dans ce contexte hautement instable : « Les choses changent tellement vite que la clé sera la flexibilité. À ce stade, nous sommes plus dans la collecte d’informations que dans l’action. Tout le monde n’est pas affecté de la même manière, donc il n’y aura pas de solution unique. Il faut garder la tête froide, réagir à la va-vite ne serait pas une bonne stratégie. »

Même son de cloches chez Pfizer, où l’ambiance est « studieuse » : « L’heure est à l’analyse », décrit Magali di Zazzo, Senior director supply chain. Si les médicaments ont jusqu’ici été épargnés par les annonces du président, il y a fort à parier que leur tour viendra rapidement : « Il y a un consensus politique depuis plusieurs années pour rapatrier la production de médicaments localement, aux États-Unis comme ailleurs, explique Magali di Zazzo. Big pharma est une cible politique très forte, donc tout est possible ».

Peut-être plus encore que d’autres, l’industrie pharmaceutique est coutumière du fait : dans ce secteur hautement stratégique, les changements de régulation sont fréquents et l’entreprise a une équipe « qui regarde en permanence où il faut s’implanter ». Ainsi, l’annonce d’Emmanuel Macron, lors du sommet « Choose France » en mai 2024, de garantir la stabilité des prix des médicaments si leur production était relocalisée en France, s’est soldée par la relocalisation de certaines chaînes de production dans l’hexagone. « C’est notre quotidien, donc nous savons adapter notre infrastructure à la situation géopolitique », résume Magali di Zazzo.

Régionaliser la supply chain

Cela fait plusieurs années que de nombreux groupes industriels travaillent sur la régionalisation de leur supply chain, pour sourcer les matériaux au plus près des lieux de fabrication. Quand la rationalisation et les économies d’échelle militent plutôt pour regrouper les achats et minimiser le nombre des fournisseurs, les coûts de transport et maintenant les droits de douane militent au contraire pour les régionaliser. Certains fournisseurs l’ont bien compris, qui se sont implantés dans plusieurs pays, telles ces entreprises chinoises de packaging qui ont ouvert des filiales au Mexique ou même à Taïwan suite aux premières hausses des droits de douane sous Trump I.

Du côté de chez Longchamp, l’annonce de la hausse des droits de douane avec le voisin canadien a accéléré la création d’un entrepôt au Canada, qui desservira le marché canadien sans passer par les États-Unis.

Optimiser les capacités de production existantes

Alors que le président américain clame haut et fort vouloir réindustrialiser le pays, la plupart des entreprises se concentrent en premier lieu sur l’optimisation de leurs capacités de production existantes. Ainsi, certaines usines américaines aujourd’hui spécialisées sur une gamme réduite de produits pourraient devenir plus polyvalentes, pour produire un maximum de produits sur place.

Chez Longchamp, on n’envisage pas de créer immédiatement des capacités de production locales : « Les États-Unis sont un marché important pour nous, explique Olivier Cassegrain, Managing director de Longchamp ( ndlr les États-Unis représentent environ 15% du chiffre d’affaires global de la marque). Mais ce n’est pas pour autant que nous allons produire tout de suite sur place. Mettre en place de nouvelles chaînes de production est un processus long, nous avons déjà eu beaucoup de mal à remettre en route les chaînes de production qui avaient été fermées pendant le Covid. Il y a tout un savoir-faire à exporter. » Sans compter que certaines collections saisonnières sont très limitées en nombre (tout au plus 1000 à 2000 pièces), et ne peuvent donc pas être délocalisées.

Car créer de nouvelles unités de production prend du temps : dans l’industrie pharmaceutique (où les médicaments produits dans une nouvelle localisation doivent de surcroît être soumis à une étude de stabilité pendant 2 ans), « au moins 5 ans pour construire une nouvelle usine et être prêt à produire », selon Magali di Zazzo ; « facilement 2 ans » pour Olivier Cassegrain chez Longchamp. Comme d’autres, le maroquinier parisien a augmenté ses stocks depuis novembre, et accru légèrement le prix de certains produits, pour prendre en compte les premiers droits de douane et l’inflation.

Minimiser l’impact sur le consommateur final

Difficile, à ce stade, de prédire quelle part des droits de douane sera répercutée sur les consommateurs finaux. Chez Treca Paris, spécialiste de la literie de luxe Made in France, fraîchement installé de ce côté de l’Atlantique, on se félicite d’avoir créé une filiale 100% américaine : cela permet à la maison-mère alsacienne de vendre les produits à sa filiale américaine en-dessous du prix de vente final, et donc de réduire l’impact des droits de douane.

« Ce faisant, nous évitons de prendre l’impact des droits de douane de plein fouet, ce qui nous permettra de ne pas les répercuter sur nos clients finaux », explique Clément Dartois, responsable de la marque aux États-Unis. « Nous avons fait le choix de ne pas changer de stratégie, explique-t-il. Face à ces annonces coup de poing, les réactions à la hâte et la surenchère seraient la pire des solutions. À nous d’optimiser nos opérations pour gagner en efficacité et protéger nos clients autant que possible. » En première ligne de la nouvelle guerre commerciale « made in the US », les équipes supply chains ont quelques beaux challenges devant elles.

«Not Arrogant, Just French» : Comment French Abroad exporte l’art de vivre français

C’est dans une petite rue du quartier du Marais à Paris, que se cache l’entrée discrète du magasin éphémère de la marque French Abroad. En devanture, un t-shirt affiche fièrement : « Not arrogant, just French. » (c’est-à-dire pas arrogant, juste français) Le ton est donné, et la curiosité nous pousse à franchir la porte d’entrée. À l’intérieur, quelques portants soigneusement organisés, des étagères minimalistes, et des touristes américaines qui essaient les créations de cette jeune marque.

Tout commence lors d’un séjour … au Canada

Derrière French Abroad, il y a Christian Lobet. Son histoire commence en 2016, bien loin des rues parisiennes, lors d’un séjour linguistique à Toronto, au Canada. À l’époque, cet étudiant français en commerce international veut renforcer ses bases d’anglais et choisit l’immersion à l’étranger pour atteindre son objectif. « La France me manquait terriblement, mais j’étais fasciné par le patriotisme des Canadiens : les drapeaux sur les maisons, leur fierté de leur culture. Je ressentais cette même fierté, en tant que Français mais j’avais plus de mal à l’exprimer. » Une fierté qui, chez lui, restait bridée par les connotations politiques du drapeau tricolore. Il réfléchit alors à une façon de réconcilier cette identité avec un esprit ouvert et décomplexé.

L’acteur Bruno Gouery, qui joue le rôle de Luc dans la série Emily in Paris, est passé rendre visite à Christian dans son magasin. French Abroad

C’est finalement un exercice – en apparence totalement anodine – qui va tout changer. Lors d’un cours, un des professeurs de Christian lance une discussion de groupe autour du rêve. Chaque élève est invité à prendre la parole à tour de rôle afin de partager ce qui le fait vibrer et ce à quoi il aspire pour le futur. Christian, pris au dépourvu mais passionné de mode, improvise : « J’aimerais lancer une marque de vêtements qui ferait la promotion de la France à l’étranger. » Des mots qui auraient pu rester sans suite, mais qui trouvent un écho tout particulier auprès de sa camarade de classe chinoise qui l’encourage immédiatement : « Mais c’est génial comme idée ! Fonce, vas-y, tu peux le faire ! » « Ces mots m’ont marqué. J’ai été surpris par son enthousiasme pour le moins contagieux. Huit ans plus tard, son enthousiasme et sa foi en moi continuent de me porter », raconte Christian avec émotion.

Ce soir-là, en rentrant chez lui, Christian Lobet plonge dans l’univers de YouTube et regarde des dizaines de vidéos avec un but : celui d’apprendre à créer une marque de vêtements. La graine est plantée, l’excitation à son maximum. Mais six mois après son arrivée au Canada, l’étudiant en commerce international est contraint de rebrousser chemin. Son père est malade et il veut être à ses côtés à Paris pour le soutenir. Ce n’est pas pour autant que son idée disparait, et encore moins sa passion. Au cours des années qui suivront cette parenthèse enchantée au Canada, Christian Lobet nourrit son projet et affine sa vision. Et il faudra attendre mai 2022 pour qu’il passe à l’action avec une campagne de financement participatif lancée sur la plateforme Ulule. En quelques semaines seulement, pas moins de quarante contributeurs sont réunis et 5.000 euros sont récoltés. « Ce n’est pas grand-chose, mais à l’issue de cette campagne, j’ai réalisé que j’avais en fait réussi mon premier test client », explique-il avec fierté. « J’étais prêt à lancer French Abroad. »

Quelques unes des créations de Christian Lobet pour lancer sa marque de vêtements French Abroad.

Un cadeau à Macron

2022 marque donc un tournant. French Abroad n’est plus seulement un rêve, c’est une véritable marque qui rencontre son public. Au lancement de celle-ci, trois articles sont proposés : le sweat-shirt « Oui Oui », le sweat-shirt « Not Arrogant Just French », et un autre intitulé « Excuse My English », abandonné depuis. Rapidement, Christian est contacté par les Galeries Lafayette qui lui proposent deux pop-up au sein de leurs magasins sur le célèbre boulevard Haussmann à Paris. « Ça a été un sacré coup de projecteur pour nous et la suite de 2023 a permis de concrétiser tout ceci. On a fait une vidéo sur les réseaux sociaux qui est devenue virale. On a travaillé avec des influenceurs, comme AT Frenchies et Frenchlylo qui m’ont énormément aidé. Et puis, ça y est, on était vraiment lancé ! » French Abroad conquiert notamment les Américains de passage à Paris ainsi que les Français de l’étranger, en particulier ceux d’Amérique du Nord.

Mais Christian Lobet ne s’arrête pas là. Le créateur de la marque française ose tout pour faire connaître sa marque et en décembre 2023, il écrit une lettre au président Emmanuel Macron, accompagnée d’un pull « Not Arrogant Just French » qu’il lui adresse en cadeau de Noël. Contre toute attente, il reçoit une réponse dans laquelle le Président français salue son « engagement en faveur d’une production française, qui contribue à promouvoir le savoir-faire» de la France.

Le futur sera encore plus international

Au mois d’août dernier, French Abroad reçoit sa première grosse commande du Bon Marché : une reconnaissance majeure qui confirme le potentiel de la marque. Mais Christian ne compte pas s’arrêter là. « Je veux que French Abroad devienne une marque de référence pour tous ceux qui souhaitent porter un bout de France avec eux, que ce soit les français de l’étranger, les futurs expats mais aussi les touristes. » Inspiré par des marques comme New York or Nowhere, Christian imagine French Abroad suivre une trajectoire similaire. « Ils ont transformé le souvenir en un produit premium. Notre stratégie marketing est proche, et je suis convaincu que nous pouvons atteindre des sommets comparables. »

Pour l’avenir, il envisage de multiplier les magasins éphémères dans des villes dans lesquelles réside une importante communauté française aux États-Unis, comme New York ou Los Angeles ainsi que d’ouvrir sa propre adresse de magasin. « Mon objectif est d’élargir notre impact en 2025 et 2026, tout en restant fidèles à nos racines. » Avec French Abroad, Christian Lobet ne vend pas seulement des sweats ou des t-shirts. Il raconte une histoire, celle d’une fierté décomplexée et ouverte, d’un pont entre cultures. Il invite chacun à revendiquer un art de vivre à la française, chic et accessible, où que l’on soit dans le monde.

Le pop-up store French Abroad est situé au 15 rue Debelleyme dans le 3e arrondissement de Paris jusqu’à début janvier prochain.

Retour en France: calculer sa retraite

REPLAY: retrouvez l’enregistrement de cette webconférence ici
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Le salon en ligne “Retour en France”, organisé par French Morning Media Group, est de retour en 2025 pour répondre à tous vos questionnements concernant l’impatriation -le retour au pays après une expatriation.

Trois jours, quatre webconférences, une dizaine d’experts seront présents en ligne et en direct pour vous aider à préparer votre retour en France le plus sereinement possible.

[Inscription gratuite au salon en ligne Retour en France]

Au programme notamment, une session dédiée au calcul de la retraite au retour d’une expatriation aux États-Unis sera organisée mardi 6 mai à 12pm ET · 11am CT · 9am PT · 18h en France.

Philippe Plantadi de Novelvy Retraite, Alexandre Quantin d’USAFrance Financials et Jean-Philippe Saurat du cabinet comptable MSGL aborderont notamment les sujets suivant :
– Présentation des règles d’obtention, de calcul des retraites françaises et de quelques retraites étrangères 
– L’impact des conventions de sécurité sociale
– Les options qui s’offrent aux assurés (affiliation volontaire aux régimes français, le rachat de trimestres, le cumul emploi-retraite)
– Les précautions à prendre au moment du retour en France
– L’impact de la réforme des retraites