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La Virginie en famille, de Washington aux Appalaches en passant par le Triangle Historique

Je suis Nelly Jacques, spécialiste du voyage aux États-Unis, immigrée en Caroline du Nord. J’explore cette région depuis des années, d’abord en solo ou en duo, et maintenant en famille. Je vous propose, pour débuter notre série sur le voyage en famille aux États-Unis, une première immersion dans un État que j’aime beaucoup pour sa diversité d’expériences : la Virginie.

Bienvenue dans le Sud !

Le Sud, c’est la Bible Belt, les vestiges de la Guerre de Sécession, la terre des plantations, ancien royaume de l’esclavage. Un territoire encore très marqué par son passé et son ancrage conservateur. Concrètement, le Sud, ça rime avec Amérique profonde. Mais ce n’est pas qu’une vieille région poussiéreuse pour autant, c’est un territoire qui ne cesse de se réinventer, avec des paysages incroyables, une cuisine qui tord le cou aux clichés sur la malbouffe américaine, et c’est aussi un super terrain de jeux pour les familles. Si je ne peux vous parler de tous ces parcs hors des sentiers battus, de toutes ces petites villes historiques typiques, de tous ces établissements qui émerveillent petits et grands, je peux vous proposer quelques carnets de voyage sur des destinations qui se prêtent parfaitement au tourisme en famille.

Que connaît-on de la Virginie ?

La Virginie a une identité complexe. Pour beaucoup, c’est l’État où commencent les grandes villes de l’est puisqu’elle borde la capitale du pays, Washington (qui, rappelons-le, est indépendante avec son propre district, District of Columbia). La dernière étape avant le déroulé des grandes villes américaines qui jouent des coudes le long de la côte est : Washington, Baltimore, Philadelphie, New York, Boston…

La Virginie, on la connaît aussi pour être le point de départ de tout, puisque c’est l’une des 13 colonies qui ont fondé ce pays et que c’est la patrie de Jamestown, la première colonie permanente des futurs États-Unis. Un patrimoine historique unique que l’on ne trouve nulle part ailleurs aux États-Unis. Mais si, d’un côté, la Virginie s’inscrit dans la culture de la côte est et de son passé colonial, c’est avant tout le Sud. C’est un État agricole, rural et assez conservateur, qui marquait jadis la frontière entre le Nord et le Sud confédéré et qui donne encore aujourd’hui le départ de la région Sud. Pas toujours simple de s’y retrouver, et encore plus quand on parle de visite en Virginie en famille.

Carte Virginie

Que peut-on visiter en Virginie en famille ?

Vous avez peut-être, comme moi avant d’arriver aux États-Unis et de faire ce métier, des images assez vagues de la Virginie. Voilà donc un petit aperçu de ce que vous pouvez trouver dans cet État.

Vous trouverez dans cet article de nombreuses idées de sorties nature pour petits et grands. © Nelly Jacques

Les villes de Virginie

La Virginie, c’est déjà quelques grandes villes, et j’inclus volontairement Washington (bien que n’appartenant pas à la Virginie) car c’est un peu une étape incontournable d’un séjour dans la région. Les villes de Virginie sont aussi polymorphes que son identité.

Dans la prolongation de Washington se trouve Alexandria, une ville historique avec ses maisons traditionnelles du XVIIIe siècle, ses rues pavées, son centre animé et son ouverture sur le fleuve Potomac. Plus bas, Richmond est la capitale de l’État (et ancienne capitale de la Confédération), une ville à taille humaine agréable, avec quelques quartiers artistiques et un centre tourné autour de l’histoire de la ville et de la Guerre de Sécession.

Puis, viennent les villes proches de l’océan : Norfolk, Chesapeake Bay, Newport News, Virginia Beach, qui sont à mi-chemin entre une architecture de grande ville et une ambiance balnéaire aux multiples facettes.

Enfin, sur les contreforts des Appalaches, on retrouve les villes des « montagnes » : Charlottesville, Roanoke, Blacksburg… De grandes villes avec les Appalaches en fond et de charmants centres historiques. Chacune de ces villes offre un échantillonnage d’établissements pour les enfants, des aquariums, des musées pour enfants, mais aussi des attractions extérieures, de belles fresques murales, des pontons et des jetées donnant, pour beaucoup, sur la belle Baie de Chesapeake…

Bien que plus ou moins grandes, on s’y déplace généralement en voiture pour découvrir les différents quartiers qui peuvent être assez éclatés. Oubliez les centres-villes tentaculaires où l’on se déplace facilement en métro ou via d’autres systèmes de transport en public et bienvenue dans l’Amérique de la voiture partout et tout le temps !

Washington D.C au printemps. © Nelly Jacques

Le Triangle Historique

C’est peut-être ce qui caractérise le plus la Virginie et affirme la singularité de son patrimoine. Ces trois villages à l’histoire unique : Jamestown, la première colonie permanente des États-Unis, Williamsburg, la première capitale de la Virginie, Yorktown, la ville portuaire, épicentre du commerce de la colonie de Virginie, qui a joué un grand rôle dans le développement du pays.

Chacune de ces villes est un théâtre historique à ciel ouvert qu’il faut visiter au moins une fois dans sa vie. C’est aussi un décor très attractif pour les enfants qui se régalent à remonter le temps, à découvrir les démonstrations des métiers d’autrefois, à embarquer dans les navires des premiers colons ou encore à crapahuter dans les huttes des natifs…

Et si vous êtes passionné(e)s d’Histoire et voulez revivre les temps forts de la Guerre de Sécession, vous aurez de nombreux sites à visiter à travers la Virginie. À commencer par l’American Civil War Museum et la White House of the Confederacy dans le centre de Richmond. Vous pourrez vous rendre sur plusieurs champs de bataille, dont celui de la très sanglante Bataille de Fredericksburg, ou encore visiter l’immense cimetière d’Arlington.

La ville de Jamestown fait partie du Triangle Historique où sont arrivés les premiers colons. © Nelly Jacques

La côte

Tantôt sauvage, tantôt balnéaire et urbanisée, la côte se découvre au gré des arrêts, depuis Washington. Elle peut prendre la forme de state parks isolés, de longues promenades attenantes aux villes urbanisées et même de quelques marécages sauvages, et s’incorpore si facilement aux visites des villes comme à un séjour dans le Triangle Historique.

La plage de First landing, où les Anglais ont débarqué pour la première fois avant de rejoindre Jamestown. © Nelly Jacques

Les Appalaches

Bien plus en retrait que les trois régions précédentes, qui forment le puzzle touristique de la Virginie le plus connu, la région des Appalaches mérite qu’on s’enfonce plus à l’ouest dans l’Amérique rurale. Elle s’articule autour de la chaîne de montagnes des Appalaches, avec le très allongé Parc national de Shenandoah, autour duquel gravitent de jolies villes historiques et des paysages vallonnés de champs et de prairies. Il ne faut pas négliger le temps dont vous aurez besoin et la saisonnalité, mais si les étoiles s’alignent, c’est une visite aussi photogénique que kid-friendly.

À 75 miles de Washington, le parc de Shenandoah est connu pour ses cascades, ses points de vue sur la vallée et ses sentiers dans la forêt. © Nelly Jacques

Une sélection d’itinéraires kid-friendly

Voilà quelques itinéraires kid-friendly à faire séparément ou combinés.

De Washington à Alexandria

Que vous arriviez en train de New York, en voiture d’une autre grande ville américaine ou en avion, prévoyez au moins un ou deux jours dans la capitale américaine. Ce n’est pas forcément en famille que vous aurez l’occasion d’écumer les pubs branchés d’Adams Morgan ou les galeries de Logan Circle, mais il y a fort à parier que toute la famille devrait aimer son passage dans cette capitale très aérée où les buildings sont proscrits et les musées gratuits se surpassent en superlatifs !

Les familles pressées se regrouperont autour du National Mall et de ses musées gratuits. Le Musée d’Histoire naturelle, le Musée de l’Espace et le Musée des Amérindiens sont particulièrement ludiques et adaptés aux familles. Sans oublier le Jardin botanique juste à côté pour une visite plus verte. Petit conseil : anticipez vos visites et vérifiez les conditions d’accès des musées (certains se réservent à l’avance comme le Musée de l’Espace, d’autres sont sans réservation mais exigent de patienter, comme le Musée d’Histoire naturelle).

Pour manger, soit vous jouez la facilité et déjeunez dans l’un des restaurants des musées, soit vous poussez jusqu’au quartier de Penn Quarter, ou encore mieux, jusqu’à Chinatown. Les petites échoppes ne sont pas toujours kid-friendly, mais il existe des restaurants plus aérés et faciles d’accès pour les familles.

Une fois les appétits rassasiés, vous serez prêts à reprendre la visite. Les enfants adorent généralement faire un tour dans la majestueuse gare d’Union Station. Le Musée National de la Poste à côté peut aussi bien plaire aux plus grands. Non loin de là, une autre visite des plus sympas pour les enfants est le Musée National des Enfants. De l’autre côté du Mall, en semaine, vous pourrez aussi aller voir l’impression de billets au Department Of The Treasury Bureau of Engraving and Printing.

Une nuit dans Capitol Hill est quand même bien pratique pour les courts séjours, et soyons honnêtes, le cadre de ce quartier juste derrière le Mall et le fameux Capitole (que vous pourrez visiter en journée) est vraiment unique. Ambiance House of Cards sur fond de rues résidentielles proprettes, c’est vraiment l’un des quartiers qui exprime le mieux l’ambiance très particulière de cette capitale fédérale étonnamment paisible.

Il peut y avoir de belles options en Airbnb, notamment autour d’Eastern Market. C’est l’un de mes quartiers préférés avec ses jolies maisons tellement washingtoniennes, son marché un peu à l’européenne, et ses boutiques dont l’incontournable petite librairie de Capitol Hill Books et un Trader Joe’s en plein cœur du quartier.

Si vous avez plusieurs jours sur place, pourquoi ne pas pousser jusqu’au zoo, qui, comme la plupart des musées de la capitale, est aussi géré par le réseau du Smithsonian. Son accès est gratuit et il abrite l’une des plus grandes collections animales au monde. Les familles avec des enfants plus âgés pourront même louer des vélos de ville et s’y rendre en remontant l’une des pistes cyclables très agréables qui connectent le Mall et la partie plus haute de la ville.

Autre option ou pour un autre jour : prendre le métro et rejoindre Alexandria. La ligne jaune vous emmènera dans la jolie ville historique de Virginie. Prévoyez une journée pour rayonner dans le centre-ville autour de King Street, rejoindre le Potomac et aller visiter l’ancienne usine reconvertie en centre d’art, le Torpedo Factory Art Center. Si vous avez un peu plus de temps, vous pourrez prendre un pass pour visiter les établissements historiques de la ville, notamment Gadsby’s Tavern Museum et le Musée de l’apothicaire Stabler-Leadbeater. Et si vous n’avez jamais mangé éthiopien, ça peut être une bonne occasion de tester.

Enfin, même s’il est impossible de faire une liste exhaustive de tout ce qu’il y a à voir ou à faire à Washington, le quartier historique de Georgetown est une visite agréable en famille. Notamment à la fin de votre séjour, car vous pouvez y faire des sauts de puce en voiture pour découvrir les jolis quartiers résidentiels, faire la balade au bord du Potomac, une promenade dans l’Université, aller voir les escaliers du film « L’Exorciste », sans oublier l’animée rue de M Street.

Le centre-ville d’Alexandria, avec ses maisons traditionnelles du XVIIIe siècle et ses rues pavées. © Nelly Jacques

De la côte sauvage à l’ambiance balnéaire

Les plages de Virginie ne sont pas monotones, vous vous en rendrez vite compte. Si vous avez le temps de faire la route, en dessous du Delaware, se trouve une péninsule qui, bien que non connectée à la partie continentale de l’État, appartient à la Virginie. Elle accueille la jolie ville de Cape Charles, entre plages, promenades en bois et petit centre insulaire tranquille. Un peu plus bas, le parc sauvage de Kiptopeke State Park déroule des paysages de sable fin qui entourent la Baie de Chesapeake. Si vous ne cherchez pas à tout voir de la Virginie et voulez privilégier une escapade nature, loin de l’agitation des villes, prévoyez quelques jours ici, mais ne faites pas la route pour faire simplement l’aller-retour. Plus haut sur la péninsule, se trouve l’île d’Assateague avec le Chincoteague National Wildlife Refuge, connu pour ses chevaux sauvages que l’on trouve un peu plus facilement en Caroline du Nord et dans cette partie de la Virginie.

À environ 1h30 de Washington, Colonial Beach est une étape agréable. On en fait vite le tour, mais passer la nuit dans une maison traditionnelle de pêcheurs, marcher jusqu’à la plage, la jolie marina ou encore jusqu’à l’un des restaurants et bars de la ville sont un luxe qu’on aime bien s’offrir aux États-Unis, surtout en famille. Mon conseil : posez-vous et prenez juste le temps de profiter, sans oublier un petit passage devant le très rétro hôtel The Riverview Inn.

Plus au Sud, la route est ponctuée de détours vers une côte sauvage parfois marécageuse. On peut y faire une balade dans les marais de Mason Neck State Park, qui longe la Baie de Chesapeake.

Maisons de pêcheurs, plage, marina et restaurants… Colonial Beach est une étape reposante, à environ 1h30 de Washington. © Nelly Jacques


Last but not least, la portion de côte autour de Virginia Beach, qui est étonnamment la plus grande ville de l’État. Côté plage, vous arriverez dans ce genre de ville balnéaire démesurée, typique des États-Unis. Faites l’effort de sortir de l’immense avenue d’Atlantic Avenue. Poussez la porte d’un des magasins à touristes ou allez faire quelques tours de roues si le cœur vous en dit, mais surtout, prenez les rues de traverse. Remontez le quartier du street art, c’est étrange, on se demande un peu ce qu’on fait ici, surtout à pied, mais il y a quand même quelques œuvres à voir et des petits cafés originaux.

Après avoir contenu vos chérubins entre les grandes routes passantes, lâchez-les sur l’immense promenade de bord de mer. Ils s’arrêteront rapidement à l’un des playgrounds ou seront tentés de grimper sur la jetée. Avant de partir vers d’autres contrées, ne manquez pas le parc de First Landing au Nord de Virginia Beach. Après un premier arrêt obligatoire au Visitor Center, faites la petite boucle qui s’enfonce dans le marais. La promenade est très facile à pied ou en poussette. Puis rejoignez la plage : c’est là où les Anglais ont débarqué pour la première fois avant de rejoindre Jamestown.

Petit tip pour les séjours à la mer qui marchent partout dans le pays :
Qui dit côte, dit poissons et fruits de mer. Aidez-vous de Google Maps pour dénicher une de ces poissonneries bien locales qui ferment souvent très tôt. Parfois, c’est carrément dans le hangar de l’entreprise de pêche, souvent c’est une petite échoppe qui ne paye pas de mine. Crevettes, crabes, poissons, si vous êtes en appartement ou en Airbnb, voire même en camping, allez chercher la spécialité de saison. Et sinon, arrêtez-vous juste pour le fun, il y a généralement un petit rayon de produits déjà préparés parfaits pour un snack ou pour l’apéritif.

La promenade de Virginia Beach, la plus grande ville de l’État. © Nelly Jacques

Trois jours dans le Triangle Historique

Cette étape est, pour moi, la plus importante d’un séjour en Virginie. Un bon équilibre serait de consacrer trois jours aux visites des trois villes, soit un jour par ville. Si vous ne devez choisir qu’une ou deux villes, je vous conseillerais de privilégier Jamestown et Williamsburg. Voici quelques conseils pour organiser vos visites des villes historiques.

Tout d’abord, choisissez un lieu pour dormir et rayonner à partir de là. Ma préférence irait à la jolie ville de Williamsburg. Un hôtel que j’aime bien pour son rapport qualité-prix, sa piscine et ses belles parties communes est l’Hôtel Fort Magruder Historic Williamsburg. Autre conseil : prévoyez votre budget. Les visites historiques ne sont pas forcément bon marché, et vous devrez peut-être faire des choix.

À Williamsburg, une bonne option est de se garer au visitor center et de rejoindre le centre à pied (la marche est assez courte et facile, même avec une poussette) ou en navette. Si vous avez pris le pass, vous pourrez entrer dans les musées et établissements de la ville (pensez à vérifier le programme des animations et les heures d’ouverture). Williamsburg, c’est un peu le Walt Disney des villages historiques : c’est beau, c’est propre, il y a des choses à voir partout, le tout ponctué par le passage d’un soldat à cheval ou d’une calèche et des rencontres avec des personnes en tenues d’époque. Une journée permet de tout voir, sans se presser.

À Jamestown, vous devrez peut-être faire des choix ou prévoir une journée sur place. Il vous faudra une demi-journée pour prendre le temps de découvrir Jamestown Settlement, la reconstitution de la première colonie de Virginie. Commencez par le musée, ultra ludique. Vous aurez peut-être envie d’y rester des heures, mais il faudra penser à la suite. Dehors, vous atterrirez sur l’esplanade de la colonie, où les colons en tenue traditionnelle vous montreront leur métier et vous ouvriront les portes des bâtiments d’époque. Surveillez votre montre pour ne pas manquer la démonstration de tirs, à moins que vous ne soyez déjà en train de vous faufiler dans les huttes traditionnelles du village amérindien juste à côté. Mais ce qui plaît en général le plus aux enfants, c’est de monter sur les immenses navires, deux reconstitutions des embarcations des premiers colons arrivés à Jamestown en 1607. Une visite qui devrait plaire à toute la famille.

À quelques miles de là, dans une ambiance plus calme et moins touristique, vous trouverez les vestiges de la colonie originale, à Historic Jamestown. C’est moins ludique et moins spectaculaire, mais c’est historiquement assez incroyable et émouvant de se retrouver là où sont arrivés les premiers colons, face à l’église originale ou au cimetière, dans un décor naturel et sauvage.

Yorktown intéressera peut-être les enfants plus âgés, avec ses sites historiques, dont le champ de bataille de Yorktown Battlefield, qui se concentre sur la guerre et la victoire des États-Unis face aux Anglais. Un passage dans le petit centre-ville est aussi agréable, mais plutôt en saison estivale. Les journées pluvieuses et froides de la mi-saison y sont tristounettes, et nombre d’établissements peuvent être fermés.

A Jamestown, les enfants adoreront monter sur les immenses navires, deux reconstitutions des embarcations des premiers colons arrivés ici en 1607. © Nelly Jacques

Virée nature à Shenandoah

Le Parc national de Shenandoah, c’est probablement ce qui vous poussera à venir dans cette région. Un conseil : privilégiez la période du milieu du printemps à l’automne. Le parc en hiver est tristounet, avec ses forêts déplumées à perte de vue. Le reste de l’année, prenez le temps de découvrir les cascades, les points de vue sur la vallée et les sentiers dans la forêt. Il y a des randonnées adaptées pour les familles. Vous traverserez probablement le parc du sud au nord ou vice versa. Si vous en avez la possibilité (disponibilité et budget…), séjournez au Skyland Resort, qui propose des chambres et des cabines en plein cœur du parc. Cela vous permettra de répartir votre visite sur deux jours et de dormir dans un décor grandiose.

Au-delà de Shenandoah, prenez le temps de découvrir la région. Chaque entrée offre son lot d’attractions. Au sud, Staunton est une petite bourgade historique et artistique avec un petit centre vivant. À l’ouest du parc, Luray est connue pour ses grottes. Au nord, Front Royal est une autre ville typique des Appalaches, avec un centre historique, une petite place dotée d’un joli gazébo (pavillon d’extérieur) et ses commerces en enfilade.

Un peu plus loin, une de mes étapes préférées dans la région est Winchester. J’aime son centre-ville animé et son ambiance spéciale. Ce ne sont pas les musées qui manquent pour une ville de cette taille : on peut y visiter l’ancien bureau et la maison de George Washington, ainsi que le Museum of the Shenandoah Valley. Et si vous avez le mal du pays, allez dormir à l’Auberge Provençale. Ce n’est pas particulièrement abordable ni kid-friendly, mais pour une nuit, cela reste largement faisable en famille, peut-être moins pour le dîner gastronomique.

Le parc de Shenandoah offre de belles randonnées en famille. © Nelly Jacques

Best of Experiences des visites de la Virginie en famille

Vous avez déjà pas mal de conseils pour prévoir un voyage familial en Virginie, mais si vous souhaitez ajouter quelques pépites spécialement conçues pour les enfants, voici quelques incontournables :

Les musées


Ponctuez vos visites de musées pour enfants. Selon vos destinations, voici quelques établissements à considérer :

Ne manquez pas le Musée de l’Espace à Washington DC © Nelly Jacques

Les parcs à thèmes

Les parcs les plus originaux en Virginie restent, pour moi, les parcs historiques du triangle colonial. Mais si vous cherchez des sensations fortes, voici quelques parcs à envisager : le parc d’attractions le plus connu est Busch Gardens à Williamsburg. Au-dessus de Richmond, le parc Kings Dominion comporte toute une section pour les plus jeunes et une partie aquatique. En version mini, vous trouverez aussi un petit parc à Virginia Beach. Enfin, en version plus nature, le petit parc Lake Arrowhead à Front Royal est une alternative plus simple et plus tranquille.

Expériences

Voici un top 3 des expériences qui devraient plaire à vos enfants :

• Une promenade en bateau sur la James River au départ de Richmond.

• Un safari au Virginia Safari Park à Natural Bridge.

• Une balade en train historique dans la Vallée de Shenandoah avec le Virginia Scenic Railway, au départ de Staunton. Renseignez-vous, il existe d’autres trains historiques dans la région.

Plusieurs circuits en train historique sont proposés en Virginie, comme le Train Front Royal. © Nelly Jacques

Les pépites de Virginie qui vont mettre des étoiles dans les yeux de vos enfants

Il existe de nombreuses pépites moins connues en Virginie, en voici deux que j’aime beaucoup :

  • Great Falls : À 30 minutes de Washington, ces impressionnantes cascades constituent un arrêt nature parfait pour se dégourdir les jambes ou pique-niquer.
  • Great Dismal Swamp : Un immense parc de marécages tout au sud de la Virginie, à cheval avec la Caroline du Nord. Cet immense marais offre de belles balades nature et un aperçu de la végétation marécageuse du sud des États-Unis. Pas d’alligators ici, mais tout le reste y est : eau opaque, végétation luxuriante, ambiance mystérieuse. On y observe facilement des biches, des aigles et, plus rarement, des ours noirs.
Great Falls, un arrêt nature à 30 minutes de Washington. © Nelly Jacques

Le bon plan kid-friendly

Séjourner dans une cabine est une option très pratique en famille pour allier les charmes du camping (les repas dehors, le feu de fin de soirée…) avec le confort des logements en dur. Toutes les cabines ne sont pas équipées de la même façon (cela va des cabines rustiques à celles avec plusieurs chambres, salle de bain, cheminée, électricité, draps…). Certains États offrent un réseau de cabines dans leurs parcs, c’est le cas de la Virginie. En général, il faut apporter ses propres draps et le séjour est de 2 nuits minimum. Plus d’informations par ici.

Vous avez à présent assez de contenu pour préparer votre voyage en famille en Virginie, selon vos envies, vos dates et votre budget. Enjoy et à bientôt pour le prochain article voyage en famille aux États-Unis !

Paysages urbains en Virginie. © Nelly Jacques

Les FAQ de la visite de la Virginie en famille

Le centre-ville de Front Royal, une ville typique des Appalaches. © Nelly Jacques




Après les incendies à Los Angeles, et si on reconstruisait en terre ?

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Nous avons tous en tête ces images de maisons totalement détruites dont seule la cheminée en brique reste debout. Le bois semble donc être le coupable immédiat… Et ses alternatives au cœur des réflexions sur la reconstruction. En tant qu’architecte, exerçant à Los Angeles depuis 13 ans, après plus de 20 ans en France et à Singapour, je plaide pour un candidat trop souvent oublié : la terre !

Le bois : un faux coupable ?

Mais avant toute chose, nuançons les attaques contre le bois, coupable souvent trop facile. Certes, s’il est mal mis en œuvre, le bois sera effectivement vulnérable aux flammes. Pourtant, bien utilisé – avec des épaisseurs adaptées ou des traitements spécifiques –, il peut être plus stable face aux incendies que l’acier.

Ce débat sur le bois ne doit pas nous éloigner de l’essentiel : la nécessité de repenser collectivement et en urgence les méthodes de construction dans cette région si exposée aux catastrophes naturelles. La bonne nouvelle est qu’on observe, depuis une semaine, une agitation dans le monde des acteurs de la construction. Les autorités ont déclaré qu’elles aideraient à faciliter et à accélérer les processus de permis de reconstruire. J’ai moi-même été approché pour des projets de reconstruction et la première question est : comment mieux construire pour résister aux feux ? Les architectes, les promoteurs, les agents immobiliers se réunissent, organisent des débats pour envisager l’avenir. 

Si le bois est omniprésent aux États-Unis, c’est bien sûr en raison de l’histoire de ce pays (les pionniers pouvaient ainsi construire rapidement leurs colonies). Mais s’il l’est demeuré, c’est avant tout pour des raisons de rentabilité : à faible coût, il est facilement standardisable et peut se contenter d’une main-d’œuvre relativement peu qualifiée. Les architectures à Los Angeles, de style méditerranéen, mid-century, Tudor, français, italien, craftsman, sont toutes construites de la même façon, en structure légère bois. Seul le style change. Le bois offre en outre la possibilité de construire des bâtiments relativement résistants aux tremblements de terre.

La terre : une tradition oubliée, un avenir à construire

Avant l’arrivée des colons européens, les peuples autochtones utilisaient les ressources locales, notamment la terre. Avec l’arrivée des Espagnols, la construction en adobe – ces briques de terre et de paille séchées au soleil – s’est développée. Les exemples historiques à Monterey, Santa Barbara ou San Diego témoignent de la résilience de ce matériau face aux incendies.

Mais qu’en est-il des tremblements de terre ? Une construction en terre archaïque et mal entretenue sera effectivement vulnérable. Cependant, depuis les années 1970, des pionniers en Europe, puis aux États-Unis, ont développé des techniques modernes permettant à la terre de résister à la fois aux séismes et aux incendies. Ces avancées techniques rendent aujourd’hui cette alternative tout à fait viable.

Pourquoi, alors, ne voyons-nous pas plus de constructions en terre ? Plusieurs obstacles subsistent : une image archaïque associée à ce matériau; un manque d’expertise dans les corps de métier, ainsi qu’au sein de l’administration, qui peine parfois à interpréter correctement les calculs des ingénieurs structure pour une maison en terre; une course à la rentabilité qui favorise les matériaux standardisés.

Pourtant, des solutions existent. Les assureurs pourraient imposer des normes plus exigeantes pour favoriser l’usage de matériaux plus résistants. Les autorités et organismes de certification doivent continuer à amender les codes du bâtiment. D’ores et déjà, après les incendies, les autorités de l’État de Californie ont promis qu’elle faciliteraient les procédures au niveau du Building Department. Les architectes, eux, ont le rôle-clé d’orchestrer ces efforts en proposant des projets novateurs et esthétiques.

La construction en terre présente de nombreux avantages environnementaux. Elle est écologique, recyclable et contribue à créer des espaces sains. Dans un monde confronté au changement climatique, ce matériau coche presque toutes les cases. Mais au-delà de ses caractéristiques techniques, c’est son effet apaisant et spirituel qui s’impose. Habiter une maison en terre, c’est être en connexion directe avec la nature. Comme le disait le chef amérindien Seattle : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » Ayons ceci à l’esprit lorsque nous réfléchissons à des solutions. 

Chaque semaine, French Morning publie la tribune d’une personnalité, extérieure à la rédaction, sur des sujets transatlantiques variés, afin d’alimenter le débat d’idées. La tribune n’étant pas signée par la rédaction, elle ne reflète pas la position de French Morning. Si vous souhaitez contribuer et proposer un texte, merci de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected]

Mais pourquoi « filer à l’anglaise » se dit-il « French exit » en anglais ?

C’est le genre de curiosité sur laquelle butent les traducteurs de livres et de séries télé. Pourquoi diable parle-t-on de « French exit » en langue anglaise, quand en France on utilise la bonne vieille expression « filer à l’anglaise » ? Les deux formules ont exactement la même signification : elles sont utilisées pour décrire une personne quittant les lieux de manière impromptue, sans prévenir, en douce.

Parmi toutes les définitions, c’est peut-être dans les paroles d’une chanson qu’il faut fouiller pour trouver la description la plus juste de cette expression. Dua Lipa, dans son album « Radical Optimism » paru l’an dernier, y a en effet consacré un titre entier, mettant en scène une personne fuyant une soirée en catimini pour ne pas blesser ce qu’on imagine être un ou une ex : « Un au revoir ne peut pas blesser si je ne le prononce pas, et j’espère que tu comprendras, la seule manière de partir est un French exit. » Le dernier couplet de la chanson mêle d’ailleurs les versions française et anglaise dans un même élan (« French exit, filer à l’anglaise »)…

La traduction de Marcel Proust

« On parle effectivement de French exit pour décrire un départ à l’impromptu, quitter une réunion ou un événement sans rien dire à personne », confirme Kathleen Stein Smith, Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques et autrice de nombreux ouvrages sur les langues française et anglaise. « C’est assez drôle de voir que les deux cultures se sont mis ce comportement sur le dos l’une de l’autre à travers cette expression, poursuit-elle. Cela montre bien la rivalité qui existe entre ces deux cultures depuis des siècles. »

Car cette expression précède même la création des États-Unis, à une époque où la France et le Royaume-Uni se disputaient l’hégémonie en Europe et au-delà. « Au XVIIIe siècle, les Britanniques et les Français entretenaient des relations tendues mais qui s’amélioraient, chacun se moquant souvent des manières et des coutumes de l’autre », relève Claire-Marie Brisson, professeur de français au Department of Romance Languages & Literatures de l’Université Harvard.

« Le terme a été inventé pour caricaturer l’étiquette française ou son absence perçue !, poursuit-elle. Les Français ont répondu par filer à l’anglaise. » Il semblerait donc que les Anglais aient tiré les premiers. On retrouve effectivement trace de « French exit » dans le « Oxford English Dictionnary » dès 1751.

Les Français vexés de se voir mettre sur le dos un comportement aussi peu sociable que celui de partir sans dire au revoir ? Il faut le croire. Le langage est souvent utilisé comme une arme culturelle et continue de l’être aujourd’hui. « Depuis quelques années, on parle de plus en plus d’Irish Goodbye, relève Claire-Marie Brisson. Ou encore de ghoster quelqu’un, un terme qui ne possède, lui, aucune implication culturelle. »

En 1923, Marcel Proust, dans le tome V (La Prisonnière) de À la recherche du temps perdu parle, lui, de « filer à l’anglaise ». Les traducteurs, évidemment, ont toujours traduit par French exit

Donald Trump, un président tout-puissant ?

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Donald Trump entame son second mandat en position de force. Contrairement à sa première élection en novembre 2016, il a remporté le vote populaire (sans pour autant décrocher la majorité) et ravi les sept « Swing States », ces États décisifs de l’élection présidentielle. Joe Biden s’était imposé dans six d’entre eux en 2020.

Donald Trump est-il tout-puissant pour autant ? Quels sont les contre-pouvoirs qui se dresseront sur le chemin du nouveau président ? Alexis Buisson, correspondant de La Croix et de French Morning à New York, s’est penché sur cette question avec Carlo Invernizzi Accetti, professeur de sciences politiques à City University of New York (CUNY) et professeur invité à Columbia University, dans le cadre de ce troisième et dernier épisode bonus du podcast C’est ça l’Amérique, réalisé en partenariat avec French Morning et le programme universitaire Alliance-Columbia.

Oscars 2025 : « Emilia Pérez » bat un record de 13 nominations

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Ce jeudi 23 janvier 2025, l’Académie des Oscars révélait la liste des nominés dans ses différentes catégories à l’occasion de la 97e édition des Oscars, qui aura lieu le dimanche 2 mars à Los Angeles. Une annonce retardée en raison des incendies qui ont frappé la Cité des Anges ces dernières semaines.

Très attendu, et déjà récompensé de 4 victoires aux Golden Globes, le film « Emilia Pérez », réalisé par le Français Jacques Audiard et qui raconte la transition de genre d’un narcotraficant mexicain, bat un record pour un film français (et même pour un film étranger !) aux Oscars, avec pas moins de 13 nominations. Il sera, sans nul doute, l’un des grands favoris de cette nouvelle édition.

Critiqué sur les réseaux sociaux et notamment accusé d’appropriation culturelle et de racisme, le film est nommé dans la catégorie reine du « meilleur film de l’année », du « meilleur réalisateur », « du meilleur film international », de la « meilleure actrice dans un second rôle » pour Zoe Saldana, de la « meilleure actrice » pour Karla Sofía Gascón ou encore de la « meilleure musique de film » et de la « meilleure chanson originale », deux dernières catégories dans lesquelles la chanteuse Camille et son compagnon Clément Ducol sont nominés.

Coralie Fargeat, la réalisatrice du film « The Substance », est nominée dans la catégorie « meilleure réalisation » aux Oscars. © Christophe Ortega

Autre sensation des Oscars, le film « The Substance » réalisé par la Française Coralie Fargeat, est nominé dans 5 catégories dont celle du « meilleur film » et du « meilleur scénario ». Après sa victoire aux Golden Globes, l’actrice Demi Moore rempilera aux Oscars et essaiera de décrocher la statuette de « meilleure actrice ». Le film concourra également dans la catégorie de la « meilleure réalisation » et dans celle du « meilleur maquillage et coiffure », une dernière catégorie qu’elle pourrait remporter haut la main.

Vainqueure du Golden Globe du « meilleur film d’animation », la co-production franco-belge-lettonne « Flow » apparaît, elle, dans deux catégories aux Oscars. En plus de celle du « meilleur film d’animation », le film muet contant l’histoire d’un chat contraint, dans un monde apocalyptique, et englouti sous les eaux, de cohabiter avec un oiseau, un chien errant, un capybara et un lémurien, tentera sa chance dans la catégorie du « meilleur film international ».

Dernière bonne surprise, la nomination du réalisateur Loïc Espuche et son court-métrage d’animation “Beurk !” (“Yuck! en anglais) qui explore la découverte des sentiments amoureux par des enfants.

Bien moins passionnant, le film « Le Comte de Monte Cristo » n’a décroché aucune nomination. À noter, tout de même, la nomination de l’acteur franco-américain Timothée Chalamet, dans la catégorie de « meilleur acteur » pour son interprétation de Bob Dylan dans « Un parfait inconnu ». Quasi absent des Golden Globes, le biopic a surpris les cinéphiles en apparaissant dans huit catégories.

Grandeur et glamour : Plongée au cœur des salles mythiques de la baie de San Francisco

Grandeur architecturale, glamour et démesure : plongez dans l’âge d’or du cinéma américain en explorant quelques-unes des salles historiques les plus féériques de la baie de San Francisco, entre monuments iconiques et joyaux art déco.

Le Castro Theatre : the one and only

Avant/Après. La magistrale voûte drapée du Castro Theatre, temple de la contre-culture. ©Josh Withers. 85ᵉ anniversaire du Magicien d’Oz © Delphine Gallay

Inauguré en 1922 dans le quartier de Castro, ce chef-d’œuvre architectural classé allie l’art déco à des influences hispano-baroques, comme en témoignent l’élégance de sa façade ornementée, ses graffites et sa majestueuse voûte drapée. Cœur vibrant de la contre-culture depuis les années 1970, le Castro Theatre est devenu un repère emblématique de la communauté LGBTQ+, avec une programmation haute en couleurs mêlant spectacles vivants, films classiques et indépendants, ainsi que projections sing-along. Fermé pour rénovation depuis 2023, ce monument conçu par l’architecte Timothy L. Pflueger redonne vie à des trésors cachés, tels que des dragons-chérubins et un proscenium exhumé. Et, comme rien n’est trop beau pour le Castro, il s’équipera du nec plus ultra en matière de son et d’éclairage, ainsi que du plus grand orgue électrique au monde. Réouverture prévue à l’été 2025.

Le Grand Lake Theatre : the Grand Dame of Oakland

Classé parmi les plus beaux cinémas du pays, le Grand Lake Theatre incarne la magie du 7ᵉ art, tout en préservant la possibilité de projeter des films en 35 et 70 mm. ©Jeff Pierre (Unsplash), © Delphine Gallay

Classé parmi les dix plus beaux cinémas du pays, le Grand Lake Theatre (1926), coiffé de sa magistrale enseigne lumineuse, s’impose parmi les salles incontournables de la région. Fleuron de l’architecture art déco, celle que l’on surnomme The Grand Dame of Oakland séduit par sa grandeur et son exquise extravagance, avec ses quatre auditoriums atmosphériques aux influences égyptienne et mauresque. Après une rénovation et une extension majeures dans les années 1980, ce joyau d’Oakland, où un orgue résonne les vendredis et samedis soirs avant les projections, perpétue l’opulence des années folles, offrant une expérience inoubliable aux cinéphiles.

L’Alameda Theatre : Take the Magic With You

Commandé pendant la Grande Dépression par les magnats du cinéma, les frères Nasser, à l’origine des célèbres Castro et Paramount, l’Alameda Theatre est le dernier grand palais du cinéma de la baie. © Alameda Theater

De style art déco, l’Alameda Theatre illumine la séduisante ville éponyme depuis son grand opening en 1932. Dernier grand palais du cinéma de la baie, cet édifice conçu par Timothy L. Pflueger offre, en pleine Grande Dépression, une précieuse échappée. Fermé en 1980 et sauvé in extremis, il rouvre en 2008 après une renaissance flamboyante. Sa façade symétrique, flanquée de huit colonnes, de deux rosaces néo-mauresques et d’un marquis remarquable annonce le faste des lieux. Mais c’est à l’intérieur que les Arts décoratifs révèlent toute leur splendeur. Enrichis d’accents cubistes et orientalistes, l’atrium et les salles de projection se parent d’une profusion de dorures, de pilastres et de plafonds à gradins. Dans le lobby, on peut lire en grand : Take the magic with you. Quoi de plus beau, sinon ce lieu ?

Le Roxie Theater : bastion du film indépendant

Doyenne des salles obscures encore en activité aux États-Unis, le Roxie Theatre, situé dans le quartier de Mission, a ouvert ses portes en 1909. © Delphine Gallay, © Roxie Theatre

Doyenne des salles obscures encore en activité aux États-Unis, le Roxie Theatre (1909), situé dans le quartier de Mission, est devenu un pilier du cinéma indépendant après plus d’un siècle d’existence et plusieurs transformations. Bien que ce petit cinéma au caractère bien trempé ne rivalise pas avec le faste architectural des palaces cinématographiques de la région, il séduit par son aura unique. Autrefois connu pour ses projections de films en deuxième et troisième diffusion, de pornos et d’œuvres étrangères, il s’est métamorphosé dans les années 1970 en une référence internationale du cinéma d’art et d’essai. Aujourd’hui, il est le théâtre de projections de films indépendants, de courts métrages, ainsi que de festivals locaux majeurs tels que les Frameline et San Francisco Jewish Film Festivals.

L’Orinda Theatre : l’âme old-fashioned

L’Orinda Theatre, icône du style Streamline Moderne, séduit par la beauté de ses fresques et son ambiance cinématographique d’antan. Marquise © Matías Bombal. L’auditorium de l’Orinda Theatre, 1946 © A.M. and A.A. Cantin Collection, Environmental Design Archives, University of California, Berkeley.

Sauvé dans les années 1980 grâce à la mobilisation locale, l’Orinda Theatre continue de rayonner dans le comté de Contra Costa. Son enseigne lumineuse, en forme d’aileron et visible depuis l’autoroute 24, capte les regards vers ce joyau Streamline Moderne, conçu par les architectes Cantin père et fils et inauguré en 1941, au lendemain de l’attaque de Pearl Harbor. Avec son style paquebot, il se distingue par ses lignes aérodynamiques, tandis qu’à l’intérieur, les fresques réfléchissantes signées Anthony Heinsbergen témoignent du génie avant-gardiste du muraliste. À chaque projection, le rideau de velours s’ouvre, comme autrefois, dévoilant le grand écran d’origine, autre perle rare de cet établissement. Loin de se reposer sur ses lauriers, le théâtre enchante sa communauté avec une programmation variée, des projections gratuites et des événements inédits, dont les Matías Bombal’s Hollywood Orinda Classic Movie Matinees, rendant hommage aux classiques hollywoodiens d’avant 1960 avec des films en pellicule 35 mm remastérisés, accompagnés de courts métrages. Une expérience unique.

Les Rialto Cinemas Elmwood & Cerrito : deux salles, deux ambiances

Alors que de nombreux cinémas indépendants ferment ou se réinventent, à l’image de l’Alhambra Theatre sur Polk Street devenu une salle de sport, quelques-uns tiennent bon, soutenus par leur communauté. Les Rialto Cinemas Elmwood & Cerrito © Rialto Cinemas

Même scénario pour les salles Elmwood et Cerrito. Dernier cinéma en activité à Berkeley, l’Elmwood Theatre situé sur College Avenue, charme par son ambiance intime. Inauguré en 1919, ce cinéma de poche centenaire propose une programmation éclectique, mêlant films primés, œuvres d’auteur et étrangères, blockbusters, documentaires artistiques et Family Matinees régulières. Non loin de là, le Cerrito Theater ravit les amateurs d’ambiance rétro avec ses superproductions, ses films cultes et la diffusion gratuite de grands classiques chaque premier jeudi du mois. Ouverte en 1937, cette pimpante adresse Art déco a marqué les esprits dès ses débuts avec ses fresques mythologiques, un ticket d’entrée à 30 cents et, incroyable mais vrai, des soirées Dish Night, où des pièces de vaisselle étaient offertes aux jeunes femmes. Après plusieurs vies, de cinéma à entrepôt de meubles, le théâtre a été préservé par les Friends of the Cerrito Theater. Rénové en 2006 grâce à des fonds publics et privés, il a brièvement fermé en 2009 avant de renaître en 2018 sous la gestion de Rialto Cinemas.

Le Paramount Theatre en majesté

Inspirée par l’Exposition internationale des Arts Décoratifs de 1925 à Paris et l’œuvre de Diego Rivera, sa façade en mosaïque, peuplée de figures hiératiques et théâtrales, se dresse fièrement sur l’avenue Broadway. © Paramount Theatre Oakland

Impossible d’évoquer les salles mythiques de la baie sans mentionner le Paramount Theatre d’Oakland. Ressuscité en 1972, ce chef-d’œuvre Art déco, conçu en 1931 par Timothy L. Pflueger et classé monument historique national, incarne l’âge d’or du cinéma américain. Bien qu’il n’ait connu qu’une brève période de gloire en tant que palais du cinéma, cette salle de 3476 places, tombée en désuétude pendant près de trois décennies, invite à une pause contemplative. Sa mosaïque monumentale d’Anthony Heinsbergen et son vestibule baigné sous une canopée incandescente en reflètent tout l’éclat. Doté d’une acoustique exceptionnelle, son auditorium fascine par sa profusion de dorures et de reliefs stylisés, mêlant influences égyptiennes, gréco-romaines et polynésiennes. Si le show n’est plus au box-office, le Paramount demeure un acteur culturel incontournable de la baie. Résidence de l’Orchestre symphonique et de la compagnie de ballet d’Oakland depuis les années 1970, il propose une programmation variée, allant des concerts aux stand-ups, en passant par la danse et le théâtre. Et pour cause, Always the best show in town !

Si aujourd’hui le show n’est plus au box-office, le Paramount Theatre demeure un acteur culturel essentiel de la baie de San Francisco. © Paramount Theatre Oakland
Illustration de la couverture du programme de la soirée d’ouverture de l’Orinda Theatre, 27 décembre 1941.
© A.M. and A.A. Cantin Collection (2006-3), Environmental Design Archives, University of California, Berkeley.
L’Orinda Theatre, milieu des années 1940. ©Orinda Historical Society


Bourses scolaires 2025-2026 à San Francisco : Vendredi 21 février, date limite pour déposer son dossier

Le consulat général de France à San Francisco a ouvert sa première campagne des bourses scolaires pour la rentrée 2025-2026 et la date limite de l’envoi des dossiers est fixée cette année au vendredi 21 février.

Toutes les familles résidant dans la Baie de San Francisco doivent prendre rendez-vous au Consulat pour un entretien. En dehors de la Baie, les demandes doivent être déposées auprès des établissements scolaires avant d’être adressées au Consulat. Important : l’établissement scolaire doit tamponner la page 3 du formulaire de bourse, attestant de l’inscription de l’enfant.

Nouveauté cette année : le familles peuvent désormais envoyer leurs dossiers par courrier sécurisé via la plateforme Scolaide.

Rappelons que ne peuvent bénéficier d’une bourse que les enfants (de la maternelle à la terminale) qui remplissent les critères suivants :

  • être de nationalité française 
  • être âgés d’au moins trois ans au cours de l’année civile de la rentrée scolaire
  • ne pas avoir plus d’un an de retard en primaire et plus de deux ans de retard dans le secondaire
  • résider avec au moins l’un des parents dans la circonscription consulaire de San Francisco
  • être inscrits au registre mondial des Français établis hors de France, tout comme la personne qui effectue la demande de bourses (père ou mère) 
  • être inscrits ou en cours d’inscription dans un établissement homologué par l’AEFE ou de la Mission laïque française (MLF). Seuls les cursus français de ces établissements sont éligibles et non les cursus internationaux IB
  • La famille ne doit plus percevoir de prestations familiales de la part de la CAF (un certificat de radiation est requis pour les familles dont les enfants ont résidé en France).

Le conseil consulaire des bourses se réunira une première fois au printemps. Il émet un avis et fait des propositions soumises à l’avis de la Commission nationale des Bourses qui se réunit à Paris en juin.

Un concert de jeunes talents chez Albertine pour soutenir l’Entraide Française

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C’est un concert unique qui sera donné le vendredi 31 janvier à 6pm à la librairie française Albertine sur Fifth Avenue. Quatre jeunes musiciens interprèteront des compositions dont les auteurs sont également de jeunes talents. Des morceaux joués pour la première fois pour soutenir l’association L’Entraide Française dans sa mission d’assistance des Français en difficulté.

À cette occasion, l’auteure Clémence Boulouque présentera son dernier livre, « Le sentiment des crépuscules », et tous les participants pourront échanger autour du buffet.

Dans ses vœux de nouvelle année, Sylvie Epelbaum, la présidente de l’association, précise que l’Entraide Française a assisté plus de 100 personnes « dans le cadre de nos différents groupes : seniors, assistance exceptionnelle, back to school, scholarships ». La soirée du 31 janvier, le gala annuel et les dons constituent la seule source de revenus de l’association.

« Covering The New Yorker » : 100 ans d’illustrations iconiques à l’Alliance New York         

« Napoléon disait, ‘impossible n’est pas français’, moi je dis ‘impossible n’est pas l’Alliance’ ! » Tatyana Franck, Présidente de l’Alliance New York, ne cachait pas sa joie et sa fierté mardi 21 janvier, lors de l’inauguration de l’exposition « Covering The New Yorker » dans les locaux de l’institution culturelle française. Une grande première, puisqu’il s’agit de la première exposition consacrée aux unes du New Yorker dans l’histoire du magazine.

Françoise Mouly, Directrice artistique du New Yorker depuis 1993 © Anne-Laure Peytavin

Un regard français unique sur l’actualité mondiale

« Nos équipes ont réalisé un travail titanesque pour rassembler, en deux mois seulement, cent unes et archives du New Yorker et célébrer le centenaire de cette icône new-yorkaise. En tant que phare sur les cultures francophones, nous rendons ici hommage à un regard français unique sur l’actualité mondiale ». Elle fait bien sûr référence à Françoise Mouly, la directrice artistique du New Yorker depuis 1993, qui choisit soigneusement les couvertures illustrées devenues la signature du magazine hebdomadaire. Les grands noms de l’illustration ont signé les unes : Saul Steinberg, William Steig, Maira Kalman, Barry Blitt, Chris Ware, Kadir Nelson, Art Spiegelman, David Hockney… et Jean-Jacques Sempé bien sûr. Le dessinateur originaire de Gironde, décédé en aout 2022, a illustré à lui seul une centaine de couvertures, et quelques vinyls de sa signature sont exposés devant le Florence Gould Hall.

Ne pas réagir à toutes les actualités

« Il s’agit d’un travail collectif dont on ne voit en général que le résultat. Je suis ravie que soient montrés le travail de recherche, les dessins préparatifs et la patte de l’artiste, derrière chacune de ces œuvres », nous a confié Françoise Mouly, qui avait fait le déplacement pour l’événement.

Le New Yorker a une particularité depuis ses débuts : pas de titre, juste une couverture illustrée qui est soit en rapport avec l‘actualité du monde et les fêtes traditionnelles américaines, soit sont des paysages new-yorkais ou des traits d’humour. « Leur particularité est que l’on ne vous dit pas quoi penser. Ces couvertures déclenchent des émotions et sentiments, des préjugés parfois. Elles donnent à voir ce qui se passe en ce moment, mais on ne se force jamais à réagir non plus ».

Les couvertures du New Yorker sur Eustace Tilley © Anne-Laure Peytavin

L’influence des magazines d’humour français des années 20

À l’entrée, la première couverture du New Yorker, qui date du 21 février 1925, représente la célèbre caricature Eustace Tilley, un dandy qui étudie un papillon à travers son monocle. Un personnage qui prend des airs très sophistiqués, inspiré des magazines d’humour français, et qui sera ensuite repris tous les ans dans le New Yorker. Jusqu’à ce que Françoise Mouly modernise l’exercice à son arrivée, en confiant l’interprétation de cette icône à des artistes contemporains.

L’exposition évolue par thèmes. Tout d’abord, les illustrations de la Grosse Pomme, qui donnent à voir les excentricités, les scènes iconiques ou improbables qui font le quotidien de cette ville, toujours sous un regard frais et pointu. Comme un Cupidon, assis sur le bord d’un gratte-ciel avec son café, ses cigarettes, son donut et son arme à feu, qui surveille les passants avec des jumelles. Ou une femme en manteau de fourrure dans Central Park, poursuivie par un raton laveur mécontent.

Kadir Nelson devant la couverture non publiée du New Yorker sur Kamala Harris © Anne-Laure Peytavin

Un média plus engagé depuis les années 90

Elle se poursuit avec les événements mondiaux qui ont marqué ces dernières décennies. Alors que le magazine avait choisi des Unes sages et picturales pendant plusieurs décennies, le changement de management a conduit à un style plus engagé dans les années 1990. Des couvertures qui ont créé la controverse, comme celle d’Art Spiegelman – le mari de Françoise Mouly, et auteur de la célèbre BD Maus –  montrant un juif hassidique en train d’embrasser une femme noire en 1993. Mais aussi la couverture coup de poing après la mort de George Floyd en 2020, intitulée « Say their names » et réalisée par Kadir Nelson.

C’est ce même artiste qui avait réalisé la Une prévue en cas de victoire de Kamala Harris à la dernière élection présidentielle. Un portrait de la Vice-Présidente avec le doigt de la justice levé, et sur elle des représentations des avancées de justice sociale. Une couverture qui n’aura jamais vu le jour, et présentée en exclusivité lors de cette exposition.  « J’étais en train de travailler dessus le soir de l’élection et vers 9.30 pm, j’ai su que cela ne servait à rien. J’ai voulu l’exposer en grand format ici et laisser un petit exemplaire insignifiant de la vraie Une ». Un profil sombre d’un Donald Trump menaçant, portant de la fumée en lui.

Unes du New Yorker à l’exposition « Covering The New Yorker » © Anne-Laure Peytavin

Créer une connexion avec le lecteur

Outre l’actualité, le New Yorker donne page blanche aux artistes pour mettre en dessin leur vision très personnelle et leur ressenti d’une époque, et surtout créer une connexion avec le lecteur. Les faire rire et sourire aussi, comme ces touristes affublés de t-shirts et autres produits dérivés Monet, en visite à Giverny. Leur seule consigne : « capturer ce qu’est être vivant en ce moment ». Un parti pris qui fait des émules depuis un siècle maintenant, et c’est loin d’être fini.

Cocktails, cuisine et vinyles à New York

Depuis plusieurs années maintenant, les vinyles regagnent en popularité auprès des audiophiles, des collectionneurs et des jeunes amateurs de musique. La tendance générale vers le vintage et le rétro, dans la mode et dans le design, contribue largement à cette popularité et on voit de plus en plus de coffee shops, de bars et de restaurants s’équiper de platines pour remplacer la musique numérique. Apercevoir le Dj choisir ses morceaux, aller jusqu’à lui faire des suggestions parfois, ça ajoute quelque chose à l’ambiance du lieu.

On a testé 5 adresses dans différents quartiers de New York où vous pourrez dîner, boire un verre tout en écoutant des bons disques. 

Studio 151

Studio 151. © Olivia Garcin

Le Studio 151 est un bar à sushis situé dans un ancien speakeasy d’Alphabet City, au dessus du Nublu, club de Jazz très connu dans le quartier. Dans un environnement cosy à la lumière tamisée, influencé par les bars d’écoute japonais, la très bonne sélection de vinyles est la toile de fond pour déguster les nigiri et temaki handrolls du chef, complétés par un bon saké. Studio 151, 151 Avenue C. (Second floor).

Mono Mono

Mono Mono ©Olivia Garcin
Mono Mono. © Olivia Garcin

C’est cette magnifique fenêtre ouverte sur la rue remplie de fleurs qui a attiré notre attention cet été et qui nous a emmené à l’intérieur pour découvrir ce restaurant coréen situé en plein cœur de l’East Village. Il abrite une collection de plus de 30 000 disques vinyles qui tapissent littéralement les murs de l’établissement, et ça vaut vraiment le coup d’œil. Le plat signature du restaurant, des ailes de poulet frites à choisir épicées ou non, avec une sauce ssamjang à base de soja, accompagné des sons du Dj qui enflamme le lieu, vous garantissent une soirée animée. Mono Mono 116 E 4th St.

Eavesdrop

Eavesdrop. © Max Lemoine

Eavesdrop est un bar à cocktails situé à Greenpoint où on peut également boire du vin naturel, de la bière locale et partager des assiettes entre amis dans un espace conçu pour les amateurs de son. On aime le bois blond qui encadre un espace intime qui s’inspire non seulement des bars de jazz de Tokyo mais aussi du concept simple de profiter de la bonne musique de Dj’s qui se succèdent . Eavesdrop 674 Manhattan Ave.

Port Sa’id

© Port Sa’id

Port Sa’id est née, il y a plus de dix ans à Tel Aviv, d’une collaboration entre des passionnés de musique et le chef Israélien Eyal Shani, chef déjà bien connu ici depuis les ouvertures successives de plusieurs spots animés new-yorkais (HaSalon, Miznon et Shmoné) tous importés depuis leurs emplacements d’origine en Israël. C’est un restaurant ouvert à tous, où les grandes tablées sont les bienvenues, et qui combine les sons d’un bar musical à une nourriture créative. On a également beaucoup aimé le petit bar très intime situé à l’entrée. Port Sa’id 88 King St.

All blues

All Blues ©Olivia Garcin
All Blues. © Olivia Garcin

On a découvert dans le quartier de Tribeca ce « Musiquarium » très discret de l’extérieur, en mode speakeasy, à l’atmosphère intimiste où la musique et l’écoute vont légitimement de pair. En effet ici, il faut laisser la musique être la conversation, chuchoter en sirotant son cocktail accompagné de mets japonais, pour apprécier à sa juste valeur l’expérience audio high fidelity de ce bar tokyoïte. Le propriétaire, lui-même japonais, a recréé ici un « Jazz Kissa » où la musique jazz est jouée pour une écoute dédiée. Il nous partage son incroyable collection de disques dont un certain nombre sont signés par les artistes. Petit comité recommandé… dans un Kissa, la socialisation étant moins la priorité que l’écoute. All Blues 87 Walker St.

Tokyo Record Bar

© Tokyo Record Bar

Tokyo Record Bar est un restaurant au menu dégustation ou vous ne choisissez pas ce que vous allez manger mais la bande son que vous allez écouter parmi des vinyles soigneusement sélectionnés. Ils ont aussi un bar situé au premier étage qui propose du bon saké et des bouchées légères du chef Aki Iwaki (anciennement de Bohemian). Tokyo Record Bar, 127 Macdougal Street.

Publié le mai 2024. Mis à jour le 23 janvier 2025.

Disparition d’André Soltner, pionnier de la cuisine française à New York

C’est une page de l’histoire de la cuisine française à New York qui se tourne avec la disparition d’André Soltner. Le 19 janvier dernier, le chef franco-américain d’origine alsacienne s’est éteint dans un hôpital de Charlottesville, avec sa compagne depuis 8 ans, Maryvonne Gasparini, à ses côtés. Il avait 92 ans. L’émoi suscité dans le monde de la gastronomie atteste de son empreinte à New York. « J’ai été prévenu personnellement, je le connaissais très bien, je suis un peu sous le choc car il avait encore dîné au restaurant quelques mois plus tôt » se souvient Gabriel Kreuther, chef éponyme du restaurant doublement étoilé à Bryant Park. « Au-delà d’un confrère, c’était un chef iconique de New York, un pionnier. C’est lui qui a ouvert la voie de la cuisine française à New York avec son restaurant Le Lutèce. On était d’autant plus proches qu’on venait de la même région. D’ailleurs, il ne disait pas qu’il était français, il disait qu’il était alsacien. »

Daniel Boulud, le chef français à la tête de Daniel et de plusieurs établissements à Manhattan, s’est également dit choqué : « André a été une inspiration pour toute une génération de chefs français dont je fais partie. Au-delà de sa rigueur et de son excellence en cuisine, c’était un grand homme, généreux et dévoué. Il va beaucoup nous manquer. » Sur son compte Instagram, Éric Ripert, chef du Bernardin, 3 étoiles à Manhattan, écrit : « Le chef André Soltner a défini une époque de repas à New York et a changé à jamais notre façon de penser la cuisine française. »

Au Lutèce, 40 ans d’excellence française

Premier chef français à connaître le succès dans la Grosse Pomme avec l’ouverture du Lutèce, en février 1961, au 249 E. 50th Street, André Soltner n’a jamais cessé d’incarner l’excellence culinaire à la française jusqu’en 1994, date à laquelle il décida de raccrocher son tablier. De ce lieu iconique considéré pendant longtemps comme le meilleur restaurant français de Manhattan (il a fermé en 2004), les clients se souviennent de l’ambiance intimiste et de la sympathie du maître des lieux, mais aussi de Simone, l’épouse du chef qui accueillait les convives et gérait les additions. « J’y ai fêté mes 30 ans, se souvient Daniel Boulud. Je garde encore un souvenir ému de mon dîner et notamment de son soufflé mais surtout, c’est le cadre chaleureux sans être guindé, le côté intime et personnel comme si on était chez quelqu’un qui m’avait marqué. On s’y sentait bien. »

Un lieu d’autrefois, au faste suranné, nappes blanches et plats classiques : quenelles de brochet, sole meunière, filet mignon en croûte de brioche, qui attirait une clientèle de gourmets. « Il incarnait la cuisine bourgeoise française. La vraie cuisine, une cuisine généreuse, traditionnelle mais aussi très technique. Un jour, il m’a fait un magnifique compliment en me félicitant sur mes sauces et mes jus. J’aime à penser qu’avec les autres chefs étoilés de New York, on incarne un peu la relève de cette cuisine française qu’il défendait », témoigne Christophe Bellanca, chef de l’établissement étoilé Essential by Christophe, Upper West Side. Et d’ajouter : « Il était extrêmement bienveillant, sans cesse à donner des conseils notamment aux jeunes cuisiniers. »

Un chef loin du star system

André Soltner en 2024 au restaurant Essential By Christophe © Christophe Bellanca

Plusieurs fois décoré, Meilleur Ouvrier de France, Légion d’honneur, Officier du Mérite National, Chevalier du Mérite agricole mais également titulaire d’un prix pour l’ensemble de sa carrière décerné par la prestigieuse Fondation James Beard, André Soltner s’était mis au service de la jeune génération en intégrant l’American Institute of Wine & Food et l’Institut culinaire français. Le chef restait toutefois un personnage accessible, humble, minimisant les louanges. « Fondamentalement, je suis un cuisinier », déclarait-il à Nation’s Restaurant News en 1987. « Nous ne sommes pas des stars ». La scène culinaire new-yorkaise est pourtant unanime pour dire qu’elle en perd une avec la disparition d’André Soltner.

Ils ont tout perdu dans l’incendie d’Eaton à Altadena

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Nicolas Husson et Catherine De Pauw habitent les États-Unis depuis 24 ans dont 18 à Los Angeles. Dans la nuit du 7 au 8 janvier, le couple belge et leur fils Martin ont dû évacuer leur maison pour fuir l’incendie d’Eaton, à Altadena. Les flammes ont tout ravagé, il ne reste que des ruines et des cendres.

Les Francophones ont raconté à Déborah Laurent la nuit où leur vie a basculé. Et l’après : le silence des assurances; la reconstruction qu’il faudra faire sur les cendres de leur ancien foyer, même si le cœur n’y est pas; la guerre pour retrouver un logement temporaire… 

Les prochains mois s’annoncent difficiles pour la famille Husson. Pour les aider, une cagnotte GoFundMe a été lancée, à retrouver ici.

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