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Deux mois après les incendies de Los Angeles, ils racontent le « deuil » de leur vie d’avant

Dimanche 23 février, par une après-midi d’hiver ensoleillée, Isabelle est venue fouiller une dernière fois les décombres de sa maison d’Altadena, au nord de Los Angeles, avant que les engins ne les emportent définitivement. « Je vais voir si je ne trouve pas des souvenirs, explique-t-elle au téléphone. Je sais que ça va être dur, mais j’ai besoin de le faire. Pendant un mois et demi, j’étais complètement dans le déni. Maintenant que j’ai trouvé un logement et que les démarches les plus urgentes sont faites, je dois sortir du déni. »

Sac plastique à la main et masque sur le visage, cette maman célibataire de jumeaux de 11 ans a arpenté pendant deux heures les murs calcinés où sa famille a vécu pendant 7 ans. « Je me souviens de ma maison par cœur, les détails me reviennent constamment en mémoire, confie Isabelle. J’avais fait la cuisine et pas mal de travaux de rénovation moi-même. Dehors, j’avais installé une pergola. » Le garage, transformé en studio, accueillait une locataire. Les revenus aidaient la Française à payer le crédit de cette maison achetée seule en 2017, avec toutes ses économies.

Découvrir sa maison en flamme, en direct sur CNN

Un bol en céramique, des boules de pétanque rouillées, un carreau de la cuisine extérieure… C’est tout ce qu’elle a pu trouver dans l’enchevêtrement de débris, de revêtements fondus et de cendres de sa maison. Ce jour-là, la pureté du ciel tranche avec les scènes de désolation qui se répètent d’un bout à l’autre d’Altadena. Le feu qui s’est déclaré le 7 janvier dans le Eaton Canyon, non loin de là, a causé la mort de 17 personnes et ravagé plus de 9400 structures de ce paisible quartier résidentiel, au pied des collines aujourd’hui dénudées.

Un bol en céramique, des boules de pétanque rouillées… C’est tout ce qu’Isabelle a retrouvé dans les cendres de sa maison d’Altadena. © Isabelle Darolles

Ce soir-là, Isabelle a juste eu le temps de revenir chercher son deuxième chat et son sac à main, après avoir mis ses enfants à l’abri dans un hôtel de Pasadena. « J’étais dans un état de panique intense, se souvient-elle. J’ai mis 10 minutes à fermer la porte à clef. En partant, j’ai vu le feu au loin qui se rapprochait rapidement. Je me suis dit, ça y est, je vais perdre ma maison. » Réfugiée chez une amie, à Long Beach, elle en a eu la confirmation le lendemain en découvrant les images de son logement en flammes en direct sur CNN.

Démarches administratives et action en justice

Deux mois après le drame, la Française a besoin de vider son sac. Elle raconte les premiers jours « en mode survie »; l’immense élan de solidarité et de dons d’affaires (qu’elle n’avait aucun endroit où garder); la recherche vitale d’un logement, qu’elle a eu la chance de trouver vite, grâce à une amie agent immobilier (et malgré une liste d’attente de 20 personnes); le stress des démarches administratives, et ce sentiment d’être engloutie sous une vague d’informations… « Pendant un mois, j’allais de l’avant à fond, et maintenant, c’est l’inverse. Il y a des choses à faire, mais je n’ai plus l’énergie », reconnaît-elle. 

Le plus stressant reste l’incertitude financière. Si la Française a reçu un chèque de la Fema (Federal emergency management agency) et de la Croix-Rouge, ainsi que l’aide d’une cagnotte GoFundMe, les 400 000$ que son assurance doit lui verser pour reconstruire sa maison sont pour l’instant bloqués par sa mortage company. Isabelle doit présenter un plan de sa future maison pour que celle-ci débloque une première tranche de la somme. Somme qui, elle le craint, ne suffira pas, vu l’augmentation du coût des matières premières, et de celui de sa nouvelle assurance qui risque de grimper après la catastrophe… 

C’est pourquoi Isabelle a souscrit à un prêt, même si elle sait que c’est risqué. Elle a aussi rejoint une action en justice collective (mass tort), intentée par des victimes d’Altadena contre la compagnie d’électricité Southern California Edison, mise en cause dans l’origine du Eaton Fire : « Si les avocats négocient bien, je peux recevoir de l’argent pour reconstruire ma maison. Je compte là-dessus. D’après eux, ça prendra 18 mois. » Après une période sans emploi, cette chercheuse venait heureusement de retrouver un poste de consultante, dans lequel elle s’est jetée à corps perdu.

L’âme du quartier partie en fumée

À Altadena, c’est parfois trois générations d’une même famille qui ont tout perdu. Les flammes ont emporté la maison de Gina et David, où ils vivaient avec leurs ados de 12 et 17 ans, celle de la sœur de Gina et celle de sa mère, âgée de 81 ans. « Notre maison a brûlé le 8 janvier au matin, raconte David, en faisant défiler sur son téléphone les images apocalyptiques qu’il a filmées ce matin-là. J’ai essayé de la sauver en l’arrosant au tuyau, mais quand l’eau a été coupée, j’ai dû abandonner. Nous étions seuls. Il n’y avait pas un seul pompier ni un seul policier dans la rue. C’est tabou de le dire, mais c’est la réalité. »

Gina et David doivent organiser l’enlèvement des débris de la maison de la mère de Gina, qui abritait les souvenirs familiaux. Un vrai deuil pour l’Américaine, qui a grandi ici à Altadena. © Agnès Chareton

Ce samedi 1er mars, le couple -elle Américaine, lui Français- est venu explorer les décombres de la maison de la mère de Gina. De cette magnifique demeure à deux étages, construite en 1927 dans un style hispanique, il ne reste que des ruines. La famille doit bientôt prendre une décision concernant leur enlèvement. Gina redoute de dire adieu à la maison familiale où reposent tant de souvenirs : « On a des amis qui ont déjà tout fait enlever. Il n’y a plus que de la terre. C’est une autre étape du deuil. Ici, on reconnaît encore un peu la maison, mais quand le moment arrivera, ce sera comme si elle n’avait jamais été là. »

Bien plus que des constructions, c’est l’âme du quartier qui est partie en fumée. « On a perdu tous ces gens qu’on avait l’habitude de voir tous les jours. Le monsieur qui aidait les enfants à traverser la rue, la voisine qui se promenait avec son chien, tous ces visages… C’est la fin d’une époque » dit cette maman. Sa famille a réussi à louer un logement tous ensemble à Sierra Madre, non loin de là, avec leurs animaux. Elle sait qu’une minorité de voisins ne reviendront pas. 

En tamisant les cendres, David a retrouvé un chapelet en argent de sa belle-mère. © Agnès Chareton

Eux comptent reconstruire, mais estiment qu’il faudra compter au moins deux ans. « Il va falloir être patient pour trouver des entreprises et des employés dans la construction. Mais déjà, certains arrivent du Nord de la Californie » souligne David. L’incertitude concerne surtout le coût total des travaux, qui pourrait être alourdi par de nouvelles réglementations suite aux feux. Heureusement, tous deux n’ont pas perdu leur travail -elle dans la vente d’objets de décoration, lui au Lycée international de LA- et veulent aller de l’avant.

Les souvenirs d’une vie réduits en cendres

Reconstruire sa vie, c’est impossible pour Danielle. À bientôt 86 ans, cette Française a perdu sa maison de Pacific Palisades, où elle a vécu 40 ans. « Toute mon identité est partie, déplore-t-elle. J’avais des archives de mes grands-parents, de maman, de feu mon mari, des photos de lui quand il était bébé, que je voulais donner à ses enfants. Je vais mieux dans le sens où j’arrive à mieux dormir, mais c’est une catastrophe insurmontable. »

Plus de 6000 maisons ont été détruites le 7 janvier dans le quartier paradisique de Pacific Palisades, qui surplomble l’Océan Pacifique. © Agnès Chareton

Après avoir passé deux mois chez une amie « adorable » à Santa Monica, la vieille dame vient de récupérer les clés d’un petit logement. Mais elle d’ordinaire si dynamique broie du noir. Plus que sa grande maison avec vue sur mer, les souvenirs d’une vie, réduits en cendres, lui manquent cruellement. Le journal intime de ses 14 ans, les peintures de sa mère, une artiste reconnue, les articles qu’elle écrivait pour l’association Los Angeles Accueil… « C’est très difficile de quantifier ce genre de choc et de mettre des mots dessus », confie-t-elle. 

Si sa belle-fille l’aide dans ses démarches administratives, Danielle se rend régulièrement au recovery center, où elle croise d’anciens voisins et trouve de l’aide pour remplir les papiers auprès de gens « très capables et consciencieux. » Pleine de gratitude pour la générosité de tous les acteurs, publics et privés, qui sont venus en aide aux victimes des feux, elle relaie les critiques qui visent la maire de LA et les autorités dans la gestion de la catastrophe. « Beaucoup de maisons auraient pu être épargnées » estime Danielle, qui a désormais l’intention de vendre son terrain.

Cherry Blossom 2025 : Balades et festivités à Washington

Avec l’hiver froid et les températures basses de ces dernières semaines, le pic de floraison des cerisiers arrivera un peu plus tard que prévu cette année à Washington par rapport à l’an passé. D’après le National Park Service, il est attendu entre le vendredi 28 et le lundi 31 mars. Pas de panique, le spectacle promet d’être toujours aussi magique ! Le suivi des bourgeons au Tidal Basin continue, et plein d’événements sont prévus tout au long du printemps pour profiter de cette saison tant attendue.

Les meilleurs endroits pour voir les cerisiers en fleur

Le Tidal Bassin est le lieu privilégié des amoureux des fleurs de cerisiers.
Les cerisiers en fleurs sur les bords du Tidal Basin.

Il ne faut pas avoir peur de la foule pour se rendre au Tidal Basin lors des journées de pic de la floraison. Le bassin, situé entre les mémoriaux de Jefferson et de Roosevelt, est bordé de cerisiers offerts par le Japon en 1912. D’autres lieux, éloignés des touristes, sont également idéaux pour faire de belles photos et profiter de l’ambiance printanière. L’Arboretum, le Stanton Park dans le quartier de Capitol Hill, Foxhall Village ou Kenwood Village sont des adresses connues des locaux. Anacostia Park abrite également de magnifiques cerisiers, tout comme Dumbarton Oaks à Georgetown.

Pour ceux qui tiennent absolument à aller sur le National Mall, mieux vaut s’y rendre de bonne heure, au lever du soleil, autour de 6am, sachant que la semaine est plus calme que le week-end. Pour s’y rendre, mieux vaut compter sur le métro (Smithsonian est la station la plus proche), le vélo ou encore une bonne marche à pied.

Le festival officiel du Cherry Blossom

Le festival aura lieu du 20 mars au 16 avril. © Cherry Blossom Festival
© 2024 National Cherry Blossom Festival Parade.

Le festival qui célèbre les cerisiers en fleur fait durer le plaisir avec un mois de festivités. Du jeudi 20 mars au dimanche 13 avril, une cinquantaine d’événements sont organisés un peu partout dans Washington, mettant la culture japonaise à l’honneur.

Parmi les moments-clés : l’ouverture du festival « Opening Ceremony », le samedi 22 mars à 5pm, est d’accès gratuit (mais des billets sont à réserver). Idéale également pour une sortie en famille avec de jeunes enfants, la Fête des cerfs-volants devant le Washington Monument près de 17th Street et de Constitution Avenue est programmée le samedi 29 mars de 10am à 4:30pm. Pour les sportifs, la course « Cherry Blossom 5K and 10 Mile Run » a lieu les samedi 5 et dimanche 6 avril, de 7:30am à 11am.

Pour s’en mettre plein les yeux, rendez-vous le samedi 5 avril au Wharf pour les feux d’artifice pendant le festival Petapalooza. Les festivités démarrent à 1pm et le feu d’artifice à 8:30pm. La grande parade du festival, gratuite pour ceux qui se rendront sur Constitution Avenue entre la 9e et la 15e rue, se déroule le samedi 12 avril de 10am à 12pm. Pour réserver une place dans les gradins, il est possible d’acheter des billets ici (entre 25 et 40 dollars par personne). En parallèle, le festival de rue Sakura Matsuri célèbre la culture japonaise entre 10:30am et 6pm le samedi 12 avril et entre 10:30 et 4pm le dimanche 14 avril.

Voir le Cherry Blossom autrement

© Artechouse

Comme chaque année, la galerie d’art interactive Artechouse propose une exposition autour de la floraison. Pour 2025, «Blooming Wonders » entre 16 dollars pour les enfants âgés entre 4 ans et 15 ans et 27 dollars pour les plus de 16 ans. Pour voir la floraison en version digitale, on peut réserver ses billets dès maintenant pour l’exposition qui débutera le vendredi 7 mars jusqu’au dimanche 4 mai au 1238 Maryland Ave SW, près du Tidal Basin.

Publié le 4 février 2024. Mis à jour le 28 février 2025.

Sex in America : Happy Steak and BJ Day !

Si votre petit ami américain vient vous trouver un soir, l’œil coquin et le sourire ambigu, en vous demandant  « Et si on fêtait la journée du steak ? », méfiez-vous : il y a anguille sous roche. Oui :  le 14 mars, les Américains coquins au sourire ambigu fêtent le « Steak and BJ Day ». Et par BJ, il faut comprendre « Blow Job ». Ce jour-là, on célèbre donc la fête de la viande et de la fellation (voir – ou pas – le clip officiel). Dans le cas où vous ne feriez pas bien le lien entre les deux, on vous décrit la scène : pendant que l’homme découpe sa tranche de boeuf, sa / son partenaire lui administre un BJ. Quel programme ! 

L’origine de la fête est incertaine. Elle viendrait d’une blague lancée par un DJ dans les années 2000 qui serait totalement tombée dans l’oubli si Internet ne l’avait pas reprise pour en faire une réponse à la Saint-Valentin (vous aurez remarqué la subtile symétrie des dates). Une compensation pour les fleurs ou les chocolats supposés être achetés le mois précédent (voir l’article consacré au 14 février). Le terme « blow job » aurait été inventé par un cartoonist des années 1940, mettant dans la bouche de son personnage  : « You give such a good blow job ! »

Depuis, la bataille fait rage entre les pro et les contre. La plupart des médias sont consternés, à l’exemple du HuffPost, pour qui la fête « donne envie de vomir ». En revanche, la chanteuse Christina Aguilera est fan : «⁠⁠⁠ L’idée est simple : pas de cartes, de fleurs, de bonbons ou d’autres cadeaux fantaisistes. Mesdames (et hommes gays), vous offrez simplement à votre partenaire un steak et une fellation. Pas nécessairement dans cet ordre. » On en ferait bien une chanson… 

À dire vrai, même les sites consacrés à ladite fête marchent sur des œufs. Chad Barnsdale, le cofondateur de Unfinished Man, un site dédié à l’art de vivre au masculin, propose même de remplacer le BJ par une partie de jeu de société ou de PlayStation – ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Quoi qu’il en soit, et cela ne vous surprendra pas dans un pays où tout s’achète, des créatifs proposent des coupons préremplis à offrir, sous la forme « Bon pour un steak et… » Vous avez compris. 

Qu’il nous soit permis de profiter de cette célébration pour nous pencher sur la pratique du sexe oral, dont on dit qu’il est assez peu tabou aux États-Unis. Vous vous souvenez sans doute que, dans l’affaire Monica Lewinsky, la fellation pratiquée par l’étudiante n’était pas toujours considérée comme une pratique sexuelle. C’est d’ailleurs l’avis de 60% des 16-25 ans sondés : « Oral Sex is Not Sex » (encore un oxymore dont les Américains ont le secret). Et que disent d’autre les chiffres ? Un tiers des Américaines ne la pratiquent pas. Chez les adolescents, les premières fois se passent entre 16 et 18 ans. À l’âge adulte, les Américains pratiquent le sexe oral environ cinq fois par mois (8 pour les couples lesbiens). À titre d’information, et de comparaison, sachez que 75% des Françaises âgées de 60 à 69 ans « participate in oral sex regularly ». Enfin, le sexe oral est avant tout un préliminaire pour  60% des sondés. 

Le magazine Time apporte un éclairage intéressant sur sa représentation dans l’entertainment. Absentes jusque dans les années 1990, les références à l’oral sex sont surtout représentées comme une contrainte, un acte désagréable. Dans le livre Fear of Flying, un best-seller des années 1970, un personnage dit : « Il y a une raison pour laquelle on appelle ça un travail » (« Job » pour « travail »). Plus proche de nous, l’acte est toujours assez mal vu. Dans le film « Don Jon » (2013), le personnage principal décrit sa petite amie (jouée par Scarlett Johansson) comme «⁠⁠⁠ étant trop sexy pour avoir besoin de faire une fellation, comme si c’était quelque chose que seules les femmes peu attirantes devient faire pour compenser leurs autres défauts ». 

Par ailleurs, Time souligne un biais dans les chiffres et les sondages : ils ne concernent que des individus de type caucasien, sans mentionner les personnes de couleur ou hispaniques dont les pratiques sont différentes. Ainsi, si 75 % des étudiantes blanches ont déclaré en 2001 avoir pratiqué le sexe oral au moins une fois, selon une étude de 2001 intitulée « Race, gender, and class in sexual scripts », seules 56 % des étudiantes latines et 34 % des étudiantes afro-américaines déclarent l’avoir fait. Et parmi ces groupes, seulement 55, 46 et 25 %, respectivement, décrivent la fellation comme une activité attrayante. 

Quoi qu’il en soit, l’oral sex est encore illégal dans 18 États américains. Dans le Montana, par exemple, la pratique est passible d’une peine de dix ans de prison et 50.000 dollars d’amende. Mais rassurez-vous, chers lecteurs du Texas ou de l’Utah : un jugement de 2003 a classé ces lois anciennes comme « inconstitutionnelles ». Ne reste alors qu’un léger frisson d’interdit bienvenu. 

Deneuve et Delon à l’honneur à l’AFI Silver Theatre de Silver Spring 

Ce n’est pas un, mais deux monstres sacrés du cinéma français que vous pourrez retrouver en mars, à l’AFI Silver Theatre de Silver Spring. 

D’un côté, Catherine Deneuve brille dans « Les Parapluies de Cherbourg » (1964), l’inoubliable comédie musicale de Jacques Demy. Ce chef-d’œuvre, entièrement chanté, raconte l’histoire d’amour contrariée entre Geneviève, fille d’une vendeuse de parapluies, et Guy (joué par Nino Castelnuovo), un mécanicien, sur fond de guerre d’Algérie. Porté par les mélodies envoûtantes de Michel Legrand et une esthétique colorée, ce film a marqué des générations de cinéphiles et remporté la Palme d’Or à Cannes. L’occasion de (re)découvrir ce classique sur grand écran. Dates et horaires: 

  • Vendredi 7 mars à 5pm 
  • Samedi 8 mars à 5pm 
  • Lundi 10 mars à 4.30pm 
  • Mercredi 12 mars à 6.30pm 
  • Jeudi 13 mars à 4.30pm 

De l’autre, Alain Delon fait l’objet d’une rétrospective dédiée à sa carrière, jusqu’au 24 avril. L’acteur mythique, qui s’est éteint en août dernier, a marqué l’histoire du cinéma français en jouant dans plus de 90 films, oscillant entre grosses productions (« Borsalino », « Le Guépard ») et films d’auteur (« Monsieur Klein », « Notre histoire »). 

En mars, deux de ses œuvres les plus marquantes seront projetées : 

« La Piscine » (1969) – Un thriller sensuel où il incarne Jean-Paul, en vacances sur la Côte d’Azur avec sa compagne Marianne (Romy Schneider). L’arrivée d’un ancien amant (Maurice Ronet) et de sa jeune fille (Jane Birkin) va bouleverser l’équilibre du couple, dans un huis clos brûlant sous le soleil méditerranéen. Dates et horaires: 

  • Vendredi 7 mars à 12.10pm 
  • Samedi 8 mars à 11.30am 
  • Lundi 10 mars à 1.50pm 
  • Mardi 11 mars à 2.15pm 
  • Mercredi 12 mars à 12.40pm 
  • Jeudi 13 mars à 6.30pm 

Et « Le Cercle Rouge » (1970) – Un polar sombre signé Jean-Pierre Melville, dans lequel Delon campe Corey, un braqueur fraîchement sorti de prison qui prépare un dernier coup aux côtés d’un ancien policier alcoolique (Yves Montand) et d’un évadé en cavale (Gian Maria Volonté). Un chef-d’œuvre du film noir français. Dates et horaires : 

  • Vendredi 28 mars à 12.45pm 
  • Dimanche 30 mars à 3.30pm 
  • Lundi 31 mars à 6pm 
  • Mardi 1er avril à 2pm 
  • Mercredi 2 avril à 12.45pm 
  • Jeudi 3 avril à 2pm 

Vous pourrez ensuite retrouver d’autres films avec la star :

  • « Borsalino » à partir du 4 avril,
  • « Monsieur Klein » à partir du 5 avril,
  • « Un Flic » à partir du 11 avril, 
  • « Trois Hommes à abattre » à partir du 11 avril,
  • « Soleil Rouge » à partir du 18 avril. 

Où trouver du fromage à raclette à Washington ?

Les soirées sont encore froides à DC et si vous n’avez pas encore succombé à une bonne raclette, il est encore temps de vous laisser tenter ! Pour notre plus grand plaisir, ce fromage emblématique de l’hiver a traversé l’Atlantique jusqu’à Washington. Qu’il soit importé de Suisse ou de France, ou produit ici aux États-Unis, voici les meilleures adresses pour vous approvisionner dans la capitale et ses environs. 

District de Columbia

Bowers Fancy Dairy Products

Entre les murs historiques d’Eastern Market, ce magasin bien connu des connaisseurs propose plus de 400 fromages et parmi eux des raclettes françaises, suisses, et même américaines (à partir de 24,99$ la livre). 225 7th St SE, Washington DC 

Calvert Woodley

Dans cette épicerie fine, vous trouverez de la raclette française et suisse à partir de 17,99$ la livre, ainsi qu’une large sélection de vins pour un repas festif. 4339 Connecticut Ave NW, Washington DC 

Each Peach Market 

Cette épicerie de quartier tenue par deux amies vous propose à la coupe une raclette française à 22$ la livre. Vous trouverez aussi un fromage pré-découpé de la marque Mifroma vendu à 10$ le sachet de 7 onces (environ 200g). 3068 Mount Pleasant Street NW, Washington DC 

La Jambe   

Dans le marché couvert de Union Market, cette fromagerie tenue par notre compatriote Anastasia Mori propose une raclette française pour 38$ le kilo. La Jambe c’est aussi un bar à vin où l’on peut venir boire un verre, déguster une planche de fromages et charcuteries (à partir de 20$) ou grignoter un snack (sandwichs, quiches, salades, … À partir de 9$). 1309 5th St NE, Washington DC 

Maryland

Butchers Alley 

Une boucherie qui vend aussi du fromage ? Chez Butchers Alley vous trouverez une raclette à partir de 23,99$ la livre et toute la charcuterie pour accompagner votre repas (jambons Serrano ou Iberico, chorizo, speck, pancetta, etc.). 4961 Bethesda Ave, Bethesda 

Pescadeli

À Bethesda, l’épicerie Pescadeli propose un fromage à raclette à partir de 11,99$ le sachet de 8 onces (environ 225g). 4960 Bethesda Ave, Bethesda 

Virginie

Arrowine & Cheese

Chez ce caviste de Cherrydale, le couple vin et fromage est une religion. Parmi une sélection de près de 300 fromages, vous trouverez l’une des plus larges offres de raclettes de la région: 6 variétés différentes (nature, truffe, fumé, chimichurri, etc.), à partir de 17,50$ la demi-livre ainsi que tous les produits (vins, charcuteries) indispensables à l’organisation de votre repas. 4508 Lee Hwy, Arlington  

Cheesetique

Cette épicerie/bar à vin de Del Ray propose de la raclette suisse à 18,98$ la livre ainsi que les vins pour l’accompagner. Du côté du restaurant, ne ratez pas les planches à partager de fromages et charcuterie (à partir de 25$), la soupe à l’oignon (à partir de 12$), les sandwichs gourmands (à partir de 16$), ainsi que la raclette party annuelle organisée à la fin de l’hiver (l’édition 2025 a eu lieu le dimanche 2 mars). 2411 Mt Vernon Ave, Alexandria

Une chasse à l’œuf avec Donald et Melania Trump ? Ouverture de la loterie à la Maison Blanche

C’est une tradition emblématique depuis plus de 140 ans : l’ouverture de la loterie pour le célèbre Easter Egg Roll à la Maison Blanche. Le tirage au sort se déroulera de ce mardi 4 mars au lundi 10 mars inclus, avec une annonce des résultats prévue le mardi 18 mars. Les sélectionnés pourront venir ramasser leurs œufs le lundi 21 avril prochain aux côtés du président américain Donald Trump et de son épouse Melania.

Dans les années 1870, Capitol Hill était un lieu prisé par les enfants qui venaient y faire rouler leurs œufs – et parfois eux-mêmes – le lundi de Pâques. D’ailleurs, French Morning s’était penché sur l’histoire de cette tradition ici. En 1878, le président Rutherford B. Hayes avait décidé d’ouvrir les jardins de la Maison Blanche aux enfants souhaitant perpétuer cette tradition pascale. Depuis, cet événement est devenu l’un des plus grands rassemblements annuels organisés à la Maison Blanche.

Réservé aux enfants de 13 ans et moins avec un ou deux accompagnateurs, l’événement propose des spectacles, des contes, des ateliers créatifs, des apparitions de personnages costumés et, bien sûr, le célèbre Easter Egg Roll and Hunt. Chaque année, la loterie en ligne permet d’attribuer les billets est accessible gratuitement. A noter, il ne peut y avoir qu’une candidature par famille, et six billets par famille maximum.

Les meilleurs food trucks de New York

Eggs sandwiches, lobster rolls, tacos en passant par les gaufres et les hot-dogs, il y a un food truck pour chaque moment de la journée, pour chaque petite ou grosse faim. Des plus basiques aux plus gourmets, ils sont à chaque coin de rue, appâtant le chaland avec leur fumet de friture et la promesse d’un repas à moindres frais. En tout, il y aurait près de 5000 de ces petite échoppes mobiles, foodtrucks (gros véhicule équipé d’une cuisine) et food carts (petites cuisines-remorques sur roues) à New York. Pas facile de s’y retrouver dans cette offre pléthorique. French Morning a demandé à des New-Yorkais de longue date et foodies reconnus quels sont leurs spots favoris.

Nathan’s Famous Midtown

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Le choix de Sam Goldberg, animateur du nouveau show sur Youtube, Respect The Chain

« Forcément, en tant que fan de chaînes de restaurants, mon préféré fait partie d’une franchise : le food truck Nathan’s à l’angle de la 45e rue et de la 5e Avenue. 3 fois par semaine, j’y attrape un hot-dog avec supplément choucroute, ketchup-moutarde. Ce sont les meilleurs. Nathan’s est une véritable institution. À chaque bouchée d’un hot-dog Nathan’s, on sait exactement ce qu’on va retrouver : une saveur iconique et classique ».

NY Dosa à Washington Park

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Le choix de Gurleen Kaur, alias @traveleen_gurl sur Instagram : 

« NY Dosa est mon préféré de loin. Depuis plus de 20 ans, Thiru, le chef et propriétaire sert d’incroyables plats d’Inde du Sud sur la place à partir de 11h jusqu’à 15h (ou avant s’il a tout vendu). Il y a toujours la queue ! Mon plat coup de cœur : la Pondicherry dosa, une masala dosa (crêpe salée à base de pâte fermentée de riz et de lentilles) garnie de légumes verts hachés et servie avec du chutney de coco et du sambar. C’est absolument délicieux ! Tous les plats sont 100 % végétaliens et gluten-free. Il y a aussi un menu secret avec quatre plats supplémentaires que la plupart des gens ne connaissent pas, ce qui ajoute une touche amusante à l’expérience ».

Birria-Landia à Williamsburg

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Le choix de Camille Martin, chef du restaurant Le Bilboquet

« Des tacos de viande braisée à tremper dans un bouillon épicé, c’est tendre, juteux, bien relevé. Dément. Il n’y a que quatre plats au menu, on ne peut pas se tromper. Une bouchée et on est transporté à Mexico ! ». Plusieurs emplacements à New York, voir sur le site.

Halal Guys Midtown

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Le choix de Sharm Sil, rédactrice en chef d’Average Socialite

« Mon spot préféré en ville, c’est Halal Guys. Je suis tombée dessus par hasard il y a des années, car c’était juste devant mon cabinet d’avocats au coin de la 6e avenue et de la 53e rue. Je m’en souviens encore, c’était fantastique. Je m’y arrête chaque fois que je suis dans le coin. L’incontournable : le combo poulet-agneau-sauce blanche et sauce piquante. La sauce blanche est légendaire ». Plusieurs emplacements à New York et dans le New Jersey.

Shawarma Bay Midtown

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Le choix de Noemie Carrant, journaliste food pour Resy

« Un super foodtruck halal entre les 51e et 52e rues sur le 6e avenue avec des ingrédients frais et un choix de sauces excellentes. Il y a toujours la queue mais ne vous découragez pas, ça va plutôt vite ! Je choisis toujours le “2 way combo platter” à 13$, une assiette complète avec du chicken shawarma et du beef doner ».

King Souvlaki à Astoria

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Le choix de la rédaction French Morning

Des brochettes fraîchement préparées tous les matins, copieusement saupoudrées d’origan importé de Grèce, enveloppées dans un pain pita moelleux. Le tout lustré à l’huile d’olive et garni de beaucoup d’amour, c’est la formule magique hellénique de ce camion dans Queens qui vous transporte direction les plages de Méditerranée depuis plus de 40 ans. Notre go-to lunch : le chicken souvlaki pita sandwich. Un repas complet à emporter réconfortant à souhait.

Mais aussi :

Bodega Truck dans le Bronx

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Le premier et unique food truck spécialisé dans le chop cheese sandwich à New York (un sandwich à base de bœuf hâché épicé et fromage). Plusieurs camions à Manhattan. Voir sur leur site.

Mom’s Momos dans Queens

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Quoi ? Vous n’avez jamais mangé tibétain ou népalais ? Pour remédier à cette grosse carence, laissez-vous tenter par les gros dumplings à la viande assaisonné avec un mélange particulier d’achar, sésame, piment, gingembre, coriandre et cumin.

Wafels & Dinges à Bryant Park

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Impossible de rater ce petit kiosque belge (ok celui-ci n’est pas mobile mais l’enseigne possède aussi plusieurs foodtrucks et petites unités mobiles dans la ville) qui fleure bon le sucre cuit et le réconfort. On se laisse tenter par l’une de leurs grosses gaufres épaisses au chocolat belge ou sirop d’érable. Décadent…

L’Europe « disparaît » ? Non, au boulot !

L’Europe est-elle en train de disparaître de la carte du monde ? Elle est marginalisée des négociations entre Américains et Russes, alors que la guerre est à ses portes. L’humiliation est explicite dans les propos de J.D. Vance à Munich. Le financier américain Kenneth Griffin constatait récemment1 : « Dans tous les sens du terme, l’Europe disparaît. » La brutalité du propos peut choquer, mais l’analyse est proche de celle de Mario Draghi, annonçant en septembre une « lente agonie » de l’Europe. Est-il possible que l’Europe soit en phase d’effondrement ? Si oui, que faire ?

L’actualité est noire. Les constructeurs automobiles allemands, joyaux de l’industrie européenne, voient leurs ventes chuter, leurs profits baisser de moitié. Volkswagen annonce 35 000 suppressions d’emplois. Stellantis (Peugeot Fiat Chrysler) vire son patron charismatique. Michelin ferme des usines. L’Allemagne est en stagnation, si ce n’est en récession. L’Italie n’a plus connu de croissance depuis 2000. Le Royaume Uni n’en finit pas de subir les conséquences néfastes du Brexit. La France est en pleine crise politique, dopant sa croissance chétive de 1% du PIB par un déficit « hors de contrôle » de 6% du PIB. Dans tous les pays européens, l’angoisse des populations les plus pauvres conduit l’extrême droite au pouvoir ou à ses portes. 

Vent panique en Euopre

Pourquoi cette crise ? Les explications de court terme sont évidentes. L’agression russe en Ukraine a privé l’Europe d’énergie bon marché. Le marché chinois, corne d’abondance des exportateurs européens depuis 30 ans, se referme à mesure que l’industrie chinoise rattrape son retard technologique. La vague d’investissements en intelligence artificielle crée une bulle d’investissement aux États-Unis et en Asie, mais l’Europe passe à côté, malgré les belles annonces de Macron. Trump annonce une guerre commerciale avec l’Union Européenne et un arrêt des soutiens militaires à l’Ukraine. Un vent de panique souffle Bruxelles, Berlin, Paris, Varsovie et Londres.

Cette analyse de court terme conduit à la paralysie. Trop de facteurs externes sont hors de contrôle, le découragement domine. Pourtant, un peu de recul historique et une analyse plus profonde montrent des voies de rebond crédibles. Tout d’abord, il importe de rappeler que l’effondrement est possible, que rien ne garantit un sursaut gaullien ou churchillien, et que les conséquences en sont épouvantables. Près de nous, l’Espagne était la première puissance européenne au XVIIe siècle, gorgée d’or et d’argent des Amériques. Elle a ensuite manqué les révolutions scientifiques et industrielles, puis connu un lent effondrement qui a culminé dans la guerre civile en 1936. Les jeunes Espagnols émigraient en masse vers la France dans les années 1960 pour trouver du travail.

Autre exemple d’effondrement, la Chine était la première puissance économique mondiale en 1800. Mais l’Empire Chinois a rejeté avec mépris la révolution scientifique européenne, puis a manqué la première révolution industrielle. Armée de simples jonques à voile face aux bateaux à vapeurs anglais de 1840, elle a dû accepter l’opium, la colonisation et les traités inégaux. Elle a plongé dans la guerre civile en 1911, subi l’occupation japonaise, enfin connu la terreur maoïste et ses dizaines de millions de mort de faim.2 L’effondrement d’une grande puissance est possible et ses conséquences sont tragiques.

Manquer la troisième révolution industrielle

L’histoire de l’Europe des 30 dernières années a des traits similaires. Dans les décennies qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, la productivité des principaux pays européens avait progressivement rejoint le meilleur niveau mondial, mais entre 1995 et aujourd’hui, elle a perdu 20% par rapport aux Etats-Unis.3 La raison avancée par la Banque Centrale Européenne ? Le sous-investissement en technologies de l’information, la « Tech », depuis le lancement du PC et du web, premiers signes tangibles de la troisième révolution industrielle.

Soyons concrets : 20% de productivité en plus, cela serait 10 000 euros de revenus disponibles supplémentaires par personne et par an, ou 40 000 pour un couple avec deux enfants. En France, cela serait 300 milliards de recettes fiscales supplémentaires, soit six fois le budget de la Défense Nationale. De quoi payer les retraites sans motion de censure. Comme la Chine ou l’Espagne du XIXe siècle, qui ont manqué la première révolution industrielle, l’Europe du XXIe siècle est en train de manquer la troisième révolution industrielle. Les conséquences économiques et politiques sont déjà graves et peuvent être catastrophiques.

Pourquoi l’industrie automobile européenne est-elle en crise ? Parce qu’elle est restée focalisée sur l’amélioration des voitures à essence inventées en 1900. Elle n’a intégré ni le basculement vers l’électrique où s’illustrent Tesla et les constructeurs chinois, ni la révolution numérique des véhicules autonomes, déjà opérationnels dans les rues de San Francisco et de Wuhan. L’autre mamelle de l’industrie européenne, la chimie et la pharmacie, peuvent être balayées par l’invention de nouvelles molécules par Intelligence Artificielle ou par calcul quantique. Il est même possible que la transition énergétique soit dominée par les acteurs qui maîtrisent le mieux l’intelligence artificielle. Enfin, la guerre en Ukraine montre que les armes déterminantes ne sont plus les chars et les avions, mais les drones autonomes et les missiles de précisions, issus de la tech, donc 100% dépendants des technologies américaines ou chinoises.

Les industriels européens de la Tech investissent 54 milliards d’euros par an, soit un sixième des montants investis par les acteurs américains (300 milliards) et la moitié environ des acteurs chinois (80 milliards).4 Ils sont totalement absents des technologies clefs, à savoir les semiconducteurs les plus performants (NVIDIA, Qualcomm, AMD, Huawei), les systèmes d’exploitation (Microsoft, Apple, Google), le Cloud (Amazon, Microsoft, Google, Alibaba), l’Intelligence Artificielle (Microsoft, OpenAI, Google, Meta et des Chinois tels que DeepSeek). 

Les succès de Mistral et les annonces de Macron ne doivent pas faire illusion : NVIDIA a retiré l’Europe de ses résultats annuels. Là encore, « l’Europe disparaît. » Comme la Chine ou l’Espagne du XIXème siècle, l’Europe voit ses industries traditionnelles menacées par la révolution industrielle en cours, connaît une baisse relative de sa productivité, un appauvrissement de ses populations, une insuffisance chronique de ses recettes fiscales, une insatisfaction profonde de ses populations inquiètes, une montée de ses mouvements politiques extrêmes, une contestation de ses frontieres (Ukraine, Pays Baltes, Groenland). Elle peut connaître, comme d’autres avant elle, un effondrement économique et politique caractérisé in fine par la guerre civile et la famine.

Le retard Tech de l’Europe

Il faut éviter une telle descente aux enfers. Pour cela, il y a une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle, mais soluble. La bonne nouvelle est que l’Europe est en train de prendre conscience de ses faiblesses en Tech. Il y a deux ans, je passais plus de la moitié de mes présentations à expliquer que l’Europe était en retard en Tech, devant des assistances sceptiques ou irritées. La guerre en Ukraine, le choc de l’IA, les difficultés allemandes, enfin les rapports de Letta5 puis de Draghi6 ont totalement changé cela : les dirigeants politiques et économiques européens ont pleinement pris conscience des retards accumulés en Tech et des risques associés.

La mauvaise nouvelle est que les causes de ce retard ne sont pas encore bien comprises. Les dirigeants continuent de répéter les mêmes analyses qu’il y a 30 ans, quand je travaillais à la Commission Européenne ou à Matignon : la fragmentation des marchés, l’insuffisance des financements, la culture averse au risque, les soutiens publics inadaptés, la politique de concurrence idéologique, la régulation excessive… Tous ces facteurs sont réels mais sont soit des conséquences de causes plus profondes, soit des facteurs de deuxième ordre.

Les causes profondes de ce retard de l’Europe en Tech, bien qu’encore peu connues, sont identifiables et traitables. L’Europe a tout à fait les moyens de revenir au meilleur niveau de l’innovation mondiale, comme elle l’a été de 1540 à 1940. Elle a des atouts exceptionnels que l’évolution des États-Unis met en lumière aujourd’hui. Mais cela nécessitera un deuxième article dans French Morning, et un peu d’aide de votre part…

1 Kenneth Griffin, Milken Institute Global Conference, December 20241 Kenneth Griffin, Milken Institute Global Conference, December 2024

2 David Landes: The Wealth and Poverty of Nations, 1998

3 Isabel Schnabel: ECB, From laggard to leader? Closing the euro area technology gap, Feb 2024

4 Olivier Coste: L’Europe, la Tech et la Guerre, 2024

5 Enrico Letta: Much more than a Market, April 2024

6 Mario Draghi: The future of European Competitiveness, September 2024

Chaque semaine, French Morning publie la tribune d’une personnalité, extérieure à la rédaction, sur des sujets transatlantiques variés, afin d’alimenter le débat d’idées. La tribune n’étant pas signée par la rédaction, elle ne reflète pas la position de French Morning. Si vous souhaitez contribuer et proposer un texte, merci de nous contacter à l’adresse suivante : [email protected]

Camille et Clément Ducol sauvent le cinéma français aux Oscars d’Hollywood

Commencée avec le duo Ariana Grande et Cynthia Erivo, suivi du discours truculent du comédien Conan O’Brien et d’un hommage aux pompiers de Los Angeles, la 97e édition des Oscars organisée au Dolby Theatre à Hollywood avait l’âme bon enfant. Aucune polémique au rendez-vous, mais une déception générale pour le cinéma français.

Promis aux succès avec 13 nominations – un record dans l’histoire des Oscars devant « The Artist » -, « Emilia Pérez  » le film réalisé par le Français Jacques Audiard, avait vu ses chances de victoires réduites avec la polémique née des tweets de l’actrice Karla Sofia Gascon, il y a quelques semaines. Il repart d’Hollywood avec seulement 2 statuettes.

Deux récompenses seulement pour « Emilia Pérez » 

Pressentis pour la victoire, la chanteuse Camille et son mari compositeur Clément Ducol décrochent ainsi l’Oscar de la chanson originale avec « El Mal ». Un trophée remis par Mick Jagger en personne. Au micro, Camille confessait être « très reconnaissante » de cette victoire. « Nous avons écrit El Mal pour dénoncer la corruption et nous espérons qu’elle témoigne du rôle que la musique et l’art peuvent jouer et continuer à jouer en tant que force de bien et de progrès dans le monde. »

Les actrices principales du film « Emilia Perez » de Jacques Audiard.

Clément Ducol remerciait producteur, réalisateur, actrices, acteurs, famille et enfants, et Camille concluait en chantant, trophée dans les mains, « Emilia, Emilia. » Une autre de leur composition, « Mi Camino », était également en compétition dans la même catégorie. Dans la catégorie Original score (meilleure musique originale), dans laquelle ils étaient aussi nommés, les Français ont dû laisser la victoire à la musique du film « The Brutalist ».

La seconde statuette du film de Jacques Audiard a été remportée par l’actrice Zoe Saldana, sacrée meilleure actrice dans un second rôle. Un discours émouvant pour la première Américaine d’origine dominicaine sacrée aux Oscars qui portait, pour l’occasion, un collier somptueux de la maison Cartier.

Déception pour « The Substance » de Coralie Fargeat

Le film « Emilia Perez », qui concourrait notamment pour les catégories du meilleur film et du meilleur réalisateur, a dû plier devant le film américain « Anora » et son réalisateur Sean Baker. Vainqueur de la Palme d’Or au Festival de Cannes, le film raconte la transformation d’une strip-teaseuse des quartiers de Brooklyn en Cendrillon des temps modernes.

Plus inattendu, l’Oscar de la meilleure actrice revenait à la jeune actrice originaire de Los Angeles, Mikey Madison, tête d’affiche du même film, alors que Demi Moore était donnée favorite. Une déception pour l’héroïne de « The Substance » et pour la réalisatrice Coralie Fargeat qui ne repart qu’avec l’Oscar des meilleurs maquillage et coiffure. Le film français était nommé cinq fois, notamment dans les catégories du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et de la meilleure actrice.

Bonne surprise de la cérémonie, le film d’animation « Flow », une co-production franco-belge-letton, accompagnée par le CNC (le Centre National du Cinéma) et menée par son réalisateur lituanien Gints Zilbalodis, repart, lui, avec le prix du meilleur film d’animation.

À travers l’objectif de Paul McCartney, les débuts de la Beatlemania en 250 photos inédites

Soixante ans plus tard, la Beatlemania s’apprête à déferler sur San Francisco. Le samedi 1er mars s’est ouvert au De Young Museum l’exposition « Paul McCartney Photographs 1963–64: Eyes of the Storm », qui rassemble plus de 250 clichés pris par le bassiste des Beatles entre décembre 1963 et février 1964. Armé de son reflex Pentax 35 mm, McCartney chronique les débuts de la Beatlemania qu’il observe avec l’émerveillement d’un jeune homme d’à peine 21 ans.

Des photos oubliées pendant 56 ans

« La passion de Paul McCartney pour la photographie a commencé très jeune, grâce à un appareil Kodak Brownie. Il baigne dans le milieu de la photographie toute sa vie » , rappelle Sally Martin Katz, conservatrice adjointe de la Photographie au Fine Arts Museums de San Francisco. « Son frère Mike, sa première femme Linda, mais aussi sa fille Mary, sont tous des photographes professionnels. L’exposition Eyes of the Storm permet de voir, pour la première fois, ces clichés pris il y a 60 ans et dont Paul McCartney n’a retrouvé les négatifs qu’en 2020. »

L’exposition est organisée de façon chronologique, et suit les Beatles dans leurs déplacements en Europe et aux Etats-Unis. On pénètre dans l’intime de leurs concerts, avec des photos prises en coulisses : on y voit un John Lennon nerveux, un Ringo Starr facétieux, ainsi que tous les gens, manager, chauffeur, roadies qui les accompagnent dans leur succès, et leurs familles, notamment Cynthia Lennon, la première femme de John, et les parents de George Harrison.

Quelques clichés de leur séjour parisien en janvier 1964. © Hélène Labriet-Gross.

En janvier 1964, les Beatles se produisent à l’Olympia, dont ils partagent l’affiche avec Sylvie Vartan et Trini Lopez. Les 18 concerts qu’ils donnent à Paris leur donnent l’occasion de jouer les touristes de façon fugace, comme le montrent les photos de l’Arc de Triomphe prises à la sauvette depuis une voiture, ou des clichés du groupe prises dans les rues de la capitale. Comme le souligne Sally Martin Katz, « les photos de Paul McCartney capturent bien le style de l’époque : plusieurs de ces clichés en noir et blanc rappellent l’esthétique de la Nouvelle Vague, et pourraient avoir été prises sur un tournage de Truffaut. »

Une rencontre avec un certain Johnny Hallyday

Dans une vitrine, les paroles manuscrites de « I want to hold your hand », première chanson des Beatles à être numéro 1 des charts américains le 18 janvier 1964, se trouvent près du journal de Paul McCartney qui relate son séjour à Paris, notamment la rencontre avec un certain Johnny Hallyday, qu’il admire.

Johnny Hallyday, photographié par Paul McCartney en 1964. © Hélène Labriet-Gross

Leur première tournée sur la côte Est des États-Unis

Après Paris, ils s’envolent pour New York, afin de se produire au Ed Sullivan Show le 9 février 1964. Suivie par 63 millions de téléspectateurs, cette apparition télévisuelle marque un tournant dans leur carrière, la propulsant au niveau mondial du jour au lendemain. L’exposition montre des photos prises pendant les répétitions, mais des clichés saisis depuis leur voiture, montrant les paparazzis qui les poursuivent dans la rue et des centaines de fans qui se massent derrière un cordon de police sur la 5th Avenue.

Les Beatles à New York. © Hélène Labriet-Gross
La foule attend les Beatles sur 5th Avenue à New York. © 1964 Paul McCartney under exclusive license to MPL Archive LLP

Les Beatles se rendent ensuite à Washington en train. « C’est l’occasion pour Paul McCartney d’immortaliser “ses gens”, issus de la classe ouvrière pendant le trajet. Lui-même est issu de ce milieu, son père était un représentant dans l’industrie du coton. » On retrouve des clichés similaires lors de leur prochain stop, en Floride, notamment du personnel de l’aéroport qui se tient près de l’avion. L’un d’entre eux a remarqué que McCartney les prend en photo, et fait semblant de jouer de la guitare en réponse. Sur de nombreux clichés, le sujet regarde droit dans l’objectif. « Paul McCartney a réussi à créer une vraie connection avec les gens qu’il photographie à travers son appareil, que ce soit une petite fille dans la rue, ou un photographe qui lui fait face. »

© 1964 Paul McCartney under exclusive license to MPL Archive LLP

Après le noir et blanc, la dernière partie de l’exposition passe à la couleur. Les Beatles sont en Floride, et Paul McCartney partage l’album de photos de vacances : plage, ski nautique, piscine, cigarettes et cocktails… Ils peuvent souffler et prendre un peu de distance avec cette Beatlemania dont ils sont autant acteurs que témoins.

Paul McCartney – George Harrison. Miami Beach, February 1964. Chromogenic print. © 1964 Paul McCartney under exclusive license to MPL Archive LLP

L’exposition « Paul McCartney Photographs 1963–64: Eyes of the Storm » est vraiment riche, la muséographie est bien faite, et on peut facilement passer deux heures à détailler les photos pour replonger dans cette époque. À noter que l’audioguide permet d’entendre Paul McCartney parler de la préparation de l’exposition, ainsi que des historiens et des fans de la première heure. Le samedi 1er mars à 12pm, plusieurs groupes se succéderont sur la scène du Bandshell situé entre le De Young et la California Academy of Sciences pour interpréter des chansons des Beatles, et à 1pm, on pourra assister à une conférence gratuite sur l’exposition, présentée par Sally Martin Katz, conservatrice adjointe de la Photographie au Fine Arts Museums de San Francisco.

Brèves new-yorkaises : On ne rigole pas avec les pompiers (et les bouches d’incendie)

Que s’est-il passé à New York cette semaine ?

😱 Vendredi 28 février, deux laveurs de vitres ont été secourus après que leur échafaudage s’est mis à se balancer de manière incontrôlée contre un gratte-ciel de Columbus Circus, au 70e étage. Du verre est tombé sur le trottoir, mais personne n’a été blessé. 

🔥 Pour la première fois, un conducteur a été condamné à une amende de 4 000$ pour avoir bloqué une bouche d’incendie, ralentissant l’intervention des pompiers lors d’un incendie mortel dans le Bronx. L’amende, quand on est mal garé, est de 115$ habituellement.

💰 L’administration fédérale exige que la ville de New York mette fin à la tarification de congestion d’ici le 21 mars, mais la MTA a engagé une action en justice pour maintenir le péage. Depuis son lancement le 5 janvier dernier, le programme a généré 48,6 millions de dollars en 27 jours, dont 37,5 millions de dollars de revenus nets après déduction des coûts d’exploitation. Les taxis et véhicules de location ont contribué à hauteur de 10 millions, soit environ 22% des revenus. La MTA prévoit 500 millions de dollars de revenus nets en 2025. L’impact sur la circulation est assez réduit : les bus parcourent leur trajet habiturel de 1 à 5% plus rapidement. 

🎟️ Vous habitez à New York ? Vous pourrez visiter gratuitement le Vessel, à Hudson Yards, tous les jeudis à partir du jeudi 6 mars. Pour découvrir l’étonnant édifice en nid d’abeille de l’architecte Thomas Heatherwick, des billets gratuits seront disponibles le dernier vendredi de chaque mois à 9am, pour le mois suivant. Pour les non-résidents, le billet coûte 10$.

🎗️ Une visite en trolley du Green-Wood Cemetery, le samedi 15 mars, célèbrera les femmes influentes de New York qui ont changé les normes sociales, culturelles et politiques des XIXᵉ et XXᵉ siècles. 

🤖 La ville impose désormais aux entreprises utilisant des outils d’embauche basés sur l’IA de réaliser des audits annuels pour détecter les biais et garantir l’équité dans les processus de recrutement. 

💰 DoorDash, société spécialisée dans la livraison de repas, a utilisé pendant plusieurs années un modèle de paiement où les pourboires des clients servaient à compléter le salaire minimal des livreurs, au lieu d’être ajoutés en supplément. L’entreprise a été condamnée à reverser aux livreurs 16,75 millions de dollars. 

💎 Un bijoutier new-yorkais a été reconnu coupable d’avoir volé pour plus de 400 000$ de diamants à deux vendeurs en les remplaçant par des pierres synthétiques dans son magasin de Manhattan.

❌ Une étude révèle que 25% des New-Yorkais ne peuvent pas s’acheter de quoi se nourrir. Cette proportion est presque deux fois supérieure à la moyenne nationale. 

🚆 Pour la première fois aux États-Unis, des locomotives électriques vont être utilisées au départ de Penn Station. 

💦 La ville a investi 390 millions de dollars pour moderniser le système d’égouts de Bushwick, à Brooklyn, afin de réduire les inondations dans un quartier qui y est très exposé. 

📸 L’odyssée photographique de Wim Wenders à travers l’Amérique est exposée à la Howard Greenberg Gallery jusqu’au samedi 15 mars. 

🗽 New York est la ville américaine la plus chère pour les voyages d’affaires depuis l’Europe, avec des dépenses moyennes de 447,5$ par jour. 

🍔 Un McDonald’s situé à Flatbush, à Brooklyn, a interdit l’accès aux clients de moins de 20 ans non accompagnés pour lutter contre les violences, les vols et les incivilités.

Bonne semaine !

Le chef Alain Giraud, invité du restaurant Meteora à Los Angeles

C’est un chef français bien connu des Angelenos qui s’invitera, les 11 et 12 mars, au restaurant Meteora, la table de Jordan Kahn à LA – il est aussi chef des restaurants Vespertine et Destroyer à Culver City.

Alain Giraud, chef du restaurant Citrus en 1989, qui siégeait justement à la même adresse que Meteora, fait son come-back pour deux soirées exceptionnelles où il proposera un menu en 6 temps avec en plats signatures : trio d’asperges blanches, coquilles Saint Jacques du Maine, bar aux courgettes et fenouil… Un menu accompagné d’une bande-son unique et d’un service « pensés pour faire revivre l’ère de la grande gastronomie à Los Angeles ».

Né à Paris en 1959, Alain Giraud s’était d’abord fait remarquer à Nîmes à l’Hôtel Imperator puis comme chef de cuisine du Grand Véfour dans la capitale. Il avait fait ses débuts aux États-Unis en 1988 comme chef privé avant de rejoindre la brigade du restaurant Citrus en 1988 comme chef saucier puis chef exécutif un an plus tard.

Il avait également ouvert en 1998 le restaurant Lavande au sein de l’hôtel Loews à Santa Monica, acclamé par tous les critiques. Suivaient en 2002 le restaurant Bastide à Melrose Place, et Anisette Restaurant en 2008 à Santa Monica. Enfin, en 2011, Alain Giraud avait inauguré le restaurant et la boulangerie Maison Giraud dans le quartier de Pacific Palisades.